Last posts on duval2024-03-28T12:47:40+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/duval/atom.xmlJMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlA quoi sert l'argent ?tag:jolivier.blogspirit.com,2013-01-07:33276672013-01-07T04:50:00+01:002013-01-07T04:50:00+01:00 Cet entretien inédit de Jean-François Duval avec Jean Baudrillard a paru...
<p><em><strong><img id="media-134156" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/1670192097.jpeg" alt="images-7.jpeg" />Cet entretien inédit de Jean-François Duval avec Jean Baudrillard a paru dans </strong></em><strong>Une Semaine Avant l’Élection, Journal Ephémère</strong><em><strong>. Il date de 1983, mais il n'a pas pris une ride. Il vaut la peine de réfléchir, aujourd'hui plus encore qu'hier, à la place de l'argent dans nos vies, à sa valeur et à son rôle.<br /></strong></em></p><p><em><strong>— Jean-François Duval: Jean Baudrillard, comment parler d'argent, aujourd'hui?</strong></em><br />—<strong> Jean Baudrillard</strong>: Aujourd'hui, l'argent, ou la monnaie, devient une espèce d'objet qui n'a plus de prix, quelque chose qui est hors valeur, qui surplombe les économies mondiales, qui les règle ou les dérègle selon une espèce d'arbitraire. Et qui est source d'une fascination éblouie du fait de sa possibilité d'exister en dehors de tout sujet. Et de tout échange particulier. Car au fond, qui contrôle ça, maintenant? C'est un ordre de domination, mais flottant. Il n'y a plus un sujet de la domination. Non, il y a l'argent, qui a été mis sur orbite et qui ne varie plus en fonction des productions. Il a son cycle de circulation, il se lève, il se couche comme un soleil.<br />Ce n'est plus de l'argent d'ailleurs. Il y a un malentendu à parler de cela en terme d'argent. C'est une puissance. Et une puissance qui semble avoir échappé à tout le monde. La dissuasion me paraît être la dimension fondamentale de cet univers-là. Elle permet qu'il n'y ait plus nulle part de territoire, qu'il n'y ait plus rien d'appropriable. Ni même, comme je l'ai dit, de sujets. Il y a là une façon de prendre en otage le reste du monde. Et cette chose-là, on ne peut plus la rapatrier. C'est comme un engin spatial qu'on a lancé... il tourne, il tourne... On satellise des puissances monétaires comme on met sur orbite des bombes nucléaires, et elles en viennent à exercer un semblable pouvoir de dissuasion. N'étant plus des sujets, nous sommes nous-mêmes mis en orbite par ces puissances-là.<br /><br /><strong><img id="media-134157" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/4188424261.jpeg" alt="DownloadedFile.jpeg" />— Jean-François Duval: <em>L'argent supposait une scène de l'échange qui a disparu?</em></strong><br /><strong>— Jean Baudrillard</strong>: Oui, l'argent — et c'est pourquoi ce terme est dépassé —, c'était quelque chose qui était en représentation, qui supposait encore des acteurs. Avec lui, c'est toute une dramaturgie qui disparaît. Un jour, on se rendra peut-être compte que c'était encore un univers vivant. Au lieu de quoi on aura obtenu un univers où il n'y a plus un sujet et un Autre, ni même donc d'aliénation possible. Un univers où les sujets sont complètement ventilés. Désormais, l'argent, qui a été pendant longtemps le signe d'une circulation accélérée par rapport au troc et aux objets, j'ai l'impression qu'il est dépassé comme système d'échange. Plus vraiment opérationnel. Il est en trop. <img id="media-134159" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/2008871834.jpeg" alt="images-5.jpeg" />Le transit se fait par des choses encore plus abstraites. Dans un système de communication plus avancé, on peut supposer qu'il serait tout à fait volatilisé. L'argent est devenu trop réaliste, il reste trop figuratif. Et on n'est plus dans le figuratif. On est dans un univers beaucoup plus aléatoire, où les choses n'appartiennent plus à personne. L'argent, aujourd'hui, c'est presque comme un cadavre dont on se demande comment s'en débarrasser.<br /><br /><strong>— Jean-François Duval: <em>On n'est plus dans la comédie balzacienne ni dans les vieux romans policiers, quand il existait encore un temps de l'accumulation et de la dépense, une théâtralité dans la manière dont les gens par exemple claquaient du fric...</em></strong><br /><strong><img id="media-134160" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/02/175331459.jpeg" alt="images-6.jpeg" />— Jean Baudrillard:</strong> Oh oui, les grands flambeurs, c'est vrai qu'on n'en voit plus tellement. L'avare, c'est aussi un personnage qui commence à devenir impensable. Un jour, on se demandera ce que ce mot veut dire. On peut faire le parallèle avec le cinéma, qui a évolué d'une grande scène, avec des idoles, des stars, à une gestion beaucoup plus banale. Les choses ne se théâtralisent plus, elles se banalisent. Pour dépenser, il faut un excédent, du luxe, une somptuosité, une culture de prestige qui joue sur des différences fortes. Alors, certes, les différences sont encore très grandes, mais elles ne jouent plus : on évolue vers un système purement opérationnel. Jadis, l'argent était riche d'histoires, de mythologies, de récits, de romans. À la Belle Époque, par exemple, l'argent était roi. Parce qu'à ce moment-là, il y avait encore un roi qui traînait quelque part. Il y avait une représentation des choses, même si elle était mystifiante, aliénante. Avec les nouveaux prolongements électroniques, il n'y a plus d'histoire. Il n'y a rien à raconter. On n'inventera là-dessus ni une autre scène, ni une autre théâtralité, ni un autre romanesque. Tout ce qui restera, c'est une espèce de fascination collective. C'est comme dans la mode, où le cérémonial s'est perdu, où on ne déploie plus tout un faste. Elle n'a rien perdu de son intensité, mais le relief s'est aplani. Elle se borne à fonctionner. C'est encore un signe de l'universalisation de ce type de phénomènes.<br />En peinture aussi, on n'a plus affaire à des œuvres qui ont une valeur. Un jugement devient de plus en plus difficile. L'art ne tient plus dans un théâtre ni une scène où les images avaient une puissance de représentation. Quand je dis "scène", ce n'est pas simplement de la scène théâtrale que je parle, mais aussi de la scène du social, de la scène historique, de la scène du sujet. Tout était scène. Mais cette scène s'est volatilisée. Et, avec elle, le regard, au sens noble du terme — je veux dire le regard comme vision, comme jugement.<br />Ce que je décris ici, bien sûr, c'est une tendance à la limite. Mais c'est bien vers ça que nous nous dirigeons. L'argent, je crois, n'a jamais eu plus de sens et de signification qu'à l'ère de la marchandise telle que la dépeint Marx, avec ses cycles d'épargne et d'accumulation primitive. Aujourd'hui, tout cela semble bien archaïque. Quoi qu'on nous dise, l'ère n'est plus à l'épargne, à la thésaurisation, elle est à l'anticipation. L'argent est un gigantesque modèle de simulation de la valeur, encore trop réaliste.</p>
Edouardhttp://blogres.blogspirit.com/about.htmlGénération béatetag:blogres.blogspirit.com,2012-06-14:33241632012-06-14T07:20:00+02:002012-06-14T07:20:00+02:00 par Jean-Michel Olivier Avant eux, à Paris, il y a eu les...
