Last posts on eichmann2024-03-29T01:30:22+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/eichmann/atom.xmlgorge profondehttp://lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com/about.htmlCinéma : « Hannah Arendt », de Margarethe Von Trottatag:lefranc-tireurmarseillais.blogspirit.com,2013-06-03:29665312013-06-03T14:35:44+02:002013-06-03T14:35:44+02:00 Construire le scénario d’un film d’environ deux heures...
<p> </p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;">Construire le scénario d’un film d’environ deux heures sur une polémique intellectuelle ; montrer la pensée au travail à travers des personnages reflétant autant de personnalités historiques : voilà certainement une gageure par ces temps de cinéma distractif et sensationnel à tout prix. Ce pari, Margarethe Von Trotta l’a relevé et assumé avec brio dans « Hannah Arendt », son dernier film consacré à la philosophe judéo-allemande. Loin d’être un simple biopic – une biographie filmée – de l’auteure des « Origines du totalitarisme », ce film s’attache à un moment particulièrement mouvementé de sa vie, lorsqu’Arendt, devenue citoyenne américaine, couvrît pour un magazine new-yorkais le procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem (1960-1961). Chacun sait le rôle capital que celui-ci prît dans la planification et l’extermination des Juifs européens durant le deuxième conflit mondial. Ce ne fut pourtant qu’un homme ordinaire, fonctionnaire zélé au service d’une tâche abominable, que le monde entier découvrît à cette occasion (il n’apparaît ici qu’à travers des images d’archives). Un homme complètement identifié avec sa fonction, qui avait fait taire en lui toute forme de conscience morale, allant jusqu’à citer Kant pour justifier sa soumission à un régime monstrueux. Précisément, c’est devant ce vertigineux décalage qu’Hannah Arendt déduisit son concept de « banalité du mal ». Loin d’être la manifestation d’un ego hypertrophié, loin de surgir romantiquement des abimes de l’être, ce mal absolu était celui, froid et mécanique, d’une société toute entière, sorte de renversement normatif excluant toute passion. Cet effort de penser un système dans le temps même d’un procès singulier à plus d’un égard, les révélations des accords passés entre les nazis et les conseils juifs (qui favorisèrent, bien plus qu’ils ne limitèrent, le génocide de leur peuple), tout cela devait lui valoir la vindicte de l’opinion judéo-américaine et l’éloignement de ses collègues universitaires. L’exigence de vérité est souvent à ce prix. Contrairement à Martin Heidegger, docile suiveur du national-socialisme, Hannah Arendt eut le courage de penser contre soi, de mettre en question ses appartenances, sociales et raciales, et c’est cela qui lui confère son indéniable grandeur philosophique. Le film revient aussi sur les troubles rapports qu’elle entretint jusqu’au bout avec l’auteur de « L’Etre et le Temps ». Dans le rôle de la philosophe intrépide, Barbara Sukowa est superbe de justesse et de conviction. Elle éclaire et rend attachante son personnage d’un bout à l’autre du film, tenant la pensée du spectateur en éveil, évitant l’écueil de l’ennui.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;">Une symbiose réussie entre les pouvoirs du logos et ceux de l’image. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: small;"> Jacques LUCCHESI </span></p>
Marc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.htmlPhilosophia perennis : Platon, Spinoza, Descartes, Malebranche, Foucaulttag:marcalpozzo.blogspirit.com,2007-09-20:31015572007-09-20T09:13:00+02:002007-09-20T09:13:00+02:00 Pour mes lecteurs qui désireraient s'initier à quelques premiers éléments...