Last posts on philip2024-03-28T22:07:19+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/philip/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlDélicieusement vivanttag:textespretextes.blogspirit.com,2019-12-21:31449872019-12-21T08:30:00+01:002019-12-21T08:30:00+01:00 « J’aime la solitude comme certaines gens aiment les...
<p><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/463031479.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1080523" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1141392824.jpg" alt="Roth pourquoi écrire Folio.jpg" /></a></span></em></p><p><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">« J’aime la solitude comme certaines gens aiment les réceptions. J’en retire un sentiment de très grande liberté avec la conscience aiguë d’être délicieusement vivant, sans compter qu’elle m’apporte, dois-je le dire, le calme et l’espace dont j’ai besoin pour que mon imagination se mette en mouvement et que mon travail soit accompli. »</span></em></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Philip Roth, </span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">A suivre </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">(paru dans l'Ontario Review, automne 1974) in </span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Pourquoi écrire ?</span></em></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlPourquoi écrire ?tag:textespretextes.blogspirit.com,2019-12-19:31449862019-12-19T08:30:00+01:002019-12-19T08:30:00+01:00 Philip Roth (1933 - 2018) avait pris « sa retraite...
<p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_Roth" target="_blank" rel="noopener">Philip Roth</a> (1933 - 2018) avait pris <em>« sa retraite d’écrivain »</em> en 2010, selon la chronologie qui clôture <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Pourquoi-ecrire" target="_blank" rel="noopener"><em>Pourquoi écrire ?</em></a> (2017, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel et Philippe Jaworski, Josée Kamoun et Lazare Bitoun). Ce recueil rassemble trois séries de textes publiés de 1960 à 2013 : <em>Du côté de Portnoy</em>, <em>Parlons travail</em> et <em>Explications.</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1384812557.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1080522" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3291167725.jpg" alt="roth,philip,pourquoi écrire ?,littérature anglaise,etats-unis,essai,articles,discours,entretiens,textes,kafka,primo levi,appelfeld,ivan klima,singer,bruno schulz,kundera,mary mccarthy,malamud,guston,saul bellow,edna o'brien,littérature,écrire,lire,société,démocratie,antisémitisme,misogynie,critique,culture" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Les premiers articles, <em>« à titre d’archives »</em>, comme Roth l’écrit dans la <a title="Texte intégral sur le site Pileface.com" href="https://www.pileface.com/sollers/spip.php?article2115" target="_blank" rel="noopener">préface</a>, <em>« appartiennent à la période difficile du début de [sa] carrière ».</em> La publication de <a title="Le billet de Christian Wéry (Marque-pages)" href="https://christianwery.blogspot.com/2018/10/portnoy-et-son-complexe.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Portnoy et son complexe</em></a> en 1969, son livre le plus lu, a pesé sur sa réputation : on l’a accusé d’antisémitisme, de misogynie, on a lourdement confondu le personnage et l’auteur, en y voyant <em>« une confession en forme de roman ».</em> Il a même dû déménager pour retrouver un peu de tranquillité. Or, précise-t-il, sur ses trente et un livres publiés, vingt-sept, dont celui-là, étaient <em>« des œuvres d’imagination ».</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">La première partie comporte des articles, des entretiens, divers documents. Philip Roth répond en 1974 à des questions sur son œuvre, ses rapports avec sa famille, sa vision de la société américaine. S’il a bien cherché dans <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Tricard-Dixon-et-ses-copains" target="_blank" rel="noopener"><em>Tricard Dixon</em></a> <em>« à objectiver dans un certain style ce qu’il y a de grotesque dans le caractère même de Richard Nixon »</em>, sa révolte en tant que romancier portait <em>« bien davantage contre [ses] habitudes de langage et les contraintes de [sa] propre imagination que contre les forces qui se disputent le pouvoir dans le monde. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">N’ayant lu ni ses premiers livres ni <em>Portnoy,</em> je ne m’y attarderai pas, mais j’ai compris qu’après ses premiers succès, Roth n’était pas satisfait de son travail. Il a voulu rompre avec une certaine facilité, avec les conventions du romanesque, avec la décence et les bienséances. <em>« Le Bouffon Pur et le Terrible Sérieux sont mes plus chers amis ; c’est en leur compagnie que je me promène dans la campagne au déclin du jour. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Roth parle des écrivains qu’il lit, américains ou autres ; l’index à la fin du recueil est précieux pour les retrouver. <em>« Regards sur Kafka »</em> s’ouvre sur un extrait du <em>Champion de jeûne</em>. Roth <em>« contemple »</em> une photo de Kafka lorsqu’il avait 40 ans (son âge quand il écrit ce texte) et s’interroge sur ce que l’écrivain qui lui est cher entre tous aurait fait s’il avait vécu jusqu’à l’avènement du nazisme. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Aurait-il choisi l’exil ? En 1923, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2019/03/17/kafka-dans-la-nuit-3135366.html" target="_blank" rel="noopener">Kafka</a> avait pour la première fois réussi à quitter ses parents pour s’installer avec Dora Dymant dans un faubourg de Berlin. Juste après avoir rappelé les circonstances de sa mort en 1924, Roth entreprend un récit : en 1942, il a neuf ans et son professeur d’hébreu, le Dr Kafka, cinquante-neuf. Cette quinzaine de pages où Roth s’imagine en élève de Kafka sont merveilleuses et émouvantes.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><em>Parlons travail</em>, en deuxième partie, est consacré à une dizaine d’écrivains que Roth a rencontrés pour la plupart, comme Primo Levi à Turin, Appelfeld à Jérusalem, Ivan Klíma à Prague, Edna O’Brien à Londres. Avant d’échanger avec Primo Levi sur son œuvre et sur Auschwitz, il fait un très beau portrait de l’homme. Bien sûr, avec ses amis juifs, il aborde la question de ce que signifie être juif dans leur vie, dans leur travail. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ils échangent sur Kafka, sur Kundera, sur Vaclav Havel, sur la démocratie. Ce sont des conversations en profondeur sur le travail d’écrivain et sur bien plus que cela. Ils parlent des écrivains qu’ils aiment, de leur relation aux langues, aux œuvres qu’ils admirent : <em>« Celui qui voudrait s’amuser à raconter </em>Madame Bovary<em> du point de vue de Charles ou </em>Anna Karenine <em>de celui de Karenine trouvera le parfait manuel dans</em> <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/01/27/les-lettres-d-herzog.html" target="_blank" rel="noopener">Herzog</a><em> »</em> (Roth dans <em>Relectures,</em> où il commente six œuvres de Saul Bellow).</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Enfin, <em>Explications</em> rassemble des récits, discours, réflexions. J’ai lu cette dernière partie souvent avec jubilation : <em>« Jus ou sauce »</em>, <em>« Patrimoine »</em>, par exemple. Dans <em>« Yiddish / anglais »</em>, il raconte un dîner entre quatre amis à Cambridge (Massachusetts) : Bellow et Appelfeld se mettent tout à coup à parler yiddish entre eux. Roth, qui ne connaît pas le yiddish, est stupéfait de voir les deux hommes changer de comportement, de mimiques, de visage même. <em>« Pas étonnant qu’ils aient semblé si pétillants et joyeux qu’ils donnaient presque l’impression d’être fous, ces deux admirables artistes d’ici et maintenant : ils remontaient l’horloge de l’histoire, là, sous nos yeux. […] Nous étions tous sous l’emprise du yiddish. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">La lettre de Roth à Wikipedia pour dénoncer des inexactitudes vaut le détour. Quand il en a demandé correction, il s’est vu signifier qu’il n’était <em>« pas une source crédible »</em> et qu’il fallait <em>« une confirmation par des sources secondaires »</em> – d’où cette lettre ouverte. Philip Roth était pessimiste sur l’avenir du <em>« nombre de lecteurs amateurs capables de prendre plaisir à lire avec discernement des œuvres littéraires »</em> et de <em>« ce grand parc d’attractions complètement idiotes qu’est devenu le monde »</em>. <em>Pourquoi écrire ?</em> donne d’excellentes leçons d’intelligence, avec sérieux, avec humour.</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlPlaisanterietag:textespretextes.blogspirit.com,2018-11-17:31261322018-11-17T08:30:00+01:002018-11-17T08:30:00+01:00 « […] enfin venaient les...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2880323443.2.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1052933" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3578709809.2.jpg" alt="roth,philip,zuckerman enchaîné,l'orgie de prague,roman,épilogue,littérature américaine,culture,zuckerman" /><br /></a></span></em></span></span></em></span></span></em></span></span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">« […] enfin venaient les blagues – parce que sous l’épreuve de la mélancolie perpétuelle et la prodigieuse tension pour seulement s’en sortir, il se cache toujours une blague quelque part, le portrait d’un ridicule, un mot cinglant, une <a title="Wikipedia (Kundera)" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Plaisanterie" target="_blank" rel="noopener noreferrer">plaisanterie </a>qui se bâtit au prix d’une subtile auto-destruction jusqu’à la chute qui fait hurler de rire : « Et voilà à quoi mène la souffrance ! »»</span></em></span></span></em></span></span></em></span></span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">Philip Roth,</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"> <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/11/09/zuckerman-epilogue-3126130.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">L’orgie de Prague</a> </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">in <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/10/23/zuckerman-enchaine-3125547.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Zuckerman enchaîné </a><em>(Epilogue)</em></span></span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlZuckerman, épiloguetag:textespretextes.blogspirit.com,2018-11-15:31261302018-11-15T08:30:00+01:002018-11-15T08:30:00+01:00 L’orgie de Prague (1985), l’épilogue du Zuckerman enchaîné de Philip...
