Last posts on alpes2024-03-29T01:52:18+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/alpes/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlContinent inconnutag:textespretextes.blogspirit.com,2021-07-24:32560992021-07-24T08:00:00+02:002021-07-24T08:00:00+02:00 « La montagne, aujourd’hui, c’est un lieu de résistance à la...
<p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><br /><iframe width="480" height="270" src="https://www.youtube.com/embed/F8PLwAgzZmk?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="allowfullscreen"></iframe><br /><br />« La montagne, aujourd’hui, c’est un lieu de résistance à la globalisation. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Le continent inconnu, pour moi, c’étaient <a title="L'Italie en Topolino" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/07/19/l-italie-en-topolino-3256098.html" target="_blank" rel="noopener">les Apennins</a>. »</span></em></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Paolo Rumiz</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ecoutez, si vous voulez, Paolo Rumiz interrogé par François Busnel à <em>La Grande Librairie</em> (15/12/2017) à propos de <em><a title="Rumiz dans les Alpes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/07/09/rumiz-dans-les-alpes-3255635.html" target="_blank" rel="noopener">La légende des montagnes qui naviguent</a>. </em>(</span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La vidéo dure une dizaine de minutes. Il y parle des Apennins à partir de la quatrième.)</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlL’Italie en Topolinotag:textespretextes.blogspirit.com,2021-07-22:32560982021-07-22T08:00:00+02:002021-07-22T08:00:00+02:00 Après avoir raconté sa traversée des Alpes d’est en ouest, Paolo Rumiz...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Après avoir raconté sa traversée des Alpes d’est en ouest, Paolo Rumiz continue <a title="Rumiz dans les Alpes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/07/09/rumiz-dans-les-alpes-3255635.html" target="_blank" rel="noopener"><em>La légende des montagnes qui naviguent</em></a> (2007, traduit de l’italien par Béatrice Vierne, 2017) avec l’exploration en profondeur des Apennins. Son article enthousiaste dans la Reppublica sur le chantier du tunnel ferroviaire pour la <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_vitesse_ferroviaire_en_Italie" target="_blank" rel="noopener">ligne à grande vitesse</a> (Turin - Milan - Bologne -Florence - Rome - Naples – Salerne) lui a valu plein de protestations.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/877661793.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1125524" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2592195650.jpg" alt="Rumiz carte des Apennins.jpg" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Apennins">Apennins — Wikipédia (wikipedia.org)</a></span></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">« Sources privées d’eau, torrents vides, nappes phréatiques à sec, bref, une saignée qui, en quelques années à peine, avait volé aux Apennins cent vingt millions de mètres cubes d’eau, soit cinquante litres à la seconde. […] On me citait des ouvrages ferroviaires gigantesques, désormais abandonnés, et qu’on laissait dévaster le territoire. […] Désormais, tout était clair. Je devais revenir sur mes pas, naviguer sur les Apennins, encore plus en profondeur que je n’avais fait sur les Alpes. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Une fois sa<em> « montagne de notes »</em> reportées sur les côtés de sa carte d’Italie, il lui faut trouver l’engin idéal. Ce sera une <em>« petite chèvre mécanique »</em> italienne, une <a title="Photo (Medium)" href="https://cdn-images-1.medium.com/max/1600/1*xidQMppsJBVFA5oMzeCdjw.jpeg" target="_blank" rel="noopener">Topolino</a> de 1953, décapotable, qu’un Bolognais, Righi, met à sa disposition – <em>« Le nec plus ultra. »</em> Elle s’appelle Nerina, elle est bleue, <em>« une petite bête nerveuse, taquine »</em>, affirme son propriétaire. Rumiz réapprend à la conduire avant de commencer son <em>« voyage tout en courbes, dans le ventre mou du pays ».</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Des dizaines de lettres lui ont signalé des endroits à voir, des adresses où loger, Righi y ajoute celles d’amateurs de Fiat au cas où l’arsenal des pièces de rechange ne lui suffirait pas. Les Apennins sont méconnus. <em>« Et pourtant, les Alpes ne sont que la corniche extérieure du pays. Alors que les Apennins, eux, en sont l’âme, l’estomac, la colonne vertébrale. »</em> Comme dans la première partie de son livre, Rumiz raconte son voyage, de Savone au Capo Sud, en huit chapitres.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En route donc pour l’Italie en Topolino. Albano Marcarini,<em> « le meilleur navigateur du pays »</em>, accompagne <em>« l’ouverture »</em> en lisant un guide de 1896. Quand il a débarqué du train à Savone, il a déclaré, pour être bien clair, que leur voyage va les lancer <em>« à la recherche des routes perdues »</em>. Départ sous les nuages et dans le vent. Montées, descentes. Soleil, brouillard. Tout le monde s’arrête pour regarder passer la mythique Topolino. Dans <em>« un crépuscule couleur de mandarine »</em>, ils descendent dans un hameau où l’auberge est tenue par le curé, Luciano. En 1952, <em>« quand ils ont fait la route »</em>, raconte celui-ci, l’asphalte a entraîné les gens ailleurs, <em>« un aspirateur omnivore qui a balayé tout un monde »</em>.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Et c’est parti : rencontres, histoire, légendes, musique, plats goûteux et arrosés, hébergement… Albano laisse la place à un nouveau guide, un bibliothécaire passionné d’histoire locale et aussi d’Hannibal. Il faut aussi trouver de l’aide quand la voiture a <em>« une fuite »</em>, chez le beau-père d’un ami, ou téléphoner à Righi – pas de dynamo de secours, il faudra attendre que la pièce arrive. <em>« Je n’ai pas encore compris que les haltes forcées sont la bénédiction du voyageur. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Une femme l’emmène dans sa Jeep voir le Val Nure, lui montre toute la beauté de cette région où elle vit et où ses cendres seront dispersées – <em>« la vallée resplendit et révèle un réseau complexe de campaniles, de villages, de parois, de bois de hêtres, de petits éboulis. »</em> Au retour, la dynamo est arrivée mais pas encore en place. La Topolino attire et on se parle.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Des femmes élèvent des troupeaux pour perpétuer la tradition de l’agneau de Zeri et résister à l’indifférence des instances politiques, aux jalousies, à <em>« la honte imbécile des beaufs italiens vis-à-vis de leurs origines paysannes »</em>, à la grande distribution. Il leur faut tenir le loup à l’œil. La plupart des femmes rencontrées par Rumiz dans les campagnes viennent des pays de l’Est. Ce sont les <em>« auxiliaires de vie »</em>, les seules qui se déplacent à pied – <em>« En Italie, il n’y a que les étrangers qui marchent. »</em> Les Apennins <em>« sont une institution de soins et, sans les douces demoiselles de l’Est, ils deviendraient un cimetière. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">A chaque étape, la carte étalée sur une table facilite les rencontres. On lui indique un hameau, un ermitage, un détour se dessine. Les problèmes se précisent : l’eau, l’ours, l’abandon des campagnes surtout, dans l’indifférence voire le mépris de ses propres richesses – les <em>« <a title="Wikimondee" href="http://wikimonde.com/article/Tratturo" target="_blank" rel="noopener">tratturi</a> »</em> (routes des troupeaux) ont été remises en état grâce aux fonds européens puis négligées. Il ne reste que des panneaux.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Quand on croise une <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Piaggio_Ape" target="_blank" rel="noopener">Ape</a>, conduite par un vieux, on s’arrête. L’homme partage son pique-nique. <em>« Autour de nous, le silence et les petits oiseaux. Des moments parfaits, qui valent un voyage. » </em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/bouvier" target="_blank" rel="noopener">Nicolas Bouvier</a> a écrit <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Usage_du_monde" target="_blank" rel="noopener"><em>L’usage du monde</em></a> en 1953-1954, la plupart du temps dans une Topolino. Un des livres de chevet de Paolo Rumiz, devenu à son tour une <em>« <a title="Source : Portrait de Rumiz par Christine Fauvet-Mycia (voxeurop)" href="https://voxeurop.eu/fr/paolo-rumiz-ame-sans-frontieres/" target="_blank" rel="noopener">âme sans frontières</a> ».</em></span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlCol du Brennertag:textespretextes.blogspirit.com,2021-07-13:32556822021-07-13T18:00:00+02:002021-07-13T18:00:00+02:00 « Le Brenner , arrêt pour changer de locomotive ; l’engin...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2644521266.2.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1124757" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3543207999.2.jpg" alt="la légende des montagnes qui navuguent,récit,littérature italienne,alpes,slovénie,croatie,italie,suisse,france,montagne,marche,vélo,histoire,rencontres,culture,rumiz" /></a>« <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_de_chemin_de_fer_du_Brenner" target="_blank" rel="noopener">Le Brenner</a>, arrêt pour changer de locomotive ; l’engin écarlate des chemins de fer autrichiens ronronne déjà sur la voie de dégagement. J’ai toujours aimé cet endroit. Les gares des grandes lignes me plaisent ; elles ne cherchent pas à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Au Tyrol du Sud, le Brenner, avec ses auberges pour routiers et ses chasse-neige déjà prêts au mois d’août, est le lieu qui échappe mieux qu’un autre à la préciosité monotone des villages de la région. Ortisei, Caldaro, Dobbiaco, Castelrotto : je ne les aime plus. Trop de saunas, trop de géraniums aux balcons. Au <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Col_du_Brenner" target="_blank" rel="noopener">col du Brenner</a>, en revanche, je me sens bien. Tout est resté pareil, imprégné de légende. Avec la vieille route de Goethe, qui serpente sur les deux versants, extraordinairement vide grâce à la proximité de l’autoroute.</span></em></p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/687677139.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1124758" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/360457601.jpg" alt="la légende des montagnes qui navuguent,récit,littérature italienne,alpes,slovénie,croatie,italie,suisse,france,montagne,marche,vélo,histoire,rencontres,culture,rumiz" /></a></span></em></p><p> </p><p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Les maisons des cheminots sont restées les mêmes, à la lisière de la forêt. Nous y venions en vacances, quand j’étais petit, et le matin je partais cueillir des champignons avec un cheminot originaire de la Romagne, Secondo Zanarini. C’était un grand gaillard, toujours très ému avant de cueillir avec le plus grand soin un bel exemplaire d’oronge, de bolet ou de cèpe. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Paolo Rumiz, </span><a title="Rumiz dans les Alpes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2021/07/09/rumiz-dans-les-alpes-3255635.html" target="_blank" rel="noopener"><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">La légende des montagnes qui naviguent</span></em></a></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlRumiz dans les Alpestag:textespretextes.blogspirit.com,2021-07-12:32556352021-07-12T08:30:00+02:002021-07-12T08:30:00+02:00 La légende des montagnes qui naviguent (2007, traduit de l’italien par...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="Site de l'éditeur" href="https://www.arthaud.fr/Actualites/La-legende-des-montagnes-qui-naviguent" target="_blank" rel="noopener"><em>La légende des montagnes qui naviguent</em></a> (2007, traduit de l’italien par Béatrice Vierne, 2017) de <a title="Etonnants voyageurs" href="https://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?article7006" target="_blank" rel="noopener">Paolo Rumiz</a> correspond à ce que j’écrivais ici pour conclure ma première lecture du journaliste et écrivain-voyageur italien (né en 1947) : <em>« Ni cours d’histoire ni cours de géographie, </em><a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/aux+fronti%C3%A8res+de+l%27europe" target="_blank" rel="noopener">Aux frontières de l’Europe</a><em> est une succession d’expériences et surtout de rencontres. Raconter, écouter, apprendre, comprendre. « Chemin faisant. » »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2300252649.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1124669" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3129807000.jpg" alt="paolo rumiz,la légende des montagnes qui navuguent,récit,littérature italienne,alpes,slovénie,croatie,italie,suisse,france,montagne,marche,vélo,histoire,rencontres,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Cette fois, le <em>« fils de ce vent qu’on appelle la</em> <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bora" target="_blank" rel="noopener">bora</a> <em>»</em> a entrepris dans les Alpes et dans les Apennins, <em>« le cœur du monde euro-méditerranéen »</em>, une <em>« traversée en zigzag de huit mille kilomètres, soit la distance de l’Atlantique à la Chine »</em>, entre le printemps 2003 et l’été 2006. En terminant le dernier chapitre sur les Alpes (<em>Du Grand Paradis à Nice</em>), j’ai déjà envie de vous en parler avant d’entamer la lecture de la seconde partie.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Une carte est utile pour suivre ce voyage de l’est vers l’ouest. Le récit commence en Croatie sur un bateau, <em>« dans la baie de San Giorgio dans l’île de Veglia – en croate, la baie de Sveti Juraj dans <a title="Adriatic.hr" href="https://www.adriatic.hr/fr/guide/quarner-ile-krk/ri-14" target="_blank" rel="noopener">l’île de Krk</a> ». </em>La première destination : le Montemaggiore ou <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/U%C4%8Dka" target="_blank" rel="noopener">l’Ucka</a>. <em>« Tout à coup, dans la bourrasque, tout devint clair. Les comptes étaient bons, nos chœurs de montagnards chantés en mer devenaient une cosmogonie, la perception d’une genèse. Mais évidemment ! Nous étions en train de naviguer sur les Alpes ! »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Braudel parlait de la Méditerranée comme d’une <em>« mer de montagnards »</em>, un espace où les bergers deviennent capitaines de vaisseau. Avec ses compagnons, Paolo Rumiz vagabonde <em>« dans l’archipel du vent ».</em> Il est de Trieste, <em>« le seul endroit d’Italie d’où l’on peut voir les Alpes de l’autre côté de l’eau ». </em></span><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Embarquons donc pour la Croatie, l’Autriche, la Suisse, l’Italie, la France.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Eté 2003, <em>« une chaleur à crever »</em>. Avec un guide natif de <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vrata_(Fu%C5%BEine)" target="_blank" rel="noopener">Fiume</a>, <em>« une ville parfaite » </em>où l’on peut escalader les Alpes le matin et le soir tremper ses pieds dans la mer, il cherche sur une carte <em>« le commencement des Alpes »</em> qui ne figure dans aucun guide. <em>« Décollage à la verticale » </em>sur un petit escalier qui mène aux pentes <em>« envahies d’arbustes épineux qui avaient jadis été des vignes »</em>. Une montée lente, <em>« avec le plaisir clandestin d’une aventure à deux pas de chez nous, absolument seuls sur une route jalonnée d’antiques bornes »</em> (la via Carolina, <em>« grandiose et oubliée »</em>).</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans le bourg de Vrata, personne ne sait où elles commencent les Alpes. Une vieille dame en noir les envoie chez une amie, celle-ci chez la maîtresse d’école, qui les envoie chez un géographe, professeur à l’université de Zagreb, mais <em>« géographe marin »</em>, leur dit-il – <em>« Les Croates ne savaient pas qu’ils appartenaient à une nation alpine, donc nous fûmes obligés de leur expliquer. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 2005, Rumiz est au<a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_militaire_de_Redipuglia" target="_blank" rel="noopener"> cimetière militaire de Redipuglia</a> pour exaucer le vœu de <a title="Wikipedia" href="https://it.wikipedia.org/wiki/Carlo_Orelli" target="_blank" rel="noopener">Carlo Orelli</a>, dernier témoin de la première guerre mondiale, qui venait de mourir à cent dix ans. Les fascistes ont construit ce cimetière en 1938 pour plus de cent mille soldats italiens morts au front durant la Grande Guerre. Puis le voilà à bicyclette à <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kobarid" target="_blank" rel="noopener">Caporetto</a> en <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Slov%C3%A9nie" target="_blank" rel="noopener">Slovénie</a> pour nous parler des ours qui descendent jusque dans les jardins de la vallée, si nombreux (de quatre à six cents) qu’ils fuient en Italie, profitant des alpages abandonnés.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Ainsi se tisse peu à peu <a title="Le billet de Dominique (A sauts et à gambades)" href="http://asautsetagambades.hautetfort.com/archive/2017/10/03/la-legende-des-montagnes-qui-naviguent-paolo-rumiz-5985718.html" target="_blank" rel="noopener"><em>La légende des montagnes qui naviguent</em></a>. A la description du chemin, des aléas du voyage, se mêlent l’histoire et l’actualité, les bergers et les chasseurs, les ours et les marmottes, les anecdotes, la réflexion sur l’évolution des modes de vie, <a title="Site de la CIPRA (Commission internationale pour la protection des Alpes)" href="https://www.cipra.org/fr/positions/les-paysages-alpins-ne-sont-pas-renouvelables" target="_blank" rel="noopener">la résistance des montagnards</a>, la fuite en avant des promoteurs. Rumiz ne cache pas sa colère contre les dérives contemporaines, l’abandon des territoires et de leurs habitants au profit du tourisme et des loisirs, en Italie surtout, où tant de choses ne fonctionnent plus, où des villages se retrouvent privés d’eau, pompée au profit du ski d’été même là où les glaciers périssent du réchauffement climatique.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Comme en montagne, il faut prendre son temps pour avancer dans ce livre tant il est dense. L’érudition de l’auteur est telle que j’ai bientôt renoncé, pour ma part, à approfondir toutes les allusions géographiques, historiques et sociales qu’il y brasse, pour suivre simplement son rythme. Tous ces arrêts sur image du présent ou du passé ne sont pas des digressions, mais l’exploration de ce qui fait l’âme du monde alpin au début du XXIe siècle.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Le sel de l’aventure, ce sont les rencontres, fortes, parfois de hasard, parfois des rendez-vous : des gens racontent, se souviennent, témoignent. Comme ce vieillard <em>« aussi heureux qu’un rongeur »</em> avant l’hiver, accumulant tout ce qu’il peut même s’il suffirait de descendre au magasin : <em>« Si je fais des provisions, je suis mieux à même d’affronter la saison du repos, de la lecture, du recueillement. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;">L’homme au violoncelle vieux de plus de quatre siècles dans la forêt de Paneveggio – <em>« Depuis toujours, les arbres qu’on écoute sont des arbres morts » </em>– à la recherche du <em>« sujet parfait »</em> : il plante son instrument dans le tronc d’un bel arbre abattu pour écouter la résonance, puis dans un arbre vivant, émerveillé. <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ryszard_Kapu%C5%9Bci%C5%84ski" target="_blank" rel="noopener">Ryszard</a></span><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ryszard_Kapu%C5%9Bci%C5%84ski" target="_blank" rel="noopener"> </a><span style="font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ryszard_Kapu%C5%9Bci%C5%84ski" target="_blank" rel="noopener">Kapuściński</a>, <em>« le plus grand reporter de l’après-guerre »</em>, si gentil avec tout le monde, remerciant sans cesse : <em>« Si tu ne montres pas ton respect pour les autres, tu te fermes toutes les portes. »</em> </span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/1591345687.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1124670" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/296675632.jpg" alt="paolo rumiz,la légende des montagnes qui navuguent,récit,littérature italienne,alpes,slovénie,croatie,italie,suisse,france,montagne,marche,vélo,histoire,rencontres,culture" /></a></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">De chapitre en chapitre, voilà Rumiz au Mont Rose puis au Mont Blanc, où l’on entendait à nouveau les ruisseaux après qu’on avait dévié la circulation des poids lourds à la suite de l’incendie dans le tunnel en 1999 (ils y sont revenus). Hommage à Ulysse Borgeat, ancien gardien du <a title="Site" href="https://refugeducouvercle.jimdofree.com/le-refuge/historique/" target="_blank" rel="noopener">refuge du Couvercle</a> et <em>« papa des alpinistes ».</em> Du Val d’Aoste à Nice, le dernier chapitre m’a particulièrement accrochée – résonances particulières à l’évocation d’une région que l’on a fréquentée. Une pause et on continuera : rendez-vous dans les Apennins.</span></p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlIl y a 5’900 ans il n’y avait pas de glace dans les Alpes tyroliennestag:leshommeslibres.blogspirit.com,2020-12-21:33007452020-12-21T22:38:00+01:002020-12-21T22:38:00+01:00 Les chercheurs ont étudié la glace accumulée de certains sommets, en...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/2056034902.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-258907" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/168198026.jpg" alt="alpes,tyrol,glaciers,minoen,holocene," /></a>Les chercheurs ont étudié la glace accumulée de certains sommets, en particulier le Weißseespitze en Autriche. La plus ancienne glace trouvée par carottage sur une zone élevée d’accumulation date d’environ 5’900 ans.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">« <span style="color: #003366;">Notre datation de la glace juste au-dessus du substrat rocheux indique que la masse de glace à WSS s’est formée plus tôt que (5,9 ± 0,7) ka cal et a été glaciée continuellement depuis. Cela implique que même l’emplacement du sommet du WSS à 3’500 m d’altitude était libre de glace pendant un intervalle antérieur à (5,9 ± 0,7) ka. </span>»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1377695692.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-258909" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/140086864.jpg" alt="alpes,tyrol,glaciers,minoen,holocene," /></a>Il n’y avait pas de glace <em><span style="color: #800000;"><a style="color: #800000;" href="https://www.nature.com/articles/s41598-020-77518-9" target="_blank" rel="noopener">en-dessous de 3’500 à 4’000 mètres</a></span></em>, cela il y a plus de 5900 ans. Le CO2 était alors très bas alors que la température était plus élevée qu’aujourd’hui (image 2, se lit de droite à gauche). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Une situation bien plus extrême qu’aujourd’hui. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">C’est vers la fin de l’optimum climatique de l’Holocène que la glace revient.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Du moins en-dessous de 3’000 à 4’000 mètres. <span style="color: #800000;"><em><a style="color: #800000;" href="https://www.tdg.ch/il-y-a-6000-ans-les-alpes-etaient-largement-libres-de-glace-837851311177" target="_blank" rel="noopener">La Tribune de Genève</a></em></span> fait état d’une étude universitaire suisse: «<span style="color: #003366;"> … les Alpes étaient probablement libres de glace, jusqu’à une altitude de 3000 à 4000 mètres, avec des glaciers nettement plus petits qu’actuellement. </span>»</span></p><p style="text-align: justify;"> </p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlChoses glissantestag:textespretextes.blogspirit.com,2020-09-01:31528152020-09-01T18:00:00+02:002020-09-01T18:00:00+02:00 « J’envie désespérément les hommes qui peuvent réfléchir sans perdre le...
