Last posts on biographie
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Tania
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Ecologie
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-12-12:3351818
2023-12-12T18:00:00+01:00
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« Dans Generelle Morphologie , Haeckel ne se contentait pas...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1336809996.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1369757" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/569507733.jpg" alt="Wulf Libretto.jpg" /></a>« Dans </span></em><a title="Encyclopedia universalis" href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/generelle-morphologie-der-organismen/" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Generelle Morphologie</span></a><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">, Haeckel ne se contentait pas de brandir l’étendard de la nouvelle théorie de l’évolution, il inventait aussi un nom pour désigner la discipline de Humboldt : l’</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Oecologie</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> ou « écologie ». Le terme était tiré du mot grec « maison » – </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">oikos</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> – appliqué au milieu naturel. Tous les organismes terrestres vivaient ensemble dans un même lieu comme une famille occupe le même foyer. Et comme les membres d’une famille, il arrivait qu’ils entrent en conflit ou qu’ils s’entraident. La nature organique et inorganique formait un « monde de forces en mouvement », écrivait-il dans </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Generelle Morphologie</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">, en reprenant les termes exacts de Humboldt. Haeckel lui empruntait l’idée d’un tout cohérent constitué d’interactions complexes, et lui donnait un nom. L’écologie, disait <a title="Encyclopédie universalis" href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/haeckel-ernst-heinrich-1834-1919/" target="_blank" rel="noopener">Haeckel</a>, était « la science des relations d’un organisme avec son environnement. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Andrea Wulf, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a title="Humboldt, une vision (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/12/07/humboldt-une-vision-3351783.html" target="_blank" rel="noopener">L’Invention de la nature</a>. Les aventures d’Alexander von Humboldt</span></em></p>
Tania
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Humboldt, une vision
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-12-11:3351783
2023-12-11T08:00:00+01:00
2023-12-11T08:00:00+01:00
L’Invention de la nature d’ Andrea Wulf (traduit de l’anglais par...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a title="Site de l'éditeur (édition originale)" href="https://www.leseditionsnoirsurblanc.fr/catalogue/linvention-de-la-nature/" target="_blank" rel="noopener"><em>L’Invention de la nature</em></a> d’<a title="Notice sur l'auteur aux éd. Libretto" href="https://www.editionslibretto.fr/auteur/andrea-wulf/" target="_blank" rel="noopener">Andrea Wulf</a> (traduit de l’anglais par Florence Hertz), somme extraordinaire sur <em>« Les aventures d’Alexander von Humboldt »</em>, m’a tenue longuement dans une sorte de sidération : devant l’incroyable énergie déployée au siècle des Lumières par <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_von_Humboldt" target="_blank" rel="noopener">Humboldt</a> (1769-1859) à la fois naturaliste, géographe, explorateur ; devant sa vision du monde inspirée par ce qu’il a observé et décrit, en comprenant comme personne avant lui les interactions du vivant et les effets des activités humaines sur la nature – un visionnaire. Merci à <a title="Son billet de lecture (A sauts et à gambades)" href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2017/11/03/l-invention-de-la-nature-andrea-wulf-5995594.html" target="_blank" rel="noopener">Dominique</a> de m’avoir incitée à ouvrir ce livre passionnant.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2541126217.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1369712" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1855692202.jpeg" alt="adrea wulf,l'invention de la nature,les aventures d'alexander von humboldt,récit,biographie,voyages,exploration du monde,compréhension du vivant,crits,idées,naturalisme,géographie,botanique,sciences,environnement,influence,postérité,culture" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Ce <em><a title="Source de l'illustration et explications (traduction disponible)" href="https://www.avhumboldt.de/?p=11781" target="_blank" rel="noopener">Tableau physique des Andes et pays voisins</a> </em>(1807) par A. von Humboldt, une <a title="A découvrir aussi sur le site de Smithsonian Magazine" href="https://www.smithsonianmag.com/history/pioneering-maps-alexander-von-humboldt-180973342/" target="_blank" rel="noopener">vue en coupe</a> des volcans Chimborazo et Cotopaxi <br />avec un diagramme détaillé des espèces végétales selon l’altitude, a été publié dans <em>Essai sur la géographie des plantes</em>, 1807 </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Humboldt était avec Gauss un des <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/les+arpenteurs+du+monde" target="_blank" rel="noopener"><em>Arpenteurs du monde</em></a>, roman à succès de Daniel Kehlmann. Pour écrire <em>L’invention de la nature</em>, Andrea Wulf a parcouru le monde sur ses traces et lu ses écrits – tout est précisément documenté. Aux éditions Libretto, le livre comporte sur ses sept cents pages régulièrement illustrées, plus de deux cents pages pour les notes, la bibliographie et un précieux index. Une belle <a title="à lire p. 7" href="https://www.editionslibretto.fr/wp-content/uploads/2023/12/9782369147893.pdf" target="_blank" rel="noopener">épigraphe de Goethe</a> précède trois <a title="pages 10 à 15" href="https://www.editionslibretto.fr/wp-content/uploads/2023/12/9782369147893.pdf" target="_blank" rel="noopener">cartes</a> des voyages de Humboldt aux Amériques (1799-1804), au Venezuela (1800) et en Russie (1829). </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le prologue (<a title="Site de l'éditeur" href="https://www.editionslibretto.fr/wp-content/uploads/2023/12/9782369147893.pdf" target="_blank" rel="noopener">en ligne</a>) s’ouvre sur l’ascension du <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chimborazo_(volcan)" target="_blank" rel="noopener">Chimborazo</a>, <em>« un magnifique volcan éteint des Andes »</em>, en juin 1802. Humboldt, depuis trois ans en Amérique latine, a emporté parmi ses instruments un <em>« cyanomètre »</em> : <em>« un <a title="Le "Nuanciel" d'Anne Le Maître" href="https://lesmomentsbleus.blogspot.com/2023/12/un-carnet-de-nuages.html" target="_blank" rel="noopener">nuancier</a> permettant de déterminer l’intensité du bleu du ciel »</em> ! Altitude, gravité, humidité, flore, faune, <em>« la moindre observation était consignée dans un carnet. »</em> A 5917 m d’altitude, devant une crevasse, Humboldt et ses compagnons, <em>« les premiers au monde à monter aussi haut »</em>, doivent s’arrêter à trois cents mètres du but. <em>« Humboldt eut alors une vision différente du monde. La Terre lui sembla pareille à un grand organisme vivant dont tous les éléments étaient reliés les uns aux autres, une conception révolutionnaire de la nature qui influence encore aujourd’hui notre façon de penser le milieu naturel. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">L’homme le plus célèbre de son temps après Napoléon a occupé <em>« une place de choix »</em> dans la vie scientifique. <em>« Il écrivit quelque cinquante mille lettres et en reçut au moins le double ».</em> Le centenaire de ce visionnaire, qui a inventé les <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Isotherme_(ligne)" target="_blank" rel="noopener">isothermes</a> (lignes de température et de pression) et surtout <em>« la notion de réseau du vivant » </em>a été célébré dans le monde entier. Lisez le <a title="Extrait à lire en ligne" href="https://www.editionslibretto.fr/data/extrait/9782369147893.pdf" target="_blank" rel="noopener">prologue</a> et résistez, si vous le pouvez, à ce récit de sa vie et de ses explorations, nourri de ses carnets de voyage et de sa correspondance. Humboldt a ébloui des écrivains, des chercheurs comme Goethe, Darwin, Thoreau, <a title="L'Homme et la Nature par G. P. Marsh (Wikipedia)" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Homme_et_la_Nature" target="_blank" rel="noopener">Marsh</a>, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Haeckel" target="_blank" rel="noopener">Haeckel</a> et <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Muir" target="_blank" rel="noopener">Muir</a>, qu’Andrea Wulf nous présente aussi, ainsi que d’autres personnalités illustres.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Fils d’un officier prussien chambellan à la cour (mort quand Alexander a neuf ans) et d’une riche héritière, Alexander von Humboldt et son frère aîné Wilhelm portaient un nom très respecté à Berlin. Des précepteurs les ont instruits <em>« dans l’esprit des Lumières »</em>, <em>« l’amour de la vérité, de la liberté et de la connaissance ». </em>Wilhem, <em>« sérieux et studieux »</em>, a étudié le droit ; Alexander préférait les promenades en forêt aux livres et <em>« se tourna vers la science, les mathématiques et les langues ». </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Leurs rêves étaient différents, mais ils étaient attachés l’un à l’autre. Wilhem von Humboldt a fondé une famille ; Alexander, resté célibataire, a connu tout au long de sa vie de solides amitiés masculines. Lors de ses échanges avec des scientifiques ou des penseurs, la question centrale qui l’occupait était <em>« comment comprendre la nature »</em> : par la raison ou par les sens et l’expérience ? Après la mort de sa mère, Alexander von Humboldt, à vingt-sept ans, se sent enfin libre de voyager où il le souhaite, il en a les moyens. D’abord en Europe, <em>« pour se mettre au courant des dernières découvertes en géologie, en botanique, en zoologie et en astronomie ». </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A Paris, il rencontre un jeune Français qui s’intéresse aux plantes, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aim%C3%A9_Bonpland" target="_blank" rel="noopener">Aimé Bonpland</a>, un <em>« compagnon idéal »</em>, curieux comme lui de découvrir le monde et d’un caractère <em>« égal et sympathique ». « La placidité de l’un équilibrait l’hyperactivité de l’autre. Ils devaient former une excellente équipe. »</em> Ensemble ils partent pour les <em>« Amériques espagnoles »</em> en 1799 avec des <em>« télescopes, microscopes, montres à longitude, sextants et boussoles »</em> ainsi que des fioles diverses, des feuilles pour herbiers, etc. Les paysages et la nature, tout qu’il découvre en Amérique du Sud enchante Humboldt au plus haut point. Pas seulement pour identifier des espèces inconnues en Europe, mais pour <em>« l’impression de l’ensemble »</em>. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dans la <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_d%27Aragua" target="_blank" rel="noopener">vallée d’Aragua</a>, par exemple, <em>« l’une des régions agricoles les plus riches des colonies »</em>, le naturaliste apprend des paysans que le niveau du <a title="Wikimedia" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lake_Valencia,_Venezuela.jpg" target="_blank" rel="noopener">lac de Valencia</a> baisse depuis une vingtaine d’années. Il comprend que c’est dû à la déforestation et à l’irrigation des cultures. Il dénonce la destruction de l’environnement par les colons européens, ainsi que l’esclavage, et il avertit des conséquences néfastes pour le climat. Sans le savoir, il devient <em>« le père du mouvement écologiste ». </em>Le réchauffement climatique, les problèmes de l’eau, des monocultures intensives... Tout a déjà été dit et prédit il y a deux cents ans !</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/114998652.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1369713" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1334331697.jpg" alt="adrea wulf,l'invention de la nature,les aventures d'alexander von humboldt,récit,biographie,voyages,exploration du monde,compréhension du vivant,crits,idées,naturalisme,géographie,botanique,sciences,environnement,influence,postérité,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Portrait d'Alexander von Humboldt par J. K. Stieler en 1843 (<a title="Fichier original" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Stieler,_Joseph_Karl_-_Alexander_von_Humboldt_-_1843.jpg?uselang=fr" target="_blank" rel="noopener">Wikimedia</a>)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Voyager à cette époque est beaucoup plus compliqué et risqué que deux siècles plus tard, mais la passion de Humboldt pour <em>« le tissu du vivant » </em>lui fait surmonter quasi tous les obstacles. Ceux qu’il rencontre, ceux qui assistent à ses conférences, ceux qui le lisent sont frappés par son énergie physique, par la vivacité de son esprit, par son enthousiasme à partager ses découvertes et ses idées. Humboldt fait ce que les scientifiques évitent souvent : il mêle ses émotions à ses explications, ose le lyrisme dans ses écrits comme dans la vie. Dans <a title="Le billet de Marilyne (Lire & merveilles)" href="http://www.lireetmerveilles.fr/pages/lectures/l-invention-de-la-nature-andrea-wulf.html" target="_blank" rel="noopener"><em>L’Invention de la nature</em></a> d’Andrea Wulf, on s’émerveille des fleurs, des minéraux, des diamants dans l’Oural, des aurores boréales, des séquoias géants, de dessins qui vont inspirer l’art nouveau… Une mine !</span></p>
Tania
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Besoin d'exister
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-10-29:3278762
2022-10-29T08:00:00+02:00
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« Je le porte en moi, ce livre que je voudrais écrire. Je voudrais...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/805172354.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1175483" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3531657986.jpg" alt="nathalie skowronek,karen et moi,roman,biographie,autobiographie,littérature française,belgique,écrivain belge,karen blixen,vie de femme,écriture,culture" /></a>« Je le porte en moi, ce livre que je voudrais écrire. Je voudrais raconter la vie de Karen Blixen. Cette femme me parle. Karen est ma sœur, son chemin est le mien. Je voudrais dire ses désirs, ses épreuves, son besoin d’exister. Tracer les contours de ce qui l’amène à créer. J’ai l’impression qu’en parlant d’elle j’arriverai à parler de moi. Je suis lasse, lasse de mentir. Et, comme Karen, j’ai l’espoir que l’écriture pourra me sauver. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Nathalie Skowronek,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="Karen et elle (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/10/24/karen-et-elle-3278761.html" target="_blank" rel="noopener">Karen et moi</a></span></em></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">©</span> </span><a title="Source de l'illustration" href="https://www.simonis-buunk.nl/verkocht/details/Jan_Catharinus_Adriaan_Goedhart_2586.aspx/" target="_blank" rel="noopener">Jan Goedhart</a>, <em>Portrait de femme écrivant</em>, 1930</span></p>
Tania
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J'aime le rond
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-10-17:3277333
2022-10-17T08:00:00+02:00
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J’aime le rond. J’aime le rond, les courbes, l’ondulation, le monde...
<p style="padding-left: 80px;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">J’aime le rond. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">J’aime le rond, les courbes, l’ondulation, </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">le monde est rond, le monde est un sein.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/844643286.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1169691" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3366466384.jpg" alt="Saint Phalle Mouvement ob_b62322_nanas.jpg" /></a></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Niki de Saint Phalle, <em><a title="Source de l'illustration" href="http://histart.over-blog.com/2015/01/les-nanas-niki-de-saint-phalle.html" target="_blank" rel="noopener">Mouvement</a> <br /></em>(cliquer pour la source et le commentaire)</span></p><p style="padding-left: 80px;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Je n’aime pas l’angle droit, il me fait peur. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">L’angle droit veut me tuer, l’angle droit </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">est un assassin. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> L’angle droit est un couteau, </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">l’angle droit c’est l’enfer.</span></p><p style="padding-left: 80px;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Je n’aime pas la symétrie. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> J’aime l’imperfection. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">Mes cercles ne sont jamais tout à fait ronds. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">C’est un choix, la perfection est froide. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">L’imperfection donne la vie, j’aime la vie.</span></p><p style="padding-left: 80px;"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">J’aime l’imaginaire comme un moine </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">peut aimer Dieu. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">L’imaginaire c’est mon refuge, mon palais </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">l’imaginaire est une promenade à </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">l’intérieur du carré et du rond. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> Je suis une aveugle, mes sculptures </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">sont mes yeux. </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> L’imaginaire est l’arc-en-ciel, </span><br /><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;"> le bonheur est l’imaginaire, l’imaginaire existe. </span><br /><br /><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/saint+phalle" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-family: tahoma, arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">NIKI DE SAINT PHALLE</span></a></p><p style="text-align: center;">* * * * *</p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt;">Ma lecture en cours demande du temps, <br />aussi je partage ce poème lu quelque part sur la Toile.<br />A bientôt.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt;">Tania</span></p>
Tania
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Règle du jeu
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-10-15:3276835
2022-10-15T08:03:00+02:00
2022-10-15T08:03:00+02:00
« A certains, l’enfance est donnée, elle reste là, à portée de...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/4283063562.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1168177" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1597916005.jpg" alt="gwenaëlle aubry,saint phalle,monter en enfance,essai,biographie,art,sculpture,tirs,nanas,jardin des tarots,tinguely,création,traumatisme,rebellion,culture" /></a>« A certains, l’enfance est donnée, elle reste là, à portée de main. Pour les autres, elle se conquiert, dans la mesure d’une distance, par-delà tout ce que d’elle on a préféré oublier, tout ce qu’en vous elle a menacé. Saint Phalle est, bien sûr, l’une des reines de la tribu de l’enfance : </span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">« Children should be seen and not heard</span><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">, Les enfants doivent être vus, et pas entendus », lui répétait sa mère quand elle ne la frappait pas au visage avec sa brosse à cheveux. Elle a obéi, transformé l’interdit en règle du jeu : de l’enfance, elle a tout donné à voir, tout offert au regard, candeur et démesure, appétit d’ogre et terreurs enfouies, insolence, joie, cruauté. Je crois pourtant qu’il lui a fallu, pour la retrouver, accomplir un long trajet. On dit « tomber en enfance » comme « tomber amoureux » : mais Saint Phalle n’est pas tombée, elle est montée en enfance. Son lourd legs, elle l’a, comme on souffle un métal, transmué en légèreté. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Gwenaëlle Aubry, </span><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/10/10/niki-de-saint-phalle-3276832.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Saint Phalle, Monter en enfance</span></em></a></p>
Tania
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Comme sur une scène
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2022-04-05T18:03:00+02:00
2022-04-05T18:03:00+02:00
« Elle le manifeste aussi, ce goût pour la scène, dans sa façon de...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1812998221.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1144583" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/782657048.jpg" alt="Bona Divine Jacqueline.jpg" /></a>« Elle le manifeste aussi, ce goût pour la scène, dans sa façon de marcher, de se déplacer, de prendre des poses, à chaque instant de sa vie quotidienne, et puis, on le sait, elle a l’art des entrées. En bref, elle agit consciemment ou non comme si le public était là, tout le temps là, pour la regarder.<br />Le costume, c’est le premier acte théâtral, la manifestation du personnage. Jacqueline de Ribes soigne ses apparitions. Quand elle s’apprête, c’est pour affronter le public qui l’attend et qu’elle ne veut pas décevoir. Elle entre chaque jour dans sa propre vie comme sur une scène. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Dominique Bona, </span><a title="Ribes ou l'élégance (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/03/30/ribes-ou-l-elegance-3266875.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Divine Jacqueline</span></em></a></p>
Tania
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Ribes ou l'élégance
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-04-04:3266875
2022-04-04T08:02:00+02:00
2022-04-04T08:02:00+02:00
Dans Divine Jacqueline , Dominique Bona ne parle ni d’une artiste ni...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dans <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Divine-Jacqueline" target="_blank" rel="noopener"><em>Divine Jacqueline</em></a>, Dominique <a title="Tous les billets T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/bona" target="_blank" rel="noopener">Bona</a> ne parle ni d’une artiste ni d’un écrivain, mais d’une femme réputée pour son élégance exceptionnelle – <em>« la dernière reine de Paris, la survivante d’un monde à jamais disparu »</em> –, un modèle vivant qu’elle a pu <a title="Entretien avec Dominique Bona (Gallimard)" href="https://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Dominique-Bona-Divine-Jacqueline/(source)/335913" target="_blank" rel="noopener">interroger</a>, qui lui a ouvert ses archives. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Parmi les photos projetées sur la façade de l’Empire State Building le 19 avril 2017, à l’occasion des cent cinquante ans de <a title="Article du Harper's et photos" href="https://www.harpersbazaar.com/culture/features/news/a22135/bazaar-projection-empire-state-building/" target="_blank" rel="noopener">Harper’s Bazaar</a>, figurait une seule Française au <em>« <a title="3e photo (J. de Ribes de profil, 1955)" href="https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2015/jacqueline-de-ribes/select-images" target="_blank" rel="noopener">profil de pharaonne</a> »</em>, celui de <em>« la femme la plus stylée du monde »</em> selon la presse américaine. En 2015, le <a title="Annonce du MET" href="https://www.metmuseum.org/press/exhibitions/2015/jacqueline-de-ribes" target="_blank" rel="noopener">Metropolitan </a>Museum of Art lui a consacré une exposition prestigieuse : <em>« <a title="Présentation (en) et nombreuses photos (Alain Truong)" href="http://www.alaintruong.com/archives/2015/07/09/32335875.html" target="_blank" rel="noopener">Jacqueline de Ribes, the Art of Style</a> ».</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1357699329.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1144576" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/712071792.jpg" alt="Bona J de Ribes.jpg" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Jacqueline de Ribes photographiée par <a title="The Richard Avedon Foundation" href="https://www.avedonfoundation.org/the-work" target="_blank" rel="noopener">Richard Avedon</a>, 1962 (<a title="Photo entière" href="https://fashionweekdaily.com/wp-content/uploads/2015/11/02.Jacqueline-de-Ribes-by-Richard-Avedon-1962.jpg" target="_blank" rel="noopener">détail</a>)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dominique Bona se souvient de leur premier entretien dans un hôtel parisien : <em>« Très haute, très droite, elle s’arrête un instant dans l’encadrement de la porte »</em>. Son allure impressionne, même à l’approche de ses quatre-vingt-dix ans. <em>« Un nom d’ancienne France. Un titre de comtesse, après celui de vicomtesse qu’elle a porté jusqu’à l’âge de cinquante-trois ans. Un rang social assuré. Une fortune, non moins exceptionnelle, héritée au berceau. Et le train de vie luxueux qui en découle. Enfin pour couronner le tout, la beauté, qui est un don des fées, une beauté enviable. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Intriguée par l’histoire de cette <em>« super-privilégiée »</em>, Bona l’académicienne s’intéresse à sa conception de l’élégance : pas qu’une affaire de vêtements, mais d’attitude, de recherche, de rigueur et de dignité – <em>« une lutte permanente ».</em> <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacqueline_de_Ribes" target="_blank" rel="noopener">Jacqueline de Ribes</a> porte de la Haute Couture, inspire les créateurs. Pour Yves Saint Laurent, elle était <em>« Oriane »</em>, la duchesse de Guermantes. S’habiller est sa passion, elle aime concevoir des robes, des costumes ; elle a eu sa propre marque. <em>« Elle est à sa façon une artiste, une artiste de soi. Car elle aime se créer. Sans cesse travailler son image. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">L’hôtel particulier des Ribes est au 50, rue de la Bienfaisance (Paris 8<sup>e</sup>). A l’occasion de son élection à l’<a title="Site de l'Académie" href="https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/dominique-bona" target="_blank" rel="noopener">Académie française</a>, au printemps 2013, Bona y a été conviée à un <em>« petit dîner »</em> de vingt-quatre personnes en deux tables de douze. Elle y découvre un univers très proustien : argenterie, cristal, bougies, service en gants blancs. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Née Bonnin de la Bonninière de Beaumont »</em>, un nom qui remonte aux Croisades, Jacqueline a pris son grand-père maternel pour modèle, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_Rivaud_de_la_Raffini%C3%A8re" target="_blank" rel="noopener">Olivier de Rivaud</a>, <em>« un self-made-man »</em>, créateur de la banque Rivaud, passionné de courses. Elle ressemble à sa grand-mère Nicole de Rivaud, grande, élégante, qu’elle a beaucoup observée. <em>« Je suis la fille de mes grands-parents. »</em> Elle affirme que ses parents<em> « n’aimaient pas les enfants, encore moins les leurs. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">La biographe s’intéresse aux ascendants, aux carrières, aux relations, aux modes de vie des uns et des autres. Jean de Beaumont aimait le sport, la chasse, les femmes. Paule de Beaumont avait toutes les qualités, mais pour sa fille, cette femme merveilleuse fut une mère sans amour, <em>« distante et froide ».</em> Jacqueline est née en juillet 1929, dix mois après leur mariage. En pension, elle n’a reçu aucune visite de sa mère, à qui ses propres parents avaient donné <em>« une éducation parfaite mais pareillement distante. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A dix-huit ans, elle rencontre Edouard de Ribes, vingt-quatre ans, aussitôt amoureux de la <em>« belle gazelle »</em>. Ils se marient en 1948 et habitent dans une aile de l’hôtel du comte et de la comtesse de Ribes, très conservateurs, qui imposent les rites et les horaires. Dominique Bona décrit le manque de lumière en journée dans cet hôtel <em>« musée »</em>, qui se métamorphose la nuit pour les grands dîners en lieu féerique. Les enfants Ribes, à leur tour, verront peu leur mère. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Son fils se souvient des moments où celle-ci passait dans sa chambre se montrer à lui en robe du soir. A seize ans, Jacqueline avait rencontré Christian Dior et visité ses ateliers. Elle coud elle-même, retouche ses toilettes, elle sait construire une robe. Les fêtes, les bals costumés excitent sa fantaisie créative. Elle conserve tous ses costumes. Ses réceptions sont éblouissantes, elle soigne tous les détails.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Divine Jacqueline</em> (le nom de la collection printemps-été 1999 de Jean-Paul Gaultier, en son honneur) : pour découvrir cette femme immortalisée par les meilleurs photographes, on suit <a title=""Jacqueline de Ribes, la femme française" par Gilles Denis (Le Point, déc. 2019)" href="https://www.lepoint.fr/mode-design/jacqueline-de-ribes-la-femme-francaise-09-12-2019-2352078_265.php" target="_blank" rel="noopener">Jacqueline de Ribes</a> dans une succession de mondanités parisiennes et cosmopolites. Son goût du paraître, elle le met aussi au service des galas de charité et du mécénat, de productions théâtrales. Elle tient à ce que sa vie soit <em>« un peu utile » </em>et la mise en œuvre de ses projets, d’événements, l’exercice constant de sa créativité, lui ont permis de se libérer dans une certaine mesure de sa cage dorée.</span></p>
Tania
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Soutine par la fin
tag:textespretextes.blogspirit.com,2021-04-01:3250101
2021-04-01T08:00:00+02:00
2021-04-01T08:00:00+02:00
Mon dernier rendez-vous avec les toiles de Soutine , c’était à...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Mon dernier rendez-vous avec les toiles de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cha%C3%AFm_Soutine" target="_blank" rel="noopener">Soutine</a>, c’était <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2012/10/18/soutine-a-paris.html" target="_blank" rel="noopener">à l’Orangerie</a> en 2012. La couverture choisie par Le Bruit du temps pour <a title="Site de l'éditeur" href="https://lebruitdutemps.fr/boutique/produit/le-dernier-voyage-de-soutine-17" target="_blank" rel="noopener"><em>Le dernier voyage de Soutine</em></a> (2016), un roman de <a title="Notice de l'éditeur" href="https://lebruitdutemps.fr/auteur/ralph-dutli-18" target="_blank" rel="noopener">Ralph Dutli</a> (traduit de l’allemand (Suisse) par Laure Bernardi), m’a donné envie de retrouver le peintre des blancs, des rouges, des verts. Comme Dominique Rolin l’avait fait pour Bruegel dans <a title="Site d'Espace Nord" href="https://www.espacenord.com/livre/lenrage/" target="_blank" rel="noopener"><em>L’Enragé</em></a>, l’auteur a choisi de raconter sa vie et de parler de son œuvre en commençant par la fin.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/4240482636.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1115983" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/773394163.jpg" alt="ralph dutli,le dernier voyage de soutine,roman,littérature allemande,suisse,biographie,fiction,peinture,vie de soutine,histoire de l'art,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">En couverture : Chaïm Soutine, <em>Paysage avec personnage (La route blanche)</em>, </span><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Paris, Musée de l'Orangerie</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le 6 août 1943, c’est dans un fourgon mortuaire que Soutine quitte Chinon, un <em>« mort vivant »</em> qu’il faut transporter jusqu’à Paris pour qu’on l’y opère d’un ulcère aggravé. Il faut éviter les carrefours où l’occupant contrôle les voyageurs, le peintre juif est recherché. On l’a enveloppé d’un linceul blanc sur le brancard, au cas où. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Cela fait longtemps que son ventre déchiré le torture, aucun remède n’a fonctionné. Seul le lait l’apaise. Les derniers jours, son rituel de destruction des œuvres par le feu ne lui a apporté aucun soulagement. <em>« Personne n’a compris le rituel. Pas un peintre, pas <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9opold_Zborowski" target="_blank" rel="noopener">Zborowski</a>, pas les deux femmes des dernières années, ni Mademoiselle Garde ni Marie-Berthe. Et personne ne pouvait le retenir. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">A la clinique de Chinon, aux urgences, le médecin a voulu opérer Soutine sur-le-champ, mais son <em>« ange noir »</em>, Marie-Berthe Aurenche, effrayée par l’intervention annoncée, veut qu’on le transfère à Paris où il aura un meilleur spécialiste qu’en province. Quand le médecin, qui a reconnu le nom de la deuxième épouse de Max Ernst, évoque Montparnasse à l’époque où il s’enthousiasmait pour les surréalistes, il a dit <em>« ce qu’il ne fallait pas »</em>, elle ne supporte plus d’entendre prononcer son nom. </span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Depuis trois ans, la <em>« muse des surréalistes »</em> est la compagne de Soutine. Elle obtient qu’on le conduise à Paris dans le XVIe, à la maison de santé Lyautey. On fait à Soutine une piqûre de morphine généreuse, pour qu’il supporte le voyage. Ma-Be reçoit une blouse blanche d’infirmière. On expliquera si nécessaire qu’il n’y avait plus d’ambulance disponible.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">C’est à partir de ce que Soutine perçoit de ce voyage interminable puis du <em>« paradis blanc »</em> de la clinique parisienne – la morphine l’a délivré de la douleur – que Dutli raconte les souvenirs, les rêveries du peintre, une succession d’images, de rencontres, de combats avec la toile et avec ses maux, où surgissent les personnes qui ont compté à ses yeux, les amis artistes, les femmes de sa vie, les lieux où il a vécu et où il s’est caché, ce et ceux qu’il a peints, les œuvres critiquées ou reconnues, les toiles détruites… </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dutli écrit l’histoire personnelle de cet enfant juif, l’enfant souffre-douleur de Smilovitchi (près de Minsk), orphelin à neuf ans, qui voulait peindre malgré les interdits religieux, devenu ce peintre ami de Modigliani à La Ruche, cet artiste juif qui refuse de porter l’étoile jaune et se fait invisible en déménageant sans cesse avant de quitter Paris, la ville tant désirée et aimée. La ville sans pogroms, pensait-il. Fini de s’y cacher en buvant du lait à la poudre de bismuth et en écoutant les disques de Bach de la chanteuse Olga Luchaire.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dutli rencontre Soutine pour la première fois dans un café en 1931, pour une série d’articles qu’un homme d’affaires lui a commandés sur <em>« les Juifs célèbres de Paris »</em>. A ses questions, ce sont les amis du peintre qui répondent, lui ne dit rien, <em>« perdu dans ses pensées, enveloppé dans la fumée de sa cigarette… » </em>A la Rotonde, écoutant les conversations, il a capté un jour une proximité intéressante : <em>« En français couleur et douleur sont si proches. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans <a title="Critique du Temps" href="https://www.letemps.ch/culture/chaim-soutine-toute-une-vie-24-heures" target="_blank" rel="noopener"><em>Le dernier voyage de Soutine</em></a>, ce poète et essayiste suisse de langue allemande qui a beaucoup écrit sur la poésie (il a traduit du russe Mandelstam, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/tsveta%C3%AFeva" target="_blank" rel="noopener">Tsvetaïeva</a>, Brodsky) mélange de façon convaincante l’histoire et la fiction. L’hôpital où pour la première fois le peintre vit sans douleur est en même temps une prison ; un mystérieux médecin lui promet la guérison s’il renonce à la couleur…</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Alors que Dominique Rolin, dans <em>L’Enragé</em>, fait parler Bruegel à la première personne, Ralph Dutli suit les conseils d’un témoin inattendu croisé au cimetière Montparnasse, sur la tombe de Chaïm Soutine : le vieil homme prétend avoir été là pour son enterrement, le 11 août 1943, alors que seuls Picasso, Cocteau et Max Jacob y étaient, et deux femmes, Gerda Groth et Marie-Berthe Aurenche. L’homme le met en garde : «<em> Chaque tête est différente des autres. L’homme est plein de contradictions, rien n’est prévisible. (…) Ce n’était pas lui. Il est un autre. » </em>Surtout pas de monologue intérieur, ne rien faire dire à un homme taciturne. <em>« Jamais de je, rien que du il. Jamais de pur passé, rien que du présent impur. »</em></span></p>
Pierre Vallet
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Eugène Fromentin ”Le roman d'une vie” par Patrick Tudoret
tag:www.paris14.info,2020-04-15:3149221
2020-04-15T14:35:00+02:00
2020-04-15T14:35:00+02:00
Editions Les Belles LEttres Belle biographie d'Eugène Fromentin, peintre...