<p><i><b>par Jean-Michel Olivier</b></i></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 28.05pt;"><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><img src="http://blogres.blogspirit.com/media/00/00/1586447112.2.jpeg" id="media-117949" alt="images.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-117949" />Avant eux, à Paris, il y a eu les existentialistes, qui mélangeaient le jazz et la philosophie dans les caves de Saint-Germain-des-Près. On refaisait le monde en rêvant de révolutions, ici et maintenant, de justice et de liberté. Après eux, il y a eu les zazous, les beatniks, les hippies, les punks, les grunges, inspirés par Kurt Cobain, le chanteur du groupe Nirvana. Entre les deux, marquée par Sartre et Camus, il y a eu la <i>Beat Generation,</i></span> <span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">mouvement initié par un petit groupe de poètes américains en rupture, parmi lesquels Allen Ginsberg, William Burroughs et, bien sûr, le ténébreux Jack Kerouac, auteur de <i>Sur la Route*</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">, le roman qui lança véritablement la mode <i>beat</i></span> <span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">dès sa sortie en 1957. Plus encore qu'un mouvement littéraire, il faudrait parler de phénomène sociologique. Au début des années 50, on voit apparaître des films avec Marlon Brandon et James Dean, mettant en scène des personnages de rebelles. En musique, Elvis Presley invente le rock 'n roll. Et en littérature, Kerouac, Québécois d'origine bretonne, publie un livre culte qui poussera des milliers de jeunes gens à prendre la route, comme Dean Moriarty et Sal Paradise, les héros du roman.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 28.05pt;"><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><img src="http://blogres.blogspirit.com/media/01/00/466045943.jpeg" id="media-117953" alt="images-1.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-117953" />Bien sûr, cette quête de soi dans le voyage n'est pas nouvelle. En Occident, elle commence avec les aventures d'Ulysse qui erre pendant dix ans en Méditerranée avant de retrouver son île et son épouse. Mais avec Kerouac, l'exploration du monde n'est pas seulement géographique : elle est quête de sens et de sensations fortes, d'expériences nouvelles. <i>Beat</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">, en anglais, signifie à la fois <i>battu, perdu, rythm</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">é (on le retrouve dans <i>Beatles</i></span> <span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">et <i>beatniks</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">). En français, il ouvre les portes de la <i>béatitude</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">, qui doit nécessairement arriver à la fin de la quête. Mais cette béatitude s'obtient par toute sorte de dérèglements et d'excès : drogues, alcool, frénésie sexuelle, etc. C'est dire qu'elle n'est pas sans danger. Pour soi, comme pour les autres. D'ailleurs les héros de la Beat Generation n'ont pas fait de vieux os : Jack Kerouac meurt à 47 ans, en 1969, des suites de son alcoolisme. Son compère (et idole) Neal Cassady meurt à 42 ans après une nuit d'excès. D'autres « rebelles sans cause » n'ont pas une fin plus glorieuse.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 28.05pt;"><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">Mais <i>brûle</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">r ne vaut-il pas toujours mieux que <i>durer</i></span> <span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">?</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 28.05pt;"><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><img src="http://blogres.blogspirit.com/media/01/00/1111141932.jpeg" id="media-117954" alt="images-2.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-117954" />Un film, tiré du roman de Kerouac, et un livre de Jean-François Duval nous invitent à replonger dans ce mouvement qui a marqué tant de routards et d'écrivains (dont Nicolas Bouvier ou encore Bob Dylan). Le film, d'abord, signé Walter Salles, est une adaptation trop sage du roman, qui ne rend pas justice à la folie de l'écriture de Kerouac. En revanche, le livre de Duval**, qui se présente comme une enquête policière, est passionnant. <img src="http://blogres.blogspirit.com/media/00/00/2605645619.2.jpeg" id="media-117950" alt="images-3.jpeg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-117950" />L'auteur a retrouvé, au fil des ans, tous les protagonistes, proches ou lointains, de <i>Sur la Route</i></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">, qu'il a interviewés longuement : la femme de Cassady, la petite amie de Kerouac, Ginsberg, le prophète du LSD Timothy Leary, etc. Il livre un document exceptionnel sur cette génération perdue qui n'a pas fini de fasciner le monde.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: right; text-indent: 28.05pt;" align="right"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin-left: 0cm; text-align: justify; text-indent: 28.05pt;"><span style="font-size: 10pt; font-family: Symbol;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">·</span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><b>* Jack Kerouac, <i>Sur la Route</i></b></span><span style="font-size: 10pt;" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><b>, Folio.</b></span></p> <p><span style="font-size: 10pt; font-family: "Times New Roman";" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH">*<b>* Jean-François Duval, <i>Kerouac et la Beat Generation,</i></b></span> <span style="font-size: 10pt; font-family: "Times New Roman";" xml:lang="FR-CH" lang="FR-CH"><b>PUF, 2012.</b></span></p>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlL'amour des commencementstag:jolivier.blogspirit.com,2012-03-05:33275942012-03-05T09:05:00+01:002012-03-05T09:05:00+01:00 On connaît bien Jean-François Duval, grand reporter pour M Magazine (ses...
