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Ouragans : Hélène (par Ventusky) bientôt en Europe
tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2018-09-14:3300379
2018-09-14T09:05:00+02:00
2018-09-14T09:05:00+02:00
Je m’appelle Hélène De plus l’ouragan semble avoir ralenti à son...
<p class="p1" style="text-align: left;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1383111557.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-238448" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3768394500.jpg" alt="ouragans,florence,hélène,joyce,europe,tempête,atlantique,ventusky,windy,earth,météo" /></a>Je m’appelle Hélène</strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">De plus l’ouragan semble avoir ralenti à son arrivée sur la côte américaine. On peut craindre un « effet Harvey », du nom de l’ouragan qui a noyé Houston l’an dernier en passant deux fois très lentement sur la ville. Soit une quantité d’eau tombée d’autant plus importante que le météore fait presque du sur-place.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Hélène est l’autre gros ouragan du moment dans l’Atlantique. Il a un peu faibli et vient d’être rétrogradé en catégorie t<em>empête tropicale</em>. Avec quand-même des vents à 120 kmh. Sa direction s’incline vers le nord-est. Il touchera en partie les Açores après avoir frôlé la quatrième tempête tropicale simultanée, Joyce.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Puis il montera vers l’Europe, frôlera la Galice et la Bretagne avant de traverser l’Irlande et de mourir un peu plus loin en Écosse. Mourir d’une belle mort, car elle sera encore puissante. Si les simulations se vérifient, dans six jours une énorme dépression possiblement tempétueuse lui succédera (image 4).</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/652248779.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-238449" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1102908408.jpg" alt="ouragans,florence,hélène,joyce,europe,tempête,atlantique,ventusky,windy,earth,météo" /></a>J’en profite pour parler d’un site météo que je viens de découvrir. Les images de ce jour sont des captures d’écran du site Ventusky (clic pour agrandir) réalisée le 13 au soir. La première est la situation actuelle avec un ballet de quatre ouragans ou tempêtes tropicales simultanées. Impressionnant. La deuxième montre Joyce et Hélène pas loin de flirter. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><span class="s1">Orages</span></strong></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">La troisième est Hélène en Europe, et la quatrième à six jours (les dates figurent en bas à gauche) est la dépression qui est prévue.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai déjà présenté <span style="text-decoration: underline; color: #800000;"><a style="color: #800000; text-decoration: underline;" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2015/10/31/vents-et-temperatures-sur-terre-les-nouvelles-fonctions-du-s-271392.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Earth</a></span>, le premier de cette famille de sites, qui bénéficie de commandes en français depuis l’année dernière. Il en fait un peu moins que les autres, bien qu’il dispose de fonctions uniques et d’une clarté d’image exceptionnelle. </span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai aussi présenté <span style="text-decoration: underline; color: #800000;"><a style="color: #800000; text-decoration: underline;" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2017/10/16/windy-com-un-super-outil-meteo-pour-visualiser-les-mouvement-287097.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Windy</a></span>, dont les donnée pour un usage en météo amateur sont plus détaillées et complètes. La fenêtre latérale propose de nombreuses options, parfois un peu complexes, mais dont certaines restent à portée de tout le monde.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/185613062.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-238451" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/4085545205.jpg" alt="ouragans,florence,hélène,joyce,europe,tempête,atlantique,ventusky,windy,earth,météo" /></a><a style="color: #800000; text-decoration: underline;" href="http://www.ventusky.com" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Ventusky</a></span> est un site météo tchèque disponible en plusieurs langues, que j’inclus dans mes préférés. Il reprend des deux précédents certains codes à l’identique, dont évidemment les couleurs pour la température, mais surtout les particules/filaments pour illustrer la direction, la force et la rapidité du vent.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">À gauche on trouve la liste des options: températures, du sol à 36’000 mètres par le menu déroulant, la vitesse du vent, et même les orages (sous l’onglet <em>précipitations</em>) qui clignotent d’éclairs en temps réel sur toute la planète. Bien sûr il est possible de rapprocher l’image ou de l’éloigner pour les vues d’ensemble.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p2" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong>Modélisations</strong></span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Particularité: les pressions sont signalées par des codes de couleurs en dégradé et non par des lignes isobariques. Sur cette page, en déplaçant le curseur, la pression s’affiche sur chaque endroit survolé. De même sur la page Vitesse du vent, le curseur indique cette vitesse en kmh pour chaque endroit survolé.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">À noter qu’un clic sur un endroit fait apparaître une fenêtre latérale coulissante avec tous les détails y relatifs. C’est très complet et en partie modifiable, par exemple le nombre et l’intensité des filaments/particules du vent. On le fait soit en bas de l’écran soit, et c’est plus complet, dans l’onglet paramètres en haut de l’écran. Cet onglet permet encore d’autres personnalisations de l’image.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/3589283791.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-238453" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2574152453.jpg" alt="ouragans,florence,hélène,joyce,europe,tempête,atlantique,ventusky,windy,earth,météo" /></a>Ce site est clairement destiné aux phénomènes atmosphériques et est sur le point le plus agréable à utiliser, à mon avis, bien que proche de Windy. Ce dernier contient cependant davantage d’informations sur les océans: température, courants, houle, vagues, etc. </span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Si j’ai besoin de plus d’infos sur les océans ou sur certains polluants dans la haute atmosphère, ou d’une image plus dynamique des courants jet, je regarde toujours Earth.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span class="s1" style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Enfin j’ai choisi d'illustrer par des images sur la situation possible dans six jours, selon les modélisations, afin de les comparer à ce moment-là avec la réalité. C’est un petit test de vérification de la fiabilité des modélisations météo sur six jours. J’en reparlerai.</span></p><p class="p2"> </p><p class="p2"> </p><p class="p2"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Florence, en phase d’atterrissage, a été rétrogradé cette nuit en catégorie 1. Les vents ont faibli, ils varient entre 130 et 150 kmh hors rafales. Les pluies, elles, resteront catastrophiques. Florence est gorgé d’eau suite à sa longue course sur l’Atlantique. Des pluies diluviennes sur un territoire urbanisé sont ravageuses.</span></p>
Tania
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Entrelacée
tag:textespretextes.blogspirit.com,2015-01-06:3110631
2015-01-06T20:20:00+01:00
2015-01-06T20:20:00+01:00
« Fin octobre, M.R. invita Kroll à dîner chez...