<p>Editions Les Belles LEttres</p><p>Belle biographie d'Eugène Fromentin, peintre écrivain, né à la Rochelle en 1820; elle se lit facilement et avec agrément. Un style à la fois simple et travaillé avec des témoignages précis de personnalités l'ayant bien connu. Ce qui donne un bon aperçu de sa personnalité et montre son caractère mesuré, modeste, à la limite du syndrome de Lord Chandos, personnage de Hugo Von Hoffmann Stahl qui possédait un doute prononcé de ses capacités. Mais contrairement à cet homme, Fromentin n'a jamais renoncé à écrire.</p><p>Passionné par l'Algérie et considéré comme un représentant de l'orientalisme, il avait la faveur du grand Sainte-Beuve qui pourtant de manière générale avait plutôt la dent dure!... Même principe avec les Frères Goncourt. Quant à Georges Sand, elle ne tarissait pas d'éloges non plus. Elle évoque notamment sa figure saisissante d'expression, ses yeux magnifiques et ses dons d'orateur…</p><p>Eugène Fromentin fils d'un médecin reconnu et d'une mère pleine de compassion, était un élève brillant, doté d'une sensibilité maladive et d'une remarquable mémoire. Auteur de deux récits de voyage " Un été dans le Sahara" et "Une année dans le Sahel", une de ses forces consistait en une grande exigence vis à vis de lui-même et le mot facilité lui faisait horreur…</p><p>De santé fragile, auteur d'un seul roman mais quel roman! (" Dominique"), il vouait une grande admiration à des peintres comme Delacroix, Géricault, Corot. D'ailleurs quel enchantement pour lui lorsque Delacroix lui écrivit ces quelques phrases : " Après avoir lu votre " Eté dans le Sahara", qui m'a ravi, je désirais fort vous connaître : j'irai vous dire en même temps ce que j'en pense ainsi que du Sahel que je n'ai point encore lu. On m'a dit que vous m'y gâtez beaucoup… "</p><p>Dans ce livre, l'auteur démontre combien l'amitié constitua une des grandes réussites d'Eugène Fromentin, et combien nombre de ses amis étaient prêts à lui rendre service. Une des ses amitiés les plus fortes? Armand du Mesnil surnuméraire au Ministère de l'instruction publique et plus tard directeur de l'Enseignement supérieur.</p><p>Marié à Marie Cavellet de Beaumont après avoir aimé une certaine Léocadie inspiratrice de son roman, il connut également la joie d'être père.</p><p>A la fin de sa vie, il écrira un ouvrage sur les grands peintres flamands et hollandais " Les maîtres d'autrefois" dont Claudel, Proust, Van Gogh et bien d'autres en feront un livre de chevet… D'après Armand du Mesnil, il aurait souhaité avant de mourir, écrire un livre démontrant comment se fait la production d'un cerveau.</p><p>Qualifié de " peintre en deux langues" par Sainte-Beuve, il n'avait d'après Patrick Tudoret, rien de médiocre en lui. En tout cas, il était aussi doué en peinture qu'en écriture, ce qui est avéré, puisqu'il est à la fois un artiste représenté dans le monde entier et un écrivain honoré figurant dans la Pléaïde…</p><p>Patrick Tudoret nous séduit de par sa maîtrise technique de la biographie et par sa qualité d'écriture. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il a obtenu en 2009 le Grand Prix de la Critique, et le Prix Claude Farrère et le Prix des Grands Espaces pour son roman ""L'homme qui fuyait le Nobel" en 2015…</p><p>Agnès Figueras-Lenattier</p><p>.</p><p> </p>
Tania
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S'alimenter
tag:textespretextes.blogspirit.com,2019-09-21:3141772
2019-09-21T08:30:00+02:00
2019-09-21T08:30:00+02:00
« Mes dîners avec Charbonneau [à New York] suivaient à...
<p><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2270676888.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1074835" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3823753368.jpg" alt="boyd,les vies multiples d'amory clay,roman,littérature anglaise,photographie,biographie,fiction,culture" /></a>« Mes dîners avec Charbonneau </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">[à New York]</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"> suivaient à présent une certaine routine. Comme Paris lui manquait, il essayait toujours de dénicher un restaurant français et, quelle que fût la qualité des mets, se déclarait toujours atrocement déçu par ce qu’il qualifiait de parodie de cuisine française, de fiasco américain. Je le contredisais souvent, histoire d’attiser son indignation – pour mon palais anglais, tout cela semblait délicieux. Il pouvait disserter sur tout ce qu’il mangeait ; jusqu’aux petits pains individuels et au sel qui n’échappaient pas à sa vigilance gastronomique. Presque malgré moi, j’appris beaucoup sur ce que l’on pouvait exiger de l’acte nécessaire de s’alimenter, des viandes, poissons ou légumes que nous mâchons et avalons pour pouvoir survivre. Mais Charbonneau appliquait à toute l’opération une analyse tellement experte que cela m’en paraissait presque malsain. »</span></em></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">William Boyd, </span><a title="Vies multiples (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2019/09/18/vies-multiples-3141771.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Les vies multiples d’Amory Clay</span></em></a></p>
Tania
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Vies multiples
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2019-09-19T08:30:00+02:00
2019-09-19T08:30:00+02:00
En français : Les vies multiples d’Amory Clay . En anglais :...
<p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">En français : <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.seuil.com/ouvrage/les-vies-multiples-d-amory-clay-william-boyd/9782021244274" target="_blank" rel="noopener"><em>Les vies multiples d’Amory Clay</em></a>. En anglais : <em>Sweet Caress. The Many Lives of Amory Clay</em>. Encore un mystère de la traduction des titres pour ce roman de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Boyd_(%C3%A9crivain)" target="_blank" rel="noopener">William Boyd</a> (2015, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Isabelle Perrin). Il y manque les caresses, elles reviennent dans la citation de Jean-Baptiste Charbonneau en épigraphe : <em>« Quelle que soit la durée de votre séjour sur cette petite planète, et quoi qu’il vous advienne, le plus important c’est que vous puissiez, de temps en temps, sentir la caresse exquise de la vie. »</em> (<em>Avis de passage</em>)</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/128761259.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1074831" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2440433060.jpg" alt="boyd,les vies multiples d'amory clay,roman,littérature anglaise,photographie,biographie,fiction,culture" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ensuite, une photo noir et blanc, <em>« Amory Clay en 1928 »</em> : une jeune femme en maillot foncé, les pieds dans l’eau, esquisse un pas de danse, un bras levé vers le ciel. Le titre du premier chapitre la définit très simplement : <em>« La fille à l’appareil photo ».</em> Née le 7 mars 1908, Amory – la narratrice, qui entreprend de raconter sa vie – est la fille aînée, avant Peggy (1914) et Xan (Alexander, 1916). D’autres photos, la plupart prises par elle, s’insèrent tout au long du roman.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Le récit chronologique de sa vie alterne avec son <em>« Journal de Barrandale, 1977 »</em>, du nom de l’île où elle où elle vit les dernières années de sa vie avec son chien Flam dans un cottage. Amory a reçu de son père, nouvelliste et<em> « homme de lettres polyvalent »</em>, ce prénom <em>« androgyne »</em>, écrit Boyd. <em>« A mes yeux, un prénom est une affaire bien trop grave pour être choisi à la légère : il devient votre étiquette, votre définition, votre identifiant. »</em> Quand sa sœur est née, son père était déjà parti à la guerre et c’est Greville, le frère de leur mère, qui a choisi celui de sa sœur. Pour le troisième enfant, Clay avait choisi <em>« Alexander »</em> pour un garçon, <em>« Marjorie »</em> pour une fille – prénom féminin dont Amory s’est souvent servie quand elle était fâchée contre son frère.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Greville Reade-Hill va jouer un rôle important dans la vie de sa nièce. Cet <em>« ancien opérateur de reconnaissance photographique dans le corps aérien de l’armée britannique »</em> est devenu photographe mondain, étiquette qu’il rejette, lui préférant <em>« photographe-tout-court »</em>. Il lui offre pour ses sept ans un Kodak Brownie N°2, avec lequel elle prend sa première photographie lors d’une fête d’anniversaire, de <em>« dames chapeautées en robe longue »</em> dans le jardin de Beckburrow, dans l’East Sussex, <em>« notre chez-nous »</em>. Une maison achetée grâce aux droits dérivés d’une adaptation théâtrale qui avait soudain enrichi la famille.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Amory est placée en pension du fait d’un legs d’une grand-tante destiné à l’éducation de l’aînée de ses petits-neveux. Sa mère ne se montrait jamais affectueuse et c’est au pensionnat pour jeunes filles qu’Amory fait son apprentissage sentimental auprès de sa meilleure amie à qui elle confie que le seul homme qu’elle aimerait embrasser, c’est Greville, son oncle, <em>« l’homme le plus beau, le plus amusant, le plus gentil et le plus sardonique »</em> qu’elle ait jamais rencontré.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">En famille, elle prend des photos qu’il lui a appris à tirer elle-même et met un titre et une date au dos de chacune au crayon, avant de les glisser dans son album. <em>« Je crois avoir été consciente, même à l’époque, que seule la photographie peut réussir ce tour de magie avec tant d’assurance et de facilité : arrêter le temps, capturer cette milliseconde de notre existence et nous permettre de vivre éternellement. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Elève douée, Amory remporte un prix de dissertation et est encouragée à présenter le concours d’entrée à Oxford, mais elle ne veut pas aller à l’université. Elle veut devenir photographe professionnelle. Quand son père annonce un jour sa visite au pensionnat pour lui <em>« parler en tête-à-tête »</em>, elle s’inquiète – avec raison. Son père prétend que tout va bien – sa sœur Peggy est une pianiste prodige et son frère élève des cochons d’inde – et il l’emmène en voiture en direction du nord. Tout à coup, il bifurque en direction d’un lac artificiel vers lequel il roule de plus en plus vite en lui disant, juste avant de plonger dans l’eau : <em>« Je t’aime, ma fille chérie. Ne l’oublie jamais. »</em></span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Elle arrive à se dégager de l’habitacle, puis à en sortir son père, qui fond en larmes (il imaginait le lac plus profond), et ils parviennent à nager jusqu’à la berge. Il sera déclaré fou et interné dans un <em>« asile de luxe ».</em> Amory s’en sort malgré une dépression nerveuse et mettra très longtemps à aller lui rendre visite. Elle a cherché une explication et découvert dans l’histoire de son régiment d’infanterie légère l’épisode de mars 1918 qui a traumatisé son père.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Amory Clay devient donc photographe, d’abord en assistant son oncle Greville chez qui elle s’est installée ; elle découvre que son élégance irréprochable est liée, sans qu’elle s’en soit jamais doutée, à son orientation sexuelle. Il travaille pour plusieurs magazines mondains. Elle couche alors avec un autre photographe, fait ses débuts en tirant le portrait d’une riche héritière sur un court de tennis – sa photo peu académique fait scandale. </span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Greville doit se séparer d’elle et lui conseille de se faire une mauvaise réputation, <em>« une réputation sulfureuse »</em>, pour changer la perception que le monde a d’elle. Elle se rend à Berlin, dans les clubs <em>« décadents »</em>, se lie avec une homosexuelle qui lui sert de couverture pour prendre des photos dans des bordels semi-clandestins, en cachant son appareil dans son sac où elle a bricolé une ouverture. C’est le début des années trente, elle y fait aussi de mauvaises rencontres.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Au retour, son exposition <em>« Berlin bei Nacht »</em> fait scandale à Londres. Après le vernissage, un article du Daily Express lui vaut une descente de police et la confiscation de ses clichés. Elle a réussi tout de même à attirer l’attention de Cleveland Finzi, attaché au Global-Photowatch, un magazine américain, qui lui propose un rendez-vous à son hôtel. C’est le début d’une histoire d’amour.</span></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Dans <em>Les vies multiples d’Amory Clay</em>, William Boyd lui fait raconter les hauts et les bas de sa carrière de photographe internationale (en dernier durant la guerre au Vietnam), mais aussi de son parcours personnel : ses relations avec sa famille, ses amours et ses amitiés, son mariage et ses deux filles, la maladie qui la décide, tant qu’il est encore temps, à écrire tout cela pour que ses filles sachent un peu mieux qui était leur mère. Des souffrances, des risques, des bonheurs, de 1908 à 1983.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3698979698.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1074832" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3895296178.jpg" alt="boyd,les vies multiples d'amory clay,roman,littérature anglaise,photographie,biographie,fiction,culture" /></a></p><p><span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">En refermant <em><a title="Critique du Temps" href="https://www.letemps.ch/culture/amory-clay-reponse-william-boyd" target="_blank" rel="noopener">Les vies multiples d'Amory Clay</a></em>, j’étais persuadée qu’Amory Clay avait vraiment existé, ainsi que certains autres personnages. Or ce roman est une <a title="« WILLIAM BOYD La vraie biographie d’une fausse photographe » par Josée Lapointe (La Presse)" href="http://plus.lapresse.ca/screens/99b4a5c9-156f-41ed-8fd9-6a409c16ff44__7C___0.html" target="_blank" rel="noopener">fiction totale</a>, illustrée de photographies anonymes ! <a title="Sur T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/boyd" target="_blank" rel="noopener">William Boyd</a> réussit à y rendre tous les aspects d’une vie de femme aventureuse : liens familiaux et goût de l’indépendance, soif d’émancipation et d’expériences, prise de risques, désirs amoureux, rêves et rencontres, interrogations sur son rôle de mère, combativité… Les allers-retours entre sa vie baroudeuse de photographe-reporter et ses réflexions de femme qui a vécu et tâche de vivre encore au mieux le temps qui lui reste – à elle qui croyait pouvoir <em>« arrêter le temps »</em> – apportent au récit une dimension supplémentaire, en profondeur.</span></p>
Tania
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Blason
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2019-01-05T08:30:00+01:00
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« Les Camondo étaient fiers de leurs blason et armoiries, même...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2259337531.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1056433" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1124274571.jpg" alt="assouline,pierre,le dernier des camondo,récit,biographie,musée nissim de camondo,paris,juifs,rue de monceau,famille,histoire,société,collections,xviiie,art,culture" /></a>« Les Camondo étaient fiers de leurs blason et armoiries, même s’ils savaient combien c’était dérisoire pour prouver l’ancienneté de leur famille. Finalement, qu’est-ce qui les distinguait des grands bourgeois fortunés ? Qu’est-ce qui leur permettait d’échapper au fameux jugement de La Bruyère, pour qui le bourgeois est noble par imitation et peuple par caractère ? Un titre, une particule, un mode de vie, la fréquentation d’une société, une haute idée de soi et des siens… Et l’impérieuse nécessité, l’irrépressible volonté, l’insondable désir de se différencier de leurs coreligionnaires. Comme si, en appartenant à « une grande famille », ils inventaient une autre manière d’être juifs. Car pour rien au monde ils n’auraient voulu être les égaux de leurs frères. »</span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 8pt;">Blason de <a title="Site du Musée (source)" href="http://madparis.fr/francais/musees/musee-nissim-de-camondo/la-famille-camondo/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la famille Camondo </a>© MAD, Paris</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/646884050.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-1056434" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3463538515.jpg" alt="assouline,pierre,le dernier des camondo,récit,biographie,musée nissim de camondo,paris,juifs,rue de monceau,famille,histoire,société,collections,xviiie,art,culture" /></a></span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">« Aussi exténué qu’exalté par l’atmosphère guerrière dans laquelle il survivait, il n’aimait rien tant que se rassembler à la campagne, soit du côté des Camondo, soit du côté des Cahen d’Anvers. Des photos prises au cours de l’été 2016 montrent Moïse et Nissim bavardant dans le jardin de la rue de Monceau enfoncés dans des fauteuils en osier, et le père si fier de son fils. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">Pierre Assouline,</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"> <a title="La saga des Camondo (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2018/12/22/la-saga-des-camondo-3127735.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Le dernier des Camondo</a></span></em></span></p><p style="text-align: center; padding-left: 270px;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif; font-size: 10pt;"><em> </em></span></p>
Tania
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Comme un arbre
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-30:3111251
2017-12-30T08:30:00+01:00
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« Mais chaque livre naît avec sa forme tout à...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1447211592.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196195" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2866969921.jpg" alt="yourcenar,marguerite,les yeux ouverts,entretiens,matthieu galey,littérature française,biographie,enfance,culture,écologie,surpopulation,sagesse" /></a></span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Mais chaque livre naît avec sa forme tout à fait particulière, un petit peu<a title="Histoires d’arbres : les survivants, à voir jusqu’au 6 janvier : comment un maître japonais du bonsaï soigne un genévrier vieux de 500 ans." href="https://www.arte.tv/fr/videos/065298-002-A/histoires-d-arbres/" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> comme un arbre</a>. Une expérience transplantée dans un livre emporte avec elle les mousses, les fleurs sauvages qui l’entourent dans cette espèce de boule de terre où ses racines sont prises. Chaque pensée qui fait naître un livre emporte avec soi toute une série de circonstances, tout un complexe d’émotions et d’idées qui ne sera jamais pareil dans un autre livre. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a title="Ouvrir les yeux (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/26/ouvrir-les-yeux-1162056.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar</a>,</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"> <a title="(T&P, 1/6)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts </a></span></em></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;"><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/spilliaert" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Spilliaert</a>,<em> Arbre en hiver</em></span></p>
Tania
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Ouvrir les yeux
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-28:3111250
2017-12-28T08:30:00+01:00
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Empruntés à la bibliothèque de ma mère (je vois encore le volume posé sur...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Empruntés à la bibliothèque de ma mère (je vois encore le volume posé sur le côté de la cheminée du salon, dans la maison où j’ai grandi, avec ce beau regard sur la <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/16/le-passe-1161902.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">photo de couverture</a>),<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em> Les yeux ouverts</em> </a>de <a title="Notice de l'Académie française" href="http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/marguerite-yourcenar" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar </a>accompagnent parfaitement ce temps de Noël. Ces entretiens abordent tant de sujets, littéraires ou non, qu’ils nous rendent proche cette grande dame des lettres françaises qui cultivait l’art de vivre simplement et en harmonie sur l’île des Monts-Déserts, même si elle fut aussi une <a title="Le bris des routines (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/le+bris+des+routines" target="_blank" rel="noopener noreferrer">grande voyageuse.</a></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2291398766.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196194" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1476897851.jpg" alt="Yourcenar Van Kessel L'arbre aux oiseaux.jpg" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: 8pt;">Jan Van Kessel (1626-1679), <a title="Source photo" href="https://mba.rennes.fr/fr/le-musee/les-incontournables-du-musee/fiche/jan-i-van-kessel-l-arbre-aux-oiseaux-40" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>L'arbre aux oiseaux</em></a><em> © </em>Musée des Beaux-Arts, Rennes</span></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle pour qui tous les êtres humains sont solitaires devant la naissance, devant la mort, devant la maladie, au travail – même entourés – ne considère pas <em>« que l’écrivain soit plus seul qu’un autre. »</em> Elle ajoute : <em>« C’est à chacun de nous de faire le geste qui tend les bras, et en même temps de ne jamais contraindre les êtres. »</em> Les morts, les départs de ceux qui nous sont chers font souffrir, mais cela vaut mieux <em>« que de ne pas avoir connu la présence de ces personnes quand elles existaient. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans la séquence intitulée <em>« Des écrivains et des sages »</em>, Yourcenar cite l’<em>Autobiographie</em> de Gandhi comme le livre qu’elle a le plus souvent relu, et Proust, «<em> sept ou huit fois »</em>, entre autres grands noms qu’elle commente. Elle se rebiffe lorsqu’on la rapproche du XIXe siècle ou du classicisme. Elle place à l’avant-garde ceux qui, minoritaires en France à l’époque, luttent contre l’explosion démographique, la pollution, les atteintes à la biodiversité. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Aussi ai-je envie de m’attarder avec vous sur les derniers chapitres où Matthieu Galey l’interroge sur ces thèmes qui la préoccupaient fort et continuent à nous préoccuper. <em>« Un écrivain dans le siècle »</em> s’ouvre sur le problème de l’écologie. Marguerite Yourcenar rappelle d’abord que Tchekhov, déjà, dénonçait la destruction de la forêt russe et que <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Franz_Schrader_(g%C3%A9ographe)" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Franz Schrader</a>, à la fin de son <em>Atlas de géographie historique</em>, en 1911, constatait les déséquilibres provoqués par l’exploitation effrénée des richesses naturelles dans un monde <em>« grisé de ses puissances nouvelles et occupé à se détruire lui-même. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Yourcenar fait l’inventaire des désastres sur la terre, dans les mers et dans l’air, des espèces animales exterminées, des <em>« fruits de l’incurie et de l’avidité ».</em> Elle note aussi <em>« quelques signes de changement » </em>encourageants, effets de la protestation et de la contestation, de la persuasion qui amène, par exemple, de jeunes fermiers à renouer avec des pratiques traditionnelles moins néfastes. <em>« Il faudra chauffer moins, diminuer la hauteur des plafonds, la taille des pièces, revenir aux petites maisons modestes d’autrefois. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« Les Anciens se trompaient comme nous. Ils condamnaient néanmoins ce qu’ils appelaient « la démesure ». Les Indiens d’Amérique la redoutaient aussi, semblables en cela à la plupart des primitifs. »</em> Retraçant l’évolution du monde, elle dénonce <em>« la croissance démesurée des villes »</em>, <em>« une culture trop intensive »</em>, <em>« l’abus de l’eau »</em> et aussi la <a title="L'appel du professeur de Duve (Propos d'un octogénaire)" href="http://phmailleux.e-monsite.com/pages/00-00-h-sauver-la-planete.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">surpopulation </a>: <em>« Il n’y a pas seulement pour l’humanité la menace de disparaître sur une planète morte, il faut aussi que chaque homme, pour vivre</em> humainement,<em> ait l’air nécessaire, une surface viable, une éducation, un certain sens de son utilité. »</em> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Quand Galey remarque que l’action individuelle paraît dérisoire, elle répond : <em>« Tout part de l’homme. C’est toujours un homme seul qui fait tout, qui commence tout : <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Dunant" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Dunant </a>et <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Florence_Nightingale" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Florence Nightingale </a>pour la fondation de la Croix-Rouge, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rachel_Carson" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Rachel Carson </a>pour la lutte contre les pesticides, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Margaret_Sanger" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Margaret Sangers </a>pour le planning familial. »</em> La place des écrivains ? <em>« Les écrivains véritables sont nécessaires : ils expriment ce que d’autres ressentent sans pouvoir lui donner forme et c’est pourquoi toutes les tyrannies les bâillonnent. »</em> Ils nous aident à ouvrir les yeux.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Yourcenar n’avait pas de télévision et lisait peu les journaux, <em>« trop souvent un miroir faussé »</em>, préférant les rapports et les comptes rendus qui éclairent le dessous des cartes. Elle faisait partie d’une association de ménagères, <em>Homemakers Associations</em>, militant contre la fraude alimentaire. Végétarienne <em>« à quatre-vingt-quinze pour cent »</em> (du poisson deux fois par semaine), elle ressentait un <em>« profond sentiment d’attachement et de respect pour l’animal ».</em> Elle avait refusé de manger de la viande dès la petite enfance, changé d’avis vers quinze ans, avant de se raviser à la quarantaine. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle s’est engagée contre le massacre des phoques nouveau-nés, des animaux tués pour leur fourrure, leurs plumes ou leurs défenses, contre la chasse : <em>« J’appartiens à l’une des sociétés qui achètent des terres pour créer des réserves d’air et d’eau impolluées et de vie tant végétale qu’animale. » – « Il ne sera jamais trop tard pour tenter de bien faire, tant qu’il y aura sur terre un arbre, une bête ou un homme. »</em> J’ai repensé à ces paroles en suivant, dans la superbe série « <em>Histoires d’arbres »</em> diffusée sur Arte, le combat de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julia_Butterfly_Hill" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Julia Butterfly </a>qui a vécu 738 jours dans un sequoia géant de 1500 ans pour préserver cette partie de la forêt californienne de la surexploitation forestière (visible <a title="Histoires d’arbres : les survivants" href="https://www.arte.tv/fr/videos/065298-002-A/histoires-d-arbres/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">sur le site d’Arte </a>jusqu’au 6 janvier 2018).</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans <em>« La sympathie par l’intelligence »</em>, Marguerite Yourcenar explicite son intérêt pour les animaux, <em>« cet aspect bouleversant de l’animal qui ne possède rien, sauf sa vie, que si souvent nous lui prenons ».</em> La souffrance des animaux la touche, comme la souffrance des enfants : <em>« j’y vois l’horreur toute particulière d’engager dans nos erreurs, dans nos folies, des êtres qui en sont totalement innocents ».</em> Elle refuse qu’on considère cela comme de l’anthropomorphisme, la bonté devant s’exercer envers tout ce qui vit. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Cela rejoint ce qu’elle écrivait dans sa préface de <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Theatre77" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>La petite sirène</em></a>, une pièce inspirée d’Andersen (elle considère les préfaces de ses pièces comme <em>« la part la plus autobiographique de son œuvre »</em>, il faudra lire son théâtre un jour) : cette préface <em>« a représenté le partage des eaux entre [sa] vie d’avant 1940, centrée surtout sur l’humain, et celle d’après, où l’être humain est senti comme un objet qui bouge sur l’arrière-plan du tout. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Education de l’enfant, amitié, <a title="Yourcenar au Japon (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2014/11/24/yourcenar-au-japon-1137039.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">voyage</a>, écriture, traduction, solitude, mort, <em>Les yeux ouverts</em> sont riches de son expérience personnelle et de sa quête de la sagesse. Elle se reconnaît inspirée par le bouddhisme mais pas seulement : <em>« J’ai plusieurs religions, comme j’ai plusieurs patries, si bien qu’en un sens je n’appartiens peut-être à aucune. »</em> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans une page émouvante, que je vous copierai peut-être un jour, Marguerite Yourcenar énumère en vrac ce qu’elle aimerait revoir s’il est vrai, comme le lui a raconté un ami sauvé de la noyade, qu’on revoit avant de mourir toute sa vie, «<em> de façon fulgurante ». « Tout vient de plus loin et va plus loin que nous. Autrement dit, tout nous dépasse, et on se sent humble et émerveillé d’avoir été ainsi traversé et dépassé. »</em></span></p>
