Last posts on alexipharmaque2024-03-28T14:31:17+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/alexipharmaque/atom.xmlCinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.htmlCINE-META-GRAPHIQUEStag:cinematique.blogspirit.com,2016-10-03:30807772016-10-03T09:33:00+02:002016-10-03T09:33:00+02:00 Dans le même esprit que Le cinéma ne se rend pas ( Alexipharmaque ,...
<p style="text-align: center;"><img id="media-936832" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cinematique.blogspirit.com/media/00/02/4086906668.jpg" alt="114-cine-meta-graphiques-ludovic-maubreuil.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;">Dans le même esprit que <em>Le cinéma ne se rend pas </em>(<a href="http://alexipharmaque.eu/catalogue-general/cine-meta-graphiques-ludovic-maubreuil">Alexipharmaque</a>, 2008), il s'agit d'un recueil d'articles publiés ici et là, mais également de textes inédits, tirés du blog ou de cahiers à spirales régulièrement noircis... </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: verdana,geneva,sans-serif; font-size: 10pt;">L'objectif n'est bien sûr pas d'offrir un ensemble disparate, n'ayant que leur auteur comme lien, mais de proposer à la fois une critique d'un certain cinéma moderne et une défense des quelques rares films qui s'extraient de son "esthétique de fascination". Qu’il s’agisse d’études transversales autour de thématiques ciblées (1ère partie), d’articles polémiques liés à l’actualité (2ème partie), d’analyses métapolitiques d’œuvres populaires ou méconnues (3ème partie), ces textes tentent de célébrer le cinéma qui ne s’en laisse pas compter, qui ne prend pas ses spectateurs pour des esthètes dociles et des consommateurs soumis. Accablé de lieux communs repeints à neuf, d’idées reçues érigées en règles d’or, de formes vides fascinantes, le cinéma apparaît semblable à la Garde Impériale cernée par les troupes anglaises de Wellington : tout comme elle, selon le mot du Général Michel attribué à Cambronne, il est en train de mourir ; tout comme elle cependant, il ne se rend pas. Sous les atours les plus désordonnés du style, la rigueur d’une représentation ou la justesse d’un rapport d’images, réduisent encore à néant le chaos des signes. Sous la novlangue et les mots d’ordre, un langage résiste.</span></p>
Cinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.htmlALEX PORKER ET L'HYPERENFANCE (3)tag:cinematique.blogspirit.com,2015-10-05:30572472015-10-05T14:04:00+02:002015-10-05T14:04:00+02:00 J'ai découvert Alex Porker il y a quelques années, tout simplement...
<p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;">J'ai découvert Alex Porker il y a quelques années, tout simplement parce qu'il était publié comme moi chez Alexipharmaque et que ses quatrièmes de couverture, inquiétantes à souhait, faisaient plus que m'intriguer. La lecture de ses deux romans, <a href="http://cinematique.blogspirit.com/archive/2012/12/11/alex-porker-et-l-hyper-enfance-1.html"><em>Makeup Artist</em> </a>et <em><a href="http://cinematique.blogspirit.com/archive/2012/12/11/alex-porker-et-l-hyper-enfance-2.html">Les Demoiselles</a>, </em>grinçants et macabres, confirmait bien vite cette première impression : il s'agissait bien là d'un auteur singulier, dont l'univers fait de cinéphilie déviante, d'inquiétude fascinée et de précision morbide quant au sujet de "l'hyperenfance", avait tout pour me plaire. Je publie ici un entretien de ce romancier avec Terence d'Araucanie, réalisé à l'occasion de la réédition, cinq ans après sa sortie, de <em>Makeup Artist.