Last posts on politburo2024-03-29T06:59:11+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/politburo/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlAu Comité centraltag:textespretextes.blogspirit.com,2021-02-02:32288422021-02-02T18:00:00+01:002021-02-02T18:00:00+01:00 20 février 1958 « Le camarade Constantin Simonov , secrétaire...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">20 février 1958</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2915145785.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1108779" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3146893749.jpg" alt="Pasternak Nobel Time.jpg" /></a>« Le camarade <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Constantin_Simonov" target="_blank" rel="noopener">Constantin Simonov</a>, secrétaire de la direction de l’Union des écrivains, nous informe que <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Aragon" target="_blank" rel="noopener">Louis Aragon</a> a proposé de publier dans le journal </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Les Lettres françaises</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"> la lettre que les cinq écrivains membres du comité de rédaction de la revue </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Novy Mir</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"> ont adressée à Boris Pasternak à propos de son roman </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Le Docteur Jivago</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">. Selon Aragon, cette lettre datée de 1956 expliquerait pourquoi le roman n’a pas été publié en URSS et serait une arme décisive dans le combat que va devoir engager la presse française progressiste à propos du roman. Aragon suppose que la presse réactionnaire va lancer une grande campagne au moment de la sortie du livre, au printemps. […] »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">D. Polikarpov, directeur du Département de la culture<br />B. Rurikov, directeur adjoint</span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Extrait du <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/26/l-affaire-pasternak-3228815.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Dossier de l’affaire Pasternak</em></a> in </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Boris Pasternak, <em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/ecrits+autobiographiques" target="_blank" rel="noopener">Ecrits autobiographiques</a>. <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/le+docteur+jivago" target="_blank" rel="noopener">Le Docteur Jivago</a></em>, Quarto Gallimard, 2020.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Couverture de Time le 15 décembre 1958</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlL'affaire Pasternaktag:textespretextes.blogspirit.com,2021-02-01:32288152021-02-01T08:30:00+01:002021-02-01T08:30:00+01:00 Le dossier de l’affaire Pasternak compte plus de deux cents pages dans...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Le dossier de l’affaire Pasternak</em> compte plus de deux cents pages dans l’édition Quarto du <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/le+docteur+jivago" target="_blank" rel="noopener"><em>Docteur Jivago</em></a>. L’écrivain, après plusieurs refus en URSS, a confié son manuscrit à l’éditeur italien <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ditions_Feltrinelli" target="_blank" rel="noopener">Feltrinelli</a> qui le publie en novembre 1957, non sans avoir attendu qu’il soit d’abord publié en russe. D’autres traductions s’ensuivent en Europe et le prix Nobel de littérature lui est attribué en octobre 1958, ce qui renforce encore la fureur du Parti communiste (PCUS) et de la presse soviétiques à son égard.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1108753" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2670713885.jpg" alt="pasternak,le docteur jivago,publication,interdiction,urss,prix nobel,affaire pasternak,dossier,comité central,politburo,union des écrivains,idéologie,culture" /><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Première édition du <em>Docteur Jivago</em> en 1957 (Feltrinelli)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pour <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Pasternak" target="_blank" rel="noopener">Pasternak</a>, ce fut la gloire et l’enfer. Sa renommée internationale le protège de l’exil forcé, on lui écrit de l’étranger, on lui rend visite, on plaide en sa faveur. Il est exclu de l’Union des écrivains. Il perd la possibilité d’exercer un travail rémunéré et de percevoir ses droits d’auteur étrangers, la vie matérielle devient très difficile. En 1960, il meurt à 70 ans d’un cancer chez lui, à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Peredelkino" target="_blank" rel="noopener">Peredelkino</a> où il a pu rester dans sa datcha. En 1988, <em>Le Docteur Jivago</em> sera enfin publié pour la première fois en URSS.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Les archives du <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_central_du_Parti_communiste_de_l'Union_sovi%C3%A9tique" target="_blank" rel="noopener">Comité central</a> et du <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Politburo_du_Parti_communiste_de_l%27Union_sovi%C3%A9tique" target="_blank" rel="noopener">Politburo</a> constituent la plus grosse partie du dossier rédigé en russe à partir des pièces originales. En 1992, après l’ouverture des archives sous la présidence d’Eltsine, ce dossier <em>« finit par trouver preneur auprès de la maison Gallimard qui fit mettre aussitôt en œuvre sa version française »</em>, on y lit <em>« le dernier chapitre de la lutte menée par le PCUS contre l’indépendance d’esprit d’un artiste, Boris Pasternak, mais aussi la résistance d’un homme à la pression de l’appareil totalitaire »</em>, pour reprendre les mots de l’excellente préface de Jacqueline de Proyart.