Tania
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Du hasard
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2017-12-26T08:30:00+01:00
2017-12-26T08:30:00+01:00
En poursuivant la lecture des entretiens de Marguerite Yourcenar avec...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">En poursuivant la lecture des entretiens de Marguerite Yourcenar avec Matthieu Galey, <a title="Ecouter Yourcenar (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Les yeux ouverts</em></a>, je suis frappée par un petit détail d’édition judicieux (Le Centurion, 1980) : si le haut de la page de gauche reprend le titre du chapitre, chaque page de droite présente en guise de titre ou de repère un extrait du texte de la page même.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1041552294.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196131" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/507309430.jpg" alt="yourcenar,marguerite,les yeux ouverts,entretiens,matthieu galey,littérature française,biographie,enfance,culture,île des monts-déserts,vie" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Marguerite Yourcenar (1903-1987)<br />photo De Grendel Bernhard en 1982 à Bailleul</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Ainsi page 57, <em>« J’aurais vécu parmi d’autres êtres »</em> : Yourcenar insiste sur le rôle du hasard dans une vie. Elle aurait pu, dans sa jeunesse, répondre à l’invitation de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rabindranath_Tagore" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Rabindranath Tagore </a>qu’elle admirait et à qui elle avait envoyé ses poèmes <em>Jardin des chimères</em> et <em>Icare. « Et Tagore m’a écrit une belle lettre amicale qui me proposait de venir à son université de Santiniketan, aux Indes. Mais à cette époque-là, quand on avait dix-sept ans, on ne quittait pas sa famille pour les Indes. Ce n’était pas encore le temps des autobus de hippies roulant vers le Népal. Seulement je suis très sensible au fait que chaque action, même la plus petite, ouvre et ferme une porte, si bien que je l’ai parfois regretté. Il se serait passé autre chose ; j’aurais vécu parmi d’autres êtres. Serais-je ou ne serais-je pas arrivée au même point ? <a title="Ce que nous sommes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/10/11/ce-que-nous-sommes-1160629.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">C’est à voir</a>… »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Des entretiens sont souvent propices à des remarques inattendues. Par exemple, à propos des différentes façons d’aimer, Marguerite Yourcenar se refère à <em>« un personnage de Flaubert très dédaigné, et à sa façon très émouvant : Monsieur Bovary. »</em> Un peu plus loin, elle relate un échange de lettres avec Mme Servan-Schreiber :<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F_Magazine" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> <em>F Magazine</em> </a>avait republié une de ses <em>Nouvelles orientales</em>, <em>« Le dernier amour du prince Genghi »</em>, ce qui l’avait étonnée (trouvant son héroïne peu féministe). Interrogée sur ses rêves, Yourcenar confie qu’ils sont rarement angoissés : <em>« Ce sont surtout des paysages d’une beauté extraordinaire »</em> qu’elle rêve dans des couleurs<em> « extrêmement intenses ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Elle a toujours aimé les îles – l’Eubée, Egine, Capri – avant de s’installer sur une île du Maine, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_des_Monts_D%C3%A9serts" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’île des Monts-Déserts</a>. Là encore, le hasard a joué. En 1942, à New York, elle attendait <em>« le moment de repartir pour l’Europe »</em> quand un ami américain les a invitées, <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Grace_Frick" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Grace Frick </a>et elle, à passer quelques semaines d’été sur cette île qu’elle ne connaissait pas. Ce qui l’a séduite ? La nature très belle. <em>« Et puis la vie. On la voit ici à son plus dépouillé, sous la forme la plus dénuée de littérature. »</em> Un pays <em>« très vieux, dans ses opinions et dans ses coutumes »</em>, parfois hostile aux <em>« gens de l’été »</em> mais qui a fini par l’adopter.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Dans la création littéraire aussi, le hasard joue son rôle. Pour <em>L’œuvre au noir</em>, elle n’avait au début <em>« aucun schéma précis ». « En général, je ne sais que très peu de chose, quand je commence un livre. J’ai tout le temps vérifié ce qui était possible, ce qui était impossible à Zénon, ce qu’on pouvait dire, et ce qu’on ne pouvait pas dire. Mais quant à la manière dont le hasard prendra forme, pour cela il fallait laisser le hasard jouer, et le hasard est considérable, s’il s’agit d’une assez longue vie. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Je l’ai dit, et je l’ai redit dans </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Archives du Nord</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">, je vous l’ai répété : les gens n’aiment pas découvrir combien leur vie dépend du hasard ; cela les embarrasse. Ils aiment avoir une vie plus ou moins contrôlée par eux, ou sinon par eux, par leurs passions, par leurs amours, même par leurs erreurs. Ils trouvent cela plus beau et plus intéressant. Mais que cela ait dépendu simplement de l’autobus qu’on a pris… »</span></em></span></p>
Tania
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Dîner de Noël
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-25:3111248
2017-12-25T08:30:00+01:00
2017-12-25T08:30:00+01:00
« Quand on accueille beaucoup les êtres, on n’est jamais ce qui...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Quand on accueille beaucoup les êtres, on n’est jamais ce qui s’appelle seul. La classe (mot détestable, que je voudrais voir disparaître comme le mot caste) ne compte pas ; la culture, au fond, très peu : ce qui n’est certes pas dit pour rabaisser la culture. Je ne nie pas non plus le phénomène qu’on appelle « la classe », mais les êtres sans cesse le transcendent.</span></em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2647131223.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-196130" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3531008923.jpg" alt="Ciel étoilé.jpg" /></a></p><p><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Non que l’indifférence, la méfiance, l’hostilité n’existent pas ici, ou alors cette île </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">[l’île des Monts-Déserts]</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> serait véritablement le « Paradis du cœur », ce à quoi elle ne peut prétendre. Mais ces états de choses se rencontrent certainement un peu moins qu’à New York ou à Paris. Je n’en donnerai qu’un exemple : durant les dernières années de sa vie, l’amie que je viens de perdre </span></em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">[Grace Frick]</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> « sortait » relativement peu, mais il était convenu qu’elle assisterait avec moi au dîner de Noël chez des amis résidents de l’île, couple fort à l’aise (je suis obligée de donner ce détail pour qu’on comprenne mieux ce qui va suivre), sans d’ailleurs être richissime, possédant au bord de la mer de beaux bois où s’abritent les oiseaux et les bêtes sauvages qu’ils nourrissent par temps de gel et de neige. Pour les situer complètement, j’ajoute qu’ils sont irlandais et catholiques. Il y a deux ans (ce devait être, pour l’amie disparue depuis, son dernier Noël) il était arrangé que nous dînerions ensemble tous les quatre, sans autres invités, pour ne pas fatiguer la malade. Le matin de Noël, j’ai entendu au téléphone la voix de Mrs. G. : « J’ai rencontré ce matin au village l’éboueur. Comme chacun sait, sa femme vient ces jours-ci de l’abandonner, avec leur fils de quatorze ans. Je les ai invités tous les deux : j’espère que vous m’approuvez et qu’ils ne fatigueront pas G. » Bien entendu, nous approuvions, et nous avons eu ce soir-là un beau repas de Noël au coin du feu entre six personnes qui se sentaient amies. Je suis même presque embarrassée de souligner la chose, qui devrait aller de soi.</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> »</span></em></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Marguerite Yourcenar, <em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/les+yeux+ouverts" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts</a></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">*<br />***<br />***</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">***<br />*********<br />********</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">****<br />*<br /><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;">Joyeux Noël <br />&</span></span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;"><br />« Paix aux hommes de bonne volonté »<br /><br /></span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif;">Tania</span></span></p><p style="text-align: center;"> </p>
Tania
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Le passé
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-19:3111247
2017-12-19T20:22:00+01:00
2017-12-19T20:22:00+01:00
« Quand on parle de l’amour du passé, il faut faire attention,...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2188028125.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195950" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/628716543.jpg" alt="Yourcenar Les yeux ouverts.jpg" /></a>« Quand on parle de l’amour du passé, il faut faire attention, c’est de <a title=""Voici que le silence..." un poème de M. Yourcenar (Des mots et des notes)" href="https://desmotsetdesnotes.wordpress.com/2017/12/17/voici-que-le-silence/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’amour de la vie </a>qu’il s’agit ; la vie est beaucoup plus au passé qu’au présent. Le présent est un moment toujours court et cela même lorsque sa plénitude le fait paraître éternel. Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. Ce qui ne veut pas dire que le passé soit un âge d’or : tout comme le présent, il est à la fois atroce, superbe, ou brutal, ou seulement quelconque. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Marguerite Yourcenar, <a title="Ecouter Yourcenar (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/12/15/ecouter-yourcenar-1161891.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Les yeux ouverts</a></span></em></span></p>
Tania
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Ecouter Yourcenar
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-18:3111246
2017-12-18T08:30:00+01:00
2017-12-18T08:30:00+01:00
La voix de Marguerite Yourcenar à la radio ces jours-ci – sur Musiq3 dans...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">La voix de Marguerite Yourcenar à la radio ces jours-ci – <a title="Musiq3 Auvio" href="https://www.rtbf.be/auvio/detail_la-pensee-du-jour?id=2289489" target="_blank" rel="noopener noreferrer">sur Musiq3</a> dans <em>« La pensée du jour »</em> – m’a donné envie de relire les entretiens avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Matthieu_Galey" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Matthieu Galey </a>publiés en 1980 sous le titre <em>Les yeux ouverts</em>.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3740632914.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195947" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1477989690.jpg" alt="Yourcenar enfant.jpg" /></a><br /><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Marguerite (Antoinette Jeanne Marie Ghislaine) Cleenewerck de Crayencour au Mont-Noir (<a title="Source photo" href="https://jehannes.wordpress.com/2010/03/05/marguerite-yourcenar-a-petite-plaisance/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">source</a>)</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Sur l’enfance au Mont-Noir, <em>« demeure d’été »</em> où elle est arrivée vers l’âge de six semaines (sa mère est morte dix jours après sa naissance d’une «<em> fièvre puerpérale »</em>, son père vend peu de temps après la maison de Bruxelles achetée selon son désir pour qu’elle puisse accoucher près de ses sœurs), elle garde des souvenirs forts.</span><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Ecoutons : <em>« j’ai appris là à aimer tout ce que j’aime encore : l’herbe et les fleurs sauvages mêlées à l’herbe ; les vergers, les arbres, les sapinières, les chevaux, et les vaches dans les grandes prairies ; ma chèvre, à qui mon père avait doré les cornes ; l’ânesse Martine et l’ânon Printemps, mes montures (…) ; mon mouton qui aimait se rouler dans l’herbe, les libres lapins jouant dans les sous-bois (…), le vieux chien dont j’ai entendu un matin la fin annoncée par un coup de feu, et ce fut mon premier et immense chagrin (j’avais huit ans). »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">De son père, Yourcenar fait le portrait d’un homme <em>« infiniment libre »</em> et <em>« totalement insoucieux du lendemain ».</em> Elle se souvient de sa formule si quelque chose allait mal, <em>« probablement apprise à l’armée »</em> : « <em>Ça ne fait rien, on s’en fout, on n’est pas d’ici, on s’en va demain ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">C’est avec son père qu’elle jouait aux anagrammes de <em>« Crayencour ».</em> Quand ils sont tombés sur <em>« Yourcenar »</em>, elle l’a adopté comme nom d’écrivain. <em>« J’aime beaucoup l’Y, c’est une très belle lettre. <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pauwels" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Louis Pauwels </a>ou <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Evola" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Julius Evola </a>vous diraient que cela signifie toutes espèces de choses, scandinaves ou celtiques, comme la croisée des chemins, ou un arbre, car c’est surtout un arbre, aux bras ouverts. Alors nous nous sommes dit : « Très bien. Va pour l’Y. » Un pseudonyme que j’ai toujours gardé, finalement, à travers beaucoup de vicissitudes. C’est même devenu mon nom légal. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Nous parlions il y a peu, sur ce blog, des <a title="Pseudonyme (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/08/pseudonyme-1161228.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">pseudos </a>et des noms des femmes. <a title="Sur T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/yourcenar" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marguerite Yourcenar </a>n’a pas changé de prénom. <em>« Non, parce que le prénom, c’est très </em>moi<em>. Je ne sais pourquoi ; on s’imagine mal avec un autre prénom. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« Marguerite me plaisait assez ; c’est un nom de fleur, et à travers le grec, qui l’a emprunté au vieil iranien, cela veut dire <a title="Etymologie (Tlf)" href="http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?26;s=4261513080;r=2;nat=;sol=0;" target="_blank" rel="noopener noreferrer">« perle »</a>. C’est un prénom mystique. (…) C’est un nom qui me plaît, parce qu’il n’est d’aucune époque et d’aucune classe. C’était un nom de reine, c’est aussi un nom de paysanne. Cela m’ennuierait de m’appeler Chantal, par exemple ; c’est aussi un nom de sainte, mais il fait trop XVIe arrondissement. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">(A suivre)</span></p>
Tania
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Pas de nom
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-12-02:3111235
2017-12-02T11:20:00+01:00
2017-12-02T11:20:00+01:00
« Les femmes n’ont pas de nom. Elles ont un...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/4048297837.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195393" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1528663000.jpg" alt="Darrieussecq Folio.jpg" /></a></span></em></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">« Les femmes n’ont pas de nom. Elles ont un prénom. <a title="Pseudonyme (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/08/pseudonyme-1161228.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Leur nom </a>est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d’autres repères. Leur affirmation au monde, leur « être là », leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s’inventent dans un monde d’hommes, <a title="Bona l'académicienne (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/25/bona-l-academicienne-1161582.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">par effraction</a>. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Marie Darrieussecq,</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"> <a title="De Marie à Paula (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/26/de-marie-a-paula-1161595.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Etre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker</a><br /></span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Paula Modersohn-Becker, <em>Autoportrait au sixième jour de mariage</em>, 1906, <br />Musée Paula Modersohn-Becker, Brême</span></p>
Tania
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De Marie à Paula
tag:textespretextes.blogspirit.com,2017-11-30:3111234
2017-11-30T08:30:00+01:00
2017-11-30T08:30:00+01:00
C’est une lettre d’amour de cent cinquante pages que Marie Darrieussecq...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">C’est une <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/11/18/d-amour-1161427.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">lettre d’amour </a>de cent cinquante pages que <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Darrieussecq" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Marie Darrieussecq </a>envoie à une peintre méconnue hors d’Allemagne, dont une toile l’a bouleversée : <em>Etre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker</em>. Le titre est emprunté à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rainer_Maria_Rilke" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Rilke</a>, qui fut son ami. Cette biographie de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Paula_Modersohn-Becker" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Paula Modersohn-Becker </a>(1876-1907) a été écrite pendant la préparation de la <a title="Présentation" href="http://www.artscape.fr/paula-modersohn-becker-musee-art-moderne-ville-paris/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">rétrospective au Musée d’art moderne de la ville de Paris </a>en 2016 : <em>« un printemps et un été pour Paula, cent dix ans après son dernier séjour parisien ».</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2593149014.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-195391" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2721450077.jpg" alt="darrieussecq,marie,etre ici est une splendeur,paula modersohn becker,vie,biographie,récit,littérature française,art,artiste,peinture,femme artiste,peintre,worpswede,paris,femme,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Paula Modersohn-Becker, <em>Autoportrait avec iris</em>, 1907 (Folkwang Museum, Essen)</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Une biographie et le récit d’une rencontre. Des lieux de sa vie, Darrieussecq décrit d’abord <a title="Premières pages (Télérama)" href="http://www.telerama.fr/livre/decouvrez-les-premieres-pages-de-etre-ici-est-une-splendeur-de-marie-darrieussecq,140887.php" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la maison de Worpswede</a> où vivaient Paula et son mari Otto, <em>« les Modersohn-Becker ».</em> On y montre trois pièces et sur un chevalet, <em>« une reproduction de son dernier tableau, un bouquet de tournesols et de roses trémières » - « Elle ne peignait pas que des fleurs. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« L’horreur est là avec la splendeur, n’éludons pas, l’horreur de cette histoire, si une vie est une histoire : mourir à trente et un ans avec une œuvre devant soi et un bébé de dix-huit jours. »</em> On peut voir <a title="photo" href="http://gfvimoutiers.pagesperso-orange.fr/millet/voyag/mer1.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">sa tombe </a>dans ce village, <em>« horrible »</em>, écrit-elle, où un ami a sculpté une femme à demi nue, un bébé assis sur son ventre.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Plutôt qu’un récit linéaire, Marie Darrieussecq a opté pour des séquences de quelques lignes, une vingtaine au maximum ; les blancs sont comme des silences, des respirations, parfois des arrêts sur images. Elle cite de nombreux extraits du journal de Paula et de sa correspondance avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Clara_Westhoff" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Clara Westhoff</a>, sa meilleure amie, avec sa mère, ses amis. </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">A seize ans, la troisième des six enfants Becker (le septième est mort petit) est envoyée en Angleterre <em>« pour apprendre à tenir un ménage »</em> ; elle rentre plus tôt que prévu. <em>« Un oncle lui a laissé un petit pécule, elle s’installe à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Worpswede" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Worpswede</a>, et investit dans <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fritz_Mackensen" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Mackensen </a>dont les cours sont réputés. »</em> Sa peinture ne va <em>« pas tellement »</em> plaire aux <em>« aux délicats paysagistes »</em> de cette communauté de peintres et encore moins à la critique lors de sa première exposition à Brême en 1899.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Paula voit à Brême les premiers tableaux d’<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Otto_Modersohn" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Otto Modersohn</a>, qui a onze ans et dix-sept centimètres de plus qu’elle et l’attire beaucoup. Il est marié à <em>« une petite femme intuitive et sensible ».</em> En 1900, elle va à Paris, s’inscrit à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_Colarossi" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’Académie Colarossi </a>et suit des cours d’anatomie à l’Ecole des Beaux-Arts qui vient de s’ouvrir aux filles. A l’époque, cela suffit pour être considérée comme une fille <em>« perdue ».</em> De plus, on attend d’elles <em>« de jolis tableaux séduisants, quand les hommes ont le droit de </em>faire voyou<em> »</em>, raconte une étudiante anglaise de l’époque.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Une petite chambre boulevard Raspail. Clara Westhoff, qui étudie chez Rodin, est sa voisine. <a title="Buste de Paula sculpté par Clara Westhoff en 1899" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Denkmal_Paula_Modersohn-Becker_-_Bremen,_Wallanlagen_(1).jpg?uselang=fr" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Paula </a>va au Louvre, dans les galeries, découvre <em>« une simplicité nouvelle : Cézanne »</em>, se promène <em>« beaucoup et partout ». « Mlle Becker »</em> gagne le concours de l’Académie, écrit longuement à Modersohn. Ils devraient venir à Paris, voir l’Exposition universelle qui l’enchante, <em>« vite, avant qu’il ne fasse trop chaud ».</em> Otto arrive le 11 juin, rentre chez lui le 14, sa femme vient de mourir. Paula rentre aussi.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">En septembre 1900, Rilke rend visite à son ami <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Vogeler" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Vogeler</a>, un événement pour la colonie de Worpswede, une douzaine d’artistes. La plupart sont de la région, ils aiment ce paysage plat et les paysans pauvres et pieux – <em>« c’est </em>authentique<em> ».</em> Dans la monographie qu’il leur consacrera, Rilke ne mentionne pas Paula, rencontrée là quand ils ont vingt-quatre ans tous les deux, en même temps que Clara qu’il a prise pour sa sœur. Entre les deux, son cœur va balancer. Il aime la compagnie des femmes.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Rilke aime son atelier aux murs outremer et turquoise avec une bande rouge – <em>« Le soir est toujours grand quand je sors de cette maison. » « Femme assise »</em>, <em>« vieille paysanne »</em>, <em>« fillette debout »</em> : Paula peint des modèles locaux et des nus d’enfants. Quand elle lui annonce ses fiançailles avec Otto Modersohn, le jeune poète lui écrit <em>« sa magnifique </em>Bénédiction de la mariée<em> ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><em>« 1901 est l’année des mariages. Paula et Otto, Clara et Reiner Maria, Heinrich Vogeler et Martha. »</em> Leurs journaux respectifs contiennent des brèches. <em>« Et par toutes ces brèches j’écris à mon tour cette histoire, qui n’est pas la vie vécue de Paula M. Becker, mais ce que j’en perçois, un siècle après, une trace »</em>, écrit Marie Darrieussecq à la page 50, au tiers de son récit.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Il faut lire <a title="Critique de Nathalie Crom (Télérama)" href="http://www.telerama.fr/livres/etre-ici-est-une-splendeur,140913.php" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Etre ici est une splendeur</em> </a>pour la justesse du texte, concis, sensible : elle rend présente cette vie de femme et d’artiste, ses amours et ses amitiés, son regard de peintre, sa volonté de créer qui la poussera un jour à quitter son mari, à retourner à Paris, tant est forte sa passion – contrairement à Clara qui, une fois mariée à Rilke, est <em>« interrompue ».</em> Et tant pis pour les problèmes d’argent. Mais Paula et Otto continuent à s’écrire.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Otto perçoit sa force artistique : <em>« Les écailles me sont tombées des yeux […] : ce sera la course, entre elle et moi. »</em> Il aime ses portraits : <em>« Force et intimité. »</em> Marie Darrieussecq montre les peintures de Paula, son admiration, avec une certaine brièveté : <em>« Les tableaux existent. Ils se suffisent. »</em> Natures mortes, portraits, nus, <a title="Portrait par Sophie Cachon, illustré (Télérama)" href="http://www.telerama.fr/scenes/mourir-a-trente-ans-ou-l-oeuvre-empechee-de-paula-modersohn-becker,140821.php" target="_blank" rel="noopener noreferrer">autoportraits</a>.</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Lorsque la biographe visite le <a title="Site du musée" href="https://www.museum-folkwang.de/fr/bienvenue.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">musée Folkwang </a>à Essen, en 2014, elle s’indigne de trouver les œuvres de femmes au sous-sol, dont <em>« le chef-d’œuvre de Paula, l’<a title="Illustration" href="https://uploads8.wikiart.org/images/paula-modersohn-becker/the-painter-with-camellia-branch-self-portrait-1907.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Autoportrait à la branche de camélia</a> »</em> condamné par les nazis. Darrieussecq apprécie les <em>« vraies femmes »</em> et les<em> « vrais bébés »</em> de Paula. A Wuppertal, le conservateur lui montre dix-neuf tableaux <em>« tous à ce moment-là dans les réserves. »</em> Son autoportrait le plus célèbre est à Brême, au <a title="Site du musée" href="http://www.museen-boettcherstrasse.de/museen/paula-modersohn-becker-museum/paula-modersohn-becker-museum-2/" target="_blank" rel="noopener noreferrer">musée Modersohn-Becker </a>–<em> « la première fois qu’une femme se peint nue ».</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Paula est morte subitement d’une embolie après avoir accouché d’une petite fille, Mathilde Modersohn, quand elle s’est levée. Elle a eu le temps de dire <em>« Schade »</em> (dommage). Ce dernier mot a incité Marie Darrieussecq à écrire, pour lui rendre <em>« plus que la justice »</em> : <em>« l’être-là, la splendeur ».</em></span></p>
maplanete
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L'Autriche donne à l'Europe son deuxième président écolo
tag:maplanetea.blogspirit.com,2016-05-25:3316360
2016-05-25T10:30:00+02:00
2016-05-25T10:30:00+02:00
"Pour qu'un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres...
