Last posts on chaplin2024-03-29T07:34:57+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/chaplin/atom.xmlFrancis Guermannhttp://mesnotessansfil.blogspirit.com/about.htmlSur les nouveaux films de Jean-Marie Straubtag:mesnotessansfil.blogspirit.com,2014-04-28:30033562014-04-28T23:54:00+02:002014-04-28T23:54:00+02:00 Jean-Marie Straub était à Metz les 24 et 25 avril pour deux séances de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Jean-Marie Straub était à Metz les 24 et 25 avril pour deux séances de cinéma au Caméo-Ariel, invité par l'association Ciné Art. La première soirée consistait en une carte blanche pour laquelle il avait choisi et a présenté <em>Limelight</em> (Les feux de la rampe, 1952) de Charles Chaplin, film un peu délaissé aujourd'hui, dernière réalisation de Chaplin aux Etats-Unis, qui n'a pas échappé aux foudres du maccarthysme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Pour la seconde soirée, JMS présentait ses trois nouveaux films, dont le troisième pour la première fois en public: <em>Un conte de Michel de Montaigne</em> (2013, 35 min.), <em>Dialogues d'Ombres </em>(1954-2013, 28 min.) d'après Georges Bernanos et <em>A propos de Venise</em> (2014, 24 min.) d'après Maurice Barrès.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Dans sa ville natale, JMS est d'abord entouré d'amis, de fidèles à son oeuvre, un groupe conséquent d'âges variés, qui se renouvelle: c'est bien le moins, cette tendresse. Cela pourrait être un peu plus avec un public plus large, si un véritable effort était fait de la part de la presse, du public averti, des personnes cultivées. Tous reconnaissent, au moins par réputation, le réalisateur mais l'œuvre, peu la connaissent! Les clichés et a priori circulent beaucoup autour de ce franc-tireur, ce faiseur de films minoritaires. Une rétrospective itinérante se prépare actuellement aux Etats-Unis en prenant comme départ le MOMA de New York, mais peu de gens savent à Metz combien cette oeuvre est importante. Il n'est pas dit que tout soit facile. Aucun des films de JMS, avec et sans Danièle Huillet, se donne d'emblée. Ce n'est pas qu'il faut un niveau intellectuel supérieur, ni faire partie de l'<em>IS</em> (Internationale Straubienne, terme inventé en son temps par Serge Daney), mélange supposé entre la cinéphilie des grandes années et la folie un peu masochiste de ceux qui préfèreraient souffrir dans une salle de cinéma plutôt que se laisser aller aux plaisirs fordiens! Rien de tout cela, mais sans doute un apprentissage, un apprivoisement au contact de l'œuvre. Je vous assure que si, on peut se détacher du film, se laisser aller, ne pas tout écouter, ne pas tout prendre en somme, comme n'importe quel film, et éprouver les délices d'un détachement intelligent (pas celui du zapping ni des pop corns, mais celui d'une contemplation, d'une lecture différée, des strates de pensée, de la poésie). Nous sommes tous tellement formatés que cela peut être difficile, mais pas inaccessible à un esprit léger et à des yeux décillés.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Les feux de la rampe</em> de Chaplin, c'est le choix de JMS (il a hésité entre ce film et <em>Ordet</em> de Carl Dreyer) qui prend goût à revenir à ses premiers amours cinématographiques, lorsqu'il présentait à Metz, au début des années cinquante, les séances du ciné-club La Chambre Noire. C'est un film qu'on redécouvre entièrement à différents âges de sa vie, selon l'endroit où l'on se place, selon la génération à laquelle on s'identifie: entre le triomphe de la jeunesse et l'effacement de la vieillesse, il existe de subtiles variations, des failles, des mélanges générationnels, de l'indifférence, de la cruauté, du mépris, de l'amour véritable. Tout cela avec l'émotion et le lyrisme chaplinesques. La séquence finale présentant le dernier numéro de Calvero (Charles Chaplin), vieux comédien dont personne ne veut plus, avec son acolyte pianiste (Buster Keaton) est un sommet du cinéma: nous arrivons au cœur du mélodrame (qui se termine par la mort de Calvero) tout en pensant inévitablement à ce que ces deux acteurs-réalisateurs ont représenté dans l'histoire du cinéma (le sommet de l'art muet dans sa forme burlesque) et qui se trouvent là, à la fois dans une sorte de dérision de leur art et dans un testament artistique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Un conte de Michel de Montaigne</em> est la relation de l'expérience de la souffrance (à la suite d'un accident de cheval), qui enseigne un homme sur sa propre mort: <em>Ce conte d'un événement si léger, est assez vain, n'était l'instruction que j'en ai tirée pour moi. Car à la vérité pour s'apprivoiser à la mort, je trouve qu'il n'y a que de s'en avoisiner.