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Tania
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L'âge du silence
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-05-14:3110289
2013-05-14T20:20:00+02:00
2013-05-14T20:20:00+02:00
« Un matin, alors qu’elle fouillait dans les caisses, elle découvrit...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Un matin, alors qu’elle fouillait dans les caisses, elle découvrit l’exemplaire moisi de </em>L’histoire de l’amour<em>. Elle n’avait jamais entendu parler du livre, mais le titre attira son attention. Elle le mit de côté et, un jour où il y avait peu de clients, elle lut le premier chapitre, intitulé </em>« L’âge du silence ».</span></p><p class="MsoNormal" style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><span style="font-size: small;">Le premier langage des humains était fondé sur les gestes. Il n’y avait rien de primitif dans ce langage qui coulait des mains des hommes et des femmes, rien de ce que nous disons aujourd’hui qui n’aurait pu se dire à l’aide de l’ensemble infini de gestes possibles avec les os minces des doigts et des poignets. Les gestes étaient complexes et subtils, ils nécessitaient une délicatesse de mouvement qui depuis a été complètement perdue. <br /></span></span></p><p class="MsoNormal" style="padding-left: 30px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><span style="font-size: small;">Pendant l’âge du silence, les gens communiquaient davantage, et non pas moins. La simple survie exigeait que les mains ne soient presque jamais au repos, et ce n’était que durant le sommeil (et encore) que les gens cessaient de se dire des choses. </span>»</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;">Nicole Krauss, <em>L’histoire de l’amour</em></span></span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1778565781.jpg" target="_blank"><img id="media-143414" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2490912563.jpg" alt="Krauss 2 couvertures.jpg" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;"><em><br /></em></span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;"><em><br /></em></span></span></p>
Tania
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D'une Alma à l'autre
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-05-13:3110288
2013-05-13T08:30:00+02:00
2013-05-13T08:30:00+02:00
Dédié en premier à ses grands-parents « qui (lui) ont appris le...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dédié en premier à ses grands-parents <em>« qui (lui) ont appris le contraire de la disparition »</em>, en second à <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jonathan_Safran_Foer" target="_blank">son époux</a>, le premier roman traduit en français de Nicole Krauss (par Bernard Hoepffner) s’intitule <em>L’histoire de l’amour</em> (2005). Comme dans <a title="Tiroirs du passé (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/02/20/tiroirs-du-passe.html" target="_blank"><em>La grande maison</em></a>, le récit déploie plusieurs intrigues, mais ses personnages que tout semble séparer vont peu à peu se rejoindre dans leur quête de vérité et de bonheur.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2413793639.jpg" target="_blank"><img id="media-143408" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2809060716.jpg" alt="krauss,l'histoire de l'amour,roman,littérature anglaise,etats-unis,écriture,amour,shoah,pologne,états-unis,chili,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;"><span style="line-height: 115%;">© </span><a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Lambert-Rucki" target="_blank">Jean Lambert-Ruck</a>i (Cracovie, 1888 - Paris, 1967) </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Il y a d’abord le vieux </span><a style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;" title="Incipit (en anglais)" href="http://nicolekrauss.com/historyoflove_anexcerpt.html" target="_blank">Léopold Gursky</a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> qui fait chaque jour</span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> « un effort pour être vu »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> par quelqu’un : demander quelque chose dans un magasin, hésiter, sortir sans rien acheter, par exemple. Ou même, expérience périlleuse, en réponse à une petite annonce, poser nu devant une classe de dessin pour quinze dollars. Léo a travaillé cinquante ans comme serrurier chez un cousin. Son ami d’enfance, Bruno, s’est installé dans le même immeuble que lui, il passe régulièrement et multiplie les attentions.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Enfant, Léo aimait écrire. Son premier livre parlait de Slonim, l’endroit où il vivait en Pologne, puis il a écrit une fiction <em>« pour la seule personne de Slonim dont l’opinion (lui) importait »</em> : son amie Alma. Son troisième livre, sa lectrice bien-aimée n’a pu le lire, partie en Amérique dès 1937 – <em>« Aucun Juif n’était plus en sécurité. »</em> Sa mère a sauvé Léo en l’envoyant se cacher dans la forêt, il y est resté trois ans et demi, avant de rencontrer des Russes et d’échouer pour six mois dans un camp de réfugiés. Les autres membres de sa famille n’ont pas survécu à la Shoah.