Last posts on hölderlin2024-03-29T01:44:24+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/hölderlin/atom.xmlMarc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.htmlDire l'indicible. De Heidegger à Wittgensteintag:marcalpozzo.blogspirit.com,2020-06-05:31500832020-06-05T06:16:00+02:002020-06-05T06:16:00+02:00 Si donc tout est structuré comme un langage (idée qui sera reprise par le...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Si donc tout est structuré comme un langage (idée qui sera reprise par le psychanalyste Jacques Lacan au XXe siècle lorsqu’il parlera de l’inconscient), il faut considérer que le langage ne dit rien d’extralinguistique, mais, qu’au fond, le langage se dit lui-même. <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/martin-heidegger/" target="_blank" rel="noopener">Heidegger</a></span> va, à la suite de <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/friedrich_nietzsche/" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a></span>, attirer l’attention sur les liens entre les options constitutives de la métaphysique et la représentation traditionnelle de la langue, afin de réviser les rapports entre langage et pensée. Petite méditation contemporaine en cette période de cacophonie générale. En accès libre dans l'<span style="color: #800000;"><em>Ouvroir</em></span>. </span></strong></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/00/3947730165.jpg" id="media-1090545" alt="" /></p><h6><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-1090547" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/3456204179.2.jpg" alt="acheminement vers la parole.jpg" /><span style="font-size: 14pt;"><strong>Dire l’ineffable</strong></span></span></h6><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Dans son recueil d’essais intitulé <em>Acheminement vers la parole</em>, publié en 1959, Martin Heidegger expose la possibilité d’une nouvelle approche du langage destiné à l’arracher à la façon dont il avait été conçu aussi bien par la tradition philosophique, que plus récemment, par la linguistique, dominée par la conviction que les représentations <em>métaphysico-linguistiques du langage</em> ont laissé échapper, voire qu’elles ont recouvert l’essence véritable du « parler », et ce, fondamentalement, pour deux raisons :</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;">La première, pensant que, parler, selon ces représentations, c’est s’exprimer : réduite au simple moyen d’expression, la langue ne permet plus d’extérioriser et de communiquer les mouvements intérieurs de notre subjectivité. La question revient alors à interroger la notion de « monde intérieur », en postulant une conception selon laquelle être, pour le sujet humain, c’est être ce que l’on est à partir de soi et dans son rapport à soi, puis déplier et déployer cette dimension du « soi » dans le monde « extérieur », conception de l’intériorité notablement critiquée par <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2020/02/23/qu-est-ce-qu-une-crise-3147192.html" target="_blank" rel="noopener">Husserl</a></span> puis <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2013/09/17/l-humanisme-de-sartre-2978158.html" target="_blank" rel="noopener">Sartre</a></span>.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;">La seconde concerne la dénonciation d’Heidegger quant à la considération que le langage est le propre de l’homme : cette idée prétendant que la <strong>parole</strong> est le propre de l’homme, en fondant son essence, nous amène à nous demander s’il pourrait y avoir une humanité sans la présence du langage chez l’homme. Par ailleurs, cela nous conduit à se demander si l’homme pourrait se constituer en-dehors de son rapport à la langue. Heidegger répond qu’il faudrait plutôt se dire que « c’est la langue qui parle » et que, par conséquent, « l’homme serait plutôt une promesse de la langue », ce qui revient à dire que ce serait plutôt la conscience humaine qui serait un produit de la parole, plutôt que la parole, un produit d’une conscience qui lui préexisterait.