Last posts on carnets2024-03-29T16:08:51+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/carnets/atom.xmlEdouardhttp://blogres.blogspirit.com/about.htmlLes Carnets de CoraH (Épisode 15)tag:blogres.blogspirit.com,2018-01-07:33247072018-01-07T00:05:00+01:002018-01-07T00:05:00+01:00 Épisode 15 : Prenez le temps de regarder... Tous les jours je...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Épisode 15 : Prenez le temps de regarder...</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><br /><img id="media-230857" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/00/00/56795509.Jpeg" alt="georgia o'keeffe" />Tous les jours je cours sur la plage de galets de Ripaille. Un entraînement de pleine conscience qui dure 45 minutes et me connecte au monde sans écouteurs, ni musique. Depuis que l’hiver s’est installé, les arbustes qui bordent la plage ont perdu leur volume, la piste est plus dégagée qu’en été même si l’élan est parfois coupé par une ronce litigieuse. L’exercice est devenu plus compliqué suite aux intempéries. Les eaux du lac sont montées. Les rives ont été rognées par un magma de terre et de bois charriés par les courants de la Dranse. Les pieds glissent sur le terrain, sautent par dessus les bois morts, évitent en équilibriste les flottins qui traînent l’œil malin et le cou tordu. Des milliers de cailloux sous mes baskets exigent <em>naturellement</em> une attention aiguë. Je les vois défiler, sans arrêter la pellicule. Avec le temps l’œil s’exerce. Les <img id="media-230858" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/00/01/1302055069.jpg" alt="georgia o'keeffe" />vagues impétueuses avivent les couleurs, magnifient leur éclat. Le parcours est hypnotique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">La méditation m’aide à connecter l’esprit aux cinq sens. Elle me guide dans une lecture du monde qui ne passerait pas <em>uniquement</em> par l’entendement ou les mots. J’entends la houle avant de comprendre ma colère. Je traverse le froid et l’humidité avant le désir de protection. J’écoute le chant des oiseaux, observe leur forme dans le ciel sans les reconnaître, sauf le corbeau. Je lis les plages de Ripaille comme l’ingénu de Voltaire. Les galets sont autant d’offrandes que je tente après coup de déchiffrer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><br /><img id="media-230864" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/01/02/2658109843.jpg" alt="georgia o'keeffe" />Quand la colère, la solitude, le doute me prennent, je laisse le galet sortir de la masse et venir à moi. Regardez cette pierre striée de blanc comme enrobée d’un filet de complications, c’est la pierre de la discorde. Elle ressemble à s’y méprendre aux momies, si ce n’est sa forme plus arrondie comme une pelote. Observez celle dont l’érosion va bientôt effacer toute trace de vanité, c’est celle des liens superficiels qui n’ont pas grand-chose à dévoiler. Examinez celle dont la symétrie est parfaite, c’est celle de la fascination qui interroge nos origines. Et puis il y a toutes celles qui laissent perplexe car elles ressemblent à d’autres éléments, naturels ou artificiels, comme sur une grande scène de théâtre. J’y vois des os pelviens, des coquillages et des spirales d’escargots. Ce sont ces galets-là qui cachent des effets spéciaux plus difficiles à lire que j’essaye de décrypter. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><img id="media-230861" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/00/00/2783126152.jpg" alt="georgia o'keeffe" />Au retour de mes courses, je pose les galets sur le piano. Les spectateurs sont nombreux. Il y a foule. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Illustrations </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Georgia O'KEEFFE, <em>Sunset on Long Island.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Georgia O'KEEFFE, <em>Lake George.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Georgia O'KEEFFE, <em>Pink Shell with Seaweeds.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Georgia O'KEEFFE tenant dans la main sa pierre préférée<em>.</em></span></p>