<p><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2196271926.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095888" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3509922762.jpg" alt="leslie stephen,eloge de la marche,essai,littérature anglaise,mont blanc,alpes,marche,virginia woolf,culture" /></a>« J’envie désespérément les hommes qui peuvent réfléchir sans perdre le fil de leurs pensées dans des conditions qui distraient les autres – au cours d’une réunion où il y a foule ou bien au milieu de leurs enfants –, car je suis aussi sensible que la plupart des gens à la distraction, mais pour peu que je parvienne à penser, je ne suis pas sûr que le mugissement du Strand ne soit pas un cadre plus propice que le calme de mon bureau. L’esprit – on ne doit juger qu’à l’aune du sien – me semble être un appareil singulièrement mal construit. Les pensées sont des choses glissantes. Il est extrêmement difficile de les maintenir dans la piste offerte par la logique. Elles se bousculent entre elles et font soudain une embardée pour laisser la place à d’autres pensées incongrues et fortuites, tant et si bien que le cours de la pensée, dont on parle, ressemble davantage à un voyage en train que l’on fait en rêve, où tous les quelques yards, on est aiguillé sur la mauvaise voie. Or, bien qu’une rue de Londres regorge de distractions, elles deviennent si innombrables qu’elles se neutralisent mutuellement. Le maelström d’élans contraires devient un courant continu parce qu’il est tellement chaotique qu’il crée une humeur, voire une veine réflexive. »</span></em></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Leslie Stephen, </span><em><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Eloge de la marche </span></em></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlMarcheur des Alpestag:textespretextes.blogspirit.com,2020-08-31:31528132020-08-31T08:30:00+02:002020-08-31T08:30:00+02:00 Dans Eloge de la marche (traduit de l’anglais par Thierry Gillyboeuf),...
<p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Dans <a title="Site de l'éditeur" href="https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/%C3%A9loge-de-la-marche-9782743639990" target="_blank" rel="noopener"><em>Eloge de la marche</em></a> (traduit de l’anglais par Thierry Gillyboeuf), <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leslie_Stephen" target="_blank" rel="noopener">Leslie Stephen</a> (1832-1904), le père de Virginia Woolf, encourage à sortir du bureau ou de la bibliothèque pour mieux penser. <em>« Il invente un genre littéraire à part entière, celui de l’</em>essai buissonnier<em> »</em> écrit le traducteur dans sa préface, où il rappelle qui était Leslie Stephen : un garçon <em>« pâle et chétif »</em>, <em>« tête de Turc de ses condisciples »</em> à Eton qu’il quitte à quatorze ans, parti étudier la philosophie en Allemagne grâce à une bourse de Cambridge.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/416552949.JPG" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-1095886" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/2055225195.JPG" alt="leslie stephen,eloge de la marche,essai,littérature anglaise,mont blanc,alpes,marche,virginia woolf,culture" /></a><br /><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 8pt;">Vue sur le Cervin, été 2008 (Photo T&P)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En 1857, il entreprend de traverser l’Allemagne à pied, fait l’ascension du mont Rose et découvre les Alpes bavaroises et le Tyrol. <em>« Sept étés durant »</em>, de juillet à septembre, il se rend en Suisse pour une tournée des <em>« pics, cols et glaciers »</em>. Il préside l’Alpine Club et édite l’<em>Alpine Journal</em> pendant plusieurs années. Aujourd’hui on le considère comme <em>« l’une des figures majeures de l’alpinisme littéraire »</em>. <a title="Illustration" href="https://images.fr.shopping.rakuten.com/photo/le-terrain-de-jeu-de-l-europe-de-leslie-stephen-1090512264_L.jpg" target="_blank" rel="noopener"><em>Le Terrain de jeu de l'Europe</em></a> (<a title="A lire en ligne (en)" href="https://archive.org/stream/playgroundofeuro00step?ref=ol#page/n7/mode/2up" target="_blank" rel="noopener"><em>The Playground of Europe</em></a>, 1871) est un classique du genre. Deux des quatre textes de ce petit recueil en sont extraits.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">En premier vient <em>« Mon père : Leslie Stephen » </em> par <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/tag/virginia" target="_blank" rel="noopener">Virginia Woolf</a>. Elle rappelle que cette <em>« période faste »</em> d’exploits paternels <em>« fluviaux et montagnards »</em> était terminée quand les enfants Stephen étaient jeunes, mais qu’il en restait des vestiges dans la maison : coupe en argent, alpenstocks rouillés… Son père se contentait alors de simples balades en Suisse ou dans les Cornouailles. Virginia fait le portrait d’un homme attachant, avec des sautes d’humeur mais le sens de l’humour, frugal mais exigeant avec ses enfants tout en leur accordant la liberté dans leurs choix.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><a title="In Praise of Walking : à lire en ligne" href="https://en.wikisource.org/wiki/Studies_of_a_Biographer/In_Praise_of_Walking" target="_blank" rel="noopener"><em>Eloge de la marche</em></a>, le deuxième texte, date de 1902.<em> « Marcher est aux loisirs ce que labourer et pêcher sont aux travaux industrieux : quelque chose de simple et de primitif ; cette activité nous met en contact avec la terre maternelle et la nature élémentaire, elle ne requiert aucun dispositif complexe ni excitation superflue. Elle est faite pour les poètes et les philosophes, et pour pouvoir pleinement l’apprécier, il faut au moins être capable de vénérer l’« ange qu’on nomme la Contemplation ». »</em> (tiré de Milton)</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Leslie Stephen, également professeur et biographe, s’appuie sur sa propre expérience de marcheur et sur de nombreux exemples tirés de ses lectures, quasi tous d’écrivains anglais, qu’il faudrait mieux connaître pour en apprécier tout le sel. Néanmoins son propos reste intéressant par sa façon de décrire le bonheur de marcher : <em>« Quand on s’est mis en route de bonne heure, que l’on a suivi le sentier des gardes-côtes sur les versants dominant les falaises, que l’on a traversé non sans mal le tapis pourpre et doré d’ajoncs et de bruyères recouvrant les landes… »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Un coucher de soleil au mont Blanc</em>, – «<em> la meilleure chose qu’il ait écrite, selon lui »</em>, écrit Virginia Woolf –, superbe hommage au <em>« vieux Monarque des montagnes »</em>, comme il l’appelle, rapporte une ascension entreprise le 6 août 1873 en partant de Chamonix. <em>« Le soleil se levait sur une de ces aubes fraîches, pleines de rosée, de celles que l’on ignore partout, sauf dans les montagnes, où l’air vivifiant semble pénétrer tous les pores de la peau. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Il prend le temps de décrire l’état d’esprit, la vue qu’on a en chemin, le constant souci de l’orage imprévu, le calcul de l’horaire pour arriver à temps au sommet pour admirer le coucher du soleil, les exercices de gymnastique pour lutter contre le froid. Puis vient le spectacle du coucher du roi des montagnes, sublime, avec ses éclairages changeants, somptueux, et des émotions d’une intensité rare.</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;"><em>Les Alpes en hiver</em> terminent le recueil. Après des années de marche estivale, il lui fallait absolument découvrir les montagnes à la saison des neiges et du gel.<em> « En hiver, les Alpes, comme je l’ai dit, sont un pays de songe. Depuis que me voyageur aperçoit, des terrasses du Jura, la longue série de pics qui va du mont Blanc au Wetterhorn, jusqu’à un moment où il pénètre dans les recoins les plus reculés de la chaîne, il traverse une suite de rêves dans un rêve. »</em></span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">Du sommet inaccessible où elle est maintenant, ce billet est pour Jo qui aimait tant les Alpes et les a portées dans son cœur jusqu’au bout. (Merci à celle qui m’a offert cette lecture.)</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'Times New Roman', serif;">***</span></p><p style="padding-left: 120px;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;">Voici pour vous mes dernières lectures du mois d’août. <br />Ne vous étonnez pas si je laisse vos commentaires sans réponse – le temps d’une pause pour moi. <br />Bonnes lectures & que tout aille bien !</span></p><p style="padding-left: 120px;"><span style="font-size: 12pt; font-family: 'comic sans ms', sans-serif;">Tania</span></p>
L'auteurhttp://jaim.blogspirit.com/about.htmlJardins Intimes des Massifstag:jaim.blogspirit.com,2017-08-04:30951332017-08-04T17:24:16+02:002017-08-04T17:24:16+02:00 Il existe des massifs où tout invite à l’abandon. Une sensation...
<p><span style="font-size: 12pt;">Il existe des massifs où tout invite à l’abandon. Une sensation extrême, à la limite du raisonnable, qui fait que l’on plongerait dans le vide ou que l’on se laisserait engloutir dans les eaux limpides et glacées…</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970236" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/02/00/3948201955.JPG" alt="DSC_0060c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970238" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/01/01/1673138.2.JPG" alt="DSC_0097c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p><img src="http://jaim.blogjardin.com/media/00/01/3147388496.2.JPG" id="media-970233" alt="" /></p><p><span style="font-size: 12pt;">Au-delà de notre jardin intime de Haute Loire, il existe de si vastes jardins qui célèbrent l’absurde, des jardins des cimes qui défient le climat…</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970241" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/00/00/2945538296.JPG" alt="DSC_0112c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970242" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/00/02/2043198437.JPG" alt="DSC_0114c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970243" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/01/01/872422126.JPG" alt="DSC_0116c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970244" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/02/00/1428525504.JPG" alt="DSC_0123c.JPG" /></p><p><span style="font-size: 12pt;">Même les animaux s’accommodent de cette haute condition, pourvu qu’on les laisse vaquer à leurs affaires, quelle que soit la situation !</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970245" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/00/02/1663148943.JPG" alt="DSC_0109c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970246" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/01/00/1339454019.JPG" alt="DSC_0025c.JPG" /></p><p><span style="font-size: 12pt;">A côtoyer le ciel, y monte-t-on plus vite ? En tout cas, on y monte méritant après avoir bravé, durant toute une vie, les pentes et les frimas. Il est des massifs où l’on se poserait pour toujours. Les Kniphofias du Drakensberg ont bien supporté l’expérience.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970247" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/01/02/1575358178.JPG" alt="SAM_1910c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><img id="media-970248" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://jaim.blogjardin.com/media/02/01/4255741791.JPG" alt="DSC_0142c.JPG" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 12pt;">Bon week-end et bonne semaine à vous toutes et tous jardinautes qui sortez des sentiers battus du jardin !</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 10pt; color: #0000ff;"><strong>F. comme Flocon d'avoine</strong></span></p>
maplanetehttp://maplanetea.blogspirit.com/about.htmlTélévision : ce soir, on grimpe au sommet du Mont-Blanc avec Artetag:maplanetea.blogspirit.com,2015-07-04:33161112015-07-04T10:25:00+02:002015-07-04T10:25:00+02:00 Besoin de fraîcheur, après un samedi caniculaire coincé dans les...
<p style="text-align: center;"> <img id="media-296415" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/02/02/1767188484.jpg" alt="mont blanc sommet.jpg" width="512" height="292" /></p><p>Besoin de fraîcheur, après un samedi caniculaire coincé dans les embouteillages des départs en vacances ? Ce soir, n'hésitez pas à allumer votre télévision :<strong> "Objectif-Mont-Blanc, sur les traces d'un géant",</strong> un documentaire réalisé par<strong> Vincent Perazio</strong>, sur une idée originale de Marine Jacquemin et Guillaume Pérès, vous emmène à la <strong>découverte des cimes vertigineuses du massif mythique des Alpes.</strong> Frissons garantis : ce<strong> laboratoire naturel, unique au monde</strong>, raconte à lui tout seul, dans son exceptionnelle diversité, les progrès de l'humanité via les conquêtes de l'alpinisme, l'histoire du climat de la planète et celui du réchauffement climatique en cours.</p><p><strong>Trois scientifiques</strong></p><p><img id="media-296414" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/02/02/4198009261.jpg" alt="mont blanc cordée.jpg" width="218" height="162" />A l'origine du film, l'expédition de trois scientifiques qui se sont lancés, pendant six jours, en 2014, dans l’ascension du Mont Blanc sur les traces des naturalistes du XVIIIe siècle qui parcouraient ce massif pour comprendre leur environnement. Entre exploits personnels et observations scientifiques, <strong>la rando d'Etienne Klein, physicien et philosophe, Martine Rebetez, climatologue et glaciologue et Jacques-Marie Bardintzeff, géologue et volcanologue </strong>gravit les pentes en nous faisant remonter le temps. En compagnie de deux guides de haute montagne, Jean-Franck Charlet et François-Régis Thévenet, et du physiologiste Hugo Nespoulet. Le tout, dans la bonne humeur et avec beaucoup d'humour.</p><p><strong>Il y a 240 millions d'années</strong></p><p>L'aventure commence il y a 240 millions d'années, lorsque le massif du Mont-Blanc était alors un haut fond de la mer alpine, et fait une halte, pour souffler en grignotant quelques en-cas, à l'époque de la surrection du joyau des Alpes, enfoui à 10 k m de profondeur, il y a <strong>5 millions d'années.</strong> Autant dire hier, à l'échelle de l'histoire de notre petite planète, née il y a 4,5 milliards d'années...</p><p><strong>Mais où est passée la mer de Glace ?<br /></strong></p><p><img id="media-296416" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/02/01/3585662345.jpg" alt="mont blanc glacier.jpg" width="192" height="143" />Le périple nous entraine au coeur de la machine naturelle du glacier qui, après avoir grossi lors du Petit Age glaciaire au point de détruire au XVIIème siècle certains villages dans la vallée, fond aujourd'hui comme neige au soleil, inexorablement, réduisant, peu à peu à peau de chagrin la fameuse <strong>vallée blanche. </strong>On (re)découvre au passage que la <strong>fonte du permafrost </strong>qui ne concerne pas que la Sibérie ou l'Alaska, a déjà provoqué, en 2005, l'effondrement du pilier Bonatti, l'une des plus mythiques parois alpines, faisant disparaître avec fracas par la même occasion un pan entier de l'histoire de l'alpinisme.</p><p><strong>Pluridisciplinarité</strong></p><p>Une fois de plus,<strong> la pluridisciplinarité des chercheurs</strong> fait le lien sur le terrain alpin : biodiversité (faune et végétation), glace, neige, roche et pierre..., toutes les observations scientifiques concourent à mettre en évidence <strong>le réchauffement climatique,</strong> particulièrement évident dans les régions montagneuses et polaires. Dans les crampons de la cordée des trois quinquas savants, nous nous élevons pas à pas, dans les neiges dont on ne sait pas jusqu'à quand elles resteront éternelles. En soufflant, avec difficulté, car à plus de 3.000 mètres, la composition de l'air n'est pas vraiment faite pour les poumons des humains des plaines. Il faut une période d'acclimatation et beaucoup d'humilité: tout le monde n'a pas les prédispositions physiques nécessaires pour aller au sommet...</p><p><strong>Le réchauffement climatique fragilise les écosystèmes du massif</strong></p><p><img id="media-296417" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://maplanetea.blogspirit.com/media/01/01/1864788487.jpg" alt="documenaire,émission,télévision,arte,alpes,mont-blanc,expédition,réchauffement climatique" />Cette aventure humaine doublée d’une aventure scientifique enfonce le clou. Depuis 2<strong> millions d'années</strong>, les<strong> glaciations qui se sont succédé sur Terre</strong> ont modelé le paysage du géant des Alpes, qui, haut de 4810 mètres, continue de gagner 1 millimètre par an, sans que les scientifiques sachent précisément pourquoi. Ce dont ils sont sûrs, en revanche, c'est que le réchauffement climatique fragilise l'ensemble des écosystèmes du massif. Au cours du XXème siècle, la température moyenne y a augmenté de +<strong>1,5 °C,</strong> soit <strong>trois fois plus qu'à l'échelle planétaire.</strong> Si elle augmentait de +<strong>3 °C</strong>, <strong>la surface englacée des Alpes pourrait diminuer de 80 %</strong>. Or, les scientifiques évoquent une élévation de <strong>+4,5°C</strong> à la fin du XXIème siècle, si nous ne faisons rien pour stopper nos émissions de gaz à effet de serre...</p><p>En l'espace de 100 ans, le climat sur Terre pourrait ainsi connaître un réchauffement semblable à ceux que la planète a mis dans son histoire des centaines de millions d'années à digérer. Et oui, <strong>"ce sont bien les activités humaines qui en sont à l'origine", précise Martine Rebetez</strong>, interrogée sur ce point dans le film Vincent Peraziopar ses collègues. Seule femme de l'équipée, la climatologue suisse spécialiste du changement climatique sera, au demeurant, la seule des trois scientifiques à vaincre le sommet du Mont-Blanc...</p><p><a href="mailto:c.lafon@suduest.fr"><strong>Cathy Lafon </strong></a></p><p><strong>#COP21 #maplanète</strong></p><p><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><span style="color: #000000;"><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong>►</strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></span></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong>A VOIR</strong></p><ul><li><h4>"Objectif Mont Blanc, sur les traces d'un géant", samedi 4 juillet, ARTE, 20h45. <strong>Rediffusions dimanche 5 juillet, à 15h10 et lundi 13 juillet, à 8h55.</strong></h4></li></ul><p><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><span style="color: #000000;"><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong><strong>►</strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></strong></span></strong></strong></strong></strong></strong></strong>LIRE AUSSI</strong></p><ul><li><strong>Les articles de Ma Planète sur le réchauffement climatique : <a href="http://maplanetea.blogspirit.com/tag/r%C3%A9chauffement+climatique" target="_self">cliquer ICI</a></strong></li></ul>
phalexandrehttp://blogdewellin.blogspirit.com/about.htmlWellin: exposé et photos : ”Paysages et végétation des Alpes de Haute-Provence”...tag:blogdewellin.blogspirit.com,2014-05-18:32327872014-05-18T07:00:00+02:002014-05-18T07:00:00+02:00 Le vendredi 23 mai 2014 à 20 heures à la bibliothèque de...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium;"><strong><a href="http://blogdewellin.blogspirit.com/media/98/bernard-overal-copie-1-thumb.jpg" target="_blank"><img id="media-177735" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://blogdewellin.blogspirit.com/media/98/bernard-overal-copie-1.jpg" alt="bernard-overal-copie-1.jpg" /></a><span style="color: #000000;">Le vendredi 23 mai 2014 à 20 heures</span></strong><span style="color: #000000;"> à </span></span><span style="color: #000000;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium;">la bibliothèque de Wellin (Maison des Associations), entrée libre..</span><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium;">.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium; color: #000000;">Habitant Wellin et retraité actif, Bernard Overal passe depuis 8 ans de longues périodes dans les montagnes du sud de la France à traquer les plantes sauvages et explorer les milieux naturels.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium; color: #000000;">Il nous présentera en images les Alpes de Haute-Provence, une région peu connue, très rurale où l’empreinte des hommes est partout dans une nature généreuse et rude à la fois. Vous y découvrirez entre autres l’Edelweiss qui y côtoie la Lavande sauvage, un Aconit particulier, un Panicaut blanc propagé par les moutons et des plantes de moissons dans des paysages grandioses.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium; color: #000000;"><a href="http://www.naturalia-publications.com/catalog/pays-seyne-massif-monges-p-105.html" target="_blank"><span style="color: #000000;"><img id="media-177737" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://blogdewellin.blogspirit.com/media/98/3510219011.jpg" alt="Pays de Seyne couverture.jpg" /></span></a>Bernard Overal est un habitué de notre région ; en tant que naturaliste il a fréquenté les sites naturels durant de longues années sous la houlette des Naturalistes de la Haute-Lesse. Ingénieur agronome des Eaux et Forêts il a réalisé une thèse doctorale sur la végétation des zones humides du sud de la Belgique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium; color: #000000;">Son dernier livre <span style="color: #0000ff;"><a href="http://www.naturalia-publications.com/catalog/pays-seyne-massif-monges-p-105.html" target="_blank"><span style="color: #0000ff;">Pays de Seyne, massif des Monges</span></a></span> est disponible à la bibliothèque.</span></p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="color: #0000ff; background-color: #ffff00;"><a href="http://bibliotheque.wellin.over-blog.org/" target="_blank"><span style="color: #0000ff; background-color: #ffff00;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: medium;">http://bibliotheque.wellin.over-blog.org/</span></span></a></span></strong></p><p style="text-align: center;"><img style="margin: 0.7em 0;" src="http://mamidoo.free.fr/html/gifs/barres/animees/divers/bar2.gif" alt="bar2.gif" /></p>
Randochevalhttp://randocheval.blogspirit.com/about.htmlVacances de février - il est encore temps !tag:randocheval.blogspirit.com,2013-02-14:29507552013-02-14T15:56:56+01:002013-02-14T15:56:56+01:00 ADOS 11-15 ANS : il reste des places sur les stages chiens et poney dans le...
