Last posts on ceaucescu2024-03-29T12:27:08+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/ceaucescu/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlOn avait tous un amitag:textespretextes.blogspirit.com,2014-02-04:31104422014-02-04T20:20:00+01:002014-02-04T20:20:00+01:00 on avait tous un ami dans chaque parcelle de...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4144855309.jpg" target="_blank"><img id="media-153311" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3255453105.jpg" alt="Müller Folio.jpg" /></a></span></em></span></p><p class="MsoNormal"> </p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;">on avait tous un ami dans chaque parcelle de nuage <br /></span></em></span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;">en fait les amis sont ainsi quand le monde est plein d’horreurs <br /></span></em></span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;">ma mère aussi disait c’est bien normal <br /></span></em></span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;">pas question de devenir ami <br /></span></em></span><span style="font-size: 12.0pt; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em><span style="font-size: medium;">vaut mieux penser aux choses sérieuses </span></em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'times new roman', times;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%;"><a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Gellu_Naum" target="_blank">Gellu Naum</a> </span></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'times new roman', times;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%;">(Herta Müller, </span><a title="A un cheveu près (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/01/28/a-un-cheveu-pres-1123227.html" target="_blank"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;">Animal du coeur</span></em></a><span style="font-size: medium; line-height: 115%;">)</span></span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlA un cheveu prèstag:textespretextes.blogspirit.com,2014-02-03:31104412014-02-03T08:30:00+01:002014-02-03T08:30:00+01:00 Quelques phrases suffisent pour reconnaître le monde romanesque de Herta...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Quelques phrases suffisent pour reconnaître le monde romanesque de <a title="Etrange Herta Müller (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/08/07/etrange-herta-muller.html" target="_blank">Herta Müller</a> ; courtes, simples, déroutantes, elles disent autre chose du réel que son apparence : <em>« Les mots de notre bouche écrasent autant de choses que nos pieds dans l’herbe. Et que le silence. »</em> Dans <a title="Texte en ligne sur le site de Gallimard" href="http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F29911.js&oid=3&c=&m=&l=&r=&f=pdf" target="_blank"><em>Animal du cœur</em></a> <em>(Herztier)</em>, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, la narratrice est une jeune fille vivant sous la dictature (en Roumanie, le pays d</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18.399999618530273px;">’</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">origine de la <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Herta_M%C3%BCller" target="_blank">romancière</a>, prix Nobel de littérature en 2009), et elle évoque d’abord son amie Lola qui vient de se suicider – </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« j’ai l’impression que chaque mort laisse en héritage un sac de mots. »</em> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/952881068.jpg" target="_blank"><img id="media-153301" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/955405242.jpg" alt="müller,herta,roman,littérature allemande,roumanie,dictature,ceaucescu,liberté,oppression,poésie,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Lola venait du sud du pays, plus pauvre encore que les autres régions, à cause de la sécheresse. En ville, elle cherchait dans les cours ces mûriers que les jeunes emportent avec eux quand ils quittent leur village. Elle voulait apprendre le russe et rencontrer un homme qui étudie, un homme aux ongles propres, qui rentre au village avec elle, qui porte une chemise blanche, </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18.399999618530273px;">« </em><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18.399999618530273px;">un seigneur</em><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 18.399999618530273px;"> »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">. C’est ainsi qu’elle est arrivée au foyer, dans ce rectangle avec une fenêtre où dorment six filles, chacune avec une valise sous son lit, un haut-parleur au plafond.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pour se maquiller, faute de mascara, les filles se mettent de la suie sur les cils. Elles rêvent de collants <em>« d’une finesse aérienne »</em> à la place de leurs collants <em>« brevetés »</em> en coton. Les souvenirs d’enfance de celle qui raconte sont peuplés de ciseaux : <a title="Extrait de "Rosé" (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/04/24/elle-coupe.html" target="_blank">ciseaux à ongles</a> qui font peur à l’enfant, sécateur du grand-père aux ongles épais, ciseaux pour couper le gros fil qui attache le bouton pour longtemps, ciseaux du coiffeur… </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Lola prend le tram du soir pour aller à la rencontre des hommes fatigués de leur journée à l’usine ou à l’abattoir, les attire dans le parc aux broussailles, rentre avec <em>« les jambes griffées par les brindilles »</em>. Les autres filles ne l’aiment pas, lui reprochent de piocher dans leurs affaires. Le soir, le haut-parleur hurle des chants ouvriers. Puis Lola s’inscrit au Parti, les brochures s’empilent autour de son lit. Pendant sa quatrième année d’études à la faculté, elle rencontre enfin <em>« le premier en chemise blanche ».