Last posts on mengestu2024-03-28T13:24:24+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/mengestu/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlLeçontag:textespretextes.blogspirit.com,2012-12-01:31101952012-12-01T08:30:00+01:002012-12-01T08:30:00+01:00 « Le parc était petit, pas plus grand que Logan Circle, mais il y...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">« Le parc était petit, pas plus grand que Logan Circle, mais il y avait là assez de verdure pour produire l’effet recherché, pour mettre le monde à l’écart et vivre dans le calme près d’une demi-heure, plongés dans nos pensées. Mon père marchait les mains croisées dans le dos et songeait en silence à sa journée. Il arrivait que ses réflexions l’emmènent plus loin dans le temps et, lorsque c’était le cas, il faisait le tour du parc en parlant tout seul à voix basse. Il murmurait les noms de membres de la famille qui était décédés – sa mère, son père, morts tous deux longtemps avant ma naissance. Nous n’échangions presque jamais de paroles durant ces promenades. Cela aurait trahi la leçon qu’il tentait de m’enseigner. Il ne suffisait pas d’être à l’aise avec le silence. Pour vraiment le comprendre, il fallait l’accueillir et l’inviter dans notre vie. »</span></em> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3334046607.png" target="_blank"><img id="media-136527" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3353692628.png" alt="mengestu,les belles choses que porte le ciel,roman,littérature américaine,immigration,ethiopie,washington,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Dinaw Mengestu,</span></span><a title="Entre deux mondes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2012/11/23/entre-deux-mondes.html" target="_blank"><em><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"> Les belles choses que porte le ciel</span></span></em> </a></p><p style="text-align: center;"> </p><p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"><br /></span></span></em></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlEntre deux mondestag:textespretextes.blogspirit.com,2012-11-29:31101942012-11-29T08:30:00+01:002012-11-29T08:30:00+01:00 Stéphanos tient une petite épicerie sur Logan Circle à Washington. ...
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Stéphanos tient une petite épicerie sur Logan Circle à Washington. </span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Il </span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">est le narrateur d’un roman émouvant de <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Dinaw_Mengestu" target="_blank">Dinaw Mengestu</a>, <em>Les belles choses que porte le ciel</em> (2006, prix du Premier Roman étranger 2007, traduit de l’américain par Anne Wicke). Tous les jeudis, ses amis Joseph et Kenneth viennent l’y retrouver. Ils se sont connus dix-sept ans auparavant, quand ils étaient tous les trois de nouveaux immigrants engagés comme bagagistes au Capitol Hôtel.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3899395186.jpg" target="_blank"><img id="media-136276" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/114680079.jpg" alt="mengestu,les belles choses que porte le ciel,roman,littérature américaine,immigration,ethiopie,washington,culture" /></a></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Kenneth est toujours bien habillé : ce grand Kenyan devenu ingénieur se soucie de la bonne tenue du commerce de son ami, le conseille, l’encourage à ouvrir sa boutique très régulièrement. Joseph – Joe du Congo – travaille à présent comme serveur et boit trop. Avec Stéphanos, d’origine éthiopienne, ils jouent depuis quelque temps </span><em style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">« au coup d’Etat »</em><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"> : lancer un nom de dictateur africain, ensuite trouver le pays et l’année.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">L’arrivée d’une nouvelle voisine apporte un peu de sel à la vie routinière de l’épicier. Le quartier change. Judith – une Blanche dans ce quartier noir et pauvre ! – fait restaurer la belle maison de briques à quatre étages abandonnée depuis dix ans près de chez lui, et s’y installe avec sa fille métisse, Naomi. Mrs. Davis, qui habite en face, se méfie : <em>« Pourquoi, d’après vous, une femme comme ça peut avoir envie de vivre ici ? » – « C’est un pays libre, Mrs. Davis. Les gens peuvent vivre où ils le veulent. » </em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">La fillette de onze ans vient bientôt traîner à l’épicerie de <em>« Monsieur Stéphanos »</em> et lui réclame des histoires. Quand il a lâché ses études pour ouvrir cette épicerie, il y a dix ans, Stéphanos a déçu son oncle, Berhane Sélassié, qui l’avait pris en charge à son arrivée et lui souhaitait un avenir brillant. <em>« De fait, je n’étais pas venu en Amérique pour trouver une vie meilleure. J’étais arrivé en courant et en hurlant, avec les fantômes d’une ancienne vie fermement attachée à mon dos. Mon objectif, dès lors, avait toujours été simple : durer, sans être remarqué, jour après jour, et ne plus faire de mal à qui que ce soit. »</em> Tenir une épicerie, c’était aussi avoir du temps pour lire – un livre tous les deux jours en moyenne.