Last posts on michel-ange2024-03-28T17:36:29+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/michel-ange/atom.xmlMarc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.htmlJean d’Ormesson, la littérature à l’estomactag:marcalpozzo.blogspirit.com,2019-02-14:31278612019-02-14T06:30:00+01:002019-02-14T06:30:00+01:00 Pour Jean d’Ormesson, la vie était une fête en larmes. Cette très...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Pour <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2019/05/01/jean-d-ormesson-le-der-des-ders-3135296.html" target="_blank" rel="noopener">Jean d’Ormesson,</a></span> la vie était une fête en larmes. Cette très belle formule, il la devait à la philosophe Jeanne Hersch. Il y avait, depuis, ses débuts en littérature, une vraie jubilation mêlée à une forme d’allégresse désespérée dans chacun de ses livres. Et à son immense popularité, on pouvait ajouter un art certain de la conversation, ce qui en fit un subtil hôte durant près de cinquante ans. Le voici, entrant dans la <span style="color: #800000;"><em>Pleïade</em></span>, revenir avec un second tome, composé en grande partie de textes autobiographiques. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne <span style="color: #800000;"><em>Boojum</em></span> ; elle est désormais en accès libre dans l'<span style="color: #800000;"><em>Ouvroir</em></span>. </span></strong></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/65656058.jpg" id="media-1070901" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-1056707" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/02/3294398940.jpg" alt="ormesson2.jpg" />Il y a certainement deux catégories de lecteurs : ceux qui pensent que la <em>pléïadisation</em> de Jean d’Ormesson est un scandale national, et ceux qui pensent que c’est une juste récompense. J’appartiens à la seconde catégorie, et ne songe pas un instant à m’en justifier.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Ceci étant dit, passons au livre. Le second tome des <em>Œuvres</em> de Jean d’Ormesson en Pléiade jouit d’un sommaire composé par l’écrivain lui-même, juste avant sa mort en décembre 2017. Or, qui était Jean d’Ormesson ? De quelle origine ? Quelle famille ? Les lecteurs, prêts à affronter « le continent d’Ormesson », pensent sûrement en connaître des tonnes, tant en ce qui concerne l’œuvre que l’homme. Jean d’Ormesson est « un écrivain au temps où les écrivains français, hier encore triomphants à travers le vaste monde, sont en voie, sinon de disparition – il y en a encore beaucoup, et peut-être de plus en plus –, du moins de déclin : ils comptent moins aujourd’hui qu’il y a un siècle ou deux. » Et pourtant, heureux seront les lecteurs qui ouvriront ce deuxième tome, qui débute sur son livre autobiographique <em>Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée</em>, paru en 1978, titre emprunté à Mao Tsé Toung : « Bah ! Tout compte fait, qu’aurais-je été ? Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée ! », et qui va si bien à cet homme, né dans une vieille famille, portant un nom déjà très célèbre, et dont les fées se sont penchées sur le berceau, voyageur amusé dans une vallée en larmes, affecté une vie entière à la première classe.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070904" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/1812702879.jpg" alt="jean d'ormesson,philippe berthier,chateaubriand,homère,michel-ange,titien,rembrandt,virgile,charles baudelaire,mozart,marcel proust,shakespeare,bach,rené de chateaubriand,mao tsé toung,le figaro,françois mitterrand,racine,bossuet,fouquet,colbert,raymond aron,paul morand,louis aragon" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Jean d'Ormesson en compagnie de sa fille <br />Héloïse d'Ormesson, éditrice, chez lui, Neuilly sur Seine 2014.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">On a reproché à Jean d’Ormesson d’écrire toujours le même livre. Les lecteurs abordant ce deuxième tome de ses œuvres en seront donc pour leurs frais. Il débute par un récit autobiographique racontant les souvenirs de l’auteur à propos de ses parents, de son expérience grisante mais peu productive sur le plan littéraire à la direction du Figaro, mais aussi sur la société, le déclin de notre civilisation, la mort, et, bien sûr, la grande affaire de Jean d’Ormesson (la littérature et les livres), et se referme sur un autre texte autobiographique, écrit sous la forme d’un dialogue imaginaire entre l’auteur et son Surmoi <em>Je dirais malgré tout que cette vie fut belle</em>, hommage au poète Aragon, dans lequel, « mettant sa vie en procès », l’auteur revient sur sa famille, son enfance, sa vie, mais aussi, bien sûr, sur les tourbillons de l’histoire, l’effondrement du monde Ancien, l’arrivée du Nouveau, ainsi que Colbert, Fouquet, Bossuet, Racine, Mitterrand, Aron, Morand, Aragon, car, s’étonne l’académicien :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><blockquote><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">« Vous n’imaginiez tout de même pas que j’allais me contenter de vous débiter des souvenirs d’enfance et de jeunesse ? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des Mémoires. »</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Entre ces deux livres, dont le dernier parut chez Gallimard en 2016, quatre livres « décisifs » selon les mots du préfacier de cet ouvrage Philippe Berthier. <em>La Douane de mer</em>, sorte de « roman des romans » dans lequel Jean d’Ormesson imagine que son personnage principal est mort dès la première ligne, « le 25 juin […] peu avant midi » à la douane de mer, à Venise, et qu’il rencontre un esprit d’un autre monde, venu lui confier une haute mission, celle de rédiger un long rapport sur les mondes qu’il serait amené à rencontrer, occasion rêvée d’engager durant 72 heures, une très longue conversation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Tel que l’écrit dans sa très belle préface Philippe Berthier, pour Jean d’Ormesson, « le monde est un puzzle », car, en effet, il aimait les cosmogonies, les théodicées, il aimait à croire que notre monde était la complexité dans l’unité, que l’histoire et ses ruines révélaient un monde bâti telle une poupée russe, écrivant clairement ceci :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><blockquote><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> «Le monde est une poupée russe. Dans le grand roman de l’univers, il y a le roman de la terre. Dans le grand roman de la terre, il y a le roman de la vie. Dans le grand roman de la vie, il y a le roman de l’histoire. Dans le grand roman de l’histoire, il y a le roman de chacun de nous… »</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Plus antique que moderne, Jean d’Ormesson partageait avec la pensée grecque et latine, cette idée que l’univers était un tout dont nous étions une partie, et que notre raison était un des fragments de la raison divine gouvernant le monde, et, qu’il ne nous suffisait qu’à bien cerner cette raison pour revenir au tout du monde.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070902" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/2710620761.jpg" alt="jean d'ormesson,philippe berthier,chateaubriand,homère,michel-ange,titien,rembrandt,virgile,charles baudelaire,mozart,marcel proust,shakespeare,bach,rené de chateaubriand,mao tsé toung,le figaro,françois mitterrand,racine,bossuet,fouquet,colbert,raymond aron,paul morand,louis aragon" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Jean d'Ormesson, l'académicien amoureux de Venise</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Passé cette « gigantesque ambition littéraire » qui produit un excellent roman, paru en 1994, 4 ans après le somptueux <em>Histoire du Juif errant</em> (qui clôture la première Pléïade), c’est <em>Voyez comme on danse</em>, roman joyeux et mélancolique à la fois, roman du monde, roman de l’histoire et de sa grande hache, l’histoire et ses décombres dans lesquels Jean d’Ormesson se promène, mi-amusé mi-consterné, racontant la mort et la vie des civilisations, méditant sur la brièveté de l’existence, le sens des choses, leur non-sens aussi, en stoïcien moderne : « Ce que nous allions tous devenir… Nous allions tous mourir, comme Romain, qui était le plus vivant d’entre nous. Mais avant d’aller à la mort, et c’était pire, nous allions tous passer par la vie. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1126325" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/3598368198.png" alt="jean d'ormesson,philippe berthier,chateaubriand,homère,michel-ange,titien,rembrandt,virgile,charles baudelaire,mozart,marcel proust,shakespeare,bach,rené de chateaubriand,mao tsé toung,le figaro,françois mitterrand,racine,bossuet,fouquet,colbert,raymond aron,paul morand,louis aragon,académie française" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Au Café, que demande-t-on au garçon?</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Pour comprendre l’œuvre de Jean d’Ormesson, qui s’amuse avec l’histoire, la science, la physique quantique, la philosophie, la littérature, la politique, le bruit du monde, il faut accepter que l’auteur ne veuille jamais s’apitoyer, jamais sombrer dans le <em>pathos</em>, ne rien prendre suffisamment au sérieux au point d’avoir à plier sous le tragique de l’existence. Bousculant le genre du roman, l’académicien invente un roman du bonheur jubilatoire et désespéré à la fois, ce qui se retrouve bien dans <em>C’est une chose étrange que la fin du monde </em>paru en 2010, et, dans lequel, il raconte l’histoire du monde, et son accélération depuis déjà trois à quatre siècles, l’histoire insolite et rapide d’une intelligence hors norme qui va poindre durant quelques instants, et bousculer l’ordre mécanique et établi de l’univers, ainsi que les lois de la nature.