<p><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2885475571.jpg" target="_blank"><img id="media-164880" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1101488228.jpg" alt="JCO mudwoman points.jpg" /></a></p><p> </p><p><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">« Fin octobre, M.R. invita Kroll à dîner chez elle. <br /></span></span></em><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">C’était la première fois qu’elle préparait à dîner pour un autre homme qu’Andre Litovik, et elle éprouva une sorte de plaisir subreptice à faire des courses dans les meilleurs magasins d’alimentation des environs, poussant son Caddie parmi d’autres femmes qui étaient vraisemblablement des épouses, des mères, des maîtresses – des</span></span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> femm</span></span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">es</span></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> prises dans le drame de vies communes avec des</span></span></em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> hom</span></span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">mes.<br /></span></span><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Ce qu’elle avait peut-être envié par le passé. Une vie entrelacée à celle d’un autre, si imprévisible qu’elle fût. »</span></span></em></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Joyce Carol Oates,</span></span><a title="Tirée de la boue (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2015/01/02/tiree-de-la-boue-1138330.html" target="_blank"><em><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> Mudwoman</span></span></em></a></p><p> </p>
Tania
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Tirée de la boue
tag:textespretextes.blogspirit.com,2015-01-05:3110630
2015-01-05T08:30:00+01:00
2015-01-05T08:30:00+01:00
Mudwoman : sous ce titre non traduit (« mud », boue),...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><a title="Site de l'éditeur" href="http://www.philippe-rey.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=222" target="_blank"><em>Mudwoman </em></a>: sous ce titre non traduit (« mud », boue), <a title="Billets précédents (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/carol+oates" target="_blank">Joyce Carol Oates</a>, <em>« la peintre des âmes noires »</em> (<em>Le Point</em>) déroule à nouveau un destin hors de l’ordinaire et terrifiant, celui de la petite Jedina Kraeck, laissée pour morte par sa mère, malade mentale obsédée par la Bible, et devenue M. R. Neukirchen, première femme présidente d’une université de l’<a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivy_League" target="_blank">Ivy League</a>.</span></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-164874" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/2430797154.jpg" alt="carol oates,joyce,mudwoman,roman,littérature anglaise,états-unis,thriller,université,famille,relations,femme,culture" /></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Pas vraiment une histoire de résilience, non. <em>Mudwoman</em> (2012, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Seban) tient souvent du cauchemar, malgré le parcours exemplaire de la petite <em>« Mudgirl »</em>, que sa mère a poussée, après lui avoir coupé les cheveux, rasé le crâne jusqu’au sang, une nuit d’avril 1965, dans les marais boueux de la Black Snake River.</span></span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Dieu avait été mis au défi de sauver l’enfant, c’est le <em>« Roi des corbeaux »</em> qui a mené un trappeur simple d’esprit jusqu’à elle. Tirée de la boue, soignée, Janeda a été placée dans une famille d’accueil où elle devient Jewell, avant que se présentent Agatha et Konrad Neukirchen, inconsolables de la perte de leur petite Meredith Ruth de quatre ans. Ses parents adoptifs vont lui donner les mêmes prénoms, elle sera leur nouvelle <em>« Merry ».</em> Ce couple quaker l’élève dans l’amour des livres et la gentillesse – attitude toute nouvelle pour celle que sa mère maltraitait et qui n’a guère connu la tendresse dans sa famille d’accueil. </span></span><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1137650245.jpg" target="_blank"> </a></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">En octobre 2002, la Présidente Neukirchen se prépare à prononcer un discours au Congrès national de l’Association américaine des sociétés savantes. Elle a libéré son chauffeur qui l’a déposée bien en avance à l’hôtel d’Ithaca. Sa chambre n’étant pas encore disponible, elle cède à une impulsion : louer une voiture et rouler, rouler jusqu’à Carthage où elle a grandi – elle pense en avoir le temps et sinon, elle fera demi-tour pour rentrer à l’heure.</span></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1137650245.jpg" target="_blank"><img id="media-164877" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/798365973.jpg" alt="carol oates,joyce,mudwoman,roman,littérature anglaise,états-unis,thriller,université,famille,relations,femme,culture" /></a></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« M.R. »</em>, comme elle se fait appeler, et comme elle signe ses articles, aime conduire, laisser filer ses pensées sur la route, se rappeler ses parents (qu’elle ne voit plus, bien qu’elle leur soit reconnaissante de l’éducation reçue), son amant intermittent, un homme marié, Andre Litovik, récapituler son parcours hors du commun. Mais elle n’a pas prévu d’être aussi bouleversée en passant sur le pont au-dessus de la Black Snake, ni de s’embourber plus loin dans le fossé d’une petite route impraticable d’où son téléphone ne capte aucun signal.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sur sa brillante trajectoire universitaire, cette absence au congrès pour cause d’accident de voiture est la première faille. Pourtant M.R. Neukirchen se tient sur ses gardes, elle sait qu’une partie de l’université était hostile à la nomination d’une femme à sa tête et guette ses faux pas. Mais elle prend des risques. Par compassion, en 2003, elle reçoit seule un étudiant victime d’une agression homophobe. Il lui fait une étrange impression. Elle comprend soudain qu’il enregistre leur conversation – ce pourrait bien être un coup monté par ce jeune ultraconservateur pour se poser en victime devant les médias. </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sous la plume ou le clavier de JCO, M.R. est une de ces âmes blessées, solitaires, tourmentées, pour qui chaque jour est une mise à l’épreuve. Au dehors, un masque de réussite, une volonté de fer. Une grande adresse à se protéger, une non moins grande maladresse à se laisser aimer. Cette philosophe dans la quarantaine s’étonne à chaque fois qu’on tente de se lier avec elle. Seul Andre fait exception (il ne quittera jamais sa femme).</span></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3946757125.jpg" target="_blank"><img id="media-164878" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/387281705.jpg" alt="carol oates,joyce,mudwoman,roman,littérature anglaise,états-unis,thriller,université,famille,relations,femme,culture" /></a></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">La romancière américaine nous entraîne dans les gouffres de l’anxiété et de la solitude à travers les péripéties dramatiques de ce <em>« roman schizophrène » </em>(<a title="La présentation de « Mudwoman » dans Elle" href="http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Genre/Roman/Mudwoman" target="_blank"><em>Elle</em></a>) qui nous captive parce que, même excessives, parfois surréelles, ces situations, ces rapports humains touchent notre propre expérience de la vie et des êtres. N’entendons-nous pas aussi une voix intérieure qui nous questionne dans nos moments de désarroi ? Ne nous réveillons-nous pas de cauchemars où nous sommes pris au piège ? <em>« La personnalité humaine est énormément complexe. J’essaye de refléter cette complexité dans mon écriture – je ne voudrais pas simplifier la nature humaine, mais retranscrire son immense mystère »</em>, confie-t-elle dans un <a title="Entretien avec JCO à propos de « Mudwoman » (L’Hermite, blog de critique littéraire)" href="http://hermite-critique-litteraire.com/2012/04/08/interview-de-joyce-carol-oates-a-propos-de-mudwoman-et-de-lecriture/" target="_blank">entretien</a>. </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-family: times new roman,times;">Avec des allers-retours entre 1965 et 2003, peu à peu, en dévoilant les conflits intérieurs de son héroïne, obsédée par son passé tragique, <a title="Entretien avec Marine Landrot (Telerama, 22/2/2014)" href="http://www.telerama.fr/livre/joyce-carol-oates-j-aime-les-personnages-qui-ne-s-effondrent-jamais-totalement,108775.php" target="_blank">JCO </a>nous rapproche de cette battante aux convictions idéalistes – elle a la guerre en horreur – que le pouvoir académique isole davantage encore, de cette femme aux rapports problématiques avec les autres : <em>« Seule, M.R. vivait plus intensément que si elle avait vécu avec quelqu’un. Car la solitude est la grande fécondité de l’esprit, quand elle ne signe pas sa destruction. »</em></span> </span></span></p>