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Un soir,</span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"> </span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Judith l’invite à dîner chez elle. En congé pour un an, elle enseigne l’histoire politique ; des disputes continuelles avec le père de Naomi les ont amenés à se séparer. Naomi une fois couchée, Judith montre toute la maison à Stéphanos. Quand il s’en va, elle l’embrasse brièvement. Comme le pressentaient ses amis, il en est tout <em>« enamouré ».</em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">Son récit fait le bilan d’une vie qui s’englue, se ranime, se décourage, se reprend. Les bonnes résolutions sont précaires. Les rencontres heureuses semblent trop fragiles pour garantir un avenir. L’épicerie périclite. Joseph, l’ami de Stéphanos, lui a fait découvrir ce vers parfait dans <em>L’Enfer</em> de Dante : <em>« Par un pertuis rond je vis apparaître / Les belles choses que porte le ciel. »</em> Au professeur dont il suivait le cours sur le symbolisme de Dante, Joe avait expliqué <em>« que personne ne peut mieux comprendre ce vers qu’un Africain </em></span><em style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">»</em> <span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">parce que c’est ce qu'ils ont vécu.</span> <em style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">« </em><em style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">L’enfer quotidien, avec seulement quelques aperçus du ciel par moments. »</em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">Lumière des journées sombres, la petite Naomi procure au jeune épicier le pur <a title="Extrait du roman" href="http://www.deslivres.com/livre/9782226179760/Les-belles-choses-que-porte-le-ciel.html" target="_blank">bonheur de lire</a> pour elle, tout haut, <em>Les Frères Karamazov</em>, entre les passages des clients, de plus en plus rares. Mais une lettre d’avocat l’a prévenu des trente jours qui lui restent pour évacuer les lieux, à la suite des loyers non payés – <em>« prévisible »</em>, selon Kenneth.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">Nous découvrons peu à peu les circonstances dans lesquelles Stéphanos a dû quitter l’Ethiopie, l’arrestation de son père qui a menti sur l’âge de son fils aîné pour le protéger (à cause des tracts d’étudiants trouvés dans leur maison), ses premiers pas dans la société américaine. Nous suivons la relation entre Judith et son voisin avec les mêmes doutes et les mêmes craintes qu’eux. Noël est une période terrible pour qui a <em>« conscience d’une existence solitaire et creuse ».</em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;" lang="FR">Dans le quartier de Logan Circle, la tension monte. La restauration des maisons anciennes et l’arrivée de nouveaux arrivants plus riches entraînent leur lot d’augmentations du loyer, d’expulsions. Des pétitions sont lancées. Et bientôt des pierres. Dinaw Mengestu, né en 1978 à Addis-Abeba, a fui l’Ethiopie en pleine révolution deux ans plus tard, avec sa famille. A travers le personnage bouleversant de Stéphanos l’épicier, le journaliste américain devenu romancier raconte ce que c’est que de « vivre » ainsi. J’ai pensé en le lisant à <a title="Un Haïtien à Matongé (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2012/06/01/un-haitien-a-matonge.html" target="_blank"><em>La dernière larme du lac Kivu</em></a>, de Patrick François, récit traversé des mêmes espoirs et des mêmes douleurs de l’exil.</span></p><p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">« </span></span><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Que disait toujours mon père, déjà ? Qu’un oiseau coincé entre deux branches se fait mordre les ailes. Père, j’aimerais ajouter mon propre adage à ta liste : un homme coincé entre deux mondes vit et meurt seul. Cela fait assez longtemps que je vis ainsi, en suspension. » </span></em><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Et aussi :</span></span><em><span style="font-size: 14pt;" lang="FR"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;"> « Nous essayons de faire de notre mieux. »</span></span></em></p>