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Tania
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Savoir par corps
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-12-14:3351895
2023-12-14T08:00:00+01:00
2023-12-14T08:00:00+01:00
Après une belle série de lectures voyageuses, voici un petit essai,...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Après une belle série de lectures voyageuses, voici un petit essai, philosophique sans trop en avoir l’air, une spécialité de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Serres" target="_blank" rel="noopener">Michel Serres</a> (1930-2019). <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.lisez.com/livre-grand-format/mes-profs-de-gym-mont-appris-a-penser/9782749165875" target="_blank" rel="noopener"><em>Mes profs de gym m’ont appris à penser</em></a> est publié dans la collection « <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.lisez.com/robert-laffont/collection-homo-ludens/104260" target="_blank" rel="noopener">Homo ludens</a> », des entretiens qui invitent à réfléchir sur la pratique sportive.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1346234311.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1369858" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/554986324.jpg" alt="michel serres,mes profs de gym m’ont appris à penser,entretiens,corps,mouvement,sport,éducation physique,société,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Passe pour un rugbyman (<a href="https://rugbyqa.com/how-to-pass-a-rugby-ball-4-basic-sorts-of-passes/" target="_blank" rel="noopener">source</a>)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Pouls, souffle, sommeil, menstruation… le corps vit de rythmes. »</em> C’est la première phrase. Des tempos sont à l’œuvre au cœur de <em>« cette harmonie sublime que nous appelons la santé, mieux encore la forme, mieux encore la personne. »</em> Le titre est repris à la dédicace de ses <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782746506800-variations-sur-le-corps-michel-serres/" target="_blank" rel="noopener"><em>Variations sur le corps</em></a> : <em>« A mes professeurs de gymnastique, à mes entraîneurs, à mes guides de haute montagne, qui m’ont appris à penser. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Pourquoi lier l’éducation physique à la pensée ? <em>« Dans toutes les activités qui concernent la réflexion, c’est-à-dire l’adaptation, la sensation du nouveau, la perception ou la finesse, le corps, d’une certaine manière, anticipe. On ne sait que ce que le corps apprend, que ce qu’il retient, que ses souplesses ou ses plis… »</em> Et Serres d’en donner des exemples, comme ce conseil d’un entraîneur : quand on apprend à plonger, il faut plonger tous les soirs en s’endormant, virtuellement.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Il y a donc <em>« une intelligence du corps »</em> : qui pratique une activité physique ou un métier manuel constate que les gestes sont <em>« extrêmement différenciés et adaptatifs » </em>et qu’<em>« on peut toujours en inventer de nouveaux »</em>. Si l’on réfléchit au geste à faire, on risque de le rater ; laissé à lui-même, le corps <em>« est plus fluide, plus rond, il sait s’adapter plus rapidement. »</em> D’où le titre choisi pour ce billet : <em>« Savoir quelque chose par corps, comme le savoir par cœur, c’est quand le corps exécute un geste sans y penser, sans qu’intervienne la conscience. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Michel Serres aime choisir un mot, une formule, une figure de style qui fasse mouche, </span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 16px;">quitte à nous dérouter. </span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 12pt;">«</span><em style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 12pt;"> La main, qui n’est propre à rien, est bonne à tout, bonne à tout et presque propre à rien ».</em><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 12pt;"> On s’arrête, on relit, on réfléchit. Pour lui, <em>« la main est intelligente, tout simplement »</em>, et voilà pour conclure une métaphore : <em>« La main est un puits infini. »</em> Donc <em>« apprendre par corps »</em> et <em>« retrouver les vertus de l’apprentissage « par cœur » ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Revenant sur la définition de la santé par René Leriche – <em>« le silence des organes »</em> –, le philosophe distingue <em>« l’état de forme » </em>et <em>« l’état de grâce »</em> des sportifs qui réussissent leur geste <em>« sans effort apparent ». </em>Dans l’aventure humaine, l’évolution de la technique ne lui fait pas peur, il est confiant dans le <em>« rééquilibrage »</em>, dans <em>« l’élan vital du corps </em>» : <em>« il y a un plaisir de sauter, de courir, d’être souple, d’être adapté ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Son chapitre sur les sports de ballon s’intitule <em>« Passes »</em>. Il y décrit avec enthousiasme le rôle du ballon ou de la balle et l’adresse du corps qui s’y adapte. Il compare le football et le rugby, tant du point de vue des joueurs que des spectateurs, et dit l’importance du lien social dans le sport collectif. Bien sûr, il distingue le sport spectacle gangrené par l’argent et la drogue de la pratique sportive individuelle, en amateur (mot qu’il n’emploie pas, cela m’a surprise). Son optimisme réjouit.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Je me suis souvent arrêtée en lisant <em>Mes profs de gym m’ont appris à penser</em> – pour <em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/01/07/la-caverne-de-verne-3263144.html" target="_blank" rel="noopener">Yeux</a>,</em> il en avait été de même –, et à la fin, j’ai tout repris et mieux saisi la cohérence des propos de Michel Serres (tout en mettant quelques points d’interrogation dans la marge). Parfois j’ai l’impression qu’il s’emballe ou cherche le bon mot, la belle image, avec un certain goût pour la provocation. Objection, votre honneur ! est-on tenté de dire. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Mes profs de gym m’ont appris à penser</em> est un bel hommage à l’éducation physique dont il rappelle l’objectif premier : <em>« le soin de soi »</em>, à l’opposé des <em>« grands dinosaures spectaculaires »</em> auxquels il préfère le <em>« petit »</em>, le <em>« local »</em>, la pratique individuelle <em>« en compagnie de ceux que l’on a choisis ».</em> Michel Serres, comme un entraîneur, nous fait penser<em> « par corps ». </em></span></p>
Tania
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Délicieusement vivant
tag:textespretextes.blogspirit.com,2019-12-21:3144987
2019-12-21T08:30:00+01:00
2019-12-21T08:30:00+01:00
« J’aime la solitude comme certaines gens aiment les...
<p><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/463031479.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1080523" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1141392824.jpg" alt="Roth pourquoi écrire Folio.jpg" /></a></span></em></p><p><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">« J’aime la solitude comme certaines gens aiment les réceptions. J’en retire un sentiment de très grande liberté avec la conscience aiguë d’être délicieusement vivant, sans compter qu’elle m’apporte, dois-je le dire, le calme et l’espace dont j’ai besoin pour que mon imagination se mette en mouvement et que mon travail soit accompli. »</span></em></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Philip Roth, </span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">A suivre </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">(paru dans l'Ontario Review, automne 1974) in </span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Pourquoi écrire ?</span></em></p>
Tania
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Pourquoi écrire ?
tag:textespretextes.blogspirit.com,2019-12-19:3144986
2019-12-19T08:30:00+01:00
2019-12-19T08:30:00+01:00
Philip Roth (1933 - 2018) avait pris « sa retraite...
