Last posts on cioran2024-03-28T14:46:58+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/cioran/atom.xmlFrançoisehttp://legranddeblocage.blogspirit.com/about.htmlJolie citation...tag:legranddeblocage.blogspirit.com,2017-03-02:30885952017-03-02T14:31:05+01:002017-03-02T14:31:05+01:00 Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres On disparaîtrait sur...
<p style="text-align: center;"><span style="background-color: #ccffff; color: #ff0000; font-size: 18pt;">Si l'on pouvait se voir</span></p><p style="text-align: center;"><span style="background-color: #ccffff; color: #ff0000; font-size: 18pt;">avec les yeux des autres</span></p><p style="text-align: center;"><span style="background-color: #ccffff; color: #ff0000; font-size: 18pt;">On disparaîtrait sur le champ.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="background-color: #ccffff; color: #ff0000; font-size: 18pt;">CIORAN</span></p>
JPChttp://necronomie.blogspirit.com/about.htmlAmalgameovertag:necronomie.blogspirit.com,2015-12-10:31552032015-12-10T02:36:00+01:002015-12-10T02:36:00+01:00 Jeunes résistants français terrassant l'islam radical avec...
<p> </p><p><img id="media-252223" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://necronomie.blogspirit.com/media/00/01/3220682449.jpg" alt="th6UY20FX7.jpg" /><em><strong>Jeunes résistants français terrassant l'islam radical avec modération</strong></em></p><p> </p><p> </p><p> </p><p>Comment ne pas faire d'amalGame lorsqu'un parti socialiste devient six mois plus tard social démocrate puis social libéral pour finir par appeler à voter à droite ?</p><p>La vérité, c'est que tout cela ne change pas grand chose puisque c'est la Money Power qui décide. Donald Trump au moins a le milliard décomplexé et sait qu'il ne sera pas <strong>stigmatisé</strong> pour reprendre un mot à la mode...</p><p> </p><p> </p><p>Il faut acheter français, arborer le drapeau français, chanter la marseillaise mais il est interdit de voter nationaliste...Bref le nationalisme n'est toléré que dans la panier de la ménagère ou dans les stades de foot alors que toutes les forces du Marché tendent à transformer madame Michu en Lady Gaga suivant le modèle US, le seul qui prévaut.</p><p>C'est bien la preuve comme je le dis souvent que l'acte d'achat est plus important que le droit de vote...</p><p><strong><em>Ni de gauche ni de droite encore moins du milieu le centre commercial...</em></strong></p><p><strong> AmalGameover</strong></p>
JPChttp://necronomie.blogspirit.com/about.htmlRIP Pierre Drachlinetag:necronomie.blogspirit.com,2015-12-07:31552022015-12-07T18:01:12+01:002015-12-07T18:01:12+01:00 Pierre Drachline avait beaucoup aimé Crise et Mutation et m'avait situé,...
<p>Pierre Drachline avait beaucoup aimé Crise et Mutation et m'avait situé, quel beau compliment, entre Cioran et Vanegeim donc entre la tentation d'exister et le situationnisme.</p><p>C'est sans doute bien là qu'est ma place ou plutôt mon strapontin.</p><p><a href="http://necronomie.blogspirit.com/media/00/01/590081379.jpg" target="_blank"><img id="media-252221" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://necronomie.blogspirit.com/media/01/01/1817437765.jpg" alt="thG6MUMC09.jpg" /></a><a href="http://necronomie.blogspirit.com/media/00/00/2497740553.png" target="_blank"><img id="media-252222" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://necronomie.blogspirit.com/media/01/01/2669306313.png" alt="sans-titre.png" /></a></p><p> </p><p> </p><p>Pierre m'avait gentiment dédicacé son dernier livre "<strong> <em>A JP, A chacun ses colères et ses révoltes"</em></strong></p><p><em>Le premier chapitre intitulé <strong>Juste avant la chute </strong>commençait comme suit :</em></p><p><em>Mon incompatibilité d'humeur avec une époque ou tout et tous se vendent ne pouvaient que croître avec les incertitudes de l'âge. Un voile noir se posa bientôt sur mes paupières. Interdit de lumière, je m'enfonçai dans la nuit de la neurasthénie. J'éprouvai l'amer plaisir d'être mon pire chagrin.</em></p><p><em>A porter son deuil, on devient vite un riverain de l'imposture. Un cabotin de la douleur.</em></p><p>Ou encore : </p><p><em>Une hémorragie indolore. La débâcle des années m'a éloigné de ce que je prétendais être. Les miroirs ont abandonnés toute complaisance. Vieillir, c'est ne plus échapper à son image. j'arbore désormais le masque de mon cadavre. Je me suis lassé de presque tout en pitre inconscient. L'ardoise sans être magique effaçait d'elle même mes reniements et renoncements. Ma dégringolade aura été mon unique excès de vitesse. Mais se délester de ses illusions ne réconcilie pas avec autrui. Bien au contraire.</em></p><p> </p><p>Ses obsèques auront lieu mercredi à 14 H 30 au Père Lachaise. J'y croiserai peut être Raoul...</p><p> </p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlLa patrie européenne (3): le désir d’Europetag:leshommeslibres.blogspirit.com,2013-11-04:32988902013-11-04T16:41:00+01:002013-11-04T16:41:00+01:00 L’Homme nouveau, un idéal La Nation était l’émergence et la...