<p><span class="userContent">ADOS 11-15 ANS : il reste des places sur les stages chiens et poney dans le Vercors pour les vacances de février ! </span></p><p><span class="userContent">Des programmes originaux et multi-activités, orienté autour du cheval et de son utilisation en extérieur, en hiver et dans la neige.</span></p><p><a title="Stage cheval et poney dans le Vercors" href="http://www.randocheval.com/Programmes/ch122_Vercors_juniors.htm"><span class="userContent">Plus d'informations sur ces stages en cliquant ici...</span></a></p>
Jeunes de l Oratoirehttp://groupesdejeunesdeloratoire.blogspirit.com/about.htmlCamp « Prépare ton KIFF », 14-30 juillet 2013 ; un camp franco-suisse dans les Alpestag:groupesdejeunesdeloratoire.blogspirit.com,2013-01-30:29322102013-01-30T18:58:00+01:002013-01-30T18:58:00+01:00 PARTAGER, RENCONTRER, S'ÉCLATER, DÉBATTRE… Des jeunes de 14*-21...
<p><span style="color: #800000; font-size: small;"><strong>PARTAGER, RENCONTRER, S'ÉCLATER, DÉBATTRE…</strong></span><a href="http://groupesdejeunesdeloratoire.blogspirit.com/media/02/01/3320625839.jpg" target="_blank"><img id="media-697575" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://groupesdejeunesdeloratoire.blogspirit.com/media/02/01/1973983465.jpg" alt="camp,grand kiff,savoie,sorlin,arves,grenoble,franco-suisse,2013,juillet" width="187" height="250" /></a></p><p class="western">Des jeunes de <span style="color: #800000; font-size: small;"><strong>14*-21 ans</strong></span> de Suisse (canton de Vaud, Genève et sa région) et de France (Paris et sa région, et sans doute d'ailleurs aussi…) se rencontreront pour vivre ensemble, partager, débattre, s’éclater autour de deux temps :</p><ul><li><p class="western"><strong>Prépare ton KIFF</strong>, 14-26 juillet, <br />à Saint Sorlin d’Arves (Savoie) ;</p></li><li><p class="western"><strong>Le Grand KIFF</strong>, 26-30 juillet à Grenoble.</p></li></ul><p><span style="font-size: x-small;"><em>(*année de naissance : 1998)</em></span></p><p><strong><span style="font-size: x-small;"><br /><a title="Camp « Prépare ton KIFF »" href="http://youtu.be/bm2erd6gW4s" target="_blank">--> Voir le diaporama de présentation</a><em><br /></em></span></strong></p><p style="padding-left: 30px;"><a title="Description du camp" href="http://groupesdejeunesdeloratoire.blogspirit.com/media/00/01/3813459128.pdf" target="_blank"><span style="font-size: small;"><strong>Prépare ton KIFF</strong></span></a></p><p class="western">Dans le chalet « Les trois lacs » au cœur du village de Saint Sorlin d’Arves, à 1600 m d’altitude, nous profiterons de la nature pour nous détendre, nous défouler, nous aérer et nous en mettre plein la vue. Au programme : accrobranche, baignade, tir à l'arc, randonnées, grands jeux…</p><p class="western">Tout sera occasion de nous rencontrer vraiment, de nous connaître, et de vivre ensemble autour du thème : « Aller aux marges pour vivre au cœur. » Tous différents, que faisons-nous de nos différences ? Et qu’est-ce que ça change d’être chrétien ? Qu’apportons-nous aux autres en tant que chrétiens ?</p><p>Tu n'en sais rien ? Viens en discuter ! Ensemble, nous y verrons plus clair.</p><p style="padding-left: 30px;"><a title="Le grand KIFF" href="http://www.legrandkiff.org/" target="_blank"><span style="font-size: small;"><strong>Le grand KIFF</strong></span></a></p><p class="western">C’est le rassemblement national des jeunes de l’Église protestante unie de France où se rejoindront plus de 1000 jeunes. En 2009, c’était à Lyon. En 2013, c’est à Grenoble.</p><p class="western">Tout tournera autour de la parole de Jésus : « Vous être lumière(s) du monde. », pour se réjouir ensemble dans un cadre d’Église très festivalier. 5 jours de joie, d’échanges, de rencontres, de chant, de prière… avec des carrefours, des ateliers, des découvertes… et de grandes assemblées à plus de 1000 !</p><p class="western">Tout sur le Grand KIFF (vidéos, chants, infos…) à : www.legrandkiff.org</p><p><span style="color: #000000;"><strong><span style="font-size: small;"><span style="color: #800000;">Le prix du camp ?</span></span></strong></span> 550 € tout compris (acheminement depuis Paris et Genève)<br />(Bons CAF et chèques vacances admis. Possibilité d'aides financières : contacter l'un des responsables ci- dessous)</p><p><em><span style="font-size: small;"><strong>Envoie ta demande d'inscription</strong> par sms au</span></em><br /><span style="font-size: small;"><em>Fr : 06 09 10 67 32 </em></span><br /><span style="font-size: small;"><em>ou CH : 079 408 4147</em></span><br /><span style="font-size: small;"><em>en indiquant nom, prénom, âge, email et n° tél.</em></span></p><p style="padding-left: 30px;"><strong><span style="font-size: small;">Info, contact :</span></strong><br /><span style="font-size: small;">Fr : 06 09 10 67 32 (Bertrand Marchand, directeur)</span><br /><span style="font-size: small;">ou Fr : 06 71 18 75 42 (Marc Frédéric Muller, pasteur)</span><br /><span style="font-size: small;">ou CH : 079 408 4147 (Vanessa Trüb, pasteure)</span></p><p><span style="font-size: small;">Église protestante de Genève, </span><br /><span style="font-size: small;">Église évangélique réformée du Canton de Vaud, </span><br /><span style="font-size: small;">Église protestante unie de France</span></p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlLa somptueuse arrogance de Lance Armstrongtag:leshommeslibres.blogspirit.com,2013-01-19:32985512013-01-19T19:24:00+01:002013-01-19T19:24:00+01:00 La prêtresse n’a que le pouvoir de l’écran. Elle ne peut octroyer ni...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1358896772.jpg" target="_blank"><img id="media-134854" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/1856003631.jpg" alt="lance armstrong,vélo,tour de france,dopage,mensonge,alpes,ventoux,anquetil,aztèque,cancer,testicules,podium," width="365" height="248" /></a>La prêtresse n’a que le pouvoir de l’écran. Elle ne peut octroyer ni sanction ni pardon. De toutes façons quelle importance? Les aveux d’Armstrong remplissent la petite case poubelle et seront vite oubliés. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Je n’aime pas ce système de repentance. Je n’aime pas le pouvoir exorbitant de juge donné à un public anonyme. Le public il faut lui dire ses quatre vérités. Il voulait du spectacle, du sensationnel? Il l’a eu. Lance en a vécu, et le public a vécu de lui. Le deal est rempli. C’était du chiqué? Il a quand-même bandé au coup de pédale de Lance quand celui-ci démarrait comme une flèche au pied d’un col mythique de l’arc alpin.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Le public donc est repu. Trompé mais repu. A une époque ou des sites internet encouragent aux rencontres adultérines, la tromperie n'a plus guère d'importance. Le public a digéré ses chips et bu ses bières devant sa télé pendant que son amant pédaleur le trompait avec une seringue dans les coulisses de l'exploit. Public subjugué, ou au contraire jaloux, enragé de voir l’insolence de l’américain. En plus, un ricain. Pensez donc. Il a déclassé un autre grand dopé mais jamais destitué: Jacques Anquetil. Les mythes tombent comme les feuilles d’automne.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">De toutes façons, les médias, la télé, leur seule fonction est de remplir l’instant d’assez d’intensité pour que l’on ne zappe pas. Lance a servi quand il gagnait, il sert encore aujourd’hui quand il perd tout. C’est un bon produit média Lance. Un héros sombre. Un dieu devenu maudit. De la cime à l'abîme. Ça c’est de la belle histoire. </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><br /><br />Mais la téloche n’est qu’un média de l’instant. Gérard Holtz n’est pas Victor Hugo.</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> Personne pour raconter durablement cette folie qui s’empare des hommes, tous, quand il y </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1457940738.jpeg" target="_blank"><img id="media-134855" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3485472508.jpeg" alt="lance armstrong,vélo,tour de france,dopage,mensonge,alpes,ventoux,anquetil,aztèque,cancer,testicules,podium," width="354" height="265" /></a></span></span></span>a une place à prendre. Revanche contre son cancer, goût immodéré de la première place,</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"> culot sans borne du mensonge, </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">somptueuse </span>arrogance de celui qui gagne à tout prix, roulant sur la ligne de crête entre la lumière des sommets et l'obscur</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">e voix</span> du mensonge. C’est l’image du monde moderne. Il y a les quelques-uns qui occupent les marches du podium. </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Pas beaucoup: les organisateurs n’ont prévu que trois marches. C’est le système. Et les autres qui regardent. Les vaches regardent bien passer les trains.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Armstrong avait ce visage du fou qui veut tout gagner. De la locomotive moderne type années 1960. Du dieu aztèque, coiffé de cette couronne surréaliste, bandant de toutes ses couilles. Magnifique! Aujourd’hui sa belle arrogance me manque. Aujourd’hui il rampe. Il mâche son amertume. Il se couche. Merde! - je l’aimais mieux avant. Je ne devrais pas, je sais. La vérité est préférable au mensonge. Le dopage est mauvais pour la santé. Il a truqué les enjeux. Il a donné le mauvais exemple.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Oui, mais voilà, finalement je préfère me rappeler de ses démarrages en côte. Car même dopé, à côté d’autres dopés, il fallait le faire. Pourtant au début il m’irritait. Trop sûr de lui. Un vieux fond de culture européenne chez moi: les gagnants doivent bien avoir un vice caché. Lance en avait un. Il confirme. Mais malgré cela j’ai fini par l’apprécier. Alors aujourd’hui, voir sa repentance décharnée comme un vieil âne maigre à qui l'on ne donne plus que des coups de pied, voir le coq devenu limace et se mangeant lui-même, je n’aime pas. C’est irrationnel et totally subjectif. J’assume, et je comprends qu'on lui en veuille. Mais dans un siècle de l'image, boostées par la toute-puissance du petit écran, ses victoires avaient plus d'allure que ses larmes de gamin pris en faute - l'envers de son endroit.</span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Lance, ta belle arrogance en énervait plus d’un. Ils sont maintenant </span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">satisfaits</span>. Toi tu avais pris ta revanche sur ton cancer des testicules. Eux prennent leur revanche sur toi. Tu es leur cancer des testicules. Eux pédalent de la bouche. </span><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Mais c’est pas demain qu’on les verra grimper le Ventoux avec la langue.<br /></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><br /><br /><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><object width="560" height="315" data="http://www.youtube.com/v/-jkUtQtlrOI?version=3&hl=fr_FR" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="allowscriptaccess" value="always" /><param name="src" value="http://www.youtube.com/v/-jkUtQtlrOI?version=3&hl=fr_FR" /><param name="allowfullscreen" value="true" /></object></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Cette fois c’est dit par lui-même. Il s’est dopé. Beaucoup, passionnément, à la folie. Il a menti. Sa repentance me laisse assez froid. C’est de saison. Saison froide, saison de repentance. Drôle de salade qu’il nous sert le Lance, avec son epo-sauce et son testo-piment. Salade de saison. Le rampon. Rampons devant les médias. Ou la mâche. Mâchons notre amertume à devoir s’humilier face à l’assemblée invisible des téléspectateurs.</span></p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlLa vague de chaleur contourne la Suisse romandetag:leshommeslibres.blogspirit.com,2012-08-19:32983272012-08-19T21:44:00+02:002012-08-19T21:44:00+02:00 Mais la Suisse romande est relativement épargnée. A part une pointe...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/02/01/1747706089.png" target="_blank"><img id="media-130980" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/02/01/2995283428.png" alt="Mét19.8-1.png" name="media-130980" /></a>Mais la Suisse romande est relativement épargnée. A part une pointe locale de 35° à Sion le reste du territoire est dans le rouge plus que le pourpre. Comme si la masse d’air brûlant avait en partie contourné les Alpes et le Jura, tenant compte qu’elle suit un parcours du sud-ouest vers le nord-est.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">On voit sur la carte des températures plus locales (image 2) que Versoix affiche 29° alors qu’Albens, à 60 kilomètres au sud, supporte 35°. Clermont-Ferrand atteint 38,5° à la même heure, soit à 16 heures, et Saint-Etienne 38,1°.</span> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/00/02/2726926859.png" target="_blank"><img id="media-130981" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" src="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/00/02/3652356809.png" alt="méts19.8-4.png" name="media-130981" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La température est donc plus élevée de 5 à 8 degrés à quelques dizaines de kilomètres.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">On voit sur la carte 3 d’infoclimat.fr une grosse cellule orageuse au sud-est de la France à cheval sur la frontière italienne. D’autres orages ont éclaté sur les Pyrénées. L’Atlantique est squatté par un front plus frais qui a déjà passé sur la Bretagne.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/00/01/809982248.png" target="_blank"><img id="media-130982" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/00/01/3360175748.png" alt="Mét19.8-3.png" name="media-130982" /></a></span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Toutefois la situation n’évolue que très lentement si l’on compare <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2012/08/17/a979d1e2f0f5f81d934111f19a6adb60.html" target="_blank"><span style="text-decoration: underline;"><em>la carte d’il y a deux jours</em></span></a> avec la carte 4 d’aujourd’hui. Xénja fait du sur-place. Elle n’a rien d’un tchouk-tchouck. Achim s’éloigne paresseusement et glisse doucement de la Belgique vers la Tchéquie et les Balkans.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">La température sera donc encore élevée demain.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Un proverbe météo pour terminer:</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><a href="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/01/01/4056516328.png" target="_blank"><img id="media-130983" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" src="http://leshommeslibres.blogs.lalibre.be/media/01/01/4113047348.png" alt="Mét19.8-2.png" name="media-130983" /></a></span><br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;"><em>«Un homme, c'est comme le temps qu'il va faire ... On peut tenter ce qu'on veut, impossible de le changer.»</em></span><br /> <br /> <br /> <span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Et ceci:</span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">«</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Au Groenland, deux Esquimaux regardent la neige qui tombe à gros flocons. - Je crois, dit l'un, que nous allons avoir un Noël blanc. - Oui, dit l'autre. D'ailleurs nous avons eu déjà un printemps blanc, un été blanc et un automne blanc.</span><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">»</span></em></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Et enfin, c'est aujourd'hui la nouvelle Lune. Si vous avez une vieille lune dans votre entourage c'est le moment d'en changer. Sauf si c'est un homme (voir plus haut).</span></p><p style="text-align: justify;"><br /> <em><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Images infoclimat.fr, cliquer pour les agrandir.</span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana,geneva; font-size: small;">Bien sûr qu’il a fait chaud. Mais on n’a pas eu le pire - ou le meilleur selon que l’on est grenouille ou lézard. Les batrachiens ne sont pas des chats. Si l’on regarde la carte des températures en Europe de l’ouest on voit que les grosses chaleurs sont sur l’Espagne, le centre de la France, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie. Les vaches auvergnates ahanent.</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlEau vivetag:textespretextes.blogspirit.com,2012-07-24:31101252012-07-24T20:20:00+02:002012-07-24T20:20:00+02:00 Cette main recevant l’eau et la refilant dans le même courant...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/350696673.jpg" target="_blank"><img id="media-129630" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/32745534.jpg" alt="Bisse Main.jpg" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Cette main recevant l’eau et la refilant dans le même courant</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Suggère que l’eau n’est qu’empruntée,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Qu’elle poursuit son cycle perpétuel et qu’il faut en prendre soin.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Main bienveillante, ouverte et réceptive, sensible,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Qui reçoit et laisse filer entre ses doigts écartés sans retenir.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">La main ne capte pas l’eau tout à fait, elle ne se l’approprie pas.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Elle la saisit un instant puis la retourne au bisse</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Afin qu’elle poursuive sa course vivifiante.</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Principal constituant des êtres vivants,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">L’eau est une ressource commune, universelle, à préserver</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span lang="FR" style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif; font-size: medium;">Et à passer, saine, au suivant.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/393941187.jpg" target="_blank"><img id="media-129634" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4095275265.jpg" alt="pache,eau vive,sculpture,bois,bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif;"><em><span lang="FR" style="font-size: medium;"><a title="Site de l'artiste" href="http://www.raphasculpte.ch/" target="_blank">Sculpture</a> de M. <a title="Notice biographique" href="http://www.aveam.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=80&Itemid=86" target="_blank">Raphaël Pache</a>. 1753 Matran (j</span><span lang="FR" style="font-size: 14pt;"><span style="font-size: medium;">uillet 2010)</span></span></em></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><span style="font-family: tahoma,arial,helvetica,sans-serif;"><span lang="FR" style="font-size: 14pt;"><span style="font-size: medium;">& texte sur le <a title="L'eau des bisses (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2012/07/20/l-eau-des-bisses.html" target="_blank">Bisse Vieux de Nendaz</a></span></span></span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"><br /><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3074252078.jpg" target="_blank"><img id="media-129800" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/796286388.jpg" alt="pache,eau vive,sculpture,bois,bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: center; tab-stops: 83.4pt;"> </p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlL'eau des bissestag:textespretextes.blogspirit.com,2012-07-23:31101242012-07-23T08:30:00+02:002012-07-23T08:30:00+02:00 « Bisse » : le mot m’était inconnu jusqu’à ce que je...