<p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_Roth" target="_blank" rel="noopener">Philip Roth</a> (1933 - 2018) avait pris <em>« sa retraite d’écrivain »</em> en 2010, selon la chronologie qui clôture <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Pourquoi-ecrire" target="_blank" rel="noopener"><em>Pourquoi écrire ?</em></a> (2017, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel et Philippe Jaworski, Josée Kamoun et Lazare Bitoun). Ce recueil rassemble trois séries de textes publiés de 1960 à 2013 : <em>Du côté de Portnoy</em>, <em>Parlons travail</em> et <em>Explications.</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1384812557.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1080522" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3291167725.jpg" alt="roth,philip,pourquoi écrire ?,littérature anglaise,etats-unis,essai,articles,discours,entretiens,textes,kafka,primo levi,appelfeld,ivan klima,singer,bruno schulz,kundera,mary mccarthy,malamud,guston,saul bellow,edna o'brien,littérature,écrire,lire,société,démocratie,antisémitisme,misogynie,critique,culture" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Les premiers articles, <em>« à titre d’archives »</em>, comme Roth l’écrit dans la <a title="Texte intégral sur le site Pileface.com" href="https://www.pileface.com/sollers/spip.php?article2115" target="_blank" rel="noopener">préface</a>, <em>« appartiennent à la période difficile du début de [sa] carrière ».</em> La publication de <a title="Le billet de Christian Wéry (Marque-pages)" href="https://christianwery.blogspot.com/2018/10/portnoy-et-son-complexe.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Portnoy et son complexe</em></a> en 1969, son livre le plus lu, a pesé sur sa réputation : on l’a accusé d’antisémitisme, de misogynie, on a lourdement confondu le personnage et l’auteur, en y voyant <em>« une confession en forme de roman ».</em> Il a même dû déménager pour retrouver un peu de tranquillité. Or, précise-t-il, sur ses trente et un livres publiés, vingt-sept, dont celui-là, étaient <em>« des œuvres d’imagination ».</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">La première partie comporte des articles, des entretiens, divers documents. Philip Roth répond en 1974 à des questions sur son œuvre, ses rapports avec sa famille, sa vision de la société américaine. S’il a bien cherché dans <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Tricard-Dixon-et-ses-copains" target="_blank" rel="noopener"><em>Tricard Dixon</em></a> <em>« à objectiver dans un certain style ce qu’il y a de grotesque dans le caractère même de Richard Nixon »</em>, sa révolte en tant que romancier portait <em>« bien davantage contre [ses] habitudes de langage et les contraintes de [sa] propre imagination que contre les forces qui se disputent le pouvoir dans le monde. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">N’ayant lu ni ses premiers livres ni <em>Portnoy,</em> je ne m’y attarderai pas, mais j’ai compris qu’après ses premiers succès, Roth n’était pas satisfait de son travail. Il a voulu rompre avec une certaine facilité, avec les conventions du romanesque, avec la décence et les bienséances. <em>« Le Bouffon Pur et le Terrible Sérieux sont mes plus chers amis ; c’est en leur compagnie que je me promène dans la campagne au déclin du jour. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Roth parle des écrivains qu’il lit, américains ou autres ; l’index à la fin du recueil est précieux pour les retrouver. <em>« Regards sur Kafka »</em> s’ouvre sur un extrait du <em>Champion de jeûne</em>. Roth <em>« contemple »</em> une photo de Kafka lorsqu’il avait 40 ans (son âge quand il écrit ce texte) et s’interroge sur ce que l’écrivain qui lui est cher entre tous aurait fait s’il avait vécu jusqu’à l’avènement du nazisme. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Aurait-il choisi l’exil ? En 1923, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2019/03/17/kafka-dans-la-nuit-3135366.html" target="_blank" rel="noopener">Kafka</a> avait pour la première fois réussi à quitter ses parents pour s’installer avec Dora Dymant dans un faubourg de Berlin. Juste après avoir rappelé les circonstances de sa mort en 1924, Roth entreprend un récit : en 1942, il a neuf ans et son professeur d’hébreu, le Dr Kafka, cinquante-neuf. Cette quinzaine de pages où Roth s’imagine en élève de Kafka sont merveilleuses et émouvantes.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><em>Parlons travail</em>, en deuxième partie, est consacré à une dizaine d’écrivains que Roth a rencontrés pour la plupart, comme Primo Levi à Turin, Appelfeld à Jérusalem, Ivan Klíma à Prague, Edna O’Brien à Londres. Avant d’échanger avec Primo Levi sur son œuvre et sur Auschwitz, il fait un très beau portrait de l’homme. Bien sûr, avec ses amis juifs, il aborde la question de ce que signifie être juif dans leur vie, dans leur travail. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ils échangent sur Kafka, sur Kundera, sur Vaclav Havel, sur la démocratie. Ce sont des conversations en profondeur sur le travail d’écrivain et sur bien plus que cela. Ils parlent des écrivains qu’ils aiment, de leur relation aux langues, aux œuvres qu’ils admirent : <em>« Celui qui voudrait s’amuser à raconter </em>Madame Bovary<em> du point de vue de Charles ou </em>Anna Karenine <em>de celui de Karenine trouvera le parfait manuel dans</em> <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/01/27/les-lettres-d-herzog.html" target="_blank" rel="noopener">Herzog</a><em> »</em> (Roth dans <em>Relectures,</em> où il commente six œuvres de Saul Bellow).</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Enfin, <em>Explications</em> rassemble des récits, discours, réflexions. J’ai lu cette dernière partie souvent avec jubilation : <em>« Jus ou sauce »</em>, <em>« Patrimoine »</em>, par exemple. Dans <em>« Yiddish / anglais »</em>, il raconte un dîner entre quatre amis à Cambridge (Massachusetts) : Bellow et Appelfeld se mettent tout à coup à parler yiddish entre eux. Roth, qui ne connaît pas le yiddish, est stupéfait de voir les deux hommes changer de comportement, de mimiques, de visage même. <em>« Pas étonnant qu’ils aient semblé si pétillants et joyeux qu’ils donnaient presque l’impression d’être fous, ces deux admirables artistes d’ici et maintenant : ils remontaient l’horloge de l’histoire, là, sous nos yeux. […] Nous étions tous sous l’emprise du yiddish. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">La lettre de Roth à Wikipedia pour dénoncer des inexactitudes vaut le détour. Quand il en a demandé correction, il s’est vu signifier qu’il n’était <em>« pas une source crédible »</em> et qu’il fallait <em>« une confirmation par des sources secondaires »</em> – d’où cette lettre ouverte. Philip Roth était pessimiste sur l’avenir du <em>« nombre de lecteurs amateurs capables de prendre plaisir à lire avec discernement des œuvres littéraires »</em> et de <em>« ce grand parc d’attractions complètement idiotes qu’est devenu le monde »</em>. <em>Pourquoi écrire ?</em> donne d’excellentes leçons d’intelligence, avec sérieux, avec humour.</span></p>
JMOlivier
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À quoi servent les journalistes ? (Jean-François Duval)
tag:jolivier.blogspirit.com,2018-05-31:3327944
2018-05-31T10:00:00+02:00
2018-05-31T10:00:00+02:00
« À quoi servent les journalistes ? » demandait, il y a quelques années,...
