Last posts on amour
2024-03-29T07:20:39+01:00
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Tania
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Les mots
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2024-03-16T06:00:00+01:00
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« Ce sont les mots qui reviennent les premiers, non les femmes qui...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3557043651.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1374965" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3957121478.jpg" alt="De Beul Oscar Maternité recadrée.jpg" /></a>« Ce sont les mots qui reviennent les premiers, non les femmes qui sont parties. Les mots reviennent à pas de loup, aussi silencieux que des papillons noirs. Les mots ne nous trahissent pas. Ils nous effraient, ils nous fuient. Lorsqu’on a vraiment besoin d’eux, ils entrent dans la maison par les fenêtres et par les portes, par le soleil et par la lune, par toutes les lumières des saisons. Ils se glissent partout, dans les chemises, dans les placards, dans les draps. Violemment ils vous accrochent le ventre, vous poussent vers la table. On ouvre un cahier, on attrape un stylo. Ils sont là, précis et rassurants comme une mère.<br />Les mots nous sauvent de tout. Ils remontent de si loin. Ils nous viennent de nos mères.<br />Les premiers mots d’abord, les plus simples, les plus forts. Le mot maman, le mot amour, le mot caresse. Tous les mots ne sont pas dans le dictionnaire. Les vrais mots sont dans le regard d’une maman, dans son sourire. C’est le sommeil retrouvé, la grande paix de la nuit, les téléphones inutiles, le vol lent et bleu des rêves. Ecrire c’est aimer sans la peur épuisante d’être abandonné. Seules les mères et l’écriture ne nous abandonnent jamais. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">René Frégni, <a title="Un lent adieu (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2024/03/01/un-lent-adieu-3355233.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Elle danse dans le noir</em></a></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Oscar De Beul (Schaerbeek, 1881-1929), <em>Maternité</em>, bronze</span></p>
Tania
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Un lent adieu
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2024-03-14T06:00:00+01:00
2024-03-14T06:00:00+01:00
Le titre semble s’accrocher à ma lecture précédente, mais rien d’ Elle...
<p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Le titre semble s’accrocher à ma lecture précédente, mais rien d’<em>Elle danse dans le noir</em> (1998) de René Frégni ne ressemble à <em>La danseuse</em> de Modiano. <em>« A ma mère morte. A ma mère vivante » </em>: en lui dédiant son récit, Frégni amorce ce que j’appellerais un lent adieu à celle qui l’a le plus aimé, qui lui a tout donné.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/243945706.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1374960" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/907252558.jpg" alt="rené frégni,elle danse dans le noir,récit,littérature française,mort d'une mère,amour d'un fils,amour d'un père,séparation,amour,écriture,cultured'un père" /></a></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« En quatre ans, j’ai perdu ma mère, puis mon père, la femme avec qui j’ai vécu vingt ans m’a dit un soir : « Je n’ai plus de désir pour toi », le lendemain elle partait. »</em> L’été a heureusement commencé en compagnie de sa fille de six ans, mais depuis le premier août, Marilou est partie avec sa mère. <em>« Dans mon appartement silencieux je vis seul, comme ma mère a vécu les dernières années de sa vie, alors que mon père paralysé était dans une maison de retraite. »</em> Son amour pour sa fille est son rempart contre la tristesse. Alors il se remet à écrire <em>« pour apaiser son cœur ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Il <a title=""Je me souviens de tous vos rêves" (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/je+me+souviens+de+tous+vos+r%C3%AAves" target="_blank" rel="noopener">rêve</a> d’une femme qui partagerait ses nuits. Mais il lui faut raconter le début, ce matin de juillet, cinq ans auparavant, où sa mère, qui était infirmière, lui a dit sa peur. Le gastro-entérologue chez qui il l’avait accompagnée lui avait chuchoté à l’écart la gravité du mal, il fallait l’opérer rapidement, mais à sa mère il avait parlé, rassurant, d’un simple polype à enlever. <em>« J’ai senti que c’était notre dernier été. »</em> Sa mère n’était pas dupe, elle se laissait guider par lui <em>« comme une enfant s’abandonne ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Quand lui échoit la dernière chambre disponible à la clinique d’Avignon où on l’a hospitalisée en urgence et où sur l’autre lit, souffre une femme <em>« en phase terminale »</em>, un premier cri de révolte de René Frégni ouvre le récit des douloureuses vicissitudes qui ont marqué les derniers mois de sa mère. Tout ce qu’il peut faire pour l’en distraire, la consoler, il le fait, avec une grande tendresse. Sa mère lui raconte son enfance à Moustiers-Sainte-Marie, elle veut le rassurer comme elle l’a toujours fait.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Il en est malade, perd l’appétit, passe des nuits sans trouver le sommeil, imagine une femme qu’il rencontrerait dans les rues désertes et qui lui parlerait, à qui il ferait l’amour. Ou bien il hurle, met la musique à fond, s’effondre, puis ouvre un cahier, attrape un stylo : <em>« Chaque cahier qui s’ouvre est un berceau calme et blanc. Chaque cahier fait de nous un enfant. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">René Frégni revient sur les séances d’écriture avec les détenus des Baumettes à Marseille – <em>« les hommes que je comprends le mieux. »</em> Pour Polo, un Corse de cinquante ans sorti de prison il y a quelques mois et qui comptait sur sa visite, il traverse la ville jusqu’au Bar César qu’il tient avec sa femme. Tournée générale. Un Polo bouleversé le présente à tous, et c’est parti pour une série de pastis sans eau, jusqu’à la fermeture. Après, il lui prépare des pâtes et ils restent <em>« sans parler, égarés et heureux dans une nuit et une ville qui n’existaient plus. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Tant qu’elle peut marcher, il se promène dans le parc avec sa mère, de plus en plus maigre. Elle le supplie de la ramener chez elle, convaincue que la radiothérapie lui brûle le ventre. Lui, <em>« aveuglé par la peur de la perdre »</em>, résiste jusqu’au jour où on la transporte en ambulance à Manosque avec une brûlure au troisième degré dans le dos. Grande colère contre les médecins qui maltraitent les malades et contre ceux qui parlent à leurs proches sans humanité.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Chez lui, il retrouve cette année-là Marilou dans son petit lit blanc, son bébé qui ramène la paix en lui. Mais près de sa mère, malgré quarante ans de tendresse, il n’ose lui caresser les cheveux ni lui prendre la main. <em>« J’étais devenu un homme ; une forteresse de pudeur. » </em>Les pages les plus douces d’<em>Elle danse dans la nuit</em> décrivent les tendres moments de l’enfance, de la sienne avec sa mère, de sa fille avec lui. Elles alternent avec le récit de la bataille contre la maladie. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Lors d’un bref séjour à Paris, à la demande de son éditeur, Frégni trompe sa solitude un soir chez un marchand de vin, invite une jeune femme seule à partager sa bouteille ; sensible à son accent du Sud, celui de son enfance, elle accepte et il découvre de près le petit tatouage noir sur sa paupière droite – un cafard ! Elle l’invitera dans sa minuscule chambre de bonne et chantera pour lui en jouant du <a title="Présentation de l'instrument (Yoga de la voix)" href="https://www.yogadelavoix.com/ressources/les-instruments/le-son-du-tanpura/" target="_blank" rel="noopener">tampura</a> avant de lui faire l’amour, avec une lenteur inédite. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">L’œuvre de René Frégni est une traversée de la nuit et un <a title="Lecture et citations de Manou (Dans la bulle de Manou)" href="https://www.bulledemanou.com/2023/02/elle-danse-dans-le-noir/rene-fregni.html" target="_blank" rel="noopener">chant d’amour</a>. L’histoire d’un fils, l’histoire d’un père. Chaque matin, il conduit Marilou à l’école. Dans leur petite ville, il apercevait régulièrement sa femme avec son nouveau compagnon, le cœur à vif ; elle finit par décider d’elle-même de déménager. On lit le cœur serré le récit de la fin d’une mère aimée, les mots d’un fils qui perd pied, qui vit ce qu’il a toujours craint le plus, sa mort. <a title="Lecture d'Inganmic (Book'ing)" href="https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2019/06/elle-danse-dans-le-noir-rene-fregni.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Elle danse dans le noir</em></a> lui rend hommage, comme l’avait fait <em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/minuit+dans+la+ville+des+songes" target="_blank" rel="noopener">Minuit dans la ville des songes</a>.</em> Comment se perdre et se retrouver, comment continuer à aimer.</span></p>
hommelibre
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Qu’est-ce qu’on s’aime!
tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2024-02-14:3354534
2024-02-14T09:29:00+01:00
2024-02-14T09:29:00+01:00
Qu’est-ce qu’on s’aime ! Rimbaud écrivait: « On n’est pas sérieux...
<p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><em>Qu’est-ce qu’on s’aime !</em></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Rimbaud écrivait: « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. » C’est un âge que l’on fleurit de promesses amoureuses, celles que l’on tiendra, et les autres.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1905054415.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1373915" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/78678597.jpg" alt="amour,saint-valentin,sentiments" /></a>Devient-on sérieux plus tard? Parfois. Est-ce mieux? Cela dépend. De quoi? De ce que signifie sérieux. Dans les grandes histoires d’amour comme celle de Roméo et Juliette, portée par de tremblantes envolées lyriques, les sentiments priment sur la raison. C’est le côté divertissant de la chose, un privilège de l’amour. C’est sérieux sur le moment mais est-ce fiable sur la durée?</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les regards énamourés, les mots scintillants, les gorges serrées, les mains tremblantes, la voix fragile comme le vent, se vendent mieux que la régularité astronomique des gens de la terre, les stables au pas lourd, les carrés pas trop bavards, les solides prévisibles et ronronnants, plutôt répétitifs (les grandes valeurs s’ancrent par la répétition).</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Ceux, celles, qui ne font pas de la conjugalité un feu d’artifice permanent mais qui seront encore là, près de vous, dans 10 ans et bien plus. Pourtant cela n’a pas toujours bonne presse. Il suffit de penser à Emma Bovary et son « ennuyeux » mari. L’appel de la bête en elle l’a emportée contre toute raison.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Bon bon, l’amour est si simple et pas simple du tout, avec ou sans la Saint-Valentin.</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1340171678.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1373916" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3886848714.jpg" alt="amour,saint-valentin,sentiments" /></a>Le désir, l’image de l’autre en nous, et le lien mystérieux des sentiments qui laissent un trou incommensurable quand on les arrache, le chaudron des âmes cuit tout cela comme une bière dont on cherche d’abord l’ivresse.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Pourtant l’amour n’est parfois qu’un mot sans substance. Je pense à la télévision, qui prend de la place dans nos vies. Il arrive que des animateurs ou animatrices terminent leur séquence en vous adressant un geste accompagné d’un « On vous aime » surprenant.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Surprenant car on ne les connaît pas personnellement. Ils et elles s’adressent à des millions d’inconnus, autant dire à personne, comme s’ils étaient cul et chemise. C’est une stratégie commerciale: on attache le client par de l’affect. Je ne crois pas une seconde à la sincérité du propos. Idem pour les artistes de variété qui nous aiment tant quand on les aime…</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Le temps me rend plus critique.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Y aurais-je cru à 17 ans? Ça je n’en sais rien! En tous les cas aujourd’hui si une émission utilise un peu trop de cette sorte d’accroche du public, ou si elle envoie des petits coeurs avec les doigts comme des graines de pissenlit, je zappe.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">On sait que ce n’est pas sérieux et qu’un changement de vent balaie ces grands élans comme une feuille morte. Voir les artistes célèbres, hier adulés, et qui font aujourd’hui la une en tant que parias du nouveau monde. Hier aimé, aujourd’hui bannis.</span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Ah, l’amour…</span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p><p class="p3" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span class="s1"><a href="https://www.cyrilalmeras.com/cartes-gratuites/cartes-gratuites.html"><em><span style="text-decoration: underline;"><span style="color: #800000; text-decoration: underline;">Source image</span></span></em></a> 2</span><span class="s2"><em>.</em></span></span></p><p class="p1" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><em>Image 1, Rimbaud par Léger.</em></span></p><p class="p2" style="text-align: justify;"> </p>
Tania
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Rideaux
tag:textespretextes.blogspirit.com,2024-02-10:3354103
2024-02-10T08:00:00+01:00
2024-02-10T08:00:00+01:00
« Pendant que Jon John coud les rideaux qui occulteront la lucarne...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3915058223.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1373185" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/436641515.jpg" alt="Olfsdottir Miss Islande.jpg" /></a>« Pendant que Jon John coud les rideaux qui occulteront la lucarne de la rue Skolavördustigur, je travaille assise sur le lit, la machine à écrire posée sur la table de chevet. Nous avançons au même rythme : quand j’achève mon chapitre, il me tend les rideaux soigneusement pliés. C’est lui qui a acheté le tissu. Ils sont orange à carreaux violets, le bas est orné d’une bande de dentelle froncée. Il range sa machine à coudre dans l’armoire et me libère la table.<br />Je lui souris et je place une nouvelle feuille sur le cylindre de ma Remington.<br />Debout derrière moi, il me regarde écrire.<br /><span style="font-size: 12pt;">– </span> Je suis dans ton histoire ?<br /><span style="font-size: 12pt;">– </span> Tu es à la fois dedans et en dehors.<br /><span style="font-size: 12pt;">– </span> Je n’appartiens à aucune catégorie, Hekla. Je compte pour du beurre. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Auður Ava Ólafsdóttir, </span><a title="Miss Volcan (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2024/02/04/miss-volcan-3354105.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'times new roman', times, serif;">Miss Islande</span></em></a></p>
Tania
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En sens inverse
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-11-25:3351143
2023-11-25T08:00:00+01:00
2023-11-25T08:00:00+01:00
« Ainsi Cashel refit tout son trajet en sens inverse : un...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2039218828.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1368843" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3445748038.jpg" alt="Boyd détail d'une mosaïque de ravenne.jpg" /></a>« Ainsi Cashel refit tout son trajet en sens inverse : un paquebot de Marseille à Gênes, une diligence de Gênes à Bologne, un cabriolet de louage de Bologne à Ravenne. Alors qu’il traversait la plaine entourant la ville, il sentit croître ses appréhensions. Il avait quitté Raffaella à peine plus d’un an auparavant et se demandait comment elle réagirait à son retour. Peut-être aurait-il dû lui écrire, songea-t-il soudain. Trop tard. Et que lui dire si elle acceptait de le rencontrer, ce qui n’avait d’ailleurs rien de certain (il n’avait pas envisagé qu’elle refusât) ? Devrait-il s’excuser ? Mais c’était elle qui avait les torts ; lui n’avait fait que lui accorder son entière dévotion. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">William Boyd, </span><a title="Aimer vs partir (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/11/22/aimer-vs-partir-3351142.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le romantique</span></em></a></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Détail d'une mosaïque : deux colombes (<a title="Source de l'illustration (pinterest)" href="https://www.pinterest.fr/pin/349310514831982732/" target="_blank" rel="noopener">Ravenne</a>)</span></p>
Tania
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Location privée
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-11-18:3350618
2023-11-18T08:04:00+01:00
2023-11-18T08:04:00+01:00
« […] la location de logements privés par des particuliers via...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3037095798.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1368142" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1714470818.jpg" alt="Pfeijffer Grand-Hotel-Europa.jpg" /></a>« […] la location de logements privés par des particuliers via Airbnb constitue un sérieux problème, tant pour les habitants que pour l’administration municipale. Cela cause un nombre inacceptable de désagréments aux riverains, il n’y a pas à polémiquer là-dessus. Lorsque la maison de vos voisins, toute l’année durant, été comme hiver, abrite de joyeux vacanciers qui traînent leurs valises à roulettes dans l’escalier et ne tiennent compte de rien d’autre que leur propre plaisir, vous avez un problème. Ces nuisances se traduisent en outre par une hausse exorbitante des prix de l’immobilier. Si un modeste bien au centre-ville peut rapporter de l’or en barre, les petits malins sautent sur l’occasion, avec pour corollaire qu’un logement en centre-ville, pour celui qui voudrait juste y vivre, est devenu inabordable. Résultat des courses, les Amstellodamois qui vivent encore ici tirent leurs marrons du feu, s’empressent d’empocher la plus-value de leur habitation, tournent le dos aux nuisances et à la ville, et c’est une maison de plus qui tombe définitivement aux mains du business du tourisme, devenant inaccessible en qualité de logement. Avec pour conséquence ultime un dépeuplement de la ville. Mais vous vivez à Venise. Vous connaissez ça par cœur. <br /><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1026130233.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1368143" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2086132377.jpg" alt="Pfeijffer 10 18.jpg" /></a>En outre, la location privée constitue une concurrence déloyale vis-à-vis des hôtels. Vous pourriez objecter que c’est le problème des hôtels, mais je me devrais de vous corriger vivement. Pour ces hôtels, nous avons élaboré une kyrielle de permis, de normes anti-incendie, de règles d’hygiène, etc., et nous ne l’avons pas fait par sadisme ou parce que nous voulions pourrir la vie des hôteliers. Il y a de bonnes raisons à toutes ces règles qui, en fin de compte, servent à protéger le consommateur et les riverains. La location privée se soustrait à ces règles et peut donc pratiquer des tarifs inférieurs à ceux des hôtels.</span></em><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">[...] L’argent ne va pas dans la poche des honnêtes citoyens qui ont une chambre d’amis. On estime que près des deux tiers des logements proposés à la location via Airbnb appartiennent à des multipropriétaires. L’argent va dans la poche des truands de l’immobilier et d’Airbnb lui-même. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ilja Leonard Pfeijffer, </span><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/11/09/grand-hotel-europa-3350614.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Grand Hotel Europa</span></em></a></p>
Tania
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Grand Hotel Europa
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-11-16:3350614
2023-11-16T08:04:00+01:00
2023-11-16T08:04:00+01:00
Grand Hotel Europa (sic, 2018) est le premier titre traduit en français...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Grand Hotel Europa</em> (sic, 2018) est le premier titre traduit en français (par Françoise Antoine) d’<a title="Wikipedia (nl)" href="https://nl.wikipedia.org/wiki/Ilja_Leonard_Pfeijffer" target="_blank" rel="noopener">Ilja Leonard Pfeijffer</a> (°1968). Cet écrivain néerlandais a beaucoup publié, dans divers genres, et a été souvent primé. Si son livre raconte une histoire d’amour pour une femme, vécue en grande partie à Venise, mêlée à une enquête sur Le Caravage, <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.lisez.com/livre-de-poche/grand-hotel-europa/9782264081339" target="_blank" rel="noopener"><em>Grand Hotel Europa</em></a> est aussi une réflexion sur le tourisme à notre époque, sur l’Europe, avec des pages pamphlétaires.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/66107646.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1368139" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3847288286.jpg" alt="ilja leonard pfeijffer,grand hotel europa,littérature néerlandaise,récit,amour,gênes,venise,italie,europe,tourisme,voyage,art,le caravage,culture,passé,nostalgie,pamphlet" /></a><br /><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Place Saint-Marc, le 8 juin 2019 © Miguel Medina (<a title="Article source" href="https://www.slate.fr/story/180963/voyages-venise-tourisme-masse-luigi-brugnaro-gastronomie-restaurants" target="_blank" rel="noopener">Slate</a>.fr)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le groom Abdul, <em>« un jeune Noir maigre, vêtu de la nostalgique livrée rouge »</em>, est le premier personnage nommé dans cette histoire qui se déroule en alternance au Grand Hotel Europa où </span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 16px;">réside</span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 12pt;"> l’écrivain (ou le narrateur qui porte son nom) et à Venise, la ville où il a vécu avec Clio, historienne de l’art. M. Montebello, le majordome, heureux d’accueillir un nouvel hôte sensible au charme des décors anciens, lui confie son inquiétude quant aux changements que ne manquera pas d’y apporter le nouveau propriétaire chinois, pour attirer davantage de clients. L’écrivain trouve sa suite </span><em style="font-family: 'Times New Roman', 'serif'; font-size: 12pt;">« parfaite, non parce que c’était une chambre d’hôtel parfaite, mais justement parce qu’elle ne l’était pas. »</em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Il n’est de plus belle ville que Venise pour retrouver un être cher qui vous attend. » </em>Ilja s’est occupé de rendre leurs anciens logements à Gênes, Clio d’aménager leur nouvelle demeure. Dans le train, il a mémorisé l’itinéraire pour atteindre la calle nuova Sant’Agnese et en chemin, s’imprègne de l’atmosphère dorée de la ville. Sa bien-aimée l’attend dans une tenue élégante (robe, escarpins et boucles d’oreilles de marques citées par l’auteur, comme il le fera pour ses propres vêtements – placement de marque ?), prête à fêter son arrivée.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Au Grand Hotel Europa, où l’écrivain rédige leur histoire (comme il avait promis de le faire quand elle serait finie), il rencontre d’autres résidents (un grand Grec, une poétesse française, un vieil érudit qui aime discuter de littérature, entre autres) et cherche en vain la chambre où l’ancienne propriétaire, une très vieille dame, vit entourée de livres et d’œuvres d’art ; elle n’a de contacts qu’avec le majordome.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est à Gênes (<a title="Vidéo de présentation par l'auteur" href="https://www.les-plats-pays.com/article/un-mausolee-pour-leurope-grand-hotel-europa-dilja-leonard-pfeijffer" target="_blank" rel="noopener">où vit l’auteur</a>) qu’Ilja a rencontré Clio. Elle travaillait, faute de mieux, pour une maison de vente aux enchères et déplorait que son pays soit devenu <em>« une maison de repos pour vieux en phase de décomposition »</em>, <em>« un beau jardin ensoleillé »</em>, <em>« un pays sans avenir ».</em> Ravie de rencontrer un poète, elle parlait beaucoup. Dès le premier soir chez lui, c’est elle qui a mené la danse et l’a surpris en sortant nue de la salle de bains, <em>« statue de la Renaissance »</em>, <em>« Daphné convoitée par Apollon »</em>, « Diane surprise au bain », telle une déesse grecque. Quand sa <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Clio" target="_blank" rel="noopener">muse</a> accepte un nouvel emploi plus intéressant à Venise, son amoureux décide de déménager pour y vivre avec elle. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Clio est si élégante qu’Ilja se rhabille dans les meilleures boutiques tant il est fier, lui qui a quelques kilos à perdre, de s’afficher <em>« avec une telle splendeur »</em> à ses côtés. L’historienne connaît très bien l’art ancien. Devant ses opinions tranchées et son tempérament <em>« volcanique »</em>, l’écrivain apprend à mesurer ses propos. Au <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Palazzo_Bianco" target="_blank" rel="noopener">Palazzo Bianco</a> de Gênes, où ils étaient allés un jour admirer le célèbre <a title="Illustration (Wikimedia)" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Caravaggio_(Michelangelo_Merisi)_-_Ecce_Homo_-_Google_Art_Project.jpg?uselang=fr" target="_blank" rel="noopener"><em>Ecce homo</em></a> du Caravage, Clio l’avait jugé <em>« trop explicitement dans le style du Caravage pour être un Caravage ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ainsi a commencé un jeu qu’ils vont pratiquer ensemble tout du long : rechercher sa dernière œuvre présumée, dont on a perdu la trace, grâce aux indices récoltés par Clio, spécialiste de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Caravage" target="_blank" rel="noopener">Caravaggio</a>. Quand Ilja a rendu visite à sa mère, une marquise, dans son palais génois plein d’œuvres d’art dont un authentique Caravage, Clio lui a expliqué avoir grandi <em>« avec la tâche de perpétuer le passé »</em>. Ses études l’y ont encore enlisée davantage. Elle déplore pourtant que <em>« l’Europe se vautre dans la nostalgie ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ilja Pfeijffer reprend les cinq critères par lesquels <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Steiner" target="_blank" rel="noopener">George Steiner</a> a défini <em>« l’idée d’Europe »</em> : l’omniprésence de cafés, la nature domestiquée et accessible, la saturation par sa propre histoire, une civilisation née à Athènes et à Jérusalem, la conscience de son propre déclin. Leitmotiv de <em>Grand Hotel Europa</em>, l’identité européenne est parfaitement illustrée par l’Italie ou par Venise, vidée de ses habitants pour accueillir des vacanciers du monde entier. Pour l’auteur, l’Europe, c’est son passé, livré à l’exploitation commerciale.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ce récit <em>« <a title="« C’est un roman brillant – et que l’auteur sait être brillant, conscient de son talent et s’amusant d’une réflexivité à toute épreuve. » (Pierre Gelin Monastie, Un mausolée pour l’Europe : « Grand Hotel Europa » d’Ilja Leonard Pfeijffer, Les Plats Pays, 11/3/2022)" href="https://www.les-plats-pays.com/article/un-mausolee-pour-leurope-grand-hotel-europa-dilja-leonard-pfeijffer" target="_blank" rel="noopener">brillant</a> »</em>, d’une érudition formidable, développe de nombreux thèmes : l’amour des villes anciennes et la critique très documentée du tourisme de masse et d’Airbnb ; la distinction, moins simple qu’il n’y paraît, entre le voyageur et le touriste, entre l’authentique et le faux ; la recherche de la distinction et le mépris des foules ; un dandysme qui frôle le cynisme et la mauvaise foi ; le sentiment amoureux et le rapport de force, avec des scènes de sexe crûment décrites ; l’égoïsme et l’empathie. Et bien sûr, la littérature, le rapport au temps, le charme des rencontres, la passion de l’art. Etonnant, inclassable, tout sauf politiquement correct.</span></p>