<p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">« Bisse » : le mot m’était inconnu jusqu’à ce que je découvre, il y a quelques années, la région de Nendaz, près de Sion, dans le Valais, le<a title="Carte des bisses" href="http://www.veysonnaz.ch/file/pays_des_bisses(1).jpg" target="_blank"><em> « pays des bisses ».</em></a> Si les Alpes offrent aux marcheurs des vues superbes, toutes ces <a title="Au jardin des Alpes (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2008/08/03/au-jardin-des-alpes.html" target="_blank">fleurs sauvages</a> que je me plais à nommer quand je les connais, à identifier quand j’ignore leur nom, c’est d’abord l’eau qui les fait vivre : neige et glaciers, torrents, cascades, lacs de haute montagne – et bisses.</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/1372959759.jpg" target="_blank"><img id="media-129627" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3793229974.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Les paysans du Valais, pour échapper aux conséquences de la sécheresse, captent l’eau en altitude depuis des siècles, pour la dévier artificiellement sur les coteaux et arroser leurs cultures d’abricotiers, framboises ou vignes.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><em>« Tous les bisses de Nendaz ont leur prise d’eau dans la rivière <a title="Notice Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Printze" target="_blank">La Printse</a>, qui prend sa source aux glaciers du Grand-Désert et de Tortin. Les promenades des bisses sont faciles et de faible déclivité, idéales pour les familles, les enfants et les personnes âgées. »</em> (Brochure de Nendaz)</span></span> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/2877089756.jpg" target="_blank"><img id="media-129621" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/3515695292.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">C’est donc sur les chemins des bisses, le long de l’eau qui s’écoule doucement, silencieusement par endroits, court et cascade à d’autres, que les jambes des promeneurs se délient pour aller de Nendaz à Planchouet par le Bisse du Milieu, pour en revenir par le Bisse Vieux, ou bien, variante, de Planchouet à Veysonnaz par le <a title="Historique du Bisse de Vex" href="http://www.sentier-geographie-nendaz.com/historique-du-bisse/" target="_blank">Grand Bisse de Vex</a> – il faut alors prendre le bus postal pour rentrer. Remis en eau pour les touristes après avoir été abandonné, ce <a title="Balade en images" href="http://www.sentier-geographie-nendaz.com/balade-en-images/" target="_blank">Bisse de Vex</a> est l’un des plus variés dans ses aménagements, la promenade y est très agréable, ouverte sur le paysage.</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/534621272.jpg" target="_blank"><img id="media-129622" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/188572159.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Un jour de beau temps, lorsque les muscles sont bien dégourdis – le chemin demande plus d’attention –, on accède à Siviez par télésiège au plus haut des canaux d’irrigation de Nendaz, le Bisse de Chervé : il n’est plus en activité, ce bisse <em>« aérien et spectaculaire »</em>, mais il permet de splendides balades au-dessus des 2000 mètres, soit vers Thyon 2000, où l’on rencontre en chemin un <a title="Restaurant Les Chottes" href="http://www.leschottes.ch/pages/ete.html" target="_blank">restaurant</a> apprécié des promeneurs, soit vers le lac de Cleuson (lac de barrage à 2186 m) puis, pour les plus sportifs, le lac du Grand-Désert (2642 m).</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/4224202904.jpg" target="_blank"><img id="media-129623" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/00/3925145221.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Six <a title="Les 8 bisses de Nendaz" href="http://www.nendaz.ch/tourisme/bisses-nendaz.html" target="_blank">bisses de Nendaz</a> sur huit – je vous les laisse découvrir sur le site de la commune – sont encore « en eau », grâce à un travail formidable et à une attention constante. Les promeneurs sont invités à ne rien y jeter et à ne pas abîmer leurs berges, les bisses sont fragiles. Ce qui me frappe, c’est l’ingéniosité et le travail nécessaires pour faire passer l’eau malgré les difficultés du relief, le plus souvent à ciel ouvert. L’eau circule par endroits protégée par un coffrage de bois ou de fer ; pour le promeneur, des passerelles permettent de contourner un rocher, traverser un torrent. Les gardiens des bisses n’ont pas oublié les bancs ni les tables de pique-nique. </span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/774827607.jpg" target="_blank"><img id="media-129624" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/3594845695.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Si l’eau fait le bisse, et l’eau des bisses un billet de vacances à partager avec vous, le pays des bisses, ce sont bien sûr mille autres choses dont je pourrais vous parler : arbres et fleurs, promeneurs et riverains, oiseaux et insectes, stations et villages, <a title="Auberge Les Bisses" href="http://www.bisses.com/" target="_blank">framboises et abricots</a>, vieux chalets et constructions nouvelles qui sortent de terre comme des champignons<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>chaque été…</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/2107877874.jpg" target="_blank"><img id="media-129626" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/00/1599274837.jpg" alt="bisses,eau,valais,nendaz,chemin,balade,alpes,montagne,nature,culture" /></a></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: Times New Roman;">Sur les nouvelles bornes qui indiquent ici ou là le tracé du bisse, quand il croise une route ou un autre chemin, une ligne ondulante figure avec simplicité l’eau serpentine. Ce serpent de lumière au sympathique glouglou laisse à ceux qui l’ont suivi un goût de <a title="Carte postale (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2011/08/02/carte-postale1.html" target="_blank">revenez-y</a>. </span></span></p>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.htmlDemandeurs d'emplois, offres d'emplois...tag:jceyraud.blogspirit.com,2012-01-16:25287002012-01-16T22:22:10+01:002012-01-16T22:22:10+01:00 LIRE le TABLEAU BORD de NOVEMBRE et DECEMBRE 2011 POUR LES HAUTES...
<p><span style="font-family: arial black,avant garde; font-size: small;"><strong></strong><a id="media-640287" href="http://jceyraud.blogspirit.com/media/01/02/4277054226.xls"><strong>LIRE</strong></a> le TABLEAU BORD de NOVEMBRE et DECEMBRE 2011 POUR LES HAUTES ALPES.</span></p>
Jean Julienhttp://leblogdejeanjulien.blogspirit.com/about.htmlLa marquise à Grignantag:leblogdejeanjulien.blogspirit.com,2011-11-01:24209552011-11-01T15:40:00+01:002011-11-01T15:40:00+01:00 Grignan, le 25 mars 1681 Ma toute bonne, Je...
<p> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Grignan, le 25 mars 1681</span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;"> </span><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ma toute bonne,</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Je ne devrais plus vous écrire puisque nos cœurs sont enfin rassemblés depuis quelques jours. Seule une contrainte insurmontable me conduit à prendre la plume.</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Mon voyage polonais a pris fin à Grignan, votre demeure en Provence depuis quelques années, depuis votre mariage avec le comte de Grignan, mariage qui m’a coûté bien du chagrin. Non pas que votre époux me déplaise. Bien au contraire. Mais le château de Grignan se trouve à plus de deux cents lieues* de Paris et je fus fort aise lorsque La Ventière m’apprit à notre départ de Venise que, pour gagner le royaume de France, nous passerions par le col du Montgenèvre dans le massif des Alpes. Empruntant ainsi l’antique via Domitia des Romains et sans doute le chemin emprunté par Hannibal pour franchir ces montagnes avec ses éléphants…</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Trêve de pédanterie historique, de notre périple de Venise aux Alpes je dirai peu de choses tant il fut rapide. Je citerai cependant nos haltes à Padoue, Ferrare et Mantoue. A Turin nous fûmes délicieusement reçus par le duc de Savoie. Mais la hâte que j’éprouvais d’enfin vous serrer dans mes bras faisait que mon esprit était ailleurs et que toutes ces réceptions me lassaient. Vous me connaissez et vous savez mon goût pour le calme et la tranquillité. Ce qui ne fut pas le cas depuis des semaines, brinquebalée que je fus depuis Paris jusqu’à Varsovie et de là vers Venise. A voyager trop longtemps, ne risque-t-on pas de perdre son âme ? Notre cerveau n’est-il point incommodé par tout ce qu’il voit et tout ce qu’il entend. Ne peut-il pas finir par déborder comme une jarre trop remplie ? Heureusement Dieu nous a dotés d’une cervelle suffisamment faible pour qu’elle oublie les deux tiers de ce qu’elle <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>perçoit… Et bien malheureux doivent être ceux qui ne peuvent point oublier ! Quel fatras horrible doit encombrer leurs méninges ! </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">De Turin nous escaladâmes le fameux col de Montgenèvre avec notre brave jument Nyctalope en tête d’équipage, non pas qu’il fit nuit mais parce qu’elle a le sabot très sûr par les chemins escarpés. Nous laissâmes derrière nous Briançon, Gap et Sisteron. Mais j’insistai auprès de La Ventière pour que nous fassions une halte au monastère de Ganagobie. Jean de la Ventière n’eut point à le regretter car les moines nous firent un accueil charmant de dévotion. De ce lieu austère, le regard embrasse un horizon immense jusqu’aux hauteurs enneigées des Alpes. Le lendemain nous filâmes vers Apt et remontâmes vers le nord avant que je n’aperçoive enfin votre domaine. Mon cœur se mit à bondir. </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Est-ce l’excès d’émotion ? Sont-ce les fatigues de ce long périple qui prenait fin ? Quoi qu’il en soit, je me retrouvai soudain sans voix. Impossible d’émettre un son. Je me crus ensorcelée. Moi qui avais tant à vous conter, je ne pouvais vous adresser un seul mot. Il ne me restait qu’à vous écrire. J’espère que tout le miel que vous me faites avaler produira de l’effet sur mes cordes vocales. Et puis, il me reste ma plume et surtout le plaisir de vous voir et de vous entendre et de vous serrer contre mon cœur. Nul doute que ce remède sera le meilleur. Et si mon corps demeure trop meurtri par tous les cahots qu’il a subis, le comte de Grignan m’a promis de me conduire à Balaruc près de l’étang de Thau. Il tient pour assuré que les eaux qui sourdent dans ce petit village ont le pouvoir de guérir les perclus et les endoloris. Nous verrons bien. La perspective de reprendre la route ne m’enchante guère. Mais si la guérison est à ce prix…</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Je ne vous embrasse point puisque votre joue est contre la mienne... </span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">*Environ 4 kms</span></p><p> </p>
Marie GILLEThttp://bonheurdujour.blogspirit.com/about.html11 octobre 2011. Tarte aux pommes.tag:bonheurdujour.blogspirit.com,2011-10-12:24092102011-10-12T05:37:45+02:002011-10-12T05:37:45+02:00 Le monsieur des Alpes revient maintenant chaque semaine vendre ses...
<em><strong>Le monsieur des Alpes revient maintenant chaque semaine vendre ses pommes.Avec de belles canadas, faire une belle tarte aux pommes.Et la manger.</strong></em>
Jean Julienhttp://leblogdejeanjulien.blogspirit.com/about.htmlLa marquise à Venisetag:leblogdejeanjulien.blogspirit.com,2011-08-28:23916532011-08-28T18:48:00+02:002011-08-28T18:48:00+02:00 Venise, le 20 février 1681 Ma toute bonne, J’ose...
<p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Venise, le 20 février 1681</span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Ma toute bonne,</span></p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">J’ose espérer que, tout contre votre cœur, vous avez la lettre que je vous ai adressée depuis Cracovie. Je me sens si loin de vous, ma bien aimée. Tant de lieues nous séparent. Je ne puis m’interdire de penser que peut-être nous ne nous reverrons jamais… Et si c’était la dernière fois que je vous écrivais ? Et si c’était la dernière fois que ma main droite tenait cette plume ? Et si c’était la dernière fois que mes doigts faisaient courir ces mots qui sous vos yeux deviendront le théâtre d’ombre de ce monde ? </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Mes pensées ne devraient pas être aussi sombres alors que j’entame cette première missive à Venise où nous parvînmes, enfin, hier après une traversée des Alpes pendant laquelle j’ai cru mille fois mourir. La récompense est là. Comme le paradis après le purgatoire. Certes Jean de la Ventière et moi-même ne fûmes pas reçus « con quella grandezza, pompa en magnificienza che si poteva maggiore »*, réservées par la Sérénissime à notre bon roi Henri III de Valois lors de son inoubliable séjour ici en juillet 1574. Roi de Pologne depuis quelques mois, il rentrait en France pour succéder à son frère Charles IX. </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Notre modeste qualité nous a cependant autorisés à être, comme le roi, logés au palais Foscari dont les vastes baies vitrées ouvrent sur le Grand canal de Venise. Ah ! Ma toute bonne ! Quel spectacle après les neiges de Pologne et d’Autriche ! Oubliées les froidures des mauvaises routes de Bavière et du Tyrol ! Oubliés les appartements glacés de Vienne ! Et je préfère ne pas vous narrer ce col affreux qu’il nous fallut escalader avant d’atteindre le Frioul en territoire vénitien. Il me faut beaucoup d’affection pour jean de la Ventière pour l’accompagner dans un tel périple. Et je pense sa mission d’une grande importance pour qu’il ose affronter l’hiver alpin sans barguigner. </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Mais la bonne fortune nous accompagne. Savez-vous ma toute bonne que nous avons bénéficié d’un attelage dont l’un des chevaux était nyctalope ? Sans doute n’avez-vous jamais entendu cet adjectif. C’est la Ventière qui baptisa ainsi une jument qui avait le grand talent d’y voir très bien la nuit. Même sans lune. Elle nous fut d’un grand secours et nous refusâmes de l’échanger contre une autre monture dans les relais de poste, préférant lui octroyer un repos bien mérité et en profiter pour nous réchauffer au coin d’un feu avec un bon bol de soupe brûlante. En cette saison où les jours sont courts et où les montagnes dressent leurs ombres sinistres au creux des vallées, bien des heures après le lever du soleil, Nyctalope, car nous finîmes par la baptiser ainsi notre bonne jument, Nyctalope guidait avec assurance l’attelage des six chevaux, tous aguerris aux traîtrises des Alpes. C’est ainsi que, soutenus par Dieu et conduits par nos braves chevaux, nous pûmes sains et saufs rallier la lagune de Venise après avoir traversé en bateau<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>le bras de mer qui la sépare du continent. </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Rien n’est comparable à cette ville. Imaginez, ma douce âme, nos rues pavées transformées en canaux de toutes tailles : certains comme le Grand canal sont aussi larges que nos plus belles avenues, peuplés de bateaux de toutes sortes, de gondoles rivalisant d’élégance, traversés par les cris des gondoliers et des marins. D’autres sont aussi étroits que nos ruelles et forment un dédale que seuls les Vénitiens savent démêler. Avec la Ventière nous prenons un malin plaisir à nous égarer dans les « calli », ces petites rues qui parfois débouchent sur un cul de sac. Une île, une île divisée en des milliers d’îles toutes reliées entre elles par des réseaux marins et des passages secrets. Un rêve de ville posé sur la mer. Le basilique Saint-Marc est aussi mystérieuse qu’un temple du Levant. Tout ici rappelle le commerce avec les Turcs. Une ville posée sur la mer et décorée de ses conquêtes.</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Je m’égare. Une fois de plus je me laisse emporter par la beauté des lieux qui m’accueillent. Je ne pourrai pas aller plus loin cet après-midi car la Ventière sera bientôt reçu au palais des Doges, place Saint-Marc et le gondolier du palais Foscari vient de nous héler.</span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Je vous laisse. La belle lumière de l’Adriatique réchauffe mon cœur et mes vieux os que les cahots des chemins alpins n’ont point épargnés. Un peu de soleil leur apportera du baume. Je vous promets une nouvelle lettre dans quelques jours. Cette ville m’inspire : sans doute est-ce la douce atmosphère qui règne ici qui délie ma plume. </span></p><p><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">Je vous embrasse comme je vous aime, de tout mon cœur. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p><p> </p><p class="MsoNormal" style="margin: 0cm 0cm 10pt;"><span style="line-height: 115%; font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 12pt;">*Traduction de l’italien : « avec toute la grandeur, la pompe et la magnificence imaginables». Le sénat vénitien a décidé de passer outre toutes les restrictions budgétaires (déjà à l’époque…) pour cette visite royale. (Note de l’auteur)</span></p><p> </p>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.htmlFiche de situation financière :du département des Hautes Alpestag:jceyraud.blogspirit.com,2011-02-15:22320232011-02-15T22:08:00+01:002011-02-15T22:08:00+01:00 LIRE et ANALYSER les TABLEAUX ELABORES PAR LE MINISTERE DES FINANCES....
<p><strong><a id="media-561734" href="http://jceyraud.blogspirit.com/media/00/01/3382237726.pdf"><img id="media-561735" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://jceyraud.blogspirit.com/media/00/01/3499416228.jpg" alt="Conseil général.jpg" />LIRE et ANALYSER les TABLEAUX ELABORES PAR LE MINISTERE DES FINANCES.</a></strong></p><p>Strate de comparaison : Départements de moins de 250.000 habitants</p>
Pierre Vallethttp://lavoixdu14e.blogspirit.com/about.htmlLes rues de nos quartierstag:lavoixdu14e.blogspirit.com,2011-01-30:20934922011-01-30T22:39:00+01:002011-01-30T22:39:00+01:00 La rue du Saint-Gothard . C’est en 1877, que cette rue prit...
<p style="text-align: justify;"><strong>La rue du Saint-Gothard . </strong></p><p style="text-align: justify;"><strong></strong><a href="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/01/02/1013066999.jpg" target="_blank"><img id="media-556243" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/01/02/1749831765.jpg" alt="rue_st_gothard_2.jpg" width="182" height="136" /></a>C’est en 1877, que cette rue prit le nom de « Saint-Gothard », en l’honneur du passage des Alpes par Napoléon à la tête de l’armée française. A l’origine, cette rue était un chemin : le Chemin des Prêtres – nom mentionné dès l’année 1730, - et dont le tracé complet se voit sur le plan officiel des Postes en 1861, entre la rue Dareau et l’actuel boulevard Jourdan. La création de l’avenue et du parc Montsouris sous le Second Empire, a entraîné la suppression de la majeure partie de cette voie au-delà de la rue d’Alésia. A l’origine, c’était une chemin de campagne : la courbe de la rue en atteste l’origine. Mais quels étaient ces « prêtres ». Le mystère reste entier, car on ne trouve pas dans le voisinage immédiat d’établissements religieux, autre que celui de la Commanderie de Saint-Jean de Latran, sise dans le petit quartier « Hallé-Commandeur ». Il se serait agi sans doute d’un chemin de promenade. Il est à remarquer que le tracé de la ligne du R.E.R. tout proche ( ex ligne de Sceaux) suit la courbe sinueuse de cette voie… La rue a été longtemps le siège de la célèbre maison d’édition Arthème Fayayrd, qui remontait à 1857.</p><p style="text-align: justify;"><strong>La rue des Suisses .</strong></p><p style="text-align: justify;"><a href="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/02/02/620609286.jpg" target="_blank"><img id="media-556361" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/02/02/531107329.jpg" alt="ruedessuisses.jpg" width="213" height="126" /></a>C’est une voie dans le quartier de Plaisance. Elle faisait partie d’un très long sentier des Suisses, allant rejoindre au nord, par la barrière du Maine, la caserne du Régiment des Gardes Suisses au temps de l’Ancien Régime. Au sud, ce sentier descendait à travers les vastes terrains occupés par les hôpitaux Saint-Joseph et Broussais. Il se poursuivait au-delà des fortifications de Thiers, puis traversant le territoire du village de Vanves, aboutissait à Bagneux, où subsiste la rue des Suisses, dans le prolongement du pont qui surplombe les voies ferrées du dépôt de Montrouge-Châtillon. A Bagneux, une compagnie de ces Gardes Suisses ( corps dont la fidélité à la monarchie française fut indéfectible) était en garnison et logée chez l’habitant. Il faut noter qu’une autre compagnie était stationnée à Montrouge, où sa présence est attestée de 1689 à 1764. Le cimetière de ces mercenaires était à Châtillon-sous-Bagneux. <a href="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/01/02/3360709717.jpg" target="_blank"><img id="media-556362" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://lavoixdu14e.blogspirit.com/media/01/02/52236486.jpg" alt="ruedessuissesherzogde meuron.jpg" width="164" height="218" /></a>Notons qu’à la hauteur du n° 185 de la rue Vercingétorix, un passage des Grisons (canton suisse fournissant ces gardes), ainsi qu’un passage des Suisses, ouvrant au n° 29 du boulevard Brune ont longtemps confirmé ce cheminement helvétique sur notre territoire. Ces deux voies ont disparu aujourd’hui.</p><p style="text-align: justify;"><strong><em>N.D.L.R</em></strong><em>. Documentation extraite de la Revue n°42 de la S.H.A. du 14<sup>e</sup>. Cliquez sur les photos pour les agrandir. La dernière photo montre l'immeugle construit il y a quelques années, par les architectes suisses Herzog et de Meuron, construction qui n'a pas laissé le voisinage indifférend!<br /></em></p>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.htmlChemin de fertag:jceyraud.blogspirit.com,2011-01-10:20720572011-01-10T11:43:00+01:002011-01-10T11:43:00+01:00 Haro sur la ligne des Alpes qui concentre les critiques Publié le lundi...
