Last posts on hustvedt
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Tania
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Alors
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2024-02-03T08:00:00+01:00
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« Le passé peut-il servir à se cacher du présent ? Ce livre que vous...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/593365290.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1372928" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/107194025.jpg" alt="Hustvedt Babel.jpg" /></a>« Le passé peut-il servir à se cacher du présent ? Ce livre que vous lisez maintenant est-il ma quête d’une destination nommée </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Alors</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> ? Dites-moi où finit la mémoire et où commence l’invention ? Dites-moi pourquoi j’ai besoin de vous pour m’accompagner dans mon voyage, pour être mon autre, tantôt ravi, tantôt grincheux, ma moitié pour la durée du livre. Qu’est-ce qui fait que je peux sentir votre foulée à mes côtés pendant que j’écris ? Qu’est-ce qui fait que je vous entends presque siffloter pendant que nous marchons ? Je ne sais. Je ne sais. Je ne sais. Mais si : Mon amour des inconnus.<br />Tout livre est un repli de l’immédiat vers le réfléchi. Tout livre inclut un désir pervers de faire cafouiller le temps, de tromper son cours inévitable. Blablabla, et tam-ta-di-dam. Je cherche quoi ? Je vais où ? Suis-je en train de chercher en vain l’instant où le futur qui est maintenant le passé m’a fait signe, avec son visage vaste et vide, et où j’ai tremblé ou trébuché ou couru dans la mauvaise direction ? Mes souvenirs, douloureux ou joyeux, apportent-ils une preuve ténue de mon existence ? »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Siri Hustvedt, </span><a title="S. Hustvedt, 1978-79 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2024/01/29/s-hustvedt-1978-79-3353871.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Souvenirs de l’avenir</span></em></a></p>
Tania
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S. Hustvedt, 1978-79
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2024-02-01T08:00:00+01:00
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Par où commencer pour évoquer ces Souvenirs de l’avenir de Siri...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Par où commencer pour évoquer ces <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-etrangere/souvenirs-de-lavenir" target="_blank" rel="noopener"><em>Souvenirs de l’avenir</em></a> de Siri Hustvedt ? Le titre reprend littéralement celui du roman traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf, <em>Memories of the Future</em> (2019). Il lui ajoute une rime bienvenue – en phase avec cette traversée du temps et son souci du rythme dans l’écriture.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3582070178.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1372824" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1710197981.jpg" alt="hustvedt-memories-of-the-future-web-400x-q80.jpg" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;"><a title="Site de l'autrice" href="https://www.sirihustvedt.net/work/publications/books/memories-of-the-future" target="_blank" rel="noopener">Memories of the Future | Siri Hustvedt | Writer</a></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Pour une fois, je partirai de la dernière phrase : <em>« Une histoire en est devenue une autre. »</em> J’aurais pu choisir celle-ci : <em>« Ce livre est un portrait de l’artiste en jeune femme, l’artiste venue à New York pour lire, souffrir et écrire son mystère. » </em>Cette jeune femme, S. H., a les mêmes initiales que Sherlock Holmes, qui a son rôle dans le roman. On l’appellera bientôt <em>« Minnesota »</em>, d’après le pays qu’elle a quitté en août 1978 pour l’île de Manhattan.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Elle s’était donné un an pour écrire un roman. Elle avait vingt-trois ans, une licence en philosophie et en anglais, cinq mille dollars économisés en travaillant comme barmaid. Elle avait loué un appartement sombre au 309 de la 109e Rue Ouest. New York, la ville des films, des livres, réelle autant qu’imaginaire, elle voulait d’abord l’apprivoiser. Ecrire le matin, circuler en métro l’après-midi, user de sa <em>« liberté toute neuve » </em>pour explorer, observer la variété des êtres, écouter les langues parlées, excursionner jusqu’à Greenwich Village. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Là surgit une personnalité de premier plan dans<em> Souvenirs de l’avenir</em> : <em>« la baronne <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Elsa_von_Freytag-Loringhoven" target="_blank" rel="noopener">Elsa von Freytag-Loringhoven</a>, née Elsa Hildegard Plötz, artiste proto-punk et absolue rebelle » </em>dont la plupart des poèmes étaient inédits et dont S. H. ne retrouve aucune trace au Village. Une figure de l’insurrection qu’elle oppose aux abus de pouvoir des <em>« grands hommes ».</em> </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Regarder les gens et la manière dont ils sont habillés, découvrir les librairies, les bibliothèques, lire, lire pour s’augmenter soi-même jusqu’à devenir <em>« cette géante »</em> qu’elle voulait être. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Cette année-là, elle a tenu un journal, <em>« Ma nouvelle vie »</em>, où elle dessinait aussi (comme sur son <a title="Site de l'écrivaine" href="https://www.sirihustvedt.net/" target="_blank" rel="noopener">site</a>), un cahier retrouvé il y a peu – <em>« je l’accueillis comme si c’était un parent bien-aimé que j’avais cru mort »</em> – en triant avec sa sœur les affaires de sa mère qui devait quittait son appartement. Sa mère oubliait tout, certains jours plus que d’autres. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dans son journal de septembre 1978, figurent son héros imaginaire Ian Feathers (I. F. ou <em>« if »</em>) et sa voisine de palier qui psalmodie tous les soirs <em>amsah, amsah, amsah</em>. Elle mettra un certain temps à comprendre qu’<em>amsah</em> est en réalité <em>« I’am sad »</em> (je suis triste). </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Lucy Brite, comme indiqué sur la boîte aux lettres de sa voisine, siffle souvent et cela rappelle à S. H. son père médecin, qui sifflait quand il était de bonne humeur. Dès le premier chapitre s’entremêlent passé, présent et avenir, de l’enfance au <em>« maintenant » </em>de la narratrice, âgée de soixante et un ans en 2016, mariée avec un physicien, Walter, dans leur maison de Brooklyn.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ce gros roman, qui comporte une dizaine de dessins de l’autrice, ne se résume pas. Outre la mystérieuse Lucy (qui a l’air normal quand elle la voit), la plus importante rencontre à New York est celle de Whitney, une <em>« artiste-poète »</em> qui s’assied à côté d’elle pour écouter John Asbery lire ses poèmes au centre-ville : <em>« belle, sophistiquée, un être effleuré par une brise féerique »</em>, elle deviendra et restera sa meilleure amie au sein de la bande des cinq qui se forme autour d’elles.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes à NY. Un soir, un homme à l’air poli, croisé dans la rue, s’approche de son visage et l’insulte, plein de rage. Elle rentre chez elle <em>« le cœur battant »</em> – se sent vulnérable. Elle vivra d’autres expériences de ce genre, bien plus déstabilisantes. Quand elle parle à Whitney des voix et des propos bizarres de Lucy le soir, son amie trouve à sa voisine <em>« un potentiel fictionnel énorme »</em>. S. H. n’a toutefois pas mentionné le stéthoscope (cadeau de son père) qu’elle utilise parfois pour mieux l’écouter : il lui faut éclaircir ce mystère, une énigme peut-être criminelle.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Toute histoire porte en elle une multitude d’autres histoires. »</em> Malcolm Silver, un inconnu attirant qui l’a dévisagée lors d’une réunion, réapparaît à une conférence sur Shelley donnée par Paul de Man, <em>« grand homme » </em>tenant tout le public sous son charme (on ignorait alors que ce professeur de littérature <em>« portait la souillure du fascisme »</em>). A la fin, M. Silver lui adresse la parole et lui conseille <em>Surveiller et punir</em> de Foucault. <em>« Toquée d’amour »</em>, elle va le lire ainsi que Derrida, Lacan, Kristeva, Barthes et les auteurs alors en vogue. <em>« Fille rencontre Garçon » </em>: son idylle avec Malcom durera deux mois et demi. Une des variations du roman sur le désir et le masculin.