Last posts on parménide2024-03-29T03:08:46+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/parménide/atom.xmlMarc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.html« Demeure » de François-Xavier Bellamy, plaidoyer pour une vie mesuréetag:marcalpozzo.blogspirit.com,2019-04-04:31294452019-04-04T06:39:00+02:002019-04-04T06:39:00+02:00 François-Xavier Bellamy, dans son deuxième essai, aborde les dogmes de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">François-Xavier Bellamy, dans son deuxième essai, aborde les dogmes de l’époque, la religion du progrès, l’impératif universel du mouvement, l’optimisme radical de la pensée progressiste, le rêve scientiste du <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/transhumanisme/" target="_blank" rel="noopener">transhumanisme</a></span>, le nomadisme technologique et économique, ce que réclame le positivisme postmoderne qui veut croire désormais non plus en Dieu mais en n’importe quoi. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne <span style="color: #800000;"><em>Boojum</em></span>, et elle est désormais en accès libre dans l'<em>O<span style="color: #800000;">uvroir</span></em>. </span></strong></span></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/4258223352.jpg" id="media-1059399" alt="" /></p><h3 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><br /><br /><img id="media-1059400" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/02/827761949.jpeg" alt="François-Xavier Bellamy" /><span style="font-size: 14pt;">Le bien commun</span></strong></span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Notre époque souffre de deux maux inédits : le mouvement et la vitesse. On veut avaler les distances ; abolir le temps. La raison moderne déteste les détours, et cherche à nous libérer du mouvement afin de permettre le progrès. Le vœu pieux délivré par Descartes au seuil du monde moderne touche à son but : « Nous rendre maîtres et possesseurs » d’une réalité avec laquelle nous parviendrons enfin à coïncider parfaitement. À la radicalité de Parménide, on préfèrera désormais, relativisme d’Héraclite. Le devenir plutôt que l’être, les hommes ne devenant plus qu’une somme d’individus, une quantité mesurable et additionnable, la vie un mouvement sans fin auquel nous devons nous adapter. À la stabilité de l’être, on préfère l’emportement du mouvement.<br /><br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Celui qui parle dans ce texte, est un jeune philosophe agrégé et normalien de 33 ans. Auteur d’un premier essai sur le climat de pauvreté intellectuelle et spirituelle qui naît de notre passivité et l’urgence de la transmission, il n’y a pas un gramme de défaitisme dans la pensée de ce jeune penseur, qui veut revenir à « la frontière de l’empire intérieur ».<br /><br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Pourtant, dès l’introduction de son deuxième essai, le constat est sans détour : nous nous abandonnons à un mirage nouveau, celui du mouvement sans fin. Nous refusons le silence. Nous refusons d’habiter le monde. Nous voulons le parcourir sans fin jusqu’à épuisement, recherchons les fluctuations, nous nous voulons « capables de manipuler presque tout dans le réel ». Face à une nouvelle génération gavée de nouveau et de rapidité, l’auteur n’ignore pas que se cache derrière cette vaine euphorie une crise sans précédent de la modernité. Car, dit-il à juste titre, le problème fondamental est « le sens de l’homme ». Quel sens donner à un « homme oscillant » perpétuellement emporté par un mouvement sans fin ? Quel camp faut-il choisir ? Celui de la mobilité sans fin ou celui de la stabilité ? <br /><br /></span></p><blockquote class="wp-block-quote"><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">« Malheur à celui qui n’est pas assez mobile, pas assez souple et adaptable, pour se couler dans le flux : il constitue une objection vivante à ce monde nouveau, à ce monde du nouveau, qui ne lui pardonnera pas de rester comme un fossile encombrant au milieu de l’innovation triomphante. »<br /><br /></span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Et c’est donc à cette idéologie du mouvement sans fin que François-Xavier Bellamy s’attaque. Il écrit contre cette nouvelle grande folie, car la « modernité se caractérise par une immense colère contre ce qui ne se met pas à son rythme », contre ce monde dans lequel nous serions tous des « migrants » alors même que le concept « ne peut […] être qu’une aberration coupable. » La morale du mouvement contribuant à une autre religion, celle du progrès. Critique du sophisme naturaliste ; critique de la raison technique ; critique de<span style="color: #800000;"> <a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2019/06/26/peter-sloterdijk-et-le-parc-humain-faut-il-craindre-la-scien-3139435.html" target="_blank" rel="noopener">la raison transhumaniste</a></span> ; critique de la condition de l’homme moderne.