Tania
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Ce que tu veux voir
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-10-17:3348548
2023-10-17T18:01:00+02:00
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« Pense à ton amour pour moi. Un amour aveugle. Tu ne me vois pas telle...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">« Pense à ton amour pour moi. Un amour aveugle. Tu ne me vois pas telle que je suis réellement, tu ne vois pas toutes les nuances de Lika Blum, l’ombre et la lumière. Tu vois juste la lumière, tu vois juste ce que tu veux voir. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">William Boyd,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="Aveugle amour (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/09/22/aveugle-amour-3348546.html" target="_blank" rel="noopener">L’amour est aveugle</a></span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1055059971.2.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1365239" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/567295357.2.jpg" alt="boyd,l'amour est aveugle,roman,littérature anglaise,accordeur de piano,musique,amour,voyage,apprentissage,passion,culture" /></a></p><p> </p>
Tania
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Aveugle amour
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2023-10-16T08:01:00+02:00
2023-10-16T08:01:00+02:00
En épigraphe de L’amour est aveugle . Le ravissement de Brodie Moncur...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">En épigraphe de <em><a title="Site de l'éditeur" href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-amour-est-aveugle-william-boyd/9782021408096" target="_blank" rel="noopener">L’amour est aveugle</a>. Le ravissement de Brodie Moncur</em> (traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Perrin), <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Boyd_(%C3%A9crivain)" target="_blank" rel="noopener">William Boyd</a> cite <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2009/12/31/tchekhov-1893-1904.html" target="_blank" rel="noopener">Olga Knipper-Tchekhova</a> et Robert Louis Stevenson à propos de l’aventure amoureuse – voilà qui séduit déjà.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/626215270.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1365231" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2846223159.jpg" alt="boyd,l'amour est aveugle,roman,littérature anglaise,accordeur de piano,musique,amour,voyage,apprentissage,passion,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">La première mention de son héros, Brodie Moncur, <em>« un jeune Ecossais de belle taille, âgé d’environ trente-cinq ans »</em>, apparaît en post-scriptum d’<a title="Lire le début du roman en ligne" href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-amour-est-aveugle-william-boyd/9782021408096?reader=1#page/10/mode/2up" target="_blank" rel="noopener">une lettre de femme</a> envoyée des îles Andaman en 1906, mais le récit commence à Edimbourg en 1894. Ce bon accordeur qui a déjà fait de judicieuses suggestions au patron de la fabrique de pianos, Ainsley Channon, est convoqué par celui-ci. Il voudrait que Brodie, vingt-quatre ans, qui parle un peu le français, rejoigne son fils Calder à Paris, où leur magasin ne donne pas les résultats espérés.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">L’offre enchante Brodie qui se réjouit de découvrir Paris, lui, le fils mal aimé du pasteur de Liethen Manor, où vivent encore sous sa tyrannie ses deux frères et ses six sœurs. Grâce à Lady Dalcastle, une amie de sa mère qui l’a pris sous sa protection, Brodie a pu recevoir de l’instruction et se former à l’Académie de musique, avant d’apprendre le métier chez Channon auprès d’un excellent accordeur de <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/09/22/ode-a-arvo-part-3348529.html" target="_blank" rel="noopener">piano</a>. En allant leur annoncer son départ, après avoir fait ses adieux à Senga, une des <em>« filles »</em> de la <em>« maison »</em> qu’il fréquente, il va prendre conscience de ce que désigne un <em>« chez soi »</em> : l’endroit que l’on se doit de quitter.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Au village, il va pêcher avec son frère Callum dans un coin de nature sauvage près d’une petite rivière où ils allaient fréquemment et se dit <em>« Rappelle-toi cet instant. Ce sera un baume quand ton âme aura besoin de réconfort. »</em> Forcé d’assister au prêche accusateur de son père qui attire beaucoup de monde chaque dimanche, il se réjouit d’<em>« avoir planifié et réussi son évasion. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A Paris, Brodie prend des cours pour améliorer son français. Comme à Edimbourg, faire jouer un pianiste sur un <em>« nouveau modèle de demi-queue »</em> en vitrine attire l’attention ; les clients se multiplient. Mais Calder Channon ne lui donne pas accès aux comptes quand Brodie s’étonne du peu de bénéfices déclarés. Le père Channon vient lui-même examiner la situation et finit par accepter la proposition de Brodie : offrir un contrat à un pianiste renommé qui jouera exclusivement sur un Channon accordé chaque fois par ses soins. Ce sera John Kilbarron.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Lydia Blum, Lika, une grande et élégante soprano russe qui est la maîtresse du pianiste, plaît immédiatement à Brodie quand il la rencontre. C’est réciproque. Il leur faudra beaucoup de prudence pour se voir. Lorsque les Kilbarron, John le pianiste et son frère Malachi qui s’occupe de sa carrière, deviennent de plus en plus gourmands, Ansley Channon qui a pris d’autres interprètes sous contrat reste inflexible. C’est la rupture. Bouleversé à l’idée de ne plus rencontrer Lydia, Brodie vomit du sang – première manifestation de la tuberculose.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">On l’envoie se soigner dans une pension à Nice, d’où il écrit à Lika – un Russe lui a traduit dans sa langue <em>« Tu me manques et je t’aime »</em> – mais ne reçoit pas de réponse. Rétabli, il rentre à Paris mais se fait licencier injustement par Channon, Calder l’ayant accusé de ses propres malversations. Grâce à ses indemnités, Brodie reste à Paris pour Lika, avant d’accompagner comme <em>« secrétaire »</em> les frères Kilbarron et elle, engagés par une grande dame de Saint-Pétersbourg pour une série de concerts. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ils y vivent à ses frais, sur un grand pied. Brodie voit se réaliser mieux qu’il ne l’imaginait ses rêves de voyage, son aventure professionnelle, et surtout une aventure sentimentale risquée mais irrésistible. Il faut non seulement échapper à la vigilance de John, très occupé par la composition et les répétitions, mais aussi à celle de Malachi contre qui Kika l’a mise en garde ; c’est lui qu’elle craint le plus. Elle espère encore que les Kilbarron finiront par lui obtenir un rôle à l’opéra.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Les lettres écrites et reçues ont leur place dans <em>L’amour est aveugle</em>, un roman divertissant, bien construit, riche en rebondissements, en scènes dignes d’un <em>« roman russe » </em>d’inspiration tchekhovienne. <a title="Tous les billets T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/boyd" target="_blank" rel="noopener">William Boyd</a> nous fait voyager avec ses personnages dans les grandes villes européennes autour de 1900 : Biarritz, Genève, Vienne, Trieste… Il nous rend curieux de l’avenir du sympathique Brodie, prêt à aller très loin pour vivre <a title="Critique de Guy Duplat dans La Libre" href="https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/2019/05/21/lamour-est-aveugle-de-william-boyd-un-recit-follement-romantique-et-passionnant-OPU6UWVPBFDKBIU6GCIVH3XHHI/" target="_blank" rel="noopener">le grand amour</a> de sa vie. On finira par découvrir comment il fait la connaissance, aux Iles Andaman-et-Nicobar, d’une charmante ethnologue. </span></p>
Tania
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Amoindrir
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-05-27:3343050
2023-05-27T08:00:00+02:00
2023-05-27T08:00:00+02:00
Pendant ce séjour forcé chez ses amis Victor aurait presque apprécié...
<p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1413991184.2.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1357363" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2481732787.2.jpg" alt="catherine demaiffe,jusqu'au lever du jour,roman,littérature française de belgique,écrivain belge,famille,couple,drame,amour,culture,violence,pédophilie,alcoolisme" /></a>Pendant ce séjour forcé chez ses amis <br />Victor aurait presque apprécié <br />passer du temps avec ses enfants <br />ceux-ci auraient presque renoué avec leur père <br />si ce dernier n’avait pas décidé <br />de mettre toute son énergie <br />à amoindrir la gravité de la situation <br /></span></span><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">auprès de ses hôtes <br /><em>il ne fallait surtout pas que cela s’ébruite </em><br /><em>sa femme </em><br /><em>alcoolique</em> <br />cela pourrait entacher sa réputation <br />il ne pouvait pas la laisser tout ruiner.</span></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Catherine Demaiffe, </span><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/05/21/jusqu-au-lever-3343007.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Jusqu’au lever du jour</span></em></a></span></p>
Jacques Davier
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Les Poèmes de la Lune Rouge (XXXV)
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2023-04-02T12:03:00+02:00
2023-04-02T12:03:00+02:00
Mathilde, Julien and The Ladders Mathilde de La Mole et Julien...
<p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Mathilde, Julien and The Ladders</span></strong></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;">Mathilde de La Mole et Julien Sorel, sans doute las de leurs excès, ont miraculeusement réussi à devenir raisonnables et, apaisés, à écouter leur cœur! Les sentiments romantiques extrêmes sont sans doute bons pour faire naître un amour, mais ils ne valent rien pour le consolider et lui assurer la longévité! Une aventure inattendue en convainquit nos deux tourtereaux! Car, sur le chemin de la réconciliation et de la paix, ils découvrirent des choses insoupçonnées qui les surprirent et les ravirent tout à la fois! D'autant plus pour deux jeunes gens de 1830, issus de classes sociales que tout séparait!<br /></span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Empêtré dans les aléas de la Justice française de la Restauration, réputée très rigoureuse, Julien, qui n'avait, somme toute, que légèrement blessé madame de Rênal, croupissait dans sa geôle au sommet du donjon de la prison de Besançon. En principe décidé à en finir, il se ressaisit néanmoins, et accepta les démarches de Mathilde pour le faire sortir de prison! Et surtout lui éviter la guillotine! Il avait mis en sourdine son orgueil, son sens de l'honneur et son immense fierté, pour se consacrer seulement à l'amour! Il avait réussi, contre toute attente, à surmonter l'incommensurable égoïsme qui le caractérisait, et ne laissa survivre à cette épreuve qu'un altruisme retrouvé, ainsi que la noblesse de son cœur, longtemps reniée au profit d'un arrivisme maintenant oublié.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">De son côté, Mathilde avait déjà choisi de sacrifier ses privilèges de naissance et sa vie de noble parisienne courtisée et dans le vent, à son amour pour le père de son enfant, pour celui qu'elle appelait son mari bien qu'ils ne fussent pas encore mariés par le curé. Mais, devant Dieu, certainement ils l'étaient! Aussi, avait-elle mis en veille sa passion pour l'héroïsme médiéval, un peu trop envahissante au goût de Julien!<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mathilde ne cessait de parler de cette affaire avec sa mère. Il fallait innocenter et libérer Julien! <br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Avec l'aide de la hiérarchie ecclésiastique, que, par l'entremise de la très influente madame de Fervaques, Mathilde réussit à manipuler, le procès de Julien se solda par un acquittement. Ce dernier avait adroitement renoncé à parler lors des audiences (il eût, par orgueil, tout fait pour prouver sa culpabilité, et convaincre ses juges de la nécessité de le condamner), laissant l'autorité de l'abbé de Frilair, acquis à sa cause par la promesse d'un évêché, agir auprès de jurés qui le déclarèrent innocent. Julien put quitter le Palais de justice libre et lavé de tout opprobre. Mathilde était à son bras lorsqu'ils sortirent par la grande porte et, sur le parvis de l'imposant bâtiment, furent éblouis par le soleil de Besançon!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Sous les applaudissements et les vivats de la foule, Mathilde et Julien montèrent dans l'Aston Martin offerte par le marquis de La Mole au jeune couple! Mathilde était au volant. Elle mit les gaz, et ils partirent pour leur nouvelle résidence, le château de La Vernaye. Là, le groupe de rock mis sur pied par Fouqué, à l'insu de Julien mais de mèche avec Mathilde, commença ses répétitions, dans une grange aménagée. Quelques temps plus tard, Madame de Rênal avait accepté, sur les instances de Julien, d'être leur manager, rôle dans lequel elle se révéla parfaite, grâce à l'usage qu'elle sut faire de l'imposant réseau de son mari!<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Par la suite, ajoutera-t-on pour les aficionados, les bandes des ces séances, enregistrées après six mois d'un travail acharné et </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">qui étaient d'une excellente qualité musicale et technique, furent publiées par Sony sous le titre de <em>The Barn Tapes</em>!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le grand événement de ces jours bénis fut cependant la naissance de leur fils! Baptisé Louis, il fut la joie et la fierté de Mathilde, qui resta à l'écart du groupe pour materner, le temps aussi que Julien acquît une maîtrise de la guitare électrique digne des meilleurs <em>guitar heroes</em>!<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Si la voiture de sport fut plus une opération de <em>public relations</em> qu'un acte d'amour, par la suite, Madame de La Mole, dont l'influence sur son mari était certaine, avait réussit à fissurer son sens de l'honneur et à retourner celui-ci en faveur de Julien, ce qui était à vrai dire une prouesse incroyable! Dans la foulée, le marquis changea aussi de sentiments envers sa fille, et recommença à lui écrire.<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Peu à peu, cédant à l'insistance de son épouse, qui avait déjà fait connaissance avec le petit Louis, et qui était allée visiter en cachette la mère et l'enfant à de nombreuses reprises, le vieux marquis accepta enfin de revoir sa fille, et demanda à ce qu'on lui présentât son petit-fils. Mathilde, comprenant qu'elle était pardonnée, répondit avec enthousiasme à l'appel de son père! Un voyage à Paris fut organisé, et l'Aston Martin, conduite par Julien, emmena un beau jour de juillet Mathilde et le petit Louis, à travers les routes de France, vers l'Hôtel de La Mole à Paris!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Après un an de répétitions, le groupe, qui fut baptisé The Ladders, et dont Mathilde et Julien étaient les chanteurs principaux, commença à se produire dans les bars et les clubs des environs de La Vernaye. Mathilde jouait du piano, de l'orgue électrique et du synthé, Julien maniait avec aisance la <em>lead guitar</em>, Fouqué était à la batterie. Oona et Jacob complétaient la formation, avec à leur actif plusieurs instruments, comme les claviers, la guitare rythmique et la basse. Chacun des membres du groupe chantait dans les chœurs, et parfois se chargeait du chant principal, lorsque Mathilde et Julien voulaient faire une pause!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">A la taverne Chez Guguss, The Ladders fit son premier véritable tabac. Sur le devant de la petite scène, alors que le groupe assurait derrière eux, nos deux héros donnèrent une prestation des plus remarquées! Il chantèrent une version mémorable du "Modern Love" de David Bowie, en se trémoussant et se déhanchant sur le rythme rapide de la musique! Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils étaient adorables! On les aima aussitôt!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ils dansaient en alternant lenteur et rapidité, avec une grâce et un allant sublimes! Leurs mouvements d'ensemble, leurs gestes charmants et coordonnés, la noblesse de leur amour, reflétée dans leurs yeux brillants, firent leur réputation loin à la ronde!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le premier CD fut publié après les deux années éprouvantes qui avaient suivi la formation des Ladders. Il fut le résultat des nombreuses séances d'enregistrements tenues dans The Barn, leur studio personnel à La Vernaye, lorsque l'agenda très chargé de leur première tournée, qui attirait un public de plus en plus nombreux, leur permettait de s'y retrouver. Il s'appelait <em>The Red And The Black</em>.</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le succès était au rendez-vous. Des foules déchaînées se pressaient aux concerts des Ladders. Le CD se vendait bien. L'argent affluait. Mathilde et Julien purent ainsi assurer leur avenir, car le père de Mathilde, bien qu'il fît quelques mises de fonds initiales et leur céda le château, refusa de leur octroyer une quelconque rente. </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Cette tournée initiale, le baptême du feu selon Julien, le B-A-BA selon Mathilde, visita la France, l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, la Hollande et la Grande Bretagne, et se termina à Paris, avec une semaine de concerts triomphaux à l'Olympia! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le lendemain de la dernière prestation des Ladders, tout le groupe fut invité par le marquis à une immense <em>garden party</em> à l'Hôtel de La Mole! On fêtait la réconciliation de Mathilde et de Julien avec leur famille, et l'intronisation du petit Louis comme futur héritier! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Madame de La Mole trouvait un peu étrange cette nouvelle mode anglaise d'une réception dans les jardins, en plein jour, alors qu'elle eût préféré qu'il y eût bal en son hôtel, de nuit! Ou, à tout le moins, que l'on tînt salon après un dîner auquel eussent participé des hôtes de marque! Son mari lui répondit, navré, que leur fille avait apparemment adopté le style britannique, et pas seulement en matière musicale! Mais, ma chère, il faut bien s'y conformer, pour ne point troubler cette belle concorde à peine revenue au sein de notre famille!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">En cachette, Mathilde avait préparé une petite surprise pour ses parents et son frère Norbert, comte de La Mole, qu'elle aimait toujours tendrement, malgré l'éloignement. Un concert impromptu fut donné sur une scène rapidement dressée dans un angle des jardins assez ouvert pour qu'une petite foule pût s'y rassembler! Pari gagné! Aux premières notes de la guitare électrifiée de Julien, des convives curieux, dont la plupart n'avaient jamais entendu parler de <em>rock</em>, vinrent écouter de plus près cette étrange musique!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Oona rejoignit sur la pelouse un petit groupe de fans des Ladders, agglutiné autour de madame de Rênal, pendant que Mathilde se produisait au piano, avant de s'approcher de la marquise de La Mole, en adoration devant sa fille. Elle écouta avec elle en silence. Elle chercha Jacob des yeux, et le vit qui était un peu à l'écart avec Julien et Norbert. Ils écoutaient tous les trois attentivement la pianiste! C'est à ce moment que, à l'appel de Mathilde, le groupe remonta sur scène pour se lancer dans un "Addicted to Love" endiablé, chanté à la Tina Turner par une Oona en très grande forme! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Tout le monde, hormis quelques marquises, comtesses ou baronnes, peu impressionnées, avait admiré la démarche chaloupée avec laquelle Oona, vêtue de talons hauts jaune clair, d'un seyant pantalon de cuir noir et d'une ravissante blouse de satin vert dont les pans recouvraient négligemment les rondeurs de ses hanches, le tout rehaussé par un charmant chignon, de jolies frisettes et des Ray Ban noires, s'était approchée du micro au milieu de la scène, alors que les premières notes de musique, emmenées par la batterie puissante de Fouqué, frappée telle un métronome, fusaient des amplis!<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">A ce stade de l'histoire, nous pouvons en dire un peu plus sur la musique de cet incroyable combo! Un concert-type des Ladders comportait un nombre substantiel de compositions maison, généralement des extraits du CD, comme "Brother Jack", "Le Soleil de Vergy" (que Mathilde, dans sa grandeur d'âme, laissait chanter à Julien, même si elle s'en trouvait légèrement fâchée), "Réminiscences", "Bételgeuse", l'instrumental et très mancinien "Pomodori Pelati", "Bonzo Rock" ou "Klimatik Blues", mais aussi quelques nouveaux titres en rodage, parmi lesquels les époustouflants "Marcher sur l'Eau", "Adieu Paris Bonjour London", "Comme une Eolienne sans Pales" ou "Le Premier Jour de la Fin de ma Vie", et des reprises telles que "Modern Love", "Wouldn't It Be Good", chantés en duo par Jacob et Oona, ou "Rope Ladder To The Moon", joué à la Colosseum, le clou du spectacle, au cour duquel Mathilde se lâchait sur des improvisations très jazzy à l'orgue Hammond B3 et Julien régalait son public avec les attaques et les effets larsen de sa Gibson! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mais les spectateurs appréciaient particulièrement un petit moment chaleureux et plus intimiste, le <em>spot</em> solo de Mathilde lors duquel elle jouait ses propres thèmes au piano, des pièces sublimes dont les inspirateurs revendiqués allaient de Bach à Bill Evans! Cette prestation soliste était très attendue, d'ailleurs, par deux personnes discrètes, qui se mêlaient parfois incognito au public des Ladders, le marquis de La Mole et madame!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Pour les encores, le groupe jouait fréquemment les très colosséens "Bring Out Your Dead", sur lequel Mathilde, se remémorant l'exploit de Marguerite de Valois, brillait au piano électrique, ou </span><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">"The Valentyne Suite", occasion d'un tour de force pour la basse de Oona, le saxo de Jacob et la batterie de Fouqué, et lors duquel, sur une idée de Oona, piquée, il faut le dire, à Jimmy Page, Julien se distinguait en jouant de sa guitare avec un archet! En général, les concerts se terminaient en apothéose, avec, pour dernier rappel, une version toute personnelle de "Heroes", chantée par Julien avec le même mélange de douceur et de puissance, de calme éruption, qui faisait le charme de Ziggy Stardust! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Lorsque les lumières s'allumaient sur la salle, c'est toujours un auditoire ravi qui prenait congé des Ladders! <br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Le marquis de La Mole se félicitait de la réussite de sa <em>garden party</em>, qui contribuerait sans doute aucun à faire briller à nouveau son nom, quelque peu terni par l'affaire Julien. Quant à la marquise, elle était heureuse du bonheur de sa fille, et fière de son talent musical, dont elle n'avait jamais douté, il est vrai; en outre, ce choix d'une fête anglaise ne lui déplut finalement pas, tant elle était certaine qu'on en parlerait dans tout Paris, et que cela redonnerait du lustre à son salon!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Mathilde et Julien restèrent quelques jours à l'Hôtel, où on avait aménagé pour eux et pour l'enfant l'ancienne chambre de Mathilde. Avant le déjeuner, ils aimaient passer un moment à lire dans la bibliothèque, ce qui leur rappelait avec délice la naissance de leur amour! Mathilde emprunta à son père, tout à fait officiellement cette fois, quelques volumes de Voltaire et de Rousseau! </span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Puis ils partirent pour Londres. Ils allaient rejoindre le groupe, qui les attendait aux studios d'enregistrement d'Abbey Road, où débuteraient les sessions pour leur deuxième CD!</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">En définitive, Julien avait suivi le conseil que lui avait donné, à Londres, le prince Korasoff, à savoir toujours faire le contraire de ce qu'on attendait de lui!</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Jacques Davier (Mars 2023)<br /></span></p>
Tania
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Le doute
tag:textespretextes.blogspirit.com,2023-03-29:3339504
2023-03-29T08:00:00+02:00
2023-03-29T08:00:00+02:00
« Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/2627431227.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1351903" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3263341993.jpg" alt="jon kalman stefansson,ton absence n'est que ténèbres,roman,littérature islandaise,amour,rencontres,famille,vie,mort,chansons,islande,culture" /></a>« Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c’est le doute qui pousse l’être humain à aller de l’avant. Le doute, la peur, la solitude et le désir. Sans oublier le paradoxe. Vous ne savez pas grand-chose, en effet, mais quand vous écrivez, votre regard a le pouvoir de traverser les murs, les montagnes et les collines. Vous assistez à la division des cellules, vous voyez le président des Etats-Unis trahir sa nation, vous entendez les mots d’amour murmurés à l’autre bout du pays, les sanglots qu’on verse dans un autre quartier de la ville. Vous voyez une femme quitter son mari, et un mari tromper sa femme. Vous entendez le sanglot du monde. C’est votre paradoxe, votre responsabilité et votre contrat. Vous ne pouvez pas vous y soustraire et vous n’avez d’autre choix que de continuer.<br />A écrire ?<br />Oui, quoi d’autre ? Ecrivez, et vous pourrez aller à cette fête donnée en l’honneur de Pall d’Odi, d’Elvis et pour célébrer la vie.<br />Ecrivez. Et nous n’oublierons pas.<br />Ecrivez. Et nous ne serons pas oubliés.<br />Ecrivez. Parce que la mort n’est qu’un simple synonyme de l’oubli. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Jón Kalman Stefánsson, </span><a title="Retour en Islande" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2023/03/19/retour-en-islande-3339435.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ton absence n’est que ténèbres</span></em></a></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">* * * </span></em></p><p style="padding-left: 120px;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Un extrait qui aurait dû être mis en ligne la semaine dernière.<br />Mieux vaut tard que jamais.</em></span></p><p style="padding-left: 120px;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt;"><em>Tania</em></span></p>
Tania