</em></span></span></span></span></span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-885882" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cinematique.blogspirit.com/media/00/01/2908571551.jpg" alt="W0186_350x350.jpg" /></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Vous rééditez votre second ouvrage </span></span><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;"><em>Makeup Artist</em></span></span><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;"> paru en 2010 aux éditions Alexipharmaque. C’est dans ce livre que l’on découvrira ce que vous appelez l’hyperenfance. Pourriez-vous revenir sur la genèse du livre ? </span></span></span><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Quelles sont vos influences ? </span></span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span>Elles sont archi-nombreuses. Une vraie foire à la saucisse à vrai dire. Les citer toutes serait ma foi bien indigeste mais j’avouerai également que je me suis amusé comme un petit fou en écrivant cette histoire. Si </span><span><em>Les Demoiselles</em></span><span> a été écrit en direct d’une chambre froide, </span><span><em>Makeup Artist</em></span><span> a quant à lui été rédigé sur les chapeaux de roues et a bénéficié d’un état d’exaltation délicieusement hors-sol. Alors que voilà bien trois ans que je me documente tel un bourricot pour mon prochain livre à venir, en ce qui concerne Makeup, je n’ai quasiment pas ouvert un bouquin durant sa rédaction en 2006-7, et me suis laissé embringuer par la joie pure et simple d’écrire. A l’époque, mes premières nouvelles (</span><span><em>Fermons les yeux, faisons un vœu</em></span><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-family: times new roman,times;">, éditions Hermaphrodite, 2008) n’étaient même pas encore publiées et j’attendais toujours les réponses des éditeurs quant à leur sort. En réalité, tout est parti d’un reportage que j’ai vu à la télé en 2005 sur un enfant atteint d’une très troublante maladie génétique rarissime, la Progéria. Ce fut un choc total. Je n’en croyais littéralement pas mes yeux. J’ai tout de suite pensé que je tenais un truc. Le projet de départ était le suivant : Faire cohabiter l’idée, cette année-là encore embryonnaire, de l’hyperenfance avec cette médusante maladie qui, visiblement, en était sa plus parfaite négation. Il est cependant à noter que si les hyperenfants sont bien omniprésents dans le livre, ils n’en constituent pas pour autant son sujet principal. J’intègre ce phénomène dans le scénario sans expliciter ni argumenter leur présence. Les hyperenfants sont une donnée sociologique qu’il faut accepter. Je ne les positionne donc pas au niveau sociétal comme j’ai pu le faire par la suite avec Les Demoiselles. D’ailleurs, comme je l’avais déjà précisé lors d’un précédent entretien, Makeup Artist n’a pas du tout le même profil que Les Demoiselles. Makeup est avant tout une sorte d’hommage aux films hollywoodiens sur la fabrique industrielle des stars. De plus, la chasse aux nymphettes n’est pas à l’origine quelque chose de fondamentalement nouveau à Hollywoodland, je ne fais pour ma part qu’abaisser sensiblement leur âge. Mais il m’avait tout de même semblé qu’Hollywood, et plus généralement Los Angeles, dont du reste je n’ y ai jamais foutu les pieds, était le lieu adéquat pour faire évoluer les hyperenfants. Pour citer Ludovic Maubreuil au moment de la sortie initiale de mon livre en 2010 : « Marilyn Monroe avait un corps de femme et un sourire d’enfant, mais ce temps est révolu, c’est aujourd’hui très exactement l’inverse qui doit plaire, et la nouvelle Marilyn, la nouvelle Jean Harlow, sera bien cette créature hyperenfantine, hybride et terrifiante ». Beauté donc, superficialité, artifice, décadence, sexe, drogues, ce mélange de glamour et de sordide, d’innocence pervertie, enfin l’image que l’on connaît, tous ces clichés éprouvés, tout cela me paraissait en effet constituer le décor idéal pour leur entrée en scène. Et puis à Hollywood comme dirait l’autre, tout est possible…</span> </span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Pourriez-vous revenir brièvement sur votre concept d’hyperenfance, et donc d’hyperenfant ? </span></span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span>Bien sûr. Un hyperenfant est un enfant – dont l’âge varie généralement