Tania
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Peu d'amis
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-10-14:3110586
2014-10-14T20:20:00+02:00
2014-10-14T20:20:00+02:00
« Si Imogene chercha à devenir son amie au début,...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/924866742.jpg" target="_blank"><img id="media-161333" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3904535960.jpg" alt="JCO Marya Poche.jpg" /></a></span></em></p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">« Si Imogene chercha à devenir son amie au début, Marya s’écarta instinctivement. Elle avait la clairvoyance paysanne des Knauer, ou leur pessimisme : que </span></em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">me</span><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;"> veut cette personne, pourquoi recherche-t-elle </span></em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">ma</span><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;"> compagnie ? C’était mystérieux, déconcertant. Imogene était si jolie, si populaire et si sûre d’elle, une personnalité dominante du campus ; Marya avait peu d’amis – plutôt des relations. Elle n’avait pas, expliqua-t-elle sèchement à Imogene, de temps à « perdre » avec les gens. »</span></em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">Joyce Carol Oates,</span><a title="Marya la solitaire (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/10/10/marya-la-solitaire-1135557.html?c" target="_blank"><em><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;"> Marya, une vie</span></em></a></p>
Tania
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Marya la solitaire
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-10-13:3110585
2014-10-13T08:30:00+02:00
2014-10-13T08:30:00+02:00
« Ce fut une nuit de rêves chaotiques entrecoupée de voix inconnues,...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><em><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">« Ce fut une nuit de rêves chaotiques entrecoupée de voix inconnues, où la pluie tambourinait sur le toit goudronné. Avant de s’éveiller, Marya vit entre ses paupières la forme vacillante de sa mère dans l’embrasure de la porte ; elle entendit un chuchotement rauque – pas de mots distincts, seulement des sons. La respiration sifflante de colère de sa mère. Les sanglots. Les quintes de toux. » </span></span></em><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Ainsi commence <em>Marya, une vie</em> de <a title="Billets précédents (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/carol+oates" target="_blank">Joyce Carol Oates</a> (1986, traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch).</span></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/1299318489.jpg" target="_blank"><img id="media-161329" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/4205755183.jpg" alt="marya,une vie,joyce carol oates,roman,littérature anglaise,états-unis,solitude,études,lecture,culture" /></a></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sa mère oblige alors la fillette à sortir du lit, à s’occuper de Davy, trois ans, les emmène hors de la maison sous la pluie en prévenant : <em>« Ne commence pas à pleurer. Tu ne pourras plus t’arrêter. »</em> D’autres images du temps où Marya vivait encore avec sa mère, Vera Knauer : chez le shérif, pour reconnaître le corps de leur père, assassiné ; du cousin Lee, ordonnant à la fillette de rester immobile sans bouger, sans le regarder, sans dire un mot, quand il la touche dans la vieille Buick au fond de la décharge.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">L’enfance à Innisfail, chez sa jolie tante Wilma, la mère de Lee et d’Alice, qui l’a recueillie après que sa mère les a abandonnés, c’était la honte permanente pour Marya. D’avoir des cheveux <em>« noirs, épais, un peu gras et toujours emmêlés. Comme ceux de sa propre mère. »</em> D’être celle dont Wilma parle si sèchement : <em>« Elle ? Je t’ai dit que ce n’est pas une parente à moi, c’est la nièce de mon mari. »</em></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><em><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></em></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Marya aimait sa tante Wilma et, la plupart du temps, son oncle Everard (…) mais elle se cachait d’eux même en leur présence. Elle s’évadait, elle était là sans y être, </em>ailleurs<em> devint un lieu familier, hors de la lumière et de l’ombre. Un espace creux, réel, où elle pouvait se blottir. »</em> Alice aimerait devenir son amie, mais Marya la repousse : <em>« Je n’ai pas demandé à venir ici. Je n’ai pas demandé à naître. »</em></span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Vingt ans après, Marya est une jeune femme <em>« dure, résistante, parfaitement capable de chasser les incursions du passé ».</em> Elle revoit les gestes de sa mère, saoule ou pas, elle revoit les <em>« jeux de garçon »</em> de Lee, son<em> « accident »</em>, quand le cric en dessous de la voiture a glissé – Lee n’en était pas mort, un miracle – mais comment en parler un jour à l’homme qui croit l’aimer, qui a sans doute remarqué chez elle <em>« une pesanteur d’âme »</em> ? Comment vivre avec ses blessures, sinon en préservant sa solitude ?</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Au collège d’Innisfail, Marya a été la préférée de M. Schwilk, le nouveau professeur d’anglais qui a surpris par son comportement tantôt raffiné tantôt véhément, intimidant. Bonne élève, elle était son alliée en classe, répondait aux questions ; il la trouvait <em>« exceptionnellement douée pour les mots ».</em> Mais quand tout le monde s’est mis à le harceler, de toutes les manières dont peut s’exercer la cruauté en bande, Marya s’est mêlée au chahut, l’a mené même. <em>« Pourquoi haïssiez-vous tant M. Schwilk… ? »</em> leur demandera-t-on après l’effondrement du professeur.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">A quinze ans, Marya décide de donner une chance à Dieu en devenant catholique, une manière peut-être de se préserver de la folie, sa terreur. Elle rend visite deux fois par semaine au père Shearing à l’hôpital où il va de plus en plus mal, lui apporte des livres de la bibliothèque, écrit sous sa dictée, l’écoute parler de la foi : <em>« peu à peu j’ai compris que la foi va et vient – elle ne peut être constante. »</em> Elle gardera sa montre suisse.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Quand elle décroche une bourse pour l’université, Marya commence à se projeter dans une autre vie : <em>« une chambre dont elle pourrait fermer la porte à clé sans que personne ne le sache ».</em> Emmett, son petit ami, ne comprend pas qu’elle veuille s’en aller plutôt que de l’épouser, ils rompent. Marya, à dix-huit ans, veut <em>« naître une seconde fois ».</em> Ce sera à Port Oriskany (Etat de New York). Etonnée que les autres organisent <em>« une fête d’adieu »</em> la veille de son départ, elle y prend une nouvelle leçon de la vie, violente.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">A l’université, où Marya apprécie <em>« l’isolement monacal de sa chambre sous les toits »</em>, elle peut lire pour le plaisir après son travail – <em>« une joie illicite, infiniment précieuse. »</em> Imogene Skillman, qui fait des études de théâtre, y arrive un jour, une de ces étudiantes de milieu aisé dont Marya observe secrètement les beaux vêtements, les bijoux, l’aisance. Elle, on la remarque pour ses réponses argumentées, son intelligence. Imogene veut l’avoir pour amie.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« L’amitié, écrivit Marya dans son journal, la plus énigmatique de toutes les relations. »</em> Flattée mais sceptique, elle s’interroge, fréquente d’autres filles plus proches de son milieu. Le travail est sa véritable priorité, sa bourse lui sera retirée en cas de note au-dessous de B. Elle sent que c’est une erreur d’accepter le vieux manteau en poil de chameau d’Imogene, de se rendre dans sa famille. Les rapports avec les autres sont si difficiles.</span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: medium; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">En même temps, une de ses nouvelles est classée première à un concours, une autre, acceptée par une revue littéraire. Marya réussit – un jour, elle sera professeur. Dans ce roman de <a title="Entretien avec JCO (Télérama)" href="http://www.telerama.fr/livre/joyce-carol-oates-j-aime-les-personnages-qui-ne-s-effondrent-jamais-totalement,108775.php" target="_blank">Joyce Carol Oates</a> <em>« aux forts accents autobiographiques »</em>, <a title="JCO à propos de "Marya", un texte en anglais à lire jusqu'au bout (sur l'art d'écrire un roman)" href="http://www.usfca.edu/jco/maryaalife/" target="_blank">l’écriture </a>est son défi le plus personnel : <em>« Elle voulait convertir la douleur humaine en mots, faire revivre le souvenir de l’émotion intense, et rester indifférente. »</em></span></span></p>
Tania
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Un moi disparu