</em> La statue de Montaigne à Paris (en face de la Sorbonne), l'image de Barbara Ulrich lisant le texte de Montaigne: quelques plans pour conter, rien de plus, avec ce phrasé straubien bien particulier. On se laisse prendre à la langue de Montaigne, concrète et implacable, méthodique, et qui laisse entrevoir une pensée absolument moderne. Selon JMS, son intérêt pour Montaigne est né à Metz, au Lycée Fabert où il était en classe de philosophie (après une formation au collège jésuite Saint-Clément): son professeur, un certain Philibert, passait tous ses cours à lire Montaigne à ses élèves. Selon lui toujours, il a réalisé un film fordien non fordien. A méditer...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><em>Dialogue d'Ombres</em> est d'un autre registre et d'une autre langue, devenue presque plus lointaine pour nous aujourd'hui que celle de Montaigne: celle de Bernanos, cet écrivain chrétien, complexe, en mouvement toute sa vie. Le film est un dialogue d'amour (et de jalousie) entre un homme et une femme assis sur un tronc dans un pré, au bord d'un étang. Décadrés dans un coin de l'image, les personnages dialoguent à la suite, sans regard, récitants plus qu'acteurs. L'image est toute en profondeur, avec ses micro-événements, ses variations atmosphériques. Le spectateur peut être saisi par cette géographie parallèle au point de s'éloigner du sens du texte, de le considérer à égalité avec cette image de nature: arrivent les mots, les phrases, comme arrivent les oiseaux entre les branches, le frémissement du feuillage, les ondes sur l'eau. On lie enfin ce qui était séparé, comme les deux personnages qu'on comprend assis côte à côte lors d'un dernier plan où ils sont réunis.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><em>A propos de Venise</em> est issu de La mort de Venise, un texte de Barrès. Après Colette Baudoche (<em>Lothringen</em>, 1994), après Au service de l'Allemagne (<em>Un héritier</em>, 2011), c'est le troisième texte de Barrès point de départ et motif d'un film de Jean-Marie Straub (avec Danièle Huillet pour le premier). On arrive là, face à ce texte dense décrivant la décomposition d'une ville, à un plan (presque) unique, serré, sur le bord de la lagune, l'eau clapotant contre la terre et contre un tronc d'arbre au dessus de l'eau. Le texte se déploie là-dessus avec la voix de Barbara Ulrich, lectrice-récitante qu'on ne verra pas mais! Respect absolu de la vérité et du son direct! Bien présente au moment réel de l'image. La suite des plans semblables ne se distinguent que par le raccord des luminosités différentes (faux raccords, vrais raccords?). Ce troisième film confirme une sorte de disparition tout au long de ce programme: celui de la figure humaine, bien présente à l'écran dans le Montaigne, petite et dans la périphérie dans le Bernanos, disparue ou presque dans le Barrès. La figure en tant qu'incarnation plastique, non en tant que présence, tant sont prégnants les dictions et les textes. Cette disparition est plutôt le signe d'une soustraction, rendue encore plus visible lorsque apparaît à la fin du film un extrait de <em>Chronique d'Anna Magdalena Bach</em> (1967): un moment où tout encore était présent à l'écran: la musique, le désir de l'incarnation, de la présence humaine à l'écran, du jeu franc et complet, celui de Gustav Leonhardt interprétant Bach.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Et JMS de dire: je ne désire rien, je ne veux rien, et j'espère en vouloir de moins en moins!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Enfin, voici un film de 32 minutes (2014) où Jean-Marie Straub raconte sa jeunesse à Metz au début des années cinquante, sa participation aux ciné-clubs de la ville, son refus d'être incorporé pour faire la guerre d'Algérie (ce qui lui a valu une condamnation et l'exil):</span></p><p style="text-align: center;"><script src="https://content.jwplatform.com/players/ilj4hyeY-L7u89VvV.js"></script></p><p style="text-align: center;"><script src="https://content.jwplatform.com/players/ilj4hyeY-L7u89VvV.js"></script></p>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlLes temps modernestag:jolivier.blogspirit.com,2012-04-27:33276272012-04-27T07:14:00+02:002012-04-27T07:14:00+02:00 J’avais manqué, l’année dernière, l’exposition Chaplin montée par le Musée...