<p><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/4069685219.jpeg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-235541" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/00/1301614703.jpeg" alt="images-1.jpeg" /></a>« À quoi servent les journalistes ? » demandait, il y a quelques années, le philosophe Jacques Bouveresse à Jean-François Duval, journaliste et écrivain, grand spécialiste de la <em>beat génération</em>. La question est toujours d'actualité, surtout à l'époque des <em>fake news</em> et des lynchages médiatiques. Mais elle trouve une réponse, lumineuse, dans le dernier opus de Duval qui est un livre d'entretiens. </span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Le sujet ? L'avenir de l'Occident. On pourrait d'ailleurs élargir la perspective à toute l'humanité, car Duval voyage aux quatre coins du monde pour rencontrer des personnalités à la fois érudites, clairvoyantes et souvent drôles qui nous livrent leurs clés pour un avenir qu'on imagine de plus en plus incertain. <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/01/434825121.3.jpeg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-235542" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/02/823915345.3.jpeg" alt="images-2.jpeg" /></a><em>Demain, quel Occident ?*</em> regroupe 18 entretiens avec des personnalités aussi diverses que Brigitte Bardot (sur les questions de l'écologie et de la protection des animaux), Cioran (l'échec fatal de toute entreprise humaine), mais aussi Fukuyama, le penseur de « la fin de l'histoire », Georges Steiner (sur la transcendance de la culture),le Dalaï Lama, Paul Ricœur, Michel Rocard et Isabelle Huppert. </span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Cet ordre n'est pas neutre, puisqu'il commence par une icône (BB) et s'achève par une actrice à la fois populaire et ordinaire (Huppert). Il suggère, selon Jean-François Duval, le sens d'une histoire qui se cherche toujours, mais qui, peut-être, est engagée dans une phase de déclin (par rapport aux grandes idéologies, aux grands penseurs des années 60-70). Chaque entretien, à sa manière, aborde et creuse cette idée. </span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/01/911406201.jpeg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-235543" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/4194101848.jpeg" alt="Unknown-2.jpeg" /></a>Il y a, dans ce panorama riche et divers, de véritables joyaux. Il faut lire et relire, pour le simple plaisir, la rencontre avec Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010 pour <em>La Carte et le Territoire</em> : c'est une scène de cinéma, avec un Houellebecq mal peigné, mal lavé, qui plaque l'interviewer en pleine conversation pour aller prendre sa douche! Dans un autre registre, il vaut la peine aussi de lire l'entretien avec Tariq Ramadan, dont on a peut-être un peu vite oublié qu'il est aussi un écrivain et un penseur de l'avenir de notre société (à propos de la situation politique du Proche-Orient, il prône la création d'un seul État, sans préciser si cet État sera israélien ou palestinien!).</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Certains interlocuteurs se montrent plus brillants que d'autres. C'est le cas de Georges Steiner, grand érudit et grand humaniste, qui n'est jamais avare de formules bien trouvées. <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/2236455280.3.jpeg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-235544" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/1450114330.3.jpeg" alt="Unknown.jpeg" /></a>Pour ma part, j'ai été très impressionné par l'entretien, ou plutôt les entretiens avec Jean Baudrillard (1929-2007) : non seulement brillants, mais extrêmement prémonitoires sur la société de spectacle et la dictature numérique (la dictature de l'individu). « Psychologiquement, comme il n'y a plus de relation d'altérité pour vous renvoyer en miroir l'image de ce que vous êtes, il faut la réinventer soi-même, accumuler toutes les preuves de sa propre existence. C'est-à-dire entretenir une gigantesque publicité autour de soi-même, se mettre en scène, se faire valoir. Soutenir à bout de bras cette chose devenue si fragile : soi-même. Dès que vous n'y travaillez plus, vous disparaissez. »</span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/647929986.jpeg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-235545" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/4203394883.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></a>Un long entretien avec Paul Ricœur permet à la fois de mieux saisir les fondements de sa philosophie et d'éclairer, grâce au passé, l'avenir qui nous attend. Comme l'entretien avec le Dalaï Lama et la passionnante conversation avec le plus brillant des socialistes français, Michel Rocard.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">Rendons grâce à Jean-François Duval : il sait à la fois s'effacer (ou se montrer discret) devant ses interlocuteurs et les pousser dans leurs derniers retranchements. Il aborde une foule de sujets brûlants, profonds, intempestifs, que la presse, aujourd'hui, n'a plus le temps ou le désir d'aborder. Par son insatiable curiosité, sa générosité (écouter l'autre, comprendre sa parole et la restituer), Duval nous donne un livre à la fois épatant et nourrissant qui ouvre de nombreuses perspective sur notre avenir commun.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;">« À quoi servent les journalistes ? » demandait le philosophe Jacques Bouveresse. Avec son livre, Jean-François Duval offre la plus belle et la plus stimulante des réponses.</span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><strong>* Jean-François Duval, <em>Deman, quel Occident ?</em> Entretiens avec Brigitte Bardot, Michel Houellebecq, E. M. Cioran, Tariq Ramadan, Samuel Huttington, et autres. éditions SocialInfo, Lausanne, 2018.</strong></span></p>
Tania
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Comme un arbre
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-30:3111251
2017-12-30T08:30:00+01:00
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« Mais chaque livre naît avec sa forme tout à...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1447211592.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196195" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2866969921.jpg" alt="yourcenar,marguerite,les yeux ouverts,entretiens,matthieu galey,littérature française,biographie,enfance,culture,écologie,surpopulation,sagesse" /></a></span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Mais chaque livre naît avec sa forme tout à fait particulière, un petit peu<a title="Histoires d’arbres : les survivants, à voir jusqu’au 6 janvier : comment un maître japonais du bonsaï soigne un genévrier vieux de 500 ans." href="https://www.arte.tv/fr/videos/065298-002-A/histoires-d-arbres/" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> comme un arbre</a>. Une expérience transplantée dans un livre emporte avec elle les mousses, les fleurs sauvages qui l’entourent dans cette espèce de boule de terre où ses racines sont prises. Chaque pensée qui fait naître un livre emporte avec soi toute une série de circonstances, tout un complexe d’émotions et d’idées qui ne sera jamais pareil dans un autre livre. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a title="Ouvrir les yeux (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/26/ouvrir-les-yeux-1162056.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar</a>,</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"> <a title="(T&P, 1/6)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts </a></span></em></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;"><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/spilliaert" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Spilliaert</a>,<em> Arbre en hiver</em></span></p>
Tania
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Ouvrir les yeux
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-28:3111250
2017-12-28T08:30:00+01:00
2017-12-28T08:30:00+01:00
Empruntés à la bibliothèque de ma mère (je vois encore le volume posé sur...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Empruntés à la bibliothèque de ma mère (je vois encore le volume posé sur le côté de la cheminée du salon, dans la maison où j’ai grandi, avec ce beau regard sur la <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/16/le-passe-1161902.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">photo de couverture</a>),<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em> Les yeux ouverts</em> </a>de <a title="Notice de l'Académie française" href="http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/marguerite-yourcenar" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar </a>accompagnent parfaitement ce temps de Noël. Ces entretiens abordent tant de sujets, littéraires ou non, qu’ils nous rendent proche cette grande dame des lettres françaises qui cultivait l’art de vivre simplement et en harmonie sur l’île des Monts-Déserts, même si elle fut aussi une <a title="Le bris des routines (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/le+bris+des+routines" target="_blank" rel="noopener noreferrer">grande voyageuse.</a></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2291398766.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196194" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1476897851.jpg" alt="Yourcenar Van Kessel L'arbre aux oiseaux.jpg" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: 8pt;">Jan Van Kessel (1626-1679), <a title="Source photo" href="https://mba.rennes.fr/fr/le-musee/les-incontournables-du-musee/fiche/jan-i-van-kessel-l-arbre-aux-oiseaux-40" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>L'arbre aux oiseaux</em></a><em> © </em>Musée des Beaux-Arts, Rennes</span></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle pour qui tous les êtres humains sont solitaires devant la naissance, devant la mort, devant la maladie, au travail – même entourés – ne considère pas <em>« que l’écrivain soit plus seul qu’un autre. »</em> Elle ajoute : <em>« C’est à chacun de nous de faire le geste qui tend les bras, et en même temps de ne jamais contraindre les êtres. »</em> Les morts, les départs de ceux qui nous sont chers font souffrir, mais cela vaut mieux <em>« que de ne pas avoir connu la présence de ces personnes quand elles existaient. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans la séquence intitulée <em>« Des écrivains et des sages »</em>, Yourcenar cite l’<em>Autobiographie</em> de Gandhi comme le livre qu’elle a le plus souvent relu, et Proust, «<em> sept ou huit fois »</em>, entre autres grands noms qu’elle commente. Elle se rebiffe lorsqu’on la rapproche du XIXe siècle ou du classicisme. Elle place à l’avant-garde ceux qui, minoritaires en France à l’époque, luttent contre l’explosion démographique, la pollution, les atteintes à la biodiversité. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Aussi ai-je envie de m’attarder avec vous sur les derniers chapitres où Matthieu Galey l’interroge sur ces thèmes qui la préoccupaient fort et continuent à nous préoccuper. <em>« Un écrivain dans le siècle »</em> s’ouvre sur le problème de l’écologie. Marguerite Yourcenar rappelle d’abord que Tchekhov, déjà, dénonçait la destruction de la forêt russe et que <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Schrader_(g%C3%A9ographe)" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Franz Schrader</a>, à la fin de son <em>Atlas de géographie historique</em>, en 1911, constatait les déséquilibres provoqués par l’exploitation effrénée des richesses naturelles dans un monde <em>« grisé de ses puissances nouvelles et occupé à se détruire lui-même. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Yourcenar fait l’inventaire des désastres sur la terre, dans les mers et dans l’air, des espèces animales exterminées, des <em>« fruits de l’incurie et de l’avidité ».</em> Elle note aussi <em>« quelques signes de changement » </em>encourageants, effets de la protestation et de la contestation, de la persuasion qui amène, par exemple, de jeunes fermiers à renouer avec des pratiques traditionnelles moins néfastes. <em>« Il faudra chauffer moins, diminuer la hauteur des plafonds, la taille des pièces, revenir aux petites maisons modestes d’autrefois. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« Les Anciens se trompaient comme nous. Ils condamnaient néanmoins ce qu’ils appelaient « la démesure ». Les Indiens d’Amérique la redoutaient aussi, semblables en cela à la plupart des primitifs. »</em> Retraçant l’évolution du monde, elle dénonce <em>« la croissance démesurée des villes »</em>, <em>« une culture trop intensive »</em>, <em>« l’abus de l’eau »</em> et aussi la <a title="L'appel du professeur de Duve (Propos d'un octogénaire)" href="http://phmailleux.e-monsite.com/pages/00-00-h-sauver-la-planete.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">surpopulation </a>: <em>« Il n’y a pas seulement pour l’humanité la menace de disparaître sur une planète morte, il faut aussi que chaque homme, pour vivre</em> humainement,<em> ait l’air nécessaire, une surface viable, une éducation, un certain sens de son utilité. »</em> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Quand Galey remarque que l’action individuelle paraît dérisoire, elle répond : <em>« Tout part de l’homme. C’est toujours un homme seul qui fait tout, qui commence tout : <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Dunant" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Dunant </a>et <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Florence_Nightingale" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Florence Nightingale </a>pour la fondation de la Croix-Rouge, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachel_Carson" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Rachel Carson </a>pour la lutte contre les pesticides, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Margaret_Sanger" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Margaret Sangers </a>pour le planning familial. »</em> La place des écrivains ? <em>« Les écrivains véritables sont nécessaires : ils expriment ce que d’autres ressentent sans pouvoir lui donner forme et c’est pourquoi toutes les tyrannies les bâillonnent. »</em> Ils nous aident à ouvrir les yeux.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Yourcenar n’avait pas de télévision et lisait peu les journaux, <em>« trop souvent un miroir faussé »</em>, préférant les rapports et les comptes rendus qui éclairent le dessous des cartes. Elle faisait partie d’une association de ménagères, <em>Homemakers Associations</em>, militant contre la fraude alimentaire. Végétarienne <em>« à quatre-vingt-quinze pour cent »</em> (du poisson deux fois par semaine), elle ressentait un <em>« profond sentiment d’attachement et de respect pour l’animal ».</em> Elle avait refusé de manger de la viande dès la petite enfance, changé d’avis vers quinze ans, avant de se raviser à la quarantaine. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle s’est engagée contre le massacre des phoques nouveau-nés, des animaux tués pour leur fourrure, leurs plumes ou leurs défenses, contre la chasse : <em>« J’appartiens à l’une des sociétés qui achètent des terres pour créer des réserves d’air et d’eau impolluées et de vie tant végétale qu’animale. » – « Il ne sera jamais trop tard pour tenter de bien faire, tant qu’il y aura sur terre un arbre, une bête ou un homme. »</em> J’ai repensé à ces paroles en suivant, dans la superbe série « <em>Histoires d’arbres »</em> diffusée sur Arte, le combat de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julia_Butterfly_Hill" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Julia Butterfly </a>qui a vécu 738 jours dans un sequoia géant de 1500 ans pour préserver cette partie de la forêt californienne de la surexploitation forestière (visible <a title="Histoires d’arbres : les survivants" href="https://www.arte.tv/fr/videos/065298-002-A/histoires-d-arbres/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">sur le site d’Arte </a>jusqu’au 6 janvier 2018).</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans <em>« La sympathie par l’intelligence »</em>, Marguerite Yourcenar explicite son intérêt pour les animaux, <em>« cet aspect bouleversant de l’animal qui ne possède rien, sauf sa vie, que si souvent nous lui prenons ».</em> La souffrance des animaux la touche, comme la souffrance des enfants : <em>« j’y vois l’horreur toute particulière d’engager dans nos erreurs, dans nos folies, des êtres qui en sont totalement innocents ».</em> Elle refuse qu’on considère cela comme de l’anthropomorphisme, la bonté devant s’exercer envers tout ce qui vit. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Cela rejoint ce qu’elle écrivait dans sa préface de <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Theatre77" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>La petite sirène</em></a>, une pièce inspirée d’Andersen (elle considère les préfaces de ses pièces comme <em>« la part la plus autobiographique de son œuvre »</em>, il faudra lire son théâtre un jour) : cette préface <em>« a représenté le partage des eaux entre [sa] vie d’avant 1940, centrée surtout sur l’humain, et celle d’après, où l’être humain est senti comme un objet qui bouge sur l’arrière-plan du tout. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Education de l’enfant, amitié, <a title="Yourcenar au Japon (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/11/24/yourcenar-au-japon-1137039.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">voyage</a>, écriture, traduction, solitude, mort, <em>Les yeux ouverts</em> sont riches de son expérience personnelle et de sa quête de la sagesse. Elle se reconnaît inspirée par le bouddhisme mais pas seulement : <em>« J’ai plusieurs religions, comme j’ai plusieurs patries, si bien qu’en un sens je n’appartiens peut-être à aucune. »</em> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans une page émouvante, que je vous copierai peut-être un jour, Marguerite Yourcenar énumère en vrac ce qu’elle aimerait revoir s’il est vrai, comme le lui a raconté un ami sauvé de la noyade, qu’on revoit avant de mourir toute sa vie, «<em> de façon fulgurante ». « Tout vient de plus loin et va plus loin que nous. Autrement dit, tout nous dépasse, et on se sent humble et émerveillé d’avoir été ainsi traversé et dépassé. »</em></span></p>
Tania
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Du hasard
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-26:3111249
2017-12-26T08:30:00+01:00
2017-12-26T08:30:00+01:00
En poursuivant la lecture des entretiens de Marguerite Yourcenar avec...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">En poursuivant la lecture des entretiens de Marguerite Yourcenar avec Matthieu Galey, <a title="Ecouter Yourcenar (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Les yeux ouverts</em></a>, je suis frappée par un petit détail d’édition judicieux (Le Centurion, 1980) : si le haut de la page de gauche reprend le titre du chapitre, chaque page de droite présente en guise de titre ou de repère un extrait du texte de la page même.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1041552294.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196131" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/507309430.jpg" alt="yourcenar,marguerite,les yeux ouverts,entretiens,matthieu galey,littérature française,biographie,enfance,culture,île des monts-déserts,vie" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Marguerite Yourcenar (1903-1987)<br />photo De Grendel Bernhard en 1982 à Bailleul</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Ainsi page 57, <em>« J’aurais vécu parmi d’autres êtres »</em> : Yourcenar insiste sur le rôle du hasard dans une vie. Elle aurait pu, dans sa jeunesse, répondre à l’invitation de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rabindranath_Tagore" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Rabindranath Tagore </a>qu’elle admirait et à qui elle avait envoyé ses poèmes <em>Jardin des chimères</em> et <em>Icare. « Et Tagore m’a écrit une belle lettre amicale qui me proposait de venir à son université de Santiniketan, aux Indes. Mais à cette époque-là, quand on avait dix-sept ans, on ne quittait pas sa famille pour les Indes. Ce n’était pas encore le temps des autobus de hippies roulant vers le Népal. Seulement je suis très sensible au fait que chaque action, même la plus petite, ouvre et ferme une porte, si bien que je l’ai parfois regretté. Il se serait passé autre chose ; j’aurais vécu parmi d’autres êtres. Serais-je ou ne serais-je pas arrivée au même point ? <a title="Ce que nous sommes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/10/11/ce-que-nous-sommes-1160629.