<div align="justify"><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/4188424261.jpeg" id="media-110568" alt="DownloadedFile.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-110568" />On connaît bien Jean-François Duval, grand reporter pour <i>M Magazine</i> (ses interviews de Nathalie Baye ou de Michel Houellebecq, par exemple, sont des morceaux d’anthologie…), spécialiste de Charles Bukowski et de la <i>beat generation,</i> mais aussi romancier de talent (<i>Boston Blues</i>, Phébus, 2000). Il se penche aujourd’hui sur ses années d’adolescence, dans un roman qui cherche à ressaisir, avec justesse et authenticité, la douceur des commencements.<br /> Cette année-là, tout le monde s’en souvient, comme si c’était la première. Et ce fut la première pour beaucoup d’entre nous. Les Beatles venaient de sortir leur double album blanc. Bob Dylan se remettait de sa chute en moto. Dans tous les transistors, Tom Jones hurlait son amour pour une certaine « Delilah ». Mary Hopkins sussurait « Those were the Days, my Friend » (une chanson du folklore yiddish sur laquelle Paul Mc Cartney avait fait subrepticement main basse). Walt Disney venait de sortir <i>Le Livre de la Jungle</i> en dessin animé. Et le joli mois de mai, à Paris, avait été du genre chaud…<br /> <img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/01/2913803022.jpeg" id="media-110569" alt="DownloadedFile-1.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-110569" />1968 : personne n’a fait mieux depuis ! Comme le note si justement Duval : « <i>Je n’avais pu monnayer mon âme au diable qu’une seule et bonne fois. Je n’ai vécu qu’une saison dans ma vie, mais en état de grâce, peut-être précisément parce que j’avais un temps limité devant moi.</i> » Cet état de grâce, c’est le séjour qu’entreprend Chris, 18 ans (et donc un peu plus jeune que l’auteur…) à Cambridge, en Angleterre. Séjour linguistique (c’est le prétexte). Mais bien plus que cela en réalité. L’anglais, à cette époque (mais cela a-t-il vraiment changé ?) était la langue de la musique et de la vie, de la pensée et de l’amour. C’était la langue qui inventait le monde, créait un lien magique entre les sexes et les nationalités, incarnait le désir partagé par toute une génération.<br /> Cette année-là, « <i>pulvérisant son horloge interne</i> », changeant de langue et de climat, Chris rencontre Mike, qui compose avec talent des protest songs, Simon qui collectionne les voitures anciennes, Harry le doux colosse et, bien sûr, Maybelene, 17 ans, tout droit sortie d’une chanson de Little Richard ou de Jerry Lee Lewis. C’est avec elle que Chris va connaître une passion dévorante, comme une suite de métamorphoses inattendues : de nouvelles naissances.<br /> Avec délicatesse, Duval nous entraîne dans l’Angleterre des <i>sixties,</i> parvenant à restituer parfaitement ce climat de liberté souveraine et d’expérimentation qui régnait à l’époque, mélange de douce mélancolie et de violence sourde, de grâce et d’exaltation. Composé d’une centaine de brefs chapitres, qui se lisent comme on écoute une chanson, portés par une musique à la fois entraînante et secrète, <i>L’année où j’ai appris l’anglais</i>* résonne longtemps dans les mémoires et laisse sur la peau des frissons qu’on avait oubliés.</div> <div align="justify">Les Éditions Zoé ont eu l'excellente idée de reprendre ce livre délectable en colelction de poche. Qu'on se le dise !</div> <div align="justify"><br /></div> <div align="right"><b><i>*L’année où j’ai appris l’anglais,</i> par Jean-François Duval, Zoé-Poche, 2012.</b></div> <div align="right"><b><br /></b></div> <p> </p>
Edouardhttp://blogres.blogspirit.com/about.htmlJean-François Duval, écrivain-philosophetag:blogres.blogspirit.com,2011-01-27:33239892011-01-27T09:26:00+01:002011-01-27T09:26:00+01:00 par Jean-Michel Olivier On ne présente plus Jean-François Duval :...
<p><b><img src="http://blogres.blogspirit.com/media/02/01/2605645619.jpeg" id="media-75836" alt="images-3.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" />par Jean-Michel Olivier</b></p> <p><b>On ne présente plus Jean-François Duval : journaliste, écrivain et bourlingueur, né en 1947 à Genève, qui distille chaque semaine dans l'hebdomadaire M-Magazine, ses délicieuses chroniques « Minute papillon ». Après deux romans, <i>Boston Blues</i> (2000) et <i>L'annéée où j'ai appris l'anglais (2006)</i>, Duval nous propose un recueil de textes courts et savoureux, petit traité de philosophie quotidienne. Dans <i>Et vous, faites-vous semblant d'exister ?</i>* Duval excelle dans l'art du portrait, comme celui, subtil, de la fable. À travers cent détails quoditiens, que nous avons perdu l'habitude de voir, il nous rappelle que le monde qui nous entoure demande sans cesse à être réenchanté. C'est-à-dire déchiffré, interprété, investi d'émotion et de sens. Mêlant les éléments de sa mythologie personnelle (la VW de ses parents, la corvée de bois, la prière du soir) aux fables d'aujourd'hui, plus massives, plus impersonnelles, Duval trace un petit état des lieux de notre société désenchantée et nous donne, peut-être, grâce à ce petit livre, les moyens d'y survivre. Entretien.</b></p> <p style="text-align: justify;"><b><br /> Ton livre est composé de très courts chapitres (de 1 à 3 pages), le plus souvent sans lien immédiat les uns avec les autres. Pourquoi le choix de cette forme brève et « disparate » ?</b><br /> — C’est Denis Grozdanovitch qui, dans sa préface à mon livre, parle de « disparate si savoureux ». Lui-même est l’auteur de <i>Petit traité de désinvolture</i> et de <i>L’art difficile de ne presque rien faire</i>, où il pratique la forme courte, à l’instar de son propre préfacier, Philippe Delerm. Moi-même, je n’ai jamais pu oublier une rencontre avec Cioran, chez lui, rue de l’Odéon, en 1979, où il m’a dit (c’était à la fois une justification de ses propres écrits, et un conseil qu’il me donnait) : « Il y a plus de vérité dans le fragment. » C’est vrai : il peut arriver qu’une exigence excessive de cohérence (c’est une fatalité qui guette beaucoup de romans) débouche sur des passages inutiles et factices. Cela dit, même si mon <i>Et vous, faites-vous semblant d’exister ?