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Retour en Islande
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2023-03-20T08:00:00+01:00
2023-03-20T08:00:00+01:00
Lumière et ténèbres, vie et mort, rencontres amoureuses, passage du temps…...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Lumière et ténèbres, vie et mort, rencontres amoureuses, passage du temps… <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.grasset.fr/livres/ton-absence-nest-que-tenebres-9782246827993" target="_blank" rel="noopener"><em>Ton absence n’est que ténèbres</em></a> (2020, traduit de l’islandais par Eric Boury, 2022) confirme que sur ces thèmes, <a title="Entretien (Le point, 12/1/2022)" href="https://www.lepoint.fr/livres/jon-kalman-stefansson-je-voudrais-transformer-mes-lecteurs-en-poetes-12-01-2022-2460261_37.php#11" target="_blank" rel="noopener">Jon Kalman Stefansson</a> est capable d’infinies variations romanesques. <em>« Nous portons perpétuellement en nous le passé, continent invisible et mystérieux qui affleure parfois, quelque part entre le sommeil et la veille »</em>, écrit-il au <a title="A lire en ligne" href="https://www.liseuse-hachette.fr/?ean=9782246828006" target="_blank" rel="noopener">début</a>, convaincu des traces profondes imprimées dans notre patrimoine génétique par les <em>« grands sentiments, expériences difficiles, chocs, bonheurs intenses »</em> vécus avant nous.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1482042659.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1351828" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/2111573615.jpeg" alt="jon kalman stefansson,ton absence n'est que ténèbres,roman,littérature islandaise,amour,rencontres,famille,vie,mort,chansons,islande,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Cette fois, c’est <em>« sans doute »</em> en rêve que le narrateur se retrouve assis dans une église de campagne, sans savoir ni qui il est ni comment il est arrivé là. Derrière lui, un homme assis qu’il décrit comme <em>« svelte, la petite cinquantaine » – « svelte »</em>, un qualificatif qui revient souvent pour dessiner ses personnages – a l’air moqueur. <em>« Je suis peut-être simplement mort »</em>, se dit le narrateur, et cet homme peut être le diable – ou le pasteur ? ou le chauffeur du bus ? Il se révélera un interlocuteur de choix.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Sur une tombe près de la vieille église, récente et bien entretenue, celle d’une femme qui a été aimée porte en épitaphe : <em>« Ton souvenir est lumière, et ton absence ténèbres ». </em>Lorsque celui qui ne sait qui il est se rassied dans sa voiture, il aperçoit une femme qui descend de la colline, <em>« svelte, ses longs cheveux noirs en bataille »</em>, en compagnie d’une brebis qui se frotte à lui comme un chien, heureuse et surprise de le voir – elle le connaît ! Elle se réjouit déjà pour sa sœur Soley qui déplorait comme elle sa disparition et l’étreint : il en déduit qu’il est en vie, même s’il ne se souvient de rien.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Elle l’invite à pique-niquer avec elle sur la tombe de sa mère et lui raconte l’histoire de ses parents, première des nombreuses histoires qui vont se succéder et s’entremêler au long du roman. (Après coup, j’ai pensé que j’aurais dû commencer un arbre généalogique, mais ce n’est pas si important). Le jeune couple de Reykjavik (la mère et son fiancé), en balade dans les fjords de l’Ouest, avait dû demander de l’aide pour un pneu crevé. Haraldur les avait épatés, qui écoutait du Dylan sur son tracteur. La jeune femme n’a<em>vait plus cessé de penser à lui, à sa mèche de cheveux rabattue, à son regard, </em>« bref, ferme et insolent ». Au point que sa mère lui avait dit : <em>« Va là-bas et vois ce qui t’attend ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">On pourrait faire une autre liste en lisant <em>Ton absence n’est que ténèbres</em>, celle de la bande-son. Inutile : la <em>« Compilation de la Camarde »</em> prend pas moins de quatre pages à la fin du livre. Elle est censée servir à une grande fête pour les vivants et les défunts annoncée assez tôt dans le roman (il faudra patienter). Dans ce fjord islandais, certains jouent de la guitare, les chansons accompagnent les rencontres, la vie quotidienne, les enterrements.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est avec l’apparition du pasteur Pétur, qui a perdu sa fille cadette, et le soir, écrit à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_H%C3%B6lderlin" target="_blank" rel="noopener">Hölderlin</a> entre deux gorgées de vin, pour se consoler, que le roman m’a littéralement happée. Membre du comité de la revue <em>La Nature et le Monde</em>, Pétur est troublé par une lettre envoyée par une paysanne à la revue pour proposer un article sur le lombric – article où Gudridur écrit :<em> « Je dirais, si j’osais, que le lombric reflète la pensée divine. » </em>Vivant dans les ténèbres et le silence, le lombric <em>« contribue à la vie ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ces deux-là doivent se rencontrer, cela ne manquera pas. La femme du pasteur s’inquiète de le voir partir inopinément un matin sur sa jument pour aller porter des livres à Gudridur. Le mari de celle-ci, qui ne partage pas ses goûts pour la lecture et l’étude, est mécontent que le postier soit passé chez sa femme en son absence et se montre plutôt méfiant quand Pétur lui-même arrive chez eux. Le récit de cette visite est une merveille, des pages à relire certainement, avant de rendre le livre à la bibliothèque.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Beaucoup d’autres personnages, jeunes et vieux, hommes et femmes, mériteraient d’être présentés ; leurs amours, leurs vies sont racontées : <em>« (…) il ne faut pas oublier que celui qui n’a jamais été blessé par l’amour ne connaît pas la vie. On peut même dire qu’il n’a pas vécu. » – « Et continuez à vivre, parce que c’est la seule manière de nous consoler, nous qui sommes défunts. »</em></span><em> <span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">– « L’amour n’est pas un chien qui obéit. » – « Et la mélancolie est notre souvenir des bonheurs disparus. » </span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a title="Tous les billets T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/jon+kalman+stefansson" target="_blank" rel="noopener">Stefansson</a> sème par-ci par là ses maximes, des lieux communs parfois qu’il renouvelle à sa manière. Il aime les répétitions, pose beaucoup de questions (parfois loufoques), remonte le cours des <a title="Article de Marianne : "une mémoire à reconstituer" par Anthony Cortes (17/1/2022)" href="https://www.marianne.net/culture/litterature/ton-absence-nest-que-tenebres-de-jon-kalman-stefansson-une-memoire-a-reconstituer" target="_blank" rel="noopener">souvenirs</a>. Les écrivains (comme <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%B8ren_Kierkegaard" target="_blank" rel="noopener">Kierkegaard</a>, qui signifie cimetière en danois), les poètes ont une place de choix dans ce roman où on lit, écrit, où on se soucie des êtres chers. On y cuisine aussi, on boit pas mal, on se parle ou on se tait – la vie quoi. A travers les saisons et les paysages d’Islande ou d’ailleurs.</span></p>
Tania
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Guirlandes
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-12-03:3303092
2022-12-03T08:00:00+01:00
2022-12-03T08:00:00+01:00
« Cela ne lui était pas nouveau et pourtant, avec l’obscure...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3862995853.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1270166" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2471102974.jpg" alt="proust,l'indifférent,littérature française,nouvelle,amour,mondanité,culture" /></a>« Cela ne lui était pas nouveau et pourtant, avec l’obscure clairvoyance d’un jockey pendant la course ou d’un acteur pendant la représentation, elle se sentait ce soir triompher plus aisément et plus pleinement que de coutume. Sans un bijou, son corsage de tulle jaune couvert de catléias </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">[sic]</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">, à sa chevelure noire aussi elle avait attaché quelques catléias qui suspendaient à cette tour d’ombre de pâles guirlandes de lumière. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Marcel Proust,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="Proust en revue (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/11/25/proust-en-revue-3303091.html" target="_blank" rel="noopener">L’Indifférent</a></span></em></p><p style="text-align: center;"><a href="https://bookdoreille.com/fr/lindifferent-suivi-de-souvenir-et-avant-la-nuit" target="_blank" rel="noopener"><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Le début lu par André Dussolier</span></a></p>
Tania
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Proust en revue
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-12-01:3303091
2022-12-01T08:00:00+01:00
2022-12-01T08:00:00+01:00
Un siècle a passé depuis que Proust est mort d’une pneumonie à 51 ans,...
<p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Un siècle a passé depuis que Proust est <a title="Mort de Marcel Proust (Proust, ses personnages)" href="https://proust-personnages.fr/divers/mort-de-marcel-proust/" target="_blank" rel="noopener">mort</a> d’une pneumonie à 51 ans, en novembre 1922. J’ai pensé à lui en relisant la <a title="Extrait (Proust, ses personnages)" href="https://proust-personnages.fr/extraits-2/morceaux-choisis/la-mort-de-bergotte/" target="_blank" rel="noopener">mort de Bergotte</a> – <em>« On l’enterra, mais toute la nuit funèbre, aux vitrines éclairées, ses livres, disposés trois par trois, veillaient comme des anges aux ailes éployées et semblaient pour celui qui n’était plus, le symbole de sa résurrection »</em> – puis en ouvrant un petit recueil de textes parus dans diverses revues</span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">, quand il avait un peu plus de vingt ans, une publication de 1001 nuits : <em>L’Indifférent.</em></span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/4080456337.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1270165" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/448876558.jpeg" alt="proust,l'indifférent,avant la nuit,souvenir,contre l'obscurité,littérature française,amour,amitié,parfum,poésie,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est le titre de la première nouvelle, la plus longue, sur le thème amoureux. <em>« Madeleine de Gouvres venait d’arriver dans la loge de Mme Lawrence. »</em> Contre l’avis de cette dernière qui juge Lepré (non invité) <em>« très gentil mais très insignifiant »</em>, l’élégante Madeleine cherche à le rencontrer et l’invite à dîner, avant qu’il ne parte pour un long voyage. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Malgré l’humiliation d’avoir dû insister pour qu’il accepte, elle compte sur sa beauté, sa réputation et <em>« sa grande situation mondaine » </em>pour le séduire. Veuve du marquis de Gouvres depuis quatre ans, elle voit bien que Lepré est inférieur aux hommes qui la fréquentent d’habitude. Mais elle pense que son indifférence est un masque, qu’il ne résistera pas à l’amour qu’elle éprouve pour lui. Chez elle, il se montre agréable, mais froid. Or il passe pour un <em>« charmant homme »</em>. Arrivera-t-elle à ses fins ?</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Avant la nuit</em> raconte la confession inattendue d’une mourante à son meilleur ami, au risque de perdre son estime. <em>Souvenir,</em> une jolie histoire de parfum respiré dans un couloir du Grand Hôtel de T. (Trouville-sur-Mer). <em>Contre l’obscurité</em> tente de<em> « dégager de la littérature contemporaine quelques vérités esthétiques »</em>, en particulier sur <em>« l’obscurité des idées et des images »</em> chez les jeunes poètes symbolistes.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dans <em>« Passion malade »</em>, son commentaire à la suite de ces quatre textes <span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">de jeunesse </span></span>publiés <span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">en 1893<sup> </sup></span><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">et 1896</span></span>, Jérôme Solal montre que ceux-ci <em>« qui ne seront pas retenus pour le recueil </em>Les plaisirs et les jours<em>, premier livre publié par Proust en 1896, abordent les questions qui traverseront de part en part </em><a title="T&P (1/12)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2015/06/29/retour-a-combray.html" target="_blank" rel="noopener">A la recherche du temps perdu</a><em>. » </em>Proust avant <a title="Dossier Marcel Proust (Interligne)" href="https://interligne.over-blog.com/article-liste-des-articles-de-la-rubrique-dossier-marcel-proust-94496116.html" target="_blank" rel="noopener">Proust</a>, en quelque sorte.</span></p>
Tania
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Funambule
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-09-20:3273704
2022-09-20T18:00:00+02:00
2022-09-20T18:00:00+02:00
« Tout remonte dans un flux désorganisé de sensations et de...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/4045125897.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1156323" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/82297344.jpeg" alt="Skowronek Grasset.jpeg" /></a>« Tout remonte dans un flux désorganisé de sensations et de souvenirs. L’image d’un été à New York est la première à s’imposer. Daniel y suivait une formation, Véronique courait les musées. Il lui avait acheté son premier tableau : une funambule qui perd l’équilibre. Ils étaient jeunes, Véronique s’amusait de tout. Les séquences d’un film heureux défilent. Elles l’emmènent loin. Une ombre passe. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Nathalie Skowronek,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/09/15/que-savons-nous-3273697.html" target="_blank" rel="noopener">La carte des regrets</a></span></em></p>
Tania
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Que savons-nous ?
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2022-09-19T08:00:00+02:00
2022-09-19T08:00:00+02:00
« Que ceux qui ont connu et aimé Véronique Verbruggen soient les...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Que ceux qui ont connu et aimé Véronique Verbruggen soient les bienvenus. » <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.grasset.fr/livres/la-carte-des-regrets-9782246821519" target="_blank" rel="noopener">La carte des regrets</a></em> (2020) de <a title="Notice biographique de l'Académie (Arllfb)" href="https://www.arllfb.be/composition/membres/skowronek.html" target="_blank" rel="noopener">Nathalie Skowronek</a> s’ouvre sur cette invitation à une soirée d’hommage en l’honneur de celle qui dirigeait une petite maison d’édition d’art parisienne. Et sur des questions. Titus Séguier quittera-t-il Finiels (Mont Lozère) pour y aller ? Qu’apprendra-t-on sur la <em>« personnalité secrète »</em> de Véronique, selon les dires de sa complice, Francesca Orsini, une céramiste italienne ? <em>« Que savons-nous de l’existence de ceux qui nous entourent ? »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/3320344399.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1156320" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1402990425.jpg" alt="nathalie skowronek,la carte des regrets,roman,littérature française,écrivain belge,amour,art,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Même sa fille Mina, vingt et un ans, étudiante au conservatoire de piano, s’interroge sur la vie de sa mère et les circonstances de sa mort : son corps a été trouvé par un randonneur sur le GR 70, non loin du col de Rabusat. Daniel Meyer, le mari de Véronique depuis dix-neuf ans, l’a épousée enceinte d’un autre. Ophtalmologue jovial, c’est lui qui a acheté les soixante mètres carrés de la rue Cassette pour lancer sa maison d’édition, et lui a présenté Francesca. Un mari bienveillant par rapport aux nombreuses absences de sa femme pour son travail, son besoin de nature ou de solitude.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« Car Véronique oscillait entre le trop lointain et le très proche, prenant le large, faisant marche arrière, préparant son retour en même temps qu’elle envoyait les signaux du départ. »</em> Elle aimait marcher dans les Cévennes, sur les <a title="Site de randonnée" href="https://www.chemin-stevenson.org/" target="_blank" rel="noopener">chemins de Stevenson</a>, regarder les arbres, les oiseaux, les <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_de_Przewalski" target="_blank" rel="noopener">chevaux de Przewalski</a>. Quand la police l’appelle, Daniel s’effondre ; il ignorait le problème cardiaque de sa femme (une stagiaire qui l’avait trouvée fatiguée, essoufflée, l’avait encouragée à voir un cardiologue).</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est leur passion pour le peintre flamand Jeroen Herst (un petit maître du XIXe) qui a rapproché Véronique et le cinéaste Titus Séguier, réalisateur de documentaires. Herst peignait le Bas-Escaut, la Lys, la mer du Nord – <em>« Voilier rentrant au port »</em> est une des toiles préférées de Véronique – et il était aussi botaniste. En visite à Gand chez l’arrière-petite-fille du peintre, en vue de réaliser un film sur lui, Titus a appris qu’une éditrice était aussi venue la voir. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A leur premier rendez-vous à Paris, lui est curieux de ce <em>« drôle d’échalas à cou de girafe » </em>et lui parle des Cévennes – <em>« chez lui ». </em>Véronique est séduite : <em>« Cet homme m’embarque pour une conversation infinie. »</em> Lorsqu’elle ira dans la maison de Titus (le Mas de l’alouette), une ancienne bergerie aménagée par lui, elle acquiescera aux mots gravés sur l’arbre en face : <em>« Ici c’est le paradis »</em>.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">L’amour de Titus ne l’a pas menée jusqu’à la rupture avec Daniel, celui-ci ne veut pas l’interroger sur ses absences. Véronique ne peut quitter l’un pour l’autre : <em>« Daniel était sa famille, Titus son amour. »</em> <em>La carte des regrets </em>suit les traces des déplacements de Véronique, montre le mari sauvegardant l’œuvre éditoriale et préparant une soirée d’hommage à sa femme, où Titus ne figure pas sur la liste des invités. Le réalisateur, de son côté, prépare un documentaire sur elle – les magazines d’art associent leurs deux noms.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Quant à Mina, la fille de Véronique, bouleversée par la mort de sa mère et désireuse de comprendre la part de sa vie qu’elle lui a tenue secrète, tout en soutenant Daniel, son père adoptif, elle voudrait rencontrer Titus. Nathalie Skowronek rend avec une belle sensibilité déjà perçue dans <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/max" target="_blank" rel="noopener"><em>Max, en apparence</em></a> le cheminement de la douleur chez ces trois personnages et, en creux, les choix et les hésitations d’une femme.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">La romancière bruxelloise, élue cette année <a title="Site de l'Arllfb" href="https://www.arllfb.be/composition/membres/skowronek.html" target="_blank" rel="noopener">à l’Académie</a> où elle sera reçue le 29 octobre prochain, pose sur le triangle amoureux un regard plein d’empathie. <em>« Du moment où elle avait confondu rupture et abandon, Véronique rendait tout départ impossible. »</em> C’est dans une peinture de Jeroen Herst qu’elle nous donne la clé de l’énigme posée dans ce roman court et attachant. Loin des dénouements explicites, la fin, jugée <em>« un peu alambiquée »</em> par Monique Verdussen (<a title="Critique du roman" href="https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/2020/02/21/veronique-entre-deux-amours-GVGCB6C7JBCFDB3WLIRRO5XPO4/" target="_blank" rel="noopener">La Libre Belgique</a>), m’a semblé subtile, comme l’exprime Joseph Duhamel dans un coup de cœur du <em>Carnet</em> (<a title="Présentation du roman" href="https://le-carnet-et-les-instants.net/2020/02/22/skowronek-la-carte-des-regrets/#more-29133" target="_blank" rel="noopener">Le Carnet et les Instants</a>).</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Quant au titre <em>La carte des regrets</em>, peut-être inspiré par la <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_de_Tendre" target="_blank" rel="noopener"><em>Carte de Tendre</em></a> que j’ai choisie pour illustrer ce billet, il attire l’attention à la fois sur les allées et venues de l’éditrice et sur la délicatesse avec laquelle <a title="Site de l'autrice" href="https://www.nathalieskowronek.com/" target="_blank" rel="noopener">Nathalie Skowronek</a> décrit les sentiments – <em>« Ensuite, il faut passer à Sensibilité, pour faire connoistre qu’il faut sentir jusques aux plus petites douleurs de ceux qu’on aime. »</em> (Madeleine de Scudéry, <em>Clélie, Histoire romaine</em>)</span></p>
Tania
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Hanoi, 1954
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2022-08-22T08:00:00+02:00
2022-08-22T08:00:00+02:00
Le premier roman de Hoai Huong Nguyen (née en France en 1976), L’ombre...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le premier roman de <a title="Notice de l'éditeur" href="http://www.viviane-hamy.fr/les-auteurs/article/hoai-huong-nguyen-1496" target="_blank" rel="noopener">Hoai Huong Nguyen</a> (née en France en 1976), <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.viviane-hamy.fr/catalogue/collections/litterature-francaise/l-ombre-douce/article/l-ombre-douce" target="_blank" rel="noopener"><em>L’ombre douce</em></a>, a reçu de nombreux prix en 2013. Il raconte l’histoire d’amour entre Mai, une jeune Vietnamienne qui aide les infirmières à l’hôpital Lanessan d’Hanoi, et Yann, un jeune soldat breton originaire d’une famille de paysans de Belle-île. <em>« Mai, c’est pour </em>Hoàng Mai<em>, la fleur jaune de l’abricotier »</em> lui a-t-elle répondu quand il lui a demandé ce que cela voulait dire. (Vous vous rappelez peut-être, même si c’est sans rapport, juste un souvenir, le beau personnage de May dans <em>La condition humaine</em> de Malraux.)</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/421745043.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1154857" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1955449767.jpg" alt="hoai huong nguyen,l'ombre douce,roman,littérature française,indochine,vietnam,guerre,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le blessé ne l’a trouvée ni jolie ni laide au premier abord. <em>« Le son de sa voix peut-être ou la forme de ses mains – pourquoi est-on pris par le charme de quelqu’un ? »</em> Les branches fleuries de pruniers et d’abricotiers dans les vases lui rappellent les printemps de son enfance, <em>« lorsque les prairies se couvrent de couleurs. »</em> Le plus jeune des fils, il a perdu sa mère quelques mois après sa naissance et son père a fait peu de cas de l’enfant chétif qu’il était. Un précis de botanique qui avait appartenu à sa mère a été son <em>« compagnon de solitude ». </em>Il a passé beaucoup de temps à se promener sur l’île, à pied ou à bicyclette.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A l’hôpital, un jésuite, lui aussi breton, le père Portier, rend visite aux soldats blessés et se prend d’affection pour Yann, dix-neuf ans, <em>« un garçon au regard clair »</em> entré à l’armée avec <em>« l’espoir de voir autre chose, des pays et des gens inconnus ». « Etrangers tout d’abord »</em>, Yann et Mai se sont peu à peu « reconnus ». Mai a <em>« la réserve ordinaire des filles <a title="d'Annam (Wikipedia)" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Annam" target="_blank" rel="noopener">annamites</a> »</em>, Yann guette tous les jours le moment où elle prend son service dans la grande salle. Elle convainc le médecin de le garder une semaine de plus pour <em>« gagner quelques jours de liberté au milieu de la guerre. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le père de Mai, magistrat au tribunal de Hanoi, est un homme autoritaire. L’éducation reçue par Mai au couvent des Oiseaux, chez des religieuses qui lui ont appris le français, a créé au fil des ans une <em>« barrière invisible » </em>entre elle et sa famille. Quand son père décide de la marier à un riche marchand chinois devenu un ami, âgé d’à peine six ans de moins que lui, Mai se rebelle et refuse. Le juge, furieux, la frappe avec sa canne et la chasse de sa maison. Elle se réfugie au couvent.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Hoai Huong Nguyen raconte avec beaucoup de sensibilité la relation amoureuse entre ces deux jeunes que la guerre va séparer quand Yann retournera au combat, et puis la terrible attente de se retrouver qu’ils supportent tous deux en se souvenant des moments forts passés ensemble. S’aimer dans un pays en guerre, c’est mêler la douceur et la terreur, la présence et l’absence. Quand Mai apprendra que Yann a été fait prisonnier par le <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vi%E1%BB%87t_Minh" target="_blank" rel="noopener">Viêt-minh</a>, elle sera prête à tout pour le sauver.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a title="Disponible en Poche" href="https://www.livredepoche.com/livre/lombre-douce-9782253000761" target="_blank" rel="noopener"><em>L’ombre douce</em></a> ne cache rien de la violence, des horreurs des combats ni des souffrances, et pourtant, ce roman tragique</span> <span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">refermé, j’ai l’impression que la force des sentiments, la poésie qui le ponctue, la beauté reconnue là où elle se présente, sur la terre et dans le ciel, ont si bien imprégné le récit qu’elles y laissent une lumière ineffaçable. </span></span></p>
Tania
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Quête
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2022-08-02T18:00:00+02:00
2022-08-02T18:00:00+02:00
« Nous parlons, nous écrivons, nous relatons une foule de menus et...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2063150663.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1153553" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2324487596.jpeg" alt="stefansson,lumière d'été,puis vient la nuit,roman,littérature islandaise,vie,mort,amour,culture" /></a>« Nous parlons, nous écrivons, nous relatons une foule de menus et grands événements pour essayer de comprendre, pour tenter de mettre la main sur les mystères, voire d’en saisir le cœur, lequel se dérobe avec la constance de l’arc-en-ciel. D’antiques récits affirment que l’Homme ne saurait contempler Dieu sans mourir, il en va sans doute ainsi de ce que nous cherchons – c’est la quête elle-même qui est notre but, et si nous parvenons à une réponse, elle nous privera de notre objectif. Or, évidemment, c’est la quête qui nous enseigne les mots pour décrire le scintillement des étoiles, le silence des poissons, les sourires et les tristesses, les apocalypses et la lumière d’été. Avons-nous un rôle, autre que celui d’embrasser des lèvres ; savez-vous comment on dit Je te désire, en latin ? Et à propos, savez-vous comment le dire en islandais ? »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Jón Kalman Stefánsson<em>, <a title="Lumière d'été (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/07/26/lumiere-d-ete-3272109.html" target="_blank" rel="noopener">Lumière d’été, puis vient la nuit</a></em></span></p>
Tania
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Lumière d'été
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-08-01:3272109
2022-08-01T08:00:00+02:00
2022-08-01T08:00:00+02:00
L’édition originale de Lumière d’été, puis vient la nuit ( Sumarljós og...