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;">À l’inverse des thèses du linguiste Ferdinand de Saussure, qui pensait que la langue est un produit de la subjectivité, Heidegger propose de reconsidérer le système de signes permettant l’expression sensible d’une intériorité, en en appréhendant la notion. Relisant le passage d’Aristote, où le philosophe antique propose de considérer les mots parlés comme les signes des mots écrits, il faut alors imaginer le signe comme montrant la chose elle-même qu’il désigne. Alors, le monde devient un dévoilement par le signe, dans son être le plus intime. Et, la meilleure fonction du langage se trouverait alors dans la langue du poète. Hölderlin, Rimbaud, nous dit Heidegger, n’expriment pas seulement des signes, ils nous dévoilent un monde.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1090551" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/02/3349865698.2.jpg" alt="holderlin.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Hymnes et autres poèmes (1796-1804)</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;">C’est alors que, dans cet « acheminement vers la parole » il s'agit de voir, moins la langue comme l’instrument de la communication intersubjective que la « demeure de l’être », autrement dit, le lieu où se trouve à se manifester ce par quoi il y a pour nous un monde. Dans l’esprit de Heidegger, ce n’est qu’à travers la langue que le monde nous est donnée. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">S’il est désormais acquis, que les mots ne désignent ni les choses ni des idées extérieures à ces mots, mais qu'ils désignent plutôt des idées qui ne sont rien en dehors des mots qu'on utilise pour les dire, faut-il penser qu'il est impossible de tout dire ? Non pas dans la sphère sociale, où il est exigé ou plus prudent de ne pas tout dire, surtout ce que l'on pense, mais plutôt ce que nous avons en tête, ce que l’on peut donc ranger du côté de l'ineffable, de l'indicible, de cette impossibilité de dire ce qu'on a à l'esprit.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Seulement, cette impossibilité éprouvée n'est pas une impossibilité prouvée : ce n'est pas parce qu'on n'a pas trouvé les mots pour dire quelque chose que ce n'était pas possible absolument parlant. Qu'on ait été incapable de dire quelque chose ne signifie pas nécessairement qu'il était absolument impossible de le faire. De plus, on pourrait renverser l'interprétation qu'on donne de cette impossibilité : au lieu de soutenir qu'on n'a pas pu dire ce que l'on pensait, on pourrait dire que c'est parce qu'on n'avait en réalité rien à dire qu'on n'a pu le dire.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Par exemple, parmi les écrivains du XXe siècle, un certain nombre ont relevé le défi de forer les limites du langage. Que ce soit Edmond Jabès, Maurice Blanchot ou encore <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2009/12/13/ruines-circulaires-2-duras-et-sa-solitude.html" target="_blank" rel="noopener">Marguerite Duras</a></span>, leur œuvre est le témoignage de cette lutte contre la défaite de la pensée et des mots, au niveau du référent, et dans le rapport à l’image et à la représentation. Prenons l’innommable chez Jabès, puisque toute son œuvre s’ébauche autour du Nom imprononçable de Dieu au lendemain de la Shoah ; chez Blanchot, l’inénarrable se situant davantage au niveau du récit : sa recherche épouse les contours effrayants de la mort, infiniment autre, et chez Duras, enfin, c’est au cœur du dialogique que jaillit l’incommunicable : son écriture s’attelle plutôt à scruter l’indicible qui s’installe entre les êtres, et plus particulièrement entre les sexes radicalement incompatibles.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">On l'a donc compris, il s'agit plutôt de savoir quelles sont les causes qu'on peut trouver pour expliquer ce phénomène, cette expérience, et à partir de là, de savoir si ces causes permettent de dire qu'il existe en effet des choses qu'on ne peut pas dire, ou si cette expérience n'est en réalité qu'un <strong>malentendu,</strong> ce dont parlera le psychanalyste Jacques Lacan dans un séminaire sur le malentendu, disant : « Je suis un traumatisé du malentendu. Comme je ne m'y fais pas, je me fatigue à le dissoudre. Et du coup, je le nourris. »</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1090552" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/02/02/3870269030.jpg" alt="lacan.