<p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><em>L’orgie de Prague</em> (1985), l’épilogue du <em>Zuckerman enchaîné</em> de Philip Roth dont je vous entretiens depuis quelque temps, compte moins de cent pages. Publié deux ans après <em>La leçon d’anatomie</em>, il se présente comme <em>« extrait des carnets de Zuckerman ».</em> Voici le début, daté du 11 janvier 1976 à New York : <br /><em>« Votre roman, dit-il, est absolument l’un des cinq ou six livres de ma vie. <br />- Vous pouvez donner l’assurance à M. Sisovsky, dis-je à sa compagne, qu’il m’a suffisamment flatté. <br />- Tu l’as suffisamment flatté, lui dit-elle. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3190808817.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1052930" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3562985407.jpg" alt="Roth ThePragueOrgy.jpg" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Elle, <em>« la quarantaine, des yeux pâles, de larges pommettes, une chevelure sombre, séparée par une raie sévère – un visage frappant, égaré »</em>, toute en noir, se tient au bord du sofa de Zuckerman. Lui,<em> « plus jeune, peut-être de dix ans »</em>, une allure d’<em>« exilé ruiné »,</em> se dit intéressé par le scandale provoqué par le roman de Zuckerman en Amérique, parce que les Tchèques ont réagi de même à propos du sien – sans vouloir les comparer : <em>« Le vôtre est une œuvre de génie, et le mien n’est rien. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Il faudra qu’Eva Kalinova intervienne pour que Zdenek explique pourquoi il a fui la Tchécoslovaquie : <em>« Là du moins je puis être tchèque – mais je ne puis être écrivain. Tandis qu’à l’Ouest, je puis être un écrivain, mais pas un Tchèque. »</em> Zdenek préfère parler d’elle, <em>« la grande actrice tchékhovienne de Prague (…). Après elle, il n’est pas de Nina, pas d’Irina, pas de Macha. »</em> Ils se disputent. Il la dit <em>« poursuivie par des démons juifs »</em>, elle qui n’est pas juive du tout, mais a eu le tort de jouer des rôles de juive, aux yeux de l’occupant soviétique et de ses serviteurs. (On est loin, en 1976, du <a title="Wikipedia" href="https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Printemps_de_Prague" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Printemps de Prague</a>. L’année suivante verra la publication de la <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_77" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Charte 77</a>.)</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><em>L’orgie de Prague</em> ferait une bonne pièce de théâtre, les dialogues y occupent la plus grande place. Zuckerman finit par comprendre ce que Zdenek attend de lui. Il voudrait récupérer les récits en yiddish de son père, restés à Prague chez son épouse Olga. Il voudrait publier en Amérique ces nouvelles d’un <em>« écrivain merveilleux et profond »</em> et flatte le point faible de Zuckerman : <em>« Elle vous plairait. Elle a été très belle autrefois, avec de jolies jambes très longues et des yeux de chat gris ».