Last posts on blesser2024-03-28T16:19:39+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/blesser/atom.xmlhommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.html« Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent ! »tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2016-02-06:32997342016-02-06T13:16:00+01:002016-02-06T13:16:00+01:00 Contraste L’effet de contraste entre sourire et blesser, ou entre...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/394257499.jpg" target="_blank"><img id="media-207147" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1381418252.jpg" alt="handicap,jollien,alexandre,sourire,compliment,blesser," width="290" height="412" /></a>Contraste</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">L’effet de contraste entre sourire et blesser, ou entre compliment et tuer, fait mouche. La forme rhétorique est inattendue et impose un regard analytique et critique. Le contraste renforce le malheur et la souffrance suggérées. Il montre, derrière la bienveillance, une intention moins transparente, peut-être inconsciente. Il montre une différence de statut qui conditionne la relation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Est-ce une forme de discrimination, au sens de <em>rejet par nature</em>? En tous cas, de son état de personne handicapée, le penseur tire un regard sur le monde. Il en construit une réflexion au-delà de sa propre personne. À l’entendre on peut imaginer ce que le handicap produit comme biais dans les relations. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Souvent on n’est pas totalement naturel à l’égard d’un être humain handicapé. On sait qu’il faut moins jouer des coudes, faciliter la vie, aider, donc considérer comme moins autonome et rappeler de fait le handicap. En même temps il faut parler comme à tout le monde car le handicap n’est qu’une condition particulière du vivant, il n’est pas sa totalité. Dans le corps handicapé il y a une personne entière qui vit, pense et sent. Comme dans toute personne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Dans cet esprit, un sourire de trop, un peu condescendant, un sourire donné <em>parce qu’il est handicapé</em>, est un rappel de la limite, de l’apparence incomplète de la personne. Un sourire qui regarde le handicap et non la personne peut rappeler la blessure, l’incomplétude de la personne handicapée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Tout le monde a ses incomplétudes et ses particularités. On ne s’oblige pas à sourire à tout le monde pour autant. Alors après tout, en tant que personnes normales dotées d’une particularité, les personnes handicapées ont aussi le droit qu’on leur fasse la gueule.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><strong><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/162576233.jpg" target="_blank"><img id="media-207148" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1652335354.jpg" alt="handicap,jollien,alexandre,sourire,compliment,blesser," /></a>Bienveillance</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Toutefois je ne partage pas la vision de l’auteur s’il en fait un jugement sur autrui. Car il est normal de tenir compte du handicap d’une personne. Il est normal que ce handicap prenne une place visible dans la communication. Et l’on ne peut empêcher qu’un compliment, qui met en valeur un aspect abouti de cette personnalité, rappelle en même temps tous les autres côtés limités.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Par exemple un accidenté qui remarche pour la première fois n’oublie pas que les autres autour de lui marchent sans empêchement. Sa prouesse n’annule pas ses limites.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai pris volontairement cette citation hors de son contexte, parce qu’une citation est un raccourci qui contient une pensée élaborée ailleurs dans le texte et dont elle est souvent une synthèse partielle. On ne sait donc pas si les circonstances et les connotations mises par l’auteur sont les mêmes que les nôtres. On la lit avec notre propre histoire. On dévie peut-être de l’intention de l’auteur. Au fond c’est peut-être à cela que sert une citation: non à dévoiler l’entièreté de la pensée d’un auteur mais à révéler notre propre pensée sur la chose.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Dans cette phrase d’Alexandre Jollien, je lis qu’il voit moins la bienveillance que ce qui blesse. Il pourrait voir davantage la bienveillance. Il pourrait considérer que le rappel du handicap n’est qu’une manière d’entrer en relation de manière réaliste, sans jugement de valeur. Face au handicap on ne peut faire comme si de rien n’était.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/3127364159.jpg" target="_blank"><img id="media-207152" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1589570840.jpg" alt="handicap,jollien,alexandre,sourire,compliment,blesser" /></a>Tenir la porte en souriant à une personne en chaise roulante, tendre l’oreille face à quelqu’un dont l’élocution est difficile, cela me semble aller de soi. N’étant pas dans la peau de l’autre je ne peux savoir comment il le vit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Un individu n’est pas réductible à une citation. Le penseur n’a d’ailleurs pas forcément écrit cette phrase pour qu’elle devienne une citation et soit retirée de son contexte. À lire cette phrase toute nue d’Alexandre Jollien je ne sais plus, avec une personne handicapée, si je dois encore sourire ou ne plus rien exprimer, si je dois faire un geste spontané ou attendre que la demande vienne de cette personne. Dans son regard je suis comme obligé de considérer cette personne comme une victime, quoi que je fasse, et alors même que, si j’ai bien compris Jollien, il ne veut pas être une victime.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Si, je sais: je vais garder la bienveillance. Le reste ne m’appartient pas. Mais ce peut être une bonne raison de prendre le temps d’en discuter avec la personne concernée.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Et pour compléter la phrase d’Alexandre Jollien, voici le paragraphe d’<em>Éloge de la faiblesse</em> dont elle est extraite:</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">« <span style="color: #575555;">Je me rappelle toujours de cet esprit rebelle à qui j’adressai ma salutation habituelle : « Sois sage ». Un jour, il me répondit à brûle-pourpoint : « Et toi, marche droit! » Cela me procura un plaisir extrême. Il m’estimait pour moi-même et n’avait pas pris les pincettes que prennent ceux qui me sourient béatement quand, à la caisse, je paie mon paquet de spaghettis aux herbes. Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent. </span>»</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Je reprends, dans les <a href="http://dzudzu.blog.tdg.ch/archive/2016/01/16/chronique-no-16-du-16-janvier-2016-par-daz-273366.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">chroniques de DAZ</span></a>, cette citation de l'écrivain Alexandre Jollien. Ces deux antilogies permettent d’assombrir l’effet habituel du sourire et du compliment, qui sont en principe connus pour être empreints de bienveillance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p>