<h1><span>Haro sur la ligne des Alpes qui concentre les critiques</span></h1><div id="article"><p class="date-article">Publié le lundi 10 janvier 2011 à 11H25- Site le journal La Provence</p><br /><div class="article-right"><div class="article-pic"><p id="legende"> Sur les 320 km séparant Marseille de Briançon, la SNCF (exploitant) essuie une salve de critiques auxquelles la Région (financeur), en tant que donneur d'ordre, est associée. </p><p id="credits" class="credits"> Photo éric camoin </p></div><div id="oas-position1"><img style="display: none;" src="http://memorix.sdv.fr/5/laprovence/infoslocales/maville/gap_articles/L44/1956834225/Position1/SDV_PRO/00251004_Maison_Retraite_Valcro_/899462.html/5538553238457850384a554143307545?_RM_EMPTY_&commune=Gap" alt="" /></div></div><p>Par bonheur, la semaine ne compte que sept jours, cela évite à la SNCF et au transport ferroviaire régional des avanies supplémentaires que les voyageurs ne supportent plus.</p><p>Le récent comité de ligne Dauphiné-Briançonnais qui s'est tenu à Embrun en présence de nombreux cheminots et usagers a mis sur la place publique des dysfonctionnements graves de la ligne des Alpes. Sur les 320 km séparant Marseille de Briançon, la SNCF (exploitant) essuie une salve de critiques auxquelles la Région (financeur) est associée puisque donneur d'ordre.</p><p><strong>Un rapide à la vitesse moyenne de 50 Km/h <br /></strong></p><p>Joël Giraud, vice-président de l'assemblée régionale, a débuté son inventaire critique avec le train de nuit Briançon-Paris, un "rapide" reliant les deux villes <em>"à la vitesse moyenne de 55 km/h."</em> Il faut dire qu'au début du 20e siècle, la réputation de ce train était déjà faite quand il fut appelé "Quand peut !", c'est-à-dire qu'il lui arrivait trop souvent de toucher à bon port quand il pouvait... Olivier Monnot, directeur régional TER et représentant la SNCF, ne pouvait qu'avaliser la situation : <em>"Nous partageons ce constat : le client n'est pas content !"</em></p><p>Pas de chance pour les voyageurs à destination ou provenant du Briançonnais,<em> "les trains qui y circulent sont les plus touchés par l'irrégularité des horaires."</em> Les retards allant de 6 à 37 minutes sont fréquents puisque de 20%.</p><p><strong> "Pendant la guerre, on ne supprimait pas les trains" <br /></strong></p><p>Des cheminots ont précisé leurs reproches. <em>"Dimanche 2 janvier, un TER est arrivé en gare de Saint-Charles bondé de 900 voyageurs alors que 650 places seulement étaient disponibles ! Il faut créer un train supplémentaire les jours de pointe."</em> Des usagers ajoutaient : <em>"Quand les trains sont saturés, ce fut le cas le 19 décembre, vous faites appel à des autocars au dernier moment au lieu de les commander par anticipation; nous devons attendre assez longtemps et vous nous faites manquer nos correspondances. Cela n'étant pas nouveau, comment se fait-il que vous n'avez pas déjà tiré les conséquences ?</em><em>" </em></p><p>Un cheminot intervient alors et affirme :<em>"Ce jour-là, de nombreux trains étaient en panne ! Parce qu'on économise sur l'entretien."</em> Ainsi, le matériel est-il également en cause.</p><p>Face aux explications embarrassées de la SNCF, un usager se dit pas satisfait du tout : <em>"J'ai connu la guerre et on ne supprimait pas les trains !"</em></p><p>Coupe dans les effectifs, matériel en déshérence, travaux importants certes sur la voie mais intervenant après des décennies de dégradation... Le transport ferroviaire entre la métropole régionale et l'arrière-pays ne ressemble pas à celui du 21e siècle et c'est vraiment ce qui ne va pas aux yeux des usagers.</p><p>---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------</p><p><strong>Porte close!<br /></strong></p><p>Les usagers du rail doivent s'attendre à trouver des gares porte close! Notamment les voyageurs circulant dans le 1er train du matin et le dernier train du soir, abandonnés sur les quais des gares d'embrun, Montdauphin, l'Argentière. Mais d'autres gares sont touchées, parfois en milieu de journée: "En 2010, nous avons dénombré 93 périodes de fermeture à certaines heures", a reproché un cheminot syndicaliste. "Pourtant, cela peut-être facilement évité".</p><span class="signature"> Maurice FORTOUL </span></div>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.htmlComité de lignetag:jceyraud.blogspirit.com,2011-01-08:20609872011-01-08T07:21:33+01:002011-01-08T07:21:33+01:00 Usagers et cheminots mettent en cause la SNCF La SNCF a dû faire face...
<h1>Usagers et cheminots mettent en cause la SNCF</h1><div class="pub Position1"><a href="http://memorix.sdv.fr/5c/www.ledauphine.com/infoslocales/divers_articles/haute-alpes/193822905/Position1/SDVG_DL/default/empty.gif/5538553238457850384a554143307545" target="_blank"><img style="visibility: hidden; display: none;" src="http://memorix.sdv.fr/5/www.ledauphine.com/infoslocales/divers_articles/haute-alpes/193822905/Position1/SDVG_DL/default/empty.gif/5538553238457850384a554143307545?" border="0" alt="" width="1" height="1" /></a></div><div class="contenu"><p>La SNCF a dû faire face aux questions et reproches des cheminots et des usagers lors de la réunion du comité de ligne Dauphiné-Briançonnais, qui s’est tenue jeudi soir, salle du tribunal.</p><p>Retards, déficit d’accueil, problèmes de commercialisation pour le train de nuit Paris-Briançon, son temps de parcours, entre autres, ont été abordés.</p><h4>“Les postes de chef de gare d’Embrun et Mont-Dauphin ont été supprimés”</h4><p>Jean-Yves Petit, vice-président délégué aux transports et à l’éco-mobilité à la Région, Olivier Monnot, directeur délégué TER, Nathalie Bernard, chef du service des transports régionaux à la direction des transports de la Région, Catherine Lahaye, chargée de projet au Réseau ferré de France et Michel Assenat, responsable territorial des départements 04 et 05 à la SNCF, ont présenté le plan de redressement, tout en tentant de répondre au public présent dans la salle.</p><p>« Les trains régionaux sont réduits à leur plus simple expression, fait remarquer une usagère. Lorsque j’ai pris le train de Paris à Embrun, arrivée à Valence, on m’a dit “le reste du trajet se fera en autobus”. Comment peut-on demander aux usagers de faire le trajet en autobus en janvier ou février ? »</p><p>« Parfois, entre Valence et Briançon, les autocars ne sont même pas commandés ; il faut encore attendre une heure avant qu'ils n'arrivent, a renchéri un autre usager. Chaque année, c’est la même chose. »</p><p>Le manque de voitures le lundi matin, dans le train de 6 h 54 partant d’Embrun a également été abordé.</p><p>« Pourquoi ne pas simplement dire que la SNCF n’a pas les moyens de satisfaire les usagers ? », a demandé une personne dans la salle.</p><p>Deux représentants CGT des cheminots étaient également présents. L’un d’eux a rappelé la « suppression du poste de chef de gare à Embrun et Mont-Dauphin le 1 <sup>er</sup> janvier » et les « 93 demi-journées de fermeture de gares sur la ligne des Alpes en 2010 ».</p><p>Aux inquiétudes sur le devenir de cette ligne des Alpes, Jean-Yves Petit a répondu que les travaux effectués visaient à la pérenniser. « En 2012, nous aurons rénové les deux tiers de la ligne. »</p></div><p class="publication">par <span class="auteur">la rédaction du DL</span> le 08/01/2011 à 05:57</p>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.html1 058 € à rembourser pour chaque Haut-Alpintag:jceyraud.blogspirit.com,2011-01-07:20606422011-01-07T08:54:00+01:002011-01-07T08:54:00+01:00 La dette cumulée du Département a atteint 145 millions d’euros...
<p><a name="galery"></a></p><div class="galerie"><div class="photo"><img src="http://www.ledauphine.com/fr/images/0299FC31-1808-4D7B-9044-1ECDB3AC0572/LDL_06/la-dette-cumulee-du-departement-a-atteint-145-millions-d-euros-l-an-dernier-soit-1-058-a-rembourser-par-habitant-ou-779-selon-les-calculs.-archives-le-dl-virgile.jpg" alt="La dette cumulée du Département a atteint 145 millions d’euros l’an dernier, soit 1?058 € à rembourser par habitant… Ou 779 € selon les calculs. Archives le DL/VIRGILE" /><p class="legende">La dette cumulée du Département a atteint 145 millions d’euros l’an dernier, soit 1?058 € à rembourser par habitant… Ou 779 € selon les calculs. Archives le DL/VIRGILE</p></div></div><div class="pub Position1"><a href="http://memorix.sdv.fr/5c/www.ledauphine.com/infoslocales/divers_articles/haute-alpes/1749272229/Position1/SDVG_DL/default/empty.gif/5538553238457850384a554143307545" target="_blank"><img style="visibility: hidden; display: none;" src="http://memorix.sdv.fr/5/www.ledauphine.com/infoslocales/divers_articles/haute-alpes/1749272229/Position1/SDVG_DL/default/empty.gif/5538553238457850384a554143307545" border="0" alt="" width="1" height="1" /></a></div><div class="contenu"><p><strong>C’est le genre de classement dont le conseil général se passerait bien. D’après journaldunet.com, les Hautes-Alpes sont en effet le deuxième département de France où la dette par habitant est la plus élevée, juste derrière la Corrèze. S’appuyant sur les données de l’Insee, le site avance même la somme de 1 058 € à rembourser pour chaque Haut-Alpin, pour une dette totale estimée à 145 M€ pour l’année 2010.</strong></p><p><strong>Des chiffres que ne conteste pas Patrick Ricou, vice-président du conseil général en charge des finances, mais que ce dernier tient toutefois à relativiser.</strong></p><p><strong>« Dans un département comme les Hautes-Alpes, il ne serait pas juste de se baser uniquement sur la population à l’année. Nous devons aussi prendre en compte les touristes. » “La situation est tendue”</strong></p><p><strong>Avec ces derniers, la population DGF des Hautes-Alpes (qui prend en compte la population totale plus les résidences secondaires) atteint les 186 000 habitants et ramène donc le ratio de la dette à 779 € par personne.</strong></p><p><strong>Un chiffre plus rassurant mais qui place quand même les Hautes-Alpes au neuvième rang des départements les plus endettés…</strong></p><p><strong>Patrick Ricou le reconnaît d’ailleurs : « Cela reste élevé mais il faut regarder la dette par rapport à la capacité de remboursement (pour 2011, le Département table sur une capacité d’auto-financement d’environ 15 M€ dont la moitié doit servir à rembourser la dette). Aujourd’hui, cette capacité est suffisante. La situation est tendue, c’est vrai, mais les comptes de 2010 ont été rassurants. Nous pouvons faire face à ces difficultés », assure l’élu orsatus.</strong></p><p><strong>Votée en décembre, la question du budget, et donc de la dette, n’a toutefois pas fini d’animer l’hémicycle avant et après les cantonales de mars prochain…</strong></p></div><p class="publication">par <span class="auteur">Julien PICCARRETA</span> le 07/01/2011 à 05:41</p>
Jean-Claude EYRAUDhttp://jceyraud.blogspirit.com/about.htmlUne hausse de plus de 10% de la population des Alpes du Sud en 9 anstag:jceyraud.blogspirit.com,2011-01-04:20587712011-01-04T11:22:07+01:002011-01-04T11:22:07+01:00 Alpes du Sud - La population en hausse dans nos deux départements...
<div class="info_texte"><div style="text-align: justify;"><strong><img id="media-547926" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" src="http://jceyraud.blogspirit.com/media/02/01/4270270028.jpg" alt="insee.jpg" />Alpes du Sud -</strong> La population en hausse dans nos deux départements alpins. Le recensement vient d’être publié par l’INSEE, l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques. Réalisé en 2008, ce sont désormais ces chiffres qui seront utilisés. Des chiffres qui montre un saut aussi bien dans les Hautes-Alpes de 10 %, que dans les Alpes de Haute-Provence de 13 %. <br /><br />Dans le 04, la ville qui connaît la plus forte augmentation est Manosque, avec plus 13 % d’habitants en 9 ans. On compte désormais plus de 22 000 Manosquins. Hausse également de presque 8 % à Digne-les-Bains. La préfecture abrite donc plus de 17 200 personnes, contre 16 000 en 1999. Par contre, un élan inverse du côté de Barcelonnette : sa population a diminué de plus de 2 % entre 1999 et 2008. <br /><br />Dans le 05, Briançon semble attractive, puisque sa population a augmenté de 8 %, totalisant donc 11 645 habitants. Gap, la capitale douce, ne dit pas non plus son dernier mot : une augmentation de 6,7 %, pour un total de 38 584.<br />En France Métropolitaine, la croissance annuelle de 1999 à 2008 a été en moyenne de 0,7%, contre 1,4% pour les Alpes-de-Haute-Provence et plus de 1% dans les Hautes-Alpes</div></div><p><br /><br />Source Alpes 1</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane et Elsa (45): le débriefingtag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-10-02:32973942010-10-02T20:05:00+02:002010-10-02T20:05:00+02:00 Débriefing De manière générale l’écriture d’un texte long sur un...
<p style="text-align: justify;"><b><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/4183483553.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3404694162.jpg" id="media-67098" alt="Banon-village-.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-67098" /></a>Débriefing</b><br /> <br /> De manière générale l’écriture d’un texte long sur un blog est un exercice étrange. Pour garder un rythme il faut publier régulièrement. Une fois par semaine est trop peu. Entre l’écriture de quelques pages et leur mise en ligne il ne se passe parfois que 24 heures, voire moins. Une fois publié le texte est fixé, figé. Il n'y a donc pas de relecture avec recul. Sans ce recul la cohérence de l'ensemble est fragilisée et j'ai déjà décelé quelques cohérences incertaines. J’ai apporté des retouches après publication. A chaque fois j’ai pris une nuit ou 24 heures avant de poster. La relecture m’est indispensable pour retoucher le texte au moins de façon sommaire.<br /> <br /> Le plus gros du roman est donc en place.<br /> <br /> Mais la relecture partielle des premières parties me montre ce qu'il y a à retravailler. Il lui faut un toilettage: retouche de phrases pas assez bien tournées, suppression des redites, choix de mots dansants quand ils manquent de relief, réduction des verbes avoir et être et des adverbes, refonte des angles d’attaques à certains endroits, allègement de quelques passages, paragraphes à supprimer ou à déplacer, préciser le rythme et la musique des mots. Sculpter le texte dans le détail. Peut-être refaire la fin, l’expliciter davantage.<br /> <br /> Je peux aussi être moins linéaire dans quelques passages où l’évidence est trop montrée par le texte.<br /> <br /> J’ai choisi un style impressionniste qui me va bien: ne pas trop décrire ni expliquer, laisser des plages à l’imaginaire du lecteur qui construit lui-même une partie de l’histoire ou de ses collatéraux, laisser le mot ou l’image suggérer l’alentour.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/398123600.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/4237181747.jpg" id="media-67099" alt="oppedette-1_063.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-67099" /></a><br /> J’ai aussi choisi de ne pas trop décrire les personnages: look, gestuelle, psychologie, cela peut être en partie reconstruit par le lecteur selon son propre imaginaire. Le lecteur devient co-auteur. Enfin, je le souhaite. J’ai aimé mes personnages, tous, même les «méchants». J’aurais pu développer davantage Manu, Aïcha, et je ne sais pas encore jusqu’où j’irai dans les retouches. Mais devenir trop précis c’est écrire un autre roman.</p> <p style="text-align: justify;">J’ai aimé le goût du bonheur de mes personnages, ou au moins leur aspiration à cela même dans leurs mécanismes sombres. Romane y aspirait. Elle a lâché trop vite. Je suis triste de sa fin. Etrange alors que c'est moi qui l'ai écrite et voulue. Mais c'est ainsi. Mystère de l'écriture.<br /> <br /> Si vous avez tout lu, quel courage! Et si vous n’avez que parcouru, à tous merci. Ce nouveau roman m’habite et me soulève. J’espère qu’il trouvera un accomplissement.<br /> <br /> Merci d'avance de vos commentaires et critiques.</p><p style="text-align: justify;">Après la mise en ligne du dernier épisode (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/10/02/delphine-romane-elsa-partie-44.html"><span style="text-decoration: underline;">lire ici</span></a>), je propose un débriefing sur ce roman commencé par hasard, vécu comme une grossesse et mené à terme avec bonheur. Avant toute autre pensée je veux remercier ici l’internaute Olga, qui à partir d’un billet léger et sans lendemain m’a proposé un challenge que j’ai relevé et porté plus loin. Elle a perçu mon imaginaire.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 44): FINtag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-10-02:32973932010-10-02T14:09:00+02:002010-10-02T14:09:00+02:00 Nous contournons le centre ville et prenons la direction de l’Espiguette....
