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2024-03-29T09:49:29+01:00
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Dadumas
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Quoi de neuf ? Molière… et Boulgakov
tag:ddumasenmargedutheatre.blogspirit.com,2016-10-19:3081721
2016-10-19T17:15:00+02:00
2016-10-19T17:15:00+02:00
Mikhaïl Boulgakov rencontra beaucoup de difficultés avec...
<p> </p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"> </span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">Mikhaïl Boulgakov rencontra beaucoup de difficultés avec la bureaucratie et la censure. Ses écrits, son théâtre furent souvent et longtemps interdits en U. R. S. S. Ainsi, <em>Le roman de Monsieur Molière</em>, biographie de Molière que Gorki lui avait commandée, terminée en 1933, ne parut qu’en 1962, et dans une version expurgée !</span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"><a href="http://ddumasenmargedutheatre.blogspirit.com/media/01/02/2694377070.jpg" target="_blank"><img id="media-939197" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://ddumasenmargedutheatre.blogspirit.com/media/01/02/162847358.jpg" alt="Théâtre, Littérature, Théâtre du Lucernaire, Molière, Boulgakov" /></a>Ronan Rivière l’adapte pour la scène dans une version théâtrale pour tréteaux qu’il met astucieusement en scène et joue avec un seul comédien Michaël Cohen (ou François Kergoulay). Il glisse dans le récit quelques scènes des premières farces, puis des <em>Précieuses, </em> du <em>Mariage forcé</em>, du <em>Misanthrope</em>, de la <em>Critique de l’École des femmes, </em>et des écrits ou libelles contre Molière. Les années courent, les adversaires triomphent, Molière se bat. On est captivé.</span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">On retrouve l’atmosphère du <em>Roman comique</em> de Scarron, mais surtout, les aléas de la troupe itinérante, <em>L’Illustre théâtre</em>, puis l’alternance « des succès et revers d’une troupe légendaire ». Quoi de neuf pour dire le combat éternel contre la censure et pour la liberté d’expression ? Molière et… Boulgakov</span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">Le chariot des comédiens occupe une bonne partie de l’espace, et les changements à vue transforment le véhicule en estrade, ou en décor. Un seul fauteuil Louis XIII suffit à situer l’époque, les comédiens jouent en chemise blanche et pantalons avec bretelles. Olivier Mazal, au piano, ponctue les séquences de morceaux de Lully. </span><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">Ronan Rivière est à la fois Boulgakov, le narrateur, et Molière. Mickaël Cohen interprète Gros René, Joseph Béjart, le prince de Conti, Philippe d’Orléans, Louis XIV, les marquis, les dévots, et même Armande ! Une cape suffit à le transformer. À comédiens de talent rien n’est impossible, et le résultat de ce duo, sur scène, est un vrai plaisir.</span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">On recommande cette « biographie » vivante à tous les publics et en particulier à ceux qui auraient Molière au programme, c’est-à-dire tous, de la sixième à l’université !</span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"> </span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"> </span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"> </span></p><p><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;"> </span></p><p><strong><em><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">Le Roman de Monsieur Molière </span></em></strong><strong><span style="font-size: 11.0pt; font-family: Arial;">d’après Boulgakov, Molière et Lully</span></strong></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Arial;">Adaptation et mise en scène de Ronan Rivière</span></p><p><strong><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Arial; color: maroon;">Théâtre du Lucernaire</span></strong></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Arial;"><span style="color: #11009e;">01 45 44 57 34</span></span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Arial;">À 18 h 30 du mardi au samedi, dimanche à 16 h </span></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: Arial;"> </span></p>
Tania
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Chez A. P. Tchekhov
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-05-27:3110510
2014-05-27T20:20:00+02:00
2014-05-27T20:20:00+02:00
« Sur les hauteurs d’Aoutka, tailladées de ruelles étroites et...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Sur les hauteurs d’Aoutka, tailladées de ruelles étroites et tortueuses qui s’élancent jusqu’au ciel, parmi les échoppes tatares et un entassement de villas blanches, un muret blanchâtre, un portillon, une cour proprette, gravillonnée. Au centre d’un jardin dru et exubérant, une maison d’une propreté idéale, surélevée en sa partie médiane, et sur la porte de cette maison une petite plaque de cuivre : </span></em><a title="La maison de Yalta (tourisme)" href="http://discover-ukraine.info/fr/places/crimea/yalta/530" target="_blank"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">A. P. Tchekhov</span></a><em><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">.</span></em> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2430827472.jpg" target="_blank"><img id="media-157152" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2681176229.jpg" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,tchekhov,yalta,crimée,russie,années vingt,urss,journalisme,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Grâce à cette plaque, lorsqu’on sonne, on a l’impression qu’il est chez lui et qu’il va venir vous ouvrir. Mais c’est une dame entre deux âges qui vous ouvre, très aimable et avenante. C’est Maria Pavlovna Tchekhova, sa sœur. <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Datcha_Blanche" target="_blank">La maison est devenue musée</a>, et elle se visite. » </span></em></p><p><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">Boulgakov,</span><a title="Boulgakov, années 20 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/05/14/boulgakov-annees-20-1130263.html" target="_blank"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 14pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;"> Voyage à travers la Crimée</span></em></a></p>
Tania
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Boulgakov, années 20
tag:textespretextes.blogspirit.com,2014-05-26:3110509
2014-05-26T08:30:00+02:00
2014-05-26T08:30:00+02:00
Dernières notes sur ce premier tome de Boulgakov dans La Pléiade ( La...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dernières notes sur ce premier tome de <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Boulgakov" target="_blank">Boulgakov </a>dans La Pléiade (<a title="Kiev 1917-1918 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/06/29/kiev-1917-1918.html" target="_blank"><em>La garde blanch</em>e</a>), dont j’ai repris la lecture au milieu des <em><a title="Moscou 1923 (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/12/12/moscou-1923.html" target="_blank">Articles de variétés et récits (1919-1927)</a>.</em> Parmi les sujets de prédilection de l’écrivain russe originaire de Kiev, qui a quitté l’Ukraine après y avoir été mobilisé comme médecin militaire, le problème du logement à Moscou occupe la première place, suivi des méfaits variés de la vodka au travail ou ailleurs, presque toujours évoqués sur le mode burlesque.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/689888830.jpg" target="_blank"><img id="media-157145" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3425998634.jpg" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,russie,moscou,années vingt,urss,journalisme,survie,propagande,vie quotidienne,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">Danse des travailleurs, Moscou, 1923 (<a title="Source de la photo" href="http://englishrussia.com/2012/03/13/moscow-of-the-1920s-in-pictures-by-international-photographers/" target="_blank">EnglishRussia.com</a>)</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">L’écrivain s’inspire de sa propre expérience pour déplorer que le mot </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« appartement »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> soit devenu à Moscou quelque chose qui n’existe plus (</span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Le Moscou des années vingt</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">). Adieu le trois pièces, le deux pièces ou même une seule – un appartement, c’est à présent </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« n’importe quoi »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> : un </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« écouteur de téléphone »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, espèce de galerie de mine en carton où loge un trio ; une simple chambre qu’il est forcé de partager avec un homme qui ne cesse de jurer, de boire, de faire du scandale.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>« Quand fleuriront aux fenêtres des affichettes blanches indiquant </em>Aloué <em>(sic), tout rentrera dans la norme. La vie cessera de ressembler à une espèce de bagne ensorcelé qui se passe pour les uns sur un coffre dans l’entrée, pour les autres dans six pièces en compagnie de nièces imprévues. »</em> (Certains, en effet, avant qu’on leur impose des cohabitants, se sont arrangés à temps pour mettre un lit dans chaque pièce et échapper à la réquisition.)</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2535844524.png" target="_blank"><img id="media-157149" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3631423150.png" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,russie,moscou,années vingt,urss,journalisme,survie,propagande,vie quotidienne,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Engagé dans un journal privé </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« du commerce et de l’industrie »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">, Boulgakov, par nécessité, pond de petits articles anecdotiques et satiriques sur les ennuis en tous genres rencontrés dans la vie ordinaire, publique ou privée. </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« Nos immeubles densément peuplés sont dénués de toute règle de savoir-vivre »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> : grabuges d’ivrognes, prétendant qui une fois marié pressure sa femme et sa belle-mère, intrusions de la milice… Signé </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« M.B., homme de lettres, marié, sans enfant, non buveur, cherche chambre à louer auprès de famille tranquille »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> (</span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">Trois sortes de mufleries</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">).