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/605891945.jpg" target="_blank"><img id="media-156429" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3824008388.jpg" alt="europe,nationalisme,patrie,fascisme,cioran,céline,rousseau,homme nouveau,christianisme" width="249" height="395" /></a>L’Homme nouveau, un idéal</span></strong><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La Nation était l’émergence et la forteresse du peuple. L’idée que l’Etat était l’émanation du peuple est signifiée entre autres par la systématisation du service militaire dès 1798 en France. Les citoyens ne combattent plus pour un seigneur local ou pour une milice royale mais s’engagent pour la patrie. Le pays, la terre natale, devient en quelque sorte la propriété des citoyens, qui ont pour charge de la défendre.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Peu à peu l’Homme nouveau, en gestation depuis Rousseau, et même depuis le christianisme, représentait un idéal en ce XIXe siècle déchiré, pour plusieurs leaders de l'époque: </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span class="st">Marx, Lénine, Mussolini et Hitler</span>. Contre les pouvoirs absolus, l’individu pouvait enfin décider de sa propre vie. Cet Homme nouveau serait affranchi de l’oppression et disposerait de lui-même. Barrès, cité dans la première partie, tentait à sa manière anarchiste - dans ses débuts - d’incarner cet Homme nouveau.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Il était logique qu’un système politique vint appuyer cet idéal, et que l’Etat protège l’individu contre toutes les convoitises territoriales qui avaient couru sur la terre d’Europe. Le nationalisme répondait à la fois au besoin de puissance du citoyen maître de l’Etat, dont la liberté est garantie par des frontières géographiques sûres, et de l’Etat protecteur. Dans tous les cas l’Homme nouveau était affranchi et décidait de soi, mais dans tous les cas le nationalisme de l’époque a écrasé l’individu sous des tyrannies démentielles.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Il faut réaliser que le nazisme et les mouvements fascistes de la première moitié du XXe siècle participaient d’une philosophie politique émancipatrice. Cela peut sembler aujourd’hui incroyable, mais des intellectuels de renom, sincères, ont été attirés par cette idéologie où se mêlaient Etat fort, indépendance nationale, égalité sociale et avenir radieux. On ne peut comprendre la suite des événements si l’on n’a pas à l’idée cette adhésion au fascisme, comme au communisme stalinien. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2008/08/20/nous-respirons-trop-vite.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">Cioran</span></a>, Céline, Brasillach et d’autres ont cru en cette idéologie qui proposait une foi en<a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3811152403.jpg" target="_blank"><img id="media-156430" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/565928169.jpg" alt="europe,nationalisme,patrie,fascisme,cioran,céline,rousseau,homme nouveau,christianisme" width="299" height="247" /></a> l’humain. L’antisémitisme lui-même a pu représenter une sorte de désir d’indépendance nationale. La Shoah n’est pas sortie de rien et n’avait pour seul but la cruauté. On ne pourra digérer le XXe siècle qu’en acceptant aussi de revisiter ces fantômes de notre passé et les raisons de leurs sympathies nazies. Aujourd’hui nous sommes encore à courir devant ce passé de peur qu’il nous rattrape, et nous fabriquons l’Europe trop vite, nous avons piégé le langage et la pensée dans le moule terrorisant des camps de concentration. Aujourd’hui deux espaces seulement sont ouverts en Europe: le libéralisme - des moeurs et de l’économie - et l’anti-libéralisme ou gauche et droite extrêmes retrouvent un terrain d’existence.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Le nationalisme a accouché de la peur de lui-même. On sait aujourd’hui un peu mieux, je l’espère, que ce genre de philosophie ne mène qu’à l’horreur, y compris pour ceux qui y croient. En effet, dans la toute-puissance de l’Etat souhaitée par une partie des citoyens, une inversion se produit où le pouvoir doit contrôler les citoyens pour qu’aucun d’eux ne desserve cet idéal de l’Homme affranchi. Pour l’affranchir et de protéger de lui-même, ô paradoxe, on crée un univers concentrationnaire inouï. </span><br /><br /><br /><strong><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Le désir d’Europe</span></strong><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Le nationalisme n’est pas la seule manière d’exprimer la co-construction entre l’individu et son espace géographique naturel, celui où il est né ou celui où il choisit de faire sa vie. Le patriotisme est peut-être plus propice pour illustrer ce mariage de la terre et de l’Homme. Il n’a pas l’aspect belliqueux et fermé sur soi du nationalisme. Il est un support, pas une forteresse.