Edouardhttp://blogres.blogspirit.com/about.htmlLes Carnets de Cora (Épisode 6)tag:blogres.blogspirit.com,2017-11-05:33246942017-11-05T00:05:00+01:002017-11-05T00:05:00+01:00 Épisode 6 : où il est question d’une pensée noire et de myosotis...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Épisode 6 : où il est question d’une pensée noire et de myosotis</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Pensée noire…</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><img id="media-228946" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/02/00/3457158796.jpeg" alt="170312-georgia-okeeffe-brooklyn-museum-10_bq9qnz.jpeg" />La création de l’île aux supplices dans le 5<sup>e</sup> épisode des <em>Carnets</em> a déclenché en moi une douleur séculaire et incandescente. Les mots ont peut-être ouvert un chemin mystérieux exprimant une peine ineffable et si longtemps inaudible — <em>et non muette</em>. De la crypte profanée à la confidence publique et partagée dans la masse du monde, quelle sacrée rotation! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Motus…</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Aujourd’hui dans la presse genevoise, je lis le témoignage d’anciennes élèves prises au piège du mode opératoire d’un professeur et doyen de collège dans les années 80 et 90. Bâillonnées par la peur elle n’ont pas osé porter plainte. Auront-elles, Sandra*, Léa*, Agathe* et Claire*, le courage d’aller aujourd’hui plus loin ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Myosotis….</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">Après le « viol du corbeau » il ne m’a pas suffi de parler ou de me confier. Il y a des récits inaudibles et des réalités imperceptibles. Que faire d’une parole qui paralyse et plonge les confidents dans l’impuissance ? J'avais survécu. On ne pouvait pas me demander de combattre ni de militer, c’est pourquoi je loue ceux qui le font pour moi, pour les autres, pour changer l’imaginaire collectif. J’ai donc quitté le vieux continent et me suis installée à Toronto dans les années 80. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><em>Forget-me-not….</em></span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><br /><img id="media-228948" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/02/00/1760676278.JPG" alt="IMG_2013.JPG" />Suspendue dans l’air frais de novembre, bien au chaud dans une couverture de laine, je me laisse bercer au-dessus du tapis artificiel qui recouvre mon petit coin de terre entre Thonon et Evian. Toujours verdoyant malgré le gel et l’humidité. Aucun entretien si ce n’est le balayage des feuilles l'hiver venu. Je pense d’ailleurs à le changer, à mettre du vrai gazon mais j’aime sa couleur, sa texture quand la mousse le recouvre par endroit, surtout aux pieds des chênes. Mon hamac est bien amarré et je ne pense qu’à me sauver dans la lecture. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><em><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Vergiss mich nicht...</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;"><img id="media-228949" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/01/00/3413560007.gif" alt="1287150_f.jpg.gif" />Le livre qui s’ouvre à moi est un appel, une magnifique voie nomade <em>Heureux qui comme*.</em> J’ai suivi Georgette et Émilie dans leurs jardins, je suis maintenant Clément qui trouve refuge dans les arbres ! Il a même baptisé son fidèle aulne, « Schiller » en raison de son allure, son spleen échevelé. Les arbres sont des paradis cachés. Reviens-y ! Quel bonheur !</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 14pt;">* <em>Heureux qui comme</em> de Bernadette RICHARD, Genève, Éditions D'autre part, 2017.</span></p>