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 1941, il est parti chez un cousin à New York. Quand il a retrouvé Alma, elle lui a appris qu’elle était enceinte de lui quand elle avait quitté la Pologne. Isaac, son garçon, est le frère d’un autre enfant né deux ans plus tard, Alma a épousé le fils de son patron. <em>« Tu as cessé d’écrire. Je te croyais mort. »</em> Elle refuse de le suivre à présent.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Une nuit, quelqu’un appelle Léo pour une porte à ouvrir à l’autre bout de la ville. Il ne travaille plus, mais l’homme insiste, et Léo va le dépanner. Dans la bibliothèque de cette belle maison, il y a un recueil de nouvelles d’Isaac Moritz, <em>Maisons de verre</em>. Léo étonne le propriétaire en se déclarant le père de l’écrivain – il suit la vie de son fils, année après année, il s’est même rendu à une de ses lectures publiques, sans jamais avoir trouvé la force de lui dire qui il était. Mais un jour, il met dans une enveloppe kraft toutes les pages qu’il a écrites et les lui envoie.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/620998303.jpg" target="_blank"><img id="media-143411" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3074601384.jpg" alt="krauss,l'histoire de l'amour,roman,littérature anglaise,etats-unis,écriture,amour,shoah,pologne,états-unis,chili,culture" /></a></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Alors commence le récit d’une autre Alma, </span><a style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;" title="Extraits du journal d’Alma Singer (A propos de livres)" href="http://aproposdelivres.canalblog.com/archives/2010/08/05/18750512.html" target="_blank">Alma Singer</a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, qui va avoir quinze ans. Elle écrit sur sa famille, sur son frère Bird, sur leur mère inconsolable de la mort de leur père. Celle-ci est traductrice. Un certain Jacob Marcus lui écrit pour lui demander de traduire en espagnol, contre une bonne rémunération, </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« L’Histoire de l’amour »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> de Zvi Lirvinoff, un Polonais exilé au Chili en 1941, un livre publié par une petite maison d’édition et devenu quasi introuvable. Or l’héroïne de ce roman porte le même prénom qu’Alma. Coïncidence qui ne va cesser de l</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18px;">’</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">intriguer.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Et puis Léo Gursky apprend par le journal la mort de son fils romancier à l’âge de soixante ans. Il décide d’aller à ses funérailles, s’achète avec peine un costume convenable et arrive en retard, à la fin de la cérémonie. Bernard, le demi-frère d’Isaac, n’accorde de l’attention au vieillard que lorsqu’il lui parle de Slonim. Chez Bernard, Léo reconnaît une photo d’Alma enfant avec lui, que ses fils ont trouvée à la mort de leur mère quelques années plus tôt. Il la subtilise avant qu’on le reconduise chez lui.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title=""L’Histoire de l’amour" par Nicole Krauss, l'épouse "star" de Jonathan Safran Foer en lice pour la rentrée littéraire 2006 (7/8/2006)" href="http://www.buzz-litteraire.com/post/2006/08/04/246-lhistoire-de-lamour-nicole-krauss" target="_blank"><em>L’histoire de l’amour</em></a>, par tours et détours, révèle peu à peu les dessous de <a title="Collage en ligne (tumblr.com)" href="http://www.tumblr.com/tagged/history%20of%20love" target="_blank">textes</a> écrits par quelqu’un, confiés à quelqu’un d’autre, et leurs voyages dans l’espace et dans le temps. A Slonim, Alma avait plus d’un admirateur : <em>« Elle était douée pour garder les secrets. »</em> A New York, la jeune Alma Singer espère un improbable rendez-vous avec une autre Alma. Il faut parfois se perdre pour trouver.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans un <a title="« Pourquoi écrire quand toute joie a disparu ? » : entretien avec Nicole Krauss, par Natalie Levisalles (Libération, 14/9/2006)" href="http://www.liberation.fr/livres/010160278-pourquoi-ecrire-quand-toute-joie-a-disparu" target="_blank">entretien</a>, Krauss répond à la question <em>« A quoi sert la littérature ? »</em> : <br /><em>« <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saul_Bellow" target="_blank">Bellow</a> disait que la littérature est une compensation pour la méchanceté du monde. J’aime ce mot : compensation. Je dirais aussi que la littérature est une longue conversation sur ce que c’est d'être humain. Les grands livres nous empêchent de nous recroqueviller face à la peur, ils réduisent la distance entre les individus, ils nous enseignent l’empathie. »</em> (Libération)</span></p>