</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Les chemins de fer sont le cadre de nombreuses histoires. Voyage d’une chienne en première classe (<em>Une vie de chien</em>), turbulences d’une réunion syndicale dans une gare juste à côté d’une salle où on projette un film (<em>Pandémonium</em>)… Inspiré par le courrier des lecteurs, Boulgakov signe souvent <em>« le rabkor »</em> (correspondant ouvrier d’un journal). Tout y passe : l’alcool, les femmes battues, les règlements absurdes en tous genres, les réunions, les inspections, l’espoir d’une promotion, l’alcool plus facile à trouver que les aliments, l’argent qui manque… En rire pour ne pas en pleurer.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p class="MsoNormal"> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/695518671.JPG" target="_blank"><img id="media-157150" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/769160549.JPG" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,russie,moscou,années vingt,urss,journalisme,survie,propagande,vie quotidienne,culture" /><br /></a><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: xx-small;">Vue de Livadia (Yalta, Crimée) <span style="line-height: 115%;">Photo Mosin (Wikimedia commons)</span></span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Deux récits plus personnels ont retenu mon attention. <em>« Voyage à travers la Crimée »</em>, lu en pensant aux événements récents en Ukraine. A Koktebel, <em>« une plage admirable, l’une des meilleures de cette perle qu’est la Crimée : une bande de sable et, tout au bord de l’eau, une étroite bande de petits cailloux de toutes les couleurs, léchés et polis par la mer. »</em> A Yalta, un monde surprenant sur le quai et sur la plage. A <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Livadia_(Crim%C3%A9e)" target="_blank">Livadia</a>, aux belles villas noyées dans la verdure, les palais désormais affectés au traitement des tuberculeux. L’écrivain raconte sa visite de la maison de Tchekhov devenue musée, avant de reprendre la route pour Sébastopol.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">En note, on apprend que ce récit a été publié en six épisodes. Boulgakov avait séjourné à <a title="Présentation (tourisme)" href="http://www.voyages-ukraine.com/koktebel-vallee-du-soleil-karadag-crimee-mer-noire-volochine" target="_blank">Koktebel </a>chez un poète, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Maximilian_Volochine" target="_blank">Maximilien Volochine-Kirienko</a>, dont la villa était un refuge pour les artistes, une <em>« communauté de vie amicale et libre ».</em> Pour en devenir membre, il était exigé <em>« d’appréhender la vie avec joie, d’aimer les hommes et d’apporter sa part dans la vie intellectuelle. »</em> Boulgakov ne pouvait en parler ouvertement. Sa femme et lui y sont restés trois semaines.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3370623798.JPG" target="_blank"><img id="media-157147" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/4094868796.JPG" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,russie,moscou,années vingt,urss,journalisme,survie,propagande,vie quotidienne,culture" /></a><br /><span style="font-size: xx-small; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">La maison de Volochine <span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;">par </span></span><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-size: xx-small;"><span style="background-color: #f7f7f7;">Konstantin Fyodorovich Bogaevsky</span></span> </span><span style="font-size: xx-small;">(1905)</span></span></p><p class="MsoNormal"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">« J’ai tué »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> est la confession d’un médecin qui ressemble beaucoup au jeune </span><a style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;" title="Dr Boulgakov (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/11/17/docteur-boulgakov.html" target="_blank">Docteur Boulgakov</a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;">. Il a reçu l’ordre de se présenter dans les deux heures aux bolcheviques mais a trop tardé. La suite est impitoyable.</span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ce qu’on peut lire du <em>Journal intime</em> tenu par Boulgakov de 1922 à 1925, en appendice, vient d’une copie dactylographiée du <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Gu%C3%A9p%C3%A9ou" target="_blank">Guépéou</a> retrouvée dans les archives du KGB. <em>« Ma femme et moi, nous crevons de faim. »</em> (1922)* Des bottes hors d’usage, des dettes, une tumeur derrière l’oreille – <em>« La vie suit son cours, chaotiques, bousculée, cauchemardesque. »</em> Son travail au Gloudok, un journal ouvrier, les nourrit à peine et l’empêche d’écrire pour lui-même. Il gagne assez pour manger, mais pas pour se vêtir correctement. Parfois il se repent d’avoir abandonné la médecine. Placer un article demande d’incessantes démarches d’un journal à l’autre.</span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/606463062.jpg" target="_blank"><img id="media-157148" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2309949069.jpg" alt="boulgakov,articles de variété et autres récits,journal intime,correspondance,littérature russe,la garde blanche,la pléiade,russie,moscou,années vingt,urss,journalisme,survie,propagande,vie quotidienne,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le volume de <em>La garde blanche</em> dans <a title="Sur le site de Gallimard" href="http://www.la-pleiade.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-de-la-Pleiade/La-Garde-blanche-Nouvelles-recits-articles-de-varietes" target="_blank">La Pléiade</a> se termine sur un choix de correspondance, des lettres à sa sœur Nadejda et à des proches, de 1917 à 1925. Elles montrent un Mikhaïl Boulgakov préoccupé par le sort de sa famille, de sa mère en particulier, soucieux de la manière dont sont reçues ses premières pièces de théâtre, ses premières œuvres, et bien sûr des problèmes du quotidien : les salaires versés en retard, la hausse constante des prix à Moscou, à commencer par celui du pain, la crise du logement, sa santé…</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">D’après une notice autobiographique rédigée en 1924, <a title="Tous les billets précédents (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archives/tag/boulgakov/index-1.html" target="_blank">Boulgakov</a>, médecin diplômé en 1916, a écrit son <em>« premier petit récit »</em> dans un train <em>« bringuebalant »</em>, une nuit de 1919. Un journal l’a publié. L’année suivante, il décidait de consacrer sa vie à l’écriture. <em>« A Moscou, j’ai longtemps souffert ; afin d’assurer mon existence, j’ai fait le reporter et le chroniqueur dans des journaux et j’ai pris en haine ces fonctions dénuées d’excellence. J’ai par la même occasion pris en haine les rédacteurs en chef, je les hais aujourd’hui et les haïrai jusqu’à la fin de mes jours. »</em></span></p>
Tania
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Raconte-moi
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-12-14:3109794
2010-12-14T20:20:00+01:00
2010-12-14T20:20:00+01:00
« Bon, viens ici, près de moi. Pose ta tête. Comme ça. Une...
<p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Bon, viens ici, près de moi. Pose ta tête. Comme ça. Une histoire ? Quelle histoire veux-tu que je te raconte, dis-moi ?</em></span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">L’histoire d’un petit garçon, celui qui…</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Celle du petit garçon ? Dis donc, mon vieux, c’est une histoire difficile. Enfin soit, pour te faire plaisir… Eh bien, voilà : il était, paraît-il, une fois, un petit garçon. Eh ! oui. Un petit garçon d’environ quatre ans. Il vivait à Moscou. Avec sa maman. Et ce petit garçon s’appelait Slavka.</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Comme moi ?</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">… Assez mignon, mais fort malheureusement c’était un bagarreur. Et pour se bagarrer tout lui était bon : ses poings et se pieds et même ses caoutchoucs. Un beau jour, il rencontre dans l’escalier la petite fille du numéro 8, une petite fille gentille comme tout, douce, jolie, et il lui envoie un livre en pleine figure.</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">C’est elle qui…</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Une minute. Ce n’est pas de toi qu’il s’agit.</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">C’est un autre Slavka ?</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";"> </span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Absolument. Mais où en étais-je ? Ah ! oui… Alors… »</span></em></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="text-indent: -12pt; margin: 0cm 0cm 0pt 12pt; mso-list: l1 level1 lfo2; tab-stops: list 12.0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em>Un psaume</em> in <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/12/12/moscou-1923.html" title="Moscou 1923">Articles de variétés et Récits</a></em></span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3481158736.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3941873519.jpg" alt="Petit garçon au chandail rouge, affiche de Nathalie Parain.jpg" name="media-81904" id="media-81904" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center"> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">© <a target="_blank" href="http://magalerieaparis.wordpress.com/2010/01/04/nathalie-parain/" title="Nathalie Parain par Toutatis (Ma Galerie à Paris)">Nathalie Parain</a>, Petit garçon au chandail rouge<br /> <br /></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">http://www.cyber-centre-culturel.fr/index.php?module=cms&desc=default&action=get&id=14855</span></p> </div>
Tania
http://textespretextes.blogspirit.com/about.html
Moscou 1923
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-12-13:3109793
2010-12-13T08:30:00+01:00
2010-12-13T08:30:00+01:00
Courtes journées, trop occupées encore… Des miettes de lecture, tout de...