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3953427126.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1690685911.jpg" id="media-67061" alt="E1-plage-espiguette.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-67061" /></a>Nous contournons le centre ville et prenons la direction de l’Espiguette. La plage, très longue, un décrochement de la côte, s’avance vers le sud. C’est là que le soleil se couche sur la mer en été.<br /> <br /> Longtemps nos pieds explorent le sable. Un reste de houle jette ses embruns d’or dans la lumière penchée du soir. Des enfants balancent de droite et de gauche, virevoltent et courent après un insaisissable ballon. Quelques oiseaux s’appellent au loin. Ecouter, manger l’air. S’asseoir.<br /> <br /> - Es-tu libre?<br /> <br /> Sans réfléchir je réponds:<br /> <br /> - Tu connais Richie Havens?<br /> <br /> Elsa insiste.<br /> <br /> - Je veux dire: vraiment libre?<br /> <br /> - Richie avait bouleversé le public de Woodstock en chantant <i>Freedom</i>. On le trouve sur internet. Tu connais l’histoire de cette chanson?<br /> <br /> - Paul! C’est moi qui te pose une question.<br /> <br /> - Il a ouvert le festival. Trois heures de concert incroyables. Rappels sur rappels. A la fin il a improvisé sur <i>Motherless Child:</i> Cela a donné une chanson passionnée: <i>Freedom</i>. C’est devenu un hymne.<br /> <br /> Elsa rit et reprend le fil avec une gravité légère:<br /> <br /> - La femme de ton rêve: elle existe, n’est-ce pas?<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> - Es-tu libre d’elle?<br /> <br /> Je redoutais cette interrogation. Quand est-on vraiment libre de nos histoires personnelles?<br /> <br /> - Je vis avec ma valise. Des événement remplacent d’autres, des personnes s’en vont et d’autres viennent. Je suis le même avant et après, avec ma mémoire; je ne peux découper ma vie au point de séparer totalement mon passé du présent. Je ne possède pas cette faculté de cloisonnement, à vrai dire je trouve même cela un peu schizophrénique. Je travaille depuis des années à décloisonner. L’intérêt est d’être plus entier. L’inconvénient est que les choses ne meurent jamais vraiment. Ou alors plus lentement.<br /> <br /> - Paul, j’ai seulement besoin de savoir si tu te sens assez libre pour t’engager sur un chemin avec moi. Je ne sais pas jusqu’où nous irons ensemble mais j’ai envie d’essayer. Le reste, ta philosophie, nous en parlerons, pour l’instant ma question est de savoir si tu te sens disponible? Par exemple, si cette femme revenait, resterais-tu avec moi?<br /> <br /> - Elle ne reviendra pas. Elle n’a pas ce courage, ni cette liberté. De ce point de vue l’affaire est entendue. Sur ce que je ressens, ce sera plus long. Oui, essayons, comme toi je le désire. J’ai un travail d’arrachement à terminer, je ne sais si je réussirai mais j’y travaillerai. Pour le reste je suis libre. Peux-tu m’accepter avec cela?<br /> <br /> - Promets-moi une chose: parlons-en, parlons beaucoup. Je préfère t’entendre. Je ne veux pas vivre dans un silence qui serait comme une menace. Te donneras-tu cette liberté d’en parler? Moi je ouverte à t’entendre.<br /> <br /> Les serments, même sincères, sur la plage ou ailleurs, n’engagent pas plus que le son des paroles et l’émotion du moment. Le vrai travail vient après. C’est à cela que je dois me préparer.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3699972396.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/4092089398.jpg" id="media-67062" alt="E2-coucher-de-soleil.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-67062" /></a><br /> - Je veux cette liberté, Elsa.<br /> <br /> Le soleil est descendu du ciel. Une paix s’est assise près de nous.<br /> <br /> <br /> <br /> La nuit venue nous reprenons la route. A Oppedette nous parlons encore, mangeons quelques fruits, ressortons marcher sous les étoiles, roulons dans l’herbe chaude et partageons le feu de nos corps. Le lendemain matin Aïcha et Romane viennent boire le café. Il est neuf heures. Nous n’avons pas dormi. Les paroles sont courtes: - Ça va? - Ça va. - Je reprendrais bien du café. - Il fait déjà chaud.<br /> <br /> A dix heures c’est le départ. Nous faisons vite. Prolonger les adieux? Autant rester! Et puis j’irai à Mâcon dans une semaine, nous avons le téléphone et internet. Nous ne sommes pas vraiment éloignés. Jamais je n’ai connu un départ aussi étrange. A vouloir ne pas dramatiser nous ne disons pas un mot. Romane et Aïcha me serrent fort. Elsa m’embrasse et son coeur vient en moi. Elles montent en voiture, démarrent, font des signes par les fenêtres et disparaissent dans un tournant de la route qui descend vers le Calavon. Je reste là. Le bruit du moteur diminue et s’estompe. Encore quelques coups de klaxon dans le loin. J’aimerais qu’elles reviennent, qu’elles aient oublié quelque chose. Mais elles ne reviennent pas.<br /> <br /> <br /> A midi je suis encore assis sur le bord de la route.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <b>Epilogue</b><br /> <br /> <br /> Aujourd’hui c’est vendredi. Elsa et ses amies sont parties depuis presque une semaine. Il y a la soirée littéraire à Banon, je partirai pour Mâcon dans la nuit. J’ai obtenu que le contrôle judiciaire soit effectué ici. Dimanche Elsa m’a dit que Romane allait mal. Le contrecoup. Elle ne parlait pas et restait sur son lit. J’ai repris l’écriture de mon livre et changé de sujet. Les mots viennent comme un torrent. En quelques jours j’ai noirci une centaine de pages.<br /> <br /> Lundi je suis allé visiter Lone à l’hôpital. J’ai obtenu une autorisation du Procureur. Il y avait un policier devant la chambre.<br /> <br /> - S’il se réveille il ne doit pas s’enfuir!<br /> <br /> Dans la chambre une webcam le surveille en permanence. Les fenêtres sont grillagées. Aucun instrument médical pouvant servir d’arme n’est visible. L’assistance respiratoire est branchée et un cathéter apporte une solution liquide - probablement pour le nourrir en intraveineuse. Selon l’infirmière de garde il est en coma de stade III. Le pronostic est incertain.<br /> <br /> Je m’assieds sur le bord de son lit.<br /> <br /> - Lone, je ne sais pas si vous pouvez m’entendre. Je suis venu vous parler. J’ai besoin de vous demander pardon. C’est peut-être insensé. Vous avez fait assez de mal et votre état n’est pas le fruit du hasard. Quelle que soit votre histoire personnelle vous n’êtes pas une victime. Mais j’ai besoin de poser mon acte devant vous et de vous demander pardon. Me l’accorderiez si vous le pouviez? Peu importe. Les choses sont comme elles sont. Je vous demande pardon de vous avoir si gravement blessé. Et d’avoir eu cette envie de vous tuer, comme si vous n’étiez plus rien. Je n’ai pas fait mieux que vous. J’ai méprisé votre vie. J’ai réfléchi à cette envie: c’était la seule manière de trouver la force de vous arrêter, de vous empêcher de tuer Romane. Alors je ne me sens pas coupable. Je ne demande pas votre pardon pour effacer un culpabilité. Non, j’assume mon acte devant la justice. J’aurai un procès. Peut-être pourrez-vous y assister si vous êtes réveillé. Je ne demande aucune absolution. Le pardon n’est pas un médicament ou une manière de gommer nos responsabilités. C’est une manière de rétablir les choses dans le bon sens. De remettre de l’ordre dans les relations. Voilà. C’est tout ce que j’ai à dire.<br /> <br /> Je n’ai pas le sentiment qu’il m’ait entendu. Mais j’ai fait ce qui me semblait juste.<br /> <br /> Mardi un avocat célèbre m’a rendu visite. L’impact médiatique de l’affaire l’intéresse. Il voulait obtenir mon acquittement et créer une jurisprudence de «légitime défense pour le bénéfice d’un tiers». Je lui ai dit que je plaiderais coupable. Il m’a traité de fou. Je lui ai dit d’aller se faire voir.<br /> <br /> Mercredi j’ai passé l’après-midi avec Gattefossé. Il m’a aidé à repasser le fil des événements. La digestion passe par là. La vie doit continuer. Nous avons prévu une nouvelle soirée littéraire pour aujourd’hui. Quelques banonais voulaient organiser une fête suite à l’arrestation de Lone. Joël les en a dissuadé: avec deux morts, l’agression de Romane, le feu et un homme dans le coma il n’y a pas de quoi faire une fête. La vie doit reprendre normalement. Ils ont compris. La discrétion s’applique également envers moi: un regard souriant, un hochement de tête et c’est tout. Le soir Elsa m’a téléphoné. Elle est inquiète: Romane a disparu. Elle n’est pas rentrée depuis un jour.<br /> <br /> Aujourd’hui le Café des voyageurs est pris d’assaut par des touristes venus visiter les lieux où se sont déroulé les événements. Les gens du villages ont adopté la même consigne: personne ne sait rien. On ne les aide pas. Ils demandent où est le héros qui a sauvé la femme. Je leur réponds avec malice qu’il est retourné chez lui. «C’est où chez lui?» demande-t-on. «Personne ne le sait». Gattefossé vante Banon et ses innombrables écrivains. Au Bleuet la libraire est débordée. Les affaires marchent bien. La mort souvent fait prospérer les vivants.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/986492710.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1483028991.jpg" id="media-67063" alt="E3-saône-XI3CD00Z.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-67063" /></a>Alors que les participants à la soirée littéraire s’installent mon téléphone sonne. C’est Aïcha. Ce qu’elle m’apprend me bouleverse. Non! Ce ne peut être vrai! Défait je prends Gattefossé à part. Je lui dis. Joël, toujours si souriant, les yeux si pleins de lumière, semble s’effondrer devant moi. Je le prends dans mes bras et lui demande d’excuser mon absence ce soir. Je pars pour Mâcon. J’y arrive dans la nuit. Aïcha vient m’ouvrir. Elle me donne des détails. On a retrouvé son corps au bord de la Saône, dans l’eau. On a retrouvé une boîte de médicaments, vide, dans sa poche. Un mot écrit au stylo explique qu’elle n’a pas supporté. Trop de souffrances à cause d’elle. Deux morts, et le reste. Elle n’a pas supporté. On la savait fragile mais pas autant. Elsa est allé annoncer la nouvelle aux parents de Romane.<br /> <br /> Pendant deux jours nous parlons beaucoup. Il y a comme une faim de mots pour donner sens à l’absence. Elsa m’emmène au bord de la rivière là où un promeneur l’a découverte. Elle a commencé une chanson pour Romane, qu’elle accompagne à la guitare.<br /> <i><br /> Sur le bord de la Saône où poussent les roseaux<br /> Allongée, froide et seule, tu regardais le ciel<br /> Ni le bruit de la vie ni le chant des oiseaux<br /> Ni la main d’un ami - tu t’es coupé les ailes<br /></i><br /> Lundi. Cérémonie religieuse à la synagogue. Je n’écoute pas les paroles, je ne suis pas assez convaincu par les cosmogonies religieuses. Le sens de la mort, la vie éternelle, je laisse cela à d’autres. J’écoute les chants. Leur beauté, la tristesse qu’ils expriment, si prenante que l’on touche une dimension universelle. La cérémonie est sobre. On sort. Elsa et Aïcha marchent près des parents sur le chemin du cimetière. Je reste en arrière: ils ne me connaissent pas. Mais ils viennent me chercher. Il savent pour Lone.<br /> <br /> Je reste toute la semaine près d’Elsa.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <b><i>Trois mois plus tard à Nevers</i></b><br /> <br /> Septembre a été pluvieux. La température a enfin fraîchit. Mais la terre reste chaude et avec cette humidité tombée les matins sont brumeux. Elsa est arrivée hier soir. Notre relation se construit. Des bonheurs, des doutes, des ajustements. L’apprentissage, quoi. Nous avons choisi de durer.<br /> <br /> Aujourd’hui j’ai une surprise pour elle. Nous nous levons tôt pour faire le marché. L’après-midi nous prenons la voiture. Direction Bourges, Vierzon et La Ferté-Beauharnais. Je l’emmène marcher près des étangs. La Sologne est si belle en automne.<br /> <br /> A un endroit entouré d’arbres clairs, près de l’eau, dans un éclat de soleil, je m’arrête.<br /> <br /> - Elsa, j’ai quelque chose pour toi.<br /> <br /> Je sens qu’elle brille en dedans et ses yeux me disent: Vite! Vite!<br /> <br /> De ma poche je sors un livre - c’est mon roman.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/1297356595.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/392737402.jpg" id="media-67064" alt="E4-sologne.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-67064" /></a><br /> - Je l’ai dédicacé à Romane, en souvenir d’elle, mais c’est à toi que je le dois. Il sera en librairie mercredi. L’éditeur l’a déjà fait circuler et un réalisateur souhaite l’adapter au cinéma.<br /> <br /> - Paul!<br /> <br /> Elsa semble si, si heureuse, elle pousse de petits cris et danse autour de moi. Puis s’arrête, ouvre le livre et commence à lire à voix haute:<br /> <br /> <i>- «En fin d’après-midi, la chaleur de cet été sec et brûlant m’accable. Même le carrelage de la cuisine est moite. M’allonger au sol ne m’apporte aucun soulagement. Je regarde par la fenêtre fermée: pas un souffle sur les feuilles au-dessus des maisons, de l’autre côté de la rue. La rue? Désertée. Qui serait assez fou pour se brûler la tête, le bec et les ailes? Pas même une alouette. Ce n’est d’ailleurs pas leur saison. Elle s’envoleraient, haut, haut, avec leur chant si particulier qui les pousse de plus en plus haut à la verticale, et les courants thermiques ascendants les porteraient encore plus loin, là où l’air n’est plus que brûlure, et elles ne sauraient revenir…»<br /></i><br /> <br /> <br /> <i>Fin</i></p> <p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <i>PS: Un billet de débriefing suit. J'y fais part de mon vécu dans cette expérience, et j’accueille volontiers commentaires et critiques.</i></p> <p style="text-align: justify;"><i><object height="385" width="480" data="http://www.youtube.com/v/QnPi1nu8OOE?fs=1&hl=fr_FR" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /> <param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/QnPi1nu8OOE?fs=1&hl=fr_FR" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object><br /></i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/30/delphine-romane-elsa-partie-43.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 43)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-30:32973902010-09-30T08:51:00+02:002010-09-30T08:51:00+02:00 Elsa prend ma main sans répondre. Dois-je la deviner? Non. Nous en avons...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3853902057.JPG" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/3288405579.JPG" id="media-66911" alt="Autoroute_A9_(Aude).JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-66911" /></a>Elsa prend ma main sans répondre. Dois-je la deviner? Non. Nous en avons parlé. Ne pas penser à sa place. Laisser le temps.<br /> <br /> Remoulins. Autoroute. Nîmes. Elle change de sujet.<br /> <br /> - Est-ce que je vis dans une bulle? Lone est venu ouvrir une faille dans mon rêve.<br /> <br /> Elle raconte son enfance. Heureuse. Son père? Un héros. Rien d’extraordinaire pourtant: pigiste dans un quotidien régional (d’où peut-être son goût de l’écrit?), payé au mot, ajoutant des extras pour nouer les deux bouts. Père aimant et complice. Sa première image de l’homme fut solaire. Elle revoit ces heures à jouer dans le parc: balançoire et toboggan à en user ses jupes et la patience de ce père. Mais il ne se départait pas de ce sourire qui le rendait si rassurant. Elle l’avait testé, poussé dans ses retranchements. Rien à faire: il restait égal à lui-même. Sauf une fois après qu'elle ait renversé du café chaud sur sa tête. Il l’avait regardée et sans hausser le ton, mais sans plus sourire - la seule fois! - lui avait dit qu’elle était allée trop loin. La rupture était proche. Du moins son père l’avait-il suggérée malgré lui dans cette froideur soudaine. Elsa raconte ce souvenir comme un drame. Mais quand un petit drame prend une si grande place, le bonheur n’est jamais loin. Le bonheur était la toile de fond, le piano-bar de son enfance.<br /> <br /> Pendant tout ce temps elle ne parle que de lui. Je réalise que la barre est très haute. Elle dit ce qui me fait douter: elle parle d’un modèle si parfait que personne, jamais, ne pourra l’égaler. Je ne serai que le deuxième dans sa vie. Au moins elle ne cherchera pas en moi un sauveur!<br /> <br /> - Et ton rêve?<br /> <br /> - Je rêve que tous les humains s’entendent, parlent, règlent leurs problèmes, dit-elle. Je rêve qu’ils donnent la priorité à la joie. C’est un peu simple, non?<br /> <br /> - Ce qui m’étonne c’est la faille créée par Lone dans ton rêve. N’as-tu pas vu le monde avant? Lone est une reproduction du passé. Je veux dire que cela a déjà existé: la haine, la guerre, des camps où l’on extermine. La route humaine est rouge sang d’un côté, obscure de l’autre. Avec au milieu une ligne blanche qui varie.<br /> <br /> - Qui varie comment?<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3501049346.png" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/1911407692.png" id="media-66912" alt="ligneblanche.png" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-66912" /></a><br /> - Selon l’amour que les gens se donnent. Plus ils s’aiment plus la ligne est large. S’ils s’aiment peu elle est étroite et rabougrie. S’ils ne s’aiment pas il n’y a pas de ligne.<br /> <br /> - Ou alors une trace, une coulée de peinture que le temps efface. J’ai oublié.<br /> <br /> - Oublié quoi?<br /> <br /> - La route humaine. Oublié que nous avons une Histoire avec un grand H. Une Histoire pleine de guerres. La petite histoire m’intéresse plus. Celle par où chacun vient, avec sa valise, ses vêtements neufs ou ses chaussures trouées. L’autre histoire est trop éloignée. Je n’ai pas vécu de guerre. Je découvre celle de Lone, elle est proche. Elle est ici.<br /> <br /> - Avant les fusils et la bombe atomique il y a d’autres guerres, proches aussi. Il y a des jalousies meurtrières. Combien de personnes aiment voir les autres réussir ou amener une idée qu’ils n’ont pas exprimée eux-même? Peu. Ils voudraient les noyer. Quel chercheur écoute avec attention et respect quand ce qui est dit pourrait occuper une partie de son territoire et prendre l’ascendant sur ses propres recherches?<br /> <br /> - Je ne vois pas ces guerres-là. Je ne viens pas de là. Je viens d’ailleurs.<br /> <br /> - Oui. Je l’ai su le premier jour dans les gorges du Calavon.<br /> <br /> - Qu’as-tu pensé?<br /> <br /> - J’ai vu une présence claire. Une force d’être là, de voir ce qui est là maintenant, sans lien apparent avec la lourde route humaine.<br /> <br /> - Déconnectée?<br /> <br /> - Non! Je te sens trop présente aux autres pour penser cela. Pour moi tu représentes un aboutissement. J’ai le sentiment que tu es déjà là où je voudrais être.<br /> <br /> - Où veux-tu être?<br /> <br /> - Au point de départ, dans un regard sur le monde qui puisse tout prendre en compte. On regarde toujours le monde d’un certain point de vue. On a des grilles de lecture: politiques, psychologiques, ou religieuses. On voit les autres et le monde au moyen d’un prisme. On décortique avant même de connaître. Toi tu es ailleurs. Tu es au point de départ. Au commencement. Tu regardes avant de penser ou de projeter.<br /> <br /> Je parle d’elle. N’est-ce pas contraire à notre pacte?<br /> <br /> - Je peux continuer?<br /> <br /> - Oui! s’exclame Elsa très intéressée.<br /> <br /> - A mon avis tu cherches l’être. Tu n’expliques pas par le passé, tu ne vois pas nos dépendances à l’éducation ou au contexte dans lequel nous sommes nés. Tu es déjà à ce point où chacun est son propre chef. Chacun décide de ses actes et en est responsable. Il n’y a pas d’excuses ou de responsabilité donnée aux autres sur notre état ou nos décisions. La société n’est pas responsable de ce que nous sommes.<br /> <br /> - N’est-ce pas évident? Je ne vois rien d’extraordinaire à cela. Nous sommes responsables de la société, pas l'inverse. Elle est le reflet de ce que nous sommes individuellement.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/218941422.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1165336380.jpg" id="media-66913" alt="chef-zeus11.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-66913" /></a>- C’est pourtant extraordinaire. La plupart des humains ont des excuses, des raisons, des systèmes de déresponsabilisation. Les parents, l’école, le conjoint, les chefs, il y a toujours quelqu’un à qui l’on fait endosser notre responsabilité et à qui l'on donne le pouvoir sur nous: "C'est leur faute!" Mais rien jamais ne nous force. Nous décidons. Nous choisissons. Nous et personne d’autre. Si nous reproduisons une influence c’est que nous l’avons acceptée et qu’elle nous convient plus qu’elle ne nous dérange.<br /> <br /> - Oui c’est ce que je pense. J’essaie de vivre avec cette règle. Comment sais-tu tout cela?<br /> <br /> - A ta manière d’être. Tu ne te caches pas. Et tu ne te plains jamais!<br /> <br /> - C’est ma deuxième règle: ne pas faire la gueule!<br /> <br /> - D’où vient alors ce trouble que je sens depuis l’agression de Lone?<br /> <br /> - Tu sens juste. Je suis dérangée par les événements du plateau.<br /> <br /> Je reviens à ma question:<br /> <br /> - Peux-tu me voir encore sereinement?<br /> <br /> - Oui. Ce que tu as fait est une conséquence.<br /> <br /> - Lone en est la cause?<br /> <br /> - Bien sûr.<br /> <br /> - Où est ma responsabilité?<br /> <br /> Elsa réfléchit. Quelque chose contredit sa vision de l’humain. Ce n’est pas simple. Nous nous connaissons si peu: voir cette violence en moi peut briser le fil d’or qui naissait. Et quelles qu’en soient les raisons c’est mon acte.<br /> <br /> - Je l’ai fait comme j’aurais tué un loup de mes mains si tu étais attaquée. C’est mon choix et ma responsabilité. Mais mon intention est différente de celle d’un tueur.<br /> <br /> - C’est cela qui me dérange. Si j’admets que l’agression de Lone justifiait ta violence alors j’admets l’Histoire et le passé des Hommes et ce passé prend plus de force que les choix présents. C’est en partie vrai mais ce n’est pas ce que je veux voir. Ce monde-là est une douleur pour moi. Je sais que nous sommes en grande partie fabriqués. Moi je choisis de voir ce qu’il y a de libre en nous.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3653617743.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2709917088.jpg" id="media-66914" alt="alpha.