<br /><br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1071822" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/02/1530503882.jpg" alt="françois-xavier bellamy,gorgias,calliclès,ulysse,transhumanisme,parménide,héraclite" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Des migrants sur une embarcation au large de la Grèce, en 2016. AFP</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Dans ce progressisme qui entraîne dans sa trajectoire les libertés individuelles, et oppose les individus entre eux, au point de les prendre en otage d’un mouvement sans fin et d’une guerre de tous contre tous, il semble qu’un bien commun devienne alors parfaitement impossible.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><h3 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"><strong>Habiter le monde</strong></span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Il y a alors, pour le philosophe, une urgence à se rappeler que l’on doit <em>habiter le monde</em>. Car en effet, dans ce démentiel mouvement sans fin, ce nomadisme technologique et économique, contre ce positivisme postmoderne irrésistible qui semble nous emporter tous dans sa folie, où pouvons-nous réellement aller ? Les impasses, les apories du discours, les pièges sont nombreux. Alors que l’idéologie du moment prétend que la vraie vie est ailleurs, toujours ailleurs, jamais là, jamais où l’on est, mais toujours là où l’on est pas, nous condamnant à une irrésistible course, qui, au final, semble être une sorte de surplace, cette soif de nouveau, de conquête, de progrès oublie, un peu trop vite, que « l’homme n’a pas simplement besoin d’un toit », que l’on ne peut brouiller ainsi le « lieu familier », le « point fixe », le « repère autour duquel le monde entier s’organise ».<br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Éloge de la demeure, cette critique de la raison agissante, du dynamisme, de la passion de l’avenir, de l’irrésistible envie de changement, est une invitation à « faire l’expérience de la pesanteur des choses, de la résistance de la matière, de la consistance de l’espace ». Ce plaidoyer en faveur de l’ici, plutôt que du là-bas, celui du « lieu de vacances, habité par d’autres souvenirs, d’autres images, d’autres odeurs, d’autres peines et d’autres joies », cette apologie de la vie non pas sédentaire, mais centrée autour de son axe, la vie ancrée, nous dit qu’« habiter un monde, c’est être quelque part, c’est-à-dire savoir qu’on ne peut être partout ».<br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Plaidoyer de la vie mesurée contre la démesure, Françoix-Xavier Bellamy accepte d’endosser le rôle de Socrate dans le <em>Gorgias</em>, opposant à un Calliclès chancre de la démesure et de la vie déséquilibrée, une existence tempérée, faite de mesure, de tranquillité, de désirs mesurés et de sagesse. Ulysse, qui parcourut les mers, les océans, qui a bravé tous les dangers, et qui a vécu mille aventures, ne sait-il pas mieux que tout le monde, que le bonheur n’est pas dans le mouvement, dans l’instabilité permanente, mais dans un lieu fixe, en son centre, à l’intérieur de soi, lorsqu’on a enfin trouvé son axe, et « la terre ferme ».<br /><br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070286" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/01/1246145967.jpg" alt="françois-xavier bellamy" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">François Xavier-Bellamy<br /><br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">François-Xavier Bellamy, <em>Demeure, Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel</em>, Grasset, octobre 2018.</span></strong></p>
Marc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.htmlQuelle allégresse ? Note sur Nietzschetag:marcalpozzo.blogspirit.com,2008-01-22:14692642008-01-22T14:15:00+01:002008-01-22T14:15:00+01:00 Comment assumer notre condition d'homme ? Comment vivre dans ce monde si...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino; text-align: justify;">Comment assumer notre condition d'homme ? Comment vivre dans ce monde si nous n'y sommes pas bien ? Ce problème est bien celui de <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/friedrich_nietzsche/" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a></span>. La philosophie aide-t-elle à mieux nous comprendre ? Mieux comprendre le lieu dans lequel nous avons été jetés ? <span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;">Cet article est paru dans le numéro 1, des<span style="color: #800000;"><em> Carnets de la philosophie</em></span>, de septembre 2007. Le voici désormais en accès libre dans l'<span style="color: #800000;"><em>Ouvroir</em></span>.