<p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Courtes</span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">journées, trop occupées encore… Des miettes de lecture, tout de même, glanées dans les <em>Articles de variétés et Récits</em> (1917-1927) de <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/boulgakov" title="Billets précédents sur Boulgakov">Boulgakov</a> qui suivent, dans La Pléiade, <em>La Garde blanche</em> et les nouvelles dont je vous ai déjà parlé. Moscou et ses habitants inspirent le jeune Boulgakov.</span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: Times New Roman;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1842552130.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4088451232.jpg" alt="RussieJuillet2004 Photo JPR.jpg" name="media-81901" id="media-81901" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a><br /></span> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Photo JPR 2004</span></span></p> </div> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>Scènes moscovites</em> raconte <em>« L’histoire de l’apparition de Karl Marx dans l’appartement d’un avocat qui le haïssait cordialement ».</em> Ce dernier a pressenti la tournure des événements et, pour en conserver la jouissance, bouleverse l’organisation de son logis, camoufle ses biens, y invite sa cousine et son cousin promu secrétaire, dissimule sa bibliothèque – <em>« Le diable en personne n’en aurait pas trouvé l’entrée ».</em> De six pièces, il est ainsi passé à trois, se munit de certificats divers sur son état de santé, le besoin d’un supplément de surface pour raisons professionnelles, la nécessité d’un piano pour que sa cousine puisse donner des leçons de musique, d’un lit pour loger Sacha la cuisinière, etc. L’avocat ouvre lui-même la porte aux vérificateurs. <em>« Trois années durant, des hommes en capote grise et en manteau noir mangé aux mites et des filles ayant des serviettes à la main et portant des imperméables en toile de bâche montèrent à l’assaut de son appartement comme l’infanterie monte à l’assaut de cordons de barbelés et n’arrivèrent à rien. »</em> C’est alors qu’il achète quatre portraits : Lounatcharski, le commissaire du peuple à l’Education <em>« à la place d’honneur dans le salon »</em>, Marx dans la salle à manger, Trotski dans la chambre du cousin, Karl Liebnecht pour la chambre de sa cousine qui n’en veut pas. La tête des vérificateurs lors du <em>« nouvel assaut »</em> ! Irrésistible.</span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« La perle des villes »</em>, c’est Kiev, avec son parc Marinski. Il faudrait en réécrire les enseignes – en ukrainien ? pourquoi pas ? <em>« Mais que les mots soient grammaticalement corrects, et partout les mêmes. »</em> Les <em>Perles du quotidien</em>, ce sont une <em>« Chanson d’été »</em>, un été très pluvieux à Moscou, qui fait pousser les <em>« têtes rouges »</em> (les miliciens dans leurs nouvelles tenues) comme des champignons, <em>« Un jour de notre vie »</em>, ou encore <em>« Un psaume »</em>, une jolie histoire racontée au petit Slavka qui aime prendre le thé chez <em>« un homme seul »</em> à qui sa mère recoud<br /> ses boutons.</span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Août 1923 figure dans les annales de <em>La ville dorée</em> pour la première exposition agricole d’URSS dans l’ancien jardin Neskoutchny (aujourd’hui Parc Gorki). Boulgakov, prié d’écrire un reportage sur le sujet, a présenté une note de frais exorbitante pour deux personnes (<em>« je ne vais au restaurant qu’accompagné d’une dame</em> <em>»</em>). Remboursée. Des tramways pleins à craquer, une fourmilière humaine devant les entrées. <em>« Les eaux d’écaille de la Moskova séparent deux mondes.<br /> Sur l’autre rive, les maisonnettes toutes basses, sans étages, rouges, grises, le confort de la vie de tous les jours, et sur celle-ci, déployée, hérissée de toits, de faîtes aigus, toute piquante, la ville-exposition. »</em> Le pavillon de l’artisanat regorge de bibelots et de colifichets, de petits bustes de Trotski dans diverses matières, de fourrures, de jouets en bois, de pierres semi-précieuses de l’Oural. On se bouscule pour visiter le bâtiment principal, <em>« un bizarre mélange de bois et de verre »</em>, et son parterre de fleurs, dans la pénombre, le parterre Lénine, un portrait <em>« gigantesque, jusqu’à la taille, d’une ressemblance stupéfiante ».</em></span></span></p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoBodyText2" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov retourne à l’exposition deux semaines plus tard. Pendant ce temps, <em>« la ville de bois s’est radicalement transformée »</em> : peinte de toutes les couleurs, débarrassée des échafaudages, envahie par la cohue les jours de congé. On y<br /></span></span> <span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">apprend comment éviter les incendies, préserver les forêts, fabriquer du caramel, préparer du tabac ou de la bière, cultiver le chanvre, exploiter les vers à soie. Au coucher du soleil, magnifique – <em>« au loin, les bulbes dorés du Christ-Sauveur jettent leurs derniers feux »</em> – une halte au spectacle de marionnettes, de la propagande pour le <em>« coopératisme ».</em> A l’embarcadère des Amis de la flotte, un hydravion, <em>« oiseau en aluminium »</em>, embarque des Japonais pour un survol de l’Exposition. <em>« Et les lumières brillent en grappes, en bouquets, et les réclames agitent leurs ailes. Du jardin Neskoutchny parviennent <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/09/08/la-fille-du-jardin.html" title="La fille du Jardin">les accents cuivrés d’une marche</a>. »</em></span></span></p>
Tania
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La ville mère
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-02-27:3109640
2010-02-27T08:30:00+01:00
2010-02-27T08:30:00+01:00
« Et à mon quatrième, dans ma chambre envahie de livres achetés chez...
<p class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Et à mon quatrième, dans ma chambre envahie de livres achetés chez les bouquinistes, je rêve à l’été qui vient, où je monterai aux <a target="_blank" href="http://www.masterandmargarita.eu/fr/04mappen/mussenheuvels.html" title="Monts des moineaux sur le site Master & Margarita">monts des Moineaux</a>, au point de vue de Napoléon ; et de là je regarderai flamboyer les « quarante-quarante » sur les sept collines, et respirer, étinceler Moscou, Moscou, la ville mère. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em>Les Quarante-quarante</em> (<em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/02/23/boulgakov-en-bref.html" title="Boulgakov en verve">Articles de variétés et récits</a>, 1919-1927</em>)</span></span> </p> <p style="text-align: center;"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2779406284.jpg" alt="Moscou aux églises.jpg" name="media-66936" id="media-66936" style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px;" /></p> <p class="MsoNormal"> </p>
Tania
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Boulgakov en verve
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-02-25:3109639
2010-02-25T08:30:00+01:00
2010-02-25T08:30:00+01:00
« Je demande à aller aux cours de lecture. » Comment le...