</em> Peu après, au foyer, on la retrouve pendue à une ceinture dans une armoire. Deux jours plus tard, elle est exclue en public du Parti et de l’université.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Personne ensuite ne veut plus parler de Lola. Sauf la narratrice. Elle a lu le cahier de Lola, dérobé peu après, et voudrait le garder en tête. Seuls s’y intéressent Edgar, Kurt et Georg, qui l’abordent à la cantine – <em>« Ils doutaient que la mort de Lola soit un suicide. »</em> Ils vont se rencontrer tous les jours : elle leur dit <em>« les phrases disparues »</em> de Lola, Edgar en prend note. Les garçons vivent dans un foyer masculin, de l’autre côté du parc, où on ne peut rien cacher, mais ils ont <em>« un endroit sûr en ville, un pavillon avec un jardin à l’abandon ».</em> Ils accrochent le cahier sous le couvercle du puits, dans un sac en toile.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/344189162.jpg" target="_blank"><img id="media-153302" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3815723833.jpg" alt="müller,herta,roman,littérature allemande,roumanie,dictature,ceaucescu,liberté,oppression,poésie,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Au pavillon, il y a des livres qu’elle emporte pour les lire au cimetière. Elle a appris <em>« à flâner, à enfiler des rues ».</em> Elle mange en marchant, ne rentre au foyer que pour dormir, sans trouver le sommeil. <em>« Ici, tout le monde reste paysan »</em> dit Georg quand elle parle des sacs contenant les mûriers <em>« rapportés des cours des vieilles gens ».</em> Tous viennent d’un village et en parlent, loin de <em>« ce silence villageois qui interdit de penser »</em>. Dans le pays du dictateur dont on espère la mort à chaque maladie, <em>« tout le monde vivait d’idées d’évasion. »</em> Certains traversaient le Danube à la nage, d’autres les champs de maïs, en espérant <em>« échapper aux balles et aux chiens des sentinelles ».</em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Edgar et Georg écrivent des poèmes, Kurt photographie clandestinement <em>« les convois d’autocars aux rideaux gris fermés »</em> qui conduisent les prisonniers aux chantiers. Elle, elle évite dans ses déambulations les <em>« hommes de main »</em> qui font les cent pas dans la rue, montent la garde, se remplissent les poches de prunes encore vertes. Mais les garçons du foyer font des ennuis aux étudiants, les accusent d’en provoquer. Le père d’Edgar reçoit la visite de trois types qui secouent tous ses livres, fouillent toutes les pièces et même la terre des balconnières. La peur grandit.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="La critique du Monde" href="http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/03/08/animal-du-coeur-d-herta-muller_1653782_3260.html" target="_blank"><em>Animal du cœur</em></a> décrit un monde sans liberté où chacun se méfie des autres, où tout peut arriver, où l’on disparaît sans dire adieu. <a title="La critique de Télérama" href="http://www.telerama.fr/livres/animal-du-coeur,79656.php" target="_blank">Herta Müller</a>, sans expliquer, raconte le ressenti et communique la terreur à travers de simples détails du quotidien décrits sans transition. Le récit lui-même semble sur le qui-vive. Comment vivre ainsi ? Les trois amis et celle à qui Lola manque se retrouvent tous les jours, ils rient ensemble ou inventent des jurons pour se tenir à distance, se disputent. <em>« L’affection ne cessait d’être là, sauf que dans la dispute elle avait des griffes. »</em></span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Au premier interrogatoire chez le capitaine Piele, <em>« qui avait le même nom que son chien »</em>, à cause d’un poème qu’ils récitent tout le temps et partout, ils comprennent qu’il faut redoubler de prudence.<em> « Les animaux de nos cœurs filaient comme des souris. »</em> Aussi, quand ils s’écrivent, il y a des règles : <em>« Ne pas oublier la date quand on écrit, dit Edgar, et toujours mettre un cheveu dans la lettre. S’il n’est plus là, on sait qu’elle a été ouverte. »</em> En cas d’interrogatoire, écrire une phrase contenant <em>« ciseaux à ongles »</em> ; de fouille, <em>« chaussures »</em> ; de filature, <em>« enrhumé ».</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Les choses et <a title=""Chaque mot en sait long sur le cercle vicieux." (Discours de Stockhom, dossier de la Revue des ressources)" href="http://larevuedesressources.org/chaque-mot-en-sait-long-sur-le-cercle-vicieux,1438.html" target="_blank">les mots</a> jouent à la guerre : arbres, oiseaux, draps, moutons, melons… <em>« Tout ce qui nous entourait sentait l’adieu. Aucun de nous ne dit ce mot. »</em> Que vont-ils devenir ? Pourront-ils devenir ? <em>« Difficile de ne pas voir un autoportrait dissimulé sous la voix de la narratrice : Herta Müller elle-même est née en 1953 dans la communauté souabe, une minorité germanophone de la Roumanie. Son père a été soldat SS et elle a travaillé comme traductrice dans une usine. Lorsqu’elle est récompensée par le Nobel de la littérature en 2009, on fêtait les vingt ans de la fin du régime de Ceausescu. » (<a title="L'article source dans le Magazine littéraire" href="http://www.magazine-litteraire.com/critique/fiction/animal-du-coeur-herta-muller-29-03-2012-36720" target="_blank">Magazine littéraire</a>)</em></span></p>