Tania
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Anfractuosité
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-02-23:3110243
2013-02-23T08:30:00+01:00
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« Nous sommes en quête de schémas, voyez-vous, et tout ce que nous...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Nous sommes en quête de schémas, voyez-vous, et tout ce que nous trouvons, c’est l’endroit où ils se brisent. Or, c’est là, dans cette anfractuosité, que nous plantons notre tente et attendons. »</span></em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;">Nicole Krauss,</span><a title="Tiroirs du passé (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/02/20/tiroirs-du-passe.html" target="_blank"><em><span style="font-size: medium;"> La grande maison</span></em></a></span><a title="Tiroirs du passé (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/02/20/tiroirs-du-passe.html" target="_blank"><span style="font-size: 11px;"> </span></a></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2168161459.jpg" target="_blank"><img id="media-140235" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2595277340.jpg" alt="krauss,la grande maison,roman,littérature anglaise,etats-unis,récits,écriture,bureau,souffrance,secrets,extrait,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 14.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;"><br /></span></em></span></p>
Tania
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Tiroirs du passé
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-02-21:3110242
2013-02-21T08:30:00+01:00
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Un récit à tiroirs, est-ce ce que nous sommes les uns pour les...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Un récit à tiroirs, est-ce ce que nous sommes les uns pour les autres ? C’est sur cette question que je referme <em>La grande maison</em> de <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicole_Krauss" target="_blank">Nicole Krauss</a> (<em>Great House</em>, 2010, traduit par Paule Guivarch). Un roman qui déroute d’abord, avec ses différentes histoires sans lien apparent, anamnèses traversées par la douleur, plongeons en eaux profondes de narratrices et de narrateurs, où peu à peu nous nous imprégnons de la température ambiante, entrons dans l’écoute, de plus en plus vigilants au fur et à mesure que les récits se déroulent, comme hypnotisés.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/65584740.jpg" target="_blank"><img id="media-140226" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3398085650.jpg" alt="krauss,la grande maison,roman,littérature anglaise,etats-unis,récits,écriture,bureau,souffrance,secretsjculture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">http://debarras-vide-grenier.blogspot.be/</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"><a title="Premières lignes du roman (Passion du livre)" href="http://www.passiondulivre.com/livre-104008-la-grande-maison.htm" target="_blank">Une femme raconte</a> l’hiver 1972, quand son petit ami l’a quittée après deux ans – elle est au chevet d’un homme dans un hôpital de Jérusalem – </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« Parlez-lui »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, lui a-t-on dit après lui avoir nettoyé le sang qu’elle avait sur les mains. Le piano et les meubles de R enlevés, il ne restait alors quasi rien dans son appartement new-yorkais, mais un vieil ami à elle connaissait quelqu’un, Daniel Varsky, un poète, qui repartait pour le <a title="Ombres chiliennes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/06/11/ombres-chiliennes.html" target="_blank">Chili</a> et cherchait </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« un havre pour ses meubles ».</em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Elle aussi écrivait de la poésie, et deux semaines après une conversation et une nuit mémorables chez le jeune poète, les meubles étaient arrivés chez elle. C’est sur le bureau de Daniel Varsky – qui aurait appartenu à Lorca – qu’elle a écrit son premier roman. Au début, il lui avait envoyé des cartes postales, après le coup d’Etat, plus grand-chose, puis plus rien : le poète disparut, assassiné.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 1999, la fille de Daniel Varsky téléphone à la romancière pour savoir si le bureau de son père est encore en sa possession. Ce bureau sur lequel elle a rédigé sept romans, où elle en train d’en écrire un nouveau, un énorme meuble à dix-neuf tiroirs de différentes tailles est devenu un véritable compagnon. Mais elle ne peut faire autrement qu’acquiescer, et lorsque Leah Weisz, fille d’une brève liaison de Varsky avec une Israélienne de passage à Santiago, vient lui rendre visite, elle apprend que cette jeune pianiste va bientôt rentrer chez elle, à Jérusalem, où le bureau sera expédié.