<blockquote><p><em>"Pour qu'un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent."</em> Coluche</p></blockquote><p>Les arbres n'ont pas voté en Autriche, pas plus qu'en Lettonie. Ce sont bel et bien des hommes et des femmes qui ont fait mentir l'humoriste français en confiant démocratiquement à deux écologistes les manettes de leur pays. En l'occurrence, la majorité des députés du Parlement letton, pour Raimonds Vejonis, et celle du corps électoral autrichien, pour Alexander Van der Bellen. Concernant ce dernier, "par défaut et seulement pour faire barrage à l'extrême-droite", qui serait la véritable gagnante de ses élections, avec près de 50% des voix, selon la docte analyse de la plupart des politologues et médias français. N'est-ce pas aller un peu vite en besogne ? Si <strong>Alexander Van der Bellen</strong> a effectivement su rallier au second tour de la présidentielle les suffrages de ses compatriotes, bien au-delà des seuls écologistes (c'est tout l'enjeu politique du deuxième tour d'une élection) c'est oublier qu<strong>'il avait éliminé la gauche traditionnelle autrichienne</strong> (le parti social-démocrate, SPÖ) dès le premier tour. Tout comme l'avait fait de l'autre côté de l'échiquier politique, son adversaire, le<strong> candidat d'extrême droite (FPÖ). <br /></strong></p><p><strong>Echec des partis traditionnels</strong></p><p>Les résultats de la présidentielle autrichienne traduisent donc peut-être surtout <strong>l’échec des deux partis qui se partagent le pouvoir depuis 1945</strong>, victimes d'une déroute historique au premier tour de l’élection. Et plus largement, le rejet grandissant des <strong>élites européennes traditionnelles</strong> qui campent sur leur pouvoir mais sont incapables, aux yeux d'électeurs de plus en plus nombreux, de solutionner<strong> les crises économiques, sociales, écologiques, migratoires</strong> <strong>et identitaires</strong> que traversent aujourd'hui leur pays, l’Europe et le monde. Des solutions d'<strong>"ouvertures"</strong> portées par les Verts à celles de repli et de <strong>"fermetures"</strong> défendues par l'extrême-droite, les quelque 6,4 millions d'électeurs autrichiens appelés aux urnes ont ainsi fait leur <strong>choix. </strong>Si la victoire de Van der Bellen sur Norbert Hofer (50,3% des voix contre 49,7%) ne s'est jouée qu'à un peu plus de 30.000 voix (31.026, exactement) et ne s'est pas faite, de toute évidence, sur les seules valeurs de l'écologie, elle montre qu'en Europe, face aux partis extrémistes nationalistes et eurosceptiques, il existe au moins une autre voie politique possible.</p><p><strong>Mais qui est donc Alexandre Van der Bellen ?</strong></p><blockquote><p><em>" Je serai naturellement un président au-dessus des partis, pour tous".</em> Alexander Van der Bellen</p></blockquote><p>Le tombeur de Norbert Hofer (45 ans) a 72 ans. <strong>Fils de réfugié</strong>, <strong><a href="http://www.sudouest.fr/2016/05/24/qui-est-alexander-van-der-bellen-le-nouveau-president-ecolo-de-l-autriche-2373978-710.php" target="_blank">Alexander Van der Bellen, </a></strong>ancien professeur d'université d’économie, qualifié de "brillant économiste" par les uns et de "fumeur d'herbe", de "pastèque, verte dehors et rouge dehors" ou encore de soixante-huitard attardé par d'autre, est né à Vienne en 1944 dans une famille d’origine hollando-russo-estoniennne. Passé d’abord par le SPÖ, le Parti social-démocrate, il est devenu député des Verts en 1994, avant de prendre en 1997 la <strong>direction du parti écologiste (Die Grünen),</strong> fonction qu’il occupera jusqu’en 2008. Durant cette période, les Verts présents au Parlement autrichien sont devenus la 4ème force du pays, derrière le FPÖ, le parti d’extrême droite de son adversaire (Parti de la liberté).</p><p><strong>Le candidat des villes contre le candidat des champs ?</strong></p><p>Dans une élection où la<strong> question migratoire</strong> a été au coeur des débats (le pays aux traditions d'accueil qui compte 8,5 millions d’habitants a accueilli la bagatelle de <strong>90 000 demandeurs d’asile</strong>, soit près de <strong>1% de sa population</strong>, lors de la crise des réfugiés de la fin 2015), Van der Bellen, candidat indépendant soutenu par les Verts, un parti qui a toujours défendu une société ouverte et multiculturelle, a fait campagne au centre, pour rassembler <strong>l’électorat modéré.</strong> Il a cartonné dans les<strong> villes, chez les femmes, les jeunes, les diplômés et les CSP</strong> +. Le nouveau président écolo qui entrera en fonction le 8 juillet prochain et succédera au social-démocrate Heinz Fischer, assure vouloir être "le président de tous les Autrichiens" et réconcilier les deux fractions du pays. Dès ce lundi, il a rendu sa carte du parti Vert et, dans son premier discours officiel à Vienne, <strong>a tendu la main aux électeurs de Hofer </strong>(en majorité d<strong>es hommes, sans diplômes du second degré, des ouvriers, et des ruraux) </strong>que les incertitudes d'un futur lié à la mondialisation inquiètent. Pour Alexander Van der Bellen, un Vert plutôt libéral et pro-européen, la tache est particulièrement lourde : réformer, rassembler les deux Autriche que le scrutin a mis en évidence, et parvenir à stopper la montée de l'extrême-droite dans son pays d'ici à 2018, date des prochaines<strong><a href="http://www.slate.fr/story/118479/extreme-droite-autrichienne-pouvoir" target="_blank"> élections législatives.</a></strong></p><p><strong>Et Raimonds Vejonis ?</strong></p><p><img id="media-318957" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/02/02/930471208.jpg" alt="election présidentielle,autriche,europe,portrait,biographie,vert" />Cela fera bientôt un an que le 3 juin 2015, la Lettonie a porté à la fonction suprême un autre écolo.<a href="http://maplanetea.blogspirit.com/archive/2015/06/05/la-lettonie-se-donne-un-president-ecologiste-une-premiere-da-1037364.html" target="_blank"> <strong>Raimonds Vejonis, </strong></a>co-président du parti les Verts et<strong> ministre de la</strong> <strong>Défense</strong> depuis 2014, était alors devenu le premier chef de l'Etat "100% écologiste" de l'Union européenne... et, sauf erreur, du monde. Marié et père de deux enfants, âgé de 49 ans, <strong>Raimonds Vejonis est né en Russie</strong> près de Pskov, où son père servait dans l'armée soviétique. Biologiste avant d'entrer en politique, nommé en 2002 ministre de l'Environnement, il a gardé ce portefeuille durant plusieurs gouvernements de coalition, jusqu'en 2011. Elu sur la liste de l'alliance populiste des Verts et Paysans, il est entré au Parlement en 2006. Soupçonné d'abord d'être moins résolu que son prédécesseur Artis Pabriks, dans le contexte du conflit ukrainien, car écologiste, il s'est montré très ferme face à la Russie (qui, il est vrai, n'aime pas beaucoup les écologistes). Outre le letton, le nouveau président de l'Etat balte parle aussi le russe et l'anglais. Il a succédé au centriste Andris Berzins, élu en 2011, qui n'avait pas souhaité se représenter.</p><p><strong>Une présidente écolo pour l'ïle Maurice</strong></p><p><img id="media-318959" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/02/00/1799989019.jpg" alt="election présidentielle,autriche,europe,portrait,biographie,vert" />Qui aurait cru, que l'un des trois petits Etats baltes, anciens pays satellites de l'Union soviétique longtemps opprimés par un régime communiste dictatorial, puis la très conservatrice Autriche, offriraient aux écologistes leurs premières grandes victoires électorales, alors même que l'Europe est en proie à la montée des populismes et de l'extrême-droite ? Soyons honnête : personne.</p><p>Et ailleurs dans le monde ? En juin 2015, <strong><a href="http://information.tv5monde.com/terriennes/ameenah-gurib-fakim-une-femme-ecologiste-pour-presider-aux-destinees-de-l-ile-maurice" target="_blank">Ameenah Gurib-Fakim</a></strong>, musulmane, est devenue la première femme élue à la présidence de l’archipel de Mascareignes, dont <strong>l'île Maurice.</strong> Une <strong>autre cheffe d'Etat écolo : </strong>la scientifique de renom et biologiste de stature internationale a fait de <strong>la défense de la biodiversité et de la lutte contre le réchauffement climatique</strong> ses priorités.</p><p><strong><a href="mailto:c.lafon@sudouest.fr" target="_blank">Cathy Lafon</a></strong></p><p><strong>►LIRE AUSSI</strong></p><ul><li><strong><a href="http://www.sudouest.fr/2016/05/24/qui-est-alexander-van-der-bellen-le-nouveau-president-ecolo-de-l-autriche-2373978-710.php" target="_blank">Qui est Alexander Van der Bellen, le nouveau président écolo de l'Autriche ? Article de Sudouest.fr</a></strong></li><li><strong><a href="http://maplanetea.blogspirit.com/archive/2015/06/05/la-lettonie-se-donne-un-president-ecologiste-une-premiere-da-1037364.html" target="_blank">La Lettonie se donne un président écologiste : une première européenne... et mondiale</a></strong></li></ul><p style="text-align: center;"><img id="media-318954" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/00/01/1651098343.jpg" alt="election présidentielle,autriche,europe,portrait,biographie,vert" /></p><p style="text-align: center;"><em>L'écologiste Alexander Van der Bellen a remporté l'élection présidentielle autrichienne. AFP</em></p><p>Ce lundi, l'Autriche n’est pas devenue le premier pays de l'UE à se doter d'un président d'extrême-droite, mais <strong>le second à élire un président écologiste</strong>. Contre toutes attentes, le dimanche 22 mai,<a href="http://www.sudouest.fr/2016/05/23/presidentielle-en-autriche-le-candidat-ecologiste-s-impose-face-a-l-extreme-droite-2372877-6109.php" target="_blank"><strong> le candidat Vert Alexander Van der Bellen </strong></a>a battu, sur le fil, le candidat de l’extrême droite à la présidence de la République d’Autriche. A compter du mois de juillet, il sera <strong>le deuxième chef d'Etat écolo des 28 Etats-membres de l'Union européenne</strong>, avec <strong><a href="http://maplanetea.blogspirit.com/archive/2015/06/05/la-lettonie-se-donne-un-president-ecologiste-une-premiere-da-1037364.html" target="_blank">Raimonds Vejonis,</a> </strong>le président Vert élu par la Lettonie en 2015.</p>
Tania
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Jeune poète
tag:textespretextes.blogspirit.com,2016-02-09:3110862
2016-02-09T20:20:00+01:00
2016-02-09T20:20:00+01:00
« Jadis, à son retour d’Afrique, elle avait écrit un conte...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1113717367.jpg" target="_blank"><img id="media-177675" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1280405853.jpg" alt="Baronne Blixen couverture.jpg" /></a><em>« Jadis, à son retour d’Afrique, elle avait écrit un conte gothique, « Le poète ». Un homme d’influence, le conseiller Mathiesen, s’emparait de l’existence d’un jeune poète et la mettait en cage afin qu’il devienne le grand artiste que ses dons le destinaient à être. Voilà que, vingt ans plus tard, un jeune poète extrêmement doué, un véritable stradivarius, croisait son chemin. Tel le Mathiesen de son conte, Karen était décidée à extraire toute la richesse de l’instrument que le sort plaçait entre ses mains.</em></font></span></p><p><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Son conte s’achevait en tragédie, elle écrivit pourtant avec chaleur :</font></span></em></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>« Cher Thorkild <span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Bjørnvig</span>, </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Votre lettre m’a apporté une grande joie. C’est si bon de savoir qu’il existe une personne en qui je puisse placer ma confiance comme je l’ai fait en Farah. Par conséquent, j’étendrai sur vous mon manteau comme Elijah le fit sur Elisha en présage qu’un jour les trois quarts de mon esprit reposeront en vous. »</font></span></p><p><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>C’était un matin de neige de janvier 1950. Le premier matin d’un pacte impossible à briser. »</font></span></em></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Dominique de Saint Pern,</font></span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font> <a title="Blixen en personnage (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2016/02/01/blixen-en-personnage-1149241.html" target="_blank">Baronne Blixen</a></font></span></em></p><p><span style="font-size: 12pt;"><font> </font></span></p>
Tania
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Blixen en personnage
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2016-02-08T08:30:00+01:00
2016-02-08T08:30:00+01:00
Baronne Blixen n’est pas une biographie mais un roman. Dominique de...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a title="Site de l'éditeur" href="http://www.editions-stock.fr/baronne-blixen-9782234076365" target="_blank"><em>Baronne Blixen</em> </a>n’est pas une biographie mais un roman. <a title="Notice de l'éditeur" href="http://www.editions-stock.fr/dominique-de-saint-pern" target="_blank">Dominique de Saint Pern </a>fait raconter la vie de la grande conteuse et amoureuse par Clara Selborn, engagée à son service au domaine familial de Rungstedlund, après son retour au Danemark. Celle-ci est deviendra sa complice au point de se voir confier la gestion posthume de l’œuvre littéraire d’Isak Dinesen, alias <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karen_Blixen" target="_blank">Karen Blixen</a>. </font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3609668518.jpg" target="_blank"><img id="media-177662" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2452842076.jpg" alt="baronne blixen,dominique de saint pern,roman,biographie,littérature française,littérature danoise,karen blixen,isak dinesen,afrique,danemark,écriture,culture" /></a><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;"><br />Clara Selborn et Karen Blixen (<a title="Mamatus" href="http://mamatus.centerblog.net/rub-karen-blixen-.html" target="_blank">source</a>)</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Encouragée par <a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2015/02/19/baronne-blixen-dominique-de-saint-pern-5562505.html" target="_blank">le billet de Dominique </a>qui avait placé <em>La ferme africaine</em> parmi ses dix meilleurs livres lus entre 1998 et 2008 (<a href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2009/01/03/carnets-de-lecture.html"><em>A sauts et à gambades</em></a>), j’ai donc ouvert ce roman qui s’ouvre sur une invitation : Meryl Streep, choisie pour incarner Karen Blixen dans <em>Out of Africa</em>, souhaite rencontrer Clara qui «<em> a vécu dans son intimité pendant vingt ans ».</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>C’est avec ce tournage en Afrique (Nairobi, 1984) que commence le portrait : <em>« J’adore l’idée d’incarner une femme profonde </em>et<em> frivole »</em>, déclare l’actrice, curieuse d’apprendre comment se comportait cette femme singulière à qui son mari a refilé la syphilis, qui a osé tenir tête aux lions mêmes, qui a étonné et intrigué <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Denys_Finch_Hatton" target="_blank">Denys Finch Hatton</a>, son futur amant magnifique.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>L’histoire de Karen Blixen en Afrique, on la connaît par ce film qui a gravé sur ces deux êtres les visages de deux acteurs formidables ou, mieux encore, par ce chef-d’œuvre qu’est <em>La ferme africaine</em>, un récit écrit des années plus tard, au Danemark. Pour ses intimes en Afrique, Karen que sa famille appelait <em>« Tanne »</em> était <em>« Tania »</em> (ce n’est pour rien dans le choix de mon pseudonyme de blogueuse, mais j’accueille, bien sûr, cette étoile tutélaire).</font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/4213344461.jpg" target="_blank"><img id="media-177669" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3174829659.jpg" alt="baronne blixen,dominique de saint pern,roman,biographie,littérature française,littérature danoise,karen blixen,isak dinesen,afrique,danemark,écriture,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Isak Dinesen (<a title="Source photo" href="http://givingmirth.blogspot.be/2012/10/william-faulkner-facts-and-truth-really.html">Photo Rie Nissen</a>)</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Dominique de Saint Pern raconte l’arrivée en Afrique de celle qui est devenue baronne par son mariage avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bror_von_Blixen-Finecke" target="_blank">Bror Blixen</a>, dont elle avait d’abord aimé le frère jumeau, indifférent. Et puis déroule l’histoire d’amour entre Denys et la conteuse hors du commun, un enchantement mutuel. Je connaissais peu du reste de sa vie en Europe, après la vente forcée de la ferme qui l’oblige à quitter le Kenya qu’elle aimait tant. D’où ma curiosité pour la suite, le passage à l’écriture littéraire, à près de cinquante ans. </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>De retour à <a title="Maison musée Karen Blixen" href="http://blixen.dk/?lang=en" target="_blank">Rungstedlund</a>, où sa mère lui attribue deux pièces à elle (<em>«</em><em> un lieu à soi </em>» selon le titre proposé par Marie Darieussecq à l’essai de Virginia Woolf dans une <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/DENOEL/Empreinte/Un-lieu-a-soi" target="_blank">nouvelle traduction</a>), Karen Blixen est encouragée à écrire par son frère Thomas et commence par des contes – un exercice assez différent de l’improvisation orale. Pour sa première publication (<em>Sept contes gothiques</em>), elle veut un pseudonyme qui la <a title="Pseudos de Karen Blixen" href="http://images.slideplayer.no/8/2098300/slides/slide_3.jpg" target="_blank">masque</a>, <em>« un nom insolite »</em> : Isak Dinesen, prénom d’homme ou de femme ? La photographie en quatrième de couverture, elle la veut<em> « masquée »</em> et fait contribuer la photographe Rie Nissen au mystère. </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>En Afrique, elle était <em>« Msabu »</em> pour Kamante, l’enfant kikuyu. Après avoir rêvé de lui, elle se décide à ouvrir ses <em>« caisses africaines »</em> déposées au grenier. Les livres de Denys y tombent en miettes, elle retrouve le précieux livre de cuisine – <em>« plus de mille recettes victoriennes »</em> – qui lui a tant servi. Karen Blixen peut à présent se souvenir sans en être «<em> dévastée ».</em> Tant de morts parmi ses amis de là-bas. </font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2301637569.png" target="_blank"><img id="media-177673" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1335333608.png" alt="baronne blixen,dominique de saint pern,roman,biographie,littérature française,littérature danoise,karen blixen,isak dinesen,afrique,danemark,écriture,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Karen Blixen (<a title="Source photo" href="https://dualpersonalities.wordpress.com/tag/karen-blixen/" target="_blank">source </a>sans date)</span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Elle décide d’écrire un livre où <em>« chaque page frémirait de vie »</em>, pas des mémoires, mais un récit pour faire entendre toutes les voix de sa vie africaine. « La <em>fréquentation de ses amis disparus lui apprenait une chose qui, elle l’espérait, l’aiderait à vivre : la ligne de démarcation que l’on trace pour séparer le passé du présent est totalement fausse. Les belles choses de la vie ne sont pas détruites. Jamais. »</em> D’où <em>La ferme africaine.</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Clara a vingt-sept ans quand elle entre dans la vie de Karen Blixen au Danemark, sous occupation allemande. Un réseau clandestin s’était formé pour sauver les Juifs d’une rafle annoncée, les cacher puis les faire passer en Suède. C’est lors d’une vente à leur profit qu’elle lui a été présentée, et puis Karen l’invite chez elle et l’engage pour traduire en français un livre qu’elle va signer <em>« Pierre Andrézel »</em> (<em>Les voies de la vengeance</em>). Clara remplira diverses fonctions, deviendra indispensable.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Les succès littéraires, notamment en Amérique où plusieurs de ses livres sont primés au<em> Club du Livre du mois</em>, ce qui assure sa notoriété, sont gagnés contre les récidives de la maladie, les opérations. Cela ne l’empêche pas de répondre aux invitations, de rencontrer des écrivains, des éditeurs, des poètes. Avec <a title="Notice et poème de Thorkild Bjørnvig" href="http://poesie-nordique.pagesperso-orange.fr/poesie-nordique_fichiers/Page2990.htm" target="_blank">Thorkild Bjørnvig</a>, rédacteur en chef de la revue <em>Heretica,</em> c’est d’emblée une complicité totale, une <em>« intimité intellectuelle rare ».</em></font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2251768529.jpg" target="_blank"><img id="media-177665" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3764639989.jpg" alt="baronne blixen,dominique de saint pern,roman,biographie,littérature française,littérature danoise,karen blixen,isak dinesen,afrique,danemark,écriture,culture" /></a></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Elle devient son mentor, l’encourage quand il doute de son <a title="Autre poème de Th. Bjornvig" href="http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2011/11/actu-po%C3%A8me-un-texte-de-thorkild-bjornvig-en-regard-du-film-pure.html" target="_blank">génie poétique</a>, de ses choix personnels (il a une épouse, un enfant) et finit par lui proposer de s’installer chez elle (sa femme décline l’invitation et s’installe dans les environs). Il y sera bien pour guérir (après une contusion cérébrale à Paris) et surtout pour écrire : solitude garantie dans le salon vert où elle ne lui rend visite qu’une seule heure par jour, le soir, pour parler, écouter de la musique ensemble.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Pour Thorkild, de trente ans son cadet, elle déploie comme elle le faisait avec Denys tous ses talents de <em>« magicienne »</em>, jusqu’à passer avec lui un pacte que lui seul pourra rompre. Un pacte avec le diable ? Karen Blixen croit aux esprits, et parfois les convoque.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a title="Le billet d’Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE (Interligne)" href="http://interligne.over-blog.com/2015/05/baronne-karen-blixen-de-dominique-de-saint-pern.html" target="_blank"><em>Baronne Blixen</em> </a>relate dans sa seconde moitié cette vie singulière, axée sur l’écriture et l’échange, sur la prise de risques personnels. L’ambiguïté du récit, entre romanesque et biographique, m’a un peu gênée. <a title="« Rencontre avec Dominique de Saint Pern. Madame la Baronne est servie ! » (On a lu)" href="http://www.onlalu.com/site/pascale-frey-dominique-de-saint-pern/" target="_blank">Dominique de Saint Pern </a>assure que <em>« les faits sont avérés »</em> et qu’elle a <em>« choisi de les exprimer librement à travers le prisme de la fiction ».</em> Ce <em>« roman vrai »</em> illustre en tout cas le statut hors norme de l’écrivaine, une personnalité entière, au charisme indubitable.</font></span></p>
Edouard
http://blogres.blogspirit.com/about.html
La vérité sur l'affaire Voltaire (François Jacob)
tag:blogres.blogspirit.com,2015-12-24:3324553
2015-12-24T04:50:00+01:00
2015-12-24T04:50:00+01:00
par Jean-Michel Olivier Sur Monsieur de Voltaire — né...
<p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><a href="http://blogres.blogspirit.com/media/00/00/433661085.jpeg" target="_blank"><img id="media-205495" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogres.blogspirit.com/media/02/01/1644526353.jpeg" alt="images-4.jpeg" /></a></span></p><p><em><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">par Jean-Michel Olivier</span></strong></em></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Sur Monsieur de Voltaire — né François-Marie Arouet, puis devenu Arouet de Voltaire — on croyait tout savoir grâce aux biographie de René Pomeau, Max Gallo, Pierre Lepape, Jean Orieux, Pierre Milza (et j'en passe). Eh bien non ! Il manquait un livre qui conjugue avec bonheur le récit d'aventure et l'érudition…</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Ce petit livre, que l'on doit à la plume savoureuse et savante de François Jacob*, nous permet d'emmener Voltaire où qu'on aille et de le suivre dans les péripéties d'une vie qui donne plus d'une fois le tournis. Cela commence, comme on sait, par une date de naissance imprécise (21 février ou 22 novembre 1694 ?) et une ascendance contestée. François-Marie ne peut être le fils de son père, ancien notaire au Chatelet : il se rêve de noble lignée. L'adolescent fait ses humanités au Lycée Louis-le-Grand, chez les jésuites. Il commence à écrire. Déjà son caractère impétueux provoque des remous : il passera quelques mois à la Bastille, dans un « appartement d'une extrême fraîcheur ». Puis, très vite, les premiers succès au théâtre et en poésie. Il se fait bastonner par le duc de Rohan, envoyer une seconde fois à la Bastille et décide de s'exiler en Angleterre.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Le plus fascinant, dans la vie de Voltaire, c'est sa capacité de transformer ses défaites en victoires, et ses malheurs en bonheur (on appelle aujourd'hui cela la résilience). Là-bas, il apprendra l'anglais en quelques semaines, lira tout Shakespeare, Pope, Chaucer, et se liera d'amitié avec Jonathan Swift, l'auteur des <em>Voyages de Gulliver, </em>qui lui donnera le goût des contes.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Retour en France, nouveaux succès. Voltaire se révèle un maître en placements financiers (voire en spéculation). Il s'enrichit, écrit à tour de bras. Ses pièces sont acclamées à la Comédie Française. Surtout, il rencontre la charmante (et brillante) Émilie du Chatelet. C'est avec elle qu'il va se retirer au château de Cirey, où il passera désormais son temps à écrire et à faire toute sorte d'expériences de physique, dans le sillage d'Isaac Newton, dont il admire les livres. François Jacob nous fait revivre les épisodes tumultueux de cet amour, qui se terminera en tragédie : madame du Chatelet meurt six jours après avoir donné naissance à une fille (qui n'est pas de Voltaire). Le philosophe est inconsolable. Il quitte Cirey et se tourne vers la Prusse, où Frédéric II l'appelle depuis longtemps. La bonne entente ne dure pas : Voltaire est un penseur imprévisible, un vif-argent qui ne tient pas en place, et n'est pas dépourvu de défauts, qui sont aussi ses qualités (jalousie, susceptibilité, versatilité, goût de la provocation, ironie mordante).</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Fin 1754, il s'installe aux Délices, à Genève, où l'on peut encore visiter sa belle maison et son Institut (que dirige François Jacob). <a href="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/2419449670.5.jpeg" target="_blank"><img id="media-205492" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/02/01/1072060335.13.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></a>Intense période de création (poèmes, pièces de théâtre, pamphlets divers). C'est là qu'il écrira son fameux <em>Poème sur le Désastre de Lisbonne</em> (1756), puis <em>Candide</em> (1758). Mais les relations avec le Consistoire genevois, qui ne goûte guère le théâtre, sont difficiles. Tensions, disputes. Voltaire fait ses bagages et va s'installer à Ferney, dans le pays de Gex, où il devient « le seigneur du village ». Polémique avec Rousseau, bien sûr, mais aussi incessant défilé, au château, de ses admirateurs venus de toute l'Europe. Il écrit son <em>Traité sur la tolérance</em> (1763) et met une dernière main à son <em>Dictionnaire philosophique</em> (1765), son grand livre. Il entretient une correspondance avec Catherine II, impératrice de Russie (comme son ennemi Rousseau, Voltaire est fasciné par le pouvoir).</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><a href="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/01/01/194024233.3.jpeg" target="_blank"><img id="media-205493" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jmolivier.blog.tdg.ch/media/01/01/4105864202.5.jpeg" alt="images-2.jpeg" /></a>Louis XVI a remplacé Louis XV : Voltaire espère sortir de sa disgrâce parisienne, mais cela ne se fera pas tout de suite. Il décide de braver l'interdiction qui lui est faire de se rendre dans la capitale et arrive à Paris en février 1778. Il connaît un dernier triomphe à la Comédie Française et meurt le 30 mai, vers onze heures du soir, quelques semaines à peine avant son grand rival Rousseau.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Grâce à François Jacob, Voltaire nous est restitué dans toute sa richesse et sa complexité. Son petit livre, qu'on peut glisser dans sa poche, se lit comme un roman d'aventure, avec surprises et coups de théâtre, rencontres intempestives, bastonnade et fuite en carrosse. Sans oublier les incises facétieuses d'un homme qui, décidément, a du style.</span></p><p><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">* François Jacob, <em>Voltaire</em>, Folio biographies, Gallimard, 2015.</span></strong></p>
maplanete
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Les écolos sont en deuil: Jean-Marie Pelt, l'un des premiers lanceurs d'alerte de l'écologie, est mort
tag:maplanetea.blogspirit.com,2015-12-23:3316239
2015-12-23T17:05:00+01:00
2015-12-23T17:05:00+01:00
Lanceur d'alerte sur l'amiante et les OGM Né en Moselle en 1933,...
<p><strong>Lanceur d'alerte sur l'amiante et les OGM</strong></p><p>Né en Moselle en 1933, Jean-Marie Pelt qui n'a n'a jamais cessé de se battre pour la défense de l'environnement, notamment en tant que fondateur et président de<strong> l'Institut européen d'écologie et ambassadeur européen de l'environnement de l'Union européen,</strong> a été l'un des premiers à pointer<strong> les dangers de l'amiante et plus tard des OGM.</strong> "Inlassable pédagogue de notre environnement, il a su alerter l'opinion grâce à une oeuvre considérable et une présence médiatique singulière", poursuit Dominique Gros.</p><p><strong>Ecologie, "priorité absolue"</strong></p><p>En 2012, avant l'élection présidentielle, le botaniste avait appelé le prochain président de la République à faire de l'écologie sa "priorité absolue", en alertant sur le fait que "notre société est à un tournant capital". Avec la disparition de Jean-Marie Pelt, scientifique d'une immense humanité, la planète perd l'une des Sentinelles les plus engagées pour sa défense. Pour <a href="http://maplanetea.blogspirit.com/archive/2015/11/08/aquitaine-des-oiseaux-proteges-victimes-de-braconnage-1043029.html" target="_blank"><strong>Allain Bougrain-Dubourg</strong>,</a> président de la<strong> <a href="http://maplanetea.blogspirit.com/tag/lpo" target="_blank">Ligue de protection des oiseaux</a> (LPO),</strong> "à travers les plantes, il parlait du monde des vivants". "Sans arrêt présent sur le terrain, il sortait de son laboratoire" et défendait l'humanité à travers la biodiversité, ajoute celui qui fut son compagnon de militantisme lors de nombreux combats, comme celui de la <strong>chasse à la tourterelle.</strong></p><p>La "voix" de Jean-Marie Pelt, l'une des plus célèbres de la radio, reconnaissable entre toutes avec celle de l'économiste <strong>Bernard Mari</strong>s, assassiné lors de l'attaque de "Charlie Hebdo", le 7 janvier 2015, ou encore celle du philosophe lot-et-garonnais <strong>Michel Serres,</strong> va beaucoup manquer au petit (ou vaste ?) monde de l'écologie.</p><p><strong><a href="mailto:c.lafon@sudouest.fr" target="_blank">Cathy Lafo</a><a href="mailto:c.lafon@sudouest.fr" target="_blank">n</a> avec l'AFP</strong></p><p style="text-align: center;"><img id="media-309904" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/00/01/1843232143.jpg" alt="nécrologie,biographie,jean-marie pelt" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 8pt;"><em>Jean-Marie Pelt à Bordeaux, en 2009. Photo "Sud Ouest"/Guillaume Bonnaud</em></span></p><p>Décidément, l'année 2015 ne veut pas nous lâcher, avec son lot de mauvaises nouvelles.<strong> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Pelt" target="_blank">Jean-Marie Pelt,</a></strong> biologiste, écrivain, pharmacien et botaniste, précurseur et figure de l'écologie, est mort ce mercredi à l'âge de 82 ans, a-t-on appris auprès de la mairie de Metz, ville dont il fut le premier adjoint pendant plus de 10 ans, de 1971 à 1983.</p><p><strong>Père de l'écologie urbaine</strong></p><p><strong>"Ardent défenseur de l'écologie urbaine,</strong> fondateur de l'Institut européen d'écologie, Jean-Marie Pelt a fait de Metz le laboratoire d'une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse", salue dans un communiqué à l'AFP, le maire de Metz, Dominique Gros.</p>
JMOlivier
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La vérité sur l'affaire Voltaire (François Jacob)
tag:jolivier.blogspirit.com,2015-12-22:3327828
2015-12-22T17:45:00+01:00
2015-12-22T17:45:00+01:00
Sur Monsieur de Voltaire — né François-Marie Arouet, puis devenu Arouet de...
<p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><img id="media-205491" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/2581917106.jpeg" alt="images-4.jpeg" />Sur Monsieur de Voltaire — né François-Marie Arouet, puis devenu Arouet de Voltaire — on croyait tout savoir grâce aux biographie de René Pomeau, Max Gallo, Pierre Lepape, Jean Orieux, Pierre Milza (et j'en passe). Eh bien non ! Il manquait un livre qui conjugue avec bonheur le récit d'aventure et l'érudition…</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Ce petit livre, que l'on doit à la plume savoureuse et savante de François Jacob*, nous permet d'emmener Voltaire où qu'on aille et de le suivre dans les péripéties d'une vie qui donne plus d'une fois le tournis. Cela commence, comme on sait, par une date de naissance imprécise (21 février ou 22 novembre 1694 ?) et une ascendance contestée. François-Marie ne peut être le fils de son père, ancien notaire au Chatelet : il se rêve de noble lignée. L'adolescent fait ses humanités au Lycée Louis-le-Grand, chez les jésuites. Il commence à écrire. Déjà son caractère impétueux provoque des remous : il passera quelques mois à la Bastille, dans un « appartement d'une extrême fraîcheur ». Puis, très vite, les premiers succès au théâtre et en poésie. Il se fait bastonner par le duc de Rohan, envoyer une seconde fois à la Bastille et décide de s'exiler en Angleterre.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Le plus fascinant, dans la vie de Voltaire, c'est sa capacité de transformer ses défaites en victoires, et ses malheurs en bonheur (on appelle aujourd'hui cela la résilience). Là-bas, il apprendra l'anglais en quelques semaines, lira tout Shakespeare, Pope, Chaucer, et se liera d'amitié avec Jonathan Swift, l'auteur des <em>Voyages de Gulliver, </em>qui lui donnera le goût des contes.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Retour en France, nouveaux succès. Voltaire se révèle un maître en placements financiers (voire en spéculation). Il s'enrichit, écrit à tour de bras. Ses pièces sont acclamées à la Comédie Française. Surtout, il rencontre la charmante (et brillante) Émilie du Chatelet. C'est avec elle qu'il va se retirer au château de Cirey, où il passera désormais son temps à écrire et à faire toute sorte d'expériences de physique, dans le sillage d'Isaac Newton, dont il admire les livres. François Jacob nous fait revivre les épisodes tumultueux de cet amour, qui se terminera en tragédie : madame du Chatelet meurt six jours après avoir donné naissance à une fille (qui n'est pas de Voltaire). Le philosophe est inconsolable. Il quitte Cirey et se tourne vers la Prusse, où Frédéric II l'appelle depuis longtemps. La bonne entente ne dure pas : Voltaire est un penseur imprévisible, un vif-argent qui ne tient pas en place, et n'est pas dépourvu de défauts, qui sont aussi ses qualités (jalousie, susceptibilité, versatilité, goût de la provocation, ironie mordante).</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Fin 1754, il s'installe aux Délices, à Genève, où l'on peut encore visiter sa belle maison et son Institut (que dirige François Jacob). <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/647929986.jpeg" target="_blank"><img id="media-205492" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/836134118.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></a>Intense période de création (poèmes, pièces de théâtre, pamphlets divers). C'est là qu'il écrira son fameux <em>Poème sur le Désastre de Lisbonne</em> (1756), puis <em>Candide</em> (1758). Mais les relations avec le Consistoire genevois, qui ne goûte guère le théâtre, sont difficiles. Tensions, disputes. Voltaire fait ses bagages et va s'installer à Ferney, dans le pays de Gex, où il devient « le seigneur du village ». Polémique avec Rousseau, bien sûr, mais aussi incessant défilé, au château, de ses admirateurs venus de toute l'Europe. Il écrit son <em>Traité sur la tolérance</em> (1763) et met une dernière main à son <em>Dictionnaire philosophique</em> (1765), son grand livre. Il entretient une correspondance avec Catherine II, impératrice de Russie (comme son ennemi Rousseau, Voltaire est fasciné par le pouvoir).</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/01/82827033.jpeg" target="_blank"><img id="media-205493" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/4198965492.jpeg" alt="images-2.jpeg" /></a>Louis XVI a remplacé Louis XV : Voltaire espère sortir de sa disgrâce parisienne, mais cela ne se fera pas tout de suite. Il décide de braver l'interdiction qui lui est faire de se rendre dans la capitale et arrive à Paris en février 1778. Il connaît un dernier triomphe à la Comédie Française et meurt le 30 mai, vers onze heures du soir, quelques semaines à peine avant son grand rival Rousseau.</span></p><p><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">Grâce à François Jacob, Voltaire nous est restitué dans toute sa richesse et sa complexité. Son petit livre, qu'on peut glisser dans sa poche, se lit comme un roman d'aventure, avec surprises et coups de théâtre, rencontres intempestives, bastonnade et fuite en carrosse. Sans oublier les incises facétieuses d'un homme qui, décidément, a du style.</span></p><p><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 12pt;">* François Jacob, <em>Voltaire</em>, Folio biographies, Gallimard, 2015.</span></strong></p>
Regis
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L'histoire de votre vie
tag:regis-pnl-coaching.blogspirit.com,2015-04-15:3042907
2015-04-15T19:42:00+02:00
2015-04-15T19:42:00+02:00
Et si vous écriviez l'histoire de votre Vie ? D'une certaine...