<p class="MsoNormal" style="text-align: left; margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Je demande à aller aux cours de lecture. »</em> Comment le nouveau pouvoir soviétique envoie à l’opéra, au concert, au théâtre, ceux qui ne savent pas lire, même s’ils préfèrent le cirque, si bien que leur vient le désir d’apprendre – afin d’être enfin libres de se rendre au cirque s’ils en ont envie, voilà ce que raconte avec brio <em>La semaine d’action éducative</em>, le tout premier récit comique de Boulgakov.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="TEXT-ALIGN: center; MARGIN: 0cm 0cm 0pt"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/817146845.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2508259085.jpg" alt="Chagall Jeux du cirque.jpg" name="media-66926" id="media-66926" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/2115944483.jpg"></a></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Dans les quelque deux mille pages de <em>La Garde blanche</em>, la Bibliothèque de la Pléiade consacre presque un tiers du volume aux <em>Articles de variétés et récits</em> publiés par Boulgakov entre 1919 et 1927, après <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/09/diable-d-homme.html" title="Diable d’homme">Endiablade</a></em>, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/26/le-rayon-fatal.html" title="Le rayon fatal">Les œufs du destin</a></em>, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/03/26/charik-ou-charikov.html" title="Charik ou Charikov">Cœur de Chien</a></em> et les <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/11/17/docteur-boulgakov.html" title="Docteur Boulgakov">Carnets d’un jeune médecin</a></em>, déjà présentés. </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Entre les textes alimentaires et les articles de commande se glisse du Boulgakov tout craché, ironique, voire sarcastique. <em>Les aventures extraordinaires du docteur N.</em> constituent une première ébauche de <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/06/29/kiev-1917-1918.html" title="Kiev 1918-1919">La Garde blanche</a></em>, avec son atmosphère troublée près de Grozny où se battent Russes et Tchétchènes : <em>« Nuit. La fusillade<br /> se calme progressivement. Les ténèbres s’épaississent, les ombres sont mystérieuses. Ensuite, rideau de velours et océan d’étoiles à perte de vue. » – « Maudites soient les guerres, maintenant et à jamais ! »</em></span></span> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2677634126.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2389560007.jpg" alt="La cuisine de l'appartement communautaire - Musée Akhmatova, Saint-Pétersbourg.jpg" name="media-66931" id="media-66931" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <p><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Hommage à <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Gogol" title="Notice Wikipedia">Gogol</a>, <em>Les aventures de Tchitchikov</em> lui empruntent le personnage éponyme des <em>Ames mortes</em> : personne ne vérifie le formulaire rempli par un gaillard culotté qui obtient d’abord un logement, des bons d’alimentation ensuite, puis de l’argent, des responsabilités qui le font bientôt <em>« trillionnaire ».</em> Trahi, recherché, l’escroc disparaît au nez et à la barbe de ses poursuivants qui ont finalement remis la main sur le formulaire fantaisiste complété d’après les caractéristiques de l’aventurier de Gogol ! Pour les Russes, les emprunts nombreux aux <em>Ames mortes</em> ajoutent bien sûr du sel à cette histoire, un rêve burlesque lu par Boulgakov lors d’une soirée littéraire à Saint Pétersbourg / Leningrad en mai 1926, devant <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Akhmatova" title="Notice Wikipedia">Akhmatova</a> et <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ievgueni_Zamiatine" title="Notice Wikipedia">Zamiatine</a>, entre autres.</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2677634126.jpg"></a></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Les Moscovites contemporains de Boulgakov reconnaissaient dans Le <em>13, Immeuble Elpit – Commune ouvrière</em> l’ancien immeuble Piguit de la Grande rue des jardins (illustration), disparu dans les grands chantiers de rénovation d’un quartier où seule la maison de Tchekhov subsiste encore. Avant la Révolution, des intellectuels, des artistes y habitaient, puis ce fut la <em>« compression »</em>, le temps des appartements communautaires, l’utopie sociale. <em>« Les pianos se sont tus, mais les phonographes étaient bien vivants et chantaient souvent d’une voix mauvaise. » – « Des ficelles se sont tendues au travers des salons, du linge humide dessus. »</em><br /> Le propriétaire a chargé Christi de veiller au chauffage de l’immeuble, <em>« qu’on maintienne l’essentiel ».</em> Mais février est très froid, le mazout manque. Christi surveille pour qu’on n’installe pas de poêles, le bâtiment n’ayant pas de conduits de fumée. Annouchka, <em>« le fléau de l’immeuble »</em>, passe outre. <em>« Et du coup, épouvantable, ce n’est plus un petit prince mais un roi de feu qui s’est mis à jouer sa rhapsodie. »</em> Dévastation. Impuissance.</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2115944483.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4246314116.jpg" alt="Moscou Maison Pigit.jpg" name="media-66928" id="media-66928" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">La situation lamentable des enseignants dans <em>A l’école de la Cité « Troisième Internationale »</em> (où <a target="_blank" href="http://www.lexpress.fr/informations/chagall-les-annees-magiques_603422.html" title="CHAGALL: LES ANNÉES MAGIQUES par Christiane Duparc (L’Express, 23/03/1995)">Chagall</a> fut un pauvre professeur de dessin avant de s’exiler), l’atelier créatif des enfants orphelins de <em>La Commune d’enfants n° 1</em>, autogérée, visitée par <a target="_blank" href="http://www.academie-francaise.fr/Immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=598" title="Biographie d’E. Herriot sur le site de l’Académie française">Edouard Herriot</a>, les aléas de la vie à Moscou où on démolit et construit, dans <em>Les Quarante-quarante</em> (une expression ancienne qui désignait la ville aux 450 églises avant la Révolution), les changements de pouvoir (12 ? 14 ? 18 ?) entre 1917 et 1920 dans <em>La ville de Kiev</em> – <em>« la mère des villes russes »</em> où l’on a vu <em>« de tout sauf des Grecs »</em>, tous ces sujets prennent sous la plume de <a target="_blank" href="http://www.aufildemeslectures.net/?au=64" title="Boulgakov en citations sur Au fil de mes lectures">Boulgakov</a> un relief formidable. Presque cent ans après, la vie y transparaît encore, grâce au génie littéraire.</span></span></p> <div style="text-align: center"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2677634126.jpg"></a></div>
Tania
http://textespretextes.blogspirit.com/about.html
Au diable
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-11-21:3109584
2009-11-21T08:57:20+01:00
2009-11-21T08:57:20+01:00
« La tourmente sifflait comme une sorcière, hurlait, crachotait,...
<p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« La tourmente sifflait comme une sorcière, hurlait, crachotait, s’esclaffait, tout avait disparu au diable et je ressentais un froid bien connu dans la région du plexus solaire à la pensée que nous perdrions notre chemin dans ces sataniques<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> ténèbres tourbillonnantes et que nous y passerions tous, Pelagueïa Ivanovna, le cocher, les chevaux et moi. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em>L’œil volatilisé</em> in <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/11/17/docteur-boulgakov.html" title="Docteur Boulgakov">Carnets d’un jeune médecin</a></em></span></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1418306513.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/295537958.jpg" alt="Boulgakov en grands caractères.jpg" name="media-62132" id="media-62132" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div>
Tania
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Docteur Boulgakov
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-11-19:3109583
2009-11-19T08:30:00+01:00
2009-11-19T08:30:00+01:00