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/4103350860.jpg" target="_blank"><img id="media-156431" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/1276831465.jpg" alt="europe,nationalisme,patrie,fascisme,cioran,céline,rousseau,homme nouveau,christianisme" width="297" height="219" /></a></span>Mais une patrie ne s’invente pas sur simple décision administrative. C’est une longue construction faite de sueur et de larmes, de bonheurs aussi, de générations qui s’y reproduisent, de culture partagée et accumulée, de crises surmontées ensemble. De conflits parfois. On voit par exemple comment la Palestine, qui n’était qu’un nom administratif sans état ni nationalité, devient un peuple dans le long conflit avec Israël. Cependant l’identité politique ne suffit pas à faire une patrie. Il y faut plus, beaucoup plus.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">L’Europe ayant traversé les déchirures que furent les deux guerres mondiales et leurs régimes d’horreurs, le choc des guerres et du fascisme ayant été si violent, elle a eu besoin de se reconstruire autrement. Elle s’est plongée éperdument dans l’unification, comme pour oublier d’où elle vient. Elle a gommé une partie de sa mémoire. Pour aller de l’avant sans être écrasés sous le remord il fallait oublier le nazisme, le stalinisme, oublier les Etats-Nations criminels qu’elle a elle-même produits, ces dragons mangeant leurs propres enfants. Oublier le XIXe siècle. Aller tête baissée dans un modernisme dont la technologie devint le fer de lance, au détriment de la philosophie. L’Homme nouveau n’était pas mort mais il avait pris un sérieux coup. Trop de danger étaient attachés à ce concept.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La liberté avait changé de territoire. Elle était passée de l’idéologie au business. L’individu s’épanouissait dans la consommation. Avoir une voiture, revendiquer son salaire, prendre la parole, étaient à portée de tous sans verser une goutte de sang. Les images cinématographiques de la liberté ce sont entre autres celles de Pierrot le Fou de Godard, roulant vers le sud pour y trouver la mer - et y mourir. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La construction européenne répondait alors à trois impératifs. Le premier était: plus de<a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2224447096.jpg" target="_blank"><img id="media-156432" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3577885593.jpg" alt="europe,nationalisme,patrie,fascisme,cioran,céline,rousseau,homme nouveau,christianisme" width="251" height="346" /></a> guerre! Je crois que cela reste une des principales raisons dans l’esprit de la population. La deuxième était de créer un vaste marché pour les affaires. La troisième était de devenir un partenaire géopolitique de poids dans un monde où seuls semblent se développer les grands empires ou les grandes aires d’influence, tels les Etats-Unis, la Chine, la Russie, ou des alliances de pays, avec la vassalisation économique des plus petits qu’eux. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Ce désir d’Europe est un phénomène extraordinaire. Imaginer qu’en 15 ans l’Allemagne et la France sont, d’ennemis héréditaires acharnés, devenus amis et partenaires durables est inouï. On oublie souvent de mesurer l’immensité du pas accompli.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mais cette Europe, si enthousiasmante, a des ratés. De projet elle devient boulet aux yeux de certains. Faut-il la changer? Y renoncer? Revenir aux Etats-Nations? Foncer en avant? A-t-elle un avenir, et si oui quelles en sont les traces?</span><br /><br /><br /><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">A suivre.</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><object width="420" height="315" data="http://www.youtube.com/v/ycg2yb3qiUo?hl=fr_FR&version=3" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><param name="src" value="http://www.youtube.com/v/ycg2yb3qiUo?hl=fr_FR&version=3" /><param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Les grands nationalismes qui se sont jetés sur l’Europe aux XIXe et XXe siècles étaient en partie des réactions positives - à l’époque - contre le système féodal et l’Ancien Régime. C’étaient l’émergence des Etats-Nations, Etats pour tous et par tous. Ils sont initialement des produits de la démocratie naissante, mais encore imprégnée de pouvoir absolu.</span></p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlOcralise et ambrelacetag:leshommeslibres.blogspirit.com,2013-09-28:32988532013-09-28T16:13:00+02:002013-09-28T16:13:00+02:00 Pour en rester aux yeux, les prés ont foncé leurs verts, sauf le...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3106314381.jpg" target="_blank"><img id="media-153340" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/4073145751.jpg" alt="été,penser,soi-même,sartre,camus,cioran,liberté,identité,valeurs,narcissisme,hitler,ambre,ocre," /></a>Pour en rester aux yeux, les prés ont foncé leurs verts, sauf le couvert, cette vive plantation végétale </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">pétante comme des épinards,</span> qui fera l’engrais naturel de la terre. Ailleurs le tracteur tourne et retourne ses mottes frisées.