</span></span></strong></span></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/3189193221.jpg" id="media-872295" alt="" /></p><div style="text-align: center;"> </div><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;">La théorie, la dialectique, la rationalité sont-elles des outils conceptuels efficaces pour décrypter le réel, et guérir l'homme de la maladie de la vie ? Sa réponse est bien connue : les forces originaires de la Grèce, l’apollinien<a title="_ftnref1" href="#_ftn1" name="_ftnref1"><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span></a> et le dionysiaque<a title="_ftnref2" href="#_ftn2" name="_ftnref2"><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span></a> ayant fusionné et trouvé une synthèse harmonieuse dans la tragédie antique ne nous sont plus d’aucun secours depuis la mort de la tragédie grecque (cette <em>catharsis</em> de la représentation permettant à la vie d’être acceptée dans son entière absurdité), moment où s’amorce la naissance de la philosophie grecque rationnelle incarnée avant tout par la figure historique qu’est Socrate, père de la rationalité et de la dialectique, homme par qui, selon Nietzsche, la recherche du sens, sens de la vie par exemple, devient pour toute l’humanité un devoir absolu.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />Ainsi accuse-t-il Socrate de condamner la vie au nom de valeurs supérieures.</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />Combattre la rationalité et la dialectique : c’est possible selon Nietzsche. Faut-il seulement s’enquérir de deux outils d’expression majeurs : <em>l’aphorisme</em> et <em>la poésie</em>. Une nouvelle manière de penser qui marque le renversement de la méthode traditionnelle. Cesser de penser en philosophe. Penser en artiste. En poète. Il s’agit surtout d’en finir avec cet idéal de la connaissance, cette recherche « vaine » du vrai à laquelle Nietzsche veut substituer <em>l’interprétation</em> et <em>l’évaluation</em>. Penser par l’aphorisme qui est à la fois l’art d’interpréter et la chose à interpréter, penser par le poème, qui est à la fois l’art d’évaluer et la chose à évaluer<a title="_ftnref3" href="#_ftn3" name="_ftnref3"><span class="MsoFootnoteReference">[3]</span></a>.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070969" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/3166486695.jpg" alt="nietzsche,bonheur,interprétation,evaluation, pierre klosowski, geneviève bianquis, héraclite, parménide, gilles deleuze, dieu, socrate, Apollon, Dionysios, trangédie antique, " /></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />Nietzsche n’adhère pas aux raisons de la philosophie, il refuse de lui donner son assentiment. Il oppose à la dialectique de Socrate le surhomme. Il refuse cette dévalorisation de la vie au nom de valeurs qui ne sont que valeurs de néant. L’adaptation, l’évolution, le progrès, le bonheur<a title="_ftnref4" href="#_ftn4" name="_ftnref4"><span class="MsoFootnoteReference">[4]</span></a> pour tous, le bien de la communauté, autant de valeurs nouvelles qu’on nous propose à la place des valeurs supérieures<a title="_ftnref5" href="#_ftn5" name="_ftnref5"><span class="MsoFootnoteReference">[5]</span></a>. Pour penser l’Homme-Dieu, l’homme moral, l’homme social, Nietzsche se fait le penseur de « la mort de Dieu ». Cette vision d’un monde sans horizon, sans espoir, sans haut ni bas, et qui commence progressivement à chavirer. Quoi de plus en phase avec notre époque contemporaine dans laquelle désacralisation et désenchantement sont les maîtres-mot, dans laquelle les effets pervers de la démocratie ont réduit toutes les têtes à se placer sur le même plan, sans en laisser aucune dépasser, dans laquelle tout vaut tout, et par ricochet, rien ne vaut plus rien, dans laquelle l’horizon qui autrefois portait l’espoir pour l’humanité entière de viser une grandeur humaine grâce à l’art, la philosophie et la religion, laisse place au désespoir, car il n’existe plus aucune grandeur possible.<a title="_ftnref6" href="#_ftn6" name="_ftnref6"><span class="MsoFootnoteReference">[6]</span></a> </span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />En se substituant à Dieu, l’homme s’est pris à son propre piège : il demeure abandonné à son angoisse. Par cette mort symbolique, plus de référence possible, plus le moindre réconfort : où trouver des explications à sa douleur ? Comment redonner du sens à la vie ? Ce sentiment de vide ne fait que précéder celle des grandes utopies qui nous inscrivaient dans une action collective de recherche du sens. On ne trouve plus de lieu à présent pour s’exprimer collectivement, puisque qu’avec la mort de Dieu cette question majeure du sens de la vie, entérinée par Socrate, devient une question « vaine », sans aucune autre méthode de rechange pour nous soigner.