</i> est constitué de chapitres courts, un fil rouge court entre eux et les relie souterrainement. J’ai pris grand soin à la construction de ce livre, à peu près autant que Noé à la construction de son arche (<i>rires</i>). Le monde est divers et il faut rendre compte de sa variété. Au travers des mini-événements quotidiens qui font la trame de notre vie, j’ai voulu et me suis amusé à laisser transparaître quelques anciens grands mythes. Le narrateur, sous une forme certes minimaliste, affronte un Déluge tel que Noé, il se réfugie sur une montagne, le MacBook qu’il y emporte lui est un canot de sauvetage, une arche, il redescend de ses sommets, se mêle à la foule de ses semblables, s’embarque pour une petite odyssée en tram. Dans l’ensemble du livre, il s’efforce de récolter, à la façon de Robinson Crusoé, les débris du naufrage… Le petit chien qui l’accompagne est son Sancho Panza. Il vogue d’illusions en illusions et tente tant bien que mal de se frayer un chemin à travers les mythologies contemporaines et la réalité telle que nous la vivons. Le mouvement général est plutôt celui d’une mini épopée…<br /> <br /> <b>Plusieurs chapitres développent des éléments de ta mythologie personnelle, comme la VW familiale. Ce livre est-il une autobiographie déguisée ?</b><br /> — Non, ça n’est pas une autobiographie. Mais il est clair que je fais appel à des souvenirs, à des choses qui me sont personnellement arrivées. Je crois que tout est à peu près vrai dans ce livre, y compris lorsque je raconte qu’à six ou sept ans je suis tombé dans le Rhône, dont le courant allait m’emporter, n’était le bras secourable d’un pêcheur qui m’a… repêché. En principe, les Genevois qui liront ce livre devaient humer ce qui fait le fond de l’air de leur ville. Le livre a été écrit sous cette mer de brouillard que tous ici nous connaissons si bien, et à laquelle, dès le deuxième chapitre, j’attribue des vertus philosophiques. A Genève, nous avons la chance de vivre très concrètement dans la caverne de Platon. En revanche, ce qui relève peut-être de la fiction, c’est lorsque, au-delà de notre monde terrestre, le narrateur assiste à une joute oratoire entre des Inexistants. Ou encore, lorsqu’il s’envole littéralement pour rattraper son chien. N’oublions jamais la fantaisie ! Ni que le réel est troué comme une écumoire, pénétré d’humour.<br /> <br /> <b><img src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/00/585328407.jpeg" id="media-75831" alt="images-4.jpeg" style="border-width: 0pt; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" />On pense, en te lisant, aux célèbres <i>Mythologies</i> de Roland Barthes, dont tu as suivi les cours. A-t-il eu une influence sur ton écriture ? Si ce n'est lui, quels autres écrivains ou philosophes t'ont influencé ?</b><br /> — Pas vraiment en fait, même si ta remarque est judicieuse, par exemple pour ce chapitre où j’imagine « la prière du soir » vue comme un objet des années cinquante digne de figurer dans un musée d’ethnographie. Là, je me sentais proche de l’esprit du gag qui animait des bédéistes comme Franquin, Martin Branner ou Winsor McCay, ou encore les cartoonists américains du genre Tex Avery. Quand j’écrivais, bien sûr, les ombres familières de quantité de grands auteurs se pressaient dans ma tête, sans qu’il y ait de rapport de cause à effet sur le plan de la qualité du résultat final. Parmi eux, Sénèque, Epictète, Montaigne, qui parle de son corps, qui adore digresser (le monde n’est-il pas labyrinthique ?) et qui se réfère lui-même aux dédales de toutes les bibliothèques. Et puis Swift, pour le point de vue de Sirius et pour la satire. Les moralistes français aussi, Chamfort, La Rochefoucauld. Enfin, pour une bonne part, La Fontaine et des auteurs de contes (je suis toujours ébloui par l’histoire du Chat botté, qui me paraît la meilleure illustration de la crise des subprimes). J’avais très envie que le livre prenne, par endroits, le caractère de la fable. Pourquoi ? Parce que je crois que nos existences à chacun tiennent, beaucoup plus que nous ne croyons, à notre sens de la fable.<br /> <br /> <b>— Tu évoques avec bonheur ce qui constituait sinon les mythes de notre jeunesse, au moins ses rituels, comme la corvée de bois ou la prière du soir, que tu déchiffres et relis précisément comme des fables. Quels seraient les mythes ou les fables d'aujourd'hui ?</b><br /> — Ah là, tu me poses une colle ! Sur ce plan-là, je crois que notre monde s’est beaucoup rétréci. Mais d’abord, je pense qu’il serait prudent de distinguer le mythe, ou les mythologies, de la fable. La fable ne prétend pas à autre chose que ce qu’elle est. Les mythes et les mythologies, eux, souvent n’hésitent pas à prétendre à la vérité. Comme je le dis dans le livre, tout ce qu’on appelle les « grands récits » (dont les religions ont longtemps été la clé de voûte) s’est aujourd’hui effondré. Les églises et les cathédrales étaient d’immenses vaisseaux qui nous portaient et nous transportaient –jusqu’à assurer notre salut ! Aujourd’hui, nous sommes tous des naufragés. En cela, il nous incombe chaque jour de jouer les Robinson Crusoé. Les ressources auxquelles nous pouvons faire appel sont d’ordre minimaliste… Notre dernier grand mythe, celui auquel nous croyons encore, c’est celui de la science, du discours scientifique. Les autres mythologies ont-elles complètement disparu ? Non. Un Mircea Eliade nous répondrait qu’elles sont partout présentes sous des formes camouflées – autant sinon plus qu’à l’époque où Barthes s’y intéressait. Eliade n’aurait aucun mal à débusquer les mythologies contemporaines dans <i>Desperate Housewives, Urgences, Mad Men, Les Experts,</i> et autres séries télévisées. Quand toi-même, dans ton roman <i>L’Amour nègre</i>, tu fais la satire décapante du monde <i>people</i> dans lequel nous sommes en train de basculer (nous y érigeons Brad Pitt et Angelina Jolie en héroïques et divines figures de la statuaire gréco-latine), j’ai l’impression que tu opposes judicieusement la fable – l’arme de la fable – aux mythologies actuelles, qui nous font prendre des vessies pour des lanternes.