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-05-24:3110514
2014-05-24T08:30:00+02:00
2014-05-24T08:30:00+02:00
« Vous pensez que j’ai des vues sur vous, chère Katya ! Je le...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1305664101.jpg" target="_blank"><img id="media-157416" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3263639973.jpg" alt="carol oates,joyce,le mystérieux mr kidder,roman,littérature américaine,suspense,conte,culture" /></a>« Vous pensez que j’ai des vues sur vous, chère Katya ! Je le sais, je lis dans vos pensées, qui jouent si clairement, si purement, sur votre visage. Et vous avez raison, ma chère : j’ai des vues sur vous. J’ai une mission pour vous, je pense ! Si vous êtes bien elle. <br />– « Elle » ? Que voulez-vous dire ? bégaya Katya, ne sachant pas si Mr Kidder parlait sérieusement, ou si c’était encore l’une de ses plaisanteries énigmatiques. <br />– Une belle demoiselle – digne de se voir confier une mission capitale. Pour laquelle elle serait généreusement récompensée, le moment venu. » <br />Katya serrait toujours le sac contre sa poitrine. Effrayée et perdue. Et pourtant son cœur battait d’une attente fiévreuse. <br />« Il y a un mot allemand –</span></em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"> Heimw</span><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">eh,</span><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"> nostalgie. C’est un sentiment puissant, un peu comme un narcotique. Le regret intense de chez soi, mais pas seulement… d’un moi disparu, peut-être. Un moi perdu. La première fois où je vous ai vue dans la rue, Katya, c’est ce que j’ai éprouvé… j’ignore absolument pourquoi. »</span></em> </p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;">Joyce Carol Oates,</span><em><span style="font-size: medium;"><a title="Un conte cruel (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/05/21/un-conte-cruel-1130682.html" target="_blank"> Le mystérieux Mr Kidder</a></span></em></span></p>
Tania
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Un conte cruel
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-05-22:3110513
2014-05-22T08:14:00+02:00
2014-05-22T08:14:00+02:00
Dès la première rencontre entre Katya Spivak, seize ans, et Marcus Kidder,...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dès la première rencontre entre Katya Spivak, seize ans, et Marcus Kidder, soixante-huit ans, devant une boutique de luxe à <a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Bay_Head,_New_Jersey" target="_blank">Bayheard Harbor </a>(New-Jersey), <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Joyce_Carol_Oates" target="_blank">Joyce Carol Oates</a> suggère que <em>Le Mystérieux Mr Kidder</em> (2009, traduit de l’anglais par Claude Seban) aura tout l’air d’un conte de fées.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/519976423.jpg" target="_blank"><img id="media-157417" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2471954233.jpg" alt="carol oates,joyce,le mystérieux mr kidder,roman,littérature américaine,suspense,conte,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Le titre original, </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">A Fair Maiden</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, met l’accent sur la jeune fille, engagée comme nounou pour l’été par les Engelhardt. Elle promène un bébé en landau et une petite fille de trois ans, Tricia, quand Marcus Kidder la surprend devant une vitrine de lingerie : </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« Et que choisiriez-vous, s’il vous était accordé un souhait ? »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> Katya se retourne sur un vieux monsieur distingué, des cheveux blancs et des yeux </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« d’un bleu de glace »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> : impossible de désigner l’ensemble en dentelle rouge qu’elle admirait, aussi, comme il insiste, montre-t-elle une chemise de nuit en mousseline blanche – </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« Ah ! Votre goût est impeccable. Mais ne regardiez-vous pas autre chose ? »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> ose Mr Kidder.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans cet échange entre le <em>« résident d’été de Bayheard Harbor depuis de longues années »</em> et la jeune fille très consciente de <em>« ce que pouvait promettre une voix masculine cordiale parlant de</em> souhait<em> »</em>, il apparaît vite que, même si les employeurs de Katya sont membres du Yacht Club, Mr Kidder n’a que du mépris pour les nouveaux venus <em>« qui se multiplient comme des mouches à miel sur la côte du Jersey. » </em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">La richesse, l’amabilité et l’élégance font beaucoup d’effet à cette fille originaire d’une petite ville <em>« déshéritée »</em>, mais lorsque son admirateur lui laisse sa carte avec son adresse et son numéro de téléphone en l’invitant pour le thé le lendemain, elle répond <em>« peut-être »</em> et intérieurement <em>« pas question ».</em> Ensuite elle se souviendra de son père, <em>« un joueur maladif »</em>, parti il y a longtemps, qui disait toujours : <em>« Aux dés de décider »</em>. Katya sait qu’un homme âgé <em>« qui avait un faible pour elle »</em> peut être un <em>« gogo »</em> à exploiter. Elle le reverra, mais décide de le faire attendre un peu.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">C’est donc la semaine suivante qu’elle emmène les petits Engelhardt dans la partie <em>« historique »</em> de la ville, à la découverte d’un quartier de résidences anciennes et spacieuses où même l’air porte <em>« une odeur d’argent particulière ».</em> La <em>« vieille maison digne »</em> à bardeaux de Mr Kidder ressemble à <em>« l’illustration d’un conte pour enfants »</em> et c’est comme le début d’une aventure pour Katya d’appuyer sur la sonnette et de surprendre à son tour son occupant, nettement moins à son avantage en short et chemise froissée, les pieds nus dans ses sandales.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Jeune fille pauvre et vieil homme riche, le schéma paraît simple. Mais les intentions le sont moins. Ils sont deux à s’observer, à jouer leur rôle, à soigner les apparences et à écouter les sous-entendus. La petite Tricia reçoit ce jour-là un livre d’images, <em>« L’anniversaire de Ballot Lapin »</em> – Katya découvrira plus tard que Kidder en est l’auteur. Et au moment du départ apparaît le cadeau qu’il lui destine, une boîte rose contenant un <em>« caraco de dentelle rouge sexy et la culotte assortie » </em></span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18.399999618530273px;">qu’elle refuse,</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> choquée et furieuse.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="La lecture de Th. Guinhut (20/5/2013)" href="http://www.thierry-guinhut-litteratures.com/article-joyce-carol-oates-le-mysterieux-monsieur-kidder-117920309.html" target="_blank"><em>Le mystérieux Mr Kidder</em></a> est un conte cruel, l’histoire d’un été, avec sa magie luxueuse et ses maléfices. <a title="Billets précédents (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/carol+oates" target="_blank">Joyce Carol Oates </a>sait installer une atmosphère trouble autour de <a title="Entretien avec JCA (Télérama, 22/4/2014)" href="http://www.telerama.fr/livre/joyce-carol-oates-j-aime-les-personnages-qui-ne-s-effondrent-jamais-totalement,108775.php" target="_blank">ses personnages</a> : tous deux ont leurs forces et leurs faiblesses. Marcus a pour lui l’expérience et la richesse, mais il est vieux et très seul. Katya n’a jamais été traitée aussi gentiment dans sa désastreuse famille, mais elle y a pris <em>« de mauvaises habitudes ».</em></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3957021252.jpg" target="_blank"><img id="media-157418" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3335387944.jpg" alt="carol oates,joyce,le mystérieux mr kidder,roman,littérature américaine,suspense,conte,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Le mystère annoncé dans le titre tient jusqu’au bout du roman, qui ne se résume pas à un sordide piège sexuel, même si le sexe est un thème récurrent dans l’œuvre de </span><a style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;" title="« Le grand entretien » de François Busnel (France Inter, 10/6/2013)" href="http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=655200" target="_blank">Joyce Carol Oates</a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, qui sait observer les attentes et les névroses de ses contemporains. La romancière joue ici au chat et à la souris, et il est bien difficile de prévoir qui, dans ce suspense psychologique, va gagner ou perdre la partie.</span></p>
Edouard
http://blogres.blogspirit.com/about.html
Aimons les écrivains vivants !
tag:blogres.blogspirit.com,2013-10-03:3324313
2013-10-03T04:47:00+02:00
2013-10-03T04:47:00+02:00
Il est de bon ton, sous nos latitudes chrétiennes, de vouer une sainte...