entre 6 et 10 ans – qui se trouve être </span><span><em>augmenté</em></span><span> de comportements et d’attributs propres aux adolescents actuels de 16 ans et, par conséquent, potentiellement à tout autre jeune adulte. De sa morphologie enfantine, il conserve néanmoins l’apparence générale, la taille, l’absence de pilosité et une relative fraîcheur. Hyperprécoce tant sur le plan mental que physique, sexuellement actif, issu des classes privilégiées et disposant donc d’un pouvoir d’achat considérable, il peut évoluer à son gré dans la société adulte dont il est par ailleurs émancipé de toute autorité et de toute surveillance. Cette créature chimérique oisive a émergé de mon imaginaire par simple observation du champ culturel contemporain, et de sa tendance marketing régressive à surinvestir les qualités idiosyncrasiques de l’enfance et de son univers. Cet être transgénérationnel spéculatif est aussi le pendant mécanique, ou l’image érotique inversée, de l’adulte-enfant immature tel qu’il se présente aujourd’hui dans toute sa splendeur multifacette – atonie, inconsistance, instabilité, influençabilité, insatisfaction, futilité, perversité, narcissisme… – conséquence de la redoutable infantilisation progressive, ce totalitarisme mou, à l’œuvre au sein de la société. </span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span>Donc, en dehors de ça, avant même le visionnage traumatique de ce reportage concernant cette maladie, je dois dire que mon plus grand désir était d’écrire sur le monde du cinéma. Dans ma nouvelle, </span><span><em>I love you, Nicole </em></span><span>(2005), j’avais déjà tenté d’approcher la chose de manière décalée. I Love you, c’est l’histoire désopilante et tarantinesque de trois médecins légistes qui s’engueulent autour du cadavre de Nicole Kidman. Toute sa filmographie y passe. L’un est un fan transi, l’autre la déteste franchement, et le troisième, neutre au milieu de l’empoignade des deux autres, essaye tant bien que mal de se concentrer sur la cause d’un décès qui restera à la fin irrésolue. Décrire dans ses moindres détails gore une stricte séance d’autopsie sur une actrice belle et célèbre et au corps théoriquement intouchable, tout en pratiquant une sorte de dissection de son œuvre est une chose qui m’a beaucoup fait rire. Là aussi, je tenais un truc, faire cohabiter le glamour et le viscéral. La décomposition. L’aspect morbide et nécrophile de la cinéphilie. J’y reviendrai. D’ailleurs, soit dit en passant, j’aimerai re-travailler I love you pour la scène. Je pense que ce texte serait tout à fait adapté dans le cadre d’un théâtre de style Grand Guignol. Bref. Troisième élément décisif pour la genèse de Makeup, le visionnage du film </span><span><em>A Star is born</em></span><span>, la version de 1954 de George Cukor, avec Judy Garland et le grand James Mason. Là, j’ai eu le déclic. Les films hollywoodiens sur les coulisses de son usine à rêves étant un genre en soi et une mise en abîme assez efficace, il m’a donc paru évident que c’était le meilleur angle d’attaque du roman. De plus, avec Norman Main, le personnage cynique, désespéré, mais au cœur tendre que joue Mason, je tenais une bonne partie de mon personnage principal…</span></span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Pourriez-vous nous parler du héros ? Pourquoi en avoir fait un maquilleur ? </span></span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span>Si j’ai choisi d’en faire un maquilleur, c’est avant tout pour faire converger plusieurs axes de travail qui bourdonnaient depuis longtemps dans ma tête. A savoir l’hyperenfance, la maladie dont ils sont atteints, les coulisses d’Hollywood, la fabrication prosaïque de la star et le concept rebattu de la femme fatale. Il y a donc cette mystérieuse maladie dégénérative – je me suis bien sûr inspiré de la progéria – qui atteint certains d’entre eux, les faisant prématurément vieillir. Cette maladie, c’était comme le