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong>Pour mes lecteurs qui désireraient s'initier à quelques premiers éléments de philosophie, je remets ici en ligne, à toute fin utile, cinq chroniques parues dans des magazines aujourd'hui disparus. Ce sont bien sûr, quelques précisions élémentaires, à propos de doctrines fondamentales dans l'histoire des idées. Je vous renvoie, dans le corps du billet, par liens hypertextuels, à des articles, cette fois-ci, plus élaborés, si, à tout hasard, vous souhaitiez prolonger la lecture de ces quelques pistes, demeurant volontairement superficielles. </strong></span></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/00/2057817893.jpg" id="media-983284" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><img id="media-985229" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/01/1385582256.jpg" alt="platon,descartes,spinoza,michel foucault" />Comment se porte la République de Platon ?</strong> Dans une époque qui, à tort ou à raison, porte un grand mépris pour la chose publique (<em>Res publica</em> en grec), quoi de plus salvateur qu’un retour à l’un des pères de la philosophie : Platon ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Reprenant, selon le mythe, l’enseignement à la lettre de son maître Socrate, Platon, dont la vocation politique a été durant toute sa vie contrariée, établit un programme politique pour une cité juste, dans son texte <em>La République</em>. Qui n’a d’ailleurs jamais entendu parler du mythe de l’anneau de Gygès, ou de la célèbre allégorie de la caverne ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">L’articulation antique de la morale et du politique, au centre même de ces deux livres de <em>La République</em>, le livre 6 & 7, que la collection <em>Folio+ </em>a l’excellente idée de reprendre et d’agrémenter de commentaire à la fois éclairants et rigoureux, est d’autant plus intéressant à lire de nos jours, que la disjonction entre la morale et le politique est, très probablement, à l’origine de la grande désaffection de l’électorat qui ne saisit toujours pas d’un très bon œil, le visage moderne de la politique depuis Machiavel.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Qu’est-ce qu’une cité juste ? Comment établir et conserver la proportion, la mesure et l’harmonie dans la cité qui est l’ordre même du monde ? La seule réponse pour Platon réside dans l’articulation étroite entre morale et politique. Car, dans sa définition athénienne, la politique n’est autre que la recherche de bonne fin. Et quelle fin véritable, selon Platon, pour la Cité, que la vertu ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">D’où les livres 6 & 7 : l’un traitant à la fois du juste et de l’éducation des dirigeants de la Cité qui, ne pouvant être des hommes aux ambitions personnelles, ou aux intérêts éloignés de ceux du bien public, doivent être éduqués en philosophes. (A lire la très éclairantes analyses de Fulcran Teisserenc sur l’articulation entre justice, philosophie, éducation et dialectique.)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Le très célèbre livre 7 vient alors à point nommé pour faire le tri entre réalité et vérité : erreurs, opinions, illusions et vrai. Que vise à nous faire comprendre Socrate grâce à sa fameuse allégorie de la caverne si ce à cerner que le niveau de connaissance de l’homme suivant qu’il a été ou non éduqué, l’éloignera ou le rapprochera bien entendu du juste. Le juste comme vérité et comme justice. On pourra, dans une traduction mise à jour, suivre le périple d’un prisonnier de la caverne, enchaîné comme ses amis depuis des années, et plongé dans l’ignorance que symbolise la vie dans la caverne, franchir toutes les étapes du savoir en sortant de la caverne et découvrant les choses réelles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cette distinction entre l’apparence, ce qui se voit et semble être, et l’essence, ce qui est, est une première démonstration des erreurs et illusions que l’ignorance recèle. La montée vers la lumière du soleil, et la redescente dans la caverne, est un enseignement fondamental pour la pensée et la liberté de penser.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Comment assurer notre bien et notre liberté si, durant notre si longue histoire, nous persistons à vouloir nous accrocher à nos illusions, nos opinions non vérifiées par un esprit critique neutre et libre, et nos dogmes ?</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><br /><img id="media-985230" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/2392493793.2.jpg" alt="platon,descartes,spinoza,michel foucault" />Faut-il douter de tout comme Descartes ?