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Les feuilles des arbres, moins brillantes, s’ocralisent et s’ambrelacent, habillent veloureusement</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"> la campagne</span> </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">paisible</span></span> de couleurs nostalgiques.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Les parfums traînants multiplient les paysages du nez: ici une lie de vin; là un humus écarquillé tout juste sorti de catacombes végétales; là encore un goût âcre et sucré de bois fraîchement scié.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">La symphonie d’été n’est pas achevée. Elle continue. Notes et accords éveillent une exaltation mineure, une tierce peut-être. Comment ne pas se sentir plein dans cette beauté insistante du début d’automne? Est-il encore utile de penser, alors que tout est là, ressenti, l’esprit comblé, le corps jouisseux?</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Penser: le seul mot ravive les couleurs palpitantes de l’histoire humaine.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Autour de Cioran, Camus et Sartre s’était développée l’idée de <em>«penser contre soi-même»</em>. Dans la foulée de la deuxième guerre mondiale un rejet virulent s’était exprimé. Rejet du modèle autoritaire si total d’Hitler et consorts. On y avait associé le masculin, l’homme et père, la parentalité supposée bridée dans un patriarcat pourtant partageux, et toute forme d’autorité que, dès lors, on ne s’accordait plus à soi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Le culte du anti-héros, du looser, du médiocre, de l’incapable heureux, faisait des ravages. Parfois c’était au nom d’une revendication sociale qui devait égaliser le petit et le grand, qui masquait le manque de talent et de compétences intellectuelles de certains. Propulsés hors de toute humilité, ceux-ci n’acceptaient pas leurs incompétences et ne tentaient rien pour en sortir. Nul is bioutifoule. Alors que dans le même temps d’autres cultivaient la pensée productiviste: <em>«Je suis tout, je peux tout»</em>, et jouaient à la crevette qui veut se faire baleine.</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3173261925.jpg" target="_blank"><img id="media-153341" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3185366332.jpg" alt="été,penser,soi-même,sartre,camus,cioran,liberté,identité,valeurs,narcissisme,hitler,ambre,ocre," width="283" height="229" /></a></span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Le <em>«Je»</em> objectif était devenu inassummable et paradoxalement le <em>«Je»</em> subjectif était et est de plus en plus revendiqué et assumé comme dernier territoire personnel. Si la démarche de <em>«penser contre soi-même»</em> avait quelque intérêt pour desceller les croyances d’alors et pour promouvoir l’esprit critique (à son propre encontre), ses effets furent une perte de confiance dévastatrice de l’humain occidental en lui-même, en ses valeurs, en son Histoire. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">La compensation de cette perte fut et est encore un narcissisme exacerbé mais désespérément vide, n’appelant qu’à davantage de consommation de tous ordres pour combler ce vide: sensations nouvelles, expériences fortes ou extrêmes, intensité émotionnelle, faim de multiplicité sexuelle, mythe du nouveau et du progrès, surenchères diverses, etc, etc, etc. La consommation frénétique de bien matériels, psychiques, politiques ou amoureux sert de paravent au vide de sens.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Qui est ce <em>«Je»</em> dont on fait tant cas: un ensemble de sensations? Un répétiteur de mots appris des autres et dont l’ordonnance a été légèrement modifiée? Un agrégat d’éléments divers reliés par un ressenti aussi mystérieux que l’est la gravitation dans l’univers? Une prise de pouvoir et d’espace? Le sentiment d’une appartenance, et à quoi? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Le XXe siècle a achevé le démembrement de certaines idées et d'un corpus intellectuel de l’humain. Aujourd’hui, les spasmes résiduels sur les valeurs ne recréent pas une identité humaine occidentale solide: trop d'émotion pour être fiables. Aujourd’hui, la politique-même est un enfermement d’individus stéréotypés dans un train sans locomotive. Aujourd’hui, plus que jamais, tout est à repenser, à reconstruire. Mais toutes les ruines du passé ne sont pas encore déblayées. Des ombres errantes, à gauche comme à droite, devant la démesure de tout réinventer et de trier objectivement le passé, tentent de remettre debout les vieilles ruines, sans plus entendre les cris sanglants dont elles sont imprégnées.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">Bel été de l’automne, je replonge dans ce parfum âcre et sucré, boiseux, et mon vélo glisse entre rivière et pré, dans la douceur enveloppante où je remarque un premier fraîchissement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">P.S: Si vous habitez Lausanne, c'est aujourd'hui la Nuit de la lecture. <a href="http://www.lanuitdelalecture.ch/" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">Programme ici</span></a>.