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Peut-on être belle et intelligente, amoureuse et féministe, imaginative et curieuse du réel, sorcière et critique, victime et dangereuse ? Siri Hustvedt, <em>« qui n’aime rien tant que jouer avec les idées, les étirer comme des élastiques ou les retourner comme les doigts d’un gant »</em> (<a title=""« Souvenirs de l’avenir » : Siri Hustvedt d’hier, Siri Hustvedt d’aujourd’hui" (2019)" href="https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/10/17/souvenirs-de-l-avenir-siri-hustvedt-d-hier-siri-hustvedt-d-aujourd-hui_6015902_5473203.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Monde</em></a>), raconte dans <em>Souvenirs de l’avenir</em> de multiples histoires entre lesquelles les liens s’étoffent au fur et à mesure. Si l’on accepte de la suivre ou plutôt de se laisser <em>« dérouter »</em> dans ce récit morcelé, dans les va-et-vient entre celle qu’elle fut, celle qui se souvient et celle qui écrit, on est époustouflé par sa manière de tirer les fils l’un après l’autre en titillant notre curiosité, tout en appelant à l’esprit critique.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Je vous recommande la première des vidéos proposées sur le site de l’éditeur : <a title="Tous les billets sur T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/hustvedt" target="_blank" rel="noopener">Siri Hustvedt</a> y parle de son intention d’écrire sur la mémoire et le temps, de ses débuts difficiles pour ce roman avant qu’elle reprenne pour aboutir à cette <em>« forme organique complexe » </em>où la narration et l’imagination s’interpénètrent. La <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.actes-sud.fr/souvenirs-de-lavenir" target="_blank" rel="noopener">vidéo</a> sous-titrée illustre bien sa lucidité, la clarté de sa pensée, sa drôlerie aussi – jusqu’à rire, comme S. H. le fait si souvent avec son amie dans <em>Souvenirs de l’avenir.</em></span></p>
Tania
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Grandeur
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-10:3147506
2020-03-10T20:20:00+01:00
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« Nous naissons au sein de significations et d’idées qui façonnent...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1220084445.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085202" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3749533648.jpg" alt="hustvedt,siri,vivre,penser,regarder,essai,littérature anglaise,etats-unis,philosophie,psychologie,littérature,culture,lecture,écriture,art" /></a>« Nous naissons au sein de significations et d’idées qui façonnent la manière dont nos esprits incarnés affrontent le monde. Dès l’instant où je franchis les portes du Prado ou du Louvre, par exemple, je pénètre dans un espace culturellement sanctifié. A moins d’être une</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> al</span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">ien</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> venue d’une autre galaxie, je me sentirai envahie par le silence de la grandeur, par l’idée que ce que je vais voir a reçu l’</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">imprimatur</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> de ceux qui savent, les experts, les conservateurs, les faiseurs de culture. Cette idée de grandeur, matérialisée par les dimensions des salles et les rangées de peintures et de sculptures, affecte ma perception de ce que je vais voir. L’attente de la grandeur est susceptible de jouer un rôle dans ma perception, même si je me considère comme dépourvue de préjugé et ne me rends pas compte que ma façon de voir a été subtilement altérée par l’endroit où elle se trouve. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Siri Hustvedt, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Visions incarnées (<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/25/essais-de-curiosite-3147272.html" target="_blank" rel="noopener">Vivre, Penser, Regarder</a>)</span></em></p>
Tania
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Regarder une oeuvre
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-09:3147494
2020-03-09T08:30:00+01:00
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Siri Hustvedt / 3 La dernière section de Vivre, Penser, Regarder...
<p align="right"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Siri Hustvedt / 3</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La dernière section de <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/25/essais-de-curiosite-3147272.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Vivre, Penser, Regarder</em></a> m’a passionnée, davantage que la précédente. Siri Hustvedt l’ouvre sur <em>« Quelques réflexions à propos du regard »</em>, dont la dernière est toute simple : <em>« Je regarde et parfois je vois. »</em> Le recueil se termine avec <em>« Visions incarnées – Que signifie regarder une œuvre d’art ? »</em> Pour répondre à cette question, elle aborde l’univers de différents artistes, hommes et femmes, contemporains et anciens.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/710678155.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085145" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/373055206.jpg" alt="Hustvedt Vermeer.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Johannes Vermeer, <a title="Source illustration" href="https://www.metmuseum.org/toah/works-of-art/1979.396.1/" target="_blank" rel="noopener"><em>Etude d’une jeune femme</em></a>, vers 1665–67, <br />The Metropolitan Museum of Art, New York<br /><em>« Je n’étais pas une enfant sûre de moi et, dans son visage, <br />je me reconnais au même âge. » </em>(S. H.)<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ma première intention était de reprendre dans chacun des treize articles une phrase que j’y avais soulignée et de vous montrer en regard (l’expression s’impose), une des œuvres commentées. Mais au bout du compte, il y en avait trop. J’ai donc sélectionné quelques phrases pour vous en donner l’esprit et quelques-unes des peintures ou sculptures ou « installations » regardées par l’écrivaine (aucune n’est illustrée dans le livre).</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2809790638.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085146" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/84785443.jpg" alt="Hustvedt Morandi.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Giorgio Morandi, <a title="Source illustration" href="http://www.italyonthisday.com/2017/07/giorgio-morandi-painter.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Nature morte</em></a>, 1952<br /><em>« Ce à quoi l’on s’attend est capital pour la perception. » </em>(S. H.)<br /></span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/morandi" target="_blank" rel="noopener">Morandi</a> aimait énormément Chardin et ce que ces deux artistes ont en commun, outre la nature morte, c’est que, chacun à sa façon, l’un et l’autre</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> enchantai</span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">ent</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> leurs objets. »<br /></span></em><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Morandi, à ce qu’il me semble, explore activement le drame de la perception, et il joue avec les deux niveaux de vision : le préattentif et l’attentif. Il a dit un jour : </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Le seul intérêt qu’éveille en moi le monde visible concerne l’espace, la lumière, la couleur et les formes. »</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> »</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3951482375.png" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085147" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1283564116.png" alt="Hustvedt Louise-Bourgeois-Rejection-2001-Fabric-lead-and-steel-63.5-x-33-x-30.5-centimeters.png" /></a><br /><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: 8pt;">© Louise Bourgeois<span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">,</span> <a title="Source illustration" href="https://art-sheep.com/art-sheep-features-louise-bourgeois-2/" target="_blank" rel="noopener"><em>Rejet</em></a>, 2001-2002</span></span><br /></span><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">« Le visuel et le linguistique occupent dans le cerveau des sites différents. » </span></span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">(S. H.)</span></span></span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Je sais que ces figures cousues, balafrées sont dérangeantes, mais elles sont aussi pour moi du nombre des œuvres les plus belles et les plus compatissantes de <a title="Dossier Centre Pompidou" href="http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-bourgeois/ENS-bourgeois.html" target="_blank" rel="noopener">Bourgeois</a>. Ce sont des poupées de perte et d’immortalité. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1592391156.