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1127223" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/00/1538570816.png" alt="nietzsche,bonheur,interprétation,evaluation,pierre klosowski,geneviève bianquis,héraclite,parménide,gilles deleuze,dieu,socrate,apollon,dionysios,trangédie antique" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Cet article, paru dans la revue <em>Spécial Philo</em>, n°5, fév.-avr. 2014</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />L’homme n’a plus le choix : il doit compter sur lui-même, il n’a plus aucune espérance justifiée non plus, et doit maintenir, seul, en lui-même, la volonté de puissance. N’avoir plus le choix pour l’homme signifie devoir s’attacher à sa seule ressource pour survivre à la mort de Dieu, à sa seule sa volonté de puissance que l’on peut interpréter comme une volonté pouvant, à travers la victoire de l’homme sur lui-même, apporter une joie à celui qui sait reconnaître et admettre la nécessité.</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />Ce problème du thème du dépassement de soi implique alors l’expérience fondamentale du devenir. Dans notre vie, tout est à la fois, devenir et permanence. Il s’agit dès lors de concilier le paradoxe qui lie devenir et immobilité éternelle. C’est la fameuse opposition antique entre la thèse de Parménide<a title="_ftnref7" href="#_ftn7" name="_ftnref7"><span class="MsoFootnoteReference">[7]</span></a> et celle de Héraclite<a title="_ftnref8" href="#_ftn8" name="_ftnref8"><span class="MsoFootnoteReference">[8]</span></a>. Mais Nietzsche parvient à dépasser la contradiction grâce à l’intuition de l’éternel retour qu’il présente comme le « <em>poids le plus lourd</em> »<a title="_ftnref9" href="#_ftn9" name="_ftnref9"><span class="MsoFootnoteReference">[9]</span></a>. Il suffit d’écouter ses propres mots : « <em>Cette vie […] tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois […]. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau – et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière !</em> »<a title="_ftnref10" href="#_ftn10" name="_ftnref10"><span class="MsoFootnoteReference">[10]</span></a>. Une expression complexe qui ne traduit pas l’idée d’une répétition à l’identique des faits ou des événements, mais au contraire, l’existence d’un mouvement « cyclique » du processus historique. L’éternel retour est ce retour de ce qui est affirmé. Il est sélection. Sélection de ce qui peut être affirmé. De la forme supérieure de ce qui est. Il s’agit donc pour Nietzsche de dénoncer le ressentiment, la mauvaise conscience, la puissance du négatif. Il faut rejeter « l’esprit de pesanteur » caractérisé par cette fidélité abjecte aux règles de conduite rigides, à cette prétention ignoble au savoir. Combattre ceux qui sont incapables de remettre quoi que ce soit en question, considérant comme ultime vérité tout ce en quoi ils croient, assimilant idiotement leur vérité à une possession. Nietzsche nous dit : ne vous alourdissez pas spirituellement de ces prétendues propriétés. Il ne faut rien posséder. Il faut voyager sans bagages, et vaincre par sa légèreté tout ce qui voudrait asservir l’esprit et la liberté.</span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br />Rejeter l’esprit de pesanteur ! Nietzsche nous y invite en nous conseillant la danse<a title="_ftnref11" href="#_ftn11" name="_ftnref11"><span class="MsoFootnoteReference">[11]</span></a>, le rire<a title="_ftnref12" href="#_ftn12" name="_ftnref12"><span class="MsoFootnoteReference">[12]</span></a> et le jeu<a title="_ftnref13" href="#_ftn13" name="_ftnref13"><span class="MsoFootnoteReference">[13]</span></a>.<br /><br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070968" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/00/4007873704.jpg" alt="nietzsche,bonheur,interprétation,evaluation, pierre klosowski, geneviève bianquis, héraclite, parménide, gilles deleuze, dieu, socrate, Apollon, Dionysios, trangédie antique, " /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Fredrich Nietzsche</span></p><p style="text-align: right;" align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><br /><br /><strong><img id="media-1127076" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/900977146.jpeg" alt="nietzsche,bonheur,interprétation,evaluation,pierre klosowski,geneviève bianquis,héraclite,parménide,gilles deleuze,dieu,socrate,apollon,dionysios,trangédie antique" />Cet article est paru dans les<span style="color: #800000;"><em> Carnets de la philosophie,</em></span> n°1, sept-oct-nov 2007 et dans <span style="color: #800000;"><em>Spécial Philo</em></span>, n°5, fév.