Edouardhttp://blogres.blogspirit.com/about.htmlLes Carnets de Cora (Épisode 2)tag:blogres.blogspirit.com,2017-10-08:33246842017-10-08T11:30:00+02:002017-10-08T11:30:00+02:00 par Cora O'Keeffe Épisode 2 : Quelles clés ouvrent l'imaginaire...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;">par<em> Cora O'Keeffe</em></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;"><br />Épisode 2 : <em>Quelles clés ouvrent l'imaginaire ?</em></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;"><a href="http://blogres.blogspirit.com/media/02/00/1405250184.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-228270" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/01/02/1244412753.jpg" alt="cora o'keeffe,dominique lexcellent o'neill,georgette's gardens,toronto,grand meaulnes,carnets" /></a><br />Quel livre, suffisamment habile et riche en évocations, a la force de me transformer au point de me détourner de moi-même et de me plonger dans un exil encore plus profond que le mien ? J’aime aller à l’aventure par l’effet de paroles sortilèges, parfois nostalgiques, parfois fraîches, qui m’ébranlent et me dépouillent. J’aime la sensualité et le charme des mots sur la page, leur caractère policé, leur polyphonie baroque, leur exactitude qui s’abîme en moi dans une chute clairvoyante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Arial;">Il y a eu l’effet mystérieux du <em>Grand Meaulnes </em>où j’ai puisé <em>un je ne sais quoi</em> dans le sillon de cinq lectures consécutives, peut-être la clé d’un univers séparé, <em>là</em> aux confins de l’adolescence. Il y a pour moi, aujourd’hui, l’effet de <em>Georgette’s Gardens</em>, un manuscrit de 250 pages qui m’est parvenu le 8 septembre dernier dans ma boîte de réception électronique<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><em>*</em></a>. Je tiens désormais dans les mains un objet curieux dont j’explorerai ici la magie envoûtante. C’est le roman (<em>ou un long poème</em>) de Georgette, une bibliothécaire à la retraite, qui a trouvé dans les livres une forme de réconfort. Elle vit à Toronto (<em>comme moi dans mon ancienne vie où je l’ai peut-être rencontrée</em></span><span style="font-family: Arial;">)</span><span style="font-family: Arial;">. Dans ses carnets, elle prend des notes en anglais bien qu’elle soit française d’origine. Mot à mot, elle invente des jardins imaginaires, des lieux paisibles où elle vient se ressourcer. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: Arial;">Comment la magie d’un livre opère-t-elle ? Comment un manuscrit se transforme-t-il en alter ego, en âme sœur ? Comme s’il y avait un avant et un après du livre. Un <em>hapax</em>, disent les philosophes. </span><span style="font-family: Arial; color: #1a1a1a;">Quelque chose d’unique qui nous transforme brusquement et modifie <em>nécessairement</em> notre histoire.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;">Les livres ont ce pouvoir, je le sais. Mon bien-aimé écrit des livres, c’est sa passion secrète. Il écrit sur des femmes réelles et rêvées. Il a même consacré, dans son dernier ouvrage, un chapitre à notre rencontre, dans le hall de l’hôtel Skydome de Toronto. Vittorio, mon collaborateur et ami, était là aussi, ainsi que Claude, son ami et éditeur. Le personnage qu’il décrit et qui porte mon nom dans le roman n’est pas totalement moi évidemment, même s’il est vrai que j’ai eu le cœur mitraillé quand il a quitté le groupe au bras d’Annie R. et qu’ils ont disparu tous les deux dans l’ascenseur de l’Hôtel. C’est ainsi qu’a commencé notre histoire par les livres, les mots et les lettres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;">Je m’appelle Cora O’Keeffe. Je vis à Genève où j’enseigne le français et la philosophie. O’Keeffe est le nom de mon ex mari canadien. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><ul><li style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><em><span style="font-family: Arial;">Georgette’s Gardens</span></em></a><span style="font-family: Arial;"> de Dominique Lexcellent O’Neill est en cours d’écriture.</span></span></li></ul><p><span style="font-family: Arial; font-size: 14pt;"> </span></p>
carinehttp://carinebd.blogspirit.com/about.htmlLes carnets de Francis Delphytag:carinebd.blogspirit.com,2016-06-04:30744912016-06-04T19:33:00+02:002016-06-04T19:33:00+02:00 44 carnets de 190 pages chacun, ce qui correspond à 44 épisodes en bande...