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085148" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/4076420371.jpg" alt="Hustvedt Ducciomadonna.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Duccio di Buoninsegna, Vierge à l’Enfant, 1290-1300, The Metropolitan Museum of Art, New York<br /></span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;"><em>« Tout objet photographié devient un signe de disparition parce qu’il appartient au passé. »</em> (S. H.)</span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Malgré sa composition, qui conserve le caractère abstrait d’une icône byzantine, avec ses personnages idéalisés habitant le nulle part étincelant d’un fond d’or, et le détail inhabituel du parapet au-dessous d’eux, qui les éloigne encore plus encore de l’espace du spectateur, la résonance affective entre cette mère et son bébé est reconnaissable dans sa profonde humanité. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/4276722353.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085149" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3938463169.jpg" alt="Hustvedt Kiki Smith Lilith.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">© Kiki Smith, <em><a title="Source" href="https://lilithtamere.wordpress.com/2015/04/06/lilith-une-sculpture-effrayante-par-kiki-smith/" target="_blank" rel="noopener">Lilith</a>,</em> bronze et yeux de verre, 1994, The Metropolitan Museum of Art, New York<br /><em>« Pour moi, une œuvre d’art doit être une énigme. » </em>(S. H.)<br /></span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Regarder l’œuvre de <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/kiki+smith" target="_blank" rel="noopener">Kiki Smith</a>, c’est pénétrer dans une zone frontière où disparaissent souvent les lignes tracées entre dehors et dedans, tout et partie, éveil et veille, humain et animal, « moi » et « pas moi ». C’est un territoire d’associations mouvantes et de métamorphoses, tant visuelles que linguistiques. »<br /></span></em><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« L’indifférence est le chemin le plus court vers l’amnésie et, en définitive, les seules œuvres d’art qui comptent sont celles dont nous nous souvenons et celles dont nous nous souvenons, ce sont, me semble-t-il, celles qui nous ont émus. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1966990874.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085150" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/4170663471.jpg" alt="Hustvedt Richetr moritz-2000.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">© Gerhard Richter, <em>Moritz,</em> 2000, huile, toile, De Pont Museum of Contemporary Art, Tilburg, Netherlands</span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Ce qu’est la beauté, qui le sait ? une réaction à ce que nous voyons, dont une partie semble être une attitude génétiquement programmée pour la symétrie, la lumière, la <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2016/10/15/couleur.html" target="_blank" rel="noopener">couleur</a> ; le reste, sûrement, est appris. »<br /></span></em><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« La dynamique entre photo et peinture prend un caractère de révélation et de dissimulation, de vision et de cécité, de jeu d’une dimension contre et avec l’autre, et de création entre elles d’ambiguïté. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1634568665.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1085151" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2346493379.jpg" alt="Hustvedt Messager Mes trophées.jpg" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">© <a title="Notice ArtWiki" href="http://www.artwiki.fr/wakka.php?wiki=AnnetteMessager" target="_blank" rel="noopener">Annette Messager</a>, <em>Mes Trophées</em>, 1986-88, Collection Fonds National d’Art Contemporain</span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Certains se souviennent bien de leur enfance. Ils se rappellent ce que c’était de jouer et de faire semblant. D’autres non. Leur</span></em><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Persona_(psychologie_analytique)" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> person</span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">a</span></a><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> infantile a disparu derrière les nuages de l’amnésie. D’autres encore, dont certains sont des artistes, continuent toute leur vie à jouer et à faire semblant. »</span></em></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Tous, nous abordons une œuvre d’art avec des pensées et des sentiments, ainsi qu’avec des expériences passées qui ont influencé notre vision, tant culturelle que personnelle. Chacun de nous peut néanmoins lutter contre ses propres idées préconçues en adoptant une attitude <a title="Définition CNRTL" href="https://www.cnrtl.fr/definition/ph%C3%A9nom%C3%A9nologique" target="_blank" rel="noopener">phénoménologique</a>. Après avoir regardé une œuvre d’art pendant assez longtemps et avec une attention suffisante, j’ai souvent vu ce que je n’avais d’abord pas aperçu. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En plus des artistes cités dans ce billet, il est question aussi, dans <em>Vivre, Penser, Regarder</em>, de <a title="Info Paris Art" href="https://www.paris-art.com/paintings-4/" target="_blank" rel="noopener">Richard Allen Morris</a>, de <a title="Site de l'artiste" href="http://www.margaretbowland.com/" target="_blank" rel="noopener">Margaret Bowland</a>, de <a title="Ses peintures noires comme "Saturne dévorant un de ses fils"" href="https://deuxieme-temps.com/2018/05/15/analyse-goya-saturne-devorant-fils-1823/" target="_blank" rel="noopener">Goya</a>, de la main qui dessine <span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">– <em>« Cette vivante main »</em> – </span> et de photographies. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Si le regard de Siri Hustvedt sur l’art vous intéresse, je vous signale ses précédents e</span><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">ssais sur la peinture,</span> <em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;">Les mystères du rectangle </em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;">(2006) et surtout son roman </span><a style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;" title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/un+monde+flamboyant" target="_blank" rel="noopener"><em>Un monde flamboyant</em></a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;"> (2014), magistral.</span></p>
Tania
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Dans l'émotion
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-07:3147404
2020-03-07T08:30:00+01:00
2020-03-07T08:30:00+01:00
« Si la narration est, comme l’écrit Paul Ricoeur dans...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/717769217.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1084977" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1152944278.jpg" alt="Hustvedt LTL 2.jpg" /></a></span></em></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Si la narration est, comme l’écrit Paul Ricoeur dans </span></em><a title="Dossier sur la narrativité" href="https://penserlanarrativite.net/documentation/bibliographie/ricoeur#un" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Temps et réci</span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">t</span></a><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">, une reconfiguration de différentes actions temporelles ou épisodes tant existentiels que fictionnels en un tour significatif, je crois que le sens a son fondement essentiel dans l’émotion. Il me paraît sensé qu’un récit, forme universelle de la pensée humaine, imitant la mémoire elle-même, se concentre sur ce qui est significatif et laisse de côté ce qui ne l’est pas. Les choses auxquelles je suis indifférente, je les oublie, en général. Les histoires de souvenirs et de fiction sont aussi faites d’absences : tout ce qui a été laissé de côté. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Siri Hustvedt, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Trois histoires émotionnelles (<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/25/essais-de-curiosite-3147272.html" target="_blank" rel="noopener">Vivre</a>, <a title="Penser et ressentir (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/29/penser-et-ressentir-3147400.html" target="_blank" rel="noopener">Penser</a>, Regarder)</span></em></p>
Tania
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Penser et ressentir
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-05:3147400
2020-03-05T08:30:00+01:00
2020-03-05T08:30:00+01:00
Siri Hustvedt / 2 La deuxième partie de Vivre, Penser, Regarder ,...