</strong> L’une des phrases les plus célèbres en philosophie est bien celle de Descartes : « <em>Je pense donc je suis</em> ». Extraite de son fameux ouvrage le <em>Discours de la méthode</em>, elle demeure l’une des références fondamentales pour la pensée moderne. Reprise dans ses <em>Méditations métaphysiques</em>, toutes les grandes notions cartésiennes viennent, dans ce texte, soutenir et propulser le cheminement cartésien dans son ambitieuse entreprise d’agrandir son champ du savoir de le soustraire au moindre doute.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">La collection <em>Folio+</em> reprend les trois premières méditations de René Descartes, portant sur le cogito, le dualisme entre l’âme et le corps, et la preuve ontologique de l’existence de Dieu.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img class="img" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://external-cdg2-1.xx.fbcdn.net/safe_image.php?d=AQDt8szAwmt8-Zj7&url=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Fmedia%2F00%2F01%2F1034981340.jpg&_nc_hash=AQAhuUWKPLdACPX6" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><a href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2016/07/01/descartes-et-le-national-cartesianisme-3076006.html"><span style="color: #800000;">La postérité de Descartes est absolument impressionnante</span></a>. Ayant entrepris d’interroger les conditions de possibilité du savoir et de revisiter tous les savoirs afin d’en tirer des connaissances vraies et indubitables, Descartes est parvenu à introduire en philosophie la première certitude qui se délivre du doute : <em>Cogito ergo sum</em>« je pense donc je suis. » Qu'est-ce à dire ? Dès lors que je pense, et au moment même ou je pense, j’ai en même temps la nécessaire conscience d’exister. Ainsi, l’entreprise philosophique de Descartes consiste essentiellement à se défaire de toutes les croyances reçues, des erreurs ou des savoirs erronés, et permet à la conscience d’acquérir un véritable droit de citer.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cette entreprise, philosophique par excellence, a certes connu un échec retentissant en enfermant le sujet pensant dans un solipsisme cruel et certain. Il n’en demeure pas moins pour la pensée de Descartes, qu’elle est à l’origine de nombreuses lectures et relectures et d’interprétations diverses.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Il serait même plutôt utile de relire aujourd’hui, la première méditation qui pose le « <em>je pense, j’existe »</em> cartésien, c’est-à-dire l’unique certitude qui résiste au doute, comme l’une des premières certitudes en philosophie, si ce n’est, chez Descartes, la seule, comme preuve indubitable qu’au moment ou je pense je ne saurais en même temps ne pas penser que je suis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Certes. Si le fait que je n’existe pas n’implique aucune contradiction, la conscience que j’ai d’exister est elle par contre nécessaire. De fait, la conscience se pose comme la condition de possibilité de la remise en question du savoir. Dans cette splendide et première méditation, on découvre alors un Descartes amener la pensée au stade de la conscience même. Pour ce rationaliste français, la pensée <em>est</em> la conscience. Si mon existence en elle-même n’est nullement nécessaire, ne pas exister n’impliquerait en effet aucune contradiction, le fait même que j’existe est parfaitement contingent. Or, la pensée même « je n’existe pas » est parfaitement impensable. Tenter de vous imaginer ne pas être, et aussitôt vous penserez le concept plus que le fait lui-même. Pourtant, si le fait que j’existe est à présent indéniable, hors de doute, ce fait là ne me dit pourtant pas qui je suis. Et si par le <em>cogito,</em> je sais que je suis, cette certitude porte bien sur mon existence mais pas sur mon essence. <em>Je sais que je suis, pas</em> ce que <em>je suis.