</em> </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Deuxième temps : Nathan Z. est à Prague, le 4 février 1976, il se rend à une réception chez Klenek, un cinéaste ménagé par le régime. Sa maison, connue pour ses orgies – <em>« Moins de liberté, plus de baise »</em> –, est truffée de micros de la police secrète. Bolotka lui explique <em>« qui est qui et qui aime quoi »</em>, jusqu’à ce qu’une grande femme mince aux yeux gris, <em>« des yeux de chat » </em>et un sourire engageant, chuchote à Zuckerman : <em>« Je sais qui vous êtes ». </em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Olga prétend que son amant veut la tuer ; les hommes la cherchent tous. Son mari s’est enfui en Amérique avec une belle actrice tchèque et elle vit avec Klenek. Olga demande à Zuckerman s’il compte faire l’amour à quelqu’un à Prague et ne cesse de le provoquer, interrompue par un sexagénaire qui veut absolument qu’elle se montre à un garçon qui l’accompagne, qui n’a jamais vu de femme. Quand elle en revient, Nathan résiste à ses avances et lui propose de déjeuner ensemble le lendemain. Ses lecteurs n’en reviendraient pas.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Le lendemain, Olga le réveille, elle l’attend dans le hall de l’hôtel et se présente comme sa <em>« future épouse ».</em> Mais un employé de la réception, après s’être excusé auprès de lui en anglais, s’adresse à elle en tchèque : il veut sa carte d’identité ; elle exige qu’il lui parle en anglais aussi pour que Zuckerman comprenne la manière insultante dont on traite les citoyens tchèques. <span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Quand elle apprendra la raison de sa présence, Olga sera furieuse : <em>« Pour qu’il puisse gagner de l’argent sur le dos de son père mort – à New York ? Pour qu’il puisse lui acheter des bijoux à elle, maintenant à New York aussi ? »</em> </span></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Zuckerman arrivera-t-il à la persuader de lui donner ce qu’il est venu chercher ? <span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Lisez <em>L’orgie de Prague</em> si vous voulez connaître la suite, pleine d’imprévus. Philip Roth y restitue le climat oppressant que subissent les Tchèques dans les années 70, en particulier les intellectuels relégués aux emplois manuels et voués à la débrouille pendant que d’autres collaborent et tirent profit de leur proximité avec le pouvoir. Roth a séjourné <a title="Hommage à Roth, Payot, § 6" href="https://www.payot.ch/fr/dossiers-d'actualite/hommages/philip-roth" target="_blank" rel="noopener noreferrer">à Prague </a>dans ces années-là et a soutenu des dissidents tchèques, il sait comment il y était surveillé.</span></span></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Après <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/10/23/zuckerman-enchaine-3125547.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>L’écrivain fantôme</em></a>, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/10/30/zuckerman-delivre-3125782.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Zuckerman délivré</em></a>, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/11/05/zuckerman-va-mal-3125977.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>La leçon d’anatomie</em></a>, l’épilogue de <em>Zuckerman enchaîné</em> change de contexte, mais les thèmes du premier cycle consacré par Philip Roth à Nathan Zuckerman restent bien présents : la relation père-fils et l’origine juive, l’écriture et la littérature, les femmes et la sexualité, la solitude et les rencontres, la liberté intellectuelle et l’audace.</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlZuckerman va maltag:textespretextes.blogspirit.com,2018-11-08:31259772018-11-08T07:00:00+01:002018-11-08T07:00:00+01:00 L’incipit de La leçon d’anatomie (1985) ne manque pas d’ironie,...