<p align="right"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Siri Hustvedt / 2</span></strong></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La deuxième partie de <a title="Essais de curiosité (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/25/essais-de-curiosite-3147272.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Vivre, Penser, Regarder</em></a>, le recueil de Siri Hustvedt, commence avec <em>« L’histoire vraie »</em>, un essai sur ce qui distingue la vie et l’œuvre, la fiction et l’autobiographie. <em>A la recherche du temps perdu</em> est un excellent exemple de récit romanesque où l’on est tenté de confondre le narrateur et l’auteur, alors que <em>« les deux Marcel, celui de la vie et celui de la fiction, ne sont pas identiques ».</em> Le récit dit autobiographique ne peut pas non plus être considéré comme <em>« la vérité »</em>. La remémoration, étudiée par les neurosciences, ne consiste pas à <em>« récupérer quelque fait originel stocké dans le « disque dur » de la mémoire ».</em> Ce que nous nous rappelons, c’est <em>« la dernière version d’un souvenir donné. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1705568595.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1084976" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1789202822.jpg" alt="hustvedt,siri,vivre,penser,regarder,essai,littérature anglaise,etats-unis,philosophie,psychologie,littérature,culture,lecture,écriture" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Siri Hustvedt à Lausanne lors de la remise du <a title="Site" href="https://fondation-veillon.ch/archive/index.php?tag/2019-siri-hustvedt" target="_blank" rel="noopener">prix européen de l’essai Charles Veillon</a> 2019<br />pour <em>Les mirages de la certitude</em> © Alain Herzog-Fondation Charles Veillon <br />(prix 2020 remporté par Alessandro Baricco pour <em>The Game</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Qui n’a pas observé qu’un même événement vécu en famille a laissé à chacun des protagonistes un souvenir différent ou que, même, l’un puisse s’en souvenir et pas l’autre ? Les notions d’authenticité et de réalisme ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent. Opposant <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/06/23/glissements.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Les yeux bandés</em></a> où, bien qu’elle ait donné à la narratrice son prénom inversé,<em> « Iris »</em>, et utilisé des éléments de son expérience personnelle, les aventures de l’héroïne sont de la fiction et non pas les siennes, à <a title="Résumé" href="https://artherapievirtus.org/siri-hustvedt-la-femme-qui-tremble/" target="_blank" rel="noopener"><em>La femme qui tremble</em></a>, récit autobiographique où elle explore le sens des affections psychosomatiques, Siri Hustvedt définit ainsi le <em>« pacte de non-fiction »</em> : <em>« ne pas mentir délibérément. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans <em>« Excursions aux îles des Happy Few »</em>, l’essayiste <em>« vagabonde »</em> rassemble ses observations dans les domaines de l’art, des neurosciences et de la psychanalyse. Notre époque privilégie l’hyperspécialisation et l’expertise au point de rendre le dialogue impossible d’une discipline à l’autre, notre monde est <em>« un monde de fragmentation intellectuelle ».</em> Dans <em>« De la lecture »</em>, activité qu’elle définit comme <em>« perception sous forme de traduction »</em>, chacun reconnaîtra ses questions, son expérience de lecteur. Jamais deux expériences de lecture ne sont identiques, elle l’illustre par sa relecture de <a title="Billets sur Middlemarch (Bonheur du jour)" href="http://bonheurdujour.blogspirit.com/tag/middlemarch" target="_blank" rel="noopener"><em>Middlemarch</em></a> de George Eliot – <em>« Le texte est le même, moi pas. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Stig Dagerman »</em> (sur <em>Le Serpent</em>, principalement), <em>« L’analyste dans la fiction »</em> (comme Erik Davidsen, le narrateur d’<em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/08/30/je-me-sens-si-seul.html" target="_blank" rel="noopener">Elégie pour un Américain</a></em> ou Dick Diver, le psychanalyste dans <em>Tendre est la nuit</em> de Fitzgerald), les sujets de cette partie centrale du recueil, <span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: 12pt;">la plus difficile d’accès pour les non initiés,</span> </span>sont fort axés sur les questions psychanalytiques, surtout <em>« L’aire de jeu selon Freud »</em> où elle compare la création de fictions à un <em>« rêve éveillé »</em>. Siri Hustvedt a même rencontré personnellement Freud et Anna Freud… dans un rêve !</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Notes critiques sur le climat verbal »</em> porte sur le discours politique contemporain et la volonté de diviser dans la sphère politique américaine, mais on n’a aucun mal à l’interpréter plus largement. A travers les huit articles de <em>« Penser »</em>, j’ai été particulièrement intéressée par les développements sur la mémoire et l’imagination, que l'essayiste aborde de points de vue différents. L’expérience de la lecture, notre perception subjective du temps, les souvenirs et les pulsions, tout donne à penser à Siri Hustvedt : <em>« Nous ne sommes ni des machines, ni des ordinateurs mais des créatures incarnées guidées par un vaste inconscient et un ressenti émotionnel. » </em></span></p>
Tania
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Ma pluralité
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-03:3147299
2020-03-03T18:00:00+01:00
2020-03-03T18:00:00+01:00
« Qu’en est-il des femmes qui écrivent ? Nous avons, nous...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3536113048.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1084800" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/4187217799.jpg" alt="Hustvedt VPR.jpg" /></a>« Qu’en est-il des femmes qui écrivent ? Nous avons, nous aussi, des pères et des mères littéraires. Pendant la majeure partie de ma vie, il m’a semblé que la lecture et l’écriture sont précisément les deux lieux de la vie où je suis libérée des contraintes de mon sexe, où la danse avec l’identité de l’autre peut se danser sans obstacle et où le libre jeu des identifications permet de pénétrer une multitude d’expériences humaines. Quand je travaille, je ressens cette extraordinaire liberté, ma pluralité. Mais j’ai découvert que, dans le monde qui m’entoure, l’appellation de « femme écrivain » est encore, sur un front d’écrivain, un stigmate malaisé à effacer, qu’il demeure préférable d’être George plutôt que Mary Ann. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Siri Hustvedt,</span><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"> Mon père / Moi (<a title="Essais de curiosité (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/02/25/essais-de-curiosite-3147272.html" target="_blank" rel="noopener">Vivre</a>, Penser, Regarder)</span></em></p>
Tania
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Essais de curiosité
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-03-02:3147272
2020-03-02T08:30:00+01:00
2020-03-02T08:30:00+01:00
Siri Hustvedt / 1 Un an avant Le Monde flamboyant , son roman...