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">« Les hommes découvrent et ils inventent. Quand ils découvrent, les unes après les autres, les lois cachées de la nature et ce qu’ils appellent la vérité, ils font de la science. Quand ils se livrent à leur imagination et qu’ils inventent ce qu’ils appellent de la beauté, ils font de l’art. La vérité est contraignante comme la nature. La beauté est libre comme l’imagination. / Copernic découvre. Galilée découvre. Newton découvre. Einstein découvre. Et chacun d’eux détruit le système qui le précède. Homère invente. Virgile invente. Dante invente. Michel-Ange, Titien, Rembrandt, Shakespeare, Racine, Bach et Mozart, Baudelaire, Proust inventent. Et aucun d’entre eux ne détruit les œuvres qui le précèdent. »</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Admirateur de Chateaubriand, auquel il a consacré plusieurs ouvrages, égotiste amusé, philosophe concerné, éminent stendhalien, Jean d’Ormesson nous laisse une œuvre monumentale, qu’il est urgent de lire et de relire, et, dans laquelle, hormis sa vie et son monde Ancien dont il nous raconte toutes les facettes, lui qui était un charmant conteur, un ami de l’art de la conversation, c’est le roman du monde et de l’humanité que nous découvrons, une sorte de poétique de l’histoire des hommes, le bruissement des choses éclairé de sa lampe-torche, et auquel sa plume donne vie, pour faire naître l’écho surprenant d’une chose étrange que peut être l’existence. L’existence d’un homme, lui, et l’existence de tous les hommes : nous. Et il n’est pas inutile de rappeler que la littérature compte parmi ses grands écrivains celui-ci qui nous quitta à l’hiver 2017, sans un bruit, ou presque, tel que le fera, peut-être l’humanité, après son bref voyage sur cette planète, et auquel Jean d’Ormesson aura donné un sens.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1070905" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/02/3294398940.jpg" alt="jean d'ormesson,philippe berthier,chateaubriand,homère,michel-ange,titien,rembrandt,virgile,charles baudelaire,mozart,marcel proust,shakespeare,bach,rené de chateaubriand,mao tsé toung,le figaro,françois mitterrand,racine,bossuet,fouquet,colbert,raymond aron,paul morand,louis aragon" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 10pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Jean d’Ormesson lors de son discours de réception à l’Académie française, le 6 juin 1974.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Jean d’Ormesson, <em>Œuvres II</em>, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1632 pages, septembre 2018.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Ce volume contient : <em>Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée – La Douane de mer – Voyez comme on danse – C’est une chose étrange à la fin que le monde – Comme un chant d’espérance – Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.</em></span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><em><br /></em><span style="font-size: 12pt; color: #800000;">En ouverture : <br />Jean d'Ormesson : chez Sophie des Déserts et Laurent Delahousse.</span></span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><em>__________________</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800000;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">À lire aussi dans l'<em>Ouvroir</em> : <a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2019/05/01/jean-d-ormesson-le-der-des-ders-3135296.html" target="_blank" rel="noopener">Jean D’Ormesson, le der des ders</a></span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><span style="color: #ff0000;"><span style="color: #800000;">À voir aussi :</span><br /><iframe width="480" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/bmWC_UY6WTM?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe></span></span></strong></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong>Jean d'Ormesson et Dieu (1990)</strong></span></p><h1 class="title style-scope ytd-video-primary-info-renderer"> </h1>
TEKOAhttp://www.iconotekoa.com/about.htmlCrucifixion de Pierre, par Michel-Angetag:www.iconotekoa.com,2014-04-03:30003962014-04-03T09:33:57+02:002014-04-03T09:33:57+02:00 Chapelle pauline, palais apostolique, Vatican
<p style="text-align: center;">Chapelle pauline, palais apostolique, Vatican</p><p style="text-align: center;"><img id="media-792989" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://www.iconotekoa.com/media/01/01/2982611430.jpg" alt="VatPaPierrecrucifié-4518.jpg" /></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlLa Pietàtag:textespretextes.blogspirit.com,2008-10-27:31093782008-10-27T08:31:00+01:002008-10-27T08:31:00+01:00 Elle penche le visage vers lui les yeux baissés, il repose les yeux clos...