<br /> <br /> <b><img src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/01/02/189103094.3.jpeg" id="media-75832" alt="images-2.jpeg" style="border-width: 0pt; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" />« Si l'on veut réenchanter le monde, écris-tu, ce ne pourra être que de façon minimaliste. Non pas par de grands récits, mais en tournant notre intérêt vers des éléments épars, débris des grands vaisseaux qui portaient autrefois notre pensée et nos croyances. » Pourquoi, à ton avis, le monde, aujourd'hui, est-il désenchanté ?</b><br /> — Je parle du monde occidental. Dans d’autres parties du monde, hélas, on lutte de manière très obscurantiste et fanatique contre le désenchantement et le doute, lesquels vont tout de même de pair avec l’esprit critique moderne. Et l’on en appelle à des formes de convictions intégristes qui mènent au pire, comme on l’a vu. Si notre monde est désenchanté, c’est sans doute que nous devenons de plus en plus lucides. Et en particulier de plus en plus lucides sur nous-mêmes. Bien, sûr, la lucidité elle-même n’est qu’une sorte d’ultime illusion. Mais c’est le point où nous en sommes. J’ai intitulé l’un des chapitres du livre « Que croâââ-je ? ». De plus en plus, jusque dans le monde de la science où toute « vérité » ne le reste que le temps d’être invalidée par la vérification expérimentale, nous « savons » que nos savoirs sont d’abord faits de croyances. Notre problème, si c’en est un, c’est que nous ne sommes même plus sûrs de « croire ce que nous croyons ».<br /> <br /> <b>Est-il possible de le réenchanter ?</b><br /> — Sans doute, mais c’est moins facile qu’autrefois. A nous de comprendre que ce n’est pas tant notre monde qui est enchanté – encore que sa simple existence a quelque chose du miracle – mais que c’est nous qui l’enchantons de notre regard, et que beaucoup dépend donc de son pouvoir de fertilité. Le minimalisme, c’est peut-être une façon de semer des graines, de donner à notre réel, non pas un sens, mais des sens, aussi minuscules et essentiels que les touches d’un tableau pointilliste.<br /> <br /> <b>Ton livre se termine sur un autre mythe : <i>Sur la route</i>, de Kerouac. Tu évoques ta rencontre avec LuAnne Henderson, la belle Marylou de <i>On the Road</i>. Est-ce que la « beat generation » ne constitue pas le dernier mythe de la littérature ?</b><br /> — C’est toi qui m’y fais penser, mais c’est bien possible. Sur la route de Kerouac peut très bien, à l’heure actuelle du moins, être considéré comme la dernière épopée marquante, celle qui clôt toute une série inaugurée par L’Odyssée de Homère et, au début du XXe siècle par Ulysse de James Joyce. Sur la route est un poème, un chant d’exaltation. Kerouac y fait précisément preuve d’un regard fertile. Mais ce sera un chant déçu, au bout du compte. Kerouac lui-même a fini très tristement, les yeux dessillés. Désormais, nous sentons tous qu’il faudra nous coltiner un monde clos, avec de nombreux culs-de-sac. D’autres voies, d’autres chemins peuvent s’ouvrir devant nous. C’est affaire d’imaginaire d’abord. Les sociétés humaines, et le quotidien qui va avec, prennent la forme que leur a donnée notre imaginaire. Creusons la fable.</p> <p style="text-align: justify;"><b>* Jean-François Duval, <i>Et vous, faites-vous semblant d'exister ?</i> Paris, PUF, 2010.</b></p>
JMOlivierhttp://jolivier.blogspirit.com/about.htmlJean-François Duval, écrivain-philosophetag:jolivier.blogspirit.com,2011-01-27:33275282011-01-27T08:09:00+01:002011-01-27T08:09:00+01:00 On ne présente plus Jean-François Duval : journaliste, écrivain et...
<p style="text-align: justify;"><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/2605645619.2.jpeg" id="media-75829" alt="images-3.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /><b>On ne présente plus Jean-François Duval : journaliste, écrivain et bourlingueur, né en 1947 à Genève, qui distille chaque semaine dans l'hebdomadaire M-Magazine, ses délicieuses chroniques « Minute papillon ». Après deux romans, <i>Boston Blues</i> (2000) et <i>L'annéée où j'ai appris l'anglais (2006)</i>, Duval nous propose un recueil de textes courts et savoureux, petit traité de philosophie quotidienne. Dans <i>Et vous, faites-vous semblant d'exister ?</i>* Duval excelle dans l'art du portrait, comme celui, subtil, de la fable. À travers cent détails quoditiens, que nous avons perdu l'habitude de voir, il nous rappelle que le monde qui nous entoure demande sans cesse à être réenchanté. C'est-à-dire déchiffré, interprété, investi d'émotion et de sens. Mêlant les éléments de sa mythologie personnelle (la VW de ses parents, la corvée de bois, la prière du soir) aux fables d'aujourd'hui, plus massives, plus impersonnelles, Duval trace un petit état des lieux de notre société désenchantée et nous donne, peut-être, grâce à ce petit livre, les moyens d'y survivre. Entretien.</b></p> <p style="text-align: justify;"><b><br /> Ton livre est composé de très courts chapitres (de 1 à 3 pages), le plus souvent sans lien immédiat les uns avec les autres. Pourquoi le choix de cette forme brève et « disparate » ?</b><br /> — C’est Denis Grozdanovitch qui, dans sa préface à mon livre, parle de « disparate si savoureux ». Lui-même est l’auteur de <i>Petit traité de désinvolture</i> et de <i>L’art difficile de ne presque rien faire</i>, où il pratique la forme courte, à l’instar de son propre préfacier, Philippe Delerm. Moi-même, je n’ai jamais pu oublier une rencontre avec Cioran, chez lui, rue de l’Odéon, en 1979, où il m’a dit (c’était à la fois une justification de ses propres écrits, et un conseil qu’il me donnait) : « Il y a plus de vérité dans le fragment. » C’est vrai : il peut arriver qu’une exigence excessive de cohérence (c’est une fatalité qui guette beaucoup de romans) débouche sur des passages inutiles et factices. Cela dit, même si mon <i>Et vous, faites-vous semblant d’exister ?