<p align="right"><strong><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Siri Hustvedt / 1</span></span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Un an avant <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/un+monde+flamboyant" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Monde flamboyant</em></a>, son roman extraordinaire sur le monde de l’art contemporain, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Siri_Hustvedt" target="_blank" rel="noopener">Siri Hustvedt</a> avait publié un gros essai : <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/pochebabel/vivre-penser-regarder-babel" target="_blank" rel="noopener"><em>Vivre, Penser, Regarder</em></a> (traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Le Bœuf, 2013). Je vous présenterai ce recueil de cinq cents pages (trente-deux articles écrits de 2006 à 2011) au fur et à mesure de ma lecture. La première section – <em>« Vivre »</em> – contient les essais <em>« les plus personnels »</em>, de <em>« Variations sur le désir »</em> à <em>« Fleurs ».</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2736445910.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1084799" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2122086386.jpg" alt="hustvedt,siri,vivre,penser,regarder,essai,littérature anglaise,etats-unis,philosophie,psychologie,littérature,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Elle l’introduit ainsi : <em>« Après avoir lu les essais rassemblés dans ce volume, j’ai compris que, quelle que soit la diversité de leurs sujets, ils ont en commun leur curiosité constante à l’égard de ce qu’être humain signifie. Comment voyons-nous, nous souvenons-nous, comment ressentons-nous autrui et comment communiquons-nous avec lui ? Que signifient dormir, rêver et parler ? Lorsque nous utilisons le mot </em>moi<em>, de quoi parlons-nous ? »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">C’est une curiosité d’écrivaine et une curiosité scientifique – Siri Hustvedt, diplômée en littérature anglaise à Columbia, s’intéresse particulièrement aux neurosciences et est chargée de cours en psychiatrie à la faculté de médecine de Cornell. Philosophie, neurosciences, psychologie, psychanalyse, neurologie, littérature, cela peut impressionner, mais elle a fait le choix d’utiliser dans son travail un langage courant qui rend ses recherches accessibles aux profanes.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ainsi, pour analyser le processus du désir, elle part d’un souvenir familial : quand sa sœur Asti avait trois ans, elle désirait pour Noël un téléphone Mickey Mouse devenu introuvable. La tension qui s’était installée dans toute la famille était telle que l’arrivée <em>« triomphale »</em> du père, la veille de Noël, les avait mis tous en joie – une histoire qui <em>« prit dans la famille des proportions mythiques ». </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Ne fais rien que tu n’aies pas réellement envie de faire »</em> : ce conseil que lui a donné un jour sa mère, en lui parlant comme à une adulte, introduit une réflexion sur le cerveau, les émotions, l’empathie et le sentiment de culpabilité. Fille d’une mère norvégienne et d’un père américain d’origine norvégienne, Siri Hustvedt a parlé le norvégien avant de parler anglais. <em>« Méditations sur le mot Scandinavie »</em> explore la composante norvégienne de sa personnalité <em>« divisée ».</em> Elle rend aussi hommage à la grande poétesse danoise <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Inger_Christensen" target="_blank" rel="noopener">Inger Christensen</a> qu’elle avait rencontrée deux fois.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans <em>« Ma drôle de tête »</em>, Siri Hustvedt analyse les migraines chroniques, <em>« affection mal connue »</em> qu’elle a cessé, avec les années, de considérer comme une ennemie. La migraine peut causer des hallucinations, qui peuvent surgir aussi <em>« à la lisière entre veille et sommeil ».</em> Cette réflexion sur les rapports entre <em>« psyché et soma »</em> ainsi que sur le rôle de l’attitude face à une maladie m’a passionnée. Elle se penche aussi sur l’insomnie (<em>« Dormir / Ne pas dormir »</em>) ou encore sur l’image de soi et <em>« </em>l’idée<em> de ce que nous sommes »</em> véhiculée par la façon dont on s’habille (<em>« Hors du miroir »</em>). </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Vous vous rappelez peut-être son apparition formidable à La Grande Librairie (11/1/2018) où elle était invitée (pour <em>Les mirages de la certitude</em></span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">) avec Paul Auster (pour <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/4321" target="_blank" rel="noopener"><em>4321</em></a>), Isabelle Carré, Philippe Delerm et Olivier Adam (<a title="Vidéo : LGL du 11/1/2018 (YouTube)" href="https://www.youtube.com/watch?v=-SIBFQB3MeM" target="_blank" rel="noopener">à revoir</a> sur YouTube – Siri H. y intervient à partir de la 52e minute). L’essai sur le mot <em>« <a title="T&P (Les yeux bandés)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/06/23/glissements.html" target="_blank" rel="noopener">ambiguïté</a> »</em> évoque irrésistiblement son univers romanesque. <em>« Le roman est un caméléon »</em>, écrit-elle dans <em>« Jeu, pensées sauvages et sous-sol d’un roman »</em>, un bel éloge du genre et une exploration du lien entre mémoire et imagination. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Mon père / Moi »</em> est l’essai le plus long de cette première section de <em>Vivre, Penser, Regarder</em>, une trentaine de pages. <a title="Site de l'écrivaine (en)" href="http://sirihustvedt.net/" target="_blank" rel="noopener">Siri Hustvedt</a> y parle de la paternité, de l’attitude de son père dans leur famille de quatre filles : il incarnait l’autorité, le patronyme, et aussi l’amour, la bienveillance. (Elle ne s’y réfère pas aux filles du Dr March, mais bien à une série télévisée familiale, <em><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Papa_a_raison" target="_blank" rel="noopener">Papa a raison</a>.</em>) Cette réflexion sur l’identification ou le conflit entre père et fils, entre père et fille, se termine par des pages très émouvantes sur une conversation entre son père et elle, la première fois qu’ils ont parlé de son œuvre, <em>« comme des égaux ».</em></span></p>
Tania
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Artiste mais femme
tag:textespretextes.blogspirit.com,2016-10-13:3111004
2016-10-13T08:34:00+02:00
2016-10-13T08:34:00+02:00
Jeu savant et passionnant, Le Monde flamboyant de Siri Hustvedt...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Jeu savant et passionnant,<a title="Site de l'éditeur" href="http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-etrangere/un-monde-flamboyant" target="_blank"><em> Le Monde flamboyant</em> </a>de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Siri_Hustvedt" target="_blank">Siri Hustvedt </a>(2014, traduit de l’américain par Christine Le Bœuf) pourrait passer pour un essai, à lire <a title="Extrait à lire en ligne" href="http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/9782330034979_extrait.pdf" target="_blank">l’avant-propos </a>signé I. V. Hess sur Harriet Burden, une artiste new-yorkaise retirée du monde de l’art après avoir exposé dans les années 1970-1980. En 2003, une lettre de Richard Brickman à une revue d’art révélait qu’Harry était l’auteur véritable de <em>« Masquages </em>», une formidable expérience artistique sur la façon dont l’œuvre d’art est perçue et valorisée.</font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3597053974.jpg" target="_blank"><img id="media-183997" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2912434011.jpg" alt="hustvedt,siri,un monde flmaboyant,roman,littérature américaine,new-york,création,art,femmes artistes,critique,culture" /></a></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Trois hommes, de 1999 à 2003, ont accepté successivement d’exposer ses œuvres sous leur nom et de jouer le créateur pour le public et les médias : Anton Fish, Phinéas Q. Eldridge et Rune, avec un succès retentissant. Ainsi Harriet Burden a magistralement démontré le <em>« préjugé antiféministe du monde de l’art »</em> et les <em>« rouages complexes de la perception humaine ».</em> Nourrie de lectures philosophiques et théoriques, méconnue de ses contemporains, elle voyait en <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Margaret_Cavendish" target="_blank">Margaret Cavendish</a>, duchesse de Newcastle, intellectuelle excentrique du XVIIe siècle, son alter ego – d’où le titre du roman, que Siri Hustvedt lui a emprunté.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Ce début sérieux pourrait rebuter, et la structure fragmentée de cette fiction, mais au fur et à mesure que le puzzle de Siri Hustvedt donne chair à la vie de femme et au destin d’artiste de Harry Burden, c’est un roman captivant, bouleversant même. On fait connaissance avec elle juste après la mort de son mari, un riche marchand d’art, qu’elle a rencontré dans sa galerie à vingt-six ans (lui en avait quarante-huit) et qui s’écroule brutalement un matin, à la table du petit déjeuner.