</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: verdana,geneva;"><img id="media-153342" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2622318933.jpg" alt="été,penser,soi-même,sartre,camus,cioran,liberté,identité,valeurs,narcissisme,hitler,ambre,ocre" width="64" height="90" />Sur mon autre blog Genève bouge, vie et politique genevoise: <a href="http://genevebouge.blog.tdg.ch/archive/2013/09/28/mobilite-mme-kunzler-prevoit-bien-le-blocage-de-geneve-2-et.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">Mobilité</span></a></span><a href="http://genevebouge.blog.tdg.ch/archive/2013/09/28/mobilite-mme-kunzler-prevoit-bien-le-blocage-de-geneve-2-et.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">, </span></a><span style="font-family: verdana,geneva;"><a href="http://genevebouge.blog.tdg.ch/archive/2013/09/28/mobilite-mme-kunzler-prevoit-bien-le-blocage-de-geneve-2-et.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline; color: #800000;">le blocage de Genève est bien planifié</span></a>.</span></span></em></p><h3 id="p1"> </h3><p> </p><p> </p><p><span style="font-size: small;">Et toujours</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><span style="color: #800000;"><a href="http://www.doa-album.ch" target="_blank"><span style="color: #800000;">www.doa-album.ch</span></a></span>:</span></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3398144286.jpg" target="_blank"><img id="media-153339" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/582636588.jpg" alt="été,penser,soi-même,sartre,camus,cioran,liberté,identité,valeurs,narcissisme,hitler,ambre,ocre," width="175" height="175" /></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">L’été de l’automne est aisément reconnaissable.</span><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: medium;">La lumière est feutrinée, elle se couche, oblique. Les particules d’humide et de poussière n’étincèlent plus comme en pleine juillettude.</span></p>
shakohttp://doelan.blogspirit.com/about.htmlle tonique de l'injusticetag:doelan.blogspirit.com,2013-03-16:29554922013-03-16T12:36:00+01:002013-03-16T12:36:00+01:00 Je relis avec plaisir le célèbre recueil de pensées philosophiques de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;">Je relis avec plaisir le célèbre recueil de pensées philosophiques de Cioran intitulé <em>de l'inconvénient d'être né</em> et qu'une roumaine installée en Normandie dans le célèbre petit bourg de Villiers-Fossard m'avait fait découvrir. Elle habitait un appartement dont la grande bibliothèque mal rangée me fascinait, elle peignait des tableaux et elle avait un accent chantant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;">Elle m'avait conseillé ce livre. Il s'agit d'une succession de pensées de quelques lignes, en général plutôt pessimistes sur l'absurdité du monde et la condition de l'être humain. Extraits :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;"><em>Aucun autocrate n'a disposé d'un pouvoir comparable à celui dont jouit un pauvre bougre qui envisage de se tuer.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;"><em>Depuis des âges et des âges que l'on meurt, le vivant a dû attraper le pli de mourir ; sans quoi on ne s'expliquerait pas pourquoi un insecte ou un rongeur, et l'homme même, parviennent, après quelques simagrées, à crever si dignement. </em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;">Et cette dernière que je fais mienne :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;"><em>Je n'aimerais pas qu'on fût équitable à mon endroit, je pourrais me passer de tout sauf du tonique de l'injustice.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: small;"><em></em><span style="line-height: 14px; text-align: center; background-color: #f5f5f5;">Cette injustice inhérente à notre condition d'homme vivant en société n'est-elle pas en fin compte son moteur, ce qui l'a fait avancer ? Je pense qu'il manquerait cette flamme dans un monde trop juste. </span></span></p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlVite, vite, soyons fous!tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-07-01:32972202010-07-01T01:10:00+02:002010-07-01T01:10:00+02:00 J’aime aussi lire Edgar Morin, grand penseur de notre époque et ancien...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2724514570.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3423979229.jpg" id="media-59997" alt="morin.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-59997" /></a>J’aime aussi lire Edgar Morin, grand penseur de notre époque et ancien communiste. Il n’est pas infréquentable parce qu’il a été communiste. J’aime Albert Jaccard, communiste aussi.<br /> <br /> Il y a pire: j'aime René Girard, encore une lumière de notre époque et chrétien convaincu. Pourtant je n'adhère pas au catholicisme. Mais la pensée de Girard va au-delà de ses appartenances, ou plutôt, comme les grands, il transcende sa formation biblique et en propose une lecture inattendue et passionnante, autour entre autre du thème du bouc émissaire et sur la question de la violence.