<p class="MsoBodyTextIndent2"><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/2805384602.jpg" id="media-114070" alt="Affiche_Chaplin_pgeexpo.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /><span style="font-size: 10pt;">J’avais manqué, l’année dernière, l’exposition Chaplin montée par le Musée de l’Élysée, à Lausanne, dépositaire de dizaines de milliers de documents et de photos sur cet artiste illustre, et toujours méconnu. Heureusement, il y a une séance de rattrapage. C’est au Palais Lumière, à Évian, jusqu’au 20 mai 2012*. Presque en face du Manoir de Ban, à Vevey, où Chaplin passa la dernière partie de sa vie.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27pt;"><span style="font-size: 10pt;">L’exposition, mise sur pied par Sam Stourdzé et Carole Sandrin, s’intitule « Images d’un mythe ». On y suit, pas à pas, la carrière de ce petit homme de génie. De son enfance à la Dickens, déchirée entre une mère à moitié folle et un père comédien presque toujours absent, aux premiers succès cinématographies.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27pt;"><span style="font-size: 10pt;">On dirait que chez Charles Spencer Chaplin (né en 1889) tout est précoce et excessif. Il débute sur les planches alors qu’il n’a même pas dix ans. À dix-neuf ans, il abandonne famille et école pour partir en tournée en Amérique avec la troupe du comédien Fred Karno. Il se passionne pour les aspects du théâtre, de la confection des décors aux costumes, aux éclairages, à la musique et, bien sûr, à la mise en scène. Il est à l’affût de toutes les inventions technologiques. Toujours à la pointe de l’époque, Chaplin.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27pt;"><span style="font-size: 10pt;">En 1914, dans un film muet intitulé <i>Pour gagner sa vie,</i></span> <span style="font-size: 10pt;">apparaît pour la première fois le personnage de Charlot. D’emblée, il est complet : chapeau melon, canne flexible et godillots troués. Petite moustache. Démarche de canard. Coup d’essai, coup de maître. Chaplin invente la figure emblématique de son époque : le vagabond désargenté, toujours en guerre avec la société (son ennemi intime, autre porteur de moustache : l’agent de police, représentant de l’Ordre). Charlot incarne, avec génie, les hordes d’émigrants qui arrivent à New York (près de 20'000 chaque jour) pour fuir l’Europe misérable et la guerre. Il est du côté des plus faibles. Des humiliés. Des silencieux (même s’il rêve, en secret, d’épouser une duchesse et d’appartenir à la haute bourgeoisie). Ce vagabond déraciné, c’est le même, aujourd’hui, qui vient d’Afrique ou des Balkans frapper à notre porte.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27pt;"><span style="font-size: 10pt;">Chaplin transforme tout ce qu’il touche en <i>mythe.</i></span> <span style="font-size: 10pt;">Prenez le <i>Kid</i></span> <span style="font-size: 10pt;">par exemple. Charlot y adopte un enfant abandonné par sa mère (riche et célibataire) et l’élève seul, montrant que les liens du cœur ne passent pas nécessairement par les liens du sang. Ni par un noyau familial traditionnel. Ou encore <i>Les Temps modernes,</i></span> <span style="font-size: 10pt;">chef-d’œuvre absolu, qui démonte, par le rire et l’absurde, les rouages de nos aliénations industrielles. Et bien sûr <i>Le Dictateur,</i></span> <span style="font-size: 10pt;">tourné en 1940, qui donne le frisson par ce qu’il préfigure de l’apocalypse nazie en train de se réaliser, mais que personne, à cette époque, n’a la lucidité, ou le courage, de dénoncer. Une fois encore, Chaplin est un <i>voyant.</i></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 27pt;"><span style="font-size: 10pt;">Nous avons besoin des artistes, de plus en plus, partout, à tout moment. Pourquoi ? Eux seuls nous aident à déchiffrer l’époque qui chaque jour, à notre corps défendant, nous met en scène. Eux seuls nous aident, dans les périodes sombres, à savoir garder les yeux ouverts.</span></p> <p><b><span style="font-size: 10pt; font-family: Times;">* <i>Charlie Chaplin, images d’un mythe,</i></span> <span style="font-size: 10pt; font-family: Times;">Palais Lumière, Évian, jusqu’au 20 mai 2012.</span></b></p>
Cinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.html39tag:cinematique.blogspirit.com,2010-12-02:20352472010-12-02T11:05:00+01:002010-12-02T11:05:00+01:00 Elle se souvient si bien d'hier qu'il se plaint que leur couple n'avance...
<p>Elle se souvient si bien d'hier qu'il se plaint que leur couple n'avance pas, mais c'est surtout qu'il ne parvient pas à la suivre : on ne se démodernise jamais assez.</p><p>Je m'étonnais il y a peu qu'il existe des gens ayant envie de revoir <em>Bienvenue chez les ch'tis</em>, s'y préparant même avec gourmandise, et puis hier dans une salle d'attente, cette femme qui avoue avec une certaine fierté avoir relu trois fois tout Gavalda.</p><p>Un membre de la Fox, à la fin des années 20, affirma qu'un cinéaste avec l'intelligence de Murnau et le coeur de Borzage serait le cinéaste parfait. Or celui-ci existait déjà ; c'était Chaplin.</p>