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Jacques Lacan</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Mais dire que l’on trouve des choses qu'on ne peut pas exprimer, c'est d'abord dire qu'il y a des choses que certaines personnes déclarent ne pas pouvoir exprimer : « Je ne sais pas comment dire, je ne sais pas bien parler, je ne trouve pas les mots, je n'arrive pas vraiment à dire ce que je veux dire… »</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Aussi, les mots ne nous manquent jamais tant, que lorsqu'il s'agit de décrire quelque chose qui se trouve en nous ou en dehors de nous, ce qui semble indiquer que l'ineffable serait causé par les objets : certains objets seraient impossibles à décrire ou difficiles à décrire, comme par exemple rendre avec précision toutes les palettes du bleu d'un ciel.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Et souvent on incrimine la langue lorsqu’on parvient à l’ineffable, disant : « Il n'y a pas de mot pour dire cela ». Or, dire que le réel est trop riche en détermination, c'est comme dire que la langue est trop pauvre en mots, ou a un lexique trop réduit pour tout dire. Mettre en cause les choses, c'est comme mettre en cause la langue, dans la mesure où les choses ne seraient pas en cause précisément si les mots que la langue met à notre disposition, nous permettaient de dire toutes les choses. À l'inverse donc, dire que ce sont les choses qui sont ineffables, parce qu'indescriptibles, cela revient à dire que ce sont les langues qui ne nous offrent pas les ressources lexicales nécessaires à l'expression de toute chose.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Pour <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/archive/2014/03/03/hegel-le-vrai-est-le-tout-3139616.html" target="_blank" rel="noopener">Hegel</a></span>, le réel peut être entièrement exprimé par la pensée et le langage. Mais il peut arriver que la pensée soit encore à l'état de fermentation, et que, dans cet état la pensée n'ait pas encore trouvé ses mots. Si tel est le cas il est alors évident qu'on ne peut pas la dire : elle n'est pas encore tout à fait une pensée.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><h6 style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">Ce qui ne peut se dire doit se taire</span></strong></span></h6><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-1090557" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/00/3300645142.png" alt="tractacus.png" />Le philosophe Wittgenstein pense que l’usage correct du langage est d'exprimer les faits du monde, et que, seules les sciences de la nature sont habilitées à dire ce qui est vrai ou faux, puisqu’elles comportent en majeure partie des propositions véritables. Mais tout ce qui relève de l’éthique ou de l’esthétique, comme les valeurs, le bien, le beau, Dieu et ce qui est le plus important dans la vie, réside en dehors du monde et ne peut donc être dit, étant ainsi hors de la science. Loin de rechercher à discréditer la métaphysique, Wittgenstein met le doigt sur l'importance de l'indicible et de l'impensable de manière mystique.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Dans ce cadre, c’est à la philosophie que revient la mission de dire justement ce que le langage ne peut pas dire. La philosophie n'est pas qualifiée à dire quelque chose du monde, parce que le langage qu'elle utilise n'a pas la clarté du langage logique. Et les philosophes deviennent la proie des pièges que la langue leur tend. Il faut donc au philosophe une langue claire et précise et, pour Wittgenstein, la philosophie doit être cette activité de clarification du langage.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Aussi, si la philosophie doit montrer la forme logique de la réalité, « ce qui peut être montré ne peut pas être dit ». En voulant montrer l'indicible, le philosophe se condamne au silence, comme en témoigne l'aphorisme qui clôt le <em>Tractatus logico-philosophicus</em> : «<span style="color: blue; background: white;"> </span>Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence. » On peut évidemment appliquer ceci au <em>Tractatus</em> lui-même.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Cet ouvrage est écrit dans une langue. Que dire des phrases qui cherchent à dire ce qui ne peut être dit ? Elles sont aussi dénuées de sens.