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-66914" /></a><br /> Je t’aime Elsa. Tu me rappelles cela que j’oublie parfois quand je deviens trop réactif: j’ai le choix de mon regard et de mon attitude. J’aime ta manière de voir le monde. Moi qui cherche parfois les raisons de tout, ou des explications à fournir lors de discussions savantes, moi qui écris pour achever une philosophie occidentale moribonde, pour en finir avec une pensée déconnectée du corps et du sensible, voici que toi tu es déjà à l’étape suivante. Pendant que nous nous débattons encore dans l’ancien tu crées l’humain à venir. Celui qui se dépouille de ses croyances préfabriquées et de sa psychologie de dinosaure pour entrer dans l’incertitude du présent, dans l’attention à ce qui est hors des croyances et des murs érigés pour nous défendre. Tu as terminé un cycle, tu reviens à un nouveau point alpha. Tout reconstruire à partir de l’expérience partagée de chacun. Cela brille en toi: ta présence, oublieuse des poids du passé, disponible à ce qui est.<br /> <br /> - Il y a autre chose Paul. J’ai peur de la violence. Même quand elle sert à défendre. C’est vrai: ta violence avec Lone me pose question, même si elle était nécessaire. J’ai besoin d’être rassurée sur ce point. Comment savoir si tu en resteras là? Es-tu assez sage pour agir toujours de manière appropriée et ne pas abuser de ta force?<br /> <br /> - Fais-moi confiance, Elsa. Ou mieux: essaie-moi. Tu seras le baromètre de ma sagesse. Veux-tu?<br /> <br /> - Oui Paul, je le veux bien. Et toi que seras-tu pour moi?<br /> <br /> - Et bien, celui grâce à qui tu dois régler la question de l’Histoire, de la route humaine. Lone, c’est l’Histoire.<br /> <br /> Elle réfléchit un moment. Puis elle donne son accord et se déclare très satisfaite. Elle peut attribuer un sens ou une utilité à ce qui s’est passé. Et quand elle est satisfaite, Elsa rit de ce rire joyeux et clair qui m’enchante. Et je ris avec elle.<br /> <br /> Sortie de l’autoroute à Gallargues. Le fil de bitume glisse entre les vignobles. Nous passons Aigues-Mortes. Voici le Grau-du-Roi.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/24/delphine-romane-elsa-partie-42.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 42)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-24:32973792010-09-24T07:11:00+02:002010-09-24T07:11:00+02:00 Sans perdre de temps et dans l’ordre s’ensuivent: la douche, les habits...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/238382988.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2644799502.jpg" id="media-66480" alt="D900Saint_Martin_de_Castillon_2_by_JM_Rosier.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-66480" /></a>Sans perdre de temps et dans l’ordre s’ensuivent: la douche, les habits secs et propres, les renseignements de Gilles pour aller à la mer - le Grau-du-Roi est le meilleur endroit pour voir le soleil descendre sur la mer. Nous partons. Apt, puis vers l’ouest. Il est quatre heures. La route file sous le soleil retrouvé. La ligne de grain venue du Golfe du Lion a fait perdre environ cinq degrés. C’est peu, c’est beaucoup. L’humidité fait l’air plus doux dans les poumons, et plus étouffant. Après Apt la départementale 900 est un ruban lisse et brillant. A la radio les Pink Floyd jouent <i>Another Brick on the Wall</i>. Toute une histoire.<br /> <br /> - A quoi penses-tu? me demande Elsa.<br /> <br /> - A mon père. Il était enseignant. En 1968, au mois de mai, il avait quarante ans. Il a participé à l’occupation de l’Odéon à Paris. J’étais trop petit pour m’en souvenir mais il me l’a racontée. Je revois encore de son exaltation. Il disait que c’était une découverte de la parole, une parole que personne ne pouvait contraindre. Il disait que la parole était devenue une force et que tout le monde pouvait la prendre. Lui et ses amis écrivaient des poèmes, des manifestes, des slogans. Jours et nuits ils noircissaient des cahiers à spirales. Il a côtoyé les situationnistes. C’étaient des anarchistes créatifs. Tiens, si tu veux, il y a un texte dans le vide-poche. Il me disait aussi que pour lui le monde ne serait plus jamais comme avant. Qu’un jour on leur reprocherait d’avoir fait sauter les murs. Peu importait. L’Histoire jugerait dans cent ans. Avant c’était trop court pour comprendre.<br /> <br /> - Et toi qu’en penses-tu?<br /> <br /> - J’ai vu des films et des reportages. J’ai vu le monde d’avant, les enfants soumis, tous pareils. J’ai vu ces enfants chairs à canons depuis le dix-neuvième siècle. J’ai vu ces guerres inimaginables., l’Europe et le monde dévastés. Pourquoi? Parce que des fous voulaient dominer la planète, parce que cet esprit de domination existe dans l’Homme. Et parce que d’autres, des millions d’autres, avaient perdu leur âme on ne sait où et leur avaient obéi. Des autres qui n’ont pas osé prendre la parole. Derrière chaque mort, une parole sans voix. Des millions de paroles retenues, des voix silencieuses ensevelies dans les prairies où les carnages ont eu lieu. Des millions de silences qui ne se sont pas élevés contre les haut-parleurs de Hitler pour faire taire sa logorrhée morbide. Alors quand la parole s’est libérée de l’obéissance, le monde changeait, en effet.<br /> <br /> - Mais toi, qu’en penses-tu?<br /> <br /> - Cela résonne avec ma part rebelle. Les autorités abusives et la tyrannie accompagnent l’histoire humaine. Je pense que mon père avait raison: la soumission et la peur favorisent les tyrannies. Je pense aussi qu’il faut s’analyser, comprendre ses propres actes pour démonter la tyrannie en soi. Aucun système ne propose de véritable changement. Sous des couleurs et des discours différents ils fonctionnent tous pareils. Gauche ou droite, il y a des tyrans partout. Les tyrans naissent dans notre pensée. Nous préparons leur nid avec nos mains et nos mots, et nos silences. Les tyrans politiques ou domestiques sont les mêmes: des monstres que nous créons parce que dans nos têtes ces monstres existent et parce que nous leur laissons une place. La liberté passe par le travail sur soi. Ce n’est pas facile, cela prend du temps, mais c’est le prix.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2326142414.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3130871150.jpg" id="media-66482" alt="mai-odéon.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-66482" /></a><br /> - Ton père était un révolutionnaire?<br /> <br /> - Oui et non. Il refusait tout embrigadement et toute réduction à une action politique qui forcément n’allait que remplacer le silence des uns par le silence des autres. Ou une oppression par une autre oppression. J’ai retenu cela de mon père: l’oppression est la même partout. Mettre la tête de quelqu’un sous l’eau, qu’il soit rouge, blanc ou de n’importe quelle couleur: il se noie de la même façon. L’oppression est en nous. C’est là où il faut la combattre. Les mao de l’époque tentaient de politiser à tout va. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait, disait mon père. Cette parole qui s’élevait allait bien au-delà d’une ligne politique. Elle nous exposait davantage. Finie la protection derrière le silence des victimes. J’ai grandi dans cette atmosphère de parole conquise. Mes parents parlaient beaucoup à la maison. Il n’y avait pas de tabou. Pas de meilleur non plus. Chacun disait les choses comme il les pensait. La discussion commençait là où chacun parlait. Ils ne confondaient pas l’autorité parentale et la domination sur l’enfant.<br /> <br /> - Tu as de la chance. Des parents comme on en rêve.<br /> <br /> - Pas du tout! Mon père est parti avec une collègue, ma mère avec le facteur, et j’ai été placé à douze ans! Ils disaient que des parents symboliques suffisaient à l'éducation.<br /> <br /> - Ah...<br /> <br /> - Mais j’ai gardé l’esprit de ce que mon père disait. Cette chanson des Pink Floyd c’est un peu de lui qui me revient. Et aussi le film <i>Le Cercle des Poètes Disparus</i>. Tu le connais?<br /> <br /> - Oui. J’ai aimé cette histoire Ton père est encore vivant?<br /> <br /> - Non. Il est mort j’avais vingt-deux ans. Je m’étais révolté contre lui à cause de son abandon. Je lui en ai voulu! Jusqu’à ne plus le voir pendant des années. Nous avons repris contact peu avant sa mort. Il était très malade. Le temps a manqué pour nous retrouver vraiment. Je me suis senti longtemps coupable de cela.<br /> <br /> - Et ta mère? Tu t’es révolté contre elle?<br /> <br /> - Non.<br /> <br /> - Pourquoi?<br /> <br /> - J’ai endossé la faute de mon père. C’est lui qui a quitté sa femme, c’est moi qui étais coupable.<br /> <br /> - Pourtant tu dis qu’elle est partie elle aussi?<br /> <br /> - Oui. Après.<br /> <br /> - Après, mais partie quand-même.<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> - Tu habitais où?<br /> <br /> - D’abord dans un foyer dont j’ai fugué, puis avec un oncle.<br /> <br /> - Donc ta mère aussi t’a abandonné?<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> - Alors?<br /> <br /> - Alors rien.<br /> <br /> - Quoi rien?<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/1455237732.png" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/2153914714.png" id="media-66483" alt="Another_brick_in_the_wall_by_Ylli2.png" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-66483" /></a>- On ne touche pas à la mère.<br /> <br /> - Pourquoi? Pourquoi peux-tu critiquer ton père et pas ta mère?<br /> <br /> - Une mère c’est sacré.<br /> <br /> Comment lui dire que ma mère avait un amant et que mon père n’avait pas signé pour la liberté sexuelle de l’époque? Il est parti pour ne pas souffrir. Je pense que cela l’arrangeait aussi car il n’était pas très présent, toujours dans des réunions sans fin. C’est juste une banale histoire de vie. Je n’ai jamais pu en vouloir à ma mère. Je ne me serais pas permis. Une sorte de loyauté. Une loyauté qui m’enchaînait à elle. Qui m’enchaîne encore.<br /> <br /> - Paul, puis-je te dire quelque chose?<br /> <br /> - Bien sûr! (je tremble à cet effet d’annonce; j’ai toujours tremblé quand on me parle ainsi; trembler c’est donner l’autorité aux autres).<br /> <br /> - Cela m’est égal que tu protèges ta mère. Tout le monde protège sa mère. Tout le monde a raison. Ou tort. Car ce n’est pas aux enfants de protéger les parents. Mais pourquoi ne protèges-tu pas aussi ton père?<br /> <br /> Sa question est d’une aveuglante évidence. Je n’ai pas de réponse. Dans ce monde on ne protège pas son père.<br /> <br /> - Tu sais, je n’ai pas fait l’Uni mais j’observe beaucoup, j’écoute, je lis. J’ai appris à parler en parlant. J’aimerais que tu me racontes tes anciennes compagnes.<br /> <br /> Elsa est directe. Elle parle comme elle pense.<br /> <br /> - Lesquelles? Toutes ou les principales?<br /> <br /> - Les principales. Celles où tu as le plus duré.<br /> <br /> - Il y en a eu deux. La première est une musicienne. Elle pratiquait le chant, moi l’écriture. Cela crée une complicité. La complicité est une forme de sexualité sans sexe. Un jour nous avons rajouté le sexe. Je suis resté plusieurs années avec elle. Voilà, c’est tout.<br /> <br /> - C’est court! Et pourquoi vous êtes-vous séparés?<br /> <br /> - Je ne me voyais pas vieillir avec elle.<br /> <br /> - Alors pourquoi être resté?<br /> <br /> - Pour une mauvaise raison: elle était malade. L’asthme. Pas de concert possible. Une grande détresse. Je me suis senti obligé. Je me serais vu comme un salaud si je n’étais pas resté. Mais je n’étais pas juste à l’intérieur de moi. J’ai forcé quelque chose.<br /> <br /> - Tu vois Paul, les hommes qui protègent leurs mères ne peuvent établir des relations franches avec les femmes. Ils n’osent pas dire vraiment ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent. C’est ce que je crois. Les hommes ont deux peurs principales avec leurs mères: la décevoir ou se faire gronder.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3027798560.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3114364140.jpg" id="media-66484" alt="garrigues.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-66484" /></a><br /> Je dois faire une drôle de grimace car Elsa éclate de rire.<br /> <br /> - Allez, raconte-moi la suite. Vous vous êtes séparés quand-même? Tu ne t’es plus senti obligé de rester avec elle?<br /> <br /> - C’est à cause du temps. Après des années il était plus, comment dire, plus légitime de nous séparer.<br /> <br /> - Et la deuxième?<br /> <br /> - Avec elle j’étais juste dans mon coeur. Il n’y avait pas un gramme d’erreur.<br /> <br /> Je me tais. Elsa ne m’en demande pas plus. Nous avons passé Avignon.<br /> <br /> - Tout ce que je t’ai dit sur l’oppression ne vaut rien Elsa. Lone est venu me montrer que je suis capable de tuer moi aussi. Il n’est pas mort mais presque. Ce que mon père m’a transmis est inutile. Je ne suis pas fier. J’aurais préféré ne jamais être confronté à cela.<br /> <br /> - Tu devais sauver Romane.<br /> <br /> - Mais j’ai eu envie de le tuer.<br /> <br /> J’ajoute en silence: «Je l’ai fait devant tes yeux».<br /> <br /> - Pourras-tu me regarder sereinement? Dans un an, ou dans deux, quand tu y repenseras?<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><object height="385" width="640" data="http://www.youtube.com/v/TCWSUdDBYY8?fs=1&hl=fr_FR" type="application/x-shockwave-flash"><param name="wmode" value="transparent"></param><param name="wmode" value="transparent" /> <param name="allowFullScreen" value="true" /> <param name="allowscriptaccess" value="always" /> <param name="src" value="http://www.youtube.com/v/TCWSUdDBYY8?fs=1&hl=fr_FR" /> <param name="allowfullscreen" value="true" /></object></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/19/delphine-romane-elsa-partie-41.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
sofihttp://lebonheurestennous.blogspirit.com/about.htmlRentrée 2010tag:lebonheurestennous.blogspirit.com,2010-09-19:19833212010-09-19T16:01:59+02:002010-09-19T16:01:59+02:00 Un condensé de mes vacances , entre Alpes et Corse. Paradis. Du...
<div style="text-align: center"><img src="http://farm5.static.flickr.com/4128/5004530546_b08b9c4ee4_z.jpg" alt="5004530546_b08b9c4ee4_z.jpg" style="border-width: 0; margin: 0.7em 0;" /></div> <div style="text-align: center"><span style="color: #99cc00;">Un condensé de mes vacances , entre Alpes et Corse. Paradis.</span></div> <div style="text-align: center;"><span style="color: #996600;">Du vert , du bleu , du beige , oups pardon , du camel !!!</span></div> <div style="text-align: center;"><span style="color: #996600;">Allez on ressort les aiguilles , on graisse la machine et hop , hop , hop...<br /></span></div>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 41)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-19:32973692010-09-19T11:27:00+02:002010-09-19T11:27:00+02:00 Seulement quelques gouttes, énormes, qui claquent et soulèvent autour une...
<p style="text-align: justify;">Seulement quelques gouttes, énormes, qui claquent et soulèvent autour une couronne de sable. Le Colorado est une ancienne carrière d’ocre. Des falaises jaunes et blanches, des collines rouges, une plaine beige, et des arbres le long d’un ruisseau forment un paysage décalé dans cette Provence des hauteurs. Le plateau du Vaucluse est plus habitué à voir pousser l’épeautre qu’à se prendre pour un américain. Les plic ploc lourds des grosses gouttes déchirent les feuilles. Elle dessinent au sol des plaques foncées de la largeur d’une paume. Je montre à Elsa des cratères formés dans le sable. Des dizaines de cônes en creux qui indiquent la présence d’une colonie de fourmilions. Une forte odeur de terre, d’herbes et de racine sauvages se répand dans l’air. Le vent a faibli. Le ciel est si sombre que la lumière semble venir du sol. La pluie s’est arrêtée mais au loin, derrière une crête, des traînées grises approchent. Une spirale tourbillonnante soulève la poussière au milieu de la plaine; hésitante, elle s’effiloche, danse, casse, reprend corps, monte, se courbe et s’allonge. Elsa frissonne.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/1720416215.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1286881917.jpg" id="media-65961" alt="orage_pluie.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65961" /></a>- Tu as peur?<br /> <br /> - Non: j’aime, c’est beau.<br /> <br /> Nos corps se rapprochent par à-coups comme s’ils résistaient - mais c’est un jeu, nous le savons, car nous ne voulons plus résister. Nous allons franchir le pas - nous le savons. C’est un vertige. Le contact est comme la foudre. Elsa déboutonne ma chemise, ouvre la boucle de ma ceinture. Je caresse ses épaules. Les bretelles de sa robe glissent, la robe descend, tombe a ses pieds. Bientôt nous sommes nus. Il n’y a plus de résistance. Un feu tendre serpente entre ses seins et mon ventre, et l’eau brûlante qui va de mes lèvres à son cou, c’est déjà presque une fièvre. Ici commence la maladie douce. Ici, dans ces collines dansantes, un pont de chair est bâti.<br /> <br /> Je me soude à sa peau. Un double sentiment prend forme. Celui du commando porteur d’une mission: aller au-delà de moi et survoler mes craintes. C’est un sentiment récurrent que l’on trouve chez certains hommes: jamais sûrs d’être à la hauteur. Un juge va évaluer leurs perfomances: sexuelles bien sûr, c’est ce qui fait en partie l’homme, qu’on le veuille ou non: son pénis. Car c’est bien là ce qui le différencie le plus de la femme, là où il ne ressemble qu’à lui-même, où il est le plus homme et mâle, et la femme attend cela de lui. Ce qu’il fait de son pénis est de sa seule compétence. Il va être évalué sur ses performances affectives aussi, sur le plaisir qu’il donnera à la femme, comment il saura être fort et doux à la fois. L’enjeu est considérable. D’où vient cette mise en demeure de réussite que des hommes éprouvent au début d’une relation, cette crainte d’être jaugé et de l’échec? La femme est un grand mystère. L’homme ne s’avance jamais en terrain conquis, même avec de l’expérience. Car chaque femme est autre, est unique. Le chemin vers elle est à chaque fois une découverte. A la femme d’aider l’homme sans quoi il est perdu. L’homme ne sait pas tout d’avance. Il est un prince quand la femme l’accueille en prince, quand elle ouvre ses portes au chevalier qui vient de la plaine. L’homme n’est pas dans la sexualité comme la femme. Sa recherche et son plaisir son liés à son anatomie. Il ne sait pas ce que signifie accueillir. Lui, il est celui qui est accueilli. Les psychologies diffèrent tant les positions sont asymétriques. La communion des corps ne s’atteint, quand cela se fait, qu’après la reconnaissance des territoires différents. Cet acte si simple qu’est l’acte sexuel est comme une montagne à gravir. C’est anxiogène pour beaucoup d’hommes. Elsa est devant moi, elle m’ouvre ses portes. Je peux encore reculer.<br /> <br /> L’autre sentiment est d’entrer dans la plénitude. L’unité retrouvée. Le lieu en moi où la femme me désire et m’attend, l’abandon enfin. Entre ces deux sentiments, entre la peur et le désir, la division et l’unité, j’oscille. J’avance, je n’avance pas. Je connais bien ce double mouvement: aller et revenir. Mon corps avance, mon ombre recule. Incorrigible fragilité qui m’a fait rencontrer la femme du rêve, elle-même si près et si loin. Les semblables s’attirent. Je n’ai pas eu le temps de guérir cette fragilité: elle est partie quand le port était en vue. Oiseau tiré en plein vol. Ma fragilité a empiré. Rien n’est gagné. Moins que jamais.<br /> <br /> Elsa est différente. Je ne lui vois pas ce mouvement de recul. Avec elle j’avance en terre inconnue, sans repères, sans mes oiseaux ricanants pour me rappeler mes doutes. J’avance seul face à cette terre nue du nom d’Elsa. Elsa qui m’a dit: «Paul, mon Paul» avec cet élan sensible dans sa voix. Elsa et son aplomb léger. Etonnant mélange, association inhabituelle: l’aplomb n’est pas léger, normalement. Chez elle il l’est. Nous avons un point commun: le goût du paradoxe et des associations atypiques. Ne ressembler qu’à soi. Inventer nos chemins.<br /> <br /> - Et toi, tu as peur?<br /> <br /> Sent-elle mes doutes? Ou parle-t-elle de la petite tornade qui nous frôle et coiffe ses cheveux comme des brindilles enchevêtrées?<br /> <br /> - Peur de quoi?<br /> <br /> - Je ne sais pas.<br /> <br /> Elle me regarde et rit! Décontenancé je ris avec elle. Et sans savoir qui fait le premier pas nous dansons une ronde face à face, traçant un cercle d’or et de cuivre dans les couleurs du sable. Nos pieds sont des ailes. La tornade tourne, striée de rouge et d’écru, emporte des feuilles, se rapproche, glisse entre nos regards, s’éloigne encore, longe la falaise et revient sur nous. Nos corps se rapprochent dans le tourbillon, se déplacent avec lui comme des enfants qui jouent. Mais plus rapide il glisse vers l’autre côté de la plaine. Alors nos corps se saisissent, nos lèvres, nos bras, collés nous tournons, et nos corps s’aspirent.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2076288504.JPG" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3586024925.JPG" id="media-65962" alt="orage-P1020985.JPG" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-65962" /></a><br /> Un coup de vent tord les arbres. La pluie revient brusquement. La traînée sous le nuage est à la crête et avance à la vitesse d’un cheval, cache la falaise, les gouttes sont une averse, l’averse un flot. Pluie chaude et si dense que des ruisseaux coulent déjà autour de nos pieds. Un coup de tonnerre craque, je saute, Elsa crie.<br /> <br /> - Tu as peur?<br /> <br /> - Non! Et toi?<br /> <br /> - Non!<br /> <br /> Peur de rien, la force du désir emporte la peur, emporte mes oiseaux ricanants. La barrière des mots cède. Le désir est comme cette eau puissante, violente, qui tombe du ciel et nous lave, nous lave de tous ces jours, de Lone, de la cellule à la gendarmerie, du feu. L’eau du ciel vient en libération. Nos poitrines gonflent de cris, de chants, de rires, nous nous enroulons et glissons au sol. La violence des éléments se déchaîne et le désir lui répond. Mon corps dit Je te veux! à Elsa, son regard dit: Viens!<br /> <br /> Alors, lentement, millimètre par millimètre, sous les trombes d’eau, entouré d’éclairs et de tonnerre, dans la lumière de son regard, attentif à chaque sensation, aux plus petits signes de son corps, au radar de mes désirs et à la plus imperceptible de ses réponses, si lentement que c’est presque immobile avant que de prendre envol, de s’animer, de devenir le vent, la pluie et la tempête - alors j’abolis toute distance. Je passe la porte.<br /> <br /> Pendant une heure l’orage tourne et revient. Pendant une heure nous roulons l’un dans l’autre. Pendant une heure nous dansons entre silences et rires, entre cris et murmures, entre dedans et dehors. Pendant une heure nos corps éclatent avec nos coeurs. Plusieurs fois je sens Elsa monter, je la suis, puis je ralentis, déçue elle redescend, mais remonte bientôt, plus haut, s’accompagne de gestes où rien n’est indécent. Nous chevauchons des montagnes russes, passant des creux aux sommets où je m’exalte, et des sommets aux creux qui me font durer et revenir. Enfin, l’eau jaillit, son eau et mon eau ensemble, et nos regards s’ouvrent et nos yeux nous montrent nos ciels.