Le volume de La Garde blanche dans La Pléiade permet de découvrir...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Le volume de <em>La Garde blanche</em> dans La Pléiade permet de découvrir <a target="_blank" href="http://www.litteraturerusse.net/biographie/boulgakov-mikhail.php" title="Biographie de Boulgakov">Boulgakov</a> sous de multiples facettes et c’est passionnant. Les <em>Carnets d’un jeune médecin</em>, des récits publiés séparément de 1925 à 1926, s’inspirent de sa propre pratique à<br /> l’hôpital de <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nikolsko%C3%AFe" title="Notice Wikipedia">Nikolskoïé</a> (au sud-est de Saint-Pétersbourg, alors Petrograd))<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> pendant un an, de septembre 1916 à septembre 1917. Il ne s’agit pas pour autant d’une autobiographie, mais de récits littéraires nourris de son expérience personnelle, avec des emprunts aux <em>Carnets d’un médecin</em> de <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Vikenti_Veressa%C3%AFev" title="Notice Wikipedia">Veressaïev</a> (1901).</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/504921508.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2121815725.jpg" alt="Shishkin Ivan, Hiver (1890).jpg" name="media-62128" id="media-62128" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center"> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><a target="_blank" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Ivan_Shishkin" title="Notice Wikipedia (en anglais)">Ivan Shishkin</a></span></span></p> </div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Un jeune médecin réserviste mis à la disposition du gouvernement de Smolensk débarque à vingt-quatre ans dans un coin perdu dont il va diriger l’hôpital. Epouvanté à l’idée de devoir se lancer dans une opération compliquée, moins de deux mois après la fin de ses études, il doit pourtant s’occuper d’une fillette de trois ans qu’on lui amène, respirant mal depuis cinq jours, chez qui il diagnostique une diphtérie laryngée. Une trachéotomie s’impose, que la mère de la fillette mourante refuse d’abord puis accepte. Le jeune docteur se prépare avec des sueurs froides à pratiquer une intervention jamais réalisée. Il ouvre la gorge au bistouri, écarte les peaux, éponge un flot de sang noir. <em>« De trachée-artère, pas la moindre trace. Ma plaie ne ressemblait à aucune gravure. »</em> Et le voilà qui fourrage dans l’ouverture, taillade profondément, trouve la trachée, écarte, coupe et place la canule d’argent. L’enfant bleue, d’abord sans réaction, expulse <em>« un jet de grumeaux infects »</em> puis se met à respirer. Un an plus tard, la mère lui ramène la petite Lidka pour<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> le remercier. Entre-temps, la clientèle ne cesse d’augmenter, jusqu’à cent dix personnes par jour. C’est à la trachéotomie qu’il doit ce succès, lui explique la sage-femme infirmière. On raconte qu’il a posé chez la fillette une gorge en acier, les gens viennent exprès dans son village pour la voir. En même temps que la gloire, il a récolté le respect du personnel, subjugué par son sang-froid. (<em>La Gorge en acier</em>)</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« A qui n’a jamais parcouru en équipage les chemins de campagne perdus, je n’ai rien à raconter : de toute manière, il ne comprendrait pas. »</em> Vingt-quatre heures pour parcourir quarante verstes (un peu plus de quarante kilomètres) ! <em>« Adieu, et pour longtemps, théâtre Bolchoï tout de rouge et d’ors, Moscou, vitrines… ah ! adieu. »</em> Les jambes raidies par le voyage, le jeune médecin qui songeait à se composer une attitude pour en imposer aux gens n’a plus besoin que d’une seule chose : du feu pour se réchauffer, un bon repas. Inquiet de devoir faire face à des situations difficiles, lui qui aurait préféré un poste de médecin en second, il cherche le sommeil, tempère ses angoisses – l’hôpital de Mourievo est bien équipé et son prédécesseur lui a laissé une bibliothèque bourrée de livres de médecine. Survient un paysan, nu-tête, <em>« le regard dément ».</em> Sa fille <em>« s’est prise dans la teilleuse ».</em> Sous un beau visage, le médecin découvre l’horreur : une jambe broyée à partir du genou, l’autre fracturée au-dessus de la cheville. Une seule chose à faire : l’amputer. <em>« Pourquoi ne meurt-elle pas ?… Etonnant… oh ! ce que l’homme peut s’accrocher à la vie ! »</em> L’os se détache. Poussé par une force inconnue, d’une voix qu’il ne se connaissait pas, il réclame du plâtre pour l’autre jambe. Deux mois et demi plus tard, le père et sa fille sur des béquilles lui rendent visite ; celle-ci lui baise la main, puis lui offre « une longue serviette blanche comme neige brodée d’un coq rouge tout simple ». Cette serviette ne le quittera plus. (<em>La serviette au coq</em>)</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Voilà le ton des <em>Carnets d’un jeune médecin</em>, où l’on découvre aussi des premières interventions obstétricales compliquées (<em>Baptême de la version</em>), l’ignorance dangereuse des patients qui ne respectent pas les doses prescrites (<em>Ténèbres sur le pays d’Egypte</em>), le fléau des maladies vénériennes (<em>L’éruption étoilée</em>), les erreurs de diagnostic (<em>L’œil volatilisé</em>) et le travail d’équipe. Les malades affluent à l’hôpital. Plus de temps pour soi. Miracle, un jour, on vient lui dire de ne pas se presser : il y a une tempête de neige, un vrai spectacle au-dehors : <em>« Pas de ciel, de terre non plus. Cela virait et tourbillonnait en masses blanches, en biais, en travers, en long, en large, comme si le diable faisait des gamineries avec de la poudre dentifrice. »</em> Tout le temps de prendre un bain, pour la première fois depuis un mois. Mais des coups à la porte l’obligent à en sortir : un jeune confrère l’appelle à l’aide pour soigner une jeune femme jetée hors d’un traîneau et gravement blessée. Deux heures et demie de route, une injection vaine, la fiancée du commis meurt. Malgré la tempête, le médecin veut alors rentrer coûte que coûte, ce qui leur prendra des heures à se perdre, à chercher le chemin, à tirer sur des loups qui s’approchent. Enfin rentré :<br /> <em>« Et plus rien. Silence. Sommeil. »</em> (<em>La Tourmente de neige</em>)</span></span></p> <p><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Sans faire partie de ces récits d’une médecine de campagne héroïque et humaine, la nouvelle <em>Morphine</em> revient aux mêmes sources. Dernière œuvre de Boulgakov publiée de son vivant en U.R.S.S. (1927), elle met en scène deux médecins, le Dr Bomgard, heureux après une année à la campagne de revenir en ville – <em>« Bref, c’était la civilisation, Babylone, la perspective Nevski »</em> et le Dr Poliakov, son remplaçant à son poste précédent, dont il reçoit un jour une lettre. <em>« Les bons esprits l’ont relevé de longue date, le bonheur est comme la santé : lorsqu’il est là, on ne le remarque pas. Mais que passent les années, il vous revient en mémoire, et de quelle façon ! »</em> Tandis que lui se réjouit de ne plus sentir sur ses épaules <em>« la responsabilité fatale de tout ce qui pouvait se produire dans le monde »</em>, il ne<br /> peut être insensible au ton désespéré de cette lettre rédigée au dos d’une ordonnance de morphine. Son confrère lui demande de l’aide, il décide d’y aller le lendemain.</span></p> <p><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Trop tard. L’homme s’est tiré une balle dans la poitrine, on vient de l’amener, il a juste le temps de dire au Dr Bomgard que son cahier est pour lui, son <em>« anamnèse ».</em> Vient alors le journal du morphinomane, qu’une première injection faite par une infirmière pour calmer des douleurs insupportables a plongé dans l’euphorie, puis la dépendance. Ce sont les notes précises d’une déchéance terrifiante, en à peine un an entre la première prise et le suicide. <em>« Je ne suis pas psychiatre</em>, écrit leur destinataire, <em>et ne puis dire avec certitude si elles sont édifiantes, utiles. Je les crois utiles. »</em> Boulgakov a failli tomber lui-même dans ce piège, en est sorti grâce à sa femme. En 1920, après avoir subi <em>« une crise morale »</em>, Boulgakov abandonne définitivement la médecine pour s’adonner à la littérature. Comme les <em>Carnets</em>, <em>Morphine</em> est de la littérature empreinte d’une vie et d’une véracité époustouflantes.</span></p>
Tania
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Le lycée
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2009-07-11T08:30:00+02:00
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« Cela faisait juste huit ans que Tourbine avait vu pour la dernière...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Cela faisait juste huit ans que Tourbine avait vu pour la dernière fois le jardin du lycée. Tout<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> à coup, une peur inexplicable lui serra le cœur. Il lui sembla qu’une nuée noire avait couvert le ciel, qu’une sorte de cyclone était survenu et avait balayé toute sa vie comme un terrible raz-de-marée balaye les quais. Oh ! ces huit ans d’études ! Que de choses ineptes, tristes, et désespérantes cela signifiait pour une âme d’enfant, mais combien de joie aussi ! Jour gris, jour gris, jour gris, le</em> ut <em>consécutif, Caïus Julius Caesar, un zéro en cosmographie et, de ce jour, une haine éternelle pour l’astronomie. Mais aussi le printemps, le printemps et le tumulte dans les salles, les lycéennes en tablier vert sur le boulevard, les marronniers et le mois de mai, et surtout, éternel phare au-devant de soi, l’université – la vie sans entraves – comprenez-vous ce que cela signifie, l’université ? Les couchers de soleil sur le Dniepr, la liberté, l’argent, la force, la gloire. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/06/29/kiev-1917-1918.html" title="Kiev 1918 - 1919">La Garde blanche</a></em></span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4095936888.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3041250303.jpg" alt="Malevitch Fille aux fleurs sur wikimedia commons.jpg" name="media-55838" id="media-55838" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div>