<p><em><strong>Et si vous écriviez l'histoire de votre Vie ?</strong></em></p><p>D'une certaine manière vous l'avez déjà écrite... dans les faits... mais vous pourriez peut-être en faire un récit, pour vos enfants, vos petits-enfants... ou même, pour une diffusion plus large...</p><p><em><strong>Les conseils de base</strong></em></p><ul><li><p>Certains écrivent avant tout pour leurs proches, en racontant des événements qu'ils ont partagés avec eux. C'est ce qu'on appelle une <em>biographie de type « mémoires »</em> : son but est de faire revivre au lecteur des expériences qu'il connait déjà plus ou moins, et qu'il va pouvoir aborder sous un autre angle.</p></li><li><p>D'autres auteurs désirent s'adresser à un public plus large, et choisissent une <em>biographie du type témoignage</em>, dont le but est de décrire une expérience de vie singulière : dans ce cas le lecteur est invité à partager une expérience inédite, voire à s'identifier à l'auteur.</p></li></ul><p>Pour donner vie au récit, il est conseillé de procéder comme pour un roman :</p><ul><li><p>décrire les lieux avec soin</p></li><li><p>installez une tension dramatique</p></li><li><p>découper le récit en plusieurs chapitres : on choisira des épisodes marquants, dont l'ensemble forme un tout cohérent</p></li><li><p>Tout moment particulier, toute expérience importante permettant de révéler l'un des traits de votre personnalité, constituera un bon chapitre</p></li><li><p>Veiller à ce que l'ensemble des épisodes choisis, donne une vision globale de votre personnalité</p><p> </p></li></ul><p><em><strong>Une bonne occasion de prendre du recul</strong></em></p><p>Ecrire sa biographie, permet aussi de prendre du recul par rapport à nos expériences quotidiennes, que nous n'avons pas forcément eu le temps d'analyser sur le moment. Certains prétendent que c'est là une excellente thérapie, en tous cas c'est une occasion de partager vos émotions et votre vision personnelle de la vie, en entraînant le lecteur avec vous dans une histoire intéressante.</p><ul><li><p>Personnellement, je conseille de distinguer pour chaque épisode :</p><ul><li><p>la situation extérieure, décrite de façon objective</p></li><li><p>puis les émotions, forcément subjectives, qui se sont produites en vous</p></li><li><p>enfin vos jugements sur la situation, la conclusion que vous en avez tiré sur le moment</p></li></ul></li><li><p>Ainsi la succession des épisodes va définir une évolution de votre vision de la vie</p></li><li><p>Et à la fin de l'histoire, le lecteur comprendra comment vos différentes expériences ont participé à forger celui que vous êtes aujourd'hui</p></li><li><p>Pour que le lecteur ait envie de vous lire jusqu'au bout, il faut que l'histoire paraisse originale; mais pour qu'il puisse s'identifier au personnage, il vaut mieux que ce dernier paraisse ordinaire, tout simplement humain. Faites comme si n'importe qui à votre place, aurait suivi la même logique que vous : Un personnage ordinaire, dans une histoire hors du commun, voilà le secret d'une biographie réussie !</p></li></ul><p><em><strong>Par où commencer ?</strong></em></p><ul><li><p>Avant de vous lancer dans l'histoire, décidez à quel genre de lecteurs vous voulez vous adresser : vos proches, ou un public plus large ? Puis le type de biographie : vos mémoires ou un témoignage original...</p></li><li><p>trouvez des détails qui serviront votre récit, pensez-y tranquillement</p></li><li><p>Définissez les grands chapitres (épisodes), puis lancez-vous</p></li><li><p>faites relire votre texte, un œil neuf est toujours utile ; toutefois, ne vous croyez pas obligé de tenir compte systématiquement des remarques qu'on vous fait, il faut avant tout rester vous-même. Van Gogh, s'il avait écouté les autres, n'aurait pas peint comme Van Gogh...</p></li><li><p>si certains événements impliquent d'autres personnes, comme c'est souvent le cas, il faudra penser à leur faire lire les passages qui les concernent, afin de vérifier s'ils sont à peu près d'accord... sinon ils risquent de se fâcher lors de la publication du livre...</p></li></ul><p><strong><em>Comment diffuser vos écrits ?</em></strong></p><p>Vous pouvez choisir le format papier, en passant par une entreprise qui imprime à l'unité, comme TheBookEdition ou Lulu, ou plus simplement le format électronique pour tablettes et liseuses, en suivant les conseils de <a href="http://www.amazon.fr/Mettez-vos-livres-format-Kindle-ebook/dp/B00VIV7RP6/ref=asap_bc?ie=UTF8" target="_blank">ce guide </a>:</p><p><a href="http://www.amazon.fr/Mettez-vos-livres-format-Kindle-ebook/dp/B00VIV7RP6/ref=asap_bc?ie=UTF8" target="_blank"><img id="media-859930" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://regis-pnl-coaching.blogspirit.com/media/02/00/2459682670.jpg" alt="kindle" /></a></p><p> </p><p> </p><p> </p>
JMOlivier
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Les livres de l'année (9) : « Ça s'est fait comme ça » (Gérard Depardieu)
tag:jolivier.blogspirit.com,2014-12-20:3327799
2014-12-20T02:10:00+01:00
2014-12-20T02:10:00+01:00
C'est un livre* sans chichis, une confession jouée, sans doute (comment...
<p><span style="font-size: medium;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/00/394809512.jpeg" target="_blank"><img id="media-179685" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/2088569586.jpeg" alt="images-1.jpeg" /></a>C'est un livre* sans chichis, une confession jouée, sans doute (comment pourrait-il en être autrement avec le plus grand acteur français vivant ?), mais émouvante, directe et bien écrite (l'excellent Lionel Duroy joue ici les nègres de luxe). Un livre qui vous attrape dès la première ligne et qui ne vous lâche pas…</span></p><p><span style="font-size: medium;">Dans <em><strong>Ça s'est fait comme ça*</strong></em>, autobiographie brève et intense, Gérard Depardieu revient sur son destin singulier, son enfance pauvre (mais heureuse), sa jeunesse de petite frappe (les flics de Châteauroux l'appelaient par son prénom), ses déboires sentimentaux — mais surtout sa soif de liberté. C'est le livre d'un homme longtemps privé de langage (autiste et quasi aphasique) qui, grâce à quelques rencontres miraculeuses (le comédien Jean-Laurent Cochet, par exemple, ou le docteur Tomatis), trouve les mots pour se dire — et exprimer le monde merveilleux qu'il porte en soi.</span></p><p><span style="font-size: medium;">On sait tout, déjà, de ce Pantagruel ivre de vin et de femmes, de ses excès, de ses colères, de ses passions, qui a longtemps donné à son pays près de 87% de ses revenus et s'est fait traiter de « minable » par un premier ministre dont le monde a déjà oublié le nom. <a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/777692665.jpeg" target="_blank"><img id="media-179686" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/02/02/740213737.jpeg" alt="images-2.jpeg" /></a>On apprend dans son livre que le chemin vers la vraie liberté passe toujours par les mots. Les livres rendent libres. Les Romains le savaient déjà qui aimaient à jouer sur le double sens du mot « liber », à la fois livre et libre.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Il faut lire ce livre gorgé de vie qui résonne comme un immense éclat de rire : « Et après, je prends sur moi tous les chagrins. Mais qu'est-ce que tu veux faire ? Je suis comme ça. Tu ne peux pas changer les rayures du zèbre. » Ou encore, à propos du film <em>Danton</em> de Wajda : « Ça, c'est mon élan profond : ne pas savoir ce qui va arriver, ce que je vais faire ou dire, mais marcher vers l'inconnu avec cet appétit pour la vie que chaque instant me porte. »</span></p><p><span style="font-size: medium;">Depardieu, évoquant les rencontres marquantes de sa vie, parle admirablement de Claude Régy, de la minuscule Marguerite Duras (qui lui arrive à la ceinture) et de l'immense Peter Handke. Chacun lui a donné les mots de son destin. </span></p><p><span style="font-size: medium;">« Oublie ta famille, écrit l'écrivain autrichien, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. »</span></p><p><span style="font-size: medium;">Quelle leçon !</span></p><p><strong><span style="font-size: medium;">* Gérard Depardieu, <em>Ça s'est fait comme ça</em>, éditions XO, 2014.</span></strong></p>
Tania
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Epouser
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-08-31:3110351
2013-08-31T08:30:00+02:00
2013-08-31T08:30:00+02:00
– « Tu pourrais épouser Blanco White. » Elle...
<p class="MsoNormal"><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium; line-height: 115%;"> – « Tu pourrais épouser Blanco White. »<br /></span></em><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">Elle écarquilla les yeux. « Tu veux plaisanter ?<br /></span></em><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;">– Pas du tout. Je l’ai vu hier à Londres. C’est un jeune homme très bien, et il est toujours désireux de t’épouser. »<br /></span></em><em style="font-size: 11px;"><span style="font-size: medium; line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Amber_Reeves" target="_blank">Amber</a> renversa la tête et émit un rire légèrement hystérique. « Ah vraiment ? Tu es donc allé le trouver et tu lui as offert de me rendre à lui, c’est cela ? Sans me consulter, moi. Le grand champion des droits de la femme, le valeureux critique de la société patriarcale, est prêt à se débarrasser de sa maîtresse encombrante en la refilant à un avocat noble et généreux qu’elle n’aime point. As-tu offert de me pourvoir d’une dot à titre d’incitation ? »</span></em></p><p class="MsoNormal"><span style="font-size: medium; font-family: 'times new roman', times;">David Lodge,</span><a title="Lodge raconte Wells (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2013/08/26/lodge-raconte-wells-1115861.html" target="_blank"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 14pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;"> Un homme de tempérament</span></em></a></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3752399844.gif" target="_blank"><img id="media-147831" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/630979811.gif" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,hommes et femmes,socialisme,société,progrès,culture" /></a></p><p class="MsoNormal"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 14pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></em></p><p class="MsoNormal"><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 14pt; line-height: 115%;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></em></p>
Tania
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Lodge raconte Wells
tag:textespretextes.blogspirit.com,2013-08-29:3110350
2013-08-29T08:30:00+02:00
2013-08-29T08:30:00+02:00
H. G. Wells (1866-1946), l’auteur de La guerre des mondes , était un...
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/H._G._Wells" target="_blank">H. G. Wells</a> (1866-1946), l’auteur de <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Guerre_des_mondes" target="_blank"><em>La guerre des mondes</em></a>, était un fervent défenseur de l’Amour Libre. <a title="Billets précédents (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/lodge" target="_blank">David Lodge</a>, dans <em>Un homme de tempérament (<a title="“Lodge's Wells is a monster, too, but a lovable and sometimes pathetic one.” Blake Morrison (The Guardian, 9/4/2011)" href="http://www.theguardian.com/books/2011/apr/10/man-parts-david-lodge-review" target="_blank">A Man of Parts</a></em>, 2011) raconte sa vie en plus de 600 pages où l’on ne s’ennuie pas une seconde – quel personnage que cet écrivain qui aimait les femmes ou, plus exactement, qui aimait leur faire l’amour : <em>« Je n'ai jamais été un grand romantique, bien que j'aie aimé très profondément beaucoup de gens. »</em>, a écrit Wells dans <em>An Experiment in Autobiography</em> (1934).</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/30648172.jpg" target="_blank"><img id="media-147815" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1569261906.jpg" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,socialisme,société,progrès,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">Dans ce </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">« roman »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> biographique, Lodge restitue tout Wells – le penseur, le graphomane, le socialiste engagé. Il décrit sa manière de vivre en se basant sur des sources factuelles : </span><em style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">« Tous les personnages sont des représentations de personnes réelles, dont les relations étaient telles qu’elles sont décrites »</em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">, avertit-il, même s’il a enrichi le récit de détails imaginaires.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"><em>Un homme de tempérament</em> s’ouvre sur la mort de H. G. Wells peu après la seconde guerre mondiale, dans sa maison de Londres. En 1944, son fils Anthony West téléphone à sa mère, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Rebecca_West" target="_blank">Rebecca West</a>, la romancière de 26 ans plus jeune que l’écrivain dont elle est séparée depuis vingt ans, pour lui annoncer que Wells souffre d’un cancer du foie. Quand elle vient le voir, le malade a toujours ses carnets près de lui. Il se demande combien de temps il lui reste : <em>« Je ne veux pas mourir, Panthère »</em> dit-il à celle qui continue à l’appeler <em>« Jaguar ».</em></span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> </span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3182190744.jpg" target="_blank"><img id="media-147816" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/1045427125.jpg" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,socialisme,société,progrès,culture" /><br /></a><a style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 8pt; line-height: 115%;" href="http://conwayhall.org.uk/h-g-wells"><span lang="EN-US">http://conwayhall.org.uk/h-g-wells</span></a></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 1935, dans une notice nécrologique <em>« humoristique »</em>, il se disait <em>« l’un des écrivaillons les plus prolifiques »</em> du début du XXe siècle : une centaine de livres, des milliers d’articles. Lodge insère souvent dans son récit des « questions – réponses » et la manière dont il titille son sujet dans ces dialogues y met beaucoup de piquant. Wells était très sensible à ce qu’on disait de lui. Par exemple, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Orwell" target="_blank">Orwell</a> avait déclaré à la BBC que <em>« H.G. Wells imaginait que la science allait sauver le monde, alors qu’elle avait beaucoup plus de chances de le détruire. »</em> En rage, celui-ci avait répondu : <em>« Je ne dis pas cela du tout, espèce de salopard. Lisez mes premiers ouvrages. »</em></span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">L’intérêt de Wells pour la science (quelques-unes de ses prédictions se sont vérifiées) et le sexe, sa vie privée non-conformiste, ses déclarations ont nourri bien des polémiques, des disputes, même avec ses amis les plus proches. Loin du récit biographique habituel, le roman de David Lodge est tout en élans, en réactions, en rebondissements, au fil des projets ou des lubies de H. G. Wells, qu’il s’agisse d’écrire, de séduire, de déménager, d’entreprendre…</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2914158610.jpg" target="_blank"><img id="media-147817" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/4249108938.jpg" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,socialisme,société,progrès,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">D’origine modeste, il estimait qu’une alimentation trop pauvre était responsable de sa petite taille. A quinze ans, il quitte l’école pour devenir apprenti drapier, souhait de son père. Mais les livres lui ont fait découvrir <em>« un monde plus passionnant, plus épanouissant »</em>. Wells veut <em>« sortir de cet enfer »</em> de la pauvreté respectable, l’esclavage moderne tel qu’il l’a montré dans <a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Kipps" target="_blank"><em>Kipps</em></a>. Intelligent, mais sans instruction, il obtient un emploi d’appariteur à la <a title="Notice Wikipedia" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Midhurst_Grammar_School" target="_blank">Midhurst Grammar</a> : en échange de l’enseignement donné à de jeunes élèves, il y bénéficie de quelques heures d’enseignement gratuites. Le succès dans ses études lui vaut une bourse pour des études supérieures, il montre <em>« des capacités d’assimilation »</em> peu ordinaires. Mais il échoue en troisième année, faute d’avoir consacré assez de temps à ses cours de sciences. Amoureux de sa cousine Isabel, il enseigne dès lors dans une école privée et gagne assez d’argent pour l’épouser.</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">Isabel, il le découvre alors, répugne aux rapports physiques. Leur vie commune révèle une incompatibilité totale <em>« de corps et d’esprit »</em>. Aussi est-il très sensible à l’admiration de <em>« Miss Robbins »</em> qui suit son cours de biologie, une jeune femme d’un milieu social un peu plus élevé. La tuberculose va écarter Wells de l’enseignement, mais le rapprocher de son élève. Isabel l’oblige à choisir. Il la quitte pour vivre avec Amy Catherine Robbins, rebaptisée <em>« Jane »</em> (elle n’aimait pas son premier prénom, lui n’aimait pas le second). Et voilà qu’elle aussi le déçoit au lit. Inconsciemment, n’aimait-il que le sexe <em>« illicite, transgressif »</em> ? Wells écrit alors des nouvelles et surtout des articles humoristiques, <em>« sa principale source de revenus ».</em></span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> Il vivra désormais de sa plume.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1297116908.jpg" target="_blank"><img id="media-147819" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/842019926.jpg" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,socialisme,société,progrès,culture" /><br /></a><a href="http://www.folkestonehistory.org/index.php?page=sandgate"><span lang="EN-US">http://www.folkestonehistory.org/index.php?page=sandgate</span></a></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">Wells considérait ses mariages comme des déceptions, non des échecs. Jane, sa compagne à vie, comprenait ses besoins et s’en accommodait, à certaines conditions. La prospérité venue, ils font construire <a title="Notice Wikipedia" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Spade_House" target="_blank">Spade House</a> à Sandgate. L’écrivain peut alors soigner davantage son corps et sa mise. <em>« Le prestige de sa réputation littéraire »</em> attire à lui des femmes <em>« sensibles »</em>, et le petit appartement que Wells loue à Londres est très commode pour ce genre de relations. Jane et lui auront deux fils.</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">Hostile aux religions institutionnelles, Wells considérait qu’il avait une mission à accomplir dans la société. La fréquentation des <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fabian_Society" target="_blank">Fabiens</a>, de tendance socialiste et réformatrice, (trop conservateurs et bourgeois, d’après lui, en particulier sur les questions de sexualité) lui fera rencontrer Amber Reeves, la fille d’un couple d’amis. Celle-ci est très féministe et applaudit les discours de Wells sur l’indépendance économique de la femme et sa liberté personnelle. Devinez la suite.</span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;"> </span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3894506325.jpg" target="_blank"><img id="media-147821" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2925654668.jpg" alt="lodge,un homme de tempérament,roman,biographie,littérature anglaise,wells,amour libre,mariage,sexualité,socialisme,société,progrès,culture" /></a><a style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 8pt; line-height: 115%;" href="http://thisrecording.com/today/2012/11/27/in-which-we-hate-waiting-about.html">http://thisrecording.com/today/2012/11/27/in-which-we-hate-waiting-about.html</a></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">Wells correspond avec les écrivains de son temps. A <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_James" target="_blank">Henry James</a>, il envoie ses livres, savoure ses réponses subtiles, mais quand il s’amuse à parodier son style dans un article de presse, c’est la provocation de trop. <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw" target="_blank">Bernard Shaw</a> se montrera plus compréhensif, y compris à propos de sa vie privée. Il y aura beaucoup d’autres femmes : la romancière <a title="Violet Hunt sur PhenixWeb" href="http://www.phenixweb.net/HUNT-Violet-La-Nuit-des-Saisons" target="_blank">Violet Hunt</a>, Dorothy Richardson qui veut un enfant de lui, Rosamund Bland qui n’oublie pas sa promesse d’un voyage à Paris ensemble, la comtesse <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Elizabeth_von_Arnim" target="_blank">Elizabeth von Arnim</a>… Toutes lui inspirent des héroïnes de roman. Mais dans la vie réelle, cohabiter avec une autre que Jane, si cela satisfait sa sensualité, se solde chaque fois par un échec : seule sa deuxième épouse assure son confort et le laisse en paix, pourvu qu’il lui revienne.</span><span style="font-size: 11px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;"><span style="font-size: 14.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><span style="font-size: medium;">Rebecca West attire son attention en rédigeant <em>« une critique cinglante de </em><a title="Notice Wikipedia (en anglais)" href="http://en.wikipedia.org/wiki/Marriage_(novel)" target="_blank">Mariage</a><em> dans </em>The Freewoman<em> »</em>. Piqué au vif, il lui écrit et l’invite à déjeuner pour en discuter plus avant. Début d’un nouvel épisode dans sa vie tumultueuse. Sur les torts qu’il a causés à certaines jeunes femmes, à leur réputation et parfois à leur avenir, <a title="Un entretien passionnant : David Lodge, "Il faut s'ouvrir aux littératures qui ne vous ressemblent pas", par Julien Bisson (Lire/L’Express, 31/01/2012)" href="http://www.lexpress.fr/culture/livre/david-lodge-il-faut-s-ouvrir-aux-litteratures-qui-ne-vous-ressemblent-pas_1076832.html" target="_blank">le Wells de Lodge</a> a toujours une réponse prête qui lui évite le mauvais rôle, accusant les parents ou la société. L</span></span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: medium;">es propos et le comportement de ce p</span><span style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif;">artisan du féminisme m'ont fait sursauter à maintes reprises. <em>« N’étiez-vous donc pas capable de tirer des leçons ? – Pour ce qui est des femmes, il semblerait que non. »</em></span></p>
BlueGrey
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L'adversaire – Emmanuel Carrère [2000]
tag:descaillouxpleinleventre.blogspirit.com,2011-10-05:2406356
2011-10-05T13:55:00+02:00
2011-10-05T13:55:00+02:00
Le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tuait sa femme, ses enfants,...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-616966" style="float: left; margin: 1em 0.3em 0em 0pt;" title="" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/00/01/2067550387.gif" alt="L'adversaire, Emmanuel Carrère" />Le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tuait sa femme, ses enfants, ses parents, puis tentait, en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin à l'OMS comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard.</p><p style="text-align: justify;">Emmanuel Carrère raconte donc la vie insensée de cet homme qui, pendant des années, va inventer sa vie, la bâtir sur des mensonges, falsifications et escroqueries, fragile château de cartes qui finit par s'écrouler dans un drame, par l'assassinat de sa femme, de ses enfants et de ses parents. A tous, amis et famille, il a toujours menti, édifiant autour de lui et des siens un monde irréel dont l'impensable est que, dix-huit ans durant, personne ne dépassa les fragiles apparences.</p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #193a4d;"><strong>« En quinze ans de double vie, il n'a fait aucune rencontre, parlé à personne, il ne s'est mêlé à aucune de ces sociétés parallèles, comme le monde du jeu, de la drogue ou de la nuit, où il aurait pu se sentir moins seul. Jamais non plus il n'a cherché à donner le change à l'extérieur.</strong></span><br /><span style="color: #193a4d;"><strong>Quand il faisait son entrée sur la scène domestique de sa vie, chacun pensait qu'il venait d'une autre scène où il tenait un autre rôle, celui de l'important qui court le monde, fréquente les ministres, dîne sous des lambris officiels, et qu'il le reprendrait en sortant.</strong></span><br /><span style="color: #193a4d;"><strong>Mais il n'y avait pas d'autre scène, pas d'autre public devant qui jouer l'autre rôle.</strong></span><br /><span style="color: #193a4d;"><strong>Dehors, il se retrouvait nu. Il retournait à l'absence, au vide, au blanc, qui n'étaient pas un accident de parcours mais l'unique expérience de sa vie. »</strong></span> (p.101)</p><p style="text-align: justify;">Par ce texte, ce qu'Emmanuel Carrère souhaitait établir, ce qu'il <strong><span style="color: #193a4d;">« voulait vraiment savoir »</span></strong>, c'est <strong><span style="color: #193a4d;">« ce qui se passait dans sa tête durant ces journées qu'il était supposé passer au bureau ; qu'il ne passait pas, comme on l'a d'abord cru, à trafiquer des armes ou des secrets industriels ; qu'il passait, croyait-on maintenant, à marcher dans les bois. »</span></strong> (p. 33)</p><p style="text-align: justify;">Le texte d'Emmanuel Carrère, troublant, n'est jamais aussi fort que quand il laisse la fiction s'emparer du réel. Le personnage de meilleur ami de Jean-Claude Romand notamment est poignant dans sa stupéfaction. Les conjonctures quant à l'état d'esprit de Jean-Claude Romand paraissent aussi très "justes", ainsi que la façon dont s'est construite sa vie chimérique, comme à son insu, hors de sa volonté, hors de son contrôle, un mensonge en entraînant un autre, inéluctablement (<strong><span style="color: #193a4d;">« Comment se serait-il douté qu’il y avait pire que d’être rapidement démasqué, c’était de ne pas l’être ? »</span></strong>).</p><p style="text-align: justify;">Emmanuel Carrère explore ainsi le psychisme de cet homme capable de se duper lui-même, capable de se laisser convaincre par ses propres mensonges, à tel point qu'il en arrive par moment à ne plus discerner lui-même où se situe la vérité.<br /><br />Emmanuel Carrère évite l'écueil moraliste. Il n'émet jamais de jugement de valeur ni sur Jean-Claude Romand ni sur ses actes. Il livre les faits, bruts, en restant neutre et sobre.</p><p style="text-align: justify;">Mais là où son texte m'a moins convaincue, c'est dans la façon dont, à plusieurs reprises, Emmanuel Carrère ramène ce drame à lui. Ce "je" qui s'immisce dans l'incompréhensible et qui ose le "moi aussi", m'a étonnée et gênée. Les faits sont tellement effrayants et abominables qu'il paraît aberrant de chercher ainsi à les ramener à soi. Car malgré les petits mensonges et autres lâchetés, intrinsèquement humains, que nous commettons tous et qui parsèment une vie, peut-on sincèrement se souvenir d'un seul évènement de nos vies qui puisse, même vaguement, se rapprocher de celui-ci par l'intensité de l'horreur qui le caractérise ?</p><p style="text-align: left;">______________________________</p><p style="text-align: left;"><img style="border-width: 0; margin: 0em 0em 0em 0;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/etoiles/e%2035.gif" alt="e%2035.gif" /> Emmanuel Carrère, <em>L'adversaire</em>, éd. POL, 2000, 221 pages, 17,50 €.</p><p style="text-align: left;">Du même auteur : <strong><em><a href="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/archive/2007/04/14/que-dirais-tu-si-je-me-rasais-la-moustache.html" target="_self">La moustache</a></em></strong> & <strong><em><a href="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/archive/2010/07/31/un-roman-russe-emmanuel-carrere-2007.html" target="_self">Un roman russe</a></em></strong></p>
Tania
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Notre mémoire
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-08-16:3109933
2011-08-16T20:20:00+02:00
2011-08-16T20:20:00+02:00
« Je sais bien que ce sont les événements de Jeanne, pas les miens....
<p><em><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">« Je sais bien que ce sont les événements de Jeanne, pas les miens. Je n’ai ni tout su, ni tout compris. Mais je doute que ce soit là l’explication : mes événements à moi se déplacent aussi. Ou plutôt, ils sont sans place : images toutes vives, conservées, éternelles. Et parfois je me demande si la mémoire n’a pas raison contre nous. Tout n’est-il pas, au vrai, éternel, donc contemporain ? Ces séquences chronologiques nous aident à comprendre, parce que nous avons l’esprit ainsi fait ; mais le désordre de notre mémoire nous aide, lui, à deviner ce que peut être une survie où le temps se trouve aboli et où tout se rejoint, sans début ni fin. »</span></span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;">Jacqueline de Romilly, <em><a title="Jeanne, son charme (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/08/09/jeanne-son-charme.html" target="_blank">Jeanne</a></em></span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1548162527.jpg" target="_blank"><img id="media-138620" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1012674082.jpg" alt="romilly,jeanne,récit,littérature française,mère,fille,biographie,hommage,culture" /></a><br /><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 8pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Frédéric Leighton (1830-1896), <em style="mso-bidi-font-style: normal;"><a title="Source de la photo" href="http://www.ancien.paris-sorbonne.fr/spip.php?article5849" target="_blank">Mnemosyne</a>, la mère des Muses</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p>
Tania
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Jeanne, son charme
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-08-15:3109932
2011-08-15T08:30:00+02:00
2011-08-15T08:30:00+02:00
Qui a croisé la route de Jacqueline de Romilly sait avoir rencontré une...