<p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">L’édition originale de <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.grasset.fr/livres/lumiere-dete-puis-vient-la-nuit-9782246823582" target="_blank" rel="noopener"><em>Lumière d’été, puis vient la nuit</em></a> (<em>Sumarljós og svo kemur nóttin</em>, traduit de l’islandais par Eric Boury) date de 2005, ce roman de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%B3n_Kalman_Stef%C3%A1nsson" target="_blank" rel="noopener">Jón Kalman Stefánsson</a> a précédé sa fameuse trilogie <em>Entre ciel et terre</em> (<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/entre+ciel+et+terre" target="_blank" rel="noopener">I</a>, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/la+tristesse+des+anges" target="_blank" rel="noopener">II</a>, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/le+coeur+de+l%27homme" target="_blank" rel="noopener">III</a>). Certains de ses premiers romans (non traduits en français) comportaient déjà dans leurs titres les mots « été », « lumière », « montagne », « étoiles »… indissociables de l’atmosphère qui baigne ses récits.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3679703099.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1153552" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/695911235.jpg" alt="stefansson,lumière d'été,puis vient la nuit,roman,littérature islandaise,vie,mort,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Le titre complet en islandais mentionne aussi <em>« sögur og útúrdúrar »</em> <em>(« Histoires et explications »).</em> Décrire, raconter la vie d’un village qui n’a rien de particulier, à part qu’il ne s’y trouve ni église ni cimetière, voilà ce qu’entreprend ici le narrateur. A peine a-t-il promené son regard sur le fjord et signalé l’arrivée au printemps d’<em>« oiseaux des tourbières joyeux et optimistes »</em> qu’il termine sa phrase, après un tiret : <em>« – et le soir, le soleil répand son sang à la surface de l’océan, alors, nous méditons sur la mort. »</em> Le préambule entre crochets se termine ainsi : <em>« voilà, nous commençons, qu’arrivent maintenant gaieté et solitude, retenue et déraison, que viennent la vie et les rêves – ah oui, les rêves. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Parmi les habitants du village qu’il a décidé de présenter, voici d’abord l’excellent jeune directeur de l’Atelier de tricot à la Coopérative, l’image de la réussite, qui se met une nuit à rêver en latin : <em>« Tu igitur nihil vidis ? »</em> N’ayant aucune notion de latin, il se rend à Reykjavik pour suivre des cours accélérés et en revient complètement transformé. Dans <em>Le messager des étoiles</em> de Galilée, une édition originale en latin qu’il s’est fait livrer après avoir vendu ses voitures, une phrase résume la métamorphose du directeur devenu<em> « l’Astronome »</em> : <em>« Délaissant toutes contingences terrestres, je me suis tourné vers le ciel. » </em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Un achat suivi de l’acquisition d’autres ouvrages anciens pour lesquels il délaisse tout le reste, perdant sa femme et sa fille parties vivre à la capitale. Seul son fils David reste avec lui dans la vieille maison en bois où il s’installe alors, qu’il fait peindre en noir avec <em>« quelques gouttes de blanc »</em> pour former les constellations qu’il affectionne : <em>« Dans la journée, on a l’impression qu’un morceau du ciel nocturne est tombé sur la terre, en surplomb du village. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Les changements font partie de la vie. Finie la grande époque où l’Atelier de tricot comptait vingt employés. Un jour, toutes les machines ont été envoyées dans l’Est, mettant les uns au chômage, les autres dans des emplois divers. Helga répond au téléphone, désormais chargée d’écouter <em>« les angoisses qui affligent l’Homme Moderne ».</em> Agusta tient le bureau de poste et se tient au courant en ouvrant les enveloppes. L’Astronome se met à donner des conférences mensuelles à la salle des fêtes. Elisabet, dont les formes sous sa robe de velours noir troublent tout le public masculin et font enrager le public féminin, organise ces réunions et introduit l’orateur.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Le récit de Stefansson est truffé de réflexions sur l’existence, la vie moderne si différente du passé, la vie et la mort, bien sûr, si proches l’une de l’autre, tandis qu’il raconte ce qui arrive à ses personnages : rencontres et séparations, suicides et renaissances, bals et infidélités… A l’Entrepôt de la Coopérative, des faits étranges – pannes électriques, mouvements inexpliqués – finissent par inquiéter les employés, d’autant plus que l’Entrepôt a été construit sur les ruines d’une ferme où <em>« se sont produits de dramatiques événements ». </em></span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>Lumière d’été, puis vient la nuit </em>empile les portraits, les histoires, sous le regard affectueux du narrateur toujours curieux de ce que les jours et les nuits contiennent. C’est la vie ordinaire d’un village peuplé de gens ordinaires, c’est-à-dire de nous tous, les vivants, aux prises avec les petits et les grands événements de notre passage sur terre. Ce qui paraît du dehors, ce qui bouleverse au-dedans. </span><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Le narrateur nous englobe dans sa chronique à travers les « nous » et les « vous » du récit.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Sur <a title="Wikipedia (is)" href="https://is.wikipedia.org/wiki/J%C3%B3n_Kalman_Stef%C3%A1nsson" target="_blank" rel="noopener">Wikipedia en islandais</a>,</span> <span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">un lien renvoie à un <a title="Article du 28/10/2017 (Visir.is)" href="https://www.visir.is/g/2017171028872/thess-vegna-enda-allir-listamenn-i-helviti-" target="_blank" rel="noopener">article</a> de</span> <span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Magnus Gudmundsson sur le roman de Stefansson <em><a title="Site de l'éditeur" href="https://www.grasset.fr/livres/asta-9782246815938" target="_blank" rel="noopener">Asta</a>.</em> Dans ce texte intitulé <em>« C’est pourquoi tous les artistes se retrouvent en enfer »</em> (d’après la traduction en ligne), l’auteur souligne à quel point, les années passant, il prend de plus en plus conscience de la difficulté d’être un être humain. De notre tendance à figer la personnalité de quelqu’un, alors qu’une personne ne cesse d’évoluer : <em>« Nous oublions que nous ne sommes que des <a title=""Jon Kalman Stefansson: «Dans l’écriture, l’inattendu survient chaque jour»" par Elisabeth Jobin (Le Temps, 24/8/2018)" href="https://www.letemps.ch/culture/jon-kalman-stefansson-lecriture-linattendu-survient-jour" target="_blank" rel="noopener">sentiments</a>. »</em> Sans doute est-ce la mort de sa mère quand il avait cinq ans qui peut expliquer que pour lui, l’écriture soit un <em>« combat contre la mort »</em>. Et un hommage à la vie ? à l’urgence d’aimer ?</span></p>
Tania
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Flou
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-06-11:3270242
2022-06-11T08:04:00+02:00
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« Avec Madame Hayat, on se voyait le soir au studio de télé, puis...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3253385229.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1149878" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/3102390764.jpg" alt="ahmet altan,madame hayat,roman,littérature turque,études,littérature,amour,société,turquie,initiation,culture" /></a>« Avec Madame Hayat, on se voyait le soir au studio de télé, puis on allait chez elle, le lendemain matin on se séparait. De savoir si on se reverrait à la prochaine émission, il n’était jamais question. Parfois elle ne venait pas, sans explication. Je ne lui en demandais aucune. Elle semblait avoir choisi en toute conscience de laisser les choses dans le vague, refusant obstinément que notre relation, comme l’existence en général d’ailleurs, prît un tour plus formel, ou au moins descriptible. Aucune ligne claire, nette, délimitée, ne venait circonscrire notre relation, elle pouvait changer à tout moment, devenir autre chose, voire disparaître purement et simplement. Si ce flou permanent me rendait inquiet, il avait aussi quelque chose d’étrangement excitant. Je voulais les tenir, les avoir bien en main, elle et notre relation, mais elles m’échappaient. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Ahmet Altan, </span><a title="Madame la Vie (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/06/06/madame-la-vie-3270240.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Madame Hayat</span></em></a></p>
Tania
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Madame la Vie
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-06-09:3270240
2022-06-09T08:00:00+02:00
2022-06-09T08:00:00+02:00
Quand j’ai lu Je ne reverrai plus le monde , Ahmet Altan était encore...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Quand j’ai lu <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2020/12/10/textes-de-prison-3157854.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Je ne reverrai plus le monde</em></a>, <a title="Site officiel (en)" href="https://ahmetaltan.info/" target="_blank" rel="noopener">Ahmet Altan</a> était encore en prison. C’est là qu’il a écrit <em><a title="Site de l'éditeur" href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-etrangere/madame-hayat" target="_blank" rel="noopener">Madame Hayat</a> </em>(<em>Hayat Hanım</em>, traduit du turc par Julien Lapeyre de Cabanes), avant d’être libéré par la Cour de cassation en avril 2021. Prix Transfuge du meilleur roman européen et Prix Femina étranger, <em>Madame Hayat</em> raconte la vie de Fazil, le narrateur, étudiant en lettres, qui a changé du jour au lendemain.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/2384806326.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1149877" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3838029191.jpg" alt="ahmet altan,madame hayat,roman,littérature turque,études,littérature,amour,société,turquie,initiation,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>« La société se trouvait dans un tel état de décomposition qu’aucune existence ne pouvait plus se rattacher à son passé comme on tient à des racines. »</em> Son père, qui avait investi toute sa fortune dans la production de tomates, est ruiné par de nouvelles mesures économiques et meurt peu après. Sa mère n’a plus d’autre source de revenus que le maigre rapport de ses serres florales. Fazil obtient une bourse, mais sa nouvelle condition d’étudiant n’a plus rien à voir avec le train de vie facile qu’il menait auparavant.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Il loue une petite chambre dans un vieil immeuble <em>« d’une rue de la soif » </em>qu’il peut observer d’un petit balcon et partage la cuisine commune avec les autres locataires. C’est là qu’on lui propose un jour de se faire un peu d’argent comme figurant pour une émission de télévision : dans une salle en sous-sol, il s’agit de s’installer à une des tables près de la scène, un plateau où chantent des femmes mûres plantureuses dans des tenues colorées et aguichantes. Un écran géant montre les chanteuses filmées et de temps à autre les spectateurs.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est à l’écran qu’il remarque d’abord un visage <em>« d’une espièglerie malicieuse »</em> entouré de longs cheveux <em>« roux-blond »</em>, une <em>« robe au décolleté profond, couleur de miel »</em>, puis les belles hanches d’une femme gracieuse et très excitante. <em>« Jusque-là, je n’avais jamais imaginé que les femmes âgées puissent être aussi attirantes. J’étais émerveillé, abasourdi. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A la fin du tournage, quand tout le monde sort, cette femme d’une cinquantaine d’années le remarque et l’invite à l’accompagner au restaurant. Le serveur les installe dans un petit jardin intérieur et l’appelle <em>« madame Hayat » </em>– un nom qui enchante l’étudiant : <em>« et je me répétais dans toutes les langues : Madame Hayat, Lady Life, Madame la Vie, Signora la Vita, Señora la Vida… »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Elle s’intéresse à lui, l’interroge sur ses études – elle ne lit jamais de romans, qui ne lui apprennent rien sur l’humanité, dit-elle, qu’elle ne sache déjà. Mme Hayat préfère regarder des documentaires. Elle dirige la conversation, le taquine, le surprend,<em> « certainement la partenaire la plus charmante qu’un homme puisse souhaiter pour un dîner ».</em> Elle ne sait rien de la littérature mais connaît beaucoup de choses sur les hommes, les insectes, le monde. Quand elle repart en taxi, Fazil se reproche de ne pas avoir su lui plaire assez pour qu’elle le retienne.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Une fois son amant, la revoir devient son obsession. Leur relation occupe toutes les pensées de l’étudiant, même après avoir rencontré Sila, une étudiante de bonne famille qui a subi les mêmes revers de situation que lui, du jour au lendemain. Belle, cultivée, elle est la partenaire idéale pour échanger sur leurs lectures, les cours et les professeurs de lettres. Quand leur complicité devient plus intime, il ne lui parle pas de Madame Hayat, qu’il continue à voir chez elle.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Dans la rue, de plus en plus de bastonnades visent ceux qui ne vont pas à la mosquée. Les revues sont mises sous pression. Le quartier des bouquinistes est rasé. A l’université, étudiants et professeurs sont suspectés de sédition. L’ancien chauffeur du père de Sila, reconverti dans des affaires malhonnêtes et lucratives, prend plaisir à la suivre pour la traiter de haut. Tout le monde se sent surveillé et peut s’attendre à une arrestation arbitraire. Sila n’envisage qu’une issue pour y échapper : continuer ses études au Canada. Fazil hésite à l’accompagner, même si Madame Hayat elle-même pousse son <em>« petit Marc Antoine »</em>, comme elle l’appelle, à partir avec cette étudiante de son âge.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Fazil, en adoptant un mode de vie modeste, partage les vicissitudes de ses nouveaux compagnons d’infortune. Si le très beau roman d’Ahmet Altan décrit les difficultés d’une jeunesse avide de liberté dans ce climat politique menaçant, c’est avant tout un roman d’initiation amoureuse. Tiraillé entre deux femmes que tout oppose, l’étudiant admire chez Madame Hayat, en plus de sa sensualité enivrante, son goût de la vie, sa curiosité, son art de vivre au présent. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Magnifique portrait de femme – <em>« Sa liberté me rend plus libre »</em> a écrit l’auteur <a title="Texte d’Ahmet Altan pour la remise du Prix Femina – 25/10/2021" href="https://www.actes-sud.fr/sites/default/files/Discours%20Femina_A.Altan.pdf" target="_blank" rel="noopener">à l’occasion du prix Femina</a> –, <em>Madame Hayat </em>décrit l’entremêlement des désirs chez un jeune homme qui rêve d’enseigner la littérature et qui apprend à observer la vie réelle. <em>« Un livre universel, trempé dans l’encre de l’humanisme et de la liberté. »</em> (Philippe Chevilley, <a title="Article source" href="https://www.lesechos.fr/weekend/livres-expositions/madame-hayat-le-grand-roman-de-la-liberte-1358144" target="_blank" rel="noopener"><em>Les échos</em></a>)</span></p>
Tania
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Congrégation d'âmes
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-04-23:3267965
2022-04-23T08:00:00+02:00
2022-04-23T08:00:00+02:00
Troisième volet de la trilogie signée Jon Kalman Stefansson, après Entre...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Troisième volet de la trilogie signée Jon Kalman Stefansson, après <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/entre+ciel+et+terre" target="_blank" rel="noopener"><em>Entre ciel et terre</em></a> puis <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/la+tristesse+des+anges" target="_blank" rel="noopener"><em>La tristesse des anges</em></a>, <a title="Site de l'éditeur (aussi en Folio)" href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Le-coeur-de-l-homme?msclkid=b21f9f4fc1a011ec836ea1e053b51992" target="_blank" rel="noopener"><em>Le cœur de l’homme</em></a> est peut-être le plus attachant des trois romans (traduits de l’islandais par Eric Boury). Comme dans les précédents, les histoires racontées par des défunts errants naviguent entre vie et mort, lumière et ténèbres.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/1126365.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1146365" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/3638743010.jpg" alt="jon kalman stefansson,le coeur de l'homme,roman,littérature islandaise,apprentissage,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le gamin islandais a donc survécu au long et périlleux voyage raconté dans <em>La tristesse des anges</em>. Quand il émerge d’une zone floue entre rêve et réel, sans parvenir à ouvrir les yeux, une jeune fille rousse est à son chevet et l’embrasse pour voir s’il est vivant ou mort – <em>« Où est la vie, si ce n’est dans un baiser ? »</em> Jens et lui sont donc bien arrivés à destination, le médecin de Sléttuery les a recueillis après leur chute accidentelle. Alfheidur (les cheveux roux) lui sert à manger. Le gamin doit reprendre des forces et raconter leur fameux voyage.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Jens, plus mal en point, est décidé à démissionner. Le gamin se souvient qu’il a des livres à acheter – <em>« Où résident le bonheur et la plénitude si ce n’est dans les livres, la poésie et la connaissance ? ».</em> L’Espoir le ramènera chez lui, dans la maison de Geirbrudur, où il recevra l’éducation qu’elle lui a promise. Au mois de mai, hanté par le souvenir des cheveux roux, il court dix kilomètres tous les jours, souvent le soir avant la lecture au salon.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A cette saison, presque tous sont à la besogne avec le poisson. Mais quelque chose d’inattendu s’est produit en leur absence : Andréa l’attend, elle a quitté Pétur, comme le gamin le lui avait conseillé par écrit. Une lettre a donc ce pouvoir ! <em>« Je m’appartiens »</em>, a-t-elle répliqué quand son mari lui a interdit de partir. Elle travaille à la buvette de Geirbrudur, qui l’a prise sous sa protection.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Gisli, le directeur d’école, enseigne le gamin, comme prévu, et l’interroge. Les réponses de son élève font souvent mouche. Quand il lui demande ce que signifie <em>« se trahir soi-même »</em>, le gamin répond : <em>« Ne pas oser. »</em> D’autres questions lui arrivent dans une lettre écrite par Ragnheidur, la fille de Fridrik : <em>« Ton cœur bat-il encore ? Et si oui, comment ? » </em>Elle pense parfois à lui !</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Alors que le riche Fridrik surveille tout et tous (cinq cents personnes travaillent pour lui), Geirbrudur reçoit un capitaine étranger très amoureux d’elle, tout en veillant à ce que le gamin <a title="Extrait T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/04/21/traductions-3267908.html" target="_blank" rel="noopener">traduise</a> Shakespeare au mieux pour Kolbeinn, le vieux capitaine aveugle qui vit chez elle. <em>« Il y a beaucoup de force dans ce texte » </em>déclare-t-elle quand il leur lit les cinq pages traduites. Le gamin est tout heureux de ce compliment, il a le sentiment d’avoir enfin <em>« accompli quelque chose ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Des drames ne manqueront pas de survenir. En outre, les calomnies vont bon train à l’égard de Geirbrudur. Elle monte à présent son cheval à califourchon, on l’accuse de forniquer avec le diable, avec ses longs cheveux noirs comme des ailes de corbeau. Cette maîtresse femme est trop libre pour la plupart des villageois et surtout pour Fridrik, qui veut acquérir son bateau et exige qu’elle se range.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le gamin est du côté de sa protectrice et pense avec elle que <em>« nous avons le devoir de vivre debout, on ne saurait vivre autrement ».</em> Fridrik l’a pris en grippe depuis que sa fille a prononcé son nom, il lui interdit d’approcher Ragnheidur avant qu’elle s’en aille à Copenhague. Arrivera-t-il à leur imposer sa loi, comme il le fait avec tous ? Vers laquelle des deux jeunes filles qui le troublent ira ce gamin islandais passionné des mots, d’écriture et de littérature ? </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">A rebours du personnage de femme fatale, Geirbrudur est bien la figure phare de la trilogie, <em>« une femme dans un univers d’hommes ». </em>Comme l’écrit Stefansson, c’est elle, cette femme indépendante et généreuse, <em>« qui conduit ces âmes, cette étrange congrégation d’âmes »</em>. A la différence de ceux pour qui <em>« la vie n’est que malheur »</em>, elle considère que la vie est difficile, mais qu’il existe des personnes courageuses qui résistent. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Entre ciel et terre – La tristesse des anges – Le cœur de l’homme</em> : Jon Kalman Stefansson nous fait découvrir l’Islande, son climat, des villages où tout tourne autour de la pêche et du commerce, à travers des personnages bien campés et bien plus nombreux que ceux cités ici. Les hommes y ont plus de pouvoir que les femmes, les enfants y apprennent trop tôt la proximité entre vie et mort. Le cœur bat là aussi pour ce qui dépasse les humains et donne du sens à leur passage sur terre : l’amour de l’autre, le <a title="Extrait (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/02/17/l-ocean-des-lettres-3264982.html" target="_blank" rel="noopener">pouvoir des mots</a>, des histoires qui relient les êtres, la beauté qui peut surgir même là où on ne l’attendait pas.</span></p>
hommelibre
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Belle histoire (20) : la danse sur glace, une histoire d’amour
tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2022-02-21:3300988
2022-02-21T13:13:00+01:00
2022-02-21T13:13:00+01:00
Complicité Les couples sur glace me fascinent. Leur quête de beauté...