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">C’est à voir</a>… »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Des entretiens sont souvent propices à des remarques inattendues. Par exemple, à propos des différentes façons d’aimer, Marguerite Yourcenar se refère à <em>« un personnage de Flaubert très dédaigné, et à sa façon très émouvant : Monsieur Bovary. »</em> Un peu plus loin, elle relate un échange de lettres avec Mme Servan-Schreiber :<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F_Magazine" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> <em>F Magazine</em> </a>avait republié une de ses <em>Nouvelles orientales</em>, <em>« Le dernier amour du prince Genghi »</em>, ce qui l’avait étonnée (trouvant son héroïne peu féministe). Interrogée sur ses rêves, Yourcenar confie qu’ils sont rarement angoissés : <em>« Ce sont surtout des paysages d’une beauté extraordinaire »</em> qu’elle rêve dans des couleurs<em> « extrêmement intenses ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle a toujours aimé les îles – l’Eubée, Egine, Capri – avant de s’installer sur une île du Maine, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_des_Monts_D%C3%A9serts" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’île des Monts-Déserts</a>. Là encore, le hasard a joué. En 1942, à New York, elle attendait <em>« le moment de repartir pour l’Europe »</em> quand un ami américain les a invitées, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Grace_Frick" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Grace Frick </a>et elle, à passer quelques semaines d’été sur cette île qu’elle ne connaissait pas. Ce qui l’a séduite ? La nature très belle. <em>« Et puis la vie. On la voit ici à son plus dépouillé, sous la forme la plus dénuée de littérature. »</em> Un pays <em>« très vieux, dans ses opinions et dans ses coutumes »</em>, parfois hostile aux <em>« gens de l’été »</em> mais qui a fini par l’adopter.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans la création littéraire aussi, le hasard joue son rôle. Pour <em>L’œuvre au noir</em>, elle n’avait au début <em>« aucun schéma précis ». « En général, je ne sais que très peu de chose, quand je commence un livre. J’ai tout le temps vérifié ce qui était possible, ce qui était impossible à Zénon, ce qu’on pouvait dire, et ce qu’on ne pouvait pas dire. Mais quant à la manière dont le hasard prendra forme, pour cela il fallait laisser le hasard jouer, et le hasard est considérable, s’il s’agit d’une assez longue vie. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Je l’ai dit, et je l’ai redit dans </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Archives du Nord</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">, je vous l’ai répété : les gens n’aiment pas découvrir combien leur vie dépend du hasard ; cela les embarrasse. Ils aiment avoir une vie plus ou moins contrôlée par eux, ou sinon par eux, par leurs passions, par leurs amours, même par leurs erreurs. Ils trouvent cela plus beau et plus intéressant. Mais que cela ait dépendu simplement de l’autobus qu’on a pris… »</span></em></span></p>
Tania
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Dîner de Noël
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-25:3111248
2017-12-25T08:30:00+01:00
2017-12-25T08:30:00+01:00
« Quand on accueille beaucoup les êtres, on n’est jamais ce qui...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Quand on accueille beaucoup les êtres, on n’est jamais ce qui s’appelle seul. La classe (mot détestable, que je voudrais voir disparaître comme le mot caste) ne compte pas ; la culture, au fond, très peu : ce qui n’est certes pas dit pour rabaisser la culture. Je ne nie pas non plus le phénomène qu’on appelle « la classe », mais les êtres sans cesse le transcendent.</span></em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2647131223.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196130" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3531008923.jpg" alt="Ciel étoilé.jpg" /></a></p><p><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Non que l’indifférence, la méfiance, l’hostilité n’existent pas ici, ou alors cette île </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">[l’île des Monts-Déserts]</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> serait véritablement le « Paradis du cœur », ce à quoi elle ne peut prétendre. Mais ces états de choses se rencontrent certainement un peu moins qu’à New York ou à Paris. Je n’en donnerai qu’un exemple : durant les dernières années de sa vie, l’amie que je viens de perdre </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">[Grace Frick]</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> « sortait » relativement peu, mais il était convenu qu’elle assisterait avec moi au dîner de Noël chez des amis résidents de l’île, couple fort à l’aise (je suis obligée de donner ce détail pour qu’on comprenne mieux ce qui va suivre), sans d’ailleurs être richissime, possédant au bord de la mer de beaux bois où s’abritent les oiseaux et les bêtes sauvages qu’ils nourrissent par temps de gel et de neige. Pour les situer complètement, j’ajoute qu’ils sont irlandais et catholiques. Il y a deux ans (ce devait être, pour l’amie disparue depuis, son dernier Noël) il était arrangé que nous dînerions ensemble tous les quatre, sans autres invités, pour ne pas fatiguer la malade. Le matin de Noël, j’ai entendu au téléphone la voix de Mrs. G. : « J’ai rencontré ce matin au village l’éboueur. Comme chacun sait, sa femme vient ces jours-ci de l’abandonner, avec leur fils de quatorze ans. Je les ai invités tous les deux : j’espère que vous m’approuvez et qu’ils ne fatigueront pas G. » Bien entendu, nous approuvions, et nous avons eu ce soir-là un beau repas de Noël au coin du feu entre six personnes qui se sentaient amies. Je suis même presque embarrassée de souligner la chose, qui devrait aller de soi.</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> »</span></em></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Marguerite Yourcenar, <em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/les+yeux+ouverts" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts</a></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">*<br />***<br />***</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">***<br />*********<br />********</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">****<br />*<br /><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;">Joyeux Noël <br />&</span></span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;"><br />« Paix aux hommes de bonne volonté »<br /><br /></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;">Tania</span></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Tania
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Le passé
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-19:3111247
2017-12-19T20:22:00+01:00
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« Quand on parle de l’amour du passé, il faut faire attention,...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2188028125.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195950" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/628716543.jpg" alt="Yourcenar Les yeux ouverts.jpg" /></a>« Quand on parle de l’amour du passé, il faut faire attention, c’est de <a title=""Voici que le silence..." un poème de M. Yourcenar (Des mots et des notes)" href="https://desmotsetdesnotes.wordpress.com/2017/12/17/voici-que-le-silence/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’amour de la vie </a>qu’il s’agit ; la vie est beaucoup plus au passé qu’au présent. Le présent est un moment toujours court et cela même lorsque sa plénitude le fait paraître éternel. Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. Ce qui ne veut pas dire que le passé soit un âge d’or : tout comme le présent, il est à la fois atroce, superbe, ou brutal, ou seulement quelconque. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Marguerite Yourcenar, <a title="Ecouter Yourcenar (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts</a></span></em></span></p>
Tania
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Ecouter Yourcenar
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-18:3111246
2017-12-18T08:30:00+01:00
2017-12-18T08:30:00+01:00
La voix de Marguerite Yourcenar à la radio ces jours-ci – sur Musiq3 dans...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">La voix de Marguerite Yourcenar à la radio ces jours-ci – <a title="Musiq3 Auvio" href="https://www.rtbf.be/auvio/detail_la-pensee-du-jour?id=2289489" target="_blank" rel="noopener noreferrer">sur Musiq3</a> dans <em>« La pensée du jour »</em> – m’a donné envie de relire les entretiens avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthieu_Galey" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Matthieu Galey </a>publiés en 1980 sous le titre <em>Les yeux ouverts</em>.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3740632914.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195947" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1477989690.jpg" alt="Yourcenar enfant.jpg" /></a><br /><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Marguerite (Antoinette Jeanne Marie Ghislaine) Cleenewerck de Crayencour au Mont-Noir (<a title="Source photo" href="https://jehannes.wordpress.com/2010/03/05/marguerite-yourcenar-a-petite-plaisance/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">source</a>)</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Sur l’enfance au Mont-Noir, <em>« demeure d’été »</em> où elle est arrivée vers l’âge de six semaines (sa mère est morte dix jours après sa naissance d’une «<em> fièvre puerpérale »</em>, son père vend peu de temps après la maison de Bruxelles achetée selon son désir pour qu’elle puisse accoucher près de ses sœurs), elle garde des souvenirs forts.