<p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">L’incipit de <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/La-lecon-d-anatomie" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>La leçon d’anatomie</em> </a>(1985) ne manque pas d’ironie, provocatrice comme toujours chez Philip Roth qui revient pour la troisième fois à son alter ego <a title="Zuckerman enchaîné 1 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/10/23/zuckerman-enchaine-3125547.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Nathan Zuckerman</a>. Lisez plutôt : <em>« L’homme malade a besoin de sa mère ; si elle n’est pas là, d’autres femmes peuvent faire l’affaire. Quatre autres femmes faisaient l’affaire pour Zuckerman. Il n’avait jamais eu tant de femmes à la fois, ni tant de médecins, ni d’ailleurs bu tant de vodka, abattu si peu de travail, ou connu un désespoir de proportions aussi cruelles. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3037591060.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1052593" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2415816919.jpg" alt="roth,philip,zuckerman enchaîné,la leçon d'anatomie,roman,littérature américaine,culture" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a title="Zuckerman enchaîné 2 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/10/30/zuckerman-delivre-3125782.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">L’écrivain scandaleux </a>n’est plus que douleur. Marcher, porter un sac, ouvrir une fenêtre, tout lui demande un terrible effort. Pour lire dans un fauteuil, il porte un col orthopédique censé maintenir l’alignement de ses vertèbres cervicales, ce qui le soulage parfois et l’horripile souvent. Il n’arrive quasi plus à écrire, ni sur la nouvelle machine à écrire électrique qu’on lui a conseillée à la place de sa petite Olivetti ni à la main.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Quand il n’en peut plus, il s’installe sur un moelleux tapis de jeu pour enfants, étendu de tout son long sur le sol de son studio, avec la tête sur le <a title="Wikipedia (en)" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Roget%27s_Thesaurus" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Roget’s Thesaurus</em></a>. Là, il donne ses coups de téléphone, suit l’affaire du Watergate à la télévision, reçoit ses visiteurs et les quatre femmes qui se relaient pour lui servir de <em>« secrétaire-confidente-cuisinière-maîtresse de maison-compagne ».</em> Le mariage était un <em>« rempart »</em>, mais il a eu <em>« trop d’épouses en trop peu d’années ».</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ostéopathie, psychanalyse, acupuncture, physiothérapie, Zuckerman a essayé tous les traitements pour sortir de la douleur chronique. Sa souffrance n’est pas si terrible <em>« au regard de toutes les misères du monde »</em>, mais il se sent vaincu, à quarante ans, par <em>« une maladie fantôme sans cause, sans nom et intraitable. » </em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Serait-ce, avec la chute de ses cheveux, une punition <em>« pour le portrait d’une famille que tout le pays avait pris pour la sienne, pour le manque de goût qui avait outragé des millions de lecteurs, pour l’impudeur qui avait mis en rage sa propre tribu » </em>? La douleur lui signifie-t-elle d’abandonner à d’autres l’écriture littéraire et de renoncer à vivre en chambre ?</span></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Réduit au chômage, <em>« Zuckerman avait perdu son sujet ».</em> Les pensées déprimantes l’envahissent. Depuis trois ans, sa mère <em>« n’est plus »</em>, selon la formule de son frère. <em>« Ayant perdu père, mère, et terre natale, il cessait d’être un romancier. Cessant d’être un fils, il cessait d’être écrivain. »</em> Il se souvient du temps passé dans son appartement après sa mort et des choses qui lui parlaient d’elle, du long discours écrit par son frère en une nuit <em>« dans sa chambre d’hôtel avec trois jeunes enfants et une épouse »</em> alors que lui <em>« n’arrivait pas à écrire quand il y avait un chat dans la pièce. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><em>« Des trésors de colère refoulée »</em>, voilà l’origine du mal d’après le jeune Dr. Felt, qui lui conseille d’ouvrir le feu contre Milton Appel. Après l’avoir considéré comme un jeune prodige, cet Appel, auteur d’une anthologie yiddish, avait revu son jugement après la parution de <em>Carnovsky</em> : <em>« Sans être probablement lui-même totalement antisémite, Zuckerman n’était certainement pas l’ami des juifs : l’affreux animus de Carnovsky suffisait à le prouver. »</em> </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Jenny, Diana, Gloria, Jaga : on découvre peu à peu les femmes qui se succèdent auprès de Nathan Zuckerman et de quelle manière elles s’occupent de lui. Aucune ne pourra le dissuader de suivre l’idée de génie qui lui vient de s’inscrire à l’université, pour devenir médecin, renonçant à la littérature. D’où un voyage en avion mémorable et de non moins mémorables leçons d’anatomie. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ce roman de <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/philip+roth" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Philip Roth </a>consacré à la douleur physique et à la solitude, à l’impossibilité d’écrire et de vivre sans écrire, à la présence des femmes et au sexe, à la famille et aux juifs de Newark où il a grandi, ces obsessions qui reviennent d’une œuvre à l’autre, continue à explorer avec cet humour singulier qui est le sien, mêlé de chagrin, de colère et de désir, la condition humaine de l’écrivain Zuckerman, qui n’en est pas moins homme.</span></p>