<p style="text-align: center;"><img id="media-921972" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://carinebd.blogspirit.com/media/01/02/3383097565.JPG" alt="livre,écriture, carnets, francis delphy sous-marinier, aventures en mer" /></p><p style="text-align: center;">44 carnets de 190 pages chacun, ce qui correspond à 44 épisodes en bande dessinées de une à quatre cases par page. Depuis plus de quatre ans, Francis Delphy raconte presque quotidiennement ses aventures étonnantes sous la mer, mais aussi avec sa famille, à terre. De beaux moments où il côtoie l'amour et le Divin. D'autres plus terrifiants où il sert de cible à des ennemis sournois et pervers. Il écrit ses expériences, ses réflexions, ses voyages dans le "Possible" et l'impossible, ses rêves et ses souvenirs d'enfance.</p><p style="text-align: center;">Des extraits vous attendent sur</p><p style="text-align: center;"><span style="color: #3366ff;"><strong>francis-delphy.com</strong></span></p><p style="text-align: center;">et aussi trois BDs complètes: lecture en ligne gratuite, depuis votre ordi, votre smartphone, Iphone ou tablette.</p><p style="text-align: center;">Bonne lecture, et à bientôt pour quelques révélations... très personnelles!</p><p style="text-align: center;">Carine</p>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlPortrait de l'artiste en lecteur du monde (1) : du journal intimetag:jolivier.blogspirit.com,2014-05-05:33277762014-05-05T10:51:00+02:002014-05-05T10:51:00+02:00 Qui a tenu le premier journal intime ? Et pourquoi ? Comme...
<p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">Qui a tenu le premier journal intime ? Et pourquoi ?</span></p><p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">Comme toujours, les avis sur la question divergent.</span></p><p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/2234466368.jpeg" target="_blank"><img id="media-169037" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/2445455465.jpeg" alt="DownloadedFile-2.jpeg" /></a>Certains, tel Pascal Quignard, dans ses <em>Tablettes de buis d’Apronenia Avitia*,</em> imaginent une patricienne romaine, à la fin du IV<sup>e</sup> siècle de notre ère, qui tient une sorte d'agenda dans lequel elle consigne les achats qu'elle projette, les rentrées d'argent, les plaisanteries, les scènes qui l'ont touchée. Pendant vingt ans elle se consacre à cette tâche méticuleuse, dédaignant de voir la mort de l'Empire, le pouvoir chrétien qui s'étend, les troupes gothiques qui investissent à trois reprises la Ville. Elle aime l'or. Elle aime la grandeur des parcs et les barques plates chargées d'amphores et d'avoine qui passent sur le Tibre. Elle aime l'odeur et la politesse du plaisir. Elle aime boire. Elle aime les hommes qui oublient de temps en temps le regard des autres hommes.</span></p><p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">D’autres, moins poètes que Quignard, pensent que l’origine du journal intime est le journal de bord que doivent tenir tous les capitaines de bateaux, dans lequel ils notent scrupuleusement leur route, la force des vents, les maux ou les plaintes de l’équipage, etc. À la fois livre de bord et livre de comptes, ce document tenu jour après jour est le récit d’une traversée ou d’un voyage par-delà les mers.</span></p><p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">Ensuite il y a, bien sûr, les fameux <em>Essais</em> de Montaigne, qui marquent, au XVI<sup>e</sup> siècle, l’entrée en force de l’<em>individu</em> dans la littérature (et la peinture, grâce aux autoportraits somptueux de Rembrandt, entre autres). Deux siècles plus tard, Rousseau fera de sa vie un roman en écrivant ses <em>Confessions</em> en se donnant la règle de tout dire, et dire toute la vérité.</span></p><p><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">Suivant l’exemple de Rousseau, les journaux littéraires vont se multiplier, surtout au XIX<sup>e</sup> siècle, avec le fameux <em>Journal</em> des frères Goncourt et le non moins fameux <em>Journal</em> d’Amiel (17'000 pages, quand même !), puis avec Jules Renard, André Gide, Paul Léautaud et beaucoup d’autres. Le journal littéraire connaît une telle vogue qu’il devient le modèle du journal intime.</span></p><p><strong><span style="font-family: 'book antiqua', palatino; font-size: small;">* Pascal Quignard, <em>Les Tablettes de buis d'Apronenia Avitia</em>, Folio, Gallimard.</span></strong></p>