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Temoins/Le-dossier-de-l-affaire-Pasternak" target="_blank" rel="noopener">Le dossier</a> contient 86 pièces, datées de 1956 à 1985. Dès la première note ministérielle envoyée au présidium du Comité central pour le prévenir de la publication du <em>Docteur Jivago</em> en Italie, l’accusation est la suivante : <em>« Le roman de Pasternak est un pamphlet haineux contre l’URSS. »</em> Y est joint un rapport de Dimitri Polikarpov, directeur du Département de la culture, qui présente le roman comme l’expression <em>« du point de vue d’un individualiste bourgeois plein de rancœur, pour qui la révolution est une émeute absurde et barbare, un chaos et l’expression d’une sauvagerie généralisée. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pour le Comité central, il faut empêcher sa publication à l’étranger. On fait pression sur Pasternak pour envoyer en son nom un télégramme à l’éditeur italien lui demandant de retourner le manuscrit qui nécessite des remaniements. L’écrivain, quand il avait donné son accord à Feltrinelli, l’avait prévenu <em>« de ne jamais accorder aucun crédit à un quelconque document qu’il lui adresserait en russe »</em>, mais seulement à leur correspondance en français ou en allemand.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans sa réponse en juin 1957, Feltrinelli, d’accord pour ne pas publier avant la parution en URSS prévue en septembre, prend la défense du roman qui a <em>« une valeur littéraire considérable, qui apparente l’auteur aux grands écrivains russes du XIXe siècle »</em>, qui donne <em>« une peinture bouleversante des événements de l’histoire du peuple russe, en dehors de tout cadre idéologique »</em>. Tsveteremitch, le traducteur en italien, fait remarquer qu’une publication en URSS démontrerait <em>« que des voix sérieuses et honnêtes »</em> y ont droit de cité et d’expression :<em> « Ne pas publier un tel roman constitue un crime contre la culture. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1108754" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3628661135.jpg" alt="pasternak,le docteur jivago,publication,interdiction,urss,prix nobel,affaire pasternak,dossier,comité central,politburo,union des écrivains,idéologie,culture" /><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Maison-musée Pasternak, sa datcha à <a title="Peredelkino, le paradis perdu (Le Courrier de Russie)" href="https://www.lecourrierderussie.com/societe/2009/07/peredelkino-le-paradis-perdu/" target="_blank" rel="noopener">Peredelkino</a></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Chacun des documents du dossier Pasternak illustre la surveillance constante de toute publication au sujet de l’écrivain à l’étranger (en Pologne, en France, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis…) et en URSS. Ses faits et gestes sont surveillés. Une campagne de presse odieuse est lancée contre le grand poète et traducteur reconnu, son roman <em>Le Docteur Jivago</em> réduit à un acte antirévolutionnaire.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Les rapports sur la presse internationale sont intéressants à lire pour se rendre compte de la réception mondiale du roman. Certains articles en font une arme politique contre le stalinisme, au service de la guerre froide ; d’autres s’appliquent à le ternir, par exemple dans un hebdomadaire du parti communiste italien qui oppose Pasternak et <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Cholokhov" target="_blank" rel="noopener">Cholokhov</a> : <em>« A nos yeux, l’art de Pasternak est un pas en arrière, il est tourné vers le passé. Les crépuscules sont souvent magnifiques, mais ce ne sont jamais que des crépuscules. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Que de textes forts dans ce dossier : la lettre du comité de rédaction de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Novy_Mir" target="_blank" rel="noopener"><em>Novy Mir</em></a> pour justifier son refus de publier ; la lettre de Pasternak renonçant à se rendre à Stockholm et à en toucher le prix ; les télégrammes de l’étranger pour prendre la défense de Pasternak et des siens ; la lettre de Pasternak à Khrouchtchev – <em>« Je suis lié à la Russie par ma naissance, par ma vie, par mon travail. Je ne conçois pas d’en être séparé ou de vivre en dehors d’elle »</em> – ou celle à <em>La Pravda</em>, forcée, <em>« où presque tous les mots étaient de lui, mais où sa pensée était totalement absente »</em> dira sa dernière compagne, Olga Ivinskaïa ; une lettre de la reine Elisabeth de Belgique même !</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">L’appui et la reconnaissance de grands écrivains étrangers, du Pen Club, contrastent avec le silence ou les attaques d’écrivains russes vivant en URSS, soumis à la ligne idéologique de l’Union des écrivains. Faisant confiance à un journaliste, Pasternak lui a confié un poème destiné à Jacqueline de Proyart devenue une amie – la parution de ce texte, <em>« <a title="A lire sur ce forum interactif à propos de Boris Pasternak parmi les 12 poèmes de BORIS PASTERNAK postés par Guy Rancourt (Sam 3 Fév - 23:08)" href="https://ginette-villeneuve.forumactif.com/t4665-boris-pasternak" target="_blank" rel="noopener">Le prix Nobel</a> »</em>, ne fera qu’envenimer les choses. Cinq lettres qu’il a écrites à son amie et traductrice complètent ce dossier : édifiant en ce qui concerne les pratiques totalitaires, il permet de prendre la mesure de ce qu’a valu à Pasternak la publication du <em>Docteur Jivago</em>, concrètement et moralement.</span></p>