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Leurs enfants, Maisie et Ethan Lord, donnent leur point de vue de temps à autre dans le récit qui contient des lettres, des articles, des témoignages, et beaucoup de passages des carnets répertoriés alphabétiquement où Harry notait ses observations et réflexions. Dans la dépression du deuil, elle reprend goût à la vie grâce à une phrase du Dr Fertig qu’elle voit régulièrement : <em>« Il est encore temps de changer les choses, Harriet. »</em> A sa fille, après son déménagement à Brooklyn, elle dira : <em>« Maisie, je me sens des ailes. »</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Ce qui est étonnant, c’est que personne n’ait soupçonné le jeu des pseudonymes. Même une critique qui avait apprécié ses débuts d’artiste n’a rien deviné et, quand on lui demande après coup si elle l’aurait exposée, <em>« croit »</em> qu’elle l’aurait fait, bien que son travail lui semblait <em>« trop intense ».</em> Grande, puissante, érudite, Harry faisait peur en tant qu’artiste, tout le monde la jugeait parfaite dans le rôle d’épouse du riche Felix Lord.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Sa fille, en lisant ses notes après sa mort, se reprochera de n’avoir pas senti à quel point sa mère était malade de se savoir <em>« affreusement incomprise »</em> dans son métier. Les <em>« poupées »</em> que fabriquait Harry inquiétaient Maisie comme des signes de dépression, alors que sa mère donnait vie ainsi à son imaginaire : <em>« Non existants, impossibles, les objets imaginaires habitent tout le temps nos pensées mais, en art, ils passent du dedans au dehors, mots et images franchissent la frontière. »</em> (Carnet C)</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Après la tristesse de la séparation avec Felix, Burden sent que sa liberté est arrivée, que personne ne la bloque plus sauf elle-même. Et pour déjouer les préjugés à l’égard des femmes artistes, dont elle donne de nombreux <a title="Comme en témoigne une affaire récente (Le Figaro)" href="http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/en-direct-du-monde/en-espagne-un-peintre-est-accuse-ne-pas-realiser-ses-tableaux-lui-meme_1814659.html" target="_blank">exemples </a>dans l’histoire de l’art, elle se donne pour défi de changer la manière dont on perçoit ses <em>« métamorphes ».</em> Anton Tish, son premier masque, rencontré dans un bar grâce à un des <em>« assistants-réfugiés »</em> qu’elle accueille dans sa grande maison, fera<em> « un malheur avec son installation ».</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Son amie depuis douze ans, Rachel Briefman, a toujours vu en Harry une passionnée, <em>« une omnivore animée d’une immense avidité de toutes les connaissances qu’il lui était possible d’ingérer. »</em> Enfant, Harry admirait son père, <em>« le philosophe-roi »</em> dont le bureau lui était interdit. Vers seize ans, le développement de son corps <em>« magnifique, fort, voluptueux »</em> l’avait terriblement embarrassée. Dans <em>Frankenstein</em> de Mary Shelley, le monstre était son personnage préféré.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><em>« Pourquoi les gens voient-ils ce qu’ils voient ? Il faut qu’il y ait des conventions. Il faut qu’il y ait des attentes. Sans cela, nous ne voyons rien ; tout serait chaos. Types, modes, catégories, concepts. »</em> (Carnet A) La <em>« grande Vénus »</em> de Harry offre à Anton Fish, vingt-quatre ans, la reconnaissance en tant qu’artiste que n’aurait pas obtenue la mère de deux enfants adultes. Ensuite, avec Phineas Q. Eldridge qui se produit sur scène en tant que mi-homme mi-femme, mi-noir mi-blanc, la complicité est immédiate. Il l’aidera à fabriquer et exposer les <em>« Chambres de suffocation ».</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Bruno Kleinfeld, un voisin subjugué par l’allure, les manteaux et les chapeaux de Harriet Burden, finit par oser l’inviter à dîner et devient son complice intime et attentionné. Bien qu’il la pousse à signer son travail, elle reste cachée et veut choisir le bon moment pour la révélation. Son troisième avatar masculin, Rune, déjà célèbre par ses vidéos égotistes avant leur collaboration pour <em>« Au-dessous »</em>, va bouleverser les plans de Harry de manière inattendue.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a title="Critique de Télérama" href="http://www.telerama.fr/livres/un-monde-flamboyant,118980.php" target="_blank"><em>Un monde flamboyant</em> </a>multiplie les points de vue sur <a title="Vidéo : entretien avec Siri Hustvedt (Médiapart)" href="http://www.dailymotion.com/video/x29psi7_siri-hustvedt-un-monde-flamboyant-entretien-integral_news" target="_blank">l’artiste</a>, <a title=""Siri Hustvedt: la femme derrière le masque" par Isabelle Falconnier (L'Hebdo, 2014)" href="http://www.hebdo.ch/hebdo/culture/detail/siri-hustvedt-la-femme-derrière-le-masque" target="_blank">sur l’art</a>, sur <a title=""Siri Hustvedt : Portrait d’une artiste plurielle sur la scène de nos préjugés (Un monde flamboyant)" par Christine Marcandier (Diacritik)" href="https://diacritik.com/2016/06/01/siri-hustvedt-portrait-dune-artiste-plurielle-sur-la-scene-de-nos-prejuges-un-monde-flamboyant/" target="_blank">la réception des œuvres</a>, entraînant le lecteur dans une exploration vertigineuse de la création et de la manière dont les autres la perçoivent. L’abondance des références littéraires et artistiques en fait une mine de sujets à méditer. Ceux qui connaissent un peu <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/Hustvedt" target="_blank">Siri Hustvedt</a>, <em>« <a title="Critique et entretien avec Geneviève Simon (La Libre Belgique)" href="http://www.lalibre.be/culture/livres-bd/le-poche-de-la-semaine-siri-hustvedt-un-monde-flamboyant-540733b8357030e6103d804b" target="_blank">intellectuelle vagabonde »</a>,</em> fameuse épouse du non moins célèbre <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/Auster" target="_blank">Paul Auster</a>, s’amuseront de la voir mentionner brièvement son nom au passage comme celui d’<em>« une obscure romancière et essayiste ».</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Coïncidence (une expérience que les lecteurs connaissent bien) : <em>La femme qui pleure</em> de Picasso rencontrée dans <em>La compagnie des artistes</em>, la <a title="Muses modernes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2015/10/08/muses-modernes-1146755.html" target="_blank">Dora Maar </a>du <em>« petit Picasso ardent et énergique »</em> qui aimait faire pleurer les femmes, y fait une apparition. <em>« Tous, nous voulons nous croire résistants aux paroles et aux actions d’autrui »</em>, c’est une illusion.</span></p>
Tania
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Plaisirs secrets
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-08-09:3109929
2011-08-09T20:20:00+02:00
2011-08-09T20:20:00+02:00
« Certains d’entre nous sont destinés à vivre dans une case dont il...
<p><em><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">« Certains d’entre nous sont destinés à vivre dans une case dont il n’est de libération que temporaire. Nous autres aux esprits endigués, aux sentiments entravés, aux cœurs arrêtés et aux pensées réprimées, nous qui aspirons à exploser, à déborder en un torrent de rage ou de joie ou même de folie, nous n’avons nulle part où aller, nulle part au monde parce que nul de veut de nous tels que nous sommes, et il n’y a rien d’autre à faire qu’embrasser les plaisirs secrets de nos sublimations, l’arc d’une phrase, le baiser d’une rime, l’image qui prend forme sur le papier ou la toile, la cantate intérieure, la broderie cloîtrée, le travail d’aiguille sombre ou rêveur venu de l’enfer ou du ciel ou du purgatoire ou d’aucun des trois, mais il faut que viennent de nous quelque bruit et quelque fureur, quelques éclats de cymbales dans le vide. Qui nous priverait de la simple pantomime de la frénésie ? Nous, les acteurs qui allons et venons sur une scène sans spectateurs, entrailles palpitantes et poings levés ? »</span></span></em> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Si</span></span><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">ri Hustvedt,</span></span><em><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> <a title="Sans les hommes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/08/05/sans-les-hommes.html" target="_blank">Un été sans les hommes</a></span></span></em> </p><p style="text-align: center;"><img style="margin: 0.7em 0px;" src="http://www.marieclaire.fr/data/photo/w308_h322_c17/un-ete-sans-les-hommes.jpg" alt="un-ete-sans-les-hommes.jpg" /></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p> </p>
Tania
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Sans les hommes
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2011-08-08T08:30:00+02:00
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Septième dans les meilleures ventes de livres en Suisse ( Le Temps , 23...