-mars-avr. 2014.</strong></span></p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><p style="text-align: right;" align="justify"> </p><div align="justify"><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn1" href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span></a> Dieu de la tempérance.</span></div><div id="ftn2"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn2" href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span></a> Dieu du délire et de l’ivresse.</span></div></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn1" href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span class="MsoFootnoteReference">[1]</span></a> Dieu de la tempérance.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn2" href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span class="MsoFootnoteReference">[2]</span></a> Dieu du délire et de l’ivresse.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn3" href="#_ftnref3" name="_ftn3"><span class="MsoFootnoteReference">[3]</span></a> <span lang="NL" xml:lang="NL">Gilles Deleuze, <em>Nietzsche</em>, PUF, Paris, 1965, p.17</span></span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn4" href="#_ftnref4" name="_ftn4"><span class="MsoFootnoteReference">[4]</span></a> « Nous avons inventé le bonheur, diront les Derniers hommes en clignant de l’oeil », <em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>, Prologue, 5, Trad. Geneviève Bianquis, Garnier-Flammarion, Paris, 1996.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn5" href="#_ftnref5" name="_ftn5"><span class="MsoFootnoteReference">[5]</span></a> Gilles Deleuze, <em>Nietzsche et la philosophie,</em> PUF, Quadrige, Paris, 1997, pp. 173-174.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn6" href="#_ftnref6" name="_ftn6"><span class="MsoFootnoteReference">[6]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>, IV, Le plus hideux des hommes, Trad. Geneviève Bianquis, Garnier-Flammarion, Paris, 1996.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn7" href="#_ftnref7" name="_ftn7"><span class="MsoFootnoteReference">[7]</span></a> « L<em>’Etre est puisqu’il est l’Etre. Quant au non-être, il n’est rien</em> », Parménide, <em>De la Nature</em>, Trad. Jean Volquin, in <em>Les penseurs grecs avant Socrate</em>, Garnier-Flammarion, Paris, 1964, p.89 : l’idée de l’immobilisme et de la permanence.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn8" href="#_ftnref8" name="_ftn8"><span class="MsoFootnoteReference">[8]</span></a> « <em>On ne peut descendre deux fois dans le même fleuve</em> », Héraclite, <em>Fragments</em>, n°91, Trad. Jean Volquin, in <em>Les penseurs grecs avant Socrate</em>, Garnier-Flammarion, Paris, 1964, p.79 : l’idée du devenir et du changement.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn9" href="#_ftnref9" name="_ftn9"><span class="MsoFootnoteReference">[9]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>Le</em> <em>Gai savoir</em>, Trad. Pierre Klosowski, Gallimard, Folio, Paris, 1982</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn10" href="#_ftnref10" name="_ftn10"><span class="MsoFootnoteReference">[10]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>ibid.</em></span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn11" href="#_ftnref11" name="_ftn11"><span class="MsoFootnoteReference">[11]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>, II, Chanson à danser, Trad. Geneviève Bianquis, Garnier-Flammarion, Paris, 1996. La danse affirme le devenir et l’être du devenir.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn12" href="#_ftnref12" name="_ftn12"><span class="MsoFootnoteReference">[12]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>, III, De la vision de l’énigme ; Le convalescent, Trad. Geneviève Bianquis, Garnier-Flammarion, Paris, 1996. Le rire affirme le multiple et l’être du multiple.</span></div><div align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"><a title="_ftn13" href="#_ftnref13" name="_ftn13"><span class="MsoFootnoteReference">[13]</span></a> Friedrich Nietzsche, <em>Ainsi parlait Zarathoustra</em>, III, Les sept sceaux ; Avant le lever du soleil, Trad. Geneviève Bianquis, Garnier-Flammarion, Paris, 1996. Le jeu affirme le hasard et la nécessité du hasard.</span></div><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"> </span></p><div align="justify"> </div><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino; font-size: 12pt;"> </span></p>