shampoing, c’était du trois en un. Primo, c’était le contre-pied exact, et c’est le moins que l’on puisse dire, des canons jeunistes que charrie habituellement la dolce vita los angelaise. Secundo, une sorte de monstrueuse métaphore de l’enfance contemporaine pour ce qui est de son adultification précoce dans nos sociétés occidentales. Et enfin, la justification de la présence de Vincent Bertin, mon personnage. Car à la base, Makeup ne devait raconter que l’histoire d’un maquilleur sur la touche vendant ses dérisoires accessoires de maquillage aux hyperenfants défigurés par la maladie et parqués dans d’immenses malls souterrains désaffectés. Un maquilleur certes doué mais raté, un loser, un marginal un brin escroc comme il en existe beaucoup parmi la faune underground de L.A. Le soir, après sa journée de « travail », il partait rejoindre Vinyl, une petite fille paumée rencontrée au hasard dans la rue et qu’il séquestre depuis chez lui, la forçant à n’être qu’un objet fantasmatique, le grand projet occulte et le chef-d’œuvre de sa pauvre existence, celui de la métamorphoser en une femme fatale miniaturisée. Du reste, dans le roman, le chapitre intitulé </span><span><em>Les Souterrains</em></span><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-family: times new roman,times;"> est celui qui a été rédigé en premier. Ce n’est qu’après le visionnage du film de Cukor que mon histoire a pris une nouvelle tournure. J’ai gardé l’idée de départ mais j’ai ensuite intégré mon personnage au biotope des studios hollywoodiens. Ainsi, après avoir tenté sa chance en présentant son « œuvre », l’image parfaite de la femme fatale, à un producteur, il y sera alors embauché en tant que maquilleur, et, Vinyl, sa petite créature, comme vedette principale du studio. Alors oui, pourquoi un maquilleur en somme ? Tout simplement parce que le travestissement, le maquillage, au sens propre et figuré, c’est, je crois, le fondement mythique du cinéma.</span> </span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Si le thème de l’hyperenfance est donc bien présent dans le livre, beaucoup d’autres sujets et influences y sont alors également traités mais de manière plus clandestine. Accepteriez-vous de décrire Makeup Artist comme un roman à clef ? </span></span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span><em>Makeup Artist</em> est avant tout une sorte de monstre de foire, une créature à la Frankenstein, un prototype orphelin dans le ciel surchargé de la pop culture, un grand montage de diverses sources, influences et séquences qui n’ont a priori pas grand-chose à voir entre elles, comme pouvaient le faire naguère les productions Corman, la pratique du found footage, ou même Joe Dante avec son </span><span><em>Movie Orgy</em></span><span>, mais qui, assemblées et lissées de telle sorte, finissent par s’homogénéiser et faire un tout cohérent. <em>Makeup Artist</em>, c’est un roman de gare, un film d’épouvante de drive-in, une série B jubilatoire, un pulp frénétique, un burlesque cocaïné, un film de cul même – les trop explicites scènes de sexe intergénérationnelles ayant été caviardées, elles ne subsistent plus que dans la première édition – C’est aussi et pourtant une histoire d’amour. Histoire d’amour entre un créateur et sa créature, incontournables Pygmalion et Galatée, mais surtout histoire d’amour déviante entre un cinéphile et le cinéma. Si ce livre est un roman à clef, la clef du roman, c’est le pouvoir du regard. Le regard pétrifiant de Méduse. Revenons si vous le permettez deux minutes sur le thème de la femme fatale. Car c’est à partir de cette évidence, le maquillage comme fondement mythique du cinéma, que le thème de la femme fatale, poussé jusqu’à sa source, ses racines monstrueuses, m’est apparu dans toute son ampleur et qu’il devint alors le sujet quasi central de mon roman. Traditionnellement, on compare la femme fatale au vampire. J’ai ainsi respecté et pris cette convention littéraire