<p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Septième dans les meilleures ventes de livres en Suisse (<em><a title="Carte postale (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/08/02/carte-postale1.html" target="_blank">Le Temps</a></em>, 23 juillet 2011), <em>Un été sans les hommes</em> (<em>The Summer without Men</em>, 2011, traduit par Christine Le Bœuf)) est le dernier roman de <a title="« Paul Auster - Siri Hustvedt: leur couple est un roman » par Didier Jacob (BibliObs, 1/6/2011)" href="http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20110527.OBS4025/paul-auster-siri-hustvedt-leur-couple-est-un-roman.html" target="_blank">Siri Hustvedt</a>. Les lecteurs de fictions sont surtout des lectrices : Mia, la narratrice, une poétesse américaine, reviendra sur cette réalité et interrogera à d’autres occasions la sous-valorisation du féminin en littérature comme dans la société, encore aujourd’hui.</span></span> </p><p style="text-align: center;"><img style="margin: 0.7em 0px;" src="http://large.plodit.com/the-summer-without-men-book_SWBMTQ0NDcyMDI1Mg==.jpg" alt="the-summer-without-men-book_SWBMTQ0NDcyMDI1Mg==.jpg" /></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Mais d’abord le sujet : Mia, cinquante-cinq ans, perd le nord quand son époux neurologue, Boris, lui annonce après trente ans de mariage, sans signes prémonitoires, qu’il souhaite prendre une <em>« pause ».</em> La Pause, comme l’appelle Mia, est une collègue française de vingt ans plus jeune qu’elle. Mia en devient folle, se retrouve à l’hôpital en plein délire, éperdue de souffrance. Le Dr S. l’aide à en sortir. Elle décide alors de quitter Brooklyn pour passer l’été dans le Minnesota de son enfance, trouve un arrangement avec l’université et accepte d’animer là-bas, au Cercle artistique local, un atelier de poésie pour des jeunes.</span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">A Bonden, elle loue une petite maison non loin de la résidence où vivent sa mère et ses amies, baptisées par elle <em>« les Cinq Cygnes »</em> pour leur force de caractère et l’autonomie dont elles font encore preuve malgré diverses affections. Sa mère la soutient, sa sœur Béa aussi, qui l’a laissé pleurer dans ses bras à l’hôpital, moins impressionnée par son triste état que sa fille Daisy. </span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Il est impossible de deviner l’issue d’une histoire pendant qu’on la vit, elle est informe, procession rudimentaire de mots et de choses et, soyons francs : on ne récupère </em>jamais<em> ce qui fut. La plus grande partie en disparaît. »</em> Mia trouve chez sa mère, dans une anthologie de poésie, le poème de John Clare intitulé <em><a title=""I am" de John Clare" href="http://www.poemhunter.com/poem/i-am/" target="_blank">« I Am »</a></em> et se rappelle avoir écrit et réécrit <em>« I am, I am Mia »</em> pour contrer le mépris des autres. Au cours de la deuxième semaine de son séjour, au début de juin, elle se sent prendre un léger tournant. <em>« La conscience est le produit du recul. »</em></span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Il y a d’abord les<em> « amusements secrets »</em> d’Abigail, 94 ans, bossue d’ostéoporose et quasi sourde, une artiste de l’aiguille. A Mia, elle montre ce qu’elle n’a jamais confié à personne, ce qui se cache à l’envers des dessins charmants de ses anciens ouvrages : des scènes secrètes, sadiques, étranges, érotiques<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>– <em>« j’étais complètement timbrée à l’époque ». « Que diable savons-nous de qui que ce soit ? »</em> s’interroge Mia.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>D’Ashley, la plus enthousiaste de ses élèves, l’assurée, l’amie d’Alice l’introvertie, elle reçoit un courriel où on la considère comme <em>« un ange »</em>, et puis, d’un inconnu qui signe <em>« M. Personne » </em>: <em>« Vous êtes Dingue, Cinglée, Siphonnée. »</em> Enfin, Boris lui écrit qu’il souhaite, aussi pour leur fille, rester <em>« en communication ».</em></span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Dans la maison voisine, Mia les découvre peu à peu, habitent la petite Flora et le bébé Simon, Lola et Pete, leurs parents, aux disputes fréquentes. Voilà bien des personnalités à observer, des relations qui s’ébauchent, de quoi distraire Mia de ses doutes à propos des <em>« vaines fulminations d’une poétesse rousse isolée face aux ignares et aux initiés et aux faiseurs de culture qui n’ont pas su la reconnaître »</em>, même si un prix lui a offert un jour quelque reconnaissance. Les vieilles dames en particulier, sa mère et ses amies, sont des puits de réconfort et de lucidité pour Mia. Sa mère lui explique qu’elle s’attache à toucher ses amis –<em> « dans un endroit comme celui-ci, beaucoup de gens ne sont pas touchés suffisamment. »</em> Leurs propos sur les hommes de leur vie font écho à ses pensées sur son passé avec Boris et les hypothèses sur leur futur.</span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Lola, un peu plus âgée que sa fille, intéresse Mia avec sa vie morose entre ses jeunes enfants et un mari anxieux et colérique. Elle fabrique des bijoux en fils d’or mais a du mal à les vendre. Elles se racontent l’une à l’autre. Boris informe Mia de son installation provisoire avec sa nouvelle compagne dans leur appartement. Dans un sens, elle s’avoue qu’elle est <em>« mieux sans lui »</em>, mais que de bons souvenirs en commun… </span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><span style="font-family: Times New Roman;">Et puis, l’ambiance s’électrise : Mia trouve un mouchoir taché de sang sur son bureau au Cercle artistique, elle finit par questionner M. Personne – <em>« Qui êtes-vous et qu’attendez-vous de moi ? »</em> –, une crise se produit dans la maison voisine et de plus, <em>« quelque chose mijote, oh oui, il y a un frichti de sorcières qui mijote. »</em> D’après sa fille Daisy, Boris n’a pas l’air bien.</span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR;" lang="FR"><a title="Billets précédents sur Siri Hustvedt (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/Hustvedt" target="_blank">Siri Hustvedt</a> tient ses lecteurs en haleine, alterne les épisodes narratifs, les plongées introspectives, les réflexions générales sur la vie en couple, les femmes et les hommes, mais aussi sur les différentes facettes que la vie taille à même notre peau. Graves, drôles, imaginaires, pertinents, combatifs, les <em>« flux de mots »</em> intérieurs de Mia se muent parfois en poèmes, parfois en messages, parfois en apostrophes directes aux lecteurs. De cet été entre femmes, entre filles, les hommes ne sont pas exclus, on l’aura compris, mais <em><a title="La critique du Magazine littéraire" href="http://www.magazine-litteraire.com/content/rss/article?id=19433" target="_blank">Un été sans les hommes</a></em>, avec acuité et franchise, les laisse à leur place et décrit, à travers des <a title="Vidéo YouTube : Siri Hustvedt présente "L'été sans les hommes" (en anglais, sous-titres en français)" href="http://www.youtube.com/watch?v=7gWGTzv3rAY" target="_blank">voix de femmes de plusieurs générations</a>, comment celles-ci vivent la vie sans eux et trouvent entre elles, en elles, des ressources vitales.</span></span></p>
Tania
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Vérité brute
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2010-08-31T20:20:00+02:00
2010-08-31T20:20:00+02:00
« « Les malades me manquent. C’est difficile à décrire mais,...