Tania
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Kiev 1918 - 1919
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-07-09:3109506
2009-07-09T08:30:00+02:00
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Dans le premier volume des œuvres de Boulgakov (Bibliothèque de la...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Dans le premier volume des œuvres de <a target="_blank" href="http://www.litteraturerusse.net/biographie/boulgakov-mikhail.php" title="Biographie sur Littérature russe.net">Boulgakov</a> (Bibliothèque de la Pléiade), après les <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/09/diable-d-homme.html" title="Endiablade">nouvelles</a> <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/26/le-rayon-fatal.html" title="Les Oeufs du destin">satiriques</a>, <em><a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Garde_blanche" title="Notice Wikipedia">La Garde blanche</a></em>, un <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/03/26/charik-ou-charikov.html" title="Coeur de chien">récit</a> très différent. <em>« Ma mère mourut en 1922. Cela déclencha une impulsion irrésistible. Je conçus le roman en 1922 et l’écrivis durant un an environ, de 1923 à 1924, d’une lancée »</em>, confie Boulgakov dans un entretien. Au départ, il envisage une trilogie en trois couleurs (blanc, jaune, rouge) qui corresponde aux étapes de la Révolution, mais après le succès au théâtre des <em>Jours des Tourbine</em> – une pièce sur le même sujet qui le rend célèbre –, il modifie ses plans pour la plus autobiographique de ses œuvres. <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Kiev" title="Notice Wikipedia">Kiev</a>, sa ville, la mère des villes russes, y est le symbole de la civilisation, de l’ordre et de l’harmonie, avant d’être livrée à la barbarie et au chaos.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Vivez… en bonne entente »</em> souffle avant de mourir la mère d’Alekseï Tourbine (28 ans, jeune médecin), d’Elena (24 ans, mariée au capitaine Thalberg) et de Nikolka (17 ans et demi). En décembre 1918, l’anxiété règne à Kiev et chez eux : Thalberg tarde à rentrer. Leur ami le lieutenant Mychlaïevski sonne à leur porte, incapable de rentrer chez lui, les pieds gelés après vingt-quatre heures de garde dans la neige sans bottes de feutre. Quand le mari d’Elena apparaît enfin, c’est pour repartir bientôt : il a décidé de fuir la ville avant l’arrivée de Petlioura, séparatiste ukrainien, et de gagner la Crimée en traversant la Roumanie. Elena se résigne à le voir repartir. Thalberg, en mars 1917, avait le premier mis un brassard rouge sur sa manche pour se rendre à l’école militaire, il méprise ceux qui considèrent Kiev comme une ville ukrainienne et non russe, mais l'abandonne.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/114818787.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2101068660.jpg" alt="Malevitch Tête de paysan 1928-1929.jpg" name="media-55837" id="media-55837" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center"> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="mso-ansi-language: FR-BE;"><a href="http://media.panorama.it/media/foto/2009/04/09/49de15eb22c28_normal.jpg"><span style="font-family: Times New Roman; color: #800080; font-size: x-small;">http://media.panorama.it/media/foto/2009/04/09/49de15eb22c28_normal.jpg</span></a></span></span></p> </div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Au rez-de-chaussée de l’immeuble, l’ingénieur Vassilissa profite de la nuit pour améliorer différentes cachettes où il range ce qu’il a de précieux, sans se douter qu’une <em>« silhouette de loup grise et dépenaillée »</em> l’observe par la fente du drap suspendu à la fenêtre. En cet hiver 1918, <em>« la Ville vivait d’une vie étrange, artificielle, très vraisemblablement destinée à rester unique dans les annales du XXe siècle. »</em> L’élection de l’hetman a amené à Kiev <em>« des princes et des miséreux, des poètes et des usuriers, des gendarmes et des actrices »</em> : <em>« La Ville enflait, s’élargissait, débordait comme une pâte qui lève. »</em> Mais les Allemands vaincus abandonnent l’Ukraine. On craint les bolcheviks, et plus encore les troupes du mystérieux <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Petlioura" title="Notice Wikipedia">Petlioura</a> dont le nom circule sur toutes les lèvres. Alekseï Tourbine et ses amis vont proposer leurs services au colonel qui recrute des volontaires au centre de la Ville. Le médecin est affecté au lycée Alexandrovski où il a fait ses études et qui ressemble maintenant à <em>« un navire mort de trois étages ».</em> Là, une fois les tenues et les armes distribuées, le colonel Mylachev donne l’ordre de disperser les recrues et leur donne rendez-vous le lendemain matin – on dit Petlioura tout proche.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov place les Tourbine, chacun à leur manière, au cœur du chaos qui se prépare à Kiev. L’hetman et le général en fuite, la Ville est bientôt livrée aux assauts. Le sabotage des blindés laisse la défense de Kiev à la seule unité du colonel Naï-Tours, d’une loyauté irréductible. Le docteur Tourbine, convoqué tardivement, ne comprend rien à la situation qui change rapidement d’une rue, d’un quartier à l’autre. On tire, on tue, on cherche un abri. <em>« Il était donc venu, le temps de l’horreur. »</em> Blessé, Alekseï Tourbine est ramené chez lui, où un confrère vient l’opérer sur place. Mais une forte fièvre l’accable, on craint pour ses jours. A l’abri des rideaux crème qui donnent <em>« l’impression d’être coupé du monde extérieur »</em>, tandis que Tourbine s’endort après une injection de morphine, ses amis jouent au whist et parlent des âmes blessées autant que les corps.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Après les événements tragiques, un office solennel est organisé à Sainte-Sophie en l’honneur de Petlioura. <em>« Il gelait à pierre fendre. La Ville entière fumait. »</em> Nikolka, qui a été témoin de la mort héroïque de Naï-Tours, va prévenir sa famille et ramène sa dépouille à la caserne. Elena prie, follement, s’incline et s’incline encore devant l’icône de Notre Dame de l’Intercession, pour que son frère aîné ne meure pas.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>La Garde blanche</em> réussit à nous entraîner, nous aussi, les lecteurs, dans le tumulte incompréhensible de la guerre, de <a target="_blank" href="http://www.europa-planet.com/ukraine/histoire.htm" title="Histoire de l’Ukraine : voir « L'Ukraine indépendante (1917-1920) »">l’histoire</a> en marche, avec son lot d’absurde, de haine, de courage, de lâcheté et de bêtise. Boulgakov s’est inspiré des siens pour les jeunes Tourbine dont l’idéal se heurte de plein fouet aux réalités les plus amères de l’existence. Le récit vibre de cette solidarité entre eux et leurs amis, tout en peignant une fresque puissante de la Ville en proie à ses démons. <span style="mso-bidi-font-weight: bold;">Quand les hommes de Petlioura s’en iront, ce sera le temps des bolcheviques. <em>« Tout passera. Souffrances, tourments, sang, faim et peste. »</em></span></span></span></p>
Tania
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Dieu sait
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-04-18:3109459
2009-04-18T08:36:00+02:00
2009-04-18T08:36:00+02:00
Cahier du docteur Bormenthal « Autre hypothèse de...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Cahier du docteur Bormenthal</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Autre hypothèse de mon cru : le cerveau de Charik avait, dans la période canine de sa vie, emmagasiné une foule de notions. Tous les mots avec lesquels<br /> il a opéré en premier sont des mots de la rue qu’il a entendus et engrangés dans son cerveau. Maintenant, quand je marche dans la rue, je regarde avec un effroi secret les chiens que je rencontre. Dieu sait ce qui se cache dans leur cerveau ! »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/03/26/charik-ou-charikov.html" title="Charik ou Charikov">Cœur de chien</a></em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3134758213.jpg" alt="coeur de chien couverture livre de poche (détail).jpg" name="media-51018" id="media-51018" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></span></span></p>
Tania
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Charik ou Charikov
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-04-16:3109458
2009-04-16T08:42:00+02:00
2009-04-16T08:42:00+02:00
L’année 1925 est décidément fertile pour Boulgakov : après ses...