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1090548" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/1726929319.jpeg" alt="wittgenstein.jpeg" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Ludwig Wittgenstein</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">L’écrivain Marcel Proust fait remarquer ironiquement dans son roman le <em>Temps Retrouvé</em> que les gens vont au concert, et quand le spectacle est terminé, les mélomanes poussent des cris « bravo ! » : mais il faudrait que le bravo devienne une analyse fine de ce qui s’est passé. Les gens hurlent pour éviter d’analyser leurs impressions Chemin très long de la gestuelle naturelle inarticulée à l’articulation. C’est le passage sur les « célibataires de l’art » qui n’ont pas appris à articuler leurs impressions esthétiques (comme des enfants qui n’auraient jamais appris ce nouveau comportement de douleur dont parle Wittgenstein) </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #800000;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">En couverture : Michel Paysant, <em>Matisse et après</em> (dessin volé) 2013/2014 Eyedrawing Tirage pigmentaire sur papier Hahnemühle 300 x 400 cm (en 12 panneaux de 100 x 100 cm)</span></strong></span></p>
Marie GILLEThttp://bonheurdujour.blogspirit.com/about.htmlLivres du matin / du midi / du soir.tag:bonheurdujour.blogspirit.com,2020-04-03:31487322020-04-03T07:54:55+02:002020-04-03T07:54:55+02:00 Le matin, ce livre incontournable, magnifique, essentiel, livre-chevalier,...
<em><strong>Le matin, ce livre incontournable, magnifique, essentiel, livre-chevalier, <u>Le monde du silence</u>, de Max Picard. On y retrouve des passages forts, comme celui de la page 49 sur la parole dépouillée du silence : « chaque parole est donnée dans cette rumeur générale qui est tout autour de l’homme, c’est-à-dire que tout émerge continuellement de cette rumeur et y disparait continuellement. »<br />Vers le midi, souvent pendant que le déjeuner est en train de se préparer, le journal quotidien – bien qu’on le reçoive irrégulièrement, on en garde un par jour. En alternance avec des poèmes d’Hölderlin à propos duquel on a regardé un documentaire très intéressant sur Arte.<br />Le soir, retour encore à un essentiel : <u>Raison et sentiments</u>, de Jane Austen. « La famille Dashwood habitait depuis longtemps dans le Sussex. »<br /><br /></strong></em>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlDans la lumière grecque (Philippe Sollers)tag:jolivier.blogspirit.com,2017-03-16:33278902017-03-16T08:20:00+01:002017-03-16T08:20:00+01:00 Les puristes diront : ce n'est pas un roman. Il n'y a pas de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/01/946592196.jpeg" target="_blank"><img id="media-222172" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/3494049547.jpeg" alt="images.jpeg" /></a>Les puristes diront : ce n'est pas un roman. Il n'y a pas de personnages, pas d'intrigue, pas de début, pas de fin. Ils auront raison. Mais, bien sûr, ils seront passés à côté du livre, sans entrer dans son jeu, ni en saisir l'enjeu. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Comme tous les « romans » de Philippe Sollers, <em>La Beauté</em>* commence par une invitation au voyage. Le narrateur (dont on ne connaîtra ni l'âge, ni le nom) retrouve Lisa, une jeune pianiste grecque, sur une île d'Égine, au sud-ouest d'Athènes. Débute alors un voyage dans le temps et l'espace. On sait que pour les écrivains la mort n'existe pas. Bien vite, autour du couple d'amoureux, c'est la ronde des fantômes. Les déesses et les dieux de la mythologie s'invitent dans leur voyage, avec leurs aventures très peu politiquement correctes. La belle lumière grecque aimantent d'autres fantômes : le philosophe Martin Heidegger, puis le poète Hölderlin. <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/00/1773938884.jpeg" target="_blank"><img id="media-222174" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/3814216152.jpeg" alt="Unknown-2.jpeg" /></a>Celui-ci permet à l'écrivain de faire le lien avec sa ville natale, Bordeaux, où le poète allemand a séjourné, avant sa lente plongée dans la folie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Autres temps, autre ville, mais même lumière. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/3777080947.jpeg" target="_blank"><img id="media-222173" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/1096406031.jpeg" alt="Unknown-1.jpeg" /></a>On suit les pérégrinations de ce couple amoureux qui se sépare pour mieux se retrouver, parcourt le monde, se donne rendez-vous dans les endroits les plus improbables. L'amour, ici, vibre au rythme de la musique, forme souveraine de la beauté. On croise Anton Webern juste avant que le compositeur viennois, sorti sur sa terrasse pour fumer un cigare, ne soit abattu par un soldat américain. Tragique méprise ! On croise aussi Bach, bien sûr, autre héraut de la beauté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">La beauté traverse toutes les époques : c'est pourquoi nous sommes toujours bouleversés, aujourd'hui, par un tableau de Carpaccio, un poème de Hölderlin ou un roman de Joyce, les <em>Variations Goldberg</em> de Bach ou les<em> lieder</em> de Webern. Le temps n'a pas d'emprise sur elle. La beauté est souveraine et nous parle toujours, dans une langue que Sollers transcrit au plus près de ses vibrations musicales. Sans véritable commencement, ni vraie fin, ce roman se déploie comme une fugue avec ses diverses variations (le plaisir, la terreur, l'érotisme, etc.) Certes, l'épilogue fait défaut, répèteront les puristes. Mais tout le livre baigne dans une lumière à la fois douce et fraîche qui imprègne longtemps le lecteur.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">* Philippe Sollers, <em>La Beauté</em>, roman, Gallimard, 2017.</span></strong></p>
Marc Alpozzohttp://marcalpozzo.blogspirit.com/about.htmlPeut-on parler de la fin de la métaphysique ? (Heidegger & Nietzsche)tag:marcalpozzo.blogspirit.com,2016-10-05:30785402016-10-05T11:02:00+02:002016-10-05T11:02:00+02:00 Heidegger n’en aura jamais fini d’écrire sur Nietzsche . Après son...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/martin-heidegger/" target="_blank" rel="noopener">Heidegger</a></span> n’en aura jamais fini d’écrire sur <span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="http://marcalpozzo.blogspirit.com/friedrich_nietzsche/" target="_blank" rel="noopener">Nietzsche</a></span>. Après son mémorable ouvrage sobrement intitulé Nietzsche, voici une édition inédite autour de la très problématique question de la métaphysique dans l’oeuvre de l’auteur du Zarathoustra.</strong></span></p><p><img src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/02/1013161504.jpg" id="media-930980" alt="" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-1084843" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/518911050.jpg" alt="heidegger,nietzsche,hölderlin,adeline froidecourt" />Voici donc une œuvre tout à fait captivante qui réunit à la fois un texte sur l’achèvement de la métaphysique mené à bien par Nietzsche selon Heidegger et un texte croisé entre un penseur et un poète : Nietzsche et Hölderlin. Cet ouvrage réunit donc deux cours que Heidegger souhaitait publier ensemble.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-family: Georgia;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Le premier : « La métaphysique de Nietzsche » ne se présente pas comme un exposé de doctrine, mais amène à comprendre comment la pensée de Nietzsche est tout entière animée par la métaphysique, au point qu'elle lui donne son ultime visage.<br />En effet, tandis que Nietzsche s’affirme l’initiateur d’un commencement réellement nouveau en philosophie, Heidegger voit en lui, au contraire, l’achèvement grandiose et inquiétant de la métaphysique occidentale. Par le primat que s’arroge ici la notion de valeur, par l’effacement complet de l’idée de l’Être, par le concept de la volonté de puissance où culmine la prétention du sujet à «arraisonner» l’étant selon les normes planifiées de la technique, par l’apologie du surhomme (qui confirme les ambitions mortelles du sujet), enfin par tous les préjugés dans lesquels se véhicule <strong>l’impensé</strong> de la tradition métaphysique, la philosophie nietzschéenne, selon Heidegger, appartiendrait à l’histoire de «l’oubli de l’être» qui, à ses yeux, définit l’essence de cette métaphysique. L’examen des écrits de Nietzsche cautionne malaisément une telle lecture dont, toutefois, on peut admirer l’envergure et la richesse.