</i> est constitué de chapitres courts, un fil rouge court entre eux et les relie souterrainement. J’ai pris grand soin à la construction de ce livre, à peu près autant que Noé à la construction de son arche (<i>rires</i>). Le monde est divers et il faut rendre compte de sa variété. Au travers des mini-événements quotidiens qui font la trame de notre vie, j’ai voulu et me suis amusé à laisser transparaître quelques anciens grands mythes. Le narrateur, sous une forme certes minimaliste, affronte un Déluge tel que Noé, il se réfugie sur une montagne, le MacBook qu’il y emporte lui est un canot de sauvetage, une arche, il redescend de ses sommets, se mêle à la foule de ses semblables, s’embarque pour une petite odyssée en tram. Dans l’ensemble du livre, il s’efforce de récolter, à la façon de Robinson Crusoé, les débris du naufrage… Le petit chien qui l’accompagne est son Sancho Panza. Il vogue d’illusions en illusions et tente tant bien que mal de se frayer un chemin à travers les mythologies contemporaines et la réalité telle que nous la vivons. Le mouvement général est plutôt celui d’une mini épopée…<br /> <br /> <b>Plusieurs chapitres développent des éléments de ta mythologie personnelle, comme la VW familiale. Ce livre est-il une autobiographie déguisée ?</b><br /> — Non, ça n’est pas une autobiographie. Mais il est clair que je fais appel à des souvenirs, à des choses qui me sont personnellement arrivées. Je crois que tout est à peu près vrai dans ce livre, y compris lorsque je raconte qu’à six ou sept ans je suis tombé dans le Rhône, dont le courant allait m’emporter, n’était le bras secourable d’un pêcheur qui m’a… repêché. En principe, les Genevois qui liront ce livre devaient humer ce qui fait le fond de l’air de leur ville. Le livre a été écrit sous cette mer de brouillard que tous ici nous connaissons si bien, et à laquelle, dès le deuxième chapitre, j’attribue des vertus philosophiques. A Genève, nous avons la chance de vivre très concrètement dans la caverne de Platon. En revanche, ce qui relève peut-être de la fiction, c’est lorsque, au-delà de notre monde terrestre, le narrateur assiste à une joute oratoire entre des Inexistants. Ou encore, lorsqu’il s’envole littéralement pour rattraper son chien. N’oublions jamais la fantaisie ! Ni que le réel est troué comme une écumoire, pénétré d’humour.<br /> <br /> <b><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/1644526353.2.jpeg" id="media-75831" alt="images-4.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" />On pense, en te lisant, aux célèbres <i>Mythologies</i> de Roland Barthes, dont tu as suivi les cours. A-t-il eu une influence sur ton écriture ? Si ce n'est lui, quels autres écrivains ou philosophes t'ont influencé ?</b><br /> — Pas vraiment en fait, même si ta remarque est judicieuse, par exemple pour ce chapitre où j’imagine « la prière du soir » vue comme un objet des années cinquante digne de figurer dans un musée d’ethnographie. Là, je me sentais proche de l’esprit du gag qui animait des bédéistes comme Franquin, Martin Branner ou Winsor McCay, ou encore les cartoonists américains du genre Tex Avery. Quand j’écrivais, bien sûr, les ombres familières de quantité de grands auteurs se pressaient dans ma tête, sans qu’il y ait de rapport de cause à effet sur le plan de la qualité du résultat final. Parmi eux, Sénèque, Epictète, Montaigne, qui parle de son corps, qui adore digresser (le monde n’est-il pas labyrinthique ?) et qui se réfère lui-même aux dédales de toutes les bibliothèques. Et puis Swift, pour le point de vue de Sirius et pour la satire. Les moralistes français aussi, Chamfort, La Rochefoucauld. Enfin, pour une bonne part, La Fontaine et des auteurs de contes (je suis toujours ébloui par l’histoire du Chat botté, qui me paraît la meilleure illustration de la crise des subprimes). J’avais très envie que le livre prenne, par endroits, le caractère de la fable. Pourquoi ? Parce que je crois que nos existences à chacun tiennent, beaucoup plus que nous ne croyons, à notre sens de la fable.<br /> <br /> <b>— Tu évoques avec bonheur ce qui constituait sinon les mythes de notre jeunesse, au moins ses rituels, comme la corvée de bois ou la prière du soir, que tu déchiffres et relis précisément comme des fables. Quels seraient les mythes ou les fables d'aujourd'hui ?</b><br /> — Ah là, tu me poses une colle ! Sur ce plan-là, je crois que notre monde s’est beaucoup rétréci. Mais d’abord, je pense qu’il serait prudent de distinguer le mythe, ou les mythologies, de la fable. La fable ne prétend pas à autre chose que ce qu’elle est. Les mythes et les mythologies, eux, souvent n’hésitent pas à prétendre à la vérité. Comme je le dis dans le livre, tout ce qu’on appelle les « grands récits » (dont les religions ont longtemps été la clé de voûte) s’est aujourd’hui effondré. Les églises et les cathédrales étaient d’immenses vaisseaux qui nous portaient et nous transportaient –jusqu’à assurer notre salut ! Aujourd’hui, nous sommes tous des naufragés. En cela, il nous incombe chaque jour de jouer les Robinson Crusoé. Les ressources auxquelles nous pouvons faire appel sont d’ordre minimaliste… Notre dernier grand mythe, celui auquel nous croyons encore, c’est celui de la science, du discours scientifique. Les autres mythologies ont-elles complètement disparu ? Non. Un Mircea Eliade nous répondrait qu’elles sont partout présentes sous des formes camouflées – autant sinon plus qu’à l’époque où Barthes s’y intéressait. Eliade n’aurait aucun mal à débusquer les mythologies contemporaines dans <i>Desperate Housewives, Urgences, Mad Men, Les Experts,</i> et autres séries télévisées. Quand toi-même, dans ton roman <i>L’Amour nègre</i>, tu fais la satire décapante du monde <i>people</i> dans lequel nous sommes en train de basculer (nous y érigeons Brad Pitt et Angelina Jolie en héroïques et divines figures de la statuaire gréco-latine), j’ai l’impression que tu opposes judicieusement la fable – l’arme de la fable – aux mythologies actuelles, qui nous font prendre des vessies pour des lanternes.<br /> <br /> <b><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/02/2305195401.2.jpeg" id="media-75832" alt="images-2.