<p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">L’année 1925 est décidément fertile pour Boulgakov : après ses nouvelles<br /> <em>Endiablade</em> et <em>Les œufs du destin</em>, voici <em>Cœur de chien</em>. Mais il y a chien et chien.</span></span> <span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Tout commence avec un pauvre clébard qui s’abrite sous un porche, tenaillé par la faim et par la douleur. Le cuisinier de la <em>« cantine de restauration normale des personnels du conseil central de l’Economie nationale »</em>, pour le faire fuir, lui a jeté de l’eau bouillante. Le flanc brûlé, la bête hurle et songe à en finir avec cette chienne de vie qui est la sienne, mais <em>« ça s’obstine, une âme de chien. »</em></span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Miracle : sorti du magasin d’en face, <em>« un citoyen, je dis bien, pas un camarade ; et même, très probablement, un monsieur »</em>, précédé d’une agréable odeur, s’approche et sort de sa poche un saucisson dont il lui jette un morceau : <em>« Prends ! Charik, Charik. »</em> Et le chien de suivre l’homme généreux jusque dans son immeuble où le concierge avertit Filipp Filippovitch de l’arrivée d’associés-locataires dans l’appartement 3 – le sien, jusque là, reste épargné.</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1316904367.jpg" alt="Spilliart Chien dans la neige.jpg" id="media-51017" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></span></div> <p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Impossible de fuir, une fois dans la place. Immobilisé, endormi, Charik se réveille quelque temps plus tard le corps bandé et sans aucune douleur, assez bien même pour accompagner son protecteur dans la salle de consultation où de riches patients font appel à ses services pour retrouver jeunesse ou virilité. L’irruption du nouveau conseil de gérance, scandalisé par les sept pièces qu’occupe le chirurgien dans l’immeuble, n’est résolue que par un coup de téléphone du réputé professeur Preobrajenski à quelqu’un de haut placé – il menace d’annuler toutes les opérations prévues si on vient encore le déranger.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Charik n’aurait pu mieux tomber. Luxe, espace et volupté. Le chien découvre les repas raffinés du professeur en compagnie de son assistant, le docteur Bormenthal, et en même temps ses idées contre-révolutionnaires. Alors que depuis 1903, par exemple, aucun des caoutchoucs déposés dans l’entrée de l’immeuble n’avait jamais disparu, 1917 a tout chamboulé. <em>« C’est nul, les caoutchoucs, les caoutchoucs ne font pas le bonheur, pensa le chien, mais l’homme, lui, n’est pas ordinaire. »</em> Sans aucun doute, Charik a tiré <em>« le superbillet de loterie de sa vie de chien »</em>, même s’il lui faut désormais porter un collier pour se promener.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Tout va pour le mieux jusqu’au jour où Charik est pris au piège, enfermé dans la salle de bain, puis anesthésié. Avec l’aide de son assistant, le professeur a décidé d’expérimenter : il ôte au chien ses testicules et les remplace par d’autres, avant de le trépaner pour lui retirer son cerveau de chien et y placer une hypophyse humaine fraîchement prélevée, afin d’observer les effets de cette intervention sur le rajeunissement. Charik est à deux doigts de mourir mais s’en sort finalement, et les modifications ne se font pas attendre : une <em>« hominisation »</em> quasi complète ! Charik grandit, perd ses poils et se met même à parler – grossièrement. Petit et mal bâti, il se comporte comme le voyou dont on lui a transplanté des organes.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Preobrajenski ne s’attendait pas du tout à cela et se trouvera forcé de faire<br /> l’éducation de l’énergumène, de lui procurer des papiers au nom de Charikov, de lui allouer une pièce de son appartement et enfin, de pallier les dommages causés par les restes de son instinct de canidé et le goût immodéré de l’homme-chien pour la vodka et la pensée d’Engels.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Encore une fois, Boulgakov, ancien médecin, se sert de la science à des fins fantastiques et combien symboliques. Du professeur, grand amateur d’opéra et grand bourgeois attaché à la moindre de ses habitudes, et de son cobaye, grand gourmand<br /> et fort en gueule, difficile de dire lequel a le plus de présence tant l’écrivain les a dotés de vitalité. Au passage, la vie du citoyen soviétique à Moscou dans les années vingt<br /> est évoquée sur le mode ironique. En plaçant ses critiques ou son désespoir dans la bouche des personnages hors norme de cette <em>Histoire prodigieuse</em>, Boulgakov espérait se protéger un peu des censeurs, mais en vain.</span></span></p> <p><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Malgré le succès des premières lectures publiques, les revues repoussent la publication et <em>Cœur de chien</em> sera longtemps proscrit en U.R.S.S. Remarquée à l’étranger dès sa traduction en 1968, la nouvelle ne rencontrera le grand public russe et le succès qu’au début de la perestroïka, en 1987. Qui sortira vainqueur de ce compagnonnage imprévu entre Preobrajenski et Charik ou Charikov, c’est aux lecteurs de le découvrir.</span></p>
Tania
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Silence
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2009-02-28T08:11:00+01:00
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Textes & Prétextes, un an « Le soir non...
<div style="text-align: center;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><img id="media-48825" style="margin: 0.7em 0px; border-width: 0px;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2502276082.JPG" alt="DSC07048bis.JPG" name="media-48825" /></em></span></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>Textes & Prétextes,</em> un an</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"> </p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE"><em>« Le soir non plus ne fut pas exempt de surprises. Si, le matin, les bosquets étaient restés muets, prouvant ainsi à l’évidence le caractère désagréablement suspect du silence dans les arbres, si, à midi, les moineaux avaient fichu le camp du sovkhoze, au soir, ce fut l’étang de Cheremetievka qui se tut. La chose était stupéfiante en vérité, car tout le monde, à quarante verstes à la ronde, connaissait le célèbre boucan des grenouilles de Cheremetievo. Or, maintenant, on aurait dit qu’elles étaient toutes mortes. Pas une seule voix ne montait de l’étang, et le silence régnait sur la laiche. »</em></span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" xml:lang="FR-BE">Boulgakov, <em><a title="Le rayon fatal" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/26/le-rayon-fatal.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les Œufs du destin</a></em></span></span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: Times New Roman;"><img id="media-48896" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/461563018.jpg" alt="Levitan (détail).jpg" name="media-48896" /></span></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: right;"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></p>
Tania
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Le rayon fatal
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-02-26:3109430
2009-02-26T08:29:00+01:00
2009-02-26T08:29:00+01:00
Les Œufs du destin , une nouvelle publiée par Boulgakov en 1925, aurait...
<p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><em>Les Œufs du destin</em>, une nouvelle publiée par <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/09/diable-d-homme.html" title="Retour sur "Endiablade"">Boulgakov</a> en 1925, aurait pu s’intituler <em>Le rayon rouge</em>. Récit fantastique, de science-fiction ou d’anticipation, c’est l’histoire extraordinaire du Professeur Persikov, zoologue spécialiste des amphibiens, ou plutôt celle d’une découverte extraordinaire à l’Institut de Zoologie de l’université de Moscou, en 1928.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">A cinquante-huit ans, ce scientifique dont l’appartement de cinq pièces a été réduit à trois pour la bonne cause, possède <em>« une tête remarquable, en forme de pilon, chauve, avec des touffes de cheveux jaunâtres hérissées sur les côtés. »</em> D’une érudition phénoménale <em>« dans sa partie »</em>, il est aussi connu pour sa sévérité aux examens. Sa femme l’a quitté pour un ténor, il y a des années, dégoûtée par ses grenouilles. Cet homme qui «<em> prenait la mouche très facilement »</em>, sans enfants, ne vit donc que pour ses recherches, survit à la famine de 1919, à une pneumonie due aux trois degrés en dessous de zéro à l’intérieur de l’Institut, et se contente des attentions du gardien Pancrace et de sa gouvernante.</span></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: Times New Roman;"><img name="media-48922" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/2796341223.jpg" alt="prisme.jpg" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" id="media-48922" /></span></div> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 10pt;" lang="FR-BE"><a href="http://www.edunet.tn/physique/tunis/cdoptique/images/prisme.jpg"><span style="color: #800080;">http://www.edunet.tn/physique/tunis/cdoptique/images/prisme.jpg</span></a></span></div> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">L’été 1928 se produit <em>« cette chose incroyable, épouvantable… »</em> Appelé par son assistant qui dissèque une grenouille, Persikov remarque pour la première fois, au milieu du disque sous le microscope, <em>« une volute colorée semblable à une boucle de cheveux de femme ».</em> D’habitude, un tour de vis suffit à faire disparaître le petit faisceau de lumière colorée qui gêne l’observation, mais cette fois l’œil du savant s’attarde. Il a soudain remarqué dans cette volute un rayon <em>« vif et épais »</em>, rouge vif, sous l’action duquel la vie bouillonne de manière inattendue. Les amibes y reprennent vigueur, se reproduisent, s’entre-dévorent faute de place, et les amibes nouvelles sont deux fois plus grosses que d’ordinaire ! Convoquant son assistant, Persikov le convie au spectacle du <em>« rayon de la vie »</em>, pas moins.