<p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/3283972440.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-270036" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3040900564.jpg" alt="danse sur glace,papadakis.cizeron,amour,valieva" /></a>Complicité</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les couples sur glace me fascinent. Leur quête de beauté est insatiable, incoercible. En si peu de temps, le temps d’un concours, ils entrent dans nos imaginaires. Ils éveillent des images de toujours, toujours actuelles.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Le couple français Papadakis-Cizeron tient la vedette. Personne ne la leur conteste. Ils enthousiasment le public et convainquent les juges. Ils se promènent sur les sommets depuis des années. Et cette année ils sont en or sur l’Olyampe.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">17 ans ensemble. Une alchimie totale s’est établie entre eux. Depuis 17 ans ils passent des heures à se côtoyer, à partager des moments très particuliers. Il faut une forme d’amour pour se supporter ainsi, dans une discipline parmi les plus exigeantes qui soient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Cela se voit sur leur visage, dans leurs gestes, dans la confiance inébranlable qu’ils ont l’un envers l’autre. Certains partenaires sur glace sont également en couple dans la vie. Cela se comprend. Ce qu’ils partagent par exemple lors d’une victoire est d’une intensité rare.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ne sont pas en couple. Lui est gay. Mais ils ont développé une complicité et une amitié exceptionnelles et partagent des moments que peu de couple connaissent, dit-elle.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2156871399.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-270039" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3060342658.jpg" alt="danse sur glace,papadakis.cizeron,amour,valieva" /></a>Beauté</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">C’est une collaboration mais c’est aussi une forme d’amour. Dans le patinage en couple il faut cet amour. Les partenaires ont besoin l’un de l’autre. Aucun ne prend le dessus, cela ne marcherait pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">C’est aussi l’amour du travail bien fait. La finition technique du couple français est qualifiée d’impeccable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="text-decoration: underline;"><span style="color: #800000; text-decoration: underline;"><a style="color: #800000; text-decoration: underline;" href="https://www.youtube.com/watch?v=_1u6xNCwI0k">Dans un reportage</a></span></span> la patineuse Nathalie Péchalat dit d’eux: «<span style="color: #000080;"> C’est très beau, c’est très esthétique. Il y a une prise de risque mais qui ne sera pas mise en avant. Leur carte maîtresse n’est pas cela, c’est la beauté, l’élégance, la grâce, l’unisson. </span>»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">L’amour de la beauté. On peut débattre pendant des heures sur une définition de la beauté; eux, en six minutes, en font une démonstration si évidente! Cette beauté est comme quelque chose qui nous reconstitue dans notre intégrité (au sens d’unité intérieure), nous restitue à nous-même.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">La beauté encore. Celle de Gabriella. De profil son visage est presque ingrat. Un grand nez crochu et un menton proéminent. Elle ne s’est pas faite refaire. Elle l’assume. Ce n’est pas l’important. Son sourire, ses regards, ses mains, ses mouvements, ses abandons, dégagent une grâce qui la font si belle, si touchante et séduisante en même temps!</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Mais ce n’est pas que l’amour. Ces gens ont quelque chose que nous n’avons pas. Une volonté de diamant, une détermination dès le plus jeune âge. On n’arrive pas à ce niveau par hasard. C’est l’alliance des bonnes fées et du travail acharné.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Et au final, quand nous les regardons, cela semble si facile! C’est une belle histoire que Gabriella et Guillaume écrivent.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2392251344.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-270038" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2516467117.jpg" alt="danse sur glace,papadakis.cizeron,amour,valieva" /></a>Chute</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Mais parfois cela ne se passe pas ainsi. Kamila Valieva, en attente d’une décision sur l’accusation de dopage, a raté son dernier programme avec des chutes. Trop de pression, perte de confiance en soi, possiblement. Elle a craqué sur le Boléro de Ravel. Je trouve cela triste. À 15 ans l’épreuve est très dure.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Sa coach <span style="text-decoration: underline;"><span style="color: #800000; text-decoration: underline;"><a style="color: #800000; text-decoration: underline;" href="https://www.youtube.com/watch?v=q47bOzfthf4">l’a ensuite sermonée</a></span></span>, lui demandant pourquoi elle avait abandonné la bataille après la première chute. Pas de compassion mais toujours de l’exigence. Les champions ne s’éduquent pas comme des bisounours.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Mais elle reviendra, je l’espère. Elle a un gros talent. Son long corps et ses longues jambes lui permettent des figures originales et très esthétiques. Maintenant elle va devoir reconstruire une image publique abimée. Elle va devoir s’aimer.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Elle aussi aura peut-être, un jour, sa belle histoire.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">« Ces gens ont quelque chose que nous n’avons pas. Une volonté de diamant, une détermination dès le plus jeune âge. On n’arrive pas à ce niveau par hasard. C’est l’alliance des bonnes fées et du travail acharné. »</span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Tania
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A tout jamais
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-02-19:3264695
2022-02-19T08:00:00+01:00
2022-02-19T08:00:00+01:00
« Or qu’y a-t-il de plus extraordinaire : que les magiciens...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3803227853.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1141317" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3913099240.jpg" alt="graham swift,le grand jeu,roman,littérature anglaise,magie,spectacle,famille,amour,culture" /></a></span></em></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">« Or qu’y a-t-il de plus extraordinaire : que les magiciens puissent transformer une chose en une autre, même faire disparaître et réapparaître les gens, ou que les gens puissent être présents un jour – oh, tellement présents – et plus le lendemain ? A tout jamais. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Graham Swift,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="Sur scène à Brighton (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/02/11/sur-scene-a-brighton-3264694.html" target="_blank" rel="noopener">Le grand jeu</a></span></em></p>
Tania
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Sur scène à Brighton
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-02-17:3264694
2022-02-17T08:00:00+01:00
2022-02-17T08:00:00+01:00
Here we are de Graham Swift a été traduit en français (par France...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><em>Here we are</em> de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Graham_Swift" target="_blank" rel="noopener">Graham Swift</a> a été traduit en français (par France Camus-Pichon) sous un autre titre : <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Le-grand-jeu" target="_blank" rel="noopener"><em>Le grand jeu</em></a> (2020). Le romancier britannique excelle à nous entraîner, de livre en livre, dans des milieux différents – ici la scène d’un spectacle de variétés offert aux vacanciers de Brighton durant l’été 1959 – et au cœur des relations entre ses personnages.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/650562005.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1140948" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2013387398.jpg" alt="graham swift,le grand jeu,roman,littérature anglaise,magie,spectacle,famille,amour,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;"><span style="color: #707070; background: white;">Palace Pier, Brighton.</span><span style="color: #707070; background: white;"> Photograph : Heritage Images/Getty Images (<a title="source de l'illustration" href="https://www.theguardian.com/books/2020/feb/27/here-we-are-by-graham-swift-review" target="_blank" rel="noopener">The Guardian</a>)</span></span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">« Jack était maître de cérémonie cette saison-là (sa deuxième) et Ronnie et Evie passaient en premier après l’entracte. C’était grâce à Jack s’ils faisaient partie du spectacle, et c’était bien de passer juste après l’entracte. Quand, ce fameux mois d’août, tout changea et vola en éclats, ils avaient gravi les échelons et passaient en dernier, sans compter le numéro de Jack qui fermait le ban. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Portant beau son habit noir et blanc, Jack Robinson a le sens du spectacle et de la réclame. Comment Ronnie et Evie sont-ils devenus des vedettes ? Pourquoi ont-ils disparu de la scène au mois d’août ? Jack a en quelque sorte créé leur duo : quand le comédien a retrouvé Ronnie le magicien rencontré quelques années plus tôt durant leur service militaire, il l’a encouragé à prendre une assistante – <em>« la magie </em>plus<em> le glamour, ça devenait vraiment quelque chose. » </em>C’est pourquoi Evie White, en plus de mettre ses jambes en valeur et de sourire, portait une bague de fiançailles.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Contrairement à Jack et à Evie, Ronnie Deane n’a pas grandi avec une mère qui l’a poussé sur scène. Femme de ménage, elle l’a élevé seule dans une maison très modeste, son marin de père presque toujours absent. Vingt ans plus tôt, en 1939, elle l’avait conduit à la gare – une grande campagne nationale invitait les familles londoniennes à envoyer leurs enfants en lieu sûr. Ronnie, à huit ans, était attendu dans l’<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Oxfordshire" target="_blank" rel="noopener">Oxfordshire</a>, chez M. et Mme Lawrence, Eric et Penelope, <em>« d’un certain âge et sans enfants ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est la chance de sa vie. Ronnie découvre à Evergrene la sécurité et le confort, en plus de la tendresse qu’il n’a jamais connue. Eric et Penny invitent parfois des amis, tous bien habillés et aimables, qui le trouvent <em>« charmant » – « Était-ce ça qu’on entendait par « sortir le grand jeu » ? »</em> Sur les cartes postales envoyées à sa mère, le garçon se contente d’écrire que <em>« tout va bien »</em>. Tout lui semble fantastique dans cette demeure et encore plus le don d’Eric Lawrence, <em>« un magicien accompli »</em>, chez qui il va faire son <em>« apprentissage de sorcier ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Quand il rentre chez sa mère en juin 1945, elle explose de colère quand Ronnie dit vouloir devenir magicien. Il sait qu’il devra se débrouiller seul et que ce sera difficile, son <em>« deuxième père » </em>le lui a assez dit. Lawrence s’appelait Lorenzo à la scène ; Ronnie opte pour son deuxième prénom, Pablo. Au service militaire, il rencontre Jack Robbins – le futur célèbre Jack Robinson. Evie, engagée pour l’assister dans ses <em>« illusions »</em>, sera Eve, tout simplement : Pablo et Eve.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">En 2009, Evie a 75 ans et vit seule avec ses souvenirs, dans le luxe, grâce à la réussite de son mari à laquelle elle a contribué. Qu’est-il advenu entre-temps de Ronnie ? de Jack ? <a title="Tous les billets T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/graham+swift" target="_blank" rel="noopener">Graham Swift</a>, <em>« un maître des atmosphères, un talentueux magicien des brouillards et des sentiments »</em> (Didier Jacob dans <em><a title="Critique de l'Obs" href="https://www.nouvelobs.com/critique/20210119.OBS39047/le-magicien-graham-swift-sort-le-grand-jeu.html" target="_blank" rel="noopener">L’Obs</a>)</em> réserve plus d’une surprise dans <a title="La chronique littéraire de Sophie Creuz (RTBF, Musiq3)" href="https://www.rtbf.be/article/le-grand-jeu-de-graham-swift-un-vent-de-magie-souffle-sur-lete-1959-a-brighton-10668628" target="_blank" rel="noopener"><em>Le grand jeu</em></a> en racontant l’histoire de ces trois-là, de leurs spectacles pleins d’élégance et d’audace et des tournants inattendus de leur vie et de l’amour.</span></p>
Tania
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Images anciennes
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-02-15:3264610
2022-02-15T18:00:00+01:00
2022-02-15T18:00:00+01:00
« Souvent, j’ai l’impression de n’avoir aucune mémoire, et...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/95395999.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1140850" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/1810546929.jpg" alt="desarthe,l'éternel fiancé,roman,littérature française,famille,enfance,amour,musique,culture" /></a>« Souvent, j’ai l’impression de n’avoir aucune mémoire, et cependant, la précision de certains souvenirs m’affole. Certaines images anciennes possèdent une consistance plus ferme, plus sûre que mes journées présentes. Durant mes moments de rêverie, alors que je parcours la ville, la rue disparaît, emportant le trottoir, les oiseaux se taisent, les arbres s’abattent, les voitures sont englouties par le caniveau. Ma mémoire n’établit pas les justes hiérarchies entre les choses, pas plus qu’entre les événements. Le passé m’apparaît comme un livre dont certaines pages demeurent collées entre elles, m’interdisant l’accès au texte, tandis que d’autres, détachées à la pliure du volume, se séparent d’elles-mêmes sans que je le veuille. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Agnès Desarthe,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"> <a title="Tout pour la musique (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2022/02/09/tout-pour-la-musique-3264609.html" target="_blank" rel="noopener">L’éternel fiancé</a></span></em></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">© Jean-Michel Folon, <a title="Source de l'illustration" href="https://www.osenat.com/lot/9109/1755519?npp=50&" target="_blank" rel="noopener"><em>La lecture</em></a></span></p>
Tania
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Tout pour la musique
tag:textespretextes.blogspirit.com,2022-02-14:3264609
2022-02-14T08:00:00+01:00
2022-02-14T08:00:00+01:00
Le dernier roman d’ Agnès Desarthe , L’éternel fiancé , débute comme une...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Le dernier roman d’<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Agn%C3%A8s_Desarthe" target="_blank" rel="noopener">Agnès Desarthe</a>, <a title="Site de l'éditeur" href="http://editionsdelolivier.fr/catalogue/9782823615821-l-eternel-fiance" target="_blank" rel="noopener"><em>L’éternel fiancé</em></a>, débute comme une romance d’enfance et se termine sur des larmes silencieuses, bien des années plus tard. Chaque fois que sa vie a croisé celle d’Etienne (le fiancé de toujours), la narratrice en a été bouleversée.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2579132708.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1140846" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1108207148.jpg" alt="desarthe,l'éternel fiancé,roman,littérature française,famille,enfance,amour,musique,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">La première rencontre a lieu lorsqu’elle a quatre ans : les enfants de l’école maternelle vont au concert de Noël, dans la salle des mariages de la mairie.<em> « Chez elle, il y a toujours de la musique. Elle est contente d’en entendre. Elle se récite les noms des compositeurs que sa maman et son papa aiment. Il y a Beethoven. Mais maman préfère Brahms. Il y a Schubert que papa adore, mais Lise, la grande sœur, veut toujours du Chopin. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">La mélodie s’élève quand soudain, le garçon devant elle se retourne et lui dit qu’il l’aime, parce qu’elle a les yeux ronds. Elle ne répond pas, la musique a commencé. Il insiste et pour le faire taire, elle rétorque : <em>« Je ne t’aime pas. Parce que tu as les cheveux de travers. »</em> Il pleure en silence, elle est sauvée. <em>« Mais elle songe qu’ils sont à présent fiancés, à cause de la beauté de la musique ; officiellement fiancés, à cause de la salle des mariages. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Les trois sœurs, Lise l’aînée à l’alto, Dora la cadette au violoncelle et elle au violon, comme son père, ont répété des années le <em>Quatuor en mi bémol majeur</em> de<a title="Meur & Mendelssohn (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2016/02/01/meur-mendelssohn.html" target="_blank" rel="noopener"> Fanny Hensel-Mendelssohn.</a> Elles jouaient faux et mal, mais Lise, la meilleure des quatre, les reprenait. Leur famille n’était pas<em> « comme tout le monde »</em> mais cela ne les gênait pas : <em>« Nous étions le monde et mon regard demeurait myope au reste de l’univers. »</em> <em>L’éternel fiancé</em> raconte la vie de famille, l’école, la vie sans télévision ; un passé dont certains pans semblent avoir quitté la mémoire alors que d’autres s’y sont gravés avec précision. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Très vite, la voilà au lycée Gustave Courbet où elle reconnaît le garçon <em>« intensément contemplatif »</em> devant la fresque du hall, au rez-de-chaussée : <em>« ses cheveux ne sont plus de travers ».</em> Etienne est le frère de Martin Charvet, qui <em>« capte la lumière »</em> et réussit tout, <em>« l’élu entre les élus »</em>, déjà en première. Elle l’adore, comme les autres, mais survient une grave maladie, l’hôpital, et elle doit redoubler la seconde. Fini le quatuor. Elle prend des cours de violon avec une dame qui répète <em>« Eh ben, c’est pas brillant brillant »</em> et lui conseille d’intégrer l’orchestre du lycée.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">C’est à la répétition qu’elle revoit Etienne, à présent en première, qui ne la reconnaît pas. Elle s’émerveille de distinguer si clairement <em>« toutes les voix »</em> des instruments – «<em> la sensation d’un tissage dont j’aurais été simultanément le fil et la trame »</em>. Etienne tient une espèce de râpe à fromage et un peigne en métal, sorte de <em>« <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%BCiro" target="_blank" rel="noopener">güiro</a> »</em>. Elle le trouve changé, plus lumineux – grâce à l’amour d’Antonia, qu’il a rencontrée pendant qu’elle gisait à l’hôpital.<em> « Antonia danse comme personne. »</em> Elle joue de l’<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Euphonium" target="_blank" rel="noopener">euphonium</a> et l’a convaincu de rejoindre l’orchestre.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Etienne et Antonia deviennent le couple d’amoureux le plus admiré du lycée, un duo d’anticonformistes et lanceurs de modes. Tout le monde achète les bijoux qu’ils fabriquent pour les vendre aux terrasses des cafés. Le monde change. A la maison aussi, où la mère de la narratrice est tombée amoureuse du dentiste, son patron. Avec le temps, tout change. Elle-même sort à présent avec Martin, le grand frère, qui ne se doute de rien quand elle décide de l’accompagner à l’exposition d’Etienne et Antonia, pour le revoir, lui.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">Il en ira ainsi d’année en année. A la sortie d’une soirée, elle</span> <span style="font-family: 'Times New Roman', 'serif';">qui s’est entretemps mariée (avec un autre) rencontre son <em>« fiancé » </em>avec un bébé dans les bras, désespéré parce que sa fille n’arrête jamais de pleurer. Etienne est en perdition. Avec la musique, un temps abandonnée, mais pas pour toujours (la <a title="Tout pour la musique (Greatsong)" href="https://greatsong.net/PAROLES-FRANCE-GALL,TOUT-POUR-LA-MUSIQUE,226926.html" target="_blank" rel="noopener">chanson</a> de France Gall m’a trotté en tête en lisant, d’où le titre de cette lecture), il reste l’autre obsession de la narratrice. Comme si sa vie à lui était plus réelle, plus fascinante, comme s’il s’inscrivait davantage dans le monde qu’elle. </span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', 'serif';"><a title="Entretien avec Nicolas Julliard (RTS), qui dévoile beaucoup de l’intrigue" href="https://www.rts.ch/info/culture/livres/12474850-leternel-fiance-dagnes-desarthe-ou-lhomme-da-cote.html" target="_blank" rel="noopener"><em>L’éternel fiancé</em></a>, <em>« fausse autobiographie empreinte de merveilleux »</em>, conte une histoire douce-amère où l’on s’accorde et se désaccorde. Ce roman des sensations, des sentiments, des souvenirs épars est plein de changements de ton, de rêveries secrètes, d’images parfois floues parfois nettes, au fil d’une vie de femme. <a title="Tous les billets sur T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/desarthe" target="_blank" rel="noopener">Agnès Desarthe</a> y conjugue le récit d’une époque et une exploration de la mémoire intime.</span></p>
Jacques Davier
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Complainte des amours perdues
tag:jacquesdavier.blogspirit.com,2022-01-25:3332928
2022-01-25T08:30:00+01:00
2022-01-25T08:30:00+01:00
Dis-moi, chérie, m'as-tu aimé? Comme lorsqu'on mêle deux cœurs Ton...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Dis-moi, chérie, m'as-tu aimé?</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Comme lorsqu'on mêle deux cœurs<br /></span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ton amour a-t-il essaimé</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Tous les pollens de nos douleurs?</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Quand nous dévalions sous le vent</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Les pentes soyeuses des prés</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Tu riais, je courais devant</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">As-tu béni ces jours sacrés?</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Maintenant que tu es partie</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Suis-je un peu dans tes souvenirs?</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je t'aimais sans contrepartie</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Je t'aimais pour nos fous désirs</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">As-tu le mal de nous, si j'ose</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Ou bien est-ce la même chose?</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 14pt;">Jacques Davier (Janvier 2022)</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Ce poème est dédié à Jules Laforgue!</span></p><p> </p>
Tania
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Tremblement
tag:textespretextes.blogspirit.com,2021-08-28:3254857
2021-08-28T08:00:00+02:00
2021-08-28T08:00:00+02:00
« La mémoire, pour moi, c’est comme un...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/462349535.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1127725" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/912848211.jpg" alt="tenenbaum,l'affaire pavel stein,roman,littérature française,rencontres,amour,amitié,nombres,mémoire,juifs,culture" /></a></span></em></p><p> </p><p> </p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« La mémoire, pour moi, c’est comme un tremblement, voyez-vous, un aller-retour entre ce qu’on a vécu et ce qu’on vit, voire entre ce qu’on aurait pu et ce qu’on pourrait encore vivre. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Gérald Tenenbaum, <a title="Paula et Stein" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/06/23/paula-et-stein-3254855.html" target="_blank" rel="noopener"><em>L'affaire Pavel Stein</em></a></span></p>
Tania
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Personnellement
tag:textespretextes.blogspirit.com,2021-08-24:3257311
2021-08-24T18:00:00+02:00
2021-08-24T18:00:00+02:00
« Ayant maîtrisé l’art de l’invention verbale à la perfection, il...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/1930604303.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1127722" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/4006568847.jpg" alt="nabokov,mademoiselle o,printemps à fialta,nouvelles,littérature américaine,souvenirs,amour,culture" /></a>« Ayant maîtrisé l’art de l’invention verbale à la perfection, il se vantait beaucoup d’être un tisseur de mots, titre qu’il mettait plus haut que celui d’écrivain ; personnellement, je n’ai jamais compris à quoi cela servait d’imaginer des livres ou de transcrire des choses qui ne s’étaient pas vraiment produites d’une façon ou d’une autre, et je me rappelle lui avoir dit un jour, bravant l’ironie de ses hochements d’encouragement, que, si j’étais écrivain, je ne permettrais qu’à mon cœur d’avoir de l’imagination et que, pour le reste, je compterais sur la mémoire, cette ombre de notre vérité personnelle qui s’allonge au soleil couchant. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Vladimir Nabokov, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="La Nina de Fialta (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/08/20/la-nina-de-fialta-3257280.html" target="_blank" rel="noopener">Printemps à Fialta</a> </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">(in</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> Mademoiselle O</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">)</span></p>
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Inutile d'insister...
tag:heure-bleue.blogspirit.com,2021-08-23:3257345
2021-08-23T09:41:00+02:00
2021-08-23T09:41:00+02:00
Devoir de Lakevio du Goût No 95 Il s’en va. Mais où ?...