</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Ecoutons : <em>« j’ai appris là à aimer tout ce que j’aime encore : l’herbe et les fleurs sauvages mêlées à l’herbe ; les vergers, les arbres, les sapinières, les chevaux, et les vaches dans les grandes prairies ; ma chèvre, à qui mon père avait doré les cornes ; l’ânesse Martine et l’ânon Printemps, mes montures (…) ; mon mouton qui aimait se rouler dans l’herbe, les libres lapins jouant dans les sous-bois (…), le vieux chien dont j’ai entendu un matin la fin annoncée par un coup de feu, et ce fut mon premier et immense chagrin (j’avais huit ans). »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">De son père, Yourcenar fait le portrait d’un homme <em>« infiniment libre »</em> et <em>« totalement insoucieux du lendemain ».</em> Elle se souvient de sa formule si quelque chose allait mal, <em>« probablement apprise à l’armée »</em> : « <em>Ça ne fait rien, on s’en fout, on n’est pas d’ici, on s’en va demain ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">C’est avec son père qu’elle jouait aux anagrammes de <em>« Crayencour ».</em> Quand ils sont tombés sur <em>« Yourcenar »</em>, elle l’a adopté comme nom d’écrivain. <em>« J’aime beaucoup l’Y, c’est une très belle lettre. <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pauwels" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Louis Pauwels </a>ou <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Evola" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Julius Evola </a>vous diraient que cela signifie toutes espèces de choses, scandinaves ou celtiques, comme la croisée des chemins, ou un arbre, car c’est surtout un arbre, aux bras ouverts. Alors nous nous sommes dit : « Très bien. Va pour l’Y. » Un pseudonyme que j’ai toujours gardé, finalement, à travers beaucoup de vicissitudes. C’est même devenu mon nom légal. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Nous parlions il y a peu, sur ce blog, des <a title="Pseudonyme (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/08/pseudonyme-1161228.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">pseudos </a>et des noms des femmes. <a title="Sur T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/yourcenar" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar </a>n’a pas changé de prénom. <em>« Non, parce que le prénom, c’est très </em>moi<em>. Je ne sais pourquoi ; on s’imagine mal avec un autre prénom. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« Marguerite me plaisait assez ; c’est un nom de fleur, et à travers le grec, qui l’a emprunté au vieil iranien, cela veut dire <a title="Etymologie (Tlf)" href="http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?26;s=4261513080;r=2;nat=;sol=0;" target="_blank" rel="noopener noreferrer">« perle »</a>. C’est un prénom mystique. (…) C’est un nom qui me plaît, parce qu’il n’est d’aucune époque et d’aucune classe. C’était un nom de reine, c’est aussi un nom de paysanne. Cela m’ennuierait de m’appeler Chantal, par exemple ; c’est aussi un nom de sainte, mais il fait trop XVIe arrondissement. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">(A suivre)</span></p>
Tania
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Sa joie
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-04-29:3110494
2014-04-29T20:20:00+02:00
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« Celui qui sait une chose ne vaut...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/1551329647.jpg" target="_blank"><img id="media-156328" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2745161669.jpg" alt="confucius,entretiens,essai,littérature chinoise,chine,philosophe,sagesse,humanisme,art de gouverner,savoir,honnête homme,culture" /></a></span></em></p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Celui qui sait une chose ne vaut pas celui qui l’aime. Celui qui aime une chose ne vaut pas celui qui en fait sa joie. » </span></em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">(VI, 20)</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Confucius,</span><a title="Ce que dit Confucius (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/04/21/ce-que-dit-confucius-1128683.html" target="_blank"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"> Entretiens</span></em></a></p>
Tania
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Ce que dit Confucius
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-04-28:3110493
2014-04-28T08:30:00+02:00
2014-04-28T08:30:00+02:00
« Sans cette clé fondamentale, on ne saurait avoir accès à la...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Sans cette clé fondamentale, on ne saurait avoir accès à la civilisation chinoise »</em>, écrit <a title="Simon Leys, Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Leys" target="_blank">Pierre Ryckmans</a> dans son introduction aux <em>Entretiens</em> de <a title="« À la recherche du tombeau de Confucius » par Darmon Richter (Ragemag, 4/2/2014)" href="http://ragemag.fr/recherche-du-tombeau-confucius-63428/" target="_blank">Confucius </a>(551-479 avant J.-C.), traduits et annotés par lui. Il s’agit en fait d’une compilation posthume, <em>« des bribes, voire des miettes, de la conversation du Maître Confucius (…), sauvegardées un peu par hasard, au petit bonheur la chance par des disciples directs, ou plus probablement indirects. »</em> (<a title="Commentaires d’Anne Cheng sur la traduction des Entretiens" href="http://books.openedition.org/editionsmsh/1496" target="_blank">Anne Cheng</a>, <em>« Si c’était à refaire... ou : de la difficulté de traduire ce que Confucius n’a pas dit ».</em>)</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/144337480.jpg" target="_blank"><img id="media-156309" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/239355710.jpg" alt="confucius,entretiens,essai,littérature chinoise,chine,sagesse,humanisme,art de gouverner,honnête homme,culture" /><br /></a><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small; line-height: 115%;">Confucius, gouache sur papier (The Granger Collection, New York), vers 1770</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Avec une concision rare, ces </span><a title="« Un regard sur Confucius » par Daniel J.L. Carlier et des citations regroupées par thème." href="http://www.sens-public.org/spip.php?article847" target="_blank"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Entretiens</em></a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> proposent, en vingt chapitres, un idéal nouveau à son époque, une voie morale, Confucius </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« substituant à l’ancienne notion d’élite héréditaire celle d’une élite qui serait déterminée par la vertu, le mérite, les compétences, le talent, indépendamment de la naissance et de la fortune. »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> (Ryckmans)</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Ce n’est pas un malheur d’être méconnu des hommes, mais c’est un malheur de les méconnaître. »</em> (I, 16) L’humanisme de Confucius apparaît d’emblée dans son éloge de l’étude, de l’amitié, de la dignité – qui implique de respecter ses parents et d’honorer les morts – et son incitation à un mode de vie sobre et harmonieux.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/567921383.jpg" target="_blank"><img id="media-156310" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/541440775.jpg" alt="confucius,entretiens,essai,littérature chinoise,chine,sagesse,humanisme,art de gouverner,honnête homme,culture" /></a><br /><a title="Fichier source" href="http://commons.wikimedia.org/wiki/File:The_Analects_of_Confucius_WDL11844.pdf?uselang=fr" target="_blank"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;"><em>Analectes</em> de Confucius, couverture de 1533</span></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">A notre époque souvent en perte de repères, certaines réflexions font mouche, sur l’art d’enseigner, sur le savoir (comment ne pas penser à la crise que traverse l’enseignement ?), sur les qualités nécessaires pour gouverner : </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« Promouvez les hommes intègres et placez-les au-dessus des gens retors – le peuple vous soutiendra. Mais si vous placez les gens retors au-dessus des hommes intègres, le peuple cessera de vous soutenir. »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> (II, 19)</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pour devenir un <em>« homme de qualité »</em> selon Confucius, il faut le plus souvent emprunter la voie du milieu. <em>« Quand le naturel l’emporte sur la culture, cela donne un sauvage ; quand la culture l’emporte sur le naturel, cela donne un pédant. L’exact équilibre du naturel et de la culture produit l’honnête homme. »</em> (VI, 18)</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2810598401.jpg" target="_blank"><img id="media-156311" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1604781911.jpg" alt="confucius,entretiens,essai,littérature chinoise,chine,sagesse,humanisme,art de gouverner,honnête homme,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;"><a title="Fichier source" href="http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kano-Tanyu-Confucius-and-His-Disciples-Yan-Hui-and-Zeng-Sen-at-the--Ap-painting-artwork-print.jpg?uselang=fr" target="_blank">Confucius sous l'abricotier</a></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Le sel des commentaires du Maître sur des personnalités de son temps, ses allusions à la situation sociale et politique en Chine, même éclairés par les notes du traducteur, échappent au lecteur peu formé à l’histoire de la civilisation chinoise. Confucius n’est pourtant pas </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« une sorte de pédant formaliste et vétilleux »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, comme on pourrait l’imaginer d’après certains de ses jugements sur la vie de cour, note Pierre Ryckmans, c’est </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« un homme pour qui les valeurs de contemplation priment sur toutes les autres ».