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Dans les journaux moscovites, la rumeur circule vite. On veut interroger l’éminent zoologue, on le dérange à tout bout de champ. Le professeur a bien du mal à repousser l’assaut des journalistes en quête de renseignements sur <em>« le rayon d’une nouvelle vie ».</em> C’est alors que du côté de Smolensk, l’ex-épouse de l’ex-archiprêtre de l’ex-paroisse de Drozdov, à qui un élevage de poules pondeuses assurait la prospérité, voit ses gallinacés mourir atrocement l’un après l’autre. La <em>« peste des poules »</em> se répand à toute vitesse, rend leur viande et leurs œufs impropres à la consommation, fait un millier de victimes humaines.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Persikov est prié de se pencher sur le problème tandis qu’on incinère des tonnes de volaille. Il lui faut donner une conférence. Quand enfin il peut reprendre ses investigations personnelles, un curieux bonhomme qui s’appelle Rokk – autrement dit le Destin – vient lui rendre visite en tant que directeur du sovkhoze modèle<br /> « Le Rayon Rouge ». Muni d’autorisations officielles, chargé de reconstituer l’oviculture, il s’empare des trois chambres noires fabriquées par Persikov pour ses recherches.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Rokk, ancien flûtiste d’Ekaterinoslav, s’est révélé homme d’action grâce à la Révolution de 1917. Tombé sur la découverte de Persikov, il ne doute pas de sa capacité à faire éclore sous le fameux rayon, si on veut bien lui livrer des œufs de l’étranger, de splendides poussins qui rendront aux Russes de bonnes poules et de bons œufs. Un peu étonné par la grosseur de ceux qu’on lui envoie, très différents des œufs de poules indigènes, Rokk s’enquiert par téléphone auprès de Persikov de la nécessité de nettoyer ces œufs tout crottés avant de les installer dans les chambres noires. Celui-ci l’envoie au diable, exaspéré de la vitesse à laquelle l’homme a été livré, alors que lui-même attend encore ses spécimens d’œufs de serpent et d’autruche.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">On devine la suite. Durant l’été caniculaire, échappés des cages où ils ont éclos, des serpents géants courent la campagne, mordent, dévorent. Des troupes d’autruches résistent aux assauts de la cavalerie. Les gaz éliminent les hommes en même temps<br /> que les ovipares. Tout le monde vient se réfugier à Moscou, où personne ne ferme l’œil la nuit, attendant l’invasion.</span></span></p> <p><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Le rayon rouge sera évidemment fatal à Persikov déclaré <em>« assassin de l’humanité ».</em> Quant à l’épilogue, laissons au lecteur la surprise du « deus ex machina ». Inspiré par <em>La nourriture des dieux</em> de Wells (1904), Boulgakov livre ici un cauchemar divertissant qui anticipe sur la grippe aviaire et sans doute sur d’autres catastrophes écologiques qu’il n’aurait pas imaginées, spectaculaires ou non.</span></span></p>
Tania
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Apparition
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-02-10:3109421
2009-02-10T20:20:00+01:00
2009-02-10T20:20:00+01:00
« Et aussitôt émergea du tiroir en bois de frêne une tête aux...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Et aussitôt émergea du tiroir en bois de frêne une tête aux cheveux blond lin bien coiffée, avec des yeux bleus fureteurs. Ensuite vint un cou qui se déroula tel un serpent, puis un craquement de col amidonné, puis apparurent un veston, des bras, un pantalon et, l’instant d’après, un secrétaire au complet débarquait du tiroir sur le feutre rouge en piaulant : « Bonjour ». Il se secoua comme un chien sortant de l’eau, bondit sur ses pieds, renfonça ses manchettes, sortit de sa pochette une plume brevetée et se mit sans plus attendre à gratter du papier. »</em></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"> </span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Boulgakov, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/09/diable-d-homme.html" title="Diable d'homme">Endiablade</a></em></span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><img name="media-47982" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1517066891.jpg" alt="Maes Karel Homme lisant 1927.jpg" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" id="media-47982" /></span></div> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;" class="MsoNormal"> </p>
Tania
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Diable d'homme
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2009-02-09T08:31:00+01:00
2009-02-09T08:31:00+01:00
En 1923, quand il écrit Endiablade , Boulgakov, trente-deux ans, vient...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">En 1923, quand il écrit <em>Endiablade</em>, Boulgakov, trente-deux ans, vient d’abandonner la médecine pour le métier d’écrivain et tire le diable par la queue. <em>« Il y avait la vie, et elle est partie en fumée »</em> écrit-il dans une lettre (<em>A ma secrète amie</em>). Cette nouvelle est publiée à Moscou l’année suivante, dans l’almanach <em>Le Tréfonds</em>, puis dans un recueil vite retiré des librairies avant d'être à nouveau autorisé. C’est la première œuvre qui le fait connaître. Les critiques modérés l’inscrivent dans la lignée des satiristes russes – Gogol, Dostoïevski, avant lui, s’étaient attaqués à la bureaucratie tsariste. Mais les représentants de la « critique prolétarienne » condamnent d’emblée Boulgakov pour son ironie antisoviétique.</span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Titre complet : <em>Endiablade ou Comment des jumeaux causèrent la mort d’un<br /> chef de bureau.</em> Korotkov travaille depuis presque un an au Spimat, le <em>« Premier Dépôt central de matériel pour</em> <em>allumettes ».</em> En septembre 1921,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> il apprend par le caissier qu’il ne sera pas payé puis, trois jours plus tard, qu’il le sera <em>« en produits de la firme »</em>. Le voilà donc qui rentre chez lui chargé de paquets de boîtes d’allumettes. Il espère les vendre. Mais sa voisine qui a pour sa part reçu quarante-six bouteilles de vin de messe en guise de salaire le met en garde : ces allumettes ne brûlent pas ! Au premier essai, l’allumette s’éteint aussitôt, en effet. Une deuxième produit des<br /> étincelles dont l’une tombe dans l’œil gauche de Korotkov tout en produisant <em>« une âcre odeur de soufre ».</em></span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><img name="media-47980" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/297676562.JPG" alt="Moscou, Vue du haut de l'hôtel Rossia.JPG" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" id="media-47980" /></span></div> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Ainsi débutent les malheurs du camarade. Un pansement sur l’œil, le lendemain,<br /> devant le bureau de la direction, <em>« Korotkov se heurta à un inconnu dont l’aspect le frappa ».</em> Petit mais large d’épaules, chauve et boiteux, le <em>« drôle de type »</em> en tunique militaire lui barre le passage : <em>« Défense d’entrer sans être annoncé. »</em> Comme Korotkov proteste et s’indigne, il écrit quelques mots sur le papier qu’il lui présente et le menace de représailles pour ne pas avoir obéi à la consigne. Abasourdi, le chef de bureau apprendra de la secrétaire particulière – elle aussi a l’œil blessé par <em>« ces allumettes du diable »</em> – que le directeur a été révoqué et remplacé par cette <em>« espèce de caleçon chauve ! »</em></span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Vexé d’avoir été traité de demeuré par le nouveau venu, Korotkov fait du zèle.<br /> Inspiré par les mots griffonnés sur sa feuille – le personnel féminin touchera des caleçons de l’armée –, il s’empresse de rédiger l’annonce officielle et de l’envoyer par coursier au directeur pour signature. Le lendemain, il est renvoyé. Il a lu « caleçons » pour Kalsoner, nom du nouveau directeur, auquel il manquait la majuscule.<br /> Commence alors une course poursuite entre les deux K. L’ex-chef de bureau tient absolument à s’expliquer, mais Kalsoner refuse de l’écouter, sort et enfourche sa motocyclette. Korotkov s’accroche au tramway pour le suivre jusqu’au Tsentrosnab, une tour infernale. Le directeur ne se laisse pas rattraper. D’ascenseur en escalier, de couloir en bureau, Korotkov l’aperçoit, perd sa trace, le retrouve, le reperd. Au passage, un vieux fonctionnaire le prend pour un certain Kolobkov et lui réclame ses papiers. L’homme a quelque chose d’étrange, voire de maléfique dans le regard et même dans son sourire. Et catastrophe, Korotkov ne trouve plus son livret.</span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt;" class="MsoNormal"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Les ennuis s’accumulent. Le gardien d’immeuble qui devrait lui remettre une<br /> attestation d’identité est décédé. A son ancien bureau, Korotkov retrouve le<br /> camarade Kalsoner dans une nouvelle situation – le personnage change d’apparence, se dédouble sans cesse, plongeant le chef de bureau dans l’affolement et le désespoir. La chasse à l’homme s’inverse, c’est Korotkov maintenant qui tente d’échapper aux griffes du chauve diabolique.</span></span></p> <p><span style="font-size: 12pt; font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Boulgakov" title="Notice Wikipedia">Boulgakov</a>, dans cette nouvelle satirique et fantastique, sa seule œuvre importante publiée de son vivant dans son pays, campe un personnage sans caractère propre<br /> mais qui met toute son énergie au service de sa survie et de sa dignité. C’est un cauchemar où la confusion augmente à chaque étape. La réalité quotidienne du régime soviétique est bien présente : paiements en produits de la firme, licenciements imprévisibles, vol de pièces d’identité, administrations kakfkaïennes. <em>Endiablade</em>, que certains traduisent par <em>Diablerie</em>, peut se lire comme une <em>« histoire rêvée, abracadabrante et purement divertissante »</em> (Françoise Flamant), mais c’est déjà du grand Boulgakov. On retrouvera le diable et son haleine soufrée à Moscou dans<br /> <em>Le Maître et Marguerite</em>, son chef-d’œuvre.</span></p>