<p class="MsoBodyTextIndent3"><strong><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Il est de bon ton, sous nos latitudes chrétiennes, de vouer une sainte vénération aux morts. Et surtout aux écrivains morts. Il n’est de bonne plume, profonde et immortelle, semble-t-il, que les écrivains enterrés, il y a un siècle ou deux, et devenus brusquement classiques à leur enterrement. </span></strong></p><p><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><a href="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/307310942.4.jpeg" target="_blank"><img id="media-153253" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/349057970.27.jpeg" alt="images.jpeg" /></a>Prenez Kafka ! Lu et admiré, de son vivant, par un petit cercle d’amis pragois (qui le prenaient, d’ailleurs, pour un auteur comique !), une poignée de romans et nouvelles publiés sans écho, ni renommée, même locale ! Franz Kafka devenu <em>icône</em> de l’écrivain moderne dévoué tragiquement à son œuvre — alors qu’il était un écrivain du dimanche !</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Regardez Proust ! Trop dédaigné de son vivant, cultivant la légende d’un jeune oisif, très snob, intelligent et paresseux, qui soudainement saisi par une illumination, s’est installé à sa table de travail en se disant : « Aujourd’hui, je vais écrire <em>À la recherche du temps perdu…</em> » Proust oublié de son vivant, redécouvert dans les années 50, et devenu, pour les critiques littéraires (qui ne prennent jamais beaucoup de risques), le <em>patron</em> du roman contemporain…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Et Joyce ! Un premier livre passé inaperçu, une recueil de nouvelles très classiques, puis un grand livre, <em>Ulysse,</em> refusé par toutes les maisons d’édition et publié, en France, par deux libraires un peu folles qui le vendirent à quelques exemplaires. <a href="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/00/01/2081309145.jpeg" target="_blank"><img id="media-153254" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/00/01/1915680420.18.jpeg" alt="images-1.jpeg" /></a>Enfin, après une mort aussi discrète que fut sa vie, Joyce est redécouvert dans les années 60 et devient le porte-drapeau du roman à la mode de l’époque : le Nouveau Roman…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Et en Suisse, me direz-vous ? </span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Les exemples sont légion. Prenez Ramuz, poursuivant son œuvre dans une semi clandestinité à Pully, après la déroute parisienne. Édité, oublié, puis vénéré au point d’être accueilli dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, noyé sous les notes des cuistres ! Et Nicolas Bouvier, qui édita <em>L’Usage du monde, </em>son premier livre (refusé par une vingtaine de maisons d’édition) à compte d’auteur ! <a href="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/2419449670.jpeg" target="_blank"><img id="media-153255" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/1072060335.9.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></a>Succès d’estime de son vivant et devenu, bien malgré lui, saint patron des écrivains-voyageurs après sa mort…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Il faut, bien sûr, honorer les défunts. C’est un devoir et un hommage nécessaires. Et une manière, aussi, de réparer une injustice qui leur fut faite <em>quand ils vivaient</em>. Mais il ne faut pas oublier les vivants. Jeunes ou moins jeunes, d’ailleurs. Ceux qui œuvrent dans le noir, qui creusent leur trace discrètement, obstinément, qui cherchent leur chemin dans l’époque aveuglante qui est la nôtre.</span></p><p><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Honorons les morts, certes, mais pas la mort, qui est toujours une défaite.</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Lisons, célébrons, encourageons les écrivains tant qu’ils sont vivants ! Saluons les artistes qui respirent, écrivent, peignent, inventent des mélodies ou des histoires, <em>juste à côté de nous.</em> </span></p><p><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Car ils nous aident à vivre, comme les morts que nous vénérons. Ils élargissent le champ de notre expérience et de nos sens. Ils sont vivants, fragiles et incertains, éphémères, taciturnes parfois, lumineux. Nous avons besoin de leur feu et de leur lumière.</span></p>
JMOlivier
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Aimons les écrivains vivants !
tag:jolivier.blogspirit.com,2013-09-28:3327758
2013-09-28T12:00:00+02:00
2013-09-28T12:00:00+02:00
Il est de bon ton, sous nos latitudes chrétiennes, de vouer une sainte...
<p class="MsoBodyTextIndent3"><strong><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Il est de bon ton, sous nos latitudes chrétiennes, de vouer une sainte vénération aux morts. Et surtout aux écrivains morts. Il n’est de bonne plume, profonde et immortelle, semble-t-il, que les écrivains enterrés, il y a un siècle ou deux, et devenus brusquement classiques à leur enterrement. </span></strong></p><p><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/3204426602.jpeg" target="_blank"><img id="media-153253" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/1707811116.3.jpeg" alt="images.jpeg" /></a>Prenez Kafka ! Lu et admiré, de son vivant, par un petit cercle d’amis pragois (qui le prenaient, d’ailleurs, pour un auteur comique !), une poignée de romans et nouvelles publiés sans écho, ni renommée, même locale ! Franz Kafka devenu <em>icône</em> de l’écrivain moderne dévoué tragiquement à son œuvre — alors qu’il était un écrivain du dimanche !</span> </p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Regardez Proust ! Trop dédaigné de son vivant, cultivant la légende d’un jeune oisif, très snob, intelligent et paresseux, qui soudainement saisi par une illumination, s’est installé à sa table de travail en se disant : « Aujourd’hui, je vais écrire <em>À la recherche du temps perdu…</em> » Proust oublié de son vivant, redécouvert dans les années 50, et devenu, pour les critiques littéraires (qui ne prennent jamais beaucoup de risques), le <em>patron</em> du roman contemporain…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Et Joyce ! Un premier livre passé inaperçu, une recueil de nouvelles très classiques, puis un grand livre, <em>Ulysse,</em> refusé par toutes les maisons d’édition et publié, en France, par deux libraires un peu folles qui le vendirent à quelques exemplaires. <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/00/1694501729.2.jpeg" target="_blank"><img id="media-153254" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/00/2088569586.jpeg" alt="images-1.jpeg" /></a>Enfin, après une mort aussi discrète que fut sa vie, Joyce est redécouvert dans les années 60 et devient le porte-drapeau du roman à la mode de l’époque : le Nouveau Roman…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Et en Suisse, me direz-vous ? </span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Les exemples sont légion. Prenez Ramuz, poursuivant son œuvre dans une semi clandestinité à Pully, après la déroute parisienne. Édité, oublié, puis vénéré au point d’être accueilli dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, noyé sous les notes des cuistres ! Et Nicolas Bouvier, qui édita <em>L’Usage du monde, </em>son premier livre (refusé par une vingtaine de maisons d’édition) à compte d’auteur ! <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/3053834146.2.jpeg" target="_blank"><img id="media-153255" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/534758981.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></a>Succès d’estime de son vivant et devenu, bien malgré lui, saint patron des écrivains-voyageurs après sa mort…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Il faut, bien sûr, honorer les défunts. C’est un devoir et un hommage nécessaires. Et une manière, aussi, de réparer une injustice qui leur fut faite <em>quand ils vivaient</em>. Mais il ne faut pas oublier les vivants. Jeunes ou moins jeunes, d’ailleurs. Ceux qui œuvrent dans le noir, qui creusent leur trace discrètement, obstinément, qui cherchent leur chemin dans l’époque aveuglante qui est la nôtre.</span></p><p><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Honorons les morts, certes, mais pas la mort, qui est toujours une défaite.</span> </p><p class="MsoBodyTextIndent3"><span style="font-family: book antiqua,palatino; font-size: medium;">Lisons, célébrons, encourageons les écrivains tant qu’ils sont vivants ! Saluons les artistes qui respirent, écrivent, peignent, inventent des mélodies ou des histoires, <em>juste à côté de nous.</em> </span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27.0pt;"><span style="font-size: medium; font-family: book antiqua,palatino;">Car ils nous aident à vivre, comme les morts que nous vénérons. Ils élargissent le champ de notre expérience et de nos sens. Ils sont vivants, fragiles et incertains, éphémères, taciturnes parfois, lumineux. Nous avons besoin de leur feu et de leur lumière.</span><span style="font-size: 10.0pt; color: black;"> <br /></span></p>
Tania
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Se justifier
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-08-24:3110345
2013-08-24T08:30:00+02:00
2013-08-24T08:30:00+02:00