<p class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« « Les malades me manquent. C’est difficile à décrire mais, quand les gens ont désespérément besoin d’aide, quelque chose tombe. La pose qui est un élément du monde ordinaire disparaît, tout ce boniment de Comment-allez-vous-?-très-bien-merci. » Je me tus un instant. « Les malades peuvent délirer, ils peuvent être muets ou même violents, mais il y a en eux une nécessité existentielle qui est stimulante. On se sent plus proche de la vérité brute de ce que sont les humains. » »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Siri Hustvedt, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/08/18/je-me-sens-si-seul.html" title="Je me sens si seul">Elégie pour un Américain</a></em></span></span></p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/990739695.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2559459846.jpg" alt="Van Gogh Sorrow.jpg" name="media-76049" id="media-76049" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div>
Tania
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Je me sens si seul
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2010-08-30T08:30:00+02:00
2010-08-30T08:30:00+02:00
Siri Hustvedt , dont je vous ai déjà présenté Les yeux bandés et...
<p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><a title="New York avec Siri Hustvedt, Bibliobs, 11/6/2008" href="http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/la-vie-en-livres/20080611/5573/new-york-avec-siri-hustvedt" target="_blank" rel="noopener">Siri Hustvedt</a>, dont je vous ai déjà présenté <em><a title="Glissements ("Les yeux bandés")" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/06/23/glissements.html" target="_blank" rel="noopener">Les yeux bandés</a></em> et <em><a title="Curiosité ("L’envoûtement de Lily Dahl")" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/07/14/curiosite.html" target="_blank" rel="noopener">L’envoûtement de Lily Dahl</a></em>, a choisi un homme comme narrateur dans <em>Elégie pour un Américain</em> (<em>The Sorrows of an American</em>, 2008). Un psychiatre. Lars Davidsen, son père, vient de mourir. En triant ses papiers avec sa sœur Inga, il tombe sur une lettre signée Lisa : <em>« Cher Lars, je sais que tu ne diras jamais rien de ce qui s’est passé. Nous l’avons juré sur la BIBLE. Ca ne peut plus avoir d’importance maintenant qu’elle est au ciel, ni pour ceux qui sont ici sur terre. J’ai confiance en ta promesse. »</em> Que <em>« Pappa »</em> leur ait caché des choses ne les étonne pas trop. Inga, qui a perdu son mari cinq ans plus tôt, est particulièrement curieuse de découvrir de qui et de quoi il s’agit. Erik Davidsen, divorcé, se plonge pour sa part dans la lecture des Mémoires de son père.</span></span></p><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/216041384.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-76048" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/756340256.jpg" alt="Pont à New York (anonyme).jpg" name="media-76048" /></a></span></div><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">De retour chez lui à Brooklyn, assis devant son bureau, il aperçoit par la fenêtre une jeune femme et une petite fille qui traversent la rue, devine <em>« de possibles locataires pour le rez-de-chaussée »</em> de sa maison. Miranda, la mère, d’origine jamaïcaine, a <em>« une allure superbe » ;</em> Eglantine, la fillette, s’exclame en le voyant : <em>« Regarde, maman, c’est un géant ! »</em> Le logement leur convient. <em>« Je les regardai descendre les marches du perron, revins sur mes pas dans le vestibule et m’entendis murmurer : « Je me sens si seul ». (…) Telle est l’étrangeté du langage : il traverse les frontières du corps, il est à la fois dedans et dehors, et il arrive parfois que nous ne remarquions pas que le seuil a été franchi. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Si son divorce l’a convaincu d’avoir été <em>« un mari raté »</em>, le Dr Erik Davidsen estime avoir réussi en tant qu’oncle : ces cinq dernières années, depuis la mort de Max Blaustein, son beau-frère, un romancier reconnu, il est particulièrement proche d’Inga et de Sonia, sa nièce, encore hantées par les images du 11 septembre à New-York. Il a toujours veillé sur sa sœur, qui, petite, était sujette à des crises, perdait conscience un instant, et que ces absences rendaient particulièrement vulnérable auprès de ses condisciples – <em>« Inga, dinga ! »</em> En grandissant, elle en a moins souffert mais est restée sujette à des migraines. Sur son insistance, il va chercher aussi de son côté à identifier la mystérieuse Lisa qu’a connue leur père.</span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Mais ses nouvelles locataires occupent de plus en plus ses pensées, la beauté de Miranda l’obsède – elle est illustratrice et il a aperçu chez elle un dessin fascinant. La petite fille cherche son contact. Lorsqu’un jour, en rentrant chez lui, il découvre sur le seuil quatre photos polaroïd de Miranda et Eggy dans le parc, sur lesquelles on a tracé des cercles barrés, il est surpris qu’elle lui demande simplement de les jeter, sans rien expliquer. <em>« Quelqu’un épiait Miranda, et je me demandai si c’était quelqu’un qu’elle connaissait. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">La jeune femme reste sur la réserve, le psychiatre s’efforce de respecter les distances, conscient de fantasmer sur elle. Sa sœur, elle, est terriblement troublée par la visite d’une journaliste indiscrète qui se montre plus intéressée par la vie privée de Max Blaustein que par son œuvre et menace de dévoiler des lettres à une autre femme. Inga craint surtout pour Sonia et sa fille craint pour elle, toutes deux se confient à Erik, tour à tour.</span></span> <span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">D’autres incidents amèneront Miranda à raconter au Dr Davidsen quelques pans de son passé et même un jour à lui confier, exceptionnellement, la garde de sa fille.</span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>Elégie pour un Américain</em> croise donc tous ces fils – lecture des écrits du père, soucis d’Inga et de Sonia, vie de Miranda et d’Eggy – entre lesquels s’insèrent des séances chez le psychiatre, où nous découvrons les obsessions de quelques-uns de ses patients en plus des siennes. La trame psychologique est une des plus intéressantes du récit, d’autant plus quand Erik Davidsen observe ses propres réactions. <em>« Le matin, je m’éveillais sous un ciel lourd et, même s’il s’allégeait en général une fois que je me retrouvais avec mes patients, j’étais conscient d’être entré dans ce que l’on appelle, dans le jargon médical, l’</em>anhédonie<em> : l’absence de joie. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Dans un de ses livres, sa sœur philosophe a écrit que <em>« Le problème, c’est que nous sommes tous aveugles, tous dépendants de représentations préconçues de ce que nous pensons que nous allons voir. La plupart du temps, c’est comme ça. Nous ne faisons pas l’expérience du monde. Nous faisons l’expérience de ce que nous attendons du monde. Cette attente est très, très compliquée. »</em> Quel regard portons-nous sur les autres ? sur nous-mêmes ?</span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><a title="Une belle critique de Sabine Audrerie sur La-Croix.com" href="http://www.la-croix.com/livres/article.jsp?docId=2341771&rubId=43500" target="_blank" rel="noopener">Siri Hustvedt</a> s’insinue dans les fissures de toutes ces personnalités, crée comme dans ses autres romans une espèce de suspens à propos de chacun des personnages et de leurs secrets. Ambivalence des <a title=""Siri Hustvedt, soda et surmoi" par NATALIE LEVISALLES pour Libération, 4/6/2009" href="http://www.liberation.fr/livres/0101571255-siri-hustvedt-soda-et-surmoi" target="_blank" rel="noopener">rapports familiaux</a> et amoureux, étrangeté des vies intérieures, la romancière excelle à nous tenir en haleine. De son style, on pourrait dire ce qu’elle écrit de la voix : <em>« Je sais que ce qu’on dit est souvent moins important que le ton de la voix qui prononce les mots. Il y a de la musique dans un dialogue, des harmonies et des dissonances mystérieuses qui vibrent dans le corps comme un diapason. »</em></span></span></p>