<p style="text-align: center;"><a href="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/00/4253234374.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1127794" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/00/2370154154.jpg" alt="aldo_balding 4.jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 13.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: red;">Devoir de Lakevio du Goût No 95<br />Il s’en va.<br />Mais où ?<br />Pourquoi ?<br />Si vous avez une idée, faites en part lundi…</span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">C'est fini pour de vrai !<br />J'ai encore essayé de la faire changer d'avis.<br />Elle-ne-chan-ge-ra-pas ! A-t-elle juré.<br />Nous allons divorcer et elle gardera les enfants.</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Elle dit que je l'ai frappée !<br />Bon, je reconnais qu'un soir, honteux d'avoir perdu mon travail, je suis rentré</span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;"> saoul à la maison.<br />J'étais en colère, elle m'a tenu tête, je ne me suis pas contrôlé...</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">C'était la première fois en quinze ans de vie commune, j'ai perdu la tête.<br />Mais je l'aime ! Je ne recommencerai jamais, c'est promis !<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Je ne suis ni un buveur, ni un cogneur.<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">J'ai supplié, j'ai juré, je l'aime, j'aime mes enfants et j'ai retrouvé du travail.</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Elle est intraitable.<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Je me demande si elle ne se sert pas de cet incident pour refaire sa vie avec Simon, mon ami de toujours.</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Ah les femmes ! Toutes des s... !</span></strong></span></p>
Tania
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La Nina de Fialta
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2021-08-23T08:00:00+02:00
2021-08-23T08:00:00+02:00
Lire des nouvelles une à une, voilà un bon conseil reçu ici et mis en...
<p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">Lire des nouvelles une à une, voilà un bon conseil reçu ici et mis en application en reprenant le recueil de Vladimir <a title="Biographie" href="https://www.vladimir-nabokov.org/biographie-vladimir-nabokov/" target="_blank" rel="noopener">Nabokov</a>, <em>Mademoiselle O</em> (<em>Nabokov’s Dozen</em>, traduit de l’américain par Yvonne et Maurice Couturier), qui en contient treize. Sa jolie couverture en 10/18</span>, <span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">un détail de </span><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>The Seashore</em> de William Henry Margetson, entre en résonnance ce matin avec <em>L’heure bleue</em> du <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/sundborn+ou+les+jours+de+lumi%C3%A8re" target="_blank" rel="noopener">peintre de Skagen</a>, le Danois Peder Severin Krøyer, dont Aifelle a évoqué en commentaire l’exposition en cours au <a title="Site du musée" href="https://www.marmottan.fr/expositions/lheure-bleue/" target="_blank" rel="noopener">musée Marmottan</a>.</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3119230301.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1127674" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1818634893.jpg" alt="nabokov,mademoiselle o,printemps à fialta,nouvelles,littérature américaine,souvenirs,amour,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">William Henry <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Henry_Margetson" target="_blank" rel="noopener">Margetston</a> (1861-1940), <em>The Seashore</em>, 1900</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Mademoiselle O</em>, la première nouvelle, m’a bien sûr rappelé les pages d’<a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/05/05/rivages-nabokoviens-3252094.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Autres rivages</em></a> où l’écrivain retrace ses jeunes années passées en Russie et décrit avec affection l’institutrice suisse qui lui a appris le français. <em>« Très forte, toute ronde comme son nom, Mademoiselle O arriva chez nous comme j’entrais dans ma sixième année. »</em> Il se souvient de ses crayons, de ses habitudes, de sa merveilleuse voix : <em>« Quel nombre immense de volumes nous a-t-elle lus par ces après-midi tachetées de soleil, sur la véranda ! »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Printemps à Fialta</em> commence comme un récit de vacances, au début des années 1930, dans une <em>« une charmante ville de Crimée »</em> aux <em>« petites rues en pente »</em> vers la mer (une ville imaginaire dont le nom fait penser à Yalta). C’est par ce printemps très humide, alors qu’il observe un Anglais en culotte de golf, qu’il suit son regard et voit Nina :</span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Chaque fois que je l’avais rencontrée durant les quinze années de notre… enfin, j’ai du mal à trouver le mot exact pour définir notre genre de relation… elle n’avait jamais paru me reconnaître tout de suite ; et cette fois encore elle demeura totalement impassible pendant tout un moment, sur le trottoir d’en face, à demi tournée vers moi avec un air d’incertitude bienveillante mêlée de curiosité, seul son foulard jaune s’avançant déjà comme ces chiens qui vous reconnaissent avant leur maître – et alors elle poussa un cri, les mains en l’air en faisant danser ses dix doigts et là en plein milieu de la rue, n’obéissant qu’à la franche impulsivité d’une vieille amitié (tout comme elle aimait faire sur moi un rapide signe de croix à chaque fois que nous nous quittions), elle m’embrassa par trois fois à pleine bouche mais avec peu de sincérité, et puis marcha à mes côtés, s’accrochant à moi, réglant son pas au mien, gênée par son étroite jupe marron sommairement fendue sur le côté.<br />– Oh oui, Ferdie est ici, lui aussi, répondit-elle, et aussitôt demanda gentiment des nouvelles d’Elena. » </span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La première fois qu’il avait rencontré Nina, vers 1917, à l’occasion d’un anniversaire à la campagne chez sa tante, le narrateur venait de terminer ses études au Lycée impérial et Nina était déjà fiancée à un soldat de la Garde impériale, devenu depuis lors <em>« un ingénieur prospère »</em>. Quand ils étaient sortis pour une promenade dans la neige, il avait glissé et laissé tomber sa torche éteinte ; la «<em> petite forme courbée »</em> qui marchait devant lui s’était retournée :</span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« « Qui est-ce ? » demanda-t-elle d’un air intéressé – et déjà j’embrassais son cou doux et affreusement brûlant sous le long renard de son col de manteau qui ne cessait de se trouver sur mon chemin, si bien qu’elle finit par me serrer l’épaule et, avec la candeur qui était la sienne, appliqua gentiment ses lèvres généreuses et dociles sur les miennes. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Si ces deux échanges de baisers vous plaisent, lisez <em>Printemps à Fialta</em>. La nouvelle raconte ces rencontres de hasard entre eux, en Russie d’abord, puis, après l’exode, à Berlin, à Paris, des rencontres <em>« insouciantes en apparence mais, en fait, désespérées ».</em> L’amour silencieux qu’il porte à Nina, un beau personnage de femme, vous rappellera peut-être l’un ou l’autre souvenir de rencontre avec quelqu’un qu’on aurait pu aimer pour de bon si les circonstances ou Dieu sait quoi d’autre avait été différent.</span></p>
Saïdem
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Ring of Love
tag:saidem.blogspirit.com,2021-08-16:3257124
2021-08-16T12:17:00+02:00
2021-08-16T12:17:00+02:00
La complexité des relations entre les hommes et les femmes...
<p style="text-align: center;"><a href="http://saidem.blogspirit.com/media/02/01/3847381019.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1127451" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://saidem.blogspirit.com/media/02/01/2538954707.jpg" alt="Maroc, Amour, Mariage, Drague, Humour, Tanger, Tétouan, " /></a></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"> </p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">La complexité des relations entre les hommes et les femmes est une chose universellement partagée. Mais ce qui m’a toujours fasciné au Maroc, c’est le rapport bien trop conflictuel qui règne entre les deux genres. Un rapport de force, de violence morale parfois, où tous les coups, même les moins honorables, sont permis...</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Spectateur de nombreux combats acharnés, il me semble, après quelques temps d’adaptation, que j’y vois un peu plus clair dans ce jeu. </span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Si j’ai bien compris, les jeunes du Maroc sont en fait divisés en deux équipes : les femmes d’un côté, robe rouge et chaussettes roses ; et les hommes de l’autre, pantalon noir et chaussettes trouées. </span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Après un premier round d’observation, les deux adversaires reviennent dans leur coin respectif pour suivre les consignes de leur coach. </span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Dans le coin droit, la mère :</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;">– <span style="font-family: Garamond, serif;"><span lang="fr-FR">Écoute Fouzia ! C’est ta dernière chance de te trouver un mari ! Accroche toi comme si tu faisais ton dernier combat ! N’oublie pas que tu es presque à l’âge de la retraite : 20 ans, et tu n’as encore aucun titre !… Qui voudra de toi après ? Reste concentrée et ça se passera bien ! Regarde le ! Il n’a rien de spécial de plus que toi ! Tu crois que c’est ce naïf qui va t’échapper ? Tu as des atouts : utilise-les ! Lorsqu’il te frappe d’un « </span></span><span lang="fr-FR"><em>Mane choufouch a zine</em></span><sup><span lang="fr-FR"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a></span></sup><span lang="fr-FR"><em> ?</em></span><span lang="fr-FR"> », tu cales ta défense et tu lui décoches direct un « </span><span lang="fr-FR"><em>Tu me prends pour qui ?!</em></span><span lang="fr-FR"> », ça va le refroidir et lui faire savoir à qui il a affaire : une bent nass</span><sup><span lang="fr-FR"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a></span></sup><span lang="fr-FR"> ! Ça va l’émoustiller mais à ce stade, ne lâche jamais ta défense ! C’est là où ils sont les plus vicieux !... Lorsque tu l’as bien travaillé, continue de le harceler sur son point faible : « </span><span lang="fr-FR"><em>Tu sais que cinq hommes ont déjà demandé ma main à mes parents ?…</em></span><span lang="fr-FR"> », suivi d’un « </span><span lang="fr-FR"><em>Mais j’ai refusé pour toi </em></span><span lang="fr-FR">». Tu l’enchaînes plusieurs fois par des « </span><span lang="fr-FR"><em>Mes parents me mettent la pression</em></span><span lang="fr-FR"> » rotatifs et tu le finis avec un « </span><span lang="fr-FR"><em>Écoute, j’ai fait des sacrifices pour toi, je veux que tu en fasses aussi !... </em></span><span lang="fr-FR">»</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"> </span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Côté gauche, le pote :</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;">– <span style="font-family: Garamond, serif;"><span lang="fr-FR">Écoute Farid, dès que tu vas aller au contact, elle va te décocher un « </span></span><span lang="fr-FR"><em>Je veux le mariage hlal</em></span><span lang="fr-FR"> »</span><sup><span lang="fr-FR"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a></span></sup><span lang="fr-FR"> de la gauche ! Ça fait mal, oui, je sais... Mais tu encaisses le coup et tu ne cèdes surtout pas. Mets lui un « </span><span lang="fr-FR"><em>Si Dieu le Veut ma chérie !</em></span><span lang="fr-FR"> », suivi d’un « </span><span lang="fr-FR"><em>Tu m’as pris la raison, ma rose</em></span><span lang="fr-FR"> » latéral. Si elle est encore debout, assène lui un « </span><span lang="fr-FR"><em>Je vais bientôt venir chez tes parents demander ta main, il me faut juste un peu de temps</em></span><span lang="fr-FR"> ». Mais ne cède jamais là où elle veut t’entraîner !... Allez, c’est reparti ! Reprends tes lunettes de soleil et ta fausse montre en or... Tiens bon !</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"> </span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"> </span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">À la fin du second round, les deux adversaires, qui ont livré un combat acharné, reviennent dans leur coin.</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Coin gauche, la mère, toujours :</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;">– <span style="font-family: Garamond, serif;"><span lang="fr-FR">Comment ça se fait que cet âne est encore debout ? Il esquive tous tes « </span></span><span lang="fr-FR"><em>J’en ai assez d’attendre !</em></span><span lang="fr-FR"> ». Tu ne mets pas assez de punch dans tes coups !... Écoute, maintenant, on a plus le temps de faire dans la finesse... On va sortir la grosse artillerie ! Il faut chercher le K.O. tout de suite, sinon ça va s’éterniser... Dès que tu sens l’ouverture, tu lui mets un énorme « </span><span lang="fr-FR"><em>Un cousin de Belgique va venir demander ma main la semaine prochaine... Et je ne pourrai pas refuser si tu ne viens pas avant...</em></span><span lang="fr-FR"> » </span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"> </span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Côté gauche, le pote :</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;">– <span style="font-family: Garamond, serif;"><span lang="fr-FR">Ça ne va pas du tout Farid ! Tu fais n’importe quoi ! Tu vois bien que tes « </span></span><span lang="fr-FR"><em>Tu es la plus belle femme que j’ai rencontré</em></span><span lang="fr-FR"> » et « </span><span lang="fr-FR"><em>Je ne peux pas vivre ma vie sans toi, ma chérie </em></span><span lang="fr-FR">», ça ne l’atteint plus du tout ! T’es trop court et sa garde est bien en place. Mais tu continues, encore et encore, alors qu’elle a trouvé la parade ! Faut que t’arrêtes !... Ton jeu est trop stéréotypé ! Si tu continues comme ça, ça sent le K.O par le mariage ! Tu vas te retrouver porté par quatre potes sur une Amarya</span><sup><span lang="fr-FR"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a></span></sup><span lang="fr-FR">, tu vas rien comprendre ! Reprends-toi ! Je ne te reconnais plus là, Farid... Elle te baratine comme à un débutant... Tu fais honte aux hommes sur le ring !... Écoute, tu vas lui faire ta spéciale, comme à l’entraînement... Tu commences par un petit : « </span><span lang="fr-FR"><em>Je veux le meilleur pour toi et nos futurs enfants, c’est pour ça que je veux avoir le temps d’avoir une bonne situation... Parce que tu le mérites ma chérie...</em></span><span lang="fr-FR"> » Et Bim ! Direct le « </span><span lang="fr-FR"><em>Je viens tout juste de trouver un bon travail. Et je te le promets, je viendrai demander ta main dès que je serai bien installé.</em></span><span lang="fr-FR"> » Allez ! C’est reparti ! Et cette fois, tu y vas avec la détermination ! </span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"> </p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Mensonge, dissimulation, méfiance, traditions, règles impérieuses, peur du regard des autres… Au Maroc, la séduction et l’amour semblent tellement souffrir de ces choses.</span></span></p><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"> </span></p><p lang="fr-FR" align="LEFT"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Et si on redescendait du ring ?</span></span></p><p lang="fr-FR" align="LEFT"> </p><p lang="fr-FR" align="LEFT"><span style="color: #000000; font-size: 12pt;"><span style="font-family: Garamond, serif;">Mohamed Saïyd. <em>in</em> Bienvenue à Maroc-Land (c) 2019.</span></span></p><p lang="fr-FR" align="LEFT"> </p><p lang="fr-FR" align="LEFT"><strong>Lexique :</strong></p><div id="sdfootnote1"><p lang="fr-FR" align="LEFT"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a><span lang="fr-FR">. « On se voit, beauté? ». Accroche de drague.</span></span></span></span></p></div><div id="sdfootnote2"><p lang="fr-FR" align="LEFT"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a><span lang="fr-FR">. </span><span lang="fr-FR"><em>Bent nass</em></span><span lang="fr-FR"> : Fille de bonne famille.</span></span></span></span></p></div><div id="sdfootnote3"><p lang="fr-FR" align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a><span lang="fr-FR">. </span><span lang="fr-FR"><em>Mariage hlal </em></span><span lang="fr-FR">: Mariage religieux, légal. Au Maroc, et dans les pays musulmans en général, les relations hors mariage sont très mal vues. </span></span></span></span></p></div><div id="sdfootnote4"><p lang="fr-FR" align="LEFT"><span style="color: #000000;"><span style="font-family: Garamond, serif;"><span style="font-size: small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a><span lang="fr-FR">. </span><span lang="fr-FR"><em>Amarya</em></span><span lang="fr-FR"> : Chaise à porteur, utilisé traditionnellement dans les cérémonies de mariage pour porter les mariés. </span></span></span></span></p></div>
heure-bleue
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Non, ils ne vont pas se marier.
tag:heure-bleue.blogspirit.com,2021-07-26:3256357
2021-07-26T09:37:21+02:00
2021-07-26T09:37:21+02:00
Cette toile de Mr Mǿnsted, parfaitement de saison, me semble montrer...
<p style="text-align: center;"><a href="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/02/3853632083.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1125983" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/02/311543022.jpg" alt="Devoir de Lakevio du Goût_91.jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 13pt; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #ff0000;">Cette toile de Mr Mǿnsted, parfaitement de saison, me semble montrer une entreprise courante.<br />On dirait bien une invitation au bal peut-être une demande en mariage.<br />Qu’en pensez-vous ?<br />Qu’en dites-vous ?<br />À lundi, si vous n’êtes pas sur une plage quelconque pleine d’eau, de sable, de monde et de cris.<br />Bref, là où il est impossible de penser à quoi que ce soit d’autre…</span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Louis et Patricia sont frère et soeur.<br />Enfin presque.<br />Leurs parents ont divorcé et ils sont nés d'un nouvel amour de chacun de leurs parents.<br />Louis a été élevé par son père, enfin surtout par sa belle-mère.<br />Patricia a été élevée par sa mère, essentiellement par sa mère.</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Comme de nombreux enfants, ils se sont vus le week-end, une partie des vacances, ils ont réussi à développer une belle complicité.<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Aujourd'hui, ils se sont donnés rendez-vous pour parler d'amour, ils sont amoureux.<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Louis raconte sa rencontre avec son compagnon.<br />Évidemment il est merveilleux, il est beau, fidèle, intelligent, ses yeux brillent, son sourire est communicatif.<br /></span></strong></span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Patricia raconte sa rencontre avec le sien.<br />Le sien aussi est évidemment merveilleux, il est beau, rassurant.<br /><br />Ils vont se marier "et patin et couffin"...</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">De confidence en confidence, de petits détails en petits détails, ils découvrent qu'ils sont amoureux du même homme.<br />En plus qu'ils se font mener en bateau par un homme déjà marié...</span></strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong><span style="color: #000000;">Moralité ?<br />Ne jamais se fier aux images.<br />Elles cachent parfois une réalité sordide.</span></strong></span></p><p> </p><p> </p><p> </p><p> </p>
Marie GILLET
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Pistes pour le mois de juillet. Progresser en lucidité.
tag:bonheurdujour.blogspirit.com,2021-07-01:3255259
2021-07-01T05:00:00+02:00
2021-07-01T05:00:00+02:00
Progresser en lucidité. Voir le monde tel qu’il est, les gens comme ils...
<em><strong><br />Progresser en lucidité. <br />Voir le monde tel qu’il est, les gens comme ils sont. Ce n’est pas toujours facile, ni gai, ni exaltant de regarder bien en face ce qui ne va pas : la pollution, le réchauffement climatique, les pandémies, la misère, les guerres qui n’en finissent pas – ça c’est pour le monde ; et pour les gens, les non-dits, les faux-semblants, le manque de courage, la violence qui parfois s’affiche clairement et parfois se dissimule. <br />Mais il y a aussi les fleurs, les oiseaux, les ciels de l’aube au couchant, les arbres et les montagnes, les ruisseaux et les mers, et des gens qui font du mieux qu’ils peuvent, qui innovent, qui sont déterminés à construire plutôt qu’à déconstruire, qui sont gentils, ceux qui demandent en vérité « comment ça va ? », et puis il y a l’amour et la joie, ça compte aussi, ça existe aussi.<br />Et peut-être que progresser en lucidité aide à ne pas tout voir en noir et blanc mais à remarquer les nuances ; aide à ne pas dire non systématiquement, ni oui non plus d’ailleurs ; aide à se trouver une place, sinon un rôle, dans ce monde qui interroge.<br /><br />Bon mois de juillet ! <br />Et à samedi !<br /><br /></strong></em>
Jacques Davier
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Les Poèmes de la Lune Rouge (XXVIII)
tag:jacquesdavier.blogspirit.com,2021-06-16:3332893
2021-06-16T18:30:00+02:00
2021-06-16T18:30:00+02:00
XL Barbara et Jacob sortirent des plumes au petit matin. Il avaient...
<p style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">XL</span></strong></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Barbara et Jacob sortirent des plumes au petit matin. Il avaient passé une torride nuit d'amour, et lorsque Jacob se fit à nouveau câlin et taquin, Barbara eut un mouvement de surprise, mais céda aussitôt, heureuse!</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Assis à la table de la cuisine, le couple prenait son petit-déjeuner, tartines au miel ou à la confiture, et café au lait. Ce fut Barbara qui rompit le silence. Ils s'étaient mis dans une situation très délicate, dit-elle. Oona était sa meilleure amie, une amie d'enfance. Elle l'avait trahie. Et Jacob, n'avait-il pas lui-aussi trahi son amour? Même si Oona et lui étaient séparés, Jacob avait toujours l'espoir qu'elle lui reviendrait, et il l'aimait comme un fou! A contrecœur, il dut bien admettre que oui! Il se sentait misérable.<br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Donc, conclurent-ils, deux traîtres mangeaient de bon cœur des tartines en continuant à se faire les yeux doux, mais en culpabilisant néanmoins, et pas qu'un brin. Que faire? Ils avaient aussi sacrément envie de recommencer! Situation d'imbroglio caractérisé! Jacob proposa de laisser passer la journée, et d'aviser le soir venu, tout en sachant parfaitement que cela était mal parti, car Barbara lui avait pris la main et lui dit déjà qu'elle préparerait le dîner! Comment résister à ces beaux yeux marrons, pensa Jacob, en constatant que son cœur battait à l'idée de remettre le couvert! </span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Après avoir vidé la napolitaine et fini les petits pains, le couple fit la vaisselle et rangea la cuisine. Rendez-vous était pris pour le soir même. Barbara annonça qu'elle viendrait à cinq heures et demie, et Jacob proposa de faire les courses, ce qui fut accepté avec gratitude! Les deux adultères (où en était Barbara avec son Alister, pensait Jacob?) s'embrassèrent passionnément, puis Barbara franchit la porte en lui faisant un "bye" accompagné d'un charmant geste de la main. Jacob était conquis! Il ne put s'empêcher, cependant, de revoir dans sa tête le sourire de Oona...<br /></span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Jacques Davier (Mai 2021)</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Travail en cours. La numérotation du chapitre est provisoire</span><br /></span></p>
Jacques Davier
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Les Poèmes de la Lune Rouge (XXV)
tag:jacquesdavier.blogspirit.com,2021-04-09:3332872
2021-04-09T13:41:00+02:00
2021-04-09T13:41:00+02:00
XXVIII L'hiver était bien installé. Les cheminées fumaient. Jacob...