</em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Quasi chaque chapitre offre ainsi l’une ou l’autre réflexion de portée universelle. Confucius balise la voie d’un développement personnel. A Fan Chi qui l’interroge sur la vertu suprême, il répond : «<em> Etre digne dans la vie privée ; diligent dans la vie publique ; loyal dans les relations humaines. Ne pas se départir de cette attitude, même parmi les Barbares. »</em> (XIII, 19) Un peu plus loin : <em>« L’honnête homme cultive l’harmonie, mais pas la conformité. L’homme de peu cultive la conformité, mais pas l’harmonie. »</em> (XIII, 23)</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2036461815.jpg" target="_blank"><img id="media-156321" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2722085088.jpg" alt="confucius,entretiens,essai,littérature chinoise,chine,sagesse,humanisme,art de gouverner,honnête homme,culture" /><br /></a><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small; line-height: 115%; color: #000000;">Manuscrit des <em>Entretiens</em> de Confucius découvert à <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuscrits_de_Dunhuang" target="_blank">Dunhuang</a></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">La dernière section des <em>Entretiens,</em> <em>« fragments archaïques mal raccordés »</em> (Ryckmans), revient sur l’art de gouverner, qui suppose selon Confucius de cultiver <em>« cinq trésors »</em> (qualités humaines) et d’éliminer <em>« quatre fléaux »</em> : <em>« la Terreur qui cultive l’ignorance et pratique le massacre. La Tyrannie qui exige des récoltes sans avoir semé. Le Pillage qui se perpètre à coups d’ordres incohérents. La Bureaucratie qui dénie à chacun son dû. » </em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Observations, réponses à ses disciples, questions, ces paroles d’un sage qui a vécu si loin de nous, il y a si longtemps, continuent à éclairer. <em>« Zigong demanda : « Y a-t-il un seul mot qui puisse guider l’action d’une vie entière ? » Le Maître dit : « Ne serait-ce pas</em> considération<em> : ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît. »</em> (XV, 24)</span></p>
Tania
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Une seule beauté
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-01-04:3110424
2014-01-04T08:30:00+01:00
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« Le dessin , le style vraiment beaux sont ceux qu’on ne pense...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2482224588.jpg" target="_blank"><img id="media-152368" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/743515641.jpg" alt="Rodin L'art 1967.jpg" /></a>« <a title="Texte intégral sur Wikisource" href="http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_(Rodin)/Le_Dessin" target="_blank">Le dessin</a>, le style vraiment beaux sont ceux qu’on ne pense même pas à louer, tant on est pris par l’intérêt de ce qu’ils expriment. De même, pour la couleur. Il n’y a réellement ni beau style, ni beau dessin, ni belle couleur : il n’y a qu’une seule beauté, celle de la vérité qui se révèle. Et quand une vérité, quand une idée profonde, quand un sentiment puissant éclate dans une œuvre littéraire ou artistique, il est de toute évidence que le style ou la couleur et le dessin en sont excellents ; mais cette qualité ne leur vient que par reflet de la vérité. »</span></em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';">Auguste Rodin, <a title="S'intéresser à l'art (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/12/30/s-interesser-a-l-art-1121748.html" target="_blank"><em>L’Art</em></a>, entretiens réunis par Paul Gsell, <a title="réédition Les cahiers rouges" href="http://www.grasset.fr/Grasset/CtlPrincipal?controlerCode=CtlCatalogue&requestCode=afficherArticle&codeArticle=9782246192473&ligneArticle=0" target="_blank">Grasset</a>, 1911.</span></p>
Tania
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S'intéresser à l'art
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-01-02:3110423
2014-01-02T08:30:00+01:00
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« — Quel original vous faites ! me dit-il. Vous vous intéressez donc...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">« — Quel original vous faites ! me dit-il. Vous vous intéressez donc encore à l’art. C’est une préoccupation qui n’est guère de notre temps.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/548292194.jpg" target="_blank"><img id="media-152366" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3432537788.jpg" alt="rodin,l'art,entretiens,paul gsell,art,sculpture,dessin,beauté,artiste,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium; line-height: 115%;">Aujourd’hui les artistes et ceux qui les aiment font l’effet d’animaux fossiles. Figurez-vous un megatherium ou un diplodocus se promenant dans les rues de Paris. Voilà l’impression que nous devons produire sur nos contemporains.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">Notre époque est celle des ingénieurs et des usiniers, mais non point celle des artistes.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">L’on recherche l’utilité dans la vie moderne : l’on s’efforce d’améliorer matériellement l’existence : la science invente tous les jours de nouveaux procédés pour alimenter, vêtir ou transporter les hommes : elle fabrique économiquement de mauvais produits pour donner au plus grand nombre des jouissances frelatées : il est vrai qu’elle apporte aussi des perfectionnements réels à la satisfaction de tous nos besoins.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">Mais l’esprit, mais la pensée, mais le rêve, il n’en est plus question. L’art est mort.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">L’art, c’est la contemplation. C’est le plaisir de l’esprit qui pénètre la nature et qui y devine l’esprit dont elle est elle-même animée. C’est la joie de l’intelligence qui voit clair dans l’univers et qui le recrée en l’illuminant de conscience. L’art, c’est la plus sublime mission de l’homme, puisque c’est l’exercice de la pensée qui cherche à comprendre le monde et à le faire comprendre.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">Mais aujourd’hui l’humanité croit pouvoir se passer d’art. Elle ne veut plus méditer, contempler, rêver : elle veut jouir physiquement. Les hautes et les profondes vérités lui sont indifférentes : il lui suffit de contenter ses appétits corporels. L’humanité présente est bestiale : elle n’a que faire des artistes.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">L’art, c’est encore le goût. C’est, sur tous les objets que façonne un artiste, le reflet de son cœur. C’est le sourire de l’âme humaine sur la maison et sur le mobilier… C’est le charme de la pensée et du sentiment incorporé à tout ce qui sert aux hommes. Mais combien sont-ils ceux de nos contemporains qui éprouvent la nécessité de se loger ou de se meubler avec goût ? Autrefois, dans la vieille France, l’art était partout. Les moindres bourgeois, les paysans même ne faisaient usage que d’objets aimables à voir. Leurs chaises, leurs tables, leurs marmites, leurs brocs étaient jolis. Aujourd’hui l’art est chassé de la vie quotidienne. Ce qui est utile, dit-on, n’a pas besoin d’être beau. Tout est laid, tout est fabriqué à la hâte et sans grâce par des machines stupides. Les artistes sont les ennemis. </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'times new roman', times;">Ah ! mon cher Gsell, vous voulez noter les songeries d’un artiste. Laissez-moi vous regarder : vous êtes un homme vraiment extraordinaire ! »</span></p><p><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium; line-height: 115%;">Auguste Rodin, </span><a title="Texte intégral sur Wikisource" href="http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_(Rodin)/Pr%C3%A9face" target="_blank"><em style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium; line-height: 115%;">L’Art</em></a><span style="font-family: 'times new roman', times; font-size: medium; line-height: 115%;"><a title="Texte intégral sur Wikisource" href="http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Art_(Rodin)/Pr%C3%A9face" target="_blank">, entretiens réunis par Paul Gsell</a>, Grasset, 1911 (préface).</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: 'times new roman', times; line-height: 115%;"><a title="Source de la photo" href="http://lesportesdutemps.culture.gouv.fr/lieux/musee-rodin-meudon/" target="_blank">Photo</a> : </span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; line-height: 115%;">Musée Rodin à Meudon</span></span></p><p class="MsoNormal"> </p>
Freibach
http://lesvoixdubasilic.blogspirit.com/about.html
Lectures d'été sur le site amourier.com
tag:lesvoixdubasilic.blogspirit.com,2012-07-15:2914632
2012-07-15T09:37:22+02:00
2012-07-15T09:37:22+02:00
Des nouveautés sur le site amourier.com :
- Un entretien...
<p></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 12pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;">Des nouveautés sur le site <strong>amourier.com </strong>:</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 12pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;">
- Un entretien conséquent avec <a href="http://www.amourier.com/les-auteurs/528.php"><strong><span style="color: windowtext;">Jacques Ancet</span></strong></a>, conduit par <a href="http://www.amourier.com/les-auteurs/44.php"><strong><span style="color: windowtext;">Alain Freixe</span></strong></a> (des extraits ont été publiés dans le <a href="http://www.amourier.com/page-gazette-basilic.php"><em><span style="color: windowtext;">Basilic</span></em></a> de mai 2012.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 12pt; text-align: justify; line-height: 18pt;"><span style="font-family: times new roman,times; font-size: small;">- Un dossier sur <a href="http://www.amourier.com/les-auteurs/64.php"><strong><span style="color: windowtext;">Raphaël Monticelli</span></strong></a>, auteur et critique d'art, composé d'une présentation, d'un entretien, d'articles divers et de nombreux visuels.</span><em></em></p>
Freibach
http://lesvoixdubasilic.blogspirit.com/about.html
Voix du Basilic, les 3, 4 et 5 juin à Coaraze (O6)
tag:lesvoixdubasilic.blogspirit.com,2011-05-31:2362744
2011-05-31T09:12:00+02:00
2011-05-31T09:12:00+02:00
Si les inscriptions à l'Atelier d'écriture du 3 juin , animé par Jeanne...