<p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Qui a croisé la route de <a title="« Jacqueline de Romilly pour l'éternité » (Le Point.fr, 19/12/2010)" href="http://www.lepoint.fr/culture/portrait-jacqueline-de-romilly-pour-l-eternite-19-12-2010-1277263_3.php" target="_blank">Jacqueline de Romilly</a> sait avoir rencontré une grande dame, remarquable helléniste, <a title="Joie d’enseigner (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/02/24/joie-d-enseigner.html" target="_blank">professeur</a> inoubliable. <em>Jeanne</em>, le portrait de sa mère qu’elle a écrit en 1977, après sa mort, a été publié à titre posthume en 2011, selon sa volonté.</span></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/810749770.jpg" target="_blank"><img id="media-97458" style="margin: 0.7em 0px;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2471881112.jpg" alt="romilly,jeanne,récit,littérature française,mère,fille,biographie,hommage,culture" /></a></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Jeanne au bracelet d’argent »</em>,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>bracelet reçu à seize ans d’un oncle revenu d’Indochine, c’est le père d’une amie qui la surnomme ainsi. Jacqueline de Romilly le retient pour ce qu’il évoque de l’élégance de Jeanne, qui aimait se déguiser, <a title="Mémoires pour rire (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/08/11/memoires-pour-rire.html" target="_blank">rire</a>, une femme pour qui <em>« l’ironie a toujours été son arme, en même temps que son charme. »</em> Qu’a ressenti sa mère, se demande-t-elle, à la mort de sa propre mère ? Elle se reproche de n’avoir pas été assez curieuse de la vie d’une femme qui mettait <em>« son courage, qui était grand » à lui « éviter toute pensée triste ».<br /></em></span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Jeune, Jeanne avait des amies avec qui converser, partager ses lectures, noter <em>« de belles pensées »</em> dans un carnet. Pour le plaisir, avec Marie Rod, dont le père, écrivain, recevait beaucoup et correspondait avec Zola, Rodin, Proust, Verhaeren…, elle assistait au cours de Bergson et c’est là qu’elle a fait la connaissance d’un philosophe brillant et musicien fervent, quelqu’un de gai, aux belles manières mais sans le sou, socialiste, juif. Jacqueline de Romilly a retrouvé les lettres <em>« d’une époque révolue »</em> – les fiançailles de ses parents avaient fait scandale des deux côtés.<br /></span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Joie de vivre pour un autre ».</em> Mariée, Jeanne écrit des contes pour gagner un peu d’argent, puis c’est la naissance de Jacqueline, leur Jacquinot, leur <em>« grenouille »</em>, un <em>« gros bébé heureux ».</em> Sa mère n’aime pas les gens <em>« comme il faut »</em> ni faire <em>« comme tout le monde ».</em> Son mari part à la guerre de 1914, il est tué le soir même dans la Somme, le frère de Jeanne quelques mois après. Sa mère fait tout pour préserver Jacqueline de la tristesse et met tout son art à élever son enfant sans souci visible.<br /></span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">A Paris, dans une rue tranquille du XVIe, Jeanne leur trouve un appartement <em>« selon son cœur »,</em> à la fois sage et original, bourgeois et fantaisiste. Des fenêtres <em>« en plein midi »</em>, une vue sur des jardins et un acacia. Elle en arrange les pièces <em>« pour le loisir et l’élégance »</em>, sans salle à manger, une table roulante faisant l’affaire pour leurs repas à deux. Dans la chambre de sa fille, rose et verte, elle place un tapis ancien en soie <em>« du bon rose »</em>, lui confère comme à leur séjour <em>« un charme incroyable ».</em> Ingénieuse, sa mère aménage tout cela sans argent, coud, peint, garnit elle-même des sièges.<br /></span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Jeanne travaille huit heures par jour, du secrétariat, puis écrit un premier roman, <em>La victoire des dieux lares</em> (Grasset, 1923). <em>« Femme de lettres »</em>, elle a besoin de reconnaissance, mais reste fière, conjugue liberté de l’artiste et vertus : sagesse, droiture, honnêteté. Sa famille la juge trop libre, alors qu’aujourd’hui elle paraîtrait trop bourgeoise. Lorsqu’elle entame une liaison véritable, dix ans après la mort de son mari, l’homme qu’elle aime est tué à la chasse.<br /></span></span> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><a title="Les origines familiales de Jacqueline de Romilly" href="http://geneinfos.typepad.fr/geneinfos/2010/12/les-origines-familiales-de-jacqueline-de-romilly-academie-genealogie.html" target="_blank">Jacqueline de Romilly</a> raconte la passion de sa mère pour le théâtre, où elle a connu quelques succès sans lendemain. Elle avait beaucoup d’attaches dans ce milieu et sera déçue de ne pas voir monter ses pièces, qui passeront pour la plupart à la radio. En même temps, elle s’occupe bien de sa fille, lui achète un collier en or aux perles pleines, plus beau encore que celui, admiré, d’une petite amie riche. <em>« Telle était, pour Jeanne, la joie de la richesse : pouvoir me donner tout ce dont j’avais un instant envie. »</em> Avec des amis, elles voyagent, mènent une vie variée et chaleureuse. Puis Jeanne rencontre Bob qui devient son ami permanent, <em>« officiel ». </em></span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Jacqueline connaît une adolescence aisée et brillante, grâce à sa mère très active, qui en plus d’écrire devient journaliste à la Chambre des Députés, se forme à la reliure, coud, crochète, toujours avec le goût du travail bien fait. Toutes ces occupations ne l’empêchent pas d’être gaie – <em>« Je recevais tout. Je ne m’en étonnais pas. »</em> Excellente élève, Jacqueline réussit bien à l’Ecole normale, se passionne pour Thucydide (dans une belle édition en sept volumes que sa mère lui a achetée chez un bouquiniste). Jeanne signe alors de son double nom, Jeanne Maxime-David, <em>Amélie</em>, une œuvre encensée par la critique. </span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">C’est à cette époque qu’elle se lie avec un musicien célèbre, mari depuis peu d’une amie d’enfance, futur grand chef d’orchestre et idole de Paris, qui lui écrit de très belles lettres et qu’elles appellent le brigand : <em>« le brigand changea nos vies ».</em> Il leur apporte <em>« lumière et spontanéité »</em>, Jeanne l’aide pour son courrier, puis Jacqueline aussi. Dans ses papiers, sa mère a mis à part un paquet : <em>« A garder : Clinou et le Brigand ».</em></span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">La deuxième guerre mondiale vient tout bouleverser. Jacqueline est nommée professeur à Bordeaux, emmène sa mère avec elle, les rôles s’inversent. Elle se marie avec un homme d’une grande famille, avec terres et maisons. Sa belle-famille ne s’intéresse guère à Jeanne. Il leur faut déménager à Toulouse, puis à Aix-en-Provence, et se débrouiller avec le statut des juifs : son mari l’est aux trois quarts, Jacqueline le devient par son mariage. Pas de retour possible à Paris, elle perd son poste.</span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Et pourtant sa mère prend ces années d’exil, de guerre et de peur avec allant, écrit, noue des amitiés nouvelles. Jacqueline en garde l’image d’une Jeanne encore jeune, heureuse. Le retour à Paris en octobre 1944 change la donne, les sépare. La fille de Jeanne enseigne, accompagne son mari éditeur en week-end, voyage. L’époque, les goûts ont changé, Jeanne n’arrive plus à faire accepter ses textes, même si elle travaille dans un comité de lecture des manuscrits de pièces radiophoniques, alors elle les signe d’un pseudonyme, et ses pièces diverses, étonnantes de naturel, aux dialogues excellents, connaissent le succès. </span></span></p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"> </p><p class="MsoBodyText" style="margin: 0cm 0cm 0pt; mso-outline-level: body-text;"><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« A force d’attendre et de se battre, on vieillit et la vie passe. »</em> Jacqueline de Romilly rend hommage à l’énergie magnifique de sa mère, que des problèmes d’audition finissent par obliger à habiter chez sa fille. Elles ne savent pas encore que leur vie à deux, à cause de circonstances inattendues, reprendra un jour, dans un autre appartement. Avec pudeur, <a title="Par pudeur, Jacqueline de Romilly voulait que «Jeanne» ne soit publié qu’après sa mort » par Marie-Claude Martin (Le Temps, 9/5/2011)" href="http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/55594eaa-7826-11e0-ac68-1c955a3ad8c6/Par_pudeur_Jacqueline_de_Romilly_voulait_que_Jeanne_ne_soit_publi%C3%A9_quapr%C3%A8s_sa_mort" target="_blank">Jacqueline de Romilly</a> rend compte des dernières années d’une vie. <em>Jeanne</em> retrace le destin d’une mère et dévoile, avec ses pleins et ses manques, l’amour d’une fille éperdue de reconnaissance. Jacqueline de Romilly s’y montre sans complaisance, dans le désordre de sa mémoire. Elle a reçu de Jeanne cette grande <em>« élégance morale »</em> qu’elle admirait tant, le courage, et aussi quelque chose qui ne définit pas aisément, un charme fou.</span></span></p><p> </p>
Tania
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Jeunesse
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-06-04:3109891
2011-06-04T08:30:00+02:00
2011-06-04T08:30:00+02:00
« Tout dépend uniquement de cela, de la profondeur et de la sincérité avec...
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;"><em>« Tout dépend uniquement de cela, de la profondeur et de la sincérité avec lesquelles un homme<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> façonne la douleur de sa jeunesse. Ce sera sa mesure et sa richesse pour toute sa vie. Car, de toute sa vie, il n’a rien d’autre, n’acquiert rien d’autre, il n’apprend rien d’autre. Toute sa vie, il fait des expériences. Mais c’est seulement dans sa jeunesse que son âme se transforme. »</em></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Milena Jesenská, <em>Jeunesse</em> (Alena Wagnerová, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/05/31/milena.html" title="Milena">Milena</a></em>)</span> </p> <div style="text-align: center"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3103005690.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2985324963.jpg" alt="Minerve.jpg" name="media-90640" id="media-90640" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></div> <div style="text-align: center"> <p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 8pt;">L'égide de Minerve<br /> <a href="http://www.ac-strasbourg.fr/"><span style="color: #0000ff;">http://www.ac-strasbourg.fr/</span></a></span></p> </div>
Tania
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Milena
tag:textespretextes.blogspirit.com,2011-06-02:3109890
2011-06-02T08:30:00+02:00
2011-06-02T08:30:00+02:00
« Milena à qui la vie ne cesse pourtant d’apprendre à son corps...
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;"><em>« Milena à qui la vie ne cesse pourtant d’apprendre à son corps défendant qu’on ne peut jamais sauver quelqu’un que par sa présence, et par rien d’autre » </em>: ce passage d’une lettre de Franz Kafka à <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Milena_Jesensk%C3%A1" title="Notice Wikipedia">Milena Jesenská</a> (<em><a target="_blank" href="http://blogs.mediapart.fr/edition/la-critique-au-fil-des-lectures/article/210908/lettres-a-milena-franz-kafka" title="Correspondance présentée sur Médiapart">Lettres à Milena</a></em>) pourrait servir d’épigraphe à <em>Milena</em>, une biographie signée <a target="_blank" href="http://www.radio.cz/fr/rubrique/literature/alena-wagnerova-ce-nest-qua-prague-quon-peut-comprendre-loeuvre-de-franz-kafka" title="Alena Wagnerová: « Ce n’est qu’à Prague qu’on peut comprendre l’oeuvre de Franz Kafka.»">Alena Wagnerova</a> (2006, traduite de l’allemand par Jean Launay).</span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3487608954.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1432129708.jpg" alt="Milena Jesenska.jpg" name="media-90638" id="media-90638" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;"><a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Margarete_Buber-Neumann" title="Notice Wikipedia">Margaret Buber-Neumann</a>, première biographe de Milena, l’a connue au camp de <a target="_blank" href="http://www.litt-and-co.org/citations_SH/a-f_SH/buber_neumann_milena.htm" title="Un extrait : la rencontre à Ravensbrück (Littératures et Compagnies)">Ravensbrück</a>, où elle est décédée. Alena Wagnerova, tchèque, a pu s’appuyer sur deux autres sources importantes : le témoignage de Jana Cerna (Honza), la fille de Milena, et la documentation rassemblée par Jaroslava Vondrackova, qui travaillait avec Milena à la rédaction de la page féminine de <em>Narodni listy</em> (journal national tchèque) et fréquentait les mêmes cercles qu’elle.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Prague est sa ville. Dans un article, Milena Jesenská (1896-1944) se souvient du jour où, petite fille, elle a vu son père rester seul dans la rue auprès d’un blessé après que la police s’est interposée entre deux troupes de manifestants, Allemands contre Tchèques (<em>« Sur l’art de rester debout »</em>). Le Dr Jan Jesensky, cet homme <em>« debout et secourable »</em>, dentiste renommé et professeur à l’université, devenu nationaliste à cause des injustices des Allemands envers les Tchèques, se montre très attentif à l’éducation de sa fille et très exigeant. Sa mère, dont la dot assure d’abord l’aisance financière de la famille, transmet à Milena <em>« un sens très aigu des matières, des couleurs et des formes, et l’amour de la littérature, surtout russe ».</em></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Milena supporte mal l’autorité de son père, progressiste dans son travail, mais <em>« patriarche conservateur »</em> à la maison. <em>« Têtue et rebelle »</em>, elle est consciente de faire partie d’une élite au lycée Minerva, premier lycée de filles en Autriche-Hongrie, s’y montre <em>« réservée et chaleureuse ».</em> Douée pour écrire, elle correspond à l’encre violette avec son professeur préféré, tandis que sa mère s’éteint, atteinte d’une maladie incurable. Milena, dix-sept ans, en est marquée, sans perdre son goût et sa volonté de vivre, et en gardera une attitude le plus souvent compatissante à l’égard des autres.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Avec ses amies, la jeune fille veut tout expérimenter, se joue des convenances, puise sans compter dans l’argent de son père pour réaliser les souhaits des uns et des autres, jusqu’à s’endetter. Elle est connue pour ses frasques – sans doute pour attirer l’attention de son père et aussi exprimer sa révolte contre lui – et sa réputation en pâtit. Son père l’inscrit en médecine, ce n’est pas pour elle. Après deux semestres, elle se tourne vers la musique, mais manque de motivation pour les études.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;"><em>« L’élément où elle se sent véritablement chez elle, ce sont les rues et les cafés, où se font les échanges humains par le dialogue et la discussion. »</em> Au <a target="_blank" href="http://www.circe.paris-sorbonne.fr/villes/cpraguois/cafearco/index.html" title="Café Arco (Les cafés pragois)">café Arco</a>, par exemple, fréquenté par les intellectuels juifs. Elle y rencontre Ernst Polak, traducteur, de dix ans son aîné. Son grand amour. Pour lui,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> la littérature et les idées passent avant tout. Jesensky tentera en vain de mettre fin à cette relation : ils se marient et s’installent à Vienne.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">A Prague, Milena était quelqu’un, à Vienne elle est « la femme de … » Polak lui fait comprendre très vite qu’il ne va pas changer pour elle sa façon de vivre. A nouveau, c’est dans les rues qu’elle se ressource : <em>« la Vienne des petites gens, cochers, coursiers, bonnes… »</em> L’effondrement de l’Autriche en octobre 1918 et la naissance de la République tchèque l’exaltent, bien que la vie quotidienne en soit compliquée. Le couple manque d’argent. Milena donne des leçons de tchèque, traduit, porte les bagages à la gare, sert comme dame de compagnie, rédige des articles…</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Milena écrit à Kafka qu’elle voudrait traduire sa prose en tchèque. C’est le début de leur fameuse correspondance, la <em>« joie secrète »</em> de Milena. Après trois mois d’échanges, ils se rencontrent, Kafka rompt ses fiançailles avec Julie Wohryzek. Mais leur relation mène à une impasse. Milena respecte sa rigueur morale, sa quête d’absolu, de vérité et de pureté, pour elle un idéal impossible à atteindre.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Wagnerova suit le <a target="_blank" href="http://lecturesdejulien.over-blog.com/article-25003267.html" title="« Vivre » par Milena Jesenská (Les lectures de Julien)">travail journalistique</a> de Milena, de plus en plus affirmé, et aussi sa vie de couple <em>« à distance »</em>, chacun habitant désormais une moitié de la maison, le chat allant de l’une à l’autre. Après leur rupture, Milena rentre à Prague en 1925 : elle incarne la femme moderne, émancipée, participe à la vague d’optimisme d’après-guerre. <em>« Soleil, air, espace, mouvement, tels sont les mots magiques qui expriment les besoins vitaux de l’homme moderne »</em> pour les nouveaux architectes comme <a target="_blank" href="http://www.archiweb.cz/architects.php?action=show&id=433&type=arch&lang=en" title="Krejcar : notice et photos sur Archiweb">Jaromir Krejcar</a> qu’elle épouse en 1927.</span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Enceinte de Honza, en plein bonheur, Milena est frappée par une première attaque d’arthrite, dont un genou ne se remettra jamais, elle boitera. <em>« Malheureuse n’est pas le mot juste, fichue, voilà comme je me sens et comme je suis en effet »</em>, écrit-elle à Jaroslava. La morphine l’aide à revenir à la vie, mais crée une nouvelle dépendance. <a target="_blank" href="http://www.temoignages.re/1-milena-jesenska-un-coeur-ardent,16808.html" title="« Milena Jesenska : un cœur ardent, un esprit lucide » par P. David (Témoignages)">De gauche</a>, elle se rallie au parti communiste <em>« avec l’idée de pouvoir faire encore quelque chose d’utile en ce monde ».</em></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt;">Nouveau divorce, rupture avec le Parti, désintoxication, Alena Wagnerova suit les différents fils de la vie d’une femme passionnée, entière, active, engagée,qui refuse de quitter Prague malgré le danger nazi, trop occupée à aider les autres. En novembre 1939, la Gestapo l’arrête, l’emprisonne. Malgré l’acquittement prononcé au procès de Dresde, elle est transférée à Ravensbrück. Elle y sera jusqu’à la fin une femme « debout ».</span></p>
BlueGrey
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Darling – Jean Teulé [1998]
tag:descaillouxpleinleventre.blogspirit.com,2010-12-03:2035581
2010-12-03T09:15:00+01:00
2010-12-03T09:15:00+01:00
"Darling" raconte sa vie, depuis le début, quand, encore dans le ventre de...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-539334" style="float: left; margin: 1em 0.3em 0em 0;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/1887123202.gif" alt="Darling.gif" />"Darling" raconte sa vie, depuis le début, quand, encore dans le ventre de sa mère, celle-ci déclare <em>« Je n'aime pas l'enfant que je porte »</em> ; depuis sont enfance de gamine boulotte coincée dans son short et dans la ferme de ses parents, rustres bouseux crado-teigneux jamais à court de férocité, sournoise s'agissant de la mère, brutale venant du père.</p><p style="text-align: justify;">Sans cesse humiliée et battue, elle rêve d'évasion (ne surtout pas devenir une "paysante") en regardant passer les camions sous sa fenêtre, et fait l'acquisition d'une CB pour entrer en communication avec le prince charmant qui la sortira de cet enfer. Et, lorsque au volant de son semi-remorque, "Romeo" lui dit de monter, elle croit grimper au septième ciel ! Mais la litanie des maux qui vont la frapper dès lors pourrait faire passer son enfance pour un paradis perdu. Parce que le mari, évidemment beau comme un camion, se révèle violemment tordu : il ne se contente pas de boire et de dilapider l'argent du foyer, il joue sa femme aux cartes et la livre en pâture à ses amis, il la trompe à répétition, installe sa dernière maîtresse à demeure et tous deux la passe à tabac sous les yeux de ses enfants...</p><p style="text-align: justify;">Et à la galerie de monstres affreux, sales, bêtes et méchants à laquelle elle est confronté, Darling oppose sa naïveté, son effronterie, son instinct de survie, son courage, sa détermination, cette rage qui lui permet de tenir, encore et toujours, "verticale".</p><p style="text-align: justify;">Telle est donc l'histoire, si effroyable et sordide qu'elle en paraît parfois caricaturale (mais pourtant véridique), de Darling. Une histoire qu'elle a confiée à Jean Teulé qui l'a retranscrite dans ce « roman ». « Roman », pas biographie, comme pour mieux maintenir à distance l'horreur. Car Jean Teulé a l'incroyable capacité d'explorer la misère sans jamais la contempler. Dans son récit, pas de victimisation artificielle pour soulager les consciences. Pas de compassion. Pas de jugement. Juste les faits. Bruts. Et si l'endurance de Darling sidère et force l'admiration, son histoire, crue et froidement empirique, est difficilement soutenable. Un étrange récit, dont on ne sort pas indemne.</p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #663333;"><strong>« De toute façon, moi, il n'y a pas un pouce de ma chair ou de mon âme qui ne porte pas la marque d'une mutilation, qui ne soit la mémoire d'une plaie, alors... »</strong></span></p><p style="text-align: justify;">______________________________</p><p style="text-align: left;"><img style="border-width: 0; margin: 0em 0em 0em 0;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/etoiles/e%2030.gif" alt="e%2030.gif" />Jean Teulé, <em>Darling</em>, éd. Pocket, 2007 (1998), 242 pages, 5,90 €.</p><p style="text-align: left;">Du même auteur : <a href="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/archive/2007/05/01/le-magasin-des-suicides-jean-teule-2007.html" target="_self"><strong>Le Magasin des Suicides</strong></a> & <a href="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/archive/2008/09/11/le-montespan-jean-teule-2008.html" target="_self"><strong>Le Montespan</strong></a>.</p>
Tania
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Deux rêveurs
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-10-25:3109775
2010-10-25T08:04:00+02:00
2010-10-25T08:04:00+02:00
« Il n’avait servi à rien que Ted et Sylvia fuient les Etats-Unis,...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Il n’avait servi à rien que Ted et Sylvia fuient les Etats-Unis, puis quittent Londres pour ce village discret. Le père très aimé s’était glissé dans la vaste demeure du Devon, il était même parvenu jusqu’au lit conjugal, s’était faufilé entre les deux dormeurs, avait gangrené les songes de sa fille. Ainsi conte-t-il aujourd’hui l’histoire, le bricoleur orphique qui n’a jamais cessé d’être l’enfant nourri par sa mère de récits de revenants. Certes, les demeures hantées ne manquent pas en Angleterre mais Court Green détenait une particularité : le fantôme avait été importé d’outre-Atlantique. Et, s’avoue Ted en poursuivant sa lettre-poème à Sylvia, un océan sépare toujours deux rêveurs. Ou deux poètes vivant côte à côte. »</em></span></span></p> <p><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Claude Pujade-Renaud, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/10/21/ecrire-et-s-aimer.html" title="Ecrire et s'aimer">Les femmes du braconnier</a></em></span></p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1909155900.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3282693475.jpg" alt="Court Green.jpg" name="media-78843" id="media-78843" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a><br /></span> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a href="http://www.sylviaplath.info/thumbs60-63.html">http://www.sylviaplath.info/thumbs60-63.html</a></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">(<a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/10/16/entre-deux.html" title="Blog au ralenti">entre-deux</a>)</span></span></span></p> </div>
Tania
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Titres
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-10-02:3109764
2010-10-02T08:30:00+02:00
2010-10-02T08:30:00+02:00
« Il ne renoncera jamais à cette double conviction : les mots...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">« Il ne renoncera jamais à cette double conviction : <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/08/03/si-on-pouvait.html" title="Si on pouvait">les mots</a> brouillent et embrouillent le sens de la peinture et les titres que l’on donne aux toiles les mutilent souvent. « Je n’y crois pas, aux titres, vous le savez », répète-t-il toujours à ses amis</span><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="mso-ansi-language: FR-BE;"><span style="font-size: x-small;">. »</span></span></em></span></p> <p><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Laurent Greilsamer, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/09/25/fureur-de-peindre.html" title="Fureur de peindre">Le Prince foudroyé – La vie de Nicolas de Staël</a></em></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2331100715.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2104785244.jpg" alt="Nicolas de Staël Paysage.jpg" name="media-77644" id="media-77644" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a><br /></span> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">Nicolas de Staël, Paysage (1954)<br /> sur « Double je », le blog de <a target="_blank" href="http://malcontenta.blog.lemonde.fr/2009/09/21/vertige-de-l%e2%80%99absolu%e2%80%a6/" title="Vertige de l'absolu">Malcontenta</a></span></span></p> </div>
Tania
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Fureur de peindre
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-09-30:3109763
2010-09-30T08:30:00+02:00
2010-09-30T08:30:00+02:00
Les premières Compositions de Staël jouent avec les figures...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Les premières <em>Compositions</em> de <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/09/25/la-passion-de-stael.html" title=""La passion de Staël" (début)">Staël</a> jouent avec les figures géométriques. <em>« Cercles, demi-cercles, cônes et triangles sont enserrés, cernés d’un trait puissant et épais qui rappelle le filet de plomb des maîtres verriers du Moyen Age. »</em> Le peintre <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Lanskoy" title="Brève notice Wikipedia">André Laskoy</a> l’aide à en sortir : <em>« Un coup de pinceau posé sur une toile cherche à trouver une forme et lutte contre les autres formes posées sur la même toile. L’aboutissement de cette lutte est la naissance du tableau. »</em> <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Braque" title="Notice Wikipedia">Braque</a> lui apprend à aimer la matière : <em>« Ce n’est pas assez de faire voir ce qu’on peint. Il faut encore le faire toucher. »</em> Misère royale et passion de peindre. Staël déteste l’économie, presse le tube de couleur. <em>« Il crève de faim, et les siens avec lui, mais couvre la toile des pâtes les plus somptueuses. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/701476637.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2173308324.jpg" alt="Nicolas de Stael Paysage du Lavandou.jpg" name="media-77643" id="media-77643" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a><br /></span> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">« Paysage du Lavandou » de Nicolas de Stael</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a href="http://xxi.ac-reims.fr/ien_st_dizier/arts%20visuels/eedd/paysages/planche%20photos%20paysage.htm"><span style="color: #800080;">http://xxi.ac-reims.fr/ien_st_dizier/arts%20visuels/eedd/paysages/planche%20photos%20paysage.htm</span></a></span></span></p> </div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Jeannine, qui a voulu un nouvel enfant malgré sa mauvaise santé, n’y survit pas. Quelques mois plus tard, il se remarie avec Françoise Chapouton, de dix ans plus jeune que lui. Ils s’installent au fond d’une impasse près du parc Montsouris. <em>« De plus en plus, Staël additionne, accumule, superpose les couches. » – « Sa peinture est une peau. Une peau couturée, entaillée, tailladée. On ne compte plus ses blessures, ses cicatrices et estafilades. Elles constituent secrètement sa beauté. »</em> <em>De la danse</em> (1947), <em><a target="_blank" href="http://www.paperblog.fr/3474914/nicolas-de-stael-peintre-elements-de-biographie-et-quelques-uvres/" title="A voir entre autres sur Paperblog">Jour de fête</a></em> (1948), <em>Rue Gauguet</em> (1949). Staël va jusqu’au bout de soi, est enfin reconnu, surtout aux Etats-Unis. On le catalogue <em>« abstrait »</em>, lui abhorre les étiquettes. <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Char" title="Notice Wikipedia">René Char</a> lui offre de travailler à un recueil avec lui, poésie et peinture à égalité. Succès d'estime, mais pas le triomphe espéré.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><a target="_blank" href="http://mba.dijon.fr/data/pdf/passeurs.pdf" title="Passeurs d'art, sur le site du musée des beaux-arts de Dijon">Pierre Granville</a> lui montre un beau petit cadre vénitien chantourné dont il aimerait faire cadeau à sa femme, demande à Staël de lui faire un bouquet de violettes. Ce sera son premier bouquet de fleurs. Il se tourne vers des motifs plus humbles, quotidiens, des pommes, des bouteilles en verre coloré, peint <em><a target="_blank" href="http://www.vertetplume.com/blog/wp-content/uploads/2010/02/Nicolas-de-Stael-ToitsDeParis-1952.jpg" title="Illustration">Les Toits</a></em> (1951), <em>« aboutissement de dix années de fureur de peindre »</em>, <em>« votre chef-d’œuvre, Staël »</em>, lui dit Bernard Dorival, qui craint de ne pas avoir les fonds pour l’acquérir en faveur du Musée national d’art moderne. Nicolas de Staël le lui offre – <em>« A vous de lui trouver sa juste place. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Vient alors la série du <em><a target="_blank" href="http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-destael/ENS-destael.html" title="Dossier pédagogique du Centre Pompidou pour l’exposition Nicolas de Staël en 2003">Parc des Princes</a></em> et des <em>Footballeurs</em>, après avoir assisté au match France-Suède, premier match international en nocturne à Paris. <em>« Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute invraisemblance »</em>, écrit le peintre à René Char. Les partisans de l’abstraction <em>« se raidissent »</em>, Staël est vilipendé par les puristes. Il se lance dans de <em>« petits paysages des environs de Paris »</em>, puis de Provence, <em>« oscille en permanence entre déprime et exaltation, épuisement et sursaut de vitalité ».</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Chez Suzanne Tézenas, dont les soirées parisiennes sont très courues et qui le soutient, Staël s’engoue pour la musique. A New-York, son exposition est plébiscitée, sa cote monte. Marcelle Braque le met en garde : <em>« Vous avez résisté à la pauvreté, soyez assez fort pour résister à la richesse. »</em> Les Staël – Françoise, Anne, Laurence et Jérôme – passent l’été en Provence à Lagnes dans une magnanerie accueillante, « Lou Roucas », une pause au <em>« Paradis »</em> dont lui a souvent parlé René Char. En 1953,<br /> il réalise son rêve d’acheter une demeure, ce sera « Le Castelet » de Ménerbes. L’année suivante, Françoise accouche de leur troisième enfant, Gustave.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Mais Nicolas est hanté par Jeanne, une amie que Char lui a fait rencontrer, qui lui inspire <em><a target="_blank" href="http://abrideabattue.blogspot.com/2008/07/reponse-lenigme-du-28-juin.html" title="A voir sur "A bride abattue..."">Nu debout</a></em> et <em><a target="_blank" href="http://www.philippetrouvepeintrepoete.net/Univers/Influences/NuOrange.jpg" title="Illustration sur le site consacré à Philippe Trouvé">Grand Nu orange</a></em>. Il peint <em>« comme jamais »</em>, 266 tableaux en 1954. La critique se divise, lui se sent mal, incompris, trop riche, trop exigeant,<br /> voulant à la fois Françoise et Jeanne<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> auprès de lui, abruti de travail – <em>« Je vis un enfer ! »</em></span></span> <span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Il retrouve sa passion de peindre devant <em>Les Ménines</em> de Vélasquez au Prado, rentre en France pour se séparer des siens et s’installe à Antibes où il se retrouve seul, entre ses certitudes et ses doutes. </span></span><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">En mars 1955, il y peint son dernier tableau, <em><a target="_blank" href="http://image.mabulle.com/b/bl/blog.cavesa.ch/aaajuillet/astaelconcert.jpg" title="Illustration sur le blog de Jacques Perrin">Le Concert</a></em>, laisse trois lettres avant de se jeter dans le vide, du haut d'un immeuble.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Laurent Greisalmer, avec <em>Le Prince foudroyé – La vie de Nicolas de Staël</em>, réussit à nous faire ressentir les glissements d’une vie, un demi-siècle d’histoire de l’art, les difficultés d’un artiste en butte à la pauvreté et au doute continuels, les rencontres clés, les amitiés, les amours, les foucades, tout ce qui fait le riche et terrible chemin de la création. On referme ce livre pour regarder mieux peut-être, autrement, en prenant le temps, les œuvres d’un peintre qui n’a jamais voulu tricher avec <a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/02/29/vivre-dans-le-feu.html" title="Vivre dans le feu">le feu intérieur</a>.</span></span></p>