« Il y a longtemps, quand elle était adolescente et que son père...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Il y a longtemps, quand elle était adolescente et que son père était un jeune, vigoureux et ambitieux adjoint au procureur de district à Long Island, il lui avait dit, lors d’un rare moment d’intimité, que l’esprit humain tire très vite des conclusions à partir de faits extrêmement ténus – il calcule avec audace, mais de manière très convaincante, dans l’intention de </span></em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">donner du sens à ce qui n’en a pas</span><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">.</span></em><span style="font-size: 11px;"> <br /></span><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Parmi une masse de faits cohérents, il sélectionne au hasard mais efficacement pour créer </span></em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">un récit susceptible de se justifier lui-même</span><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">. »</span></em><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium;">Joyce Carol Oates,</span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 14pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;"> Le département de musique</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3302877498.jpg" target="_blank"><img id="media-147014" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/837750062.jpg" alt="Oates couverture.jpg" /></a></p>
Tania
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Musique et cruauté
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-08-22:3110344
2013-08-22T08:30:00+02:00
2013-08-22T08:30:00+02:00
Pas de musique qui adoucit les mœurs dans Le département de musique (...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pas de musique qui adoucit les mœurs dans <a title="Lire le début sur le site d’Archipoche" href="http://www.archipoche.com/sites/default/files/departement_musique-internet.pdf" target="_blank"><em>Le département de musique</em></a> (<em>Nemesis</em>, traduit de l’anglais par Boris Matthews), roman publié par <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Joyce_Carol_Oates" target="_blank">Joyce Carol Oates</a> sous le pseudonyme de <a title="Texte de JCO sur ses pseudonymes (en anglais)" href="http://www.usfca.edu/jco/pseudonyms/" target="_blank">Rosamond Smith</a> en 1990. Mais de la cruauté, certes. Ce thriller s’ouvre sur un étonnant extrait d’une lettre de Chopin : <em>« Ce n’est pas de ma faute si je ressemble à un champignon qui paraît comestible, mais qui vous empoisonne quand vous y goûtez en le prenant pour un autre. »</em> (1839)</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2269700847.jpg" target="_blank"><img id="media-147013" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2562476295.jpg" alt="joyce carol oates,le département de musique,nemesis,roman,littérature anglaise,etats-unis,thriller,musique,violence,viol,meurtre,homosexualité,enseignement,culture" /><br /></a><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">Première édition</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Maggie Blackburn, </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« femme d’une grande intégrité »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, célibataire, est</span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> « une pianiste douée »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> mais manque de confiance en soi. Professeur au Conservatoire de Forest Park (Connecticut) depuis six ans, elle vient d’être nommée à 34 ans </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« directrice du département de formation musicale pour étudiants avancés »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">. Son style vestimentaire (des couleurs toujours neutres), ses bijoux coûteux (héritage de famille), son attitude </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« parfois distraite, voire absente »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, sa discrétion sur sa vie privée la rendent mystérieuse aux yeux des autres.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Elle ne parle à personne des visites qu’elle rend à son père en maison de retraite jusqu’à sa mort, ni des <em>« crises d’amnésie »</em> qui la saisissent parfois. En septembre 1988, Maggie organise une grande soirée dans sa maison pour présenter les nouveaux étudiants et enseignants à la communauté du Conservatoire. Soirée fatale.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Calvin Gould, le recteur, 39 ans, est son invité le plus désiré : elle est secrètement amoureuse de lui. Sa femme déteste les mondanités, et comme prévu, il viendra sans elle. Les canaris de Maggie, Rex, un mâle au chant extraordinaire et une femelle, Sucre d’orge, sont des oiseaux délicats qu’un courant d’air froid pourrait tuer, aussi a-t-elle déplacé leur cage à l’arrière de la maison, loin de l’agitation. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Puis c’est le défilé des invités, l’attention pour chacun, pour le service, un stress continu pour Maggie qui a du mal à se détendre et observe tout son monde, soucieuse que tout soit parfait. Vingt minutes avant la fin, Calvin Gould arrive enfin, la trouve <em>« merveilleuse »</em>, puis est rapidement accaparé par les autres. Le recteur est un <em>« personnage controversé »</em> au sein du département de musique, mais Maggie le défend toujours <em>« bec et ongles ».</em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Au moment où ses derniers invités prennent congé, Maggie remarque Rolfe Christensen, 59 ans, compositeur renommé, en grande conversation avec un compositeur novice de 27 ans, Brendan Bauer, un étudiant timide qui a tendance à bégayer. Christensen lui propose de le raccompagner en voiture et Calvin, de son côté, reconduit une étudiante à sa résidence sur le campus. Le calme revenu, Maggie découvre que quelqu’un a fumé dans son bureau et y a ouvert la fenêtre en grand : Sucre d’orge gît sur le sol de la cage, morte.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ce petit drame n’est rien en comparaison de celui qui se déroule dans la majestueuse demeure de Christensen, qui a ramené Brendan chez lui sous prétexte de lui faire écouter un enregistrement de son <em>« Adagio pour piano et cordes »</em>. Jeune, maigrichon, <em>« charmant »</em>, l’étudiant est le genre de garçon qui attire Christensen, un costaud. Il le fait boire, use et abuse de son autorité naturelle, de sa logorrhée de moins en moins contenue, pour retenir sa proie. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le lendemain, Maggie enterre Sucre d’orge. Plus tard dans la journée, elle aperçoit quelqu’un derrière chez elle : Brendan Bauer, hagard, apeuré, la peau éraflée, les lunettes cassées, est si agité qu’il refuse de s’asseoir quand elle le fait entrer. Comme fou, le jeune homme déambule dans le salon, touche le piano, finit par accepter une tasse de café. Il ne veut ni médecin, ni qu’elle l’emmène aux urgences, et finit par dire l’abominable : il a été violé, pense au suicide, regrette de n’avoir pas tué Christensen, renonce à ses cours.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Stupéfaite, compréhensive, patiente, Maggie parvient à lui faire raconter ce qu’il a vécu, la manière monstrueuse dont il a été traité. Elle veut prévenir la police, mais Brendan refuse, l’humiliation a été trop grande et il ne supporterait pas qu’on le prenne pour un homosexuel qu’il n’est pas. Elle le reconduit chez lui en le priant de l’appeler en cas de besoin, elle est sa conseillère après tout.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le lundi matin, elle se rend dans le bureau du recteur pour l’informer. Calvin Gould est écœuré, il craint que Brendan ne mette fin à ses jours et convainc Maggie de l’appeler pour qu’il dépose une plainte au département, en toute confidentialité – Brendan accepte. Maggie apprend un peu du passé trouble de Christensen, qu’elle ignorait. Pendant quelques jours, celui-ci reste invisible, et quand il réapparaît, convoqué chez le recteur, il est accompagné de son avocat. Sans vergogne, il parle de rapports entre adultes consentants, prétend que Brendan l’a provoqué, joue les scandalisés.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">La vérité sur cette nuit-là ne sera dévoilée, on s’en doute, qu’à la fin du roman, après la mort de Christensen, empoisonné, et le meurtre d’un autre musicien. Brendan est suspecté, seule Maggie reste convaincue de son innocence. La découverte du véritable assassin devient son obsession. Nemesis (titre original) est la déesse de la vengeance, de la colère divine. <a title="Le questionnaire de Joyce Carol Oates (BibliObs, 2009)" href="http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20091016.BIB4206/le-questionnaire-de-joyce-carol-oates.html" target="_blank">Joyce Carol Oates,</a> pour qui la lecture de <em>Crime et châtiment</em> fut une révélation, sème évidemment des indices, ouvre de fausses pistes, tient ses lecteurs en haleine, mêle avec brio à ces violences les <a title="Trouble Carol Oates (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/12/05/trouble-carol-oates.html" target="_blank">secrets intimes</a> et la musique, tissant page après page le portrait d’une femme à l’air fragile, terriblement obstinée.</span></p>
JMOlivier
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Les livres de l'été (8) : À propos des Chefs-d'Œuvres, de Charles Dantzig
tag:jolivier.blogspirit.com,2013-07-16:3327723
2013-07-16T04:46:00+02:00
2013-07-16T04:46:00+02:00
De tout temps, il y a eu des lecteurs prodigieux. Le plus souvent, il...