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Elle penche le visage vers lui les yeux baissés, il repose les yeux clos dans ses bras largement ouverts. Tous deux sont d’une indicible sérénité. C’est une Pietà. C’est La <i>Pietà</i> de Michel-Ange. A l’Exposition Universelle de New York en 1964, le photographe Robert Hupka (1919 - 2001), chargé d’en prendre une photo pour un disque souvenir du Pavillon du Vatican, l’a photographiée sous tous les angles, dans différentes lumières, en couleurs, en noir et blanc, des milliers de fois. <em>"Et ainsi, tandis que je consacrais d'innombrables heures à ce travail de photographie, la statue devint pour moi un mystère toujours plus grand de beauté et de foi et je fus frappé par l'idée que le chef-d’œuvre de Michel-Ange n'avait jamais été vu dans toute sa grandeur, si ce n'est par un petit nombre de privilégiés."</em></span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Dans le Parc du Cinquantenaire, en face de l’entrée des Musées Royaux d’Art et d’Histoire, un long pavillon blanc abrite <em>La Pieta Michelangelo</em>, jusqu’au 30 novembre. Ces photographies de Robert Hupka circulent dans le monde depuis 1979. Bruxelles 2008 est la vingt et unième étape de cette aventure, expliquée sur le site de l’exposition. A l’entrée, des panneaux didactiques rappellent en quoi consiste le nombre d’or et montrent, dessins à l’appui, les proportions parfaites de la célèbre sculpture, montrée d’abord dans son cadre, celui de la Basilique Saint-Pierre du Vatican.</span></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: Times New Roman;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1939131326.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1572560595.jpg" alt="Pieta vue de dos.jpg" name="media-43576" id="media-43576" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center">D'après R. Hupka, photos visibles sur <a href="http://www.la-pieta.org">www.la-pieta.org</a> </div> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">On découvre ensuite un espace étrange, aux parois tendues de noir, sur lesquelles les photos en noir et blanc rayonnent. Est-ce la musique, la pénombre ? Les visiteurs vont silencieusement de l’une à l’autre, ou quand ils se parlent, chuchotent. On se croirait dans une église, dont le chœur réserve une surprise. De part et d’autre d’une copie de la <em>Pietà Rondanini</em>, <a target="_blank" href="http://www.universalis.fr/media-encyclopedie/87/PH00I395/encyclopedie/Pieta_Rondanini_Michel_Ange.htm" title="La Pietà Rondanini (Universalis)">sculpture inachevée</a> de Michel-Ange (conservée à Milan, au musée du château Sforza), sont exposés des agrandissements de cinq croquis au fusain, d’émouvantes esquisses du maître pour cerner la silhouette de la mère debout, soutenant le corps de son fils.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Dans la <em>Pietà</em>, véritable sujet de l’exposition, le visage de la Vierge, étonnamment jeune, est d’une douceur infinie. Hupka a tourné autour pour capter tous ses profils ; chacun révèle subtilement l’expression. Le drapé de sa coiffe, les plis de ses vêtements, les détails nous sont montrés de plus près que ce que voient les visiteurs du Vatican depuis qu’une vitre de protection les garde à distance (en 1972, un déséquilibré avait mutilé la sculpture à coups de marteau). Mains, pieds, cheveux, tissus, le photographe a tout regardé, cadré, éclairé, pour nous montrer cette Pietà comme peu d’hommes ont pu la voir.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">La figure du Christ est extraordinairement sereine. Il s’abandonne sur les genoux et dans les bras de sa mère, en toute confiance. Comment Michel-Ange peut-il rendre à ce point dans le marbre cet amour silencieux ? L’unité fusionnelle du groupe sculpté dans un seul bloc apparaît sous tous les angles, y compris les plus surprenants, sur les photos prises d’en haut.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">La Pietà de Michel-Ange éblouit et étonne. Chef-d’œuvre absolu de la Renaissance, sa beauté résiste aux siècles. Reste la question de la souffrance, ici évacuée. Et ces visages lisses. Pourquoi ces figures idéalisées ? Que signifient-elles ? Foi absolue ? Sublimation esthétique ? Cette perfection reste un mystère. Sœur Emmanuelle, vouée<br /> à la Vierge, attendait la mort comme un rendez-vous d’amour. <em>"C'est passionnant de vivre en aimant"</em>, dit-elle dans son <a target="_blank" href="http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/10/22/01011-20081022FILWWW00599-soeur-emmanuelle-le-testament-spirituel.php" title="Extraits dans Le Figaro">testament spirituel</a>. </span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Pour apprécier une sculpture en ronde-bosse, pour la voir vibrer dans la lumière, il<br /> faut tourner autour, le dialogue frontal ne suffit pas. C'est une gageure de la photographier. Pour ma part, je retiens cette magnifique photo de Robert Hupka qui montre la <em>Pietà</em> vue de dos, les jeux de la lumière dans les plis du manteau de la Vierge, la tête et les épaules légèrement inclinées. Ses bras ouverts sont éloquents : le bras droit retient délicatement la tête du Christ dans le creux du coude, la main gauche s’ouvre, donne, offre, comme en prière.</span></span></p>