Tania
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Jeux de lumière
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-09-28:3109762
2010-09-28T20:20:00+02:00
2010-09-28T20:20:00+02:00
« Staël est obsédé de peinture. Il est tout entier absorbé, pénétré...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;"><em>« Staël est obsédé de peinture. Il est tout entier absorbé, pénétré par la couleur et l’espace. En parcourant l’Atlas, il s’imprègne des jeux de lumière, découvre les vertus du noir, la splendeur du blanc. Comme <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Michaux" title="Notice Wikipedia">Henri Michaux</a>, il relève que ce sont les ombres qui, dans les pays arabes, recèlent la plus forte part d’émotion, tout à la fois menacées et protégées par la lumière, étranglées et serties par le soleil. »</em></span></span></p> <p><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">Laurent Greilsamer, <em><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2010/09/25/la-passion-de-stael.html" title="La passion de Staël">Le Prince foudroyé – La vie de Nicolas de Staël</a></em></span></p> <div style="text-align: center"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/208420089.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3028291644.jpg" alt="Nicolas de Stael Composition.jpg" name="media-77637" id="media-77637" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <div style="text-align: center"> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;">« Composition » de Nicolas de Stael</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-family: Arial; color: black; font-size: 8pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;"><a href="http://mc.escalier.voila.net/gris.html"><span xml:lang="FR" lang="FR"><span xml:lang="FR" lang="FR" style="mso-ansi-language: FR;"><span style="color: #800080;">http://mc.escalier.voila.net/gris.html</span></span></span></a></span></span></p> <a href="http://mc.escalier.voila.net/gris.html"></a> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> </div>
Tania
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La passion de Staël
tag:textespretextes.blogspirit.com,2010-09-27:3109761
2010-09-27T08:22:00+02:00
2010-09-27T08:22:00+02:00
Rendez-vous manqué avec Nicolas de Staël à Martigny cet été, raison de...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Rendez-vous manqué avec <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Sta%C3%ABl" title="Notice Wikipedia">Nicolas de Staël</a> à <a target="_blank" href="http://www.gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/" title="Rétrospective Nicolas de Staël 1945-1955 à la Fondation Gianadda en 2010">Martigny</a> cet été, raison de plus pour lire <em>Le Prince foudroyé</em>, la biographie que lui a consacrée Laurent Greilsamer en 1998. Le peintre du superbe <em><a target="_blank" href="http://annedijon-art-vie.blogspot.com/2010/05/peinture-nicolas-de-stael.html" title="A voir sur « Art et vie » d’Anne Dijon-Willame">Ciel à Honfleur</a></em> que j’avais admiré à la précédente rétrospective de la Fondation Gianadda impressionnait ses contemporains par sa haute taille (1m 96) et son allure, et surtout par un caractère sans demi-mesures. De quoi alimenter largement mes billets de cette semaine.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2106689568.jpg"><img src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3842475393.jpg" alt="Le Prince foudroyé, couverture du livre de poche.jpg" name="media-77635" id="media-77635" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></a></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Greilsamer remonte d’abord aux sources familiales des Staël von Holstein, de l’Allemagne à la Russie. Nicolas naît à Saint Pétersbourg en 1913, deuxième enfant du vice-commandant de la forteresse Pierre-et-Paul et de Lubov Vladimirovna. <em>« Tel un prince, il est baptisé dans la cathédrale où reposent les dépouilles des tsars. »</em> Bientôt, la révolution est en marche, les hôtels particuliers pillés, incendiés, la famille doit quitter la ville. Lubov parvient à faire établir que les Staël ne sont pas russes mais estoniens, ce qui leur permet l’exil. Après la Pologne, ce sera la Belgique, en octobre 1922.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">La mère de Marina, Nicolas et Olga, avant de mourir à quarante-sept ans, leur a désigné une amie pour tutrice. Celle-ci les confie à la garde des Fricero au 60 de la<br /> rue Stanley à Uccle, <em>« le Neuilly bruxellois »</em>, où ils retrouvent d’autres rejetons de l’aristocratie russe. <em>« Kolia »</em> se rend aux offices orthodoxes, reçoit des cours de russe. Dès 1924, il est élève au collège Saint-Michel, qu’il déteste. Son indiscipline lui vaut deux ans d’internat, <em>« un fiasco »</em> qui se termine par un renvoi. Mis au collège Cardinal-Mercier de Braine-l’Alleud, au sud de Bruxelles, <em>« Nicky »</em> trouve un meilleur équilibre en mêlant sport et études. Il se rêve poète, écrit beaucoup, avant de déclarer : <em>« Je serai peintre ! »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Dans la classe-atelier de dessin de Henri Van Haelen, Staël se fait des camarades. <em>« Entre eux, ses condisciples le surnomment « Le Prince ». La légende d’un aristocrate russe orphelin, abandonné, tombé du ciel telle une météorite, est née. »</em> <a target="_blank" href="http://www.geodevlamynck.com/" title="Site consacré au peintre Géo de Vlamynck">Géo de Vlamynck</a>, professeur anticonformiste, lui ouvre la porte de son atelier, l’engage comme assistant pour une fresque sur l’art du verre dont il a reçu commande pour l’Exposition universelle.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">1935 : quatre mois de rêve, de randonnées en Espagne. Notes, croquis, couleurs, espaces. <em>« J’aime l’Espagne de plus en plus, j’aime le peuple, l’ouvrier, le mendiant. Quelle misère et quels gens sympathiques ! »</em> Les allées et venues ne cesseront plus. A Paris, il rencontre <a target="_blank" href="http://www.lafontaine.net/illustrations/illustrateurs.php?id=78" title="Notice sur lafontaine.net">Rostislas Loukine</a> qui l’initie à l’art des icônes. Première exposition à Bruxelles. Aux Pays-Bas, il étudie Rembrandt et Vermeer. <em>« Sans le sou, il apprend l’art d’emprunter à tous. Endetté chronique, il rend au centuple, ou jamais. »</em> Il veut <em>« voyager et apprendre »</em>, part au Maroc. <em><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>« Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine, c’est une raison pour que je construise mon bateau solidement et ce bateau n’est pas construit »</em>, écrit-il à Emmanuel Fricero, son père adoptif, en 1937. <em>« Je travaille sans cesse et<br /> je crois plutôt que la flamme augmente chaque jour, et j’espère bien mourir avant qu’elle ne baisse. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">C’est au Maroc qu’il croise Jeannine Teslar-Guillou. Elle voyage avec son mari et leur fils Antek, elle a cinq ans de plus que Nicolas, elle peint. Elle se sépare de son mari,<br /> ils ne se quitteront plus. Séjour en Italie, problèmes d’argent. A Paris, Staël s’inscrit à l’Académie d’art contemporain de Fernand Léger. Dans leur cercle d’amis, Jeannine <em>« capte l’attention par ses remarques, son rire et ses calembours. Elle irradie et attire, quand Nicolas intrigue et intimide… »</em>. Il vit complètement absorbé par la peinture, puis c’est la guerre. Il s’enrôle dans la Légion étrangère. Jeannine tombe malade, se réfugie à Nice. Encore des années difficiles. En 1942 naît leur fille Anne.</span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">La rencontre d’<a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alberto_Magnelli" title="Notice Wikipedia">Alberto Magnelli</a> et l’influence de son ami <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Goetz" title="Notice Wikipedia">Henri Goetz</a> produisent un tournant capital : Staël <em>« fait disparaître le sujet sous l’impact de la forme. »</em> Ce n’est pas un rejet de la figuration, mais une <em>« affaire de tripes, d’instinct, de loyauté à l’égard de ses sensations. »</em> Retour à Paris, d’un atelier à l’autre, jusqu’à ce que la marchande de tableaux Jeanne Bucher lui confie les clés d’un hôtel particulier dans le quartier des Batignolles, une chance. Jeannine s’occupe de l’intendance, élève Anne. Antek, douze ans, pourvoit au ravitaillement et à la cuisine. <em>« Staël s’enferme et travaille. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Vie précaire, corps à corps avec la toile. Le 6 janvier 1944, une exposition sans cartons d’invitation attire les plus grands, dont Braque et Picasso, dans une galerie à l’arrière du boulevard de Montparnasse. Un jeune conservateur, <a target="_blank" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Dorival" title="Notice Wikipedia">Bernard Dorival</a>, s’enthousiasme pour Staël : <em>« Vos toiles sont d’une puissance sans réplique. L’autorité de l’exécution fait penser à Courbet. »</em></span></span></p> <p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;">...</p> <p><a target="_blank" href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2106689568.jpg"></a></p>
JMOlivier
http://jolivier.blogspirit.com/about.html
Vie et légende de Marguerite Duras
tag:jolivier.blogspirit.com,2010-07-08:3327477
2010-07-08T15:35:00+02:00
2010-07-08T15:35:00+02:00
Normal 0 0 1 808 4606 Ecrivain 38 9 5656 10.1316...
<p><!--[if gte mso 9]><xml> <o:DocumentProperties> <o:Template>Normal</o:Template> <o:Revision>0</o:Revision> <o:TotalTime>0</o:TotalTime> <o:Pages>1</o:Pages> <o:Words>808</o:Words> <o:Characters>4606</o:Characters> <o:Company>Ecrivain</o:Company> <o:Lines>38</o:Lines> <o:Paragraphs>9</o:Paragraphs> <o:CharactersWithSpaces>5656</o:CharactersWithSpaces> <o:Version>10.1316</o:Version> </o:DocumentProperties> </xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml> <w:WordDocument> <w:Zoom>0</w:Zoom> <w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone> <w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery>0</w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery> <w:DisplayVerticalDrawingGridEvery>0</w:DisplayVerticalDrawingGridEvery> <w:UseMarginsForDrawingGridOrigin /> </w:WordDocument> </xml><![endif]--> <!--StartFragment--></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Cette question, au lieu de l'éviter ou de la repousser avec désinvolture, Laure Adler la place en permanence au centre de son travail. Et c'est ce qui fait l'extrême valeur de sa monumentale biographie (« enquête » devrait-on dire) sur Marguerite Duras. Un travail exemplaire par son ampleur, tout d'abord, car rarement un biographe aura été aussi loin dans l'exploration matérielle d'une existence.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: center; text-indent: 18pt;" align="center"><span style="font-family: Times;"><b>L'élan de l'écriture</b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Mais exemplaire, la recherche de Laure Adler l'est également par son propos, toujours critique, même dans les passages où elle épouse au plus près les méandres d'une vie toute entière consacrée à écrire (c'est-à-dire à l'absence de vie propre, au vertige et au vide). Exemplaire encore par le regard — empreint d'affection, mais toujours vigilant — qu'elle porte à son « sujet », qu'elle nomme tantôt Duras et tantôt Marguerite, dans une étroite distance, qui est celle, par exemple, des bonnes photographies.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Exemplaire, enfin, parce que l'immense travail de Laure Adler, loin de restituer par le détail (et combien de détails !) la vie somme toute banale d'un « grand écrivain » s'attache d'un bout à l'autre de son livre à retrouver l'<i>élan</i></span> <span style="font-family: Times;">(l'origine, la ligne de force) d'une écriture qui, contrairement à ce qu'on croit, se cherche constamment, hésite et doute en permanence d'elle-même, même aux moments de la plus grande notoriété, après le succès de <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">lorsque cette écriture devient quasiment autoparodique.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Comme de toute (bonne) biographie, on est en droit d'attendre de celle de Laure Adler des révélations importantes sur la famille, les attachements affectifs ou idéologiques, les bonnes et les mauvaises fréquentations de Marguerite Duras, femme intenable s'il en fût.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Qu'on se rassure : le livre de Laure Adler — et c'est encore une de ses forces — éclaire d'un jour nouveau plusieurs épisodes de la vie de MD.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">L'enfance indochinoise, en premier lieu, sur laquelle elle a tant écrit, la mère tyrannique, le frère aîné sans cesse occupé à faire le mal et le frère cadet fragile, timide et silencieux (que Marguerite, un jour, initiera aux joies du sexe !). Dans ce carré maudit, où manque essentiellement le père (mort en France, dans le Lot-et-Garonne, près du château de Duras, sans avoir pu revoir les siens), Marguerite est constamment écartelée entre ses frères, comme elle sera écartelée, pendant longtemps, mais bien plus tard, entre deux hommes (Dionys Mascolo et Robert Antelme, par exemple) ou encore deux éditeurs (Gallimard et Minuit). Cette enfance complètement déboussolée (sur laquelle vient se greffer la faillite maternelle, si bien décrite dans <i>Un barrage contre le Pacifique</i></span><span style="font-family: Times;">), Laure Adler en restitue à la fois la couleur et la tristesse, immense et silencieuse. Au passage, elle nous livre un portrait de l'« amant chinois », petit et laid, le visage creusé par la petite vérole, qui ne ressemble guère au portrait fortement idéalisé que trace MD dans <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">ni surtout au <i>top model</i></span> <span style="font-family: Times;">que Jean-Jacques Annaud a cru bon d'engager dans le film éponyme !</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: center; text-indent: 18pt;" align="center"><span style="font-family: Times;"><b>Paris, l'occupation</b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Marguerite Duras a dix-neuf ans quand elle débarque à Paris, fraîche émoulue de l'Indochine. La même année, Hitler accède au pouvoir en Allemagne. Après des études de droit (brillantes et appliquées), elle entre au ministère des Colonies comme auxilliaire. C'est d'ailleurs dans le cadre de ce ministère qu'elle publiera, en avril 1940, avec son collègue Philippe Roques, son premier livre, <i>L'Empire français,</i></span> <span style="font-family: Times;">un essai « militant » qui doit apprendre à chaque Français qu'il possède des colonies dont il peut s'enorgueillir ! Bien entendu, MD effacera ce premier livre de toutes ses bibliographies futures.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Impossible, faute de place, de revenir sur l'extraordinaire amitié-amour qui reliait MD à son mari Robert Antelme (miraculé des camps, que François Mitterrand est allé sauver de la mort) et à son amant Dionys Mascolo (dont elle a eu un fils, Jean, à la fin de la guerre). Impossible aussi de rendre avec toute l'ambivalence nécessaire l'attitude de MD pendant la guerre : travaillant pour un Comité du Livre étroitement surveillé par les Allemands et, en même temps, servant de boîte aux lettres et de messagère pour les membres de la résistance. Sachez seulement que Laure Adler n'occulte aucune pièce du dossier, ni les plus glorieuses, ni les plus accablantes.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Après la guerre, MD poursuit une trajectoire si singulière (elle n'appartient à aucun <i>groupe,</i></span> <span style="font-family: Times;">elle se brouille avec tout le monde) que sa vie toute entière sera portée par l'écriture. Son seul soutien, entre deux hommes qui la quittent ou la trompent, sera l'alcool, qui l'aidera à achever ses livres, et qui a pris, comme elle aime à le dire, la place d'un Dieu qui n'existe pas. Là encore, la biographe restitue avec fidélité, dans une juste distance, cette traversée périlleuse de la langue, que MD marquera à jamais de son empreinte.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Le succès, tard venu et écrasant, n'arrivera qu'avec <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">en 1984, livre qu'elle n'aimait pas et qu'elle tentera de récrire plusieurs fois. La suite on la connaît, comme la fin, d'ailleurs, dans le silence et la maladie, car l'écrivain, au terme de sa vie, a décidé de tout rendre public, dans une sorte d'exhibitionnisme forcené et un peu pitoyable.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">« <i>Même morte, je continuerai à écrire</i></span> <span style="font-family: Times;">» menaçait la Duras qui aimait à jouer les sorcières. Avec l'immense quantité de documents qu'elle a légués à l'IMEC (pas moins de seize cartons !), il se peut bien, en effet, qu'on n'ait pas fini de la lire. Car avec Marguerite Duras, on n'en a jamais fini !</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: right; text-indent: 18pt;" align="right"><span style="font-family: Times;"><b><!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--></b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><b><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><b>* Laure Adler, <i>Marguerite Duras,</i></b></span> <span style="font-family: Times;"><b>Biographies-Gallimard, 1998.</b></span></p> <!--EndFragment--><p><img src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/00/855742186.jpeg" id="media-59724" alt="images-7.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /> <!--[if gte mso 9]><![endif]--> <!--StartFragment--></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Rarement, dans la littérature française, un écrivain aura mêlé à ce point — jusqu'à les rendre indiscernables — sa vie et son œuvre. Comment faire la part du témoignage « vécu », du fantasme ou de l'imagination pure dans l'œuvre de Marguerite Duras, passée maîtresse, on le sait, en fabulations de toute sorte, jusqu'à faire de sa vie une parodie de son écriture ? Laure Adler réussit cet incroyable tour de force*.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">D'abord une question, qui n'est pas une critique, ni même un procès d'intention : à quoi bon consacrer une biographie à un écrivain qui, d'avance, rejette toute explication biographique de son œuvre et déclare par exemple ceci : « <i>Pourquoi écrit-on sur les écrivains ? Leurs livres devraient suffire.</i></span> <span style="font-family: Times;">» ?</span></p> <!--EndFragment-->
Edouard
http://blogres.blogspirit.com/about.html
Vie et légende de Marguerite Duras
tag:blogres.blogspirit.com,2010-07-08:3323918
2010-07-08T09:39:00+02:00
2010-07-08T09:39:00+02:00
Normal 0 0 1 746 4257 Ecrivain 35 8 5227 10.1316...
<p><!--[if gte mso 9]><xml> <o:DocumentProperties> <o:Template>Normal</o:Template> <o:Revision>0</o:Revision> <o:TotalTime>0</o:TotalTime> <o:Pages>1</o:Pages> <o:Words>746</o:Words> <o:Characters>4257</o:Characters> <o:Company>Ecrivain</o:Company> <o:Lines>35</o:Lines> <o:Paragraphs>8</o:Paragraphs> <o:CharactersWithSpaces>5227</o:CharactersWithSpaces> <o:Version>10.1316</o:Version> </o:DocumentProperties> </xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml> <w:WordDocument> <w:Zoom>0</w:Zoom> <w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone> <w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery>0</w:DisplayHorizontalDrawingGridEvery> <w:DisplayVerticalDrawingGridEvery>0</w:DisplayVerticalDrawingGridEvery> <w:UseMarginsForDrawingGridOrigin /> </w:WordDocument> </xml><![endif]--> <!--StartFragment--></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Mais exemplaire, la recherche de Laure Adler l'est également par son propos, toujours critique, même dans les passages où elle épouse au plus près les méandres d'une vie toute entière consacrée à écrire (c'est-à-dire à l'absence de vie propre, au vertige et au vide). Exemplaire encore par le regard — empreint d'affection, mais toujours vigilant — qu'elle porte à son « sujet », qu'elle nomme tantôt Duras et tantôt Marguerite, dans une étroite distance, qui est celle, par exemple, des bonnes photographies.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Exemplaire, enfin, parce que l'immense travail de Laure Adler, loin de restituer par le détail (et combien de détails !) la vie somme toute banale d'un « grand écrivain » s'attache d'un bout à l'autre de son livre à retrouver l'<i>élan</i></span> <span style="font-family: Times;">(l'origine, la ligne de force) d'une écriture qui, contrairement à ce qu'on croit, se cherche constamment, hésite et doute en permanence d'elle-même, même aux moments de la plus grande notoriété, après le succès de <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">lorsque cette écriture devient quasiment autoparodique.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Comme de toute (bonne) biographie, on est en droit d'attendre de celle de Laure Adler des révélations importantes sur la famille, les attachements affectifs ou idéologiques, les bonnes et les mauvaises fréquentations de Marguerite Duras, femme intenable s'il en fût.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Qu'on se rassure : le livre de Laure Adler — et c'est encore une de ses forces — éclaire d'un jour nouveau plusieurs épisodes de la vie de MD.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">L'enfance indochinoise, en premier lieu, sur laquelle elle a tant écrit, la mère tyrannique, le frère aîné sans cesse occupé à faire le mal et le frère cadet fragile, timide et silencieux (que Marguerite, un jour, initiera aux joies du sexe !). Dans ce carré maudit, où manque essentiellement le père (mort en France, dans le Lot-et-Garonne, près du château de Duras, sans avoir pu revoir les siens), Marguerite est constamment écartelée entre ses frères, comme elle sera écartelée, pendant longtemps, mais bien plus tard, entre deux hommes (Dionys Mascolo et Robert Antelme, par exemple) ou encore deux éditeurs (Gallimard et Minuit). Cette enfance complètement déboussolée (sur laquelle vient se greffer la faillite maternelle, si bien décrite dans <i>Un barrage contre le Pacifique</i></span><span style="font-family: Times;">), Laure Adler en restitue à la fois la couleur et la tristesse, immense et silencieuse. Au passage, elle nous livre un portrait de l'« amant chinois », petit et laid, le visage creusé par la petite vérole, qui ne ressemble guère au portrait fortement idéalisé que trace MD dans <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">ni surtout au <i>top model</i></span> <span style="font-family: Times;">que Jean-Jacques Annaud a cru bon d'engager dans le film éponyme !</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: center; text-indent: 18pt;" align="center"><span style="font-family: Times;"><b>Paris, l'occupation</b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Marguerite Duras a dix-neuf ans quand elle débarque à Paris, fraîche émoulue de l'Indochine. La même année, Hitler accède au pouvoir en Allemagne. Après des études de droit (brillantes et appliquées), elle entre au ministère des Colonies comme auxilliaire. C'est d'ailleurs dans le cadre de ce ministère qu'elle publiera, en avril 1940, avec son collègue Philippe Roques, son premier livre, <i>L'Empire français,</i></span> <span style="font-family: Times;">un essai « militant » qui doit apprendre à chaque Français qu'il possède des colonies dont il peut s'enorgueillir ! Bien entendu, MD effacera ce premier livre de toutes ses bibliographies futures.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Impossible, faute de place, de revenir sur l'extraordinaire amitié-amour qui reliait MD à son mari Robert Antelme (miraculé des camps, que François Mitterrand est allé sauver de la mort) et à son amant Dionys Mascolo (dont elle a eu un fils, Jean, à la fin de la guerre). Impossible aussi de rendre avec toute l'ambivalence nécessaire l'attitude de MD pendant la guerre : travaillant pour un Comité du Livre étroitement surveillé par les Allemands et, en même temps, servant de boîte aux lettres et de messagère pour les membres de la résistance. Sachez seulement que Laure Adler n'occulte aucune pièce du dossier, ni les plus glorieuses, ni les plus accablantes.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Après la guerre, MD poursuit une trajectoire si singulière (elle n'appartient à aucun <i>groupe,</i></span> <span style="font-family: Times;">elle se brouille avec tout le monde) que sa vie toute entière sera portée par l'écriture. Son seul soutien, entre deux hommes qui la quittent ou la trompent, sera l'alcool, qui l'aidera à achever ses livres, et qui a pris, comme elle aime à le dire, la place d'un Dieu qui n'existe pas. Là encore, la biographe restitue avec fidélité, dans une juste distance, cette traversée périlleuse de la langue, que MD marquera à jamais de son empreinte.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Le succès, tard venu et écrasant, n'arrivera qu'avec <i>L'amant,</i></span> <span style="font-family: Times;">en 1984, livre qu'elle n'aimait pas et qu'elle tentera de récrire plusieurs fois. La suite on la connaît, comme la fin, d'ailleurs, dans le silence et la maladie, car l'écrivain, au terme de sa vie, a décidé de tout rendre public, dans une sorte d'exhibitionnisme forcené et un peu pitoyable.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">« <i>Même morte, je continuerai à écrire</i></span> <span style="font-family: Times;">» menaçait la Duras qui aimait à jouer les sorcières. Avec l'immense quantité de documents qu'elle a légués à l'IMEC (pas moins de seize cartons !), il se peut bien, en effet, qu'on n'ait pas fini de la lire. Car avec Marguerite Duras, on n'en a jamais fini !</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: right; text-indent: 18pt;" align="right"><span style="font-family: Times;"><b><!--[if !supportEmptyParas]--><!--[endif]--></b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><b><!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]--></b></span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;"><b>* Laure Adler, <i>Marguerite Duras,</i></b></span> <span style="font-family: Times;"><b>Biographies-Gallimard, 1998.</b></span></p> <!--EndFragment--><p><img src="http://blogres.blogspirit.com/media/02/01/855742186.jpeg" id="media-59725" alt="images-7.jpeg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" /> <!--[if gte mso 9]><![endif]--> <!--StartFragment--></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><b>par Jean-Michel Olivier</b></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Rarement, dans la littérature française, un écrivain aura mêlé à ce point — jusqu'à les rendre indiscernables — sa vie et son œuvre. Comment faire la part du témoignage « vécu », du fantasme ou de l'imagination pure dans l'œuvre de Marguerite Duras, passée maîtresse, on le sait, en fabulations de toute sorte, jusqu'à faire de sa vie une parodie de son écriture ? Laure Adler réussit cet incroyable tour de force*.</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">D'abord une question, qui n'est pas une critique, ni même un procès d'intention : à quoi bon consacrer une biographie à un écrivain qui, d'avance, rejette toute explication biographique de son œuvre et déclare par exemple ceci : « <i>Pourquoi écrit-on sur les écrivains ? Leurs livres devraient suffire.</i></span> <span style="font-family: Times;">» ?</span></p> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 18pt;"><span style="font-family: Times;">Cette question, au lieu de l'éviter ou de la repousser avec désinvolture, Laure Adler la place en permanence au centre de son travail. Et c'est ce qui fait l'extrême valeur de sa monumentale biographie (« enquête » devrait-on dire) sur Marguerite Duras. Un travail exemplaire par son ampleur, tout d'abord, car rarement un biographe aura été aussi loin dans l'exploration matérielle d'une existence.</span></p> <!--EndFragment-->
BlueGrey
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Séraphine, La vie rêvée de Séraphine de Senlis – Françoise Cloarec [2008]
tag:descaillouxpleinleventre.blogspirit.com,2010-04-01:1915238
2010-04-01T11:17:00+02:00
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Des toiles grands formats où fruits et fleurs...