<br /> <br /> Chaque humain peut avoir des réflexions qui m’intéressent et me nourrissent. Je ne suis pour autant pas obligé d’adhérer à tout de lui. Je ne le lis pas un auteur selon son appartenance politique mais selon le thème qu’il aborde et sa manière de l’aborder. Mais actuellement on est vite jugé sur le fait de citer tel ou tel auteur. J’ai ainsi reçu des remarques acides après un billet sur Finkielkraut, même hors ligne.<br /> <br /> Aujourd'hui on est jugé en 19 secondes, sur ses lectures, ou sur le fait de citer un politicien. Et bien là ça ne va plus. Ah mais, je veux être libre de lire et commenter qui je veux sans que l’on me catalogue. C’est quoi cette manière d’enfermer les gens? Envie de repartir 30 ans en arrière, quand les esprits étaient ouverts, quand on ne se jugeait pas, saperlipopette! D'ailleurs toute bonne idée m'intéresse, qu'elle vienne de gauche ou de droite. Marre de ce clivage qui enferme l'intelligence.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/816373992.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2729594421.jpg" id="media-59998" alt="girard-800wi.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-59998" /></a><br /> Tiens, je lirai en même temps Aragon (poète communiste) et Brasillach (poète et collabo dans la seconde guerre mondiale exécuté en février 45) rien que pour enquiquiner tous ceux qui ont la même intention de censure et de jugement.<br /> <br /> Pfff... Putaing d'époque! Oh, pétard, de l’air! Quelle étouffante "politique correctitude"! Vite, vite, soyons fous, soyons libres, sortons des sentiers battus et rebattus, changeons les lignes, pensons comme nous voulons et dansons la carmagnole! Rè-vo-lou-ssionne! (Rêve, oh, luciole...).<br /> <br /> Ah, des auteurs deviennent des parias, des gens mis à l’index pour leur appartenance politique par leurs adversaires. A quelle époque, sous quel régime brûlait-on les livres?<br /> <br /> Et bien vivent les parias de notre époque!<br /> <br /> Il faut aller avec les parias, les bannis, les exclus, les rejetés, les mauvais, la lie du monde. C'est vers eux qu'il faut aller. Pas vers les nantis, les nantis du politiquement correct, les nantis de bonne conscience, les nantis de jugements de valeur, les nantis de clivage politique, les nantis d’autosatisfaction, les nantis de pureté idéologique, bref ceux qui fossilisent le monde.<br /> <br /> Debout les damnés de la Terre. Je viens vers vous comme d'autres allaient soigner les lépreux. Vous êtes les pauvres en esprit, les lépreux de la pensée, les pâles et maigres sous le regard des bien portants, ceux dont personne bientôt ne voudra plus. C'est vers vous qu'il faut tendre la main: celle des autres est déjà pleine.<br /> <br /> Ciel, deviendrais-je chrétien? Ou marxiste?</p> <p style="text-align: justify;"><object height="385" width="480" data="http://www.youtube.com/v/muMtrCCl1vU&hl=fr_FR&fs=1" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /> <param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/muMtrCCl1vU&hl=fr_FR&fs=1" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p><p style="text-align: justify;">Vous avez lu Cioran? Quel ado n'a pas lu Emil Cioran. Le chantre roumain du désespoir intellectualisé, le nihiliste lumineux. Quand j’étais ado on n'était pas taxé de fascisme pour avoir lu Cioran. Pourtant il a pendant un temps admiré les Légionnaires de la Garde de fer et admirait aussi Hitler. Il a reconnu par la suite cette erreur. Cet errance intellectuelle ne le rendait pas infréquentable pour autant. Etr jamais je ne serais devenu fasciste à sa lecture.</p>
Françoisehttp://legranddeblocage.blogspirit.com/about.htmlPas inspirée...tag:legranddeblocage.blogspirit.com,2008-11-06:16602192008-11-06T16:07:03+01:002008-11-06T16:07:03+01:00La façon la plus efficace de se soustraire à un abattement motivé ou gratuit,...
La façon la plus efficace de se soustraire à un abattement motivé ou gratuit, est de prendre un dictionnaire, de préférence d'une langue que l'on connaît à peine, et d'y chercher des mots et des mots, en faisant bien attention qu'ils soient de ceux dont on ne se servira jamais... Cioran "De l'inconvénient d'être né".
Françoisehttp://legranddeblocage.blogspirit.com/about.htmlUne petite citation ?tag:legranddeblocage.blogspirit.com,2008-10-21:16516272008-10-21T17:28:22+02:002008-10-21T17:28:22+02:00Peu de temps, pas trop d'idées... alors que faire pour quand être fidèle à...
Peu de temps, pas trop d'idées... alors que faire pour quand être fidèle à mon blog ? Non, je ne dirai rien de soeur Emmanuelle... cela ne veut pas dire que je ne l'admirais pas. Ces jours ci, tout le monde en parle... à qui le tour la semaine prochaine ? Le monde oublie si vite... Une petite citation de CIORAN "De l'inconvénient d'être né"EXISTER SERAIT UNE ENTREPRISE TOTALEMENT IMPRATICABLE SI ON CESSAIT D'ACCORDER DE L'IMPORTANCE A CE QUI N'EN A PAS.
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.html“Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.“ (Déjà que les rhinocéros pètent...)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2008-08-22:32960622008-08-22T10:23:00+02:002008-08-22T10:23:00+02:00Alors voilà. Imaginez la nuit profonde de printemps, aux premières douceurs...