au pied de la lettre et j’y suis allé gaiement. Vinyl obtient le succès grâce au remake d’un vieux muet de 1915, </span><span><em>A fool there was</em></span><span>, le film qui propulsa Theda Bara en icône nocturne de la vamp moderne américaine, et de même que Ginny, qui succédera à Vinyl après sa disparition, jouera quant à elle dans le remake du fameux serial de Louis Feuillade, </span><span><em>Les Vampires</em></span><span> (1915), où l’européenne Musidora, une autre femme fatale séminale, y sévira dans le rôle de la sulfureuse Irma Vep. Et pour moi, c’était très clair, Vincent Bertin est tellement doué dans son art de fabriquer de toute pièce une femme fatale, qu’on peut dire qu’il transforme bel et bien son modèle en véritable vampire, en morte-vivante. Ca, c’est pour l’aspect purement fantastique du texte, le plus convenu si je puis dire. J’ai du reste repensé à des classiques tels que </span><span><em>Le Portrait ovale</em></span><span> de Poe, ou même le </span><span><em>Dorian Gray</em></span><span> de Wilde. Ce genre. D’ailleurs, par extension, Hollywood lui-même, le cinéma, a en quelque sorte tendance à produire des vampires, des morts-vivants, des fantômes. Il faut voir pour cela la fin édifiante de </span><span><em>Prix de beauté</em></span><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-family: times new roman,times;">, unique film français de Louise Brooks en 1930. L’héroïne, Lucienne Garnier, interprétée par Brooks, promise à une belle carrière au cinéma, se fait assassiner par son amant jaloux pendant que celle-ci visionne en compagnie d’un producteur les rushs d’essai pour son tout premier film. La dernière scène montre dans le même cadre le corps sans vie de Lucienne tandis qu’à l’écran son image vit et vivra toujours. Et puis c’est bien connu, le vampire, le vampirisme, est une métaphore commode du septième art et de la cinéphilie. Le visionnage excessif de films, c’est comme se faire siphonner tout son temps, vivre sa vie par procuration et par le biais d’images interposées. Je me souviens également de ce curieux documentaire télé que j’ai vu il y a quelques années où l’on suivait l’existence d’authentiques cinéphiles pathologiques à New York. Ils passaient le plus clair de leur temps enfouis dans l’obscurité des salles de cinémas de Broadway à y voir jours et nuits des vieux films. Ils enchaînaient les séances sans interruption, s’arrêtant à peine pour aller manger ou dormir. De par leur infernal circuit morbide, ces gens qui avaient l’air de se nécroser sur place, n’étaient plus que des morts-vivants, des ombres errant dans les limbes du grand palais des illusions. Au bout du compte, ce n’était plus les cinéphages qui consommaient le cinéma, mais bien le cinéma qui les consommait. Mais j’ai voulu aller plus loin que le thème du vampirisme, et j’ai logiquement trouvé celui de Méduse, métaphore selon moi de l’interdépendance totale de l’image et de son regardeur, de l’œuvre et de son créateur…</span> </span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: large;">Justement, les hyperenfants malades vouent un culte étrange à des masses informes s’échouant sur les plages de Los Angeles. Pourriez-vous nous donner quelques explications sur ce culte ? </span></span> </span></p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"> </p><p class="western" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: medium;"><span>Tout d’abord, je dois vous avouer, et même si en apparence l’argument en est fort éloigné, que l’influence de </span><span><em>La Dolce Vita</em></span><span> de Federico Fellini est majeure pour ce roman. La scène finale de ce film constitue pour moi, bien plus que la fameuse trempette matin
Cinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.htmlPRESENTATIONtag:cinematique.blogspirit.com,2012-05-07:28942852012-05-07T08:16:00+02:002012-05-07T08:16:00+02:00 C’est bien sous l’assaut des images les plus disparates, sous leur...