<p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">XXVIII</span></span></strong></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">L'hiver était bien installé. Les cheminées fumaient. Jacob s'en réjouissait, car il aimait beaucoup cette saison. C'était celle du ski, des footings dans l'air glacial, des grogs et des Jaeger Tee qui vous réchauffaient en un rien de temps! Il aurait aimé retrouver Oona en rentrant à la maison, et pouvoir se blottir contre son corps. Mais il devait se rendre à l'évidence, comme à chaque retour; elle n'était pas là, elle était partie. Et même si elle avait laissé la porte très légèrement entrouverte, elle restait pour le moment sa belle en-allée.<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Tâchant de positiver un tantinet, Jacob décida de ressortir le carton du libraire, et de continuer l'examen du mystérieux manuscrit. Il se souvenait qu'il était tombé, lorsqu'il lisait ce recueil de textes dans le dépôt de la librairie au sommet de l'escalier, sur un de ces fameux Poèmes de la Lune rouge, écrits à l'encre rouge, intitulé <em>The Lovers That Never Were</em>. Il avait immédiatement été frappé par le fait que les protagonistes s'appelaient, comme dans d'autres de ces poèmes, Jacob et Oona!</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Pourquoi cette coïncidence? Oona avait prétendu que ces écrits pouvaient constituer des sorte de biographies cachées, ésotériques, d'élus ou d'élues, à savoir des druides ou des druidesses ayant le don et ayant été initiés. Oona, son Oona à lui, du moins il aimait encore à le croire, en faisait-elle partie? Lisait-il là son histoire cachée, peut-être aussi la sienne, donc? Cette histoire était-elle à prendre au pied de la lettre, ou comme une allégorie, une fantasmagorie, une sorte de texte magique se rapportant à une autre réalité, cachée? Tout cela n'en disait pas plus sur l'auteur, de toute manière! Qui pouvait-il bien être? Le libraire? Il avait dénié. L'étrange client bulgare? Peu vraisemblable, mais ce dernier savait certainement quelque chose, voir savait peut-être qui était cet étrange auteur qui vous échappait des doigts comme une anguille! Oona elle-même? Non, impossible, l'analyse interne du manuscrit, notamment du papier et des encres, démontrait un certain âge, au moins quelques dizaines d'années; elle était évidemment trop jeune! Mais il se dit que, après tout, elle-aussi savait peut-être quelque chose. Or, si c'était le cas, elle était restée totalement muette.</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><br /></span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Cessant de se torturer l'esprit, Jacob continua de feuilleter le manuscrit. Il tomba assez vite sur le feuillet en question. Il le relut, en essayant d'être attentif au moindre détail :</span></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">The Lovers That Never Were</span></em></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">J’ai récemment rêvé que je me trouvais dans une pièce, avachi dans un fauteuil, écoutant une femme sympa de mes amies, discuter dans la pièce d’à côté, la porte étant ouverte, avec celle que j’aimais comme un fou, mais qui m’avait déjà rejeté ! Puis, les deux femmes vinrent vers moi, s’assirent dans les fauteuils adjacents, et continuèrent leur conversation, en m’ignorant. Devais-je intervenir ? Au moins souhaiter la bonne année à mon amour qui me détestait ? Que faire ? Je restai coi, mais lançai quelques coups d’œil vers ma dulcinée, qui me les rendit, mi-gênée mi-agacée. Puis, j’annonçai à mes deux compagnes qu’il était temps d’écouter de la musique ! Je déposai le vinyle de Ringo Starr, </span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Rotogravure</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">, sur la platine, et mis en mouvement le bras de lecture. La face A commençait avec « A Dose of Rock’n’roll », petit rock sans prétention, notable pour son intro, assez géniale. Cela suscita leur intérêt, sans plus. Puis, lorsque le saphir attaqua « Pure Gold », chanson écrite par Macca pour son pote des Beatles, la seule piste qu’en fait je voulais absolument jouer, car elle parlait de la copine de Ringo, une vraie beauté, mon amour s’interrompit, puis écouta attentivement, très intéressée. Elle avait compris le message, et se mis à me parler, me remerciant de leur faire découvrir ce disque, qu’elle ne connaissait pas, mais qui n'était pas mal du tout !</span></em></p><p><span style="font-size: 14pt;"><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Deuxième partie du rêve. Nous étions assis sur un canapé, ma belle et moi, dans une autre partie de la pièce. Mon amie avait compris que quelque chose se passait, et s’apprêtait à partir, lorsque ma chérie lui demanda de lui passer son sac à bandoulière, duquel elle sortit des feuilles manuscrites et un stylo avec lequel elle corrigea quelques passages et ajouta une ou deux lignes, le bloc de feuilles posé sur ses genoux, ravissants il faut le dire ! Après quoi elle me lut ce qu’elle présenta comme une esquisse de poème inspiré de la </span></em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Recherche</span><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;"> de Proust. Elle l’avait intitulé </span></em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">The Lovers That Never Were</span><em><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">. Elle me demanda mon avis, me mettant un feuillet sous les yeux. Epaté, impressionné, je lui dis que c’était parfait, que cela me plaisait beaucoup ! Je me tournai vers elle, épris comme jamais, voulant lui donner un baiser, puis en une seconde nos bouches s’unirent ! Alors que j’entrais dans une autre dimension, j’entendis la voix de mon amie, venant de l’autre bout de la pièce, dire à quelqu'un d'inconnu, peut-être au téléphone, « ça y est, ils s’embrassent ! » Puis, le rêve s'estompe, et rideau... je me réveille.</span></em><br /></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Les protagonistes n'étaient certes pas nommés, mais le contexte ne laissait aucun doute, il s'agissait de Jacob, le narrateur, et de Oona, son amour! Qu'en conclure? Pas grand chose, à vrai dire. Tout cela laissait Jacob perplexe. On tournait en rond. Les autres textes ou Poèmes de la Lune Rouge déjà examinés n'apportaient pas plus de lumière. Peut-être ne s'agissait-il que d'une blague? Ou d'un texte abandonné, oublié par son auteur? Le côté décousu de la chose laissait cependant soupçonner plusieurs auteurs. Jacob avait rapidement pu constater qu'il ne s'agissait pas d'une histoire au sens classique, comme un roman policier par exemple, mais d'une tapisserie, d'une mosaïque d'histoires, entremêlées, tissées, mélangées à passablement de poèmes. Il pourrait assez volontiers définir ce patchwork comme du cubisme littéraire!<br /></span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Soudain, il pensa à Barbara! En effet, elle avait écrit une thèse sur le druidisme irlandais, elle pourrait probablement lui donner des pistes. Il avait besoin d'aide. Il chercha son numéro.</span></span></p><p><span style="font-size: 14pt;"><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Jacques Davier (Janvier 2021)</span></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;">Travail en cours. La numérotation du chapitre est provisoire</span><br /></span></p>
heure-bleue
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De l'ordre, de la rigueur et peut être de l'amour...
tag:heure-bleue.blogspirit.com,2021-03-29:3249892
2021-03-29T09:31:00+02:00
2021-03-29T09:31:00+02:00
Que peut donc être en train de faire cette jeune femme, assise à son...
<p style="text-align: center;"><a href="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/02/3092651411.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1115569" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/02/02/2996719454.jpg" alt="devoir de Lakevio du Goût_74 .jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 13.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: red;">Que peut donc être en train de faire cette jeune femme, assise à son bureau ?<br />Le savez-vous ?<br />Je le sais parce que je la connais.<br />Je sais même que ça devrait commencer par :<br />« Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ».<br />Et se terminer sur <br />« Et qu’il bruit avec un murmure charmant, le premier « oui » qui sort de lèvres bien-aimées. »</span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #000000;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;">Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue.<br />Et tournai les talons...<br /></span></strong></span><span style="color: #000000;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;"><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Chez nous, tout n'est que calme, rigueur et habitude.</strong></span></span><br /><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Tout est sous contrôle même les battements du </strong></span></span><span style="font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 16px;"><strong>cœur</strong></span></span><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>.</strong></span></span></span></span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #000000;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;">Je fais le courrier de la maison et je surveille les petits, comment voulez que je tombe amoureuse ?</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #000000;"><strong><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;">Amoureuse, tellement amoureuse...<br />Même mon teint est sous contrôle.<br />Je dois dire que je n'ai même pas envie de me marier, voir mon ventre grossir régulièrement, un bébé de plus qui pleure, une organisation sans faille, je me refuse à vivre ça.</span></strong></span></p><p style="text-align: left;"><span style="color: #000000;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;"><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Seulement voilà, je l'ai revu.</strong></span></span><br /><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Mon </strong></span></span><span style="font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 16px;"><strong>cœur</strong></span></span><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong> bat la chamade.</strong></span></span><br /><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Mes bonnes résolutions s'envolent.</strong></span></span><br /><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Alors il me le dit ce "oui".</strong></span></span><br /><span style="color: #000000; font-family: comic sans ms, sans-serif;"><span style="font-size: 12pt;"><strong>Et qu'il bruit avec un murmure charmant, le premier "oui" qui sort de lèvres bien aimées.</strong></span></span></span></span></p>
Tania
http://textespretextes.blogspirit.com/about.html
Adam et Eve
tag:textespretextes.blogspirit.com,2021-01-23:3224238
2021-01-23T08:00:00+01:00
2021-01-23T08:00:00+01:00
Lara à Iouri : « Toi et moi, nous sommes comme Adam...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/724679609.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1107967" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/102789729.jpg" alt="Pasternak doktor-zhivago.jpg" /></a>Lara à Iouri : </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> « Toi et moi, nous sommes comme Adam et Eve qui, aux premiers jours de la création, n’avaient rien pour se vêtir. Voici venir la fin du monde et nous n’avons guère plus de vêtements ni de foyer. Et nous sommes le dernier souvenir de tout ce qui s’est fait d’infiniment grand au monde pendant les millénaires qui se sont écoulés entre eux et nous et, en souvenir de ces merveilles disparues, nous respirons, nous aimons, nous pleurons, nous nous cramponnons l’un à l’autre, nous nous serrons l’un contre l’autre. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Boris Pasternak, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/19/le-dr-jivago-ii-3224213.html" target="_blank" rel="noopener">Le Docteur Jivago</a> (</span></em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">treizième partie : </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En face de la maison aux figures)</span></em></p>
Tania
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Le Dr Jivago (II)
tag:textespretextes.blogspirit.com,2021-01-21:3224213
2021-01-21T08:00:00+01:00
2021-01-21T08:00:00+01:00
Dans la première de deux lettres de Chalamov à Pasternak qui suivent Le...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans la première de deux lettres de <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Arcades/Correspondance-avec-Boris-Pasternak-suivi-de-Souvenirs" target="_blank" rel="noopener">Chalamov</a> à Pasternak qui suivent <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/13/le-dr-jivago-i-3222514.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Docteur Jivago</em></a> dans la collection Quarto, l’écrivain survivant de la Kolyma écrit : <em>« Qu’est-ce donc que ce roman, et ce docteur Jivago qui n’apparaît pas jusqu’au milieu du livre alors que la véritable héroïne de la première partie de ce tableau, Lara Guichard, s’est déjà déployée à travers le roman, dans toute son ampleur et avec tout son charme (…), aussi pure qu’un cristal, brillant de tous ses feux comme les diamants de la parure de ses noces. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/766467902.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1107932" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/2864484723.jpg" alt="pasternak,le docteur jivago,roman,littérature russe,révolution,histoire,amour,moscou,jivago,lara,famille,russie,culture,livre second" /></a><span style="font-size: 8pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><a href="https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2017/12/25/docteur-jivago-de-david-lean/">https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2017/12/25/docteur-jivago-de-david-lean/</a></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le <em>Livre premier</em> se termine sur le voyage en train des Jivago loin de Moscou, le <em>Livre second</em> commence par leur arrivée non loin de Varykino. Un personnage providentiel, Samdeviatov, les a prévenus du mauvais accueil auquel ils doivent s’attendre – il a reconnu dans les traits de Tonia, l’épouse de Jivago, la petite-fille du maître des forges Krüger.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La description de la gare <em>« dans un petit bois de bouleaux »</em> est une merveille, passons. Samdeviatov a prévenu le chef de gare qui leur trouve quelqu’un pour les emmener à Varykino – Vakkh, vêtu de blanc, les y conduit dans une charrette tirée par une jument blanche accompagnée d’un tout jeune poulain<em> « noir comme la nuit »</em> dont la vue ravit leur fils Sachenka. En chemin, <em>« tout leur plaisait, tout les étonnait ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Mikoulitsyne, l’intendant du grand-père, et sa femme sont choqués par leur intrusion, peut-être dangereuse pour eux, mais il finit par les loger dans une annexe à aménager et leur donner des semences de pommes de terre. Avant de prendre le thé près du samovar, avec du vrai sucre, Jivago admire le grand bureau de Mikoulitsyne et sa vue. Leur hôte a des amis bien placés. Sa femme fait l’éloge d’Antipov, ce si bon professeur qui aurait été tué sur le front et à qui Strelnikov (le commissaire politique qui a libéré Jivago au cours du voyage, après une arrestation arbitraire) ressemble beaucoup.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">A Varykino, une fois les travaux d’installation terminés et l’hiver venu, Iouri écrit dans ses carnets. Le travail manuel lui a fait du bien. Il relit Tolstoï, Pouchkine, Stendhal, Dickens, Kleist. Tonia se retrouve enceinte. Jivago <a title="T&P (extrait)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/16/creer-3222539.html" target="_blank" rel="noopener">écrit </a>sur l’art, la poésie, se sent proche de Pouchkine et de Tchekhov qui s’attardent non sur <em>« les fins dernières »</em> mais sur <em>« les détails de la vie ».</em> Au printemps, le chant des rossignols l’émerveille : <em>« Otch-nis ! Otch-nis !</em></span><em> </em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Otch-nis ! »</em> (Réveille-toi !). Evgraf, son demi-frère, leur vient en aide pour la deuxième fois.</span></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Et Lara ? C’est en lisant à la bibliothèque municipale de <a title="Perm ou l'imaginaire Iouratine du Dr Jivago, "la maison aux figures" en face de laquelle habite Lara" href="http://www.wokipi.fr/perm-ou-limaginaire-iouriatine-du-dr-jivago/" target="_blank" rel="noopener">Iouratine</a> que Jivago la revoit par hasard. Il observe que Larissa Antipova (elle a épousé Antipov) est visiblement <em>« aimée et connue dans la ville </em>». Il s’arrange pour lire son adresse sur une fiche. En mai, il se décide à aller la voir : elle le fait monter chez elle, au dernier étage d’une vieille maison, et ils se racontent. </span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Lara trouve Jivago sévère quand il reproche aux bolcheviks le changement perpétuel, leurs capacités insuffisantes ; elle a vu de près le travail et la pauvreté, elle se sent proche de la révolution. Son mari, Antipov, n’est pas mort : il a changé secrètement d’identité, c’est Strelnikov, dont elle admire l’engagement, même s’il vit comme si sa fille et elle n’existaient pas. Cette fois, Iouri comprend qu’il aime véritablement cette femme, la revoit sans le dire à son épouse qu’il aime pourtant – il en souffre.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Un jour, trois hommes l’arrêtent à un carrefour. Ce sont des partisans qui vivent dans les bois, ils ont besoin d’un médecin. Leur chef, le fils de Mikoulitsyne, Liveri, le garde prisonnier à leur service, tout en l’abritant sous sa tente. Le typhus l’hiver, la dysenterie l’été, les blessés dans leurs combats avec des <em>« Blancs »</em>, Iouri est surchargé de travail. S’il partage leur idéal tolstoïste, il n’aime pas ces hommes qui le privent de ce qui lui importe en plus de son métier : sa famille, sa maison, sa liberté.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans la forêt, un <em>« sorbier givré »</em> qui offre des fruits en abondance aux oiseaux devient un interlocuteur cher à Jivago. Les combats, les mouvements des uns et des autres, les représailles, les mutilations, la folie, que de souffrances autour de lui ! La famine n’est pas la moindre. Inquiet pour sa famille, ayant appris qu’elle n’est plus à Varykino, Jivago finit, après plus de dix-huit mois, par trouver une brèche pour s’enfuir de la forêt à ski.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">A l’appartement de Lara envahi par les rats, il trouve un mot pour lui : les siens sont partis à temps pour Moscou. Jivago tombe malade, Lara le soigne, elle est son <em>« cygne blanc »</em>. Grâce à elle, il retrouve du travail. Une lettre de Tonia lui apprend qu’ils sont exilés de Russie et vont vivre à Paris. Iouri et Lara retournent ensemble à Varykino : leur situation fausse les tourmente, mais ils s’aiment. Jivago écrit jusque tard dans la nuit troublée par les hurlements des loups. Tous deux savent que cela ne pourra durer, qu’ils devront se séparer bientôt, même s’ils s’y refusent.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">On a le cœur serré pour ces deux-là, mais aussi pour Tonia, l’épouse et sa petite Macha que son père n’a jamais vue ; pour Antipov, qui sait comment vit Lara mais n’est pas conscient de la force avec laquelle elle l’aime et l’admire ; pour les amis de Jivago qui vont le voir sombrer une fois de retour à Moscou, même si une troisième compagne lui portera secours ; pour tous ceux qui sont pris dans les horreurs de la guerre civile.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Je conclus la lecture de cette œuvre puissante et émouvante avec <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Varlam_Chalamov" target="_blank" rel="noopener">Chalamov</a> : <em>« Une des caractéristiques de la littérature russe est sa dimension éthique. Cette dimension ne prend corps que lorsque les comportements humains, dans le roman, sont justes, c’est-à-dire que les personnages le sont. Cela dépend d’autre chose que de la justesse de l’observation. Il y a longtemps que je n’avais lu un ouvrage vraiment russe, apparenté à la littérature d’un Tolstoï, d’un Tchekhov, d’un Dostoïevski. </em>Le Docteur Jivago<em> relève incontestablement de cette dimension supérieure. »</em> (Lettre à Boris Pasternak, janvier 1954 ?)</span></p>
Tania
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2021-01-16T08:00:00+01:00
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« Ioura marchait seul, dépassait les autres et s’arrêtait parfois...
<p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2507148570.2.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1107329" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/229323061.2.jpg" alt="Pasternak Quarto.jpg" /></a>« Ioura marchait seul, dépassait les autres et s’arrêtait parfois pour les attendre. En réponse à la dévastation que la mort avait laissée dans ce groupe qui le suivait à pas lents, un mouvement impérieux comme celui de l’eau qui s’enfonce en creusant ses tourbillons le portait à rêver et à penser, à s’acharner sur des formes, à créer de la beauté. Plus clairement que jamais, il voyait maintenant que l’art, toujours et sans trêve, a deux préoccupations. Il médite inlassablement sur la mort et par là, inlassablement, il crée la vie. Le grand art, l’art véritable, celui qui s’appelle la Révélation de saint Jean et celui qui la complète.</span></em></p><p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Ioura savourait d’avance le moment où il disparaîtrait pour deux ou trois jours de l’horizon familial et universitaire, et écrirait des vers à la mémoire d’Anna Ivanovna, où tout ce qui lui viendrait alors à l’esprit trouverait sa place : toutes les images fortuites que la vie pourrait lui souffler ; quelques-uns des plus beaux traits de la défunte ; l’image de Tonia en deuil ; ce qu’il avait remarqué dans la rue au retour du cimetière ; la lessive séchant à l’endroit où jadis la tempête avait hurlé dans la nuit et où, enfant, il avait pleuré. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Boris Pasternak, <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/13/le-dr-jivago-i-3222514.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Docteur Jivago</em></a> (Livre I, 3<sup>e</sup> partie :<em> L’arbre de Noël chez les Sventitski</em>)</span></p>
Tania
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Le Dr Jivago (I)
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2021-01-14T08:00:00+01:00
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Inutile, il me semble, de résumer Le Docteur Jivago , le chef-d’œuvre de...