Alors voilà. Imaginez la nuit profonde de printemps, aux premières douceurs de mai, quand les arbres ont mis leur parure luxuriante. Imaginez les grillons faisant de la nuit une cathédrale sonore. Les prairies parfument déjà l’air et les bosquets cachent le bel oiseau.<br /><br /><br /><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3332916044.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2912985958.jpg" id="media-11466" title="" alt="Rossignol2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /></a><strong>Et soudain vous entendez... un rot! </strong><br /><br /><em>(Heum, ça commence bien... Mais je vous dis pas comment ça va finir...)</em>. <br /><br />Oui, un rot magistral et prolongé en trilles. Ou ce que vous interprétez comme un rot: c’est le rossignol qui chante! Mais non me direz-vous ce n’est pas un rot. Ce Cioran est un iconoclaste, un briseur de poésie, au mieux un sourd.<br /><br />Attendez, je vous explique. Le chant du rossignol est souvent perçu comme empreint de mélancolie. Ces trilles, cette mélodie, ces longues phrases musicales et l’ambiance nocturne entrent dans un espace intérieur intime.<br /><br />Ce chant est pourtant un chant de l’amour à venir pour le rossignol en rut, mais dans la poésie humaine il illustre davantage la tristesse douce et la perte que le bonheur imminent. Il n’est que de se rappeler la fin d’un poème de Verlaine, <em>“Rossignol”,</em> poème qui fait partie d’une suite intitulée: <em>“Paysages tristes”</em>:<br /><br /><em><blockquote>“Et dans la splendeur triste d'une lune<br />Se levant blafarde et solennelle, une<br />Nuit mélancolique et lourde d'été,<br />Pleine de silence et d'obscurité,<br />Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure<br />L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure. “</blockquote></em><br /><br /><br />Le poète interprète le chant. Il l’interprète comme s’il pénétrait en nous et prenait place dans un espace préexistant: la tristesse ou la mélancolie. Oui, nous sommes faits de joie et de tristesse, même si nous n’avons peut-être jamais vécu d’événement vraiment triste. <br /><br />Par exemple, une personne heureuse peut pleurer à l’écoute d’une chanson mélancolique, alors qu’elle n’est pas dans cette disposition intérieure. Un peu comme la prise femelle dans le mur accueille la prise mâle. Même sans la prise mâle, les trous de la prise femelle existent, comme le trou sans fond de la mélancolie existe déjà en nous. Et quand la prise mâle (le chant du rossignol) vient faire un tour dans notre cuisine émotionnelle, elle se plante droit dans la prise femelle de la mélancolie. Simple, non? Magique. J’en entends qui pensent à autre chose... Un peu de concentration, s’il vous plaît!<br /><br />Donc cette capacité préexistante à ressentir permet de développer l’empathie et la compassion, de comprendre les autres même quand nous ne vivons pas la même chose qu’eux. <br /><br />Cioran, taquin et provocateur, suppose que si nous n’avions pas cette prédisposition à la mélancolie, le chant du rossignol n’aurait pas plus d’effet sur nous que le coassement d’une grenouille, le cri d’une souris ou le pet d’un rhinocéros. Pourtant le pet d’un rhinocéros est très mélodique. Mais voilà, il n’entre pas dans cet espace intime de mélancolie, auquel nous associons d’autres sons. D’ailleurs, regardez la forme d’un pet de rhinocéros: ça ne rentre absolument pas dans un trou de mélancolie, même en poussant! Un peu comme si on essaie de faire rentrer une tige de rose dans la prise femelle: il ne se passe rien. A part de boucher bêtement le trou et se griffer les doigts en essayant de le déboucher. <br /><br />Donc, sans mélancolie préexistante, le chant du rossignol serait juste un son, sans autre ressenti ou interprétation. C’est le préexistant en nous qui colore la manière dont nous l’entendons. Ben oui, c’est comme ça, faut s’habituer aux vérités premières: <strong>le chant du rossignol est beau et triste parce que nous sommes beaux et tristes.</strong><br /><br /><br /><strong>Test: êtes-vous mélancolique?<br /></strong><br /><br />Au printemps prochain, écoutez les rossignols: si vous entendez un rot, ou un pet de rhinocéroos, c’est que vous n’êtes pas vraiment enclin à la <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/324165992.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/3983475758.jpg" id="media-11465" title="" alt="RossignolAncolie.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" /></a>mélancolie... Mais si vous voyez d’un coup la lune blafarde dans sa splendeur triste et que vous vous sentez abandonné-e par l’être aimé (qui pourtant dort tranquillement en attendant votre retour), alors vous êtes mélancolique grave.<br /><br /><br /><em><blockquote>(Sur ces entre-fêtes - oui, on est entre Pâques et octobre, fête de la Constituante - , le jardinier arrive et demande: <br /><br />- Où est-ce que je mets l’Ancolie?<br /><br />- Là où le rhinocéroos pète: à Ouchnok.<br /><br />- Et où est-ce que j’mets l’imélo?<br /><br />- Là où le rot-signol rote: à Sion.<br /><br />...tournez manèges...)<br /></blockquote></em><br /><br />P.S.: Je cède volontiers mes droits d’auteur sur ce texte d’une grande profondeur olfactive et auditive à un prof de philo qui voudrait l’introduire dans son cours de philosophie appliquée. Surtout si c’est une prof féministe qui a besoin d’arguments pour alimenter ses clichés misandres sur la bêtise et le “complexe d'infériorité vêtus d'amertume” des hommes devant la femme moderne...<br /><br /><br />D’autres citations de Cioran dans mon billet: <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2008/08/20/nous-respirons-trop-vite.html" target="_blank">http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2008/08/20/nous-respirons-trop-vite.html</a><br /><br /><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1901322468.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/4069780750.2.jpg" id="media-11463" title="" alt="demilibrestripoliuf2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /></a><br />Changement de style. Un jour j’ai rencontré un gros monsieur cramoisi. Il riait tout le temps, de tout. On lui disait: <em>“Ce n’est pas sérieux de rire ainsi. Soyez un peu plus sérieux”</em>. Et il répondait invariablement:<em> “Rire, c’est très, très sérieux, et très bon pour la santé”</em>. Et il riait de plus belle. J’ai pensé à lui en reprenant cette citation d’Emil Cioran.<br />
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlNous respirons trop vite...tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2008-08-20:32960582008-08-20T13:04:00+02:002008-08-20T13:04:00+02:00 “Nous respirons trop vite pour pouvoir saisir les choses ou en dénoncer...