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Des gens lui racontent des histoires, elle en fait des nouvelles, des romans, sans penser à ceux qui pourraient en souffrir, croyant <em>« qu’un écrivain ne doit pas être entravé par les conséquences de son travail. »</em> Au gisant, elle raconte aussi ce qu’elle n’a confié ni à sa psy ni à son mari qui a fini par la quitter après dix ans de mariage et d’éloignement progressif : les cris d’enfant qu’elle seule entendait, les crises d’anxiété, les accès de panique… Finalement, elle décide de se rendre à Jérusalem.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">C’est là que vit le narrateur suivant, un vieil homme dont l’épouse vient de mourir. De leurs deux fils, Uri a toujours été pour eux le plus attentionné, disponible, serviable. Dov était le « mauvais » fils, difficile dès sa naissance, et quand il revient de Londres pour tenir compagnie quelque temps à son père, celui-ci se rappelle comment un mur d’incompréhension s’est dressé entre eux, le garçon refusant de s’expliquer, et lui incapable de comprendre pourquoi son gamin écrivait <em>« l’histoire d’un requin qui endosse toutes les émotions humaines ».</em> Pourquoi son fils a-t-il démissionné ? Pourquoi revient-il, celui qui s’est toujours tenu à l’écart ?</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans chacun des chapitres de <em>La grande maison</em>, il y a quelqu’un qui raconte, il y a quelqu’un qui écrit – parfois c’est le même, parfois non. Lotte Berg, forcée de quitter sa maison de Nuremberg à l’âge de dix-sept ans, après une année dans un camp de transit en Pologne avec ses parents, est arrivée en Angleterre comme accompagnatrice d’un <em>« <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kindertransport" target="_blank">Kindertransport </a>»</em> de quatre-vingt-six enfants en 1939. Elle est restée un mystère aux yeux de son mari professeur à Oxford, qui a toujours respecté ses silences et son besoin de solitude. Le jour, Lotte travaille à la British Library ; le soir, elle écrit des histoires dans une pièce où lui ne met jamais les pieds et où trône un meuble en bois foncé<em> « tel le bureau d’un sorcier du Moyen Age »</em> auquel elle est attachée, <em>« un cadeau ». </em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 1970, <a title="Extrait à écouter" href="http://www.telerama.fr/livre/lecture-la-grande-maison-de-nicole-krauss-ed-de-l-olivier,68294.php" target="_blank">un étudiant sonne chez eux</a>, demande à la voir. Daniel Varsky a l’âge de l’enfant qu’ils n’ont pas eu. Le mari de Lotte mettra des mois à se rendre compte qu’en son absence, Lotte lui a donné son <a title="« Nicole Krauss : ma vie est un bureau », Entretien (BibliObs, 31/5/2011)" href="http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20110531.OBS4249/nicole-krauss-ma-vie-est-un-bureau.html" target="_blank">bureau</a>. Il nous reste ensuite à faire connaissance avec la famille Weisz, un père antiquaire (de meubles très particuliers) et ses deux enfants inséparables, Leah et Yoav, quand Isabel, étudiante en littérature, tombe amoureuse de ce dernier à Oxford en 1998, lors d’une soirée. Leur chemin passera par la <a title="Un extrait sur le blog d'Adrienne" href="http://adrienne.skynetblogs.be/archive/2013/02/13/k-comme-krauss.html" target="_blank">Belgique</a>.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans la seconde partie du <a title="« Une poignée de vies » par Marie-Laure Delorme (Le Journal du Dimanche, 2/5/2011)" href="http://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Actualite/Nicole-Krauss-livre-son-nouveau-roman-307859" target="_blank">roman</a>, les récits reprennent, dans un autre ordre. Les maisons, les meubles y ont une grande importance. Moins tout de même que les êtres avec qui on partage son existence. Parents et enfants, couples avec ou sans enfant, le thème de la famille est partout dans cette succession d’histoires troublantes, où rôde aussi la mémoire de la Shoah. Que sait-on de ceux avec qui nous vivons ? Que disons-nous de nous-mêmes, que dissimulons-nous ? Faut-il laisser à la <a title="Un extrait sur Biblioblog" href="http://www.biblioblog.fr/post/2012/04/12/La-grande-maison-Nicole-Krauss" target="_blank">mort</a> le soin d’ensevelir ou de révéler les secrets d’une vie ? </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Poète et romancière américaine, Nicole Krauss, née en 1974, a reçu le prix du Meilleur livre étranger en 2006 pour <em><a title="Lecture de Anne-Sophie Demonchy (La Lettrine)" href="http://www.lalettrine.com/article-4116618.html" target="_blank">L’Histoire de l’amour</a>. « Entre Mikhaïl Boulgakov et Paul Auster, à la fois sinueuse et précipitée comme les chemins de l'inconscient, Nicole Krauss crée un ondoyant suspense de l'intime, louvoie dans les impasses fantomatiques des êtres qui font corps avec leur environnement. »</em> (Marine Landrot dans <a title="La critique" href="http://www.telerama.fr/livres/la-grande-maison,68327.php" target="_blank"><em>Télérama</em></a>, 2/5/2011)</span></p>