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1071167" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/02/3349865698.jpg" alt="heidegger,nietzsche" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Des idées et des hommes : Heidegger et Hölderlin (1956)<br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Le second texte, sobrement intitulé « Introduction à la philosophie, Penser et poétiser » a pour but d’approfondir ce qui a déjà été vu dans « La métaphysique de Nietzsche » : l'achèvement de la métaphysique signe la nécessité du rapport entre pensée et poésie.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">On peut alors parler d’un commentaire axé sur le thème de l’interprétation et de la vérité qui se révélerait apte à protéger le dynamisme constructeur de la pensée nietzschéenne, spécialement contre les tentatives répétées d’annexer Nietzsche à des formalismes dogmatiques dont il a pourtant lui-même donné, par anticipation, la réfutation magistrale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><blockquote><p style="text-align: right;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">« La guise de cette pensée est « bâtisseuse ». Elle édifie quelque chose de tel qu’il ne se tient pas du tout encore – et n’aura peut-être jamais à se tenir comme ce qui est là devant. Edifier, c’est ériger. »</span></p></blockquote><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Nietzsche qui s’est d’abord appliqué à montrer que l’interprétation métaphysique constitue une falsification délibérée, reproche au métaphysicien de donner une lecture défectueuse du texte de la nature. «Halluciné des arrière-mondes», le métaphysicien ne déchiffre pas les phénomènes tels qu’ils sont, il les escamote sous des projections fantasmatiques. Il forge le concept de l’«être» par haine du devenir et de la vie. Or, puisque seule existe cette réalité que l’on s’acharne à disqualifier en la taxant de simple apparence, il faut conclure que la métaphysique n’est qu’une fabulation autour du néant. L’Idéal, c’est le néant érigé en idole. Car « l’homme, selon Nietzsche, cherche un principe au nom duquel il puisse mépriser l’homme; il invente un autre monde pour pouvoir calomnier et salir ce monde-ci; en fait, il ne saisit jamais que le néant et fait de ce néant un «Dieu», une «vérité», appelés à juger et à condamner cette existence-ci»</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-1071168" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/01/01/3842225432.jpg" alt="heidegger,nietzsche, hölderlin" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Nietzsche<br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Ainsi donc, en tant que penseur de ce temps de l'achèvement de la métaphysique, Nietzsche en vient à être poète. Poète de ce temps, tel Hölderlin qui en vient à être penseur. De cette étonnante proximité de la pensée et de la poésie, Heidegger propose une méditation qui prend sa source dans l'histoire, car Nietzsche et Hölderlin sont penseurs et poètes dès qu'il leur faut se confronter à ce qui, en notre temps, «est». De fait, dans cette dialectique mettant en question le rapport entre pensée et poésie, nous sommes habilement amenés à penser à partir de ce qui nous concerne tous essentiellement.<br /><br /></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1071169" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://marcalpozzo.blogspirit.com/media/00/01/794495525.png" alt="heidegger,nietzsche, hölderlin" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 10pt;">Martin Heidegger<br /><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><strong>Achèvement de la métaphysique et de la poésie : La Métaphysique de Nietzsche - Introduction à la philosophie. Penser et poétiser, trad. de l'allemand par Adeline Froidecourt, 208 pages, Collection Bibliothèque de Philosophie, série Œuvres de Martin Heidegger, Gallimard, Mars 2005</strong></span></p>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlLes livres de l'été (21) : Patrick Amstutztag:jolivier.blogspirit.com,2013-07-31:33277382013-07-31T04:40:00+02:002013-07-31T04:40:00+02:00 L’époque est cruelle aux poètes. On ne parle que chiffres, rigueur,...