<p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Inutile, il me semble, de résumer <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Ecrits-autobiographiques-Le-Docteur-Jivago" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Docteur Jivago</em></a>, le chef-d’œuvre de <a title="De Pasternak à Jivago (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/01/06/de-pasternak-a-jivago-3179584.html" target="_blank" rel="noopener">Boris Pasternak</a> que la plupart connaissent par la célèbre adaptation cinématographique de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Docteur_Jivago_(film)" target="_blank" rel="noopener">David Lean</a> (1965). On oublie les traits d’Omar Sharif (Jivago) et de Julie Christie (Lara) en découvrant Ioura (Jivago), un petit garçon de dix ans qui éclate en sanglots sur la tombe de sa mère. 1903. Son oncle va l’emmener avec lui à la campagne. Puis on fera connaissance avec une veuve qui s’installe à Moscou en 1904-1905, la mère de Rodion et Larissa (Lara). </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/2566626405.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1107277" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/9119406.jpg" alt="pasternak,le docteur jivago,roman,littérature russe,révolution,histoire,amour,moscou,jivago,lara,famille,russie,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Portrait de Boris Pasternak par son père, Leonid Pasternak (1910)</span></p><p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">« Ioura se sentait bien auprès de son oncle. Celui-ci ressemblait à sa mère. Comme elle, c’était un homme libre, qui n’avait aucune prévention contre ce qui ne lui était pas habituel. Comme elle, il avait ce sens aristocratique de l’égalité avec tout ce qui vit. Comme elle, il comprenait tout du premier coup d’œil et savait exprimer ses pensées sous la forme où elles lui venaient à l’esprit au premier instant, pendant qu’elles étaient encore vivantes et n’avaient pas perdu tout leur sens. »</span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"> (Livre I, première</span><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"> partie : <em>Le rapide de 5 heures</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">C’est à Moscou que, par deux fois, Ioura devenu médecin – bien qu’attiré par l’art, il veut être utile à la société – rencontre Lara dans des circonstances très particulières, sans savoir que leurs destinées vont se rapprocher un jour. Le livre premier se termine en 1917 sur le voyage en train du Dr Jivago et de sa famille (sa femme, son fils, son beau-père) vers l’Oural, où ils espèrent échapper à la misère terrible en ville à la suite des bouleversements révolutionnaires.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« On sentait le commencement de l’hiver urbain dans l’odeur mélangée de feuilles d’érable écrasées, de neige fondante, de fumée de locomotive et du pain de seigle chaud que l’on faisait cuire dans le sous-sol du buffet de la gare et que l’on venait de tirer du four. Des trains arrivaient, d’autres partaient. On les formait ou on les triait, on agitait des drapeaux enroulés et déroulés. Sur tous les tons, les trompettes des gardiens, les sifflets de poche des atteleurs et les voix de basse des sifflets de locomotives s’égosillaient. Des colonnes de fumée montaient vers le ciel en échelles infinies. Des locomotives sous pression attendaient, prêtes à partir, brûlant les nuages froids de l’hiver de leurs bouffées de vapeur bouillante. » </em>(Livre I, deuxième partie : <em>La petite fille d’un autre milieu</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Deux qualités nous attachent à l’intrigue du <em>Docteur Jivago</em>, roman où se mêlent l’histoire, la guerre, les amours, la vision poétique. </span><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">D’abord, l’art avec lequel Pasternak campe concrètement ses personnages – leur physique, leurs vêtements, leurs gestes, leurs façons de parler – et rend sensibles leurs émotions. Tous, et ils sont nombreux autour des protagonistes, apparaissent dans leur singularité, sympathiques ou non. </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« Pacha, Lipa, les Kologrivov, l’argent, tout cela tourbillonnait dans sa tête. Lara en avait assez de la vie. Elle devenait folle. Elle était tentée de mettre une croix sur tout ce qu’elle avait connu et éprouvé jusque-là et de se refaire une vie neuve. Tel était l’état d’esprit qui, à la Noël 1911, lui fit prendre une résolution fatale. Elle décida de rompre sur-le-champ avec les Kologrivov, de se faire une vie indépendante et solitaire, et de demander à Komarovski l’argent qu’il lui fallait pour cela. Il lui semblait qu’après tout ce qui s’était passé entre eux et après ces années de liberté reconquise, Komarovski avait le devoir de lui apporter une aide chevaleresque, propre et désintéressée, sans exiger d’explications.</em><br /><em>Tel était son but, lorsque le soir du 27 décembre elle prit le chemin de la Petrovka ; en partant, elle chargea le revolver de Rodia, abaissa le cran de sûreté, et plaça l’arme dans son manchon. »</em> (Livre I, troisième partie : <em>L’arbre de Noël chez les Sventitski</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Ensuite, Pasternak nous montre, tout aussi vivante que ses personnages, la Russie livrée aux tumultes de la première moitié du XXe siècle : ville ou campagne, extérieur ou intérieur, train ou carriole, ce sont des bruits, des odeurs, des saisons, des atmosphères. Pour l’illustrer, voici d’autres extraits, dans la traduction française de Michel Aucouturier, Louis Martinez, Jacqueline de Proyart et Hélène Zamoyska.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« Le mutilé qui venait de mourir était le deuxième classe de réserve Himazeddine, l’officier qui criait dans la forêt était son fils, le sous-lieutenant Galioulline, l’infirmière était Lara, les témoins Gordon et Jivago. Tous étaient là, réunis, côte à côte ; les uns ne se reconnurent pas, les autres ne s’étaient jamais connus ; certaines choses restèrent à jamais cachées, d’autres, pour se révéler, devaient attendre une nouvelle occasion, une nouvelle rencontre. » </em>(Livre I, quatrième partie : <em>Les échéances approchent</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Dans ce grand roman autour de la révolution russe, Pasternak se sert non seulement de ce qu’il a observé ou vécu lui-même au cours de ces années-là, mais il prête à Iouri Andreïevitch Jivago sa vision du monde, ses élans poétiques, ses sentiments, son <em>« adhésion lyrique à ce qu’il y a de spontanéité et de nouveauté imprévisible dans la tempête révolutionnaire »</em> (<em>Encyclopedia Universalis</em>), sa sensibilité au malheur des hommes et particulièrement des femmes, sa volonté et sa faiblesse dans la vie, son sens de l’émerveillement.</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';"><em>« Autour d’un premier centre tournoyaient ses pensées sur Tonia, sur sa maison, sur la vie harmonieuse d’autrefois, où tout, dans les moindres détails, était parfumé de poésie, pénétré de tendresse et de pureté. Le docteur tremblait pour cette vie, il souhaitait qu’elle demeurât entière, intacte et, emporté par le rapide de nuit, il brûlait d’impatience de la retrouver après plus de deux ans d’absence. »</em> (Livre I, cinquième partie : <em>L’adieu au monde ancien</em>)</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman','serif';">Le style de Boris Pasternak, tel que je le perçois dans cette traduction française du <em>Docteur Jivago</em>, allie au réalisme des choses vues le ressenti des personnages principaux. Le rythme y est souvent marqué, le mouvement de la phrase nous emporte aussi bien dans la description que dans l’action, les pensées, les discussions.</span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">« Et il lui semblait que dès cette époque on voyait se presser sur les trottoirs des vieillards correctement vêtus, reproche muet aux passants ; sans un mot, ils proposaient des choses que personne n’achetait et dont personne n’avait besoin : fleurs artificielles, petits réchauds ronds, munis d’un couvercle de verre et d’un sifflet, vêtements de soirée en gaze noire, uniformes de ministères abolis.<br />Des gens de condition plus simple faisaient commerce de choses plus nécessaires : croûtons pointus d’un pain noir, vite rassis, dont la vente était rationnée, rogatons de sucre humides, petits paquets de mauvais tabac coupés en deux. »</span></em> <span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">(Livre I, sixième partie : <em>La halte de Moscou</em>) </span></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">« Le dégagement de la voie </span></em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">[enneigée]</span><em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"> demanda trois jours. Toute la famille Jivago, Nioucha comprise, prit une part active aux travaux. Ce fut le meilleur moment de leur voyage.<br />La région avait quelque chose de clos, de secret.</span> </em><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Elle faisait songer à la révolte de Pougatchev réfractée par <a title="Wikipedia (La fille du capitaine)" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fille_du_capitaine" target="_blank" rel="noopener">Pouchkine</a>, au pittoresque asiatique des descriptions d’<a title="Présentation de l'écrivain russe (Frantz, La culture de A à Z)" href="http://fredc.over-blog.com/2016/11/serge-timofeievitch-aksakov-1791-1859-ecrivain.html" target="_blank" rel="noopener">Aksakov</a>.</em><br /><em>Les différentes catégories de voyageurs ne travaillaient pas simultanément. Le chantier de déblaiement était entouré de sentinelles. »</em> (Livre I, septième partie : <em>Le voyage</em>) </span></span></p>
Jacques Davier
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La Vie qui Vient la Vie qui Va
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2021-01-09T08:31:05+01:00
2021-01-09T08:31:05+01:00
Il n’est point de trêve Dédie ton rêve A la vie qui vient qui va...
<p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Il n’est point de trêve</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Dédie ton rêve</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Cheveux de cirrus</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Sèment leurs virus</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Offre-toi, ô fou</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Et sans garde-fou</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Inscris donc tes vers</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Dans les cœurs ouverts</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">L’amour d’une femme</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Chantera ta flamme</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Et puis tes combats</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Pleuvent, fiers abats</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Encore une fois</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Voue-la, ta foi</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu les sais les ruses</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Qui lentement s’usent</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu es au mitan</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Envolé le temps</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Témoins tous les dieux</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Elle ouvre ses yeux</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu l’aimes ta fée</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Splendeur sacrifiée</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tes belles années</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu les as données</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Promis, garanti</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Tu n’as pas menti</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Sont-ils confondus?</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Les supplices dus</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui va qui vient</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Ton dernier chemin ?</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">L’appel d’un gamin</span></p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">A la vie qui vient qui va…</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 12pt;">Jacques Davier (Décembre 2020)</span></p><p> </p><p><span style="font-family: verdana, geneva, sans-serif; font-size: 10pt;">A la vie, ce merveilleux cadeau!</span></p>
Jacques Davier
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Tout ce que tu peux laisser derrière
tag:jacquesdavier.blogspirit.com,2020-11-14:3332860
2020-11-14T14:50:00+01:00
2020-11-14T14:50:00+01:00
Tout ce que tu peux laisser derrière Un sac plein de clous Les clous...
<p><span style="font-size: 12pt;">Tout ce que tu peux laisser derrière</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un sac plein de clous</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Les clous avec lesquels on a voulu</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Te crucifier p</span><span style="font-size: 12pt;">our ce que tu as dit</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une bouteille avec un message dedans</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Jetée à la mer pour qu’elle sache</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Qu'un jour tu fus perdu</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une photo de toi vu de dos</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Pour qu’on ne sache pas</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Qui tu étais vraiment</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un carton rempli de lettres<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Lettres d’amour et de haine</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Que tu reçus au long de ta vie</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un marteau et un tournevis</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car toujours tu as construit</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une loupe et des jumelles</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car toujours tu as cherché</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une marguerite</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Pour qu’Elle l’effeuille</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">En pensant à toi</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une bibliothèque pleine de livres</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car les livres furent toute ta vie</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une photo d’Elle</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car sans Elle tu aurais mal</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Et tu n’aurais pas vécu</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un bon cru et des verres</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Pour qu'on trinque aux absents<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un couteau à cran d’arrêt</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car tu n'en auras plus besoin</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Pour ta défense et aussi celle<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Des chers que tu aimes</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Tes idées noires et dépressives</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Car tu es parti vers la joie et la lumière</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une araignée du matin pour le chagrin</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une araignée du midi pour le souci<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une araignée du soir pour l'espoir</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un chien et un loup pour le crépuscule<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un chat gris pour la nuit</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Et une hirondelle pour le printemps</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une Etoile du Nord et u</span><span style="font-size: 12pt;">ne Croix du Sud</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Pour ne pas se perdre en route</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un sac postal rempli des lettres</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Destinées à tes amis</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Et pour tes ennemis</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un container de mépris</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une outre pleine à ras bord</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Des larmes du monde </span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Que tu as recueillies</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Une lampe de chevet enfin</span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Petite luciole p</span><span style="font-size: 12pt;">our dire à ceux<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Qui dorment<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Qu'après les ténèbres il y a<br /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;">Un matin </span></p><p><span style="font-size: 10pt;">J'ai baisé tes lèvres et brisé ton cœur... J'ai tendu la main vers celui que j'ai voulu détruire, et toi, toi, tu as dit que tu attendrais jusqu'à la fin du monde (Bono/U2, trad. J. Davier)<br /></span></p>
Françoise
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Amour... toujours...
tag:legranddeblocage.blogspirit.com,2020-10-05:3154365
2020-10-05T10:56:16+02:00
2020-10-05T10:56:16+02:00
Ces deux là... si vous saviez combien je les aimées... combien je les...
<p style="text-align: center;"><span style="color: #ff0000; font-size: 14pt;">Ces deux là...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #ff0000; font-size: 14pt;">si vous saviez combien je les aimées...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #ff0000; font-size: 14pt;">combien je les aime...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="color: #ff0000; font-size: 14pt;">combien je les aimerai toute ma vie..</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-1098668" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://legranddeblocage.blogspirit.com/media/00/02/51265546.jpeg" alt="Petite Mame Sophie.jpeg" /></p>
heure-bleue
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Amours, délices et orgues
tag:heure-bleue.blogspirit.com,2020-09-14:3153732
2020-09-14T09:59:29+02:00
2020-09-14T09:59:29+02:00
Mais que diable vient-elle d’apprendre ? Cette toile qu’on...
<p style="text-align: center;"><a href="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/00/02/3707004774.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1097426" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://heure-bleue.blogspirit.com/media/00/02/1694675183.jpg" alt="devoir de Lakevio du Goût_470.jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 13.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: red;">Mais que diable vient-elle d’apprendre ?<br />Cette toile qu’on pourrait croire de Hopper si cette impression de joie ne venait assurer qu’il ne pouvait avoir peinte vous inspire-t-elle ?<br />Si oui, il faudrait que vous y glissiez les mots :<br />- Amour.<br />- Sandwich.<br />- Lèvres.<br />- Téléphone.<br />- Besoin.<br />- Tournevis.<br />- Caleçon.<br />- Seins.<br />- Gare.<br />- Cheveux.<br />- Toilettes.</span><span style="font-size: 13.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"><br /></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Ils venaient de se retrouver après une longue séparation.<br />Il était parti pour dix-huit jours.<br />Dix-huit jours ! <br />Une éternité lorsqu'on se connaît depuis quelques mois.<br />À peine le temps de souffler lorsqu'on se connaît depuis plusieurs années.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Il avait pensé à lui ramener des fleurs.<br />Le baiser était chaleureux, sans arrière-pensée.<br />Elle ne pensait pas à la machine à laver en panne.<br />Elle ne pensait même pas à lui parler de tournevis.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Il n'était pas encore sorti de la gare qu'il pensait déjà à la suite.<br />L'odeur de ses cheveux et de son parfum lui avait donné des idées.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Il avait faim d'elle et faim tout court.<br />Dans l'immédiat un sandwich ferait l'affaire.<br />Après l'amour, après la douceur de ses lèvres, le contour de ses seins, il chercherait son caleçon et son téléphone, un passage aux toilettes.<br />Eh oui ! Même dans les histoires d'amour, sauf dans "Belle du seigneur", on passe aux toilettes.<br />On ne l'écrit pas forcément, c'est tout.</strong></span></p><p><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><strong>Maintenant, il avait besoin de dormir. <br />Après l'amour les hommes ont sommeil.<br />Les femmes non.<br />Alors elle pensait à la machine à laver.<br />Il devait absolument la réparer...</strong></span></p>
JMOlivier
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Un éloge bouleversant (Mariia Rybalchenko)
tag:jolivier.blogspirit.com,2020-09-13:3328016
2020-09-13T13:15:00+02:00
2020-09-13T13:15:00+02:00
Le COVID-19 aura fait beaucoup de victimes, dans les EMS bien sûr, mais...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;">Le COVID-19 aura fait beaucoup de victimes, dans les EMS bien sûr, mais aussi dans les salles de cinéma et de théâtre, les festivals et les concerts, le monde de l'édition. Les livres parus fin février, puis en mars-avril ont été fauchés net par le virus. Heureusement, ils ont une seconde vie, en librairie et en ligne, et on peut toujours se les procurer.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/01/521593572.png" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-256304" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/00/1698099340.png" alt="images.png" /></a>C'est le cas d'un magnifique petit livre, <em>Éloge érotique de Richard M.*</em>, écrit par Mariia Rybalchenko, une jeune étudiante ukrainienne venue suivre à Paris des cours de philosophie hébraïque. Même si le titre, un peu accrocheur, ne rend pas justice au roman lui-même, ce livre est une des très bonnes surprises de cette année.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;">C'est une histoire d'amour, impossible bien sûr, entre deux solitaires, deux exilés, Mariia et Richard, 22 et 66 ans, teintée de mélancolie et de désir. Un désir fou qui donne au livre un ton charnel et désespéré. Ils se rencontrent chez une amie, puis Mariia prend les devants. Et très vite ils entrent dans une intimité étrange, de chair et de lectures, de promenades et de longues discussions. La rencontre entre deux solitudes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/02/1234706066.jpeg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-256306" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/01/01/845824360.jpeg" alt="images-4.jpeg" /></a>Comme on sait, Richard M. — autrement dit Richard Millet — est aujourd'hui l'écrivain maudit par excellence. Auteur de nombreux livres remarquables, comme <em>Ma vie parmi les ombres**</em> ou <em>Le goût des femmes laides***</em>, il a été mis au ban de la bonne société littéraire germanopratine en publiant, en 2012, <em>Langue fantôme</em>, suivi de <em>Éloge littéraire d'Anders Breivik****. </em>Tout le monde bien-pensant lui tombe dessus, le pauvre J.M.G. Le Clézio comme la terrible Annie Ernaux, qui signent à cette époque une assez infâme lettre ouverte. Résultat de la curée : Richard Millet est chassé de Gallimard où il était directeur littéraire. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à publier, surtout chez Léo Scheer et Pierre-Guillaume de Roux, son extraordinaire <em>Journal</em>, ainsi que d'autres textes importants. Sans conteste, Millet figure parmi les écrivains français les plus importants d'aujourd'hui.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;"><a href="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/02/515461257.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-256307" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://jolivier.blogspirit.com/media/00/02/1503653922.jpg" alt="mariia rybalchenko,richard millet,pierre-guillaume de roux,roman,amour,littérature" /></a>Tout cela, Mariia ne le sait pas. Elle n'a encore rien lu de Richard M. Mais les livres sont des passerelles, et parfois aussi des écueils. L'amour (le désir, la solitude, le silence) tisse des liens qu'elle restitue dans une langue (le livre est écrit en français!) à la fois précise et sensuelle, d'une très grande musicalité. C'est la chronique d'un amour impossible (Richard s'extasie sur la jeunesse de Mariia et se lamente sur sa vieillesse), qui passe par les corps et les mots, sans jamais être scabreuse, ni tape-à-l'œil. Tout sonne juste dans ce roman qui entraîne le lecteur de la Mer Noire à Paris, de la Corrèze à Kiev, dans un chassé-croisé charnel et lyrique (pour ne pas dire mystique).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt;">Une très belle surprise de lecture !</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt;">* Mariia Rybalchenko, <em>Éloge érotique de Richard M.</em>, roman, éditions Püierre-Guillaume de Roux, 2020.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt;">** Richard Millet, <em>Ma vie parmi les ombres</em>, roman, Folio.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt;">*** Richard Millet, <em>Le Goût des femmes laides</em>, roman, Folio.</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size: 14pt;">**** Richard Millet, <em>Langue fantôme,</em> essai, éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2012).</span></strong></p>
Tania
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Sans parler
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-08-22:3152656
2020-08-22T08:30:00+02:00
2020-08-22T08:30:00+02:00
« Quand je fais avec quelqu’un une randonnée ou une promenade et...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2508069369.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095573" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/350148276.jpg" alt="schlink,olga,roman,littérature allemande,apprentissage,amour,culture" /></a>« Quand je fais avec quelqu’un une randonnée ou une promenade et que nous restons sans parler, ou quand je sors du cinéma avec quelqu’un et que nous attendons un peu pour commenter le film, je pense à Olga. De même, quand quelqu’un, homme ou femme, me dit son bonheur d’avoir trouvé un être avec qui l’on peut rester sans parler. Cela fait du bien d’être lié à l’autre sans être obligé de se donner en spectacle pour le distraire. Mais ce n’est pas une chose dont les uns seraient capables et les autres non, qui lierait les uns et séparerait les autres. Le silence s’apprend – en même temps que l’attente, qui va avec le silence. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Bernard Schlink,</span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"> Olga</span></em></p>
Tania
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Olga en trois volets
tag:textespretextes.blogspirit.com,2020-08-20:3152654
2020-08-20T08:30:00+02:00
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Pour faire le portrait d’un personnage… Olga de Bernard Schlink...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Pour faire le portrait d’un personnage… <em>Olga</em> de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernhard_Schlink" target="_blank" rel="noopener">Bernard Schlink</a> (traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, 2019) raconte en trois volets la vie de son héroïne : une petite fille pauvre pleine de curiosité pour le monde et qui, grâce à la voisine qui gardait volontiers cette enfant silencieuse, <em>« apprit à lire et à écrire avant même d’aller à l’école ».</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/141904327.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095568" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1027039964.jpg" alt="schlink,olga,roman,littérature allemande,apprentissage,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Son père débardeur et sa mère blanchisseuse morts du typhus, Olga Nowak est confiée à sa grand-mère, en <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pom%C3%A9ranie" target="_blank" rel="noopener">Poméranie</a>. Mécontente de son prénom slave, celle-ci veut l’en faire changer pour un prénom allemand, mais la petite résiste. Elle veut avant tout apprendre : elle lit tout ce que l’instituteur lui prête, elle apprend à jouer de l’orgue avec l’organiste. Sinon, <em>« elle n’était pas vraiment intégrée ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Herbert est le fils de l’homme le plus riche du village. Pour ses sept ans, il reçoit un border collie et ils courent ensemble <em>« par monts et par vaux »</em>. Sa sœur Viktoria a un an de moins. Tous deux sont orgueilleux et sensibles à l’intérêt d’Olga pour leur monde – ils deviennent amis. Si en grandissant, Viktoria ne rêve que d’élégance, Olga a un seul vœu : devenir institutrice. Une fois sa sœur partie en pension, Herbert se rapproche d’Olga qu’il trouve souvent occupée à lire.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Un jour, il se déclare devenu athée, ils en discutent, ou de l’infini. Pour le garçon, son monde est trop limité, il veut plus, aller plus loin, et une fois que son précepteur lui a parlé de Nietzsche, <em>« devenir un surhomme, sans trêve ni repos »</em>, rendre l’Allemagne grande et devenir grand avec elle,<em> « même si cela devait exiger d’être cruel envers lui-même et envers autrui. »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3167943932.png" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095570" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/807924949.png" alt="schlink,olga,roman,littérature allemande,apprentissage,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Olga et Herbert tombent amoureux l’un de l’autre, mais les Schröder ne voient pas cela d’un bon œil, surtout Viktoria, qui ne veut pas que son frère invite Olga pour la Saint-Sylvestre et la déconsidère aux yeux des jeunes gens de la vieille noblesse. Mais le feu d’artifice attire tout le village et Olga retrouve Herbert pour lui souhaiter une bonne année : ce sera celle de son entrée à l’école normale d’institutrices de Posen, où elle est reçue avec mention. Lui, après avoir passé son bachot, entre au régiment de la garde et, avec sa première solde, lui offre ce dont elle rêvait depuis longtemps : un stylo noir F. Soennecken.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La première partie du roman raconte à la troisième personne, de l’enfance à la retraite, la vie d’Olga devenue institutrice et celle d’Herbert qui rejoint le corps expéditionnaire dans le protectorat allemand d’Afrique du Sud-Ouest, une aventure coloniale qu’Olga désapprouve, tout en sachant qu’Herbert va où il veut, de toute façon. Comme une femme de marin ou de soldat, elle se fait à sa vie solitaire et à leur correspondance. Viktoria manigance pour la faire muter loin de chez eux, au nord de Tilsit, en Prusse-Orientale, <em>« au bout du monde ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Herbert aime le désert et lui écrit des lettres <em>« plus journalistiques et plus bravaches qu’elle n’aurait souhaité »</em>, mais Olga est heureuse, travaille à l’école et au jardin, tient l’orgue le dimanche, se lie avec une famille de fermiers et en particulier avec Eik, le petit dernier. Quand Herbert vient la voir, excité par la bataille avec les <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9r%C3%A9ros" target="_blank" rel="noopener">Hereros</a> puis atteint du typhus dont il guérit, elle lui présente la fermière et le petit qui aime jouer avec elle, mais Herbert ne s’intéresse pas à eux. Ses parents le déshériteront s’il épouse Olga, il repart pour faire <em>« de grandes choses, il ne savait pas encore lesquelles ».</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2743547692.2.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095572" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/1812469518.2.jpg" alt="schlink,olga,roman,littérature allemande,apprentissage,amour,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Argentine, Brésil, Sibérie… Olga vit comme <em>« la maîtresse dans la vie d’un homme marié ».</em> Obsédé par l’Arctique, Herbert met sur pied une expédition vers le pôle Nord. Elle lui écrit poste restante à Tromsø, et continue même quand il ne répond plus et que le journal annonce des défections, l’abandon du bateau immobilisé dans la banquise. Eik devient architecte. Olga n’en revient pas quand il lui annonce en 1936 qu’il est entré dans les SS. Devenue sourde à la suite d’une grippe, elle est mise à la retraite à cinquante-trois ans. La guerre l’oblige à quitter son village, le service des réfugiés lui trouve une chambre en ville où elle fait de la couture dans quelques familles.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le deuxième volet est le récit de Ferdinand, le plus jeune garçon de la dernière famille chez qui elle coud. On le lui a confié parce qu’il est souvent malade, souffre d’otites et de bronchites : Olga s’assied près de lui, lui raconte des légendes, des contes populaires ou les aventures d’Herbert. Elle se met bien en face de lui pour lire sur ses lèvres et elle restera sa confidente quand il ira au lycée, heureuse de leurs discussions, mais mécontente de ses mauvaises notes : <em>« Ne pas apprendre quand on en avait la possibilité, c’était se montrer bête, enfant gâté, prétentieux. »</em> Ils seront amis pour la vie et c’est Ferdinand qui, dans la troisième partie, mettra la main sur les lettres d’Olga à Herbert.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/schlink" target="_blank" rel="noopener">Bernard Schlink</a> donne dans <a title="Le billet de Dominique (A sauts et à gambades)" href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2019/07/15/olga-bernard-schlink-6164209.html" target="_blank" rel="noopener"><em>Olga</em> </a>un très beau portrait de femme qu’on n’oubliera pas, tout en peignant une époque, une société et ses clivages, des relations fortes comme on en a peu dans la vie, le bonheur de s’être trouvés.</span></p>