<p><img id="media-135970" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/781809698.jpg" alt="6746f02e-5b30-11e2-a60f-8d85e800a497-493x328.jpg" />De tout temps, il y a eu des lecteurs prodigieux. Le plus souvent, il venaient du monde l'Université : Thibaudet, J'ean-Pierre Richard, Jean Starobinski, Michel Butor et tant d'autres. Aujourd'hui, comme on sait, l'Université n'existe plus. Mais les grands lecteurs persistent et signent. Ce sont des journalistes et/ ou des écrivains, comme Jean-Louis Kuffer ou Philippe Sollers. Parfois des éditeurs, comme Charles Dantzig (à droite sur la photo, posant devant l'<em>Olympia</em> de Manet). Ou de simples amateurs.</p><p>Quelles voix s'élèvent, aujourd'hui, pour dire à la fois le plaisir et les questions de la littérature ? Non seulement classique, comme on dit, mais aussi moderne, et même la plus contemporaine ?</p><p>Je ne citerai que trois noms, qui valent tous les critiques universitaires : <img id="media-135971" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/00/4144991322.jpeg" alt="3283024.image.jpeg" />Jean-Louis Kuffer, critique, écrivain, ancien journaliste de <em>24Heures</em>, dont le blog (<a href="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/">ici</a>) est le journal de bord d'un lecteur au long cours, retraçant l'expérience singulière de la lecture, « cette pratique jalouse » selon Mallarmé, ses doutes et ses réjouissances, ses enthousiasmes et ses questionnements. En second lieu, un écrivain si souvent accusé de faire le paon, Philippe Sollers, qui, si l'on met de côté ses romans plus ou moins expérimentaux (et plus ou moins réussis), demeure un fantastique lecteur, à la curiosité insatiable, qui voyage à travers les siècles et les frontières, capable d'<em>éclairer</em> Hemingway, comme Joyce ou Proust, Lautréamont ou Aragon, Philip Roth comme La Fontaine. Sollers ? Un grand lecteur, passionné, érudit, intraitable. Si vous ne me croyez pas, lisez : <em>La Guerre du goût</em> (Folio), ou encore <em>Éloge de l'Infin</em>i (Folio). Ou enfin, <em>Fugues</em>, qui vient de paraître chez Gallimard.</p><p><img id="media-135972" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/1746732606.2.jpeg" alt="images-3.jpeg" />Venons-en, maintenant, au troisième cas exemplaire. Un lecteur prodigieux (par son érudition), agaçant (par ses partis-pris), à la fois empathique et critique : Charles Dantzig (né à Tarbes, en 1961). Il n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'on lui doit, déjà, un formidable <em>Dictionnaire égoïste de la littérature française</em> (Le Livre de Poche), ainsi que divers opuscules tels que <em>Pourquoi lire ?</em> (Le Livre de Poche) et <em>Encyclopédie capricieuse du tout et du rien</em> (Le LIvre de Poche). Cette année, il publie <em>À propos des chefs-d'œuvre</em>*, une réflexion à la fois personnelle et universelle sur ce qui fait la paricularité des grandes œuvres d'art (Dantzig élargit sa réflexion à la peinture, à la danse, à la musique).</p><p>Qu'est-ce qui fait qu'un livre, ou un tableau, ou une musique, traverse le temps et reste, contre vents et marées, toujours d'actualité ?</p><p>D'abord, un chef-d'œuvre appartient à son temps — mais il traverse aussi les âges. « Les chefs-d'œuvre ne sont pas détachés. Ils émanent de leur lieu, de leur temps, de nous. L'homme est capable de l'exceptionnel, dit le chef-d'œuvre. » Il est fait d'une pâte à la fois humaine et inhumaine. Il marque toujours une rupture (face à la convention, à la médiocrité « qui est toujours la plus nombreuse »). Rétrospectivement, le chef-d'œuvre donne sa couleur à l'époque. « C'est un présent qui donne du talent au passé. » Il ne peut être réaliste, puisqu'il repose sur la transfiguration de la réalité. « Le réalisme, note justement Dantzig, est une forme de paresse. Ceux qui le pratiquent recopient les choses nulles qu'ils ont vues et les sentiments condescendants qu'ils en ont orgueilleusement éprouvés, rien de plus. » « Le chef-d'œuvre est moins là pour donner du sens que pour révéler de la forme. Il est un combat gagné de la forme contre l'informe. » C'est pourquoi le plus beau des chefs-d'œuvre éphémère est un bouquet de fleurs coupées…</p><p>Alors, bien sûr, comme tous les grands lecteurs, Dantzig a ses marottes. <img id="media-135973" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/57381375.jpeg" alt="images-5.jpeg" />Il n'aime pas Céline, ironise sur la grandiloquence du style de Marguerite Duras, sur l'ennui des films de Benoît Jacquot, tandis qu'il célèbre Proust ou Genet, Valéry et Cocteau, et certains livres du regretté Hervé Guibert. Dans son panthéon figurent quelques curiosités, tels <em>Sur le retour</em> de Rutilius Namatianus (texte latin datant de 420),<em> La brise au clair de lune</em>, de Ming Jiao Zhong Ren (Chine, fin du XIVe siècle), ou encore les œuvres posthumes de Desportes (1611). Mais aussi Mario Paz, Henri Heine, Gore Vidal, Jules Laforgue.</p><p>Dantzig brise une lance, également, contre la république des « professeurs restés élèves ». « Appliqué, citeur, roulant sur des vieux rails, pas rouillés, non, tellement empruntés et depuis toujours qu'ils brillent comme du neuf. En réalité, la littérature, il n'y comprend rien. En Angleterre, il peut s'appeler Georges Steiner, aux États-Unis ça a été Allan Bloom, en France il pourrait être Alain Finkelkraut. (…) Voici un grand secret : en matière de littérature, Barthes et Foucauld, Jakobson et Genette, De Man et Badiou ne sont pas l'essentiel. » On voit ici que Charles Dantzig, comme Brigitte Bardot sur sa Harley, n'a peur de personne…</p><p>Alors, finalement, qu'est-ce qu'un chef-d'œuvre ?</p><p>« Le seul critère irréfutable, c'est celui-ci : le chef-d'œuvre est une œuvre qui nous transforme en chef-d'œuvre. Nous ne sommes plus les mêmes une fois qu'il nous a traversés. Une œuvre de création normale, nous la maîtrisons ; un chef-d'œuvre s'empare de nous pour nous transformer. »<strong></strong></p><p><strong>* Charles Dantzig,<em> À propos des chefs-d'œuvre</em>, Grasset, 2013.</strong></p><p> </p><p>¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨</p>
Tania
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C'est du thé
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-03-31:3109853
2011-03-31T08:30:00+02:00
2011-03-31T08:30:00+02:00
Pause-thé / 7 ...
<p align="right" class="MsoNormal" style="text-align: right; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Pause-thé / 7 </span></b></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3993763837.jpg" alt="Steinlen Chocolats et thés.jpg" id="media-85901" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" name="media-85901" /></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">« Haines s’assit pour verser le thé.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">- Je vous mets deux morceaux à chacun, fit-il. Dites donc, Mulligan, il est plutôt fort de thé, celui que vous faites.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Buck Mulligan, qui taillait d’épaisses tranches à la michen répondit en prenant une voix de vieille enjôleuse :</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">- Quand je faye du thé, je faye du thé, comme disait la mère Grogan. Et quand je faye de l’eau, je faye de l’eau.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">- Sapristi, c’est du thé, déclara Haines.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Et Buck Mulligan toujours coupant et bêtifiant :</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">- C’est comme ça, m’ame Cabill qu’elle dit. Pardine m’ame, dit Mme Cabill, le Seigneur vous accorde de ne pas faire les deux dans le même pot. »</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Tahoma","sans-serif"; font-size: 11pt; mso-ansi-language: FR-BE;">James Joyce, <em>Ulysse</em></span></p>
Tania
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Des lubies
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-05-25:3109692
2010-05-25T20:20:00+02:00
2010-05-25T20:20:00+02:00
« Joyce, comme Proust, avait des lubies bizarres. Comment l’en...