<p><img id="media-121243" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/2088569586.jpeg" alt="images-1.jpeg" /></p><p class="MsoBodyTextIndent"><span style="font-size: 10pt;">L’époque est cruelle aux poètes. On ne parle que chiffres, rigueur, profit, croissance, chômage, austérité. Le Sud (toujours le Sud…) est rongé par les dettes, les révoltes sanglantes, la corruption. Le Nord (toujours le Nord…) trime en silence, joue les fourmis avares et soigne son confort.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;">Même au cœur de l’été, sous nos latitudes prospères, on dirait que l’otage menace…</span></p><p class="MsoBodyTextIndent"><span style="font-size: 10pt;">Le poète allemand Hölderlin (1770-1843) posait déjà cette question à son époque : à quoi bon des poètes en un temps de guerre, de pauvreté, de détresse intellectuelle ? Pourquoi écrire encore, contre vents et marées, dans le confort ou l’extrême dénuement, alors que seuls semblent régner l’individualisme, le profit à court terme, la recherche du bien-être matériel ?</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;">La réponse est simple, comme toujours. Elle appartient aux poètes. Prenez Patrick Amstutz par exemple. Né sur les bords du lac de Bienne, en 1967, il dirige Le Cippe, une collection unique d’études de grands textes francophones, publiée chez Infolio. Mais c’est d’abord un grand poète dont la langue claire et aérée vous donne l’envie des grands espaces. Au fil des livres, Amstutz éclaire l’absence, l’attente d’une présence au monde jamais donnée, jamais acquise, le long et périlleux combat pour dire la beauté du monde dans une langue à la fois souple et incarnée. Cette vision poétique passe tout naturellement par l’amour. <em>Vois-tu le temps lever/ le cheveu que je noue/ à la roue de tes hanches ?</em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;">Voilà pourquoi la poésie d’Amstutz, attachée à dire le monde, ses ombres et ses lumières, ses orages et ses silences lourds, nous touche tant. « Écrire, disait Jean-Pierre Monnier, c'est chercher à coïncider, c'est donner lieu. » La poésie nous donne ce lieu, loin du fracas moderne, où nous pouvons tout à la fois nous retrouver dans nos sensations essentielles et répondre aux énigmes de la vie.</span> <span style="font-size: 10pt; font-family: TrebuchetMS;"><em>C'est la chair qui va/ et qui appelle/ comme fleur envolée/ au vent sans aile.</em></span> <span style="font-size: 10pt;">Les mots <em>charnels</em></span> <span style="font-size: 10pt;">de la poésie d’Amstutz nous disent la grâce peu commune du poème écrit avec l’encre sacrée : le sang du monde.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;">Comme l’air que nous respirons, la poésie est essentielle à nos poumons, à notre esprit. Elle dit, en peu de mots, la blessure essentielle, la douleur et la joie d’être au monde, la force de la Nature toujours recommencée : <em>Sous le corail du ciel/ inverse pousse/ la campanule en bord de blé.</em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;">Chérissez les poètes ! Ils sont rares et précieux. Patrick Amstutz, mais aussi <em>Notre vie**</em></span> <span style="font-size: 10pt;">de Germain Clavien, <em>Poème de la méthode***</em></span> <span style="font-size: 10pt;">de Sylviane Dupuis ou encore <em>Après la comète****</em></span> <span style="font-size: 10pt;">d’Olivier Beetschen. Ils nous aident à vivre. Dans un temps de détresse (économique), ils nous disent que l’essentiel est toujours ailleurs, en nous-mêmes et dans le monde. La beauté est fugace et silencieuse. Heureusement, la poésie l’incarne, parfois, et lui donne parole.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 6pt; text-align: justify; text-indent: 1cm; line-height: 20pt;"><span style="font-size: 10pt;"><br /></span></p><p class="MsoNormal"><strong><span style="font-size: 10pt;">* Patrick Amstutz, <em>S’attendre, Prendre chair</em></span> <span style="font-size: 10pt;">et <em>Déprendre soi,</em></span> <span style="font-size: 10pt;">éditions Empreintes.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 18pt;"><strong><span style="font-size: 10pt;">** Germain Clavien, <em>Notre vie,</em></span> <span style="font-size: 10pt;">Poche Suisse, 2010.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 18pt;"><strong><span style="font-size: 10pt;">*** Sylviane Dupuis, <em>Poème de la méthode,</em></span> <span style="font-size: 10pt;">Empreintes, 2012.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="margin-left: 18pt;"><strong><span style="font-size: 10pt;">**** Olivier Beetschen, <em>Après la comète,</em></span> <span style="font-size: 10pt;">Empreintes, 2007.</span></strong></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1cm;"> </p>