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" />« Si l'on veut réenchanter le monde, écris-tu, ce ne pourra être que de façon minimaliste. Non pas par de grands récits, mais en tournant notre intérêt vers des éléments épars, débris des grands vaisseaux qui portaient autrefois notre pensée et nos croyances. » Pourquoi, à ton avis, le monde, aujourd'hui, est-il désenchanté ?</b><br /> — Je parle du monde occidental. Dans d’autres parties du monde, hélas, on lutte de manière très obscurantiste et fanatique contre le désenchantement et le doute, lesquels vont tout de même de pair avec l’esprit critique moderne. Et l’on en appelle à des formes de convictions intégristes qui mènent au pire, comme on l’a vu. Si notre monde est désenchanté, c’est sans doute que nous devenons de plus en plus lucides. Et en particulier de plus en plus lucides sur nous-mêmes. Bien, sûr, la lucidité elle-même n’est qu’une sorte d’ultime illusion. Mais c’est le point où nous en sommes. J’ai intitulé l’un des chapitres du livre « Que croâââ-je ? ». De plus en plus, jusque dans le monde de la science où toute « vérité » ne le reste que le temps d’être invalidée par la vérification expérimentale, nous « savons » que nos savoirs sont d’abord faits de croyances. Notre problème, si c’en est un, c’est que nous ne sommes même plus sûrs de « croire ce que nous croyons ».<br /> <br /> <b>Est-il possible de le réenchanter ?</b><br /> — Sans doute, mais c’est moins facile qu’autrefois. A nous de comprendre que ce n’est pas tant notre monde qui est enchanté – encore que sa simple existence a quelque chose du miracle – mais que c’est nous qui l’enchantons de notre regard, et que beaucoup dépend donc de son pouvoir de fertilité. Le minimalisme, c’est peut-être une façon de semer des graines, de donner à notre réel, non pas un sens, mais des sens, aussi minuscules et essentiels que les touches d’un tableau pointilliste.<br /> <br /> <b>Ton livre se termine sur un autre mythe : <i>Sur la route</i>, de Kerouac. Tu évoques ta rencontre avec LuAnne Henderson, la belle Marylou de <i>On the Road</i>. Est-ce que la « beat generation » ne constitue pas le dernier mythe de la littérature ?</b><br /> — C’est toi qui m’y fais penser, mais c’est bien possible. Sur la route de Kerouac peut très bien, à l’heure actuelle du moins, être considéré comme la dernière épopée marquante, celle qui clôt toute une série inaugurée par L’Odyssée de Homère et, au début du XXe siècle par Ulysse de James Joyce. Sur la route est un poème, un chant d’exaltation. Kerouac y fait précisément preuve d’un regard fertile. Mais ce sera un chant déçu, au bout du compte. Kerouac lui-même a fini très tristement, les yeux dessillés. Désormais, nous sentons tous qu’il faudra nous coltiner un monde clos, avec de nombreux culs-de-sac. D’autres voies, d’autres chemins peuvent s’ouvrir devant nous. C’est affaire d’imaginaire d’abord. Les sociétés humaines, et le quotidien qui va avec, prennent la forme que leur a donnée notre imaginaire. Creusons la fable.</p> <p style="text-align: justify;"><b>* Jean-François Duval, <i>Et vous, faites-vous semblant d'exister ?</i> Paris, PUF, 2010.</b></p>
JF Mabuthttp://jfmabut.blogspirit.com/about.htmlLa retraite à 67 ans et plus d'heures à l'écoletag:jfmabut.blogspirit.com,2010-02-26:33069512010-02-26T07:02:00+01:002010-02-26T07:02:00+01:00 Une conférence de presse est convoquée mardi 2 mars. On y entendra les...
<p>Une conférence de presse est convoquée mardi 2 mars. On y entendra les propositions du député valaisan <a href="http://www.jeanromain.net/cariboost1/">Jean Romain</a>.</p> <p>Sur son blog "<a href="http://etsionenparlait.blog.tdg.ch/archive/2010/02/23/la-matu-a-18-ans.html">Et si on en parlait!</a>" André Duval a offert l'hospitalité à l'écrivain et reproduit la dernière chronique publiée dans le Nouvelliste. En bref le député radical y conteste un projet de loi libéral genevois - il y a du tirage dans le mariage libéral radical - qui propose de fixer l'âge de la matu à 18 ans à Genève, comme dans les autres cantons suisses. Avant d'abaisser l'âge de la matu, argumente Romain, il faudrait augmenter le nombre d'heures de travail des potaches genevois. Il travaillerait selon ses calculs 135 jours de moins que les petits Valaisans.</p> <p>Parlons en en effet!</p> <p>A lire <a href="http://etsionenparlait.blog.tdg.ch/archive/2010/02/23/la-matu-a-18-ans.html">ici</a></p><p><a href="http://jfmabut.blogspirit.com/media/02/02/3495827397.png" target="_blank"><img src="http://jfmabut.blogspirit.com/media/00/01/2905511628.png" id="media-49943" alt="romain jean.png" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-49943" /></a>L'Octodurien Pascal Couchepin s'était fait une pub d'enfer en proposant la retraite à 67 ans. Tollé général dans le landernau! Le 7 mars prochain les Suisses pourraient abaisser le taux de conversion du capital de leur retraite, c'est-à-dire réduire les rentes versées dès 2016. Pourraient car les Suisses sont déboussolés. UBS, le chômage, le secret bancaire, la Libye et une classe politique incapable de proposer un cap clair au pays devraient conduire une majorité à conserver l'acquis encore un peu. Un niet sur les retraites ne mettrait pas le système en péril. Une façon de signifier son désarroi.</p> <p>Sur le fond, ce que Couchepin n'a pas obtenu d'une main, les caisses de retraite le réclament de l'autre. Elles finiront par l'obtenir. Le pire serait d'augmenter les cotisations. Car il y a un fait irréductible: la durée de la vie augmente, ce qui s'avère n'être au fond pas une bonne nouvelle. Pour personne. Ni pour les assurances sociales, ni pour les très vieux - à part quelques Erni, combien de vieillards impotants? - ni pour les jeunes qu'on va taxer toujours plus.</p> <p>Les radicaux genevois marchent ces jours sur les traces de Couchepin. Ils proposent d'allonger la durée du travail... des élèves genevois.</p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlPrivilègetag:textespretextes.blogspirit.com,2009-09-26:31095522009-09-26T08:19:18+02:002009-09-26T08:19:18+02:00 « C'est le privilège du dimanche de nous réconcilier avec notre...