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cette base ainsi posée, tout lecteur quelque peu perspicace aura enfin compris la logique des deux autres méditations suivantes. A partir de cette vérité, Descartes pensera les vérités extérieures à soi : Dieu, le monde, le corps, autrui, etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Aussi, pour les amoureux de la vérité, <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Farchive%2F2008%2F01%2F26%2Fdiagnostic-d-une-crise-du-sens.html&h=ATNV7Pv4jJIfYHL_ecn0L_aGeFe7rD-O8cb-mgLOW9ztU0vh1uZRwyDyez_9ABJeynmyAZ2C6FaQe-2ZDPE8niE7GkTpnIahESJmnZ34LgGJzlGpM_TIny6ZBd6m2SAvNLIlivVV1bEUFLG6mC4" target="_blank" rel="nofollow noopener noreferrer" data-lynx-mode="asynclazy">dans un monde englouti qui ne cesse de l’insulter</a></span>, pour les amoureux de l’intelligence, je ne saurais que trop recommander ces trois premières méditations qui donnent et re-donnent un vrai désir de philosopher dans une époque qui ne doute plus de rien.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><br />Le Mal selon Spinoza.</strong> Qu’est-ce que le mal ? Dans quelle perspective pouvons-nous entrevoir le mal à partir de Dieu et de la liberté humaine ? Voilà les grandes questions développées dans la très célèbre correspondance qu’eut Spinoza avec Blyenbergh, et qui fut publiée sous le titre <span style="color: #800000;"><em><a style="color: #800000;" href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Farchive%2F2008%2F08%2F15%2Fhuit-lettres-sur-le-mal-blyenbergh-vs-spinoza.html&h=ATPKT7FjxXcrKKhnpvyg36K2UX2shh_lb2Sx7aDYI9iVj0IOUP7wiczM2nZFOcMsA8OBHwTn-bYkg1mYMWdQL0aCdahvWZ3QHGREanj9MAD3O6PKxY8FVWMSW_FvbIFZr7EhQTOscdFVF5n-u8u_vX_dJTFGKakN" target="_blank" rel="nofollow noopener noreferrer" data-lynx-mode="async">Lettres sur le mal</a></em></span>.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img class="img" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" src="https://external-cdg2-1.xx.fbcdn.net/safe_image.php?d=AQDKaXYB1IRJKB2X&url=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Fmedia%2F00%2F01%2F2100347562.jpg&_nc_hash=AQDiKa3G0yoKgivf" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-985231" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/00/2894218594.jpg" alt="platon,descartes,spinoza,michel foucault" />Le 26 décembre 1664, Spinoza, auteur du TTP (Traité théologico-politique), reçoit une lettre d’un inconnu. Homme qui se dit « amoureux de la vérité », donc <em>philo</em>-<em>sophe,</em> Guillaume de Blyenbergh, connaissant aussi bien l’œuvre de Descartes que celle de Spinoza, pose cette question qui intéresse directement les travaux de Spinoza : <em>Dieu est-il cause de tout ?</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cette question philosophique et théologique n’est certes pas nouvelle. Pourtant, essentielle, elle doit être systématiquement posée et reposée pour questionner et problématiser le champ de a liberté humaine. Derrière cette dernière se cache bien entendu la grande question métaphysique de la liberté de l’homme. La volonté humaine est-elle libre ou déterminée ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Lecteurs de génialissime <em>Ethique</em> de Spinoza, il est impossible que vous ayez manqué que la liberté humaine n’est qu’une illusion !</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Soyons clair : Dieu chez Spinoza <em>EST</em> la nature. C’est-à-dire qu’il n’est autre que le monde même. Et les hommes, en tant que modes de la substance (« Dieu » en langage spinoziste), sont eux, soumis à l’enchaînement naturel des causes. Ils ne font donc pas exception aux lois universelles de la nature. De fait, n’ayant pas conscience des causes qui les déterminent physiquement et psychologiquement, ils se préoccupent plus aisément de satisfaire leurs désirs, grassement ignorants de ce qui les déterminent vraiment. Ils ont bien conscience des fins de leurs actions mais non des causes. D’où l’illusion de liberté. Victimes du préjugé finaliste, ils renoncent à connaître la véritable cause de leurs désirs, et croient à leur liberté comme une évidence incontestable. Cette illusion les conforte dans l’idée qu’ils sont les maîtres. Premier problème : l’homme ne saurait être au sein de la nature comme « un empire dans un empire ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Héritier de la tradition philosophique cartésienne, le Spinoza qui parle dans ces lettres, est un « homme libre » ayant subi un attentat perpétré par un intégriste juif, ayant été excommunié de la synagogue pour athéisme, et ayant refusé une chaire de philosophie à Heidelberg, où enseignera Hegel quelques siècles plus tard ; également grand cartésien, Spinoza s’inscrit dans la veine matérialiste de Descartes tout en amenant une sensible évolution à son propre matérialisme : l’homme est un corps dans le <em>continuum</em> de la nature. Et ainsi, en tant que partie formant le tout de la Nature, est-il seulement libre donc responsable du mal qu’il commet ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cette seule question donne tout l’intérêt de re-lire à lecture d’un siècle qui succède au siècle de la banalité du mal, de la mort de masse, de <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Farchive%2F2008%2F02%2F06%2Fvoyage-au-bout-de-l-histoire.html&h=ATPbGQ_dHUP7ve55akr1OuImZJ9rlcU-wbsfsN7E-beN7mRuKaWoRx_wegYyMPKC_7cmJGeFiSTWPSKeUw5tRibkdp4kw9_Hb-GlsiklqeeiL_O90P4a1wMq1vMRrGxbJS2ijq8-CGWKUMI813I" target="_blank" rel="nofollow noopener noreferrer" data-lynx-mode="asynclazy">l’homme-dieu</a></span>, ces huit lettres. Huit lettres qui essayent d’en découvre avec la question du mal, son origine et sa légitimité ; la nature de la volonté de Dieu ; si l’homme peut-il exercer son libre-arbitre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Il est émouvant par exemple de lire un Blyenbergh qui tentent par tous les moyens de démontrer à un Spinoza qui lui soutint que le mal n’est rien, que cette proposition est parfaitement impossible. Le mal : pêché ? licence ? puissance naturelle qui s’exerce ? Les questions demeureront toutefois ouvertes, d’autant plus que les dernières lettres verront un Spinoza apporter une fin de non recevoir à un Blyenbergh avec lequel il ne s’entend définitivement plus.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-985233" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/01/4154032451.jpg" alt="platon,descartes,spinoza,michel foucault" />On pourrait même s'en tenir à cette terrible question : Puisse le mal être involontairement commis ? Car comme le montrera si brillamment <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="https://l.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fmarcalpozzo.blogspirit.com%2Farchive%2F2008%2F01%2F11%2Fhannah-arendt-et-la-banalite-du-mal.html&h=ATNu9mt_BN5vdS1puj2xl9mqhNxUML23LXbKMaUcuObYkBzMxFqZ499fXOmPQ-bWp0VSSBEgBRJABdKn9Z-ranPEy7x35c4ST6h-vu9YtsH2Z3zLHZXUggCQomUFKVCeH8I9SA93QVXpkIJwzdE" target="_blank" rel="nofollow noopener noreferrer" data-lynx-mode="asynclazy">Hannah Arendt dans son <em>Eichmann à Jérusalem</em></a>,</span> dont le judicieux dossier de <strong>Folio+</strong> reprend un extrait, la notion de mal ne suppose pas <em>forcément</em> une volonté de mal. Cette hypothèse métaphysique, largement débattue dans les lettres sur le mal, remet alors sur le devant de la scène philosophique, le grand problème du bien et du mal, dont <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2016/08/23/peut-on-parler-de-la-fin-de-la-metaphysique-note-sur-heidegg-3078540.html">Nietzsche saura, - avec quel génie ! -, dépasser</a></span>…</span></p><div style="text-align: justify;"> </div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><br />Malebranche et la vérité.</strong> Qu’est-ce que la vérité ? Ou plutôt, nous devrions dire : comment parvenir à une vérité universelle et indubitable ?</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Dans la veine de l’école cartésienne, dont Malebranche, en petit cartésien, est l’un des représentants de la pensée, <em>La Recherche de la vérité</em> tente d’expérimenter une méthode philosophique qui permettrait à tous de découvrir une vérité entière, valant pour chacun, et donc indubitable. Une démarche qui pourrait nous paraître aujourd’hui des plus naïves et des plus vaines, depuis le XXème siècle et l’avènement d’une pensée scientifique qui, avec Poincarré, Einstein et Infield entre autres, nous a