Last posts on liaisons2024-03-29T02:00:55+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/liaisons/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlNégation vivantetag:textespretextes.blogspirit.com,2022-10-11:32743112022-10-11T18:00:00+02:002022-10-11T18:00:00+02:00 « « Tout participe à l’amour de Dieu, écrivait-il. Le Père...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3552723508.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1157331" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3023660360.jpeg" alt="isaac bashevis singer,le charlatan,roman,inédit,littérature yiddish,exil,juifs,new york,mariage,liaisons,famille,doctrine,culture" /></a>« « Tout participe à l’amour de Dieu, écrivait-il. Le Père céleste demande que ses enfants s’amusent et peu importe comment ils procèdent. Il demande simplement que le bonheur de l’un ne soit pas bâti sur le malheur d’un autre. Toute la science, toute la sociologie, tous les efforts des hommes ne devraient avoir qu’un seul but : trouver les moyens d’y parvenir. » Hertz aimait citer les paroles d’Isaïe.<br />En commençant son livre, il avait décidé de pratiquer ce qu’il prêchait. Il tenait même un journal destiné à mettre en valeur et à commenter ses théories. Mais il s’était perdu dans les complications de son texte et de sa vie. Au lieu d’apporter du bonheur, il causait bien des chagrins. Il se torturait lui-même et ne connaissait pas un seul jour de paix. Il finissait par devenir la négation vivante de sa doctrine.<br />Bronia l’appela pour lui dire que le dîner était prêt. Mais il n’avait pas faim. Il se leva avec effort. « Toute l’institution du mariage est antireligieuse », se dit-il.<br />« Hertz, la viande refroidit ! » »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Isaac Bashevis Singer,</span><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"> <a title="L'ami charlatan (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/09/30/l-ami-charlatan-3274308.html" target="_blank" rel="noopener">Le charlatan</a></span></em></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlL'ami charlatantag:textespretextes.blogspirit.com,2022-10-10:32743082022-10-10T08:00:00+02:002022-10-10T08:00:00+02:00 Est-ce une bonne idée de faire connaissance avec Isaac Bashevis Singer...
<p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Est-ce une bonne idée de faire connaissance avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Bashevis_Singer" target="_blank" rel="noopener">Isaac Bashevis Singer</a> (1904-1991) avec <em><a title="Site de l'éditeur" href="https://www.editions-stock.fr/livres/la-cosmopolite/le-charlatan-9782234086302" target="_blank" rel="noopener">Le charlatan</a> </em>? L’éditeur signale que ce roman paru en feuilleton dans un quotidien yiddish de New York (1967-1968) était signé d’un pseudonyme, qu’on <em>« ignore quand il l’a écrit »</em> et <em>« qui l’a traduit en anglais »</em>. C’est le tapuscrit retrouvé de cette traduction, annoté de la main de Singer, qui a été traduit en français par Marie-Pierre Bay et Nicolas Castelnau-Bay. Le prix Nobel de littérature 1978 a souvent exprimé sa volonté d’être traduit à partir de la version anglaise de ses livres, comme c’est le cas ici.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3653215662.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1157328" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1924537898.jpg" alt="isaac bashevis singer,le charlatan,roman,inédit,littérature yiddish,exil,juifs,new york,mariage,liaisons,famille,doctrine,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Source : « Was Isaac Bashevis Singer Religious? » by David Stromberg (<a title="Source de l'illustration" href="https://www.tabletmag.com/sections/arts-letters/articles/was-isaac-bashevis-singer-religious" target="_blank" rel="noopener">Tablet</a>, 24/7/2017)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Isaac Bashevis Singer a émigré aux Etats-Unis en 1935, à peu près à l’époque où se situe l’intrigue du <em>Charlatan.</em> Ses personnages sont en situation précaire, des <a title="L'immigration orientale (maclarema)" href="https://maclarema.fr/blog/les-juifs-americains-3-limmigration-deurope-orientale-1881-1939/" target="_blank" rel="noopener">réfugiés juifs polonais</a> vivant à New York dans un pays <em>« au bord de la guerre »</em>. Eux ont réussi à fuir le nazisme mais ils ont encore de la famille là-bas et sont souvent sans nouvelles des leurs. Certains se sont vite débrouillés pour s’enrichir, d’autres vivotent ou vivent à leurs dépens. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Ainsi Morris Calisher, <a title="Début du roman (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/09/05/a-leur-arrivee-3272916.html" target="_blank" rel="noopener">prospère</a> dans l’immobilier, deux enfants, s’est marié après le décès de sa première épouse avec Minna. Descendant d’une famille très pieuse, Calisher aide financièrement son ami Hertz Minsker, fils du rabbi de Pilsen, et l’encourage à entreprendre, pour lui-même et pour sa femme Bronia (qui a laissé mari et enfants à Varsovie) qu’il a aidés à venir en Amérique. Hertz Minsker, <em>« grand, maigre, pâle »</em>, <em>« éternel étudiant »</em>, philosophe sans diplôme, incapable de parler une autre langue que le yiddish, n’est pas du genre à se lancer dans les affaires. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« On racontait qu’il travaillait depuis des années à un chef-d’œuvre qui éblouirait le monde, mais jusque-là, personne n’en avait rien vu. »</em> Cet érudit prononce des discours éblouissants et multiplie les liaisons avec des femmes. Chaque fois que Calisher l’avait retrouvé quelque part en Europe, Hertz <em>« se débattait dans une situation compliquée »</em>, toujours à court d’argent et lui disait : <em>« Je suis un charlatan ! Toi, Moshele, tu connais l’amère vérité. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Ce que Morris ignore, c’est que son ami couche avec Minna, sa femme. Et le soir, quand Bronia s’endort, fatiguée de son travail à l’usine, si sa logeuse Bessie Kimmel l’invite à une séance d’occultisme, Hertz ne refuse jamais. Non qu’il croie à son don de communiquer avec les esprits, mais il apprécie la présence troublante d’une jeune femme probablement payée pour jouer le rôle d’un spectre familier qui vient l’embrasser.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">L’arrivée à New York de Krimsky, le premier mari de Minna, qui voudrait vendre un tableau à Calisher (Krimsky fait commerce de faux), va précipiter ce petit monde dans l’angoisse : Calisher craint que Minna revoie cet homme et lui mente, avant de découvrir qu’en réalité, c’est ce cher Hertz qui est son amant. Leur situation à tous chavire, ajoutant à la catastrophe du nazisme et de l’exode juif une succession de drames intimes. <em>« Tout cela se transforme en une gigantesque farce, un méli-mélo de folie »</em>, comme se dit lui-même Hertz.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Rendez-vous manqués, quiproquos, mensonges, déclarations, disputes, réconciliations ou séparations, tout se met à tourner fou. Une des amoureuses de Hertz résume bien son cas :<em> « Vous êtes quelqu’un d’important, mais en apparence aussi un cynique. Pour vous, l’amour n’est rien de plus qu’un jeu. Vos paroles – comme vous l’avez précisé pendant votre conférence – sont comme des promesses, sans rien de concret derrière. Si c’est le cas, mieux vaut ne pas perdre notre temps. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Les références au judaïsme sont prises dans un tourbillon de pensées tantôt pieuses, tantôt hérétiques. Croire et prier dans un monde bouleversé par la guerre et l’antisémitisme est si difficile. Tout est remis en question, y compris le sens du péché ou de la culpabilité. La personnalité du charlatan, un homme qui change de cap dès qu’une occasion se présente – une femme, le plus souvent – et qui vit au jour le jour, est assez bizarre, voire loufoque.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Les paroles excessives, l’agitation, les mascarades sociales, les perturbations continuelles forment une sorte de chaos à l’intérieur même du chaos de la guerre. C’est si souvent grotesque que je suis restée à distance, en particulier de ce <em>« don juan déboussolé »</em> (<a title="Article source" href="https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2020/02/20/le-charlatan-d-isaac-bashevis-singer-un-don-juan-deboussole_6030181_5473203.html" target="_blank" rel="noopener">Le Monde</a>), de ce <em>« bonimenteur érudit »</em> (<a title="Article source" href="https://www.lefigaro.fr/livres/le-charlatan-d-isaac-bashevis-singer-l-art-yiddish-de-ne-pas-mourir-d-ennui-20200219" target="_blank" rel="noopener">Le Figaro</a>) qu’est ce charlatan, un séducteur non dépourvu de misogynie. Au bout de ma lecture, je me dis que j’aurais dû aborder ce roman dans un autre esprit, comme on s’amuse des jérémiades d’un Woody Allen en pleine autodérision.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Ces quatre cents pages pleines de péripéties et de dialogues se lisent facilement, on y reconnaît le style du <a title="Un billet de Christian Wéry" href="https://christianwery.blogspot.com/2016/12/un-vieux-livre-yiddish.html#more" target="_blank" rel="noopener">conteur yiddish</a> Isaac Bashevis Singer, décrit comme un <em>« mélange d’humour, de grotesque, de noirceur et de fantaisie narrative et verbale » </em>dans Wikipedia. J’y lis aussi que cet écrivain explore la notion de spiritualité et d’identité, <em>« faisant de l’individu juif un être en proie aux doutes, déchiré entre le respect de ses traditions et la volonté d’assouvir ses passions dans une société où il cherche à s’imposer sans jamais trouver sa place. »</em> Tout à fait ça.</span></p>