<p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« C'est le privilège du dimanche de nous réconcilier avec notre temps intérieur, celui de nos rythmes propres et de notre sensibilité : le temps retrouvé que connaissent bien les peintres du dimanche (ce n'est pas simplement parce qu'ils ont plus de temps qu'ils peignent ce jour-là mais bien parce que ce temps est d'une qualité différente). Dimanche ménage ce temps où je me retrouve moi-même, où je me remets au diapason, où je m'accorde. Avec moi-même, avec la nature, avec les autres. C'est un jour spirituel, où il y a soudain plus de place, plus d'espace pour la multitude des dimensions qui nous habitent - que la semaine souvent atrophie. »</em></span></span></p> <p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">J</span></span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">ean-François Duval, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/09/23/c-etait-dimanche.html" title="C'était dimanche">Un port à l'aube de chaque lundi</a></em> (<em>Autrement</em>, mai 1999)</span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1385673606.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2590522839.jpg" alt="Anonyme Enfant peignant.jpg" name="media-59215" id="media-59215" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <p><br style="mso-special-character: line-break;" /> <br style="mso-special-character: line-break;" /></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlC'était dimanchetag:textespretextes.blogspirit.com,2009-09-24:31095512009-09-24T08:30:00+02:002009-09-24T08:30:00+02:00 Dimanche sans voiture, c’est une tradition à Bruxelles pendant les...
<p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Dimanche sans voiture, c’est une tradition à Bruxelles pendant les <a target="_blank" href="http://www.monument.irisnet.be/fr/sensibi/newsjdp.htm" title="Journées du Patrimoine 2009 à Bruxelles">journées du patrimoine</a>, avec la gratuité des transports en commun. Occupée samedi par le patrimoine familial, j’avais réservé le dimanche pour quelques découvertes, et puis l’imprévu : l’arrivée de deux charmants visiteurs, à vélo, et le plaisir de leur compagnie – cela passe avant tout. C’était l’occasion d’étrenner de jolis bols à thé japonais sur des feuilles en fonte cuivrée, couleur d’automne (nous y sommes).</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/400638411.JPG"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3837131477.JPG" alt="Mésange, dimanche sans voiture.JPG" name="media-59210" id="media-59210" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center"></div> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Pas de circulation ni dans la rue peu passante, ni aux alentours. Les bruits de la ville effacés dès neuf heures et le calme, souverain. De la terrasse, j’entendais soudain parfaitement les cris des mésanges tout près, dans les bouleaux qui perdent leurs feuilles depuis quelque temps déjà, et je les regardais voltiger d’une branche à l’autre. La ville rendue aux oiseaux. Et, bien sûr, aux promeneurs. Le temps radieux de ce dernier week-end de l’été a fait sortir tous les Bruxellois qui aiment et peuvent marcher, rouler à vélo, parcourir la ville débarrassée de la masse automobile. Seuls les avions ont oublié de mettre une sourdine à leurs élans célestes, réveillant le rêve d’une ville qu’ils ne survoleraient pas.</span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Après le thé et la conversation joyeuse, une balade, tout de même. C’est le jour idéal pour flâner sur les boulevards, que les cyclistes s’amusent à occuper sur toute leur largeur. Beaucoup de couples, de familles, de visages souriants – plus qu’à l’ordinaire. Tiens, une avenue jamais empruntée, des maisons unifamiliales, comme on dit aussi au Québec. Allons-y. Sans le tumulte de la circulation sur les grands axes non loin de là, c’est un coin charmant. Et ce chemin, où mène-t-il ? En haut du talus de la voie ferrée, il circule dans un tunnel végétal à l’arrière de jardins particuliers, protégés par des cloisons en bois ou de hautes haies. Un paradis pour les oiseaux, que les pas des rares promeneurs alertent. Et puis on débouche près d’un pont familier, on prend le chemin du retour.</span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">J’aime tant ces dimanches allègres que je les verrais volontiers se multiplier, un dimanche sans voiture à la fin des quatre saisons par exemple. Sans doute, cela poserait problème à ceux qui doivent travailler le dimanche, se procurer une dérogation pour circuler. J’imagine que certaines personnes seules, ce jour-là, souffrent davantage de ne pas recevoir leurs visiteurs éloignés, mais ce pourrait être l’occasion d’une plus grande sollicitude entre voisins.</span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Me revient un beau texte de <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Duval" title="Notice Wikipedia">Jean-François Duval</a>, joliment intitulé <em><a target="_blank" href="http://membres.lycos.fr/fcollard/duval_1.html" title="Le texte de Jean-François DUVAL, "Un port à l'aube de chaque lundi", AUTREMENT, mai 1999">« Un port à l’aube de chaque lundi »</a></em> (revue <em>Autrement</em>, 1999) : <em>« La semaine, je sais bien qui je suis : tout le monde me le dit ; ma place dans la société, dans le monde du<br /> travail me l'indique. Mais dimanche ? Dimanche nous débusque et nous révèle. Alors que la semaine, dans ses discontinuités, nous oblige à des rôles différents, nous divise et nous écartèle, dimanche, qui s'offre dans une durée et une continuité, permet d'effacer ces rôles et de se ressaisir dans son unité et son identité. »</em></span></span></p> <p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p align="left" class="MsoTitle" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; font-weight: normal; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Si j’étais plus douée, je vous mettrais en contrepoint un enregistrement de <em>« Je hais les dimanches »</em>, Piaf ou Greco, au choix – en voici les <a target="_blank" href="http://musique.ados.fr/Edith-Piaf/Je-hais-les-dimanches-t152533.html" title="Piaf, « Je hais les dimanches, sur ados.fr musique">paroles</a>. Certains <a target="_blank" href="http://espacesinstants.blogs.courrierinternational.com/archive/2009/09/17/l-ennui.html" title=""L'ennui" sur Espaces, Instants, le blog de Colo">s’y ennuient</a>, d’autres les redoutent, cela dépend aussi des périodes de la vie. Je suis pour ma part sensible aux charmes du dimanche et de son temps différent. Contre ceux qui voudraient généraliser le travail tous les jours de la semaine et qui prennent hypocritement le parti des consommateurs, ces supposés clients qui deviendraient les travailleurs du dimanche, tôt ou tard, je plaide « la grâce du dimanche »,<br /> pas forcément chrétienne.</span></span></p>