<p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Joyce, comme Proust, avait des lubies bizarres. Comment l’en guérir ? Autant exiger d’une tornade de faire office de bouillotte. Il avait peur du noir, des orages et de la foudre et se réfugiait sous une table ou dans une armoire jusqu’à ce que le calme soit revenu. Il détestait voyager isolé, passer seul la nuit du Nouvel An, croiser une nonne en rue, craignait les routes désertes, la mer démontée, les chevaux au galop, les stylos dont l’encre gicle, l’odeur des désinfectants et les fœtus morts, les animaux crevés et les oiseaux éventrés dont le dégoûtaient les organes internes. Et surtout il avait peur des chiens, que le père de son père avait tenté de lui faire aimer très tôt mais qu’il trouvait des bêtes détestables et lâches. Cela venait de l’enfance, quand il jouait sur la plage avec son frère à lancer des cailloux dans l’eau et avait été attaqué par un terrier irlandais au poil doux, qui passait pour un bon compagnon et l’avait cruellement mordu au menton, creusé par une cicatrice que marquait sa barbiche. Il prenait depuis ses précautions et s’éloignait à la vue d’un passant dont la voix était proche de l’aboiement qu’il appelait « lastration », aussi rare en français qu’en anglais,</em> aboyer <em>venait de</em> latrare<em>, bien qu’il eût longtemps cru que celui qui aboie n’est pas méchant. »</em></span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Patrick Roegiers, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/05/11/rencontre-au-ritz.html" title="Rencontre au Ritz">La nuit du monde</a></em></span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2222472722.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3950813602.jpg" alt="Paris - Moto biplace au Champ-de-Mars, 1922.jpg" name="media-70937" id="media-70937" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a><br /></span> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Moto biplace au Champ-de-Mars. Paris, 1922<br /> <a target="_blank" href="http://www.parisenimages.fr/fr/conditions-utilisation.html"><span style="color: windowtext; text-decoration: none; text-underline: none;">© Jacques Boyer / Roger-Viollet</span></a> (Paris en images)</span></span></p> </div>
Tania
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Rencontre au Ritz
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-05-24:3109691
2010-05-24T08:30:00+02:00
2010-05-24T08:30:00+02:00
Organiser une rencontre entre Proust et Joyce au Ritz, le 18 mai...
<p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Organiser une rencontre entre Proust et Joyce au Ritz, le 18 mai 1922 – il a dû s’amuser, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Roegiers" target="_blank">Patrick Roegiers</a>, en écrivant <em>La nuit du monde</em> (roman, 2010), en tout cas il nous amuse. C’est brillant d’érudition, jamais pédant, une douce folie pour deux génies de la littérature du vingtième siècle. Bourré d’anecdotes et d’inventions, son roman, dédié <em>« à ceux qui lisent »</em>, construit autour de ce rendez-vous imaginaire parfaitement vrai trente-deux chapitres qui ont chacun leur couleur, leur ton, leur rythme.</span></span></p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3740775218.png" target="_blank"><img id="media-70935" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/604931630.png" alt="Proust par J.E. Blanche (musée d'Orsay).png" name="media-70935" /></a><br /></span><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE">Jacques-Emile Blanche (1861-1942), Portrait de Marcel Proust, 1892 © ADAGP, Paris - photo RMN</span></span></p></div><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Première partie : <em>La soirée du Ritz</em>. Elle débute par l’apparition d’un <em>« personnage irréel que l’on n’attendait plus » </em>; <em>« affété comme une gravure de mode, emmitonné dans cet accoutrement d’une autre époque »</em>, Proust porte huit manteaux l’un sur l’autre, ce qui ne l’empêche pas de grelotter, même en mai. <em>« Il avait l’air d’un enfant très vieux négligé par sa mère et qui sentait le moisi. »</em> C’est ce qui s’appelle réussir son entrée. Le chapitre deux est tout aux sonorités du nom – <em>« qui s’énonçait « Prou » »</em> – et du palace – <em>« le vlouf ! des chasses d’eau, le broooeeewww de la baignoire qui se vidait, le cloc ! clop ! floc ! plic ! ploc ! du robinet qui gouttait »</em>, etc. Marcel Proust (qui détestait qu’on le nomme par son<br /> nom seul) <em>« trouvait le métier d’hôtelier un des plus humains qui soient et savait comme personne que la vie de l’hôtel, où les hommes se fuient, était l’image même de la société. »</em></span></span></p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Ce jeudi soir, Violet et <a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Stephen_Hudson" target="_blank">Sydney Schiff</a> ont offert, en tant que mécènes, une représentation du Renard d’Igor Stravinski aux <em>« </em>gensdelettres <em>et amis des</em> zarts <em>».</em> Ils se targuent d’avoir révélé l’œuvre de Proust aux Anglais et trouvent l’écrivain changé depuis leur dernier passage à Paris. Le <em>« filsàmaman »</em> né en 1871 vient de terminer <em>A la recherche du temps perdu</em>. Déjà introduit par leurs hôtes dans <em>« le petit salon rouge cerise »</em>, Joyce qui a salué <em>« madame Sniff »</em> confond ce Schiff avec <em>« Ettore Schmitz, vrai nom d’Italo Svevo, qui avait en partie servi de modèle à Bloom »</em> ou avec Schimpff, libraire, et d’autres Schniff’s. Violet Schiff <em>« guignait Joyce, tout rétrignolé sur son siège, la tête rejetée en arrière, les yeux baissés sous les grosses lentilles, les jambes croisées – sa pose habituelle –, la cheville gauche placée sur le genou droit, qui frottait l’une sur l’autre ses longues mains étroites et baguées qu’il nouait souvent sur les rotules ou bien calait sous le menton. »</em></span></span></p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2102968614.jpg" target="_blank"><img id="media-70936" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3034976368.jpg" alt="James Joyce par Berenice Abbott 1926.jpg" name="media-70936" /></a><br /></span><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE">James Joyce photographié par Berenice Abbott, 1926.</span></span></p></div><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">L’Irlandais est à Paris, <em>« la dernière des villes humaines »</em> depuis juillet 1920, pour finir son <em>« Ulysse à Dublin ».</em> Tennis aux pieds, il veille à l’excentricité de sa tenue, n’ayant pas les moyens de s’offrir des vêtements neufs. Proust : <em>« Voyez-vous du monde à Paris, cher Joyce ? </em>» – Joyce : <em>« On m’a présenté à des tas de gens sur lesquels j’ai tout fait sauf, semble-t-il, une bonne impression. »</em> James Joyce est superstitieux et curieux, de l’homosexualité entre autres : <em>« Est-ce une question de goût, de glande ou de tact ? »</em> – Proust : <em>« Non pas, c’est une question d’habitude. »</em></span></span></p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Roegiers s’intéresse de près aux intimes de Proust, aux lubies de Joyce, à leurs préférences alimentaires, à leurs phobies. Il raffole des détails. En 1919, Proust reçoit le prix Goncourt pour <em>A l’ombre des jeunes filles en fleurs</em>. <em>« Du jour au lendemain, il était devenu une marque déposée »</em> : eau de Cologne, poudre Legras, boules Quiès, coiffeur François, gilets Rasurel, lavallières Liberty… Liste de ses fournisseurs préférés. Liste des vacheries : <em>« un snob, un attardé, un imposteur, un oisif, un élitiste, un indolent, un cloisonné, un soporifique »</em> – l’auteur ne se prive pas d’énumérer tout ce qui s’y prête. Idem pour Joyce, <em>« le pauvre type »</em> traité <em>« de fou, de pitre, d’espion, d’ignoble bouffon, d’alcoolique incurable, d’anthropophage, de cocaïnomane »</em> et la suite n’est pas triste. Proust et Joyce sont comparés, distingués, taillés en facettes comme des brillants, résumés par leur même conception de l’écriture : <em>« la vie comme un livre, le livre comme un monde. »</em></span></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman'; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">La seconde partie du roman, plus courte, s’intitule <em>L’enterrement de Marcel</em>. L’auteur y raconte la fin du plus sensible des écrivains, achevé par <em>« son hygiène bizarre »</em>, à cinquante et un ans. Le 22 novembre 1922, à son enterrement au Père-Lachaise arrive Joyce <em>« en costume noir de seconde main »</em>, doublant le pas pour rejoindre le groupe d’illustres écrivains au rendez-vous de l’amitié littéraire : <em>« Tous ne l’avaient pas lu, mais tous étaient en larmes. »</em> L’auteur convoque dans ce cortège Shakespeare et Cervantès, Molière et Baudelaire, Racine et Kafka, entre autres, pour une joyeuse comédie de mort fictive, avant de conduire Joyce lui-même à son dernier mot. <a title="UNE LANGUE INOUÏE par P. Roegiers (le Belge) sur bon-à-tirer.com" href="http://www.bon-a-tirer.com/volume59/pr.html" target="_blank">Patrick Roegiers</a>, la nuit, réinvente le monde.</span></p>