<p style="text-align: center;"><img id="media-666109" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cinematique.blogspirit.com/media/02/01/1284905055.jpg" alt="larosedefer21.jpg" /></p><p style="text-align: center;">C’est bien sous l’assaut des images les plus disparates, sous leur collision flamboyante comme leur énumération hypnotique, que le nihilisme contemporain est le plus à son aise, acceptant dans son relativisme absolu de faire allégeance à tout ce qui bat en brèche hiérarchies et structures, jouissant de la prolifération des signes irreliés. En réaction, les nouveaux discours idéologiques reposent sur la méfiance envers le culte des images sans lien, culte qui ne sert au bout du compte que la consommation de masse, et s’interdisent de penser le cinéma autrement qu’en se servant des films selon leur premier degré de lecture - à savoir leur scénario -, se passant donc aisément, pour appuyer leurs démonstrations, de leur vision réelle.</p><p style="text-align: center;">Il s’agit là des conséquences apparemment opposées d’une même «esthétique de fascination», pour reprendre l’expression de Raymond Abellio, qui engendre autant l’envoûtement enthousiaste que l’iconoclasme puritain, puisqu’elle sert une conception de l’art cinématographique dualiste, basée sur l’illusion d’un sujet extérieur à l’objet filmique (et donc autant amené à s’y soumettre qu’à le juger) quand il nous paraît au contraire important d’envisager la perception d’un film (à l’instar de celle du monde), comme le lieu d’une interdépendance où les images nous secondent dans leur progressif dépassement. À l'image du caméléopard inventé par Poe, que Charles Hirsch dans le Cahier de l'Herne consacré à Abellio identifie comme «<em>un être dont les mouvances de formes et de couleurs s'enlèvent toujours, en dépit de leur apparente incohérence, sur la même et unique trame: la diversité du caméléon se fondant dans l'unité du léopard</em> », sachant que celui-ci est doté d'une tête d'homme, ce qui suppose «<em>une conscience propre à saisir l'unité de structure sous la multiplicité des formes</em>».</p><p style="text-align: center;"><img id="media-666108" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cinematique.blogspirit.com/media/01/01/2399693366.jpg" alt="imagesCA0WDZ06.jpg" /></p><p style="text-align: center;">Identifier la trame sous les motifs sans pour autant négliger ces derniers, voilà l’ambition de <a href="http://www.alexipharmaque.net/page95.html">ce deuxième volet du <em>Bréviaire de cinéphilie dissidente</em></a>, qui s'emploie à célébrer l'antimodernité de Léos Carax ou la quête identitaire de Robert Guédiguian, dénoncer le conformisme de Klotz ou celui de Des Pallières, relier un plan du <em>Plaisir</em> d'Ophuls à son écho chez Antonioni, le Diable rencontré chez John Carpenter au Magicien du pays d'Oz, <em>Calme Blanc</em> à <em>Titanic</em>, c'est-à-dire refuser les films du vertige et du regard capté de force, au profit d'un cinéma de participation où le temps est enfin rendu, cinéma qui nous comprend puisque nous l'habitons.</p>
Cinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.htmlLES IMAGES SECONDENTtag:cinematique.blogspirit.com,2012-04-25:28899922012-04-25T10:49:51+02:002012-04-25T10:49:51+02:00 N'y allons pas par quatre chemins : tout cela est bien mal parti. Alors...
<p style="text-align: center;"><img id="media-664050" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://cinematique.blogspirit.com/media/02/02/3041585461.jpg" alt="jean-rollin-fascination-brigitte-lahaie1.jpg" /></p><p style="text-align: left;">N'y allons pas par quatre chemins : tout cela est bien mal parti. Alors plutôt que de se ronger les sangs en se demandant qui, des sociaux-démocrates moralisateurs ou des libéraux-libertaires carnassiers, va gagner la mise, il est encore loisible de se choisir d'autres bourreaux. Et de les embrasser jusqu'au trépas. Comme cet homme emporté dans les coursives inondées de ce navire fellinien, qui vogue puis sombre, les yeux rivés sur les images qu'il continue de se projeter sur un écran de fortune. Car les images nous secondent, pour le meilleur et pour le pire, accélérant la chute ou conduisant à la libération.</p><p style="text-align: left;">En d'autres termes, <a href="http://www.alexipharmaque.net">le tome II du <em>Bréviaire de cinéphilie dissidente</em></a> est paru, et nous en sommes très heureux !</p>
Cinématiquehttp://cinematique.blogspirit.com/about.htmlBREVIAIREtag:cinematique.blogspirit.com,2009-12-04:18619732009-12-04T10:30:00+01:002009-12-04T10:30:00+01:00 En guise de lien du vendredi, voici un livre qui devrait plaire à...
<p>En guise de lien du vendredi, voici un <a href="http://www.alexipharmaque.net/index_fichiers/Page266.htm">livre</a> qui devrait plaire à quelques-uns, les amateurs de "Cinématique" en particulier, et en irriter d'autres ...</p>