<p style="text-align: justify;"><img name="media-16077" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" alt="5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px" id="media-16077" /> <img name="media-16077" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" alt="5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px" id="media-16077" /> <img name="media-16077" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" alt="5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px" id="media-16077" /> <img src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/%C3%A9toile%20p%C3%A2le.gif" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px" id="media-16077" name="media-16077" /> <img src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/%C3%A9toile%20p%C3%A2le.gif" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px" id="media-16077" name="media-16077" /></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><img src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/00/01/990071849.gif" id="media-470038" alt="Séraphine.gif" style="border-width: 0; float: left; margin: 1em 0.3em 0em 0;" name="media-470038" />Des toiles grands formats où fruits et fleurs s'épanouissent en bouquets somptueux et lumineux, chatoyants, flamboyants, foisonnants ; des couleurs triomphantes, des formes surtravaillées, superposées ; du tacheté, du rayé, du bariolé... On dirait que ça ondule, que ça vibre, que ça grouille ! Des rinceaux de marguerites entremêlées, des feuilles et plumes comme des yeux ornés de cils, des arbres de vie puissamment dressés vers le ciel... Des tableaux floraux, tous dédiés à la Vierge ou à Dieu. Car tout a commencé par un ordre. Impératif. Venu de la Vierge, ou d'un ange, la version varie. Mais c'est ainsi qu'a débuté l'aventure de la peinture pour Séraphine de Senlis...</p> <p style="text-align: justify;">Né en 1864, pauvre, orpheline, bonne pendant 20 ans chez les sœurs, Séraphine Louis est ensuite domestique dans des familles bourgeoises de Senlis. C'est à 42 ans que, cédant à la voix de la Vierge, elle commence à peindre, en cachette, vivant de ménages le jour (ses « travaux noirs ») et peignant la nuit (ses « travaux de couleur »), tout en priant, récitant des psaumes et chantant des cantiques. Or, le hasard veut qu'elle se trouve placée comme femme de ménage chez le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, qui défendit très tôt Picasso, Braque et, surtout, révéla la peinture dite naïve du Douanier Rousseau. L'homme d'art devient le mécène de Séraphine : il lui achète toile et matériel, et la protège, malgré la guerre ou l'exil. Un soutien qui cessera lorsque Uhde, appauvri par la crise économique, ne peut plus l'aider : Séraphine se sent alors abandonnée, perd la raison, et est internée (en 1931) jusqu'à sa mort, en 1942.</p> <p style="text-align: justify;">La biographie que lui consacre Françoise Cloarec, peintre et psychanalyste, est plaisante : elle se lit vite et facilement. Mais le livre reste léger, presque superficiel, et laisse beaucoup des zones d'ombre. Il ne fait qu'effleurer, par touches, par suggestions, la complexité du personnage, contrasté, où se mêlent l'inspiration, l'exaltation, la froidure de l'isolement, de la solitude et de l'incompréhension, et enfin la démence... Car on sait finalement peu de chose de Séraphine, et cette biographie manque un peu d'étoffe. On y apprend tout de même certaines petites choses, sur le contexte artistique (l'émergence et la reconnaissance de l'art « naïf » ou « brut ») et historique (la condition catastrophique des asiles durant la seconde guerre mondiale), mais Séraphine, elle, reste insaisissable...</p> <p style="text-align: justify;">______________________________</p> <p style="text-align: left;">Françoise Cloarec, <i>Séraphine, La vie rêvée de Séraphine de Senlis</i>, éd. Phébus, 2008, 172 pages, 12 €.</p> <div style="text-align: center"><img src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/02/01/1017519041.gif" id="media-470057" alt="Seraphine_toiles.gif" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" name="media-470057" /></div>
BlueGrey
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Courir – Jean Echenoz [2008]
tag:descaillouxpleinleventre.blogspirit.com,2009-11-18:1854617
2009-11-18T09:30:00+01:00
2009-11-18T09:30:00+01:00
Il n'y eut qu'un homme, des années durant, capable de...
<p style="text-align: justify;"><img id="media-16077" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" alt="5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" name="media-16077" /> <img id="media-16077" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/01/02/5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" alt="5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif" name="media-16077" /> <img id="media-16077" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/%C3%A9toile%20p%C3%A2le.gif" name="media-16077" /> <img id="media-16077" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/%C3%A9toile%20p%C3%A2le.gif" name="media-16077" /> <img id="media-16077" style="float: left; margin: 0em 0em 0em 0px; border-width: 0px;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/images/%C3%A9toile%20p%C3%A2le.gif" name="media-16077" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><img id="media-423042" style="border-width: 0; float: left; margin: 1em 0.3em 0em 0;" src="http://descaillouxpleinleventre.blogspirit.com/media/02/02/1958034320.gif" alt="courir.gif" />Il n'y eut qu'un homme, des années durant, capable de courir aussi vite, aussi longtemps, aussi loin. Dans les années 1950, il fut le détenteur de 4 titres olympiques et de 18 records du monde ! Emil Zátopek ! <a href="https://lecridulezard.fr/2016/10/28/roman-courir-jean-echenoz/"><strong><em>Découvrir la suite...</em></strong></a></p>
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Le Boss, il n'y en a qu'un :-)
tag:jm-oullion.blogspirit.com,2009-07-20:1797396
2009-07-20T01:37:00+02:00
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<div style="text-align: center"><a target="_blank" href="http://jm-oullion.blogspirit.com/media/02/01/530277385.jpg"><img name="media-382747" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" alt="The Boss.jpg" id="media-382747" src="http://jm-oullion.blogspirit.com/media/02/01/951674132.jpg" /></a></div> <div style="text-align: center"><i>Cliquez pour agrandir la photo</i></div>
Tania
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Tempo
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-03-14:3109439
2009-03-14T08:15:00+01:00
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« Comme le danseur, dont le corps a si bien apprivoisé la musique...
<p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE"><em>« Comme le danseur, dont le corps a si bien apprivoisé la musique qu’il la suit tout en la dominant, marquant les accents et jouant avec le tempo, entre anticipation et retard, pour donner au rythme un relief que l’on ne soupçonnait pas, l’écrivain, esclave semi-consentant du temps, se soumet à la chronologie, à la logique du temps, tout en la domptant. La lecture se déroule, mais seul le poète est maître de la lecture. On aurait tort de croire que le rythme de lecture dépend du lecteur, de son acuité visuelle ou de ses talents intellectuels, le rythme est, par avance, défini par la main qui écrit. »</em></span></span> </p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">Geneviève Brisac, Agnès Desarthe, <em><a title="Virginia, Mrs W." href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/03/02/virginia-mrs-w.html" target="_blank">La double vie de Virginia Woolf</a></em></span></span></p><div style="text-align: center;"><div style="text-align: center;"><span style="font-family: Times New Roman;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2071089621.jpg" target="_blank"><img id="media-49318" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/455234272.jpg" alt="Deux danseuses.jpg" name="media-49318" /></a></span></div></div>
Tania
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Virginia, Mrs W.
tag:textespretextes.blogspirit.com,2009-03-12:3109438
2009-03-12T08:25:00+01:00
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Ni biographie classique ni monographie critique, La double vie de...
<p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">Ni biographie classique ni monographie critique, <em>La double vie de Virginia Woolf</em> (2004) se veut une entrée à la fois vers la femme et vers l’écrivain. Geneviève <a title="Biographie sur son site" href="http://www.genevievebrisac.com/bio.htm" target="_blank">Brisac</a> et Agnès <a title="Biographie sur son site" href="http://www.agnesdesarthe.com/bio.htm" target="_blank">Desarthe</a> ne cachent pas leur sympathie pour celle qui <em>« ne cessa de penser sa place parmi les autres, une femme au milieu des autres femmes ».</em> Elles ont lu et relu ses romans, essais, lettres, nouvelles et son <em>Journal</em> pour en nourrir ce portrait de <a title="Virginia Woolf Society of Great Britain" href="http://www.virginiawoolfsociety.co.uk/" target="_blank">Virginia Woolf</a> et amener leurs lecteurs à l’œuvre elle-même. Elles ont à cœur de dégager sa personnalité des qualificatifs péjoratifs – puritaine, dépressive, bourgeoise, narcissique – et de mettre en valeur l’artiste drôle, perspicace, imprévisible, sensuelle, travailleuse, plus proche de nous que certains ne l’imaginent..</span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE"><em>Une esquisse du passé</em> évoque St Ives, en Cornouailles, où la famille Stephen passait ses vacances : <em>« Si j’étais peintre, je rendrais ces premières impressions en jaune pâle, argent et vert. »</em> (V. W.) - <em>« Mais non</em>, commentent ses biographes, <em>elle est écrivain, c’est-à-dire qu’elle croit possible de faire ressentir des émotions à un lecteur en lui décrivant des choses impossibles à peindre, des gens impossibles à comprendre, des faits impossibles à expliquer, des souvenirs oubliés. » </em>Le paradis de l’enfance prend fin en 1895, quand elle a treize ans. Julia, sa mère, meurt. Virginia en sera obsédée jusqu’à l’âge de quarante-quatre ans, où elle s'inspire d'elle pour la lumineuse figure de Mrs. Ramsay dans <em>La promenade au phare</em>.</span></span></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: Times New Roman;"><img id="media-49316" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2305863135.JPG" alt="Virginia Woolf par Roger Fry.JPG" name="media-49316" /></span></div><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE"><a href="http://kissing.wordpress.com/2008/09/17/on-being-ill-book-review/"><span style="color: #800080;">http://kissing.wordpress.com/2008/09/17/on-being-ill-book-review/</span></a></span></div><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">Quant à son père, elle note dans son <em>Journal</em> en 1928 : <em>« Père aurait eu quatre-vingt-seize ans. Quatre-vingt-seize ans. Mais Dieu merci, il ne les a pas eus. Sa vie aurait absorbé toute la mienne. Que serait-il arrivé ? Je n’aurais pas écrit, pas un seul livre. Inconcevable. »</em> Intellectuel remarquable, <a title="Père et fille, une photographie" href="http://images.google.com/imgres?imgurl=http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/55/Virginia_Woolf_with_her_father,_Sir_Leslie_Stephen.jpg&imgrefurl=http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Virginia_Woolf_with_her_father,_Sir_Leslie_Stephen.jpg&usg=__1x8EhfKOL5JLOLR9TMdIc2E0a14=&h=283&w=402&sz=19&hl=fr&start=2&um=1&tbnid=SIWqL5e_-c-N2M:&tbnh=87&tbnw=124&prev=/images%3Fq%3Dleslie%2Bstephen%26um%3D1%26hl%3Dfr%26rls%3Dcom.microsoft:fr-be:IE-SearchBox%26rlz%3D1I7ADBF%26sa%3DN" target="_blank">Leslie Stephen</a> était un parfait homme du monde en public, mais un tyran égocentrique pour les siens.</span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE"><em>« Bloomsbury, ce sont avant tout les jeudis de Bloomsbury, ou la vie légère et palpitante des sœurs Stephen après la mort de leur père en 1904 et jusqu’au mariage de Vanessa avec ledit Clive Bell, en 1907. »</em> Une vie d’étudiants – sa<br /> sœur et elle n’ont pas eu accès aux études, il en sera question dans <em>Une chambre à soi</em> –, grâce aux amis de leur frère Thoby : <a title="Autoportrait" href="http://images.google.com/imgres?imgurl=http://www.modern-humanities.info/people/portraits/Roger%2520Fry%2520(Self%2520Portrait).jpg&imgrefurl=http://www.modern-humanities.info/people/Fry_Roger.htm&usg=__ZywhsSSDW0j3BWLuB0NC1KFi9lY=&h=363&w=309&sz=33&hl=fr&start=1&um=1&tbnid=WWvHUhnhyStP8M:&tbnh=121&tbnw=103&prev=/images%3Fq%3Droger%2Bfry%26um%3D1%26hl%3Dfr%26lr%3Dlang_fr%26rls%3Dcom.microsoft:fr-be:IE-SearchBox%26rlz%3D1I7ADBF%26sa%3DN" target="_blank">Roger Fry</a>, <a title="Autoportrait" href="http://www.google.com/imgres?imgurl=http://www.nationalgalleries.org/media_collection/6/PG%25202459.jpg&imgrefurl=http://www.nationalgalleries.org/collection/online_az/4:322/result/0/2606%3Finitial%3DG%26artistId%3D3465%26artistName%3DDuncan%2520Grant%26submit%3D1&h=715&w=540&sz=145&tbnid=guodeGnNqDJfbM::&tbnh=140&tbnw=106&prev=/images%3Fq%3Dduncan%2Bgrant&usg=__pZl-xMY43zhQGmhmuRjdiBQdAbc=&ei=B--rSePABMTj-AaG34SwAg&sa=X&oi=image_result&resnum=3&ct=image&cd=1" target="_blank">Duncan Grant</a>, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Morgan_Forster" target="_blank">Morgan Forster</a>, <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Maynard_Keynes" target="_blank">Maynard Keynes,</a> et puis <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Leonard_Woolf" target="_blank">Leonard Woolf</a>, qui épouse Virginia en 1912. <em>« Dix ans plus tôt, elle avait confié à son amie Emma Vaughan : « La seule chose qui compte en ce monde, c’est la musique – la musique, les livres et un ou deux tableaux. » »</em></span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">La <a title="Maison d'édition des Woolf, notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hogarth_Press" target="_blank">Hogarth Press</a>, œuvre commune de Virginia qui écrit et de Leonard qui lit, leur<br /> sera <em>« un irremplaçable instrument de liberté ».</em> Sans les pressions d’un éditeur extérieur, stimulée par les encouragements de son mari, Virginia Woolf peut voler de ses propres ailes vers une nouvelle forme romanesque qui brise avec les convenances du roman victorien. En poète, elle cherche à restituer l’impression, la vision. Lily Briscoe, la peintre de <em>La promenade au phare</em>, l’exprime ainsi : <em>« Si seulement elle pouvait les assembler, les coucher par écrit dans quelque phrase, alors elle aurait atteint la vérité des choses. »</em></span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">Mrs Woolf se promène, rend visite, reçoit, correspond. <em>« Otez-moi l’amour que j’ai pour les amis, l’urgence dévorante qui m’attire vers la vie humaine, ce qu’elle a d’attirant et de mystérieux, et je ne serai plus qu’une fibre incolore que l’on pourrait jeter comme n’importe quelle déjection. »</em> (Lettre à <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ethel_Smyth" target="_blank">Ethel Smyth</a>) <em>« Pourquoi restons-nous muets comme des carpes, paralysés par la stupeur, alors qu’il n’y a rien de plus important au monde que notre commun besoin d’affection et d’admiration ? »</em> (Lettre à <a title="Une lettre à propos de Mrs Dalloway" href="http://ghislainedunant.com/site/zoom-ecrit.php?texte_id=28&type=2" target="_blank">Philip Morrell</a>)</span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">Geneviève Brisac et Agnès Desarthe s’attardent sur les œuvres majeures, <em>Mrs Dalloway</em>, <em>Les Vagues</em>, sur les lectures incessantes – Proust, <em>« le grand interlocuteur ».</em> Bien sûr, aussi sur les essais, <em>Une chambre à soi</em> et <em>Trois guinées</em>, où elle examine la condition des femmes et leurs rapports avec les hommes pour qui elles sont, <em>« depuis des millénaires, d’indispensables miroirs grossissants »</em>, pourvoyeuses d’énergie vitale.</span></span></p><p><span style="font-family: Times New Roman;"><span style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE" xml:lang="FR-BE">La mort de son neveu Julian Bell à la guerre d’Espagne, en 1937, réveille le souvenir de son frère Thoby, emporté par une typhoïde en 1906. La guerre entre pour de bon dans la vie de Virginia Woolf. Les accès de dépression, d’épuisement, la peur de la folie, lui font abandonner la lutte en mars 1941. « <em>Seule dans un monde hostile »</em> dit Rhoda, l’une des voix qui se croisent dans <em>Les Vagues.</em></span></span></p>
Tania
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La passion Claudel
tag:textespretextes.blogspirit.com,2008-11-27:3109387
2008-11-27T08:27:00+01:00
2008-11-27T08:27:00+01:00
Camille Claudel (1864 – 1943) est connue du grand public depuis les années...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Camille Claudel (1864 – 1943) est connue du grand public depuis les années ‘80, grâce à <em>Une femme Camille Claudel</em> d’Anne Delbée (1981), puis au livre de sa petite-nièce Reine-Marie Paris (1984), <em>« avertie du destin de sa grand-tante non pas par son grand-père ni par sa mère, mais par un ami amateur d’art »</em>. En 1989, Bruno Nuytten filme Adjani, superbe dans le rôle de l’artiste, face à Depardieu en Rodin, une rareté au cinéma peu tourné vers la sculpture.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;"><a title="Notice sur l'auteur" href="http://prixrenaudot.free.fr/bona.htm" target="_blank" rel="noopener">Dominique Bona</a> renouvelle l’approche de cette destinée dans une biographie parallèle de la sœur et du frère, <em>Camille et Paul - La passion Claudel</em> (2006). Après son remarquable <em>Berthe Morisot - Le secret de la femme en noir</em> (2000), elle évoque ici l’affection entre deux fortes personnalités très tôt vouées à l’art, et puis le terrible éloignement qui va laisser Camille seule, à l’asile, pendant trente ans, sans personne<br />de sa famille à sa mort ni à son enterrement. Même pas une tombe à la mémoire de la sculptrice, laissée à la fosse commune.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><img id="media-45032" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/802326439.jpg" alt="Camille Claudel, Jeune Romain ou mon frère à seize ans.jpg" name="media-45032" /></span></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Paul Claudel : <em>« On était les Claudel, dans la conscience tranquille et indiscutable d’une espèce de supériorité mystique. »</em> Camille est née en décembre, Paul en août quatre ans plus tard, Louise entre-temps. A la maison, l’ambiance est détestable. Beaucoup de disputes. La mère est sèche et sévère (sauf avec sa fille cadette), le père taciturne. <em>« Ce qui manque au foyer des Claudel, c’est la joie. (…) Aucune espèce d’insouciance ne lève jamais la chape d’un monde où même les enfants sont graves. »</em> Fonctionnaire à l’enregistrement, le père déménage régulièrement. C’est à treize ans que Camille suit ses premiers cours de sculpture, avec Alfred Boucher. Le petit Paul, comme elle l'appelle, adore marcher, et aussi lire : «<em> Quand la lecture entre dans sa vie, elle ne le lâche plus. »</em> Entre le frère et la sœur, qui s’aiment beaucoup, elle sera une passion partagée.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">La première oeuvre marquante de Camille, c’est un <em>Paul Claudel à treize ans</em> (1881). La famille vit alors à Paris : Paul va au lycée Louis-le-Grand, Camille à l’atelier Colarossi. Travail avec d'autres jeunes filles, visite des musées, liberté nouvelle, Paris exalte Camille. Paul, lui, déteste la ville. Rebelle au kantisme régnant,<br />il préfère lire Baudelaire. La sœur et le frère, « les Claudel », se soutiennent l’un l’autre, passent leurs vacances ensemble, voyagent en tête à tête.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Quand Camille entre à l’atelier de Rodin, elle n'a pas encore dix-huit ans, lui en a quarante-deux. On travaille beaucoup chez Rodin. Douée, Camille se voit confier des mains, des pieds, devient bientôt une praticienne du maître. Paul s’inscrit à Sciences-Po ; il veut voir du pays, traverser des mers – <em>« Fuir ! Là-bas, fuir ! »</em> (ensemble, ils fréquentent pendant des années les mardis de Mallarmé). </span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">1886. Paul est ébloui par les <em>Illuminations</em> de Rimbaud, qui devient « la référence absolue ». Cette même année, à Notre-Dame de Paris,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> le Magnificat chanté par des voix d’enfants à la messe de Noël le submerge. Une inscription au sol de la cathédrale garde le souvenir de sa conversion. Foi et poésie pour l’un, Art et amour pour l’autre, leurs chemins se séparent. Quai d’Orsay,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span> Amérique, Chine, … Le poète-diplomate ne cesse d’être ailleurs et d’y nourrir son <a title="L'oeuvre de Paul Claudel" href="http://www.paul-claudel.net/oeuvre/arbre.html" target="_blank" rel="noopener">œuvre</a>.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><div style="text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><img id="media-45033" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/730682575.jpg" alt="Camille Claudel, Causeuses (onyx).jpg" name="media-45033" /></span></div><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Camille quitte l’atelier de Rodin en 1892. Dans l’onyx, elle sculpte ses <em>Causeuses</em>, ne vit que pour son art, et un temps, dans l’amour de Rodin. Mais elle n’est pas partageuse et lui ne veut pas se séparer de Rose Beuret. C’est la rupture. <em>L’âge mûr</em> l'évoque, même si on ne peut réduire ce <a title="Photo sur le site de la Tribune de l'art" href="http://images.google.com/imgres?imgurl=http://www.latribunedelart.com/Expositions/Expositions_2008/Claudel_Age_Mur.jpg&imgrefurl=http://www.latribunedelart.com/Expositions/Expositions_2008/Claudel_Age_Mur.htm&usg=__OYfGbq9zG-Sh-XkLhzqucgPrnr8=&h=486&w=646&sz=42&hl=fr&start=1&um=1&tbnid=ysNWvp_-ExsRmM:&tbnh=103&tbnw=137&prev=/images%3Fq%3DL%2527%25C3%25A2ge%2Bmur%2Bclaudel%26um%3D1%26hl%3Dfr%26rls%3Dcom.microsoft:fr-be:IE-SearchBox%26rlz%3D1I7ADBF%26sa%3DN" target="_blank" rel="noopener">chef-d’oeuvre</a> à l’anecdote : une jeune femme à genoux implore un homme entraîné par une vieillarde. Dominique Bona fait revivre les heures créatrices de Camille, ses difficultés, ses réussites, celles de Paul en alternance. <span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">L’éclairage biographique passe de l’un à l’autre avec la même attention.</span> Lui aussi est déchiré par l’amour : Rosalie Vetch, mariée, l’a aimé puis quitté, bien qu’enceinte de lui, pour un autre. <em><a title="Résumé de la pièce" href="http://www.paul-claudel.net/oeuvre/partage.html" target="_blank" rel="noopener">Partage de Midi</a></em>. Vie, douleur et création.</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Puis viennent les années terribles. Délire de persécution. Camille voit partout la « bande à Rodin » qui cherche à lui nuire. Son père, qui l’a toujours aidée, meurt. Une semaine plus tard, à quarante-huit ans, Camille, souffrant de paranoïa, est enfermée à l’asile. Quand elle va mieux, sa mère refuse de l’accueillir. Elle paie sa pension mais ne veut plus la voir. Pire, elle interdit toute correspondance ou visite qui ne soit pas de sa famille proche. Sa sœur verra Camille une seule fois, Paul quatorze - en trente ans, dix-sept visites seulement !</span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><span style="font-family: Times New Roman;">Il faut lire là-dessus <em>La robe bleue</em>, le beau <a title="Lecture d'Alain Jean-André pour les Chroniques de la Luxiotte" href="http://www.luxiotte.net/liseurs/livres2005a/desbordes1.htm" target="_blank" rel="noopener">roman</a> de Michèle Desbordes (2004), qui s’inspire d’une photographie<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>de Camille prise en 1929 à l’asile de Montdevergues par le mari de Jessie Lipscomb, son amie d’atelier. Jean Amrouche, à qui Paul Claudel accepte de se confier au début des années ’50 pour des <em>Mémoires improvisés</em>,<br />insiste pour qu’il parle davantage de sa sœur : «<em> échec complet »,</em> juge celui-ci, qui l'oppose à sa réussite. Comme l’avait prédit Eugène Blot, ami fidèle de Camille Claudel, le temps a remis tout en place. Paul Claudel a connu les honneurs de son vivant, il a sa place dans l’histoire littéraire. La rétrospective <a title="Site de l'association des amis de Camille Claudel" href="http://www.camilleclaudel.asso.fr/" target="_blank" rel="noopener">Camille Claudel</a> organisée l’hiver dernier a attiré les foules au musée Rodin. Elle est devenue une légende. <em>« Claudel, ce nom glorieux, a désormais deux visages. »</em></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center;"><span lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-ansi-language: FR-BE; mso-bidi-font-size: 10.0pt;" xml:lang="FR-BE"><em><span style="font-family: Times New Roman;">Photos d'après le catalogue de l'exposition Camille Claudel, musée Rodin, 1991.</span></em></span></p>
Tania
http://textespretextes.blogspirit.com/about.html
Barnes & Doyle
tag:textespretextes.blogspirit.com,2008-10-30:3109379
2008-10-30T08:25:00+01:00
2008-10-30T08:25:00+01:00
Aux lecteurs qu’ennuient les biographies, et aux autres, Julian Barnes...
<p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Aux lecteurs qu’ennuient les biographies, et aux autres, <a target="_blank" href="http://www.julianbarnes.com/" title="Site de Julian Barnes">Julian Barnes</a> propose dans <i>Arthur & George</i> (2005) un formidable roman qui n’est ni un roman policier ni le simple récit de la vie d’Arthur Conan Doyle. <em>« Extraordinaire tableau de la société victorienne, ce nouveau roman de Julian Barnes est aussi le plus haletant des thrillers »</em> annonce l’éditeur. Le titre binaire annonce l’alternance des séquences – l’histoire d’Arthur, l’histoire de George – des « Commencements » jusqu’aux « Fins ».</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Le premier souvenir d’Arthur remonte à la mort de sa grand-mère. <em>« Un petit garçon et un cadavre : de telles rencontres ne devaient pas être rares dans l’Edimbourg de son temps. »</em> George est <em>« un garçon timide et sérieux, particulièrement attentif aux attentes d’autrui. »</em> Aucun lien entre eux. La famille nombreuse d’Arthur déménage souvent par nécessité ; le père, <em>« un doux raté »,</em> peine à subvenir à leurs besoins. L’existence de George, fils de pasteur, est marquée par la routine du presbytère et l’affection des siens.</span></span> </p> <div style="text-align: center"><span xml:lang="FR-BE" lang="FR-BE"><img name="media-43737" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2898780006.JPG" alt="DSC09968.JPG" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" id="media-43737" /></span></div> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">A l’école du village, George s’entend dire pour la première fois «<em> T’es pas comme nous ».</em> Son nœud papillon fait aux écoliers de sa classe le même effet que la casquette de Bovary à ses condisciples. Tandis qu’Arthur grandit et fréquente assidûment la bibliothèque et le terrain de cricket, George, craignant d’être jugé stupide, est obligé à cause de ses mauvais yeux de s’asseoir au premier rang, où il se révèle un élève appliqué.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">La première fois qu’Arthur ressent une injustice, c’est à l’université d’Edimbourg où il s’inscrit en médecine. Ayant obtenu une bourse par concours, il n’y a finalement pas droit. Voilà qui heurte ses valeurs et le pousse à écrire des histoires où de chevaleresques héros viennent en aide à des jeunes filles dans l’embarras. A cette époque, la famille de George commence à recevoir des lettres anonymes, suivies bientôt de fâcheuses inscriptions dans les alentours du presbytère. Leur bonne est soupçonnée, renvoyée. Mais quand George a seize ans, une autre affaire bizarre lui vaut des ennuis. Il trouve sur le seuil de sa maison une grosse clé, que son père va porter à la police. Celle-ci considère vite George Edalji comme un suspect.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Dans une lente mais implacable progression, les problèmes s’accumulent sur cette famille, victime d’un véritable harcèlement. Quand son père attribue tout cela à leurs origines indiennes, George ne comprend pas : il est anglais, malgré sa peau sombre, et il compte bien devenir un avoué respectable. De son côté, Arthur commence une carrière de médecin et se marie avec Louisa, une jeune fille timide. Grand lecteur, il s’intéresse au spiritisme, aux expériences télépathiques, ce que sa femme prend avec le sourire, contrairement à sa mère.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">George travaille à Birmingham. Ses trajets lui inspirent un ouvrage sur la législation ferroviaire pour les usagers du train, sa fierté - <em>« Il y a un voyage, il y a une destination : c’est ainsi qu’on lui a enseigné à comprendre la vie. »</em> Arthur se forme en ophtalmologie à Vienne et ouvre un cabinet de consultation à son retour. Pour éviter l’oisiveté, il écrit, il invente un personnage de détective privé, Sherlock Holmes, qui lui apporte la gloire littéraire et des moyens financiers bienvenus. Quand il le fait mourir quelques années plus tard, il soulève un tollé.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Et quand se rencontrent-ils, cet Arthur et ce George ? Quelqu’un s’en prend aux animaux, la nuit, dans les pâtures. Un cheval, une vache, puis d’autres, se vident de leur sang jusqu’au petit matin. Il faut un coupable, et ce sera George. Tous les jours, pendant des années, celui-ci s’attend à ce que cette tragique erreur soit dénoncée. Mais il faudra l’intervention d’Arthur - devenu Sir Doyle après avoir ressuscité Sherlock Holmes - pour que la vérité, enfin, difficilement mais bruyamment, triomphe.</span></span></p> <p class="MsoNormal"><span style="font-family: Times New Roman;"><span xml:lang="FR-BE" style="font-size: 12pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt; mso-ansi-language: FR-BE;" lang="FR-BE">Julian Barnes s’est servi des citations exactes des journaux et rapports de l’époque. Il y a bien eu une <a target="_blank" href="http://64.233.183.104/search?q=cache:5de9zvhwP-sJ:www.revue-analyses.org/docannexe.php%3Fid%3D190+affaire+edalji&hl=fr&ct=clnk&cd=3" title="pp.136-139: aperçu de l'affaire Edalji, étude de M. PREVOST">affaire Edalji</a>, qu’on a même comparée à l’affaire Dreyfus. Si l’écrivain a imaginé la personnalité de George, il se montre plein d’empathie pour celle d’Arthur Conan Doyle, dont il retrace surtout la vie personnelle. Cet antiféministe a voulu rester fidèle à son épouse sans pour autant renoncer à une femme plus jeune, rencontrée plus tard et qui avait l’art de le surprendre. Barnes insiste en particulier sur l’obsession d’A.C. Doyle à propos de la survie après la mort. <em>« Quant à la vie après la mort,</em> se disait George, <em>il pensait qu’il verrait le moment venu. »</em></span></span></p>