<a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2726960207.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/4232699267.jpg" id="media-11334" title="" alt="Cioran.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /></a><em><strong>“Nous respirons trop vite pour pouvoir saisir les choses ou en dénoncer la fragilité. Notre halètement les postule et les déforme, les crée et les défigure, et nous y enchaîne”.</strong></em><br /><br />En deux phrases Emil Cioran pointe un trait humain si courant. Il parle de l’attention de nous portons aux choses et aux êtres, et de la rapidité avec laquelle nous recréons le réel à notre image, à défaut de l’avoir suffisamment observé et approfondi.<br /><br />Un oiseau qui passe rapidement? Le regard humide d’un passant? Qu’avons-nous vu? Une légère ombre fugace, une silhouette dont nous ne sommes parfois même pas capable de décrire la couleur des habits.<br /><br />Nous passons vite, nous respirons vite, haletants, et nous ne voyons que les grosses bornes qui marquent notre parcours prédéterminé. Peu de neuf entre dans notre observation du monde.<br /><br />La capacité du cerveau à reconstruire le réel avec des éléments antérieurs est bien connue. Trois témoins du même accident décrivent trois faits et décors différents. Nous postulons le réel plus que nous ne le voyons. Nous étiquetons les êtres sur quelques bribes, nous les déformons à notre image, les créons comme nous l’entendons, les défigurons de nos propres projections, et une fois ce processus terminé, nous croyons que l’autre est réellement comme nous l’avons créé. Et nous sommes enchaînés à notre propre croyance.<br /><br />Emil Cioran, essayiste et écrivain roumain décédé en 1995, était un chantre du désespoir, de la désillusion, de l’envers du décor. Le titre d’un de ses ouvrage est à lui seul un programme de réflexion: <em>“Précis de décomposition”.</em> Avec parfois un humour au troisième degré, un peu noir bien sûr.<br /><br />Certes sa vision lui appartient et ne saurait, pas plus qu’une autre, prétendre à représenter globalement le réel. Et son langage n’est pas forcément prisé par tous. Mais de temps en temps une relecture fragmentaire fait du bien aux neurones.<br /><br /><br /><strong>Quelques citations:</strong><br /><em><blockquote><br />“Si l'on pouvait se voir avec les yeux des autres, on disparaîtrait sur-le-champ.“<br /><br />“Tout désespoir est un ultimatum à Dieu.“<br /><br />“Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.“<br /><br />“Se lever de bonne heure, plein d'énergie et d'entrain, merveilleusement apte à commettre quelque vilenie insigne.“<br /><br />“Règle d'or : laisser une image incomplète de soi...“<br /><br />“Nul plus que moi n'a aimé ce monde, et cependant me l'aurait-on offert sur un plateau, même enfant je me serais écrié : "Trop tard, trop tard!"<br /><br />"Je me permets de prier pour vous." - "Je le veux bien. Mais qui vous écoutera?"<br /><br />“Plutôt dans un égout que sur un piédestal.“<br /><br />“Frivole et décousu, amateur en tout, je n'aurai connu à fond que l'inconvénient d'être né.“<br /><br />“J'ai toujours cherché les paysages d'avant Dieu. D'où mon faible pour le Chaos. “<br /></blockquote><br /></em><br /><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/205608441.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3596726754.jpg" id="media-11333" title="" alt="demilibrestripoliuf2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /></a><br />En quelques lignes, une vision s’impose, un flash fugace et intime qui s’en va aussi vite que le vent. Occupés à notre vie, courant après un but souvent indéfini mais perçu contre toute lucidité comme essentiel, nous passons rapidement sur la ligne étroite de nos pas dans la rue.<br />
JPChttp://necronomie.blogspirit.com/about.htmlCioran et la valeur travailtag:necronomie.blogspirit.com,2007-04-26:31544182007-04-26T17:05:00+02:002007-04-26T17:05:00+02:00 « Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester...
<em>« Les hommes travaillent généralement trop pour pouvoir encore rester eux-mêmes. Le travail : une malédiction que l'homme a transformée en volupté. Oeuvrer de toutes ses forces pour le seul amour du travail, tirer de la joie d'un effort qui ne mène qu'à des accomplissements sans valeur, estimer qu'on ne peut se réaliser autrement que par le labeur incessant — voilà une chose révoltante et incompréhensible. Le travail permanent et soutenu abrutit, banalise et rend impersonnel. Le centre d'intérêt de l'individu se déplace de son milieu subjectif vers une fade objectivité ; l'homme se désintéresse alors de son propre destin, de son évolution intérieure, pour s'attacher à n'importe quoi : l'œuvre véritable, qui devrait être une activité de permanente transfiguration, est devenue un moyen d'extériorisation qui lui fait quitter l'intime de son être. Il est significatif que le travail en soit venu à désigner une activité<br /> purement extérieure : aussi l'homme ne s'y réalise-t-il pas — il réalise. »<br /></em><br />Cioran dans "Sur les cimes du désespoir"<br />