<p>Si les inscriptions à l'Atelier d'écriture du 3 juin , animé par Jeanne Bastide, sont closes, nous vous invitons à nous rejoindre les samedi et dimanche après-midi sur la place du château à Coaraze afin de partager lectures et débats (Cf; Programme ci-après)</p><p style="text-align: center;"><a href="http://lesvoixdubasilic.blogspirit.com/media/02/02/1621776853.2.jpg" target="_blank"><img id="media-590809" style="margin: 0.7em 0pt;" title="" src="http://lesvoixdubasilic.blogspirit.com/media/02/02/2411680763.2.jpg" alt="voix du basilic,poésie,littérature,entretiens,lectures,soupe au pistou" /></a></p>
Tania
http://textespretextes.blogspirit.com/about.html
De l'intérieur
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-03-16:3109440
2009-03-16T08:24:00+01:00
2009-03-16T08:24:00+01:00
Sous le titre L’intérieur de l’art , Dora Vallier a réuni cinq entretiens...
<p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Sous le titre <em>L’intérieur de l’art</em>, Dora Vallier a réuni cinq entretiens parus dans les <em>Cahiers de l’art</em> entre 1954 et 1960. Il y a un demi-siècle, elle rencontrait à Paris Braque, Léger, Villon, Miró et Brancusi. Quelques pages situent ces entretiens, suivies de leur compte rendu surtout axé sur les propos des artistes, qui ont pris connaissance de ces notes avant leur publication.</span></span></p><p class="MsoNormal"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Georges Braque avait donné son accord pour des conversations d’une heure, de six à sept. Dora Vallier en fit <em>Braque, la peinture et nous.</em> <em>« Je n’ai jamais eu l’idée de devenir peintre pas plus que de respirer. De ma vie je n’ai pas le souvenir d’un acte volontaire… »</em> Braque pense comme Nietzsche que <em>« Le but est une servitude ».</em> Quand il évoque le cubisme, le compagnonnage avec Picasso, il insiste sur la recherche de l’espace. <em>« Pas question de partir de l’objet : on va vers l’objet. C’est le chemin qu’on prend pour aller vers l’objet qui nous intéresse. »</em> Après l’attention des impressionnistes à l’atmosphère, des Fauves à la lumière, il fallait <em>« ramener la couleur dans l’espace ».</em> Adepte de la lenteur dans le travail, Braque considère que <em>« celui qui regarde la toile refait le même chemin que l’artiste, et comme c’est le chemin qui compte plus que la chose, on est plus intéressé par le parcours. »</em></span></span></p><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><img id="media-49421" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/172124625.jpg" alt="Braque L'oiseau et son ombre 1 Litho 1959.jpg" name="media-49421" /></span> </div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">J’avais en tête les quelques onze millions d’euros donnés pour <em><a title="Sur le site de Christies" href="http://images.google.com/imgres?imgurl=http://www.christies.com/lotfinderimages/d51573/d5157363l.jpg&imgrefurl=http://www.christies.com/lotfinder/lot_details.aspx%3FintObjectID%3D5157363&usg=__w00BKG0eOKkvWe3EEjhz-6BdZ04=&h=340&w=237&sz=76&hl=fr&start=1&um=1&tbnid=9CFqlbpx40bGgM:&tbnh=119&tbnw=83&prev=/images%3Fq%3Dl%25C3%25A9ger%2Bla%2Btasse%2Bde%2Bth%25C3%25A9%26um%3D1%26hl%3Dfr%26rls%3Dcom.microsoft:fr-be:IE-SearchBox%26rlz%3D1I7ADBF" target="_blank">La tasse de thé</a></em> de Léger, une des œuvres phares de la vente Yves-Saint-Laurent/Bergé chez Christies, en lisant <em>La vie fait l’œuvre de Fernand Léger</em>, sur celui qui aimait qu’on l’appelle <em>« le primitif des temps modernes ».</em> La première guerre mondiale, raconte-t-il, lui a mis <em>« les pieds dans le sol ».</em> Pas romantique du tout, ce fils d’un marchand de boeufs est attiré par les objets et rien d’autre : les bicyclettes, les machines, la ferraille, les troncs d’arbres (qu’il n’aime que sans feuilles). <em>« Affranchi de Cézanne et détaché des impressionnismes, Léger venait d’ébaucher ce qui sera sa découverte capitale : la puissance des formes en contraste. »</em> Loi des contrastes aussi pour les couleurs, pour les droites et les courbes. <em>« Je sais que dans un tableau par les contrastes, je donne une vie à l’objet : en établissant les contraires, j’anime. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>Intelligence de Jacques Villon</em> révèle une peinture qui s’adresse autant à l’esprit qu’à l’œil chez ce peintre qui veut <em>« tout ramener à l’absolu »</em>, obsédé par la <a title="Sur la section d'or" href="http://www.megapsy.com/Peinture_moderne/pages/Section_or.htm" target="_blank">section d’or</a> et la science des couleurs. <em>« L’espace du tableau devient l’espace-couleur de la lumière, et c’est la lumière qui, en se décomposant, construit les objets. »</em> Après cette peinture « mentale », celle de Miró – <em>« Je suis dans mon atelier comme un jardinier dans son potager. Je regarde autour de moi : il y a un bourgeon à couper par-ci, une branche de trop par là »</em> – nous ramène à la terre, comme avec cette <em><a title="La Ferme de Montroig" href="http://images.google.com/imgres?imgurl=http://www.brunette.brucity.be/Pagodes1/barcelone/images/ferme.jpg&imgrefurl=http://www.brunette.brucity.be/Pagodes1/barcelone/06_miro.html&usg=__NNkhk-QaShcpA-MH-Lcs5fA7CZQ=&h=325&w=410&sz=22&hl=fr&start=3&um=1&tbnid=2OrG-S_CNsoGGM:&tbnh=99&tbnw=125&prev=/images%3Fq%3Dmiro%2Bferme%2Bde%2Bmontroig%26um%3D1%26hl%3Dfr%26rls%3Dcom.microsoft:fr-be:IE-SearchBox%26rlz%3D1I7ADBF%26sa%3DN" target="_blank">Ferme</a></em> de Montroig commencée sur le motif, retravaillée à Barcelone et finie à Paris. Mais c’est à une vision intérieure du réel que l’a initié Gali, son professeur à Barcelone. Le peintre de Palma de Majorque aime <em>« l’art des artisans, l’art anonyme ». « Plus je suis maître du métier, plus j’avance dans la vie, plus je reviens à mes premières impressions. Je pense qu’à la fin de ma vie j’aurai retrouvé toutes les valeurs de l’enfance. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2430506864.JPG" target="_blank"><img id="media-49422" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/892323406.JPG" alt="Un coin de l'atelier de Brancusi.JPG" name="media-49422" /></a></span></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Le dernier entretien, <em>Vendredi 4 mai 1956 chez</em> <em>Brancusi</em>, est un texte à part. Dora Vallier lui rend visite dans son atelier-baraque de l’impasse Ronsin, alors quasi inaccessible, sauf pour quelques proches. «<em> Ce vénérable vieillard qui dominait de très haut la sculpture de son temps avait choisi de vivre en solitaire. »</em><br /> A l’intérieur tout est blanc. Il y flotte une étrange odeur, celle du poêle en briques et<br /> de la chaux. Dora Vallier est terriblement impressionnée – et son texte impressionne encore – par le silence de l’homme à la longue barbe, habillé de blanc, qui a fait de<br /> ses propres mains tous les objets qui l’entourent : lit, tabourets, table, étagères. Un mur couvert d’outils. Il se déplace appuyé sur deux bâtons de berger pour lui montrer ses œuvres, pêle-mêle dans la poussière. L’artiste a légué ses œuvres à la France à condition que son <a title="L'atelier de Brancusi présenté par le Centre Pompidou" href="http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/ENS-brancusi.htm" target="_blank">atelier</a> soit reconstruit tel quel (on peut le visiter en face du Centre Pompidou) : <em>« Je compris que ce n’était pas l’espace anonyme, stérilisé du musée que Brancusi voulait, c’était l’enceinte sacrée. »</em></span></span></p>