</p> <p style="text-align: justify;"><br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1248204531.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/2307679553.jpg" id="media-65963" alt="orage-ciel.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65963" /></a>Abandonnés, vibrants, chauds et serrés, nous restons sous la pluie qui diminue. Une paix revient. Au fil des minutes les nuages se déchirent. Le bleu se dévoile par touches. Le vent, un peu moins chaud, faiblit. Le temps passe. Quand le soleil caresse la plaine et les collines rouges, quelque chose de neuf est en moi. Je me relève et m’assieds. Elsa me regarde. Elle ne dit rien. Elle commence à rire. A rire de cette tempête, rire d’être là, nus, et sa joie me gagne, je ris aussi, nous rions de plus en plus fort, de tout: de la boue sur nos corps, de nos habits trempés à quelques mètres, du soleil revenu, d’avoir franchi le pas, du bonheur de nos corps. Nous nous levons, prenons nos vêtements et courons nus vers la voiture. Quand nous arrivons à Chaloux nous rions encore. Il est quatre heure. Manu et les autres sont dehors. La pluie a lavé le paysage. La température a baissé de cinq degrés au thermomètre sous la tonnelle. L’humidité monte en vapeur du sol et dans cette atmosphère tropicale nous buvons une grande tasse de café que Bouki a préparé.<br /> <br /> - Manu s’inquiétait de ne pas vous voir, dit-elle.<br /> <br /> - Il me connaît, il ne doit pas s’inquiéter.<br /> <br /> Nos visages sont transfigurés. Bouki le sent et nous adresse un sourire complice. Aïcha et Romane ont aussi compris. Elles ne font aucun commentaire, même pas sur nos visages marqués d’ocre et nos habits sans plus aucune forme et collant à nos corps. Mais on sent bien qu’elles partagent notre joie. Je ne veux pas en rester là. Je dis à Elsa:<br /> <br /> - Si nous allions voir la mer?<br /> <br /> Le soleil passe dans son regard:<br /> <br /> - Oui!<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/16/delphine-romane-elsa-partie-40.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 40)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-16:32973642010-09-16T08:32:00+02:002010-09-16T08:32:00+02:00 Je fais un rêve étrange. Je suis dans une maison avec un couloir. Au bout...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/800061654.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/994636333.jpg" id="media-65534" alt="porte6-32-jpg.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65534" /></a>Je fais un rêve étrange. Je suis dans une maison avec un couloir. Au bout du couloir il y a deux portes. Une à droite, une à gauche. A droite c’est mon appartement. Tout petit. A gauche, celui d’une femme treize aimée dont je suis séparé. Il y a un colis devant ma porte et un mot écrit à la main. Je reconnais son écriture. C’est une liste d’objets contenus dans le colis. Des objets à moi qu’elle avait encore chez elle, et qu’elle me rend. Sur la liste: des sandales, un tube au néon, du bric-à-brac en vrac. Elle complète la liste avec un allume-bougie à gaz qu’elle n’a pas retrouvé. Il est à elle. Elle ne me demande pas si je l’ai pris. Elle constate, pose des mots sans conclusion. Je la connais. Elle ne demandera pas. Elle ne demandera rien. Elle ne demande jamais. Elle me laisse avec cette liste inachevée et ce colis emballé dans un papier foncé. Tant de paradoxes avec elle. Finir sans avoir abouti. Commencer sans commencement par une irruption amoureuse. Simple sincérité et mensonge calculateur. Je ne choisis pas, je ne tranche pas dans les paradoxes. Une face ne peut plus aller sans l’autre, je dois attendre le jour où la pierre tombera en sable. Tout est possible en rêve. Il reste l’allume-bougie. Je pourrais en chercher un, lui offrir pour rétablir une communication perdue. Il suffit parfois de si peu pour que l’eau rejaillisse de la source. Mais il n’y a pas de magasin dans ce couloir. A ce moment j’entends Elsa. C’est un chant, une danse. Elle entre dans mon appartement comme chez elle. Ne voit pas le colis que je pose dans un coin. Cette femme Elsa, qui éclaire mon intérieur, comment pourrais-je lui expliquer que je n’ai pas réglé une affaire d’allume-bougie? Je ferme ma porte. Dehors, le couloir. De l’autre côté, cette femme treize aimée. Seule. Libre de moi. Dont la solitude, que je cherchais à comprendre, ne s’est jamais vraiment comblée. Cela me déchire. Elsa qui danse dans la lumière, et <i>elle</i> qui médite dans la solitude. Il faudra que quelque chose meure. Le sol tremble. Je me réveille soudain. Un gendarme me secoue.<br /> <br /> - Ohé, vous m’entendez? Ohé!<br /> <br /> - Que se passe-t-il?<br /> <br /> - Vous m’avez fait peur. J’essaie de vous faire lever depuis quinze minutes. Venez, vous êtes attendu.<br /> <br /> Il me conduit dans le même bureau qu’avant. Il y a un troisième personnage: le Procureur d’Avignon. Visage dur, regard inquisiteur. Je recommence à raconter mon histoire. Tous insistent désagréablement sur les éventuelles complicités. Ils en savent beaucoup. Je ne dis rien.<br /> <br /> - Et ce Monsieur Maurice, Maurice comment? On l’a vu dans Banon. Il complotait avec d’autres. On sait qu’il a passé des coups de téléphone de Forcalquier à Sault.<br /> <br /> - Vous auriez pu chercher Lone! Non: vous surveillez Maurice.<br /> <br /> - Ne faites pas le malin. La police a cherché dans toutes les directions. Et le comportement de ce monsieur est apparu suspect. Alors, dites-nous tout, cela vous soulagera.<br /> <br /> - Je n’ai rien à dire. Vous savez ce que je sais.<br /> <br /> - Et ce corps, où-est-il? On ne l’a pas encore trouvé. Ce n’est pas normal. Que cachez-vous, Monsieur Paul?<br /> <br /> - Je ne comprends pas votre insistance. Je suis venu me livrer. Que voulez-vous?<br /> <br /> De l’autre côté de la fenêtre il y a un espace, et tout de suite après, la rue, derrière une grille. Le portail est ouvert. Je vois la foule dense. Ils regardent l’entrée. Gattefossé et les autres sont en première ligne. Ils m’aperçoivent derrière le carreau.<br /> <br /> - Paul! Paul!<br /> <br /> - Libérez Monsieur Paul!<br /> <br /> - Paul dehors! Paul dehors!<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/4254159801.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3457043226.jpg" id="media-65535" alt="foule_1998.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-65535" /></a><br /> La tension dans la rue est forte. Quelques mouvements collectifs donnent le sentiment d’un bateau qui tangue. Le téléphone du chef de poste sonne.<br /> <br /> - Oui... Oui. Où cela? Ah... Comment? Attendez, je vous passe le sous-préfet.<br /> <br /> - Oui? Bonjour appointé. Ici le sous-préfet. Alors?... Où?... Bon. Comment?... Bien. Balisez le terrain, prenez des photos, relevez les indices. Oui. Un véhicule va arriver... Oui, au CH. Merci. Au revoir.<br /> <br /> Les trois hommes quittent la pièce. Je vais à la fenêtre, je l’ouvre.<br /> <br /> - Paul!<br /> <br /> C’est Elsa! Mon coeur tressaille. Elle passe par le portail, vient à la fenêtre. Nous échangeons des baisers. Son visage est si clair alors que les nuages sont de plus en plus foncés.<br /> <br /> - Paul, Paul! Comment cela se passe?<br /> <br /> - Je ne comprends rien. Ils ont reçu un drôle de coup de téléphone et m’ont laissé seul.<br /> <br /> - Oh Paul, mon Paul! Regarde tous ces gens qui sont là pour te soutenir. Comment vas-tu?<br /> <br /> - J’ai dormi un peu. J’attends. Ils n’ont pas retrouvé le corps de Lone.<br /> <br /> - Comment? Quelqu’un l’a changé de place?<br /> <br /> - Je n’en sais rien.<br /> <br /> Les trois hommes reviennent.<br /> <br /> - Fermez cette fenêtre! m’ordonne le Procureur. Allons, dépêchez-vous!<br /> <br /> Il vient vers moi et m’arrache brutalement à Elsa. La foule gronde.<br /> <br /> - Libérez Paul! crie-t-on de partout.<br /> <br /> Le procureur fait un geste pour chasser l’attroupement. Mais personne ne bouge. Des invectives sont jetées vers lui. Il ferme la fenêtre. A ce moment une pierre frappe et brise un carreau. Puis une deuxième, un autre carreau. Les trois hommes reculent. Le chef appelle des renforts qu’il envoie à l’extérieur.<br /> <br /> - Empêchez-les d’entrer!<br /> <br /> Nous changeons de bureau. Le Procureur transpire. Lui et ses menaces ont laissé place à un masque apeuré. Il parle à voix basse au sous-préfet puis vient vers moi.<br /> <br /> - Alors Monsieur Paul, j’ai une bien étrange nouvelle à vous annoncer. On a retrouvé Lone.<br /> <br /> - Quoi? Où était-il?<br /> <br /> - Plus loin, dans le sous-bois, sous des taillis. Et j’ai une autre nouvelle: il n’est pas mort. On l’a trouvé en coma profond. Une ambulance le transporte au CH.<br /> <br /> - Au CH?<br /> <br /> - Au Centre Hospitalier.<br /> <br /> Je ne comprends pas.<br /> <br /> - J’avais tâté sa gorge, je ne sentais plus son pouls. Il ne respirait plus.<br /> <br /> - C’est à la médecine d’expliquer. Le gendarme qui l’a trouvé est secouriste. D’après lui il a pu être comme mort. Avec des veines profondes et une tension artérielle très basse on peut ne rien sentir. Ensuite il aura repris un peu conscience, juste assez pour bouger, et est retombé dans le coma.<br /> <br /> Un silence passe entre nous, presque palpable. Dehors, des cris et une colère. Dedans la chaleur et une lumière crépusculaire en ce début d’après-midi. Le chef a allumé une lampe.<br /> <br /> - Bon, Monsieur Paul. Lone n’est pas mort. Vous n’êtes dès lors plus un meurtrier mais seulement un agresseur, même si votre agression est d’une extrême gravité. Mais au vu des circonstances et des dépositions de vos amies, plus l’impact de votre arrestation sur la ville, nous vous remettons en liberté sous contrôle judiciaire. Nous gardons votre passeport. Vous pouvez aller, vous être libre. On vous appellera lundi matin.<br /> <br /> Je ne bouge pas.<br /> <br /> - Allons, partez. Allez-y. Vous voulez rester ici?<br /> <br /> Lentement je me dirige vers la porte. Il fait sombre, je vois mal. Des carrés noirs et blancs me guident au sol. Quand j’ouvre la porte une gifle de vent claque mon visage. Tous les gens dans la rue poussent une immense clameur, crient mon nom, lèvent les bras. Un petit groupe me prend, me hisse et me porte. Je suis gêné d’une telle ferveur en ma faveur. Je ne suis pas un héros. J’ai fait ce qu’il fallair faire. Rien de plus. Et j’ai mis un homme dans le coma. Quelles qu’en soient les raisons, l’hommage que l’on me rend semble impudique. Un défilé improvisé se met en route. Nous passons par la rue commerçante qui traverse la ville, la petite rue des Marchands, puis la rue Saint-Pierre, revenons par le quai Général Leclerc pour nous arrêter devant les cafés. Apt est une petite ville, le tour en est vite fait. Un embouteillage mémorable se forme aux deux bouts de la ville. On sert à boire, on parle fort, on rit de <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3472565088.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3768123342.jpg" id="media-65536" alt="Colorado-Provencal_pluie23.jpg" style="border-width: 0pt; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0pt;" name="media-65536" /></a>soulagement, on chante, on danse sur le macadam. Cette fête improvisée dure, quoi? Une heure. Puis le vent forcit encore et l’on se sépare en promettant de se revoir bientôt. On ira tous à Banon faire la fête.<br /> <br /> Elsa est radieuse, heureuse comme le soleil. Cap sur Chaloux. Nous retournons à la voiture, prenons la direction de Rustrel et du plateau. Nous passons le giratoire qui sépare les départementales D30 et D22. A la hauteur du Colorado provençal je me gare et nous montons dans les collines d’ocre. Les derniers visiteurs se replient vers les abris pour échapper au vent. Quand les premières gouttes s’écrasent dans la poussière nous sommes seuls.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p> <p style="text-align: justify;"><i>Image 1: Foule, <a target="_blank" href="http://www.suire-verley.com/index.asp">Olivier Suire-Verley</a></i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/13/delphine-romane-elsa-partie-39.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 39)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-13:32973602010-09-13T11:35:00+02:002010-09-13T11:35:00+02:00 La pluie viendrait à tomber, le visage du gendarme ne serait pas plus drôle...
<p style="text-align: justify;">La pluie viendrait à tomber, le visage du gendarme ne serait pas plus drôle à voir: mélange de surprise, d’incrédulité, de sévérité et de satisfaction. Il me demande de répéter. Je confirme, Elsa confirme, Romane aussi. C’est la première fois qu’un criminel vient se dénoncer. Il n’a jamais vu. Il ne comprend pas, m’examine, se demande si je dispose de mes facultés. Garde le silence. Prend un papier sur un bureau et fait mine de lire. Il ne lit pas: le papier est à l’envers. Il appelle un collègue et passe dans une autre pièce. Revient dix minutes plus tard, comme s’il m’avait laissé le temps de réfléchir. Ou de m’enfuir. Son collègue est le chef de brigade. C’est lui qui vient vers moi.<br /> <br /> - Vous dites avoir tué Lone. Bon. Où et quand?<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/587425712.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1427292373.jpg" id="media-65379" alt="Elsa39-2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65379" /></a>Je lui raconte l’affaire. Il m’invite à le suivre et me place dans une petite pièce meublée de deux chaises et d’une table.<br /> <br /> - Nous n’avons pas de cellule ici. Je dois m’entretenir avec la police nationale d’Apt pour savoir qui va vous interroger. Vous ne tenterez pas de vous enfuir?<br /> <br /> - Je suis venu me livrer, ce n’est pas pour m’enfuir. Passez-moi les menottes.<br /> <br /> Il semble gêné. Non, il ne me passe pas les menottes. Il retourne dans la première pièce. Par une petite fenêtre je vois un bout de ciel presque noir. Le vent traverse la gendarmerie en faisant voler la poussière. Le clocher sonne neuf coups. Mes pensées suivent des chemins illogiques. Rien à quoi m’accrocher. Attendre.<br /> <br /> Dans la réception Elsa demande à faire une déposition. Elle raconte longuement les événements depuis le concert. Elle ne parle pas du commando de Maurice. Romane fait constater les traces à son cou. Les gendarmes notent tout.<br /> <br /> Place de la République Aïcha et Manu ont rassemblé les Banonais, soutenus par Gattefossé, Maurice, Giacomo et la serveuse des Voyageurs. Rapidement ils forment une troupe de plusieurs centaines de personnes, hommes femmes et enfants. La troupe se rend devant la gendarmerie. On délègue Manu et Gattefossé pour parler au brigadier qui est seul dans la gendarmerie. Son collègue est parti enquêter sur les lieux de la bagarre et chercher le corps de Lone. Le brigadier ne peut recevoir les délégués, c’est une affaire criminelle qui concerne maintenant la police et la justice. Les banonais lancent des cris de soutien, que j’entends. Plusieurs demandent ma libération. Certains veulent investir les locaux. Le brigadier tente de les dissuader, mais la pression de la foule monte. Il décide de fermer la gendarmerie et de bloquer les portes. Dehors la foule ne comprend pas et crie de plus en plus fort. Elle bloque la rue. Des voitures et un autocar de transport public forment rapidement une file jusqu’en le bas du village. Le brigadier téléphone à la centrale d’Apt. Il ne sait pas comment faire avec cette situation inattendue. Jamais le village n’a connu une telle manifestation. Il reçoit l’ordre de m’emmener à la gendarmerie de la sous-préfecture.<br /> <br /> La troupe a reflué vers le Bleuet et les cafés pour tenir une réunion et discuter de la situation. Le brigadier profite de l’accalmie pour me faire monter dans le véhicule de service et prendre la direction d’Apt. Un guetteur resté sur place va prévenir Gattefossé et les autres. On s’organise rapidement, on monte dans les voitures les plus proches, et l’on se met en route derrière nous. Vers onze heures nous arrivons à la centrale d’Apt. Nous entrons.<br /> <br /> On semble m’attendre. Plusieurs agents se lèvent et me regardent. Le brigadier me présente au chef. Je passe immédiatement par une pièce d’interrogatoire où je raconte mon histoire, puis je suis conduit dans une cellule. Nouvelle attente. J’entends à nouveau des cris: «Monsieur Paul, on vous soutient», «Tenez bon on est avec vous!». Dans Apt la nouvelle se répand très vite: Lone aurait été tué pour sauver une des dames qui chantait l’autre soir, la police détient le sauveur, il est retenu au commissariat. Depuis le concert et la mort du technicien l’affaire occupe toutes les conversations. Tous les matins on se pose la question dans les commerces et les cafés: «Alors, on a arrêté le meurtrier?» «Non, je ne crois pas. Qu’est-ce qu’ils disent dans <i>La Provence</i>?» «Rien. L’enquête suit son cours.» « Ils disent que la police est sur une piste sérieuse.» «Il paraît que le bonhomme est toujours dans la région». Alors la nouvelle apportée par le groupe de Banon se répand dans la ville comme un feu d’herbes sèches. Les téléphones sonnent de partout, les commerçants s’informent d’une boutique à l’autre, la parole file, galope, monte les étages, descend vers la rivière, glisse dans les ruelles, saute de table en table sur les terrasses. La parole ne s’arrête plus, elle réunit les habitants de la ville devant le commissariat.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/4123345338.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2771634745.jpg" id="media-65380" alt="Elsa39-6.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-65380" /></a><br /> Après une heure d’attente on vient me chercher. Le commissaire me reçoit dans son bureau en compagnie d’un personnage bien habillé, cravate et chemise boutonnée malgré l’accablante chaleur et le vent de braise. Il me présente le sous-préfet, qui me demande à nouveau de raconter mon histoire depuis le début. Quand j’en suis au combat avec Lone tous deux veulent des précisions, en particulier sur le lieu précis où j’ai laissé le corps. Je ne comprends pas leurs questions. Le sous-préfet m’annonce enfin:<br /> <br /> - Nous sommes très ennuyés. Quelque chose ne tient pas dans votre histoire: il n’y a pas de corps là où vous l’indiquez. Un gendarme de Banon a effectué une recherche selon les dépositions de vos amies mais il n’a rien vu. Nous avons envoyé une équipe. Une recherche plus approfondie est en cours. En ce qui vous concerne, vous serez transféré à la prison centrale d’Avignon cet après-midi. Vos aveux nous suffisent. Vous comprenez qu’il n’est pas possible de faire justice soi-même. Qu’en pensez-vous?<br /> <br /> Je ne réponds pas. Je ne me souviens pas. Etait-ce le sentiment d’être un justicier, ou l’envie de le tuer? Voulais-je seulement protéger Romane ou quelque chose de plus personnel s’est-il immiscé? Quelle est la bonne version? Je ne peux trancher. Je n’en parle pas. Le sous-préfet insiste.<br /> <br /> - Est-ce un acte spontané ou vous êtes-vous préparé? Quelle était votre intention en partant à la recherche de ce Lone?<br /> <br /> - J’étais à la recherche de Romane, pas de Lone. J’avais peur pour elle. Sa disparition du café était angoissante.<br /> <br /> - Oui, j’ai là la déposition de votre amie, heu, Elsa quelque chose je crois, elle confirme vos dires. Mais n’aviez-vous pas d’autre idée en tête? Pourquoi cette Romane aurait été en danger dans le village?<br /> <br /> - Lone pouvait roder. Il était partout depuis trois jours.<br /> <br /> - Comment le saviez-vous? Quelqu’un vous a-t-il averti de sa présence?<br /> <br /> Il veut des informations sur le commando et le réseau de surveillance. Est-il au courant de quelque chose? Je ne peux parler de cela. Mon rôle dans le commando n’était pas de tuer. Jamais je n’aurais accepté cette perspective. Et je ne vais pas trahir Maurice et ses amis. J’assume mon acte, pas plus. La justice veut plus. C’est son rôle. Je lui réponds que c’était mon intuition et que les faits m’ont donné raison.<br /> <br /> - Il n’y avait pas besoin d’être averti: Lone était là. Sans cette intuition Romane serait morte aujourd’hui.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1244183280.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/1152426255.jpg" id="media-65381" alt="Elsa39-4-cellule.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65381" /></a>- Le Procureur de la République d’Avignon est en route. Il statuera. Des journalistes sont déjà au courant, le téléjournal pourrait en parler ce soir. Sans information précise à leur donner nous ne maîtrisons pas la communication. La police est déjà critiquée pour son inefficacité, nous voulons éviter tout dérapage sur cette malheureuse affaire. J’entends la rue vous appeler <i>«Monsieur Paul»</i>. Pour eux vous êtes un héros. Mais entendez-moi bien, <i>«Monsieur Paul»</i>, je ne veux faire de vous ni un héros ni une victime. Toute la vérité doit être établie sur cette affaire. En attendant on va vous reconduire à votre cellule.<br /> <br /> Retour à la petite pièce avec un sommier. L’attente reprend. Je me pose mille questions. Sur mon avenir: l’entretien avec le sous-préfet augure d’une procédure difficile. Je commence à entrevoir l’engrenage où je suis. Des questions sur Lone: où est son corps? Qui l’a fait disparaître? Je pense aussi à Elsa. Elle repart demain et je ne la verrai pas. Mon coeur se serre.<br /> <br /> Je m’allonge sur le sommier et malgré son inconfort je m’endors.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/10/delphine-romane-elsa-partie-38.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 38)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-10:32973552010-09-10T09:11:00+02:002010-09-10T09:11:00+02:00 Chapitre 12 Car comment vivre après les événements d’hier? Quoi qu’on...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 12<br /> <br /> <br /> Car comment vivre après les événements d’hier? Quoi qu’on me dise, j’ai franchi une limite. La vie m’a volé mon innocence. Pour sauver une femme je me suis couvert du sang d’un autre. Je revois le mouvement de bras de Lone quand il me frappait. Il y avait un refus de se défendre. Pour se battre il devait lâcher Romane et disposer de ses deux mains. Il n’a pas mis toute sa force. Il m'apparaît clairement qu'il ne le voulait pas. Tuer Romane était son dernier projet de vivant. Après il devait disparaître. Il n’avait plus d’avenir. Il aurait été traqué, plus jamais libre. En lâchant Romane il n’a pas eu de sursaut. Il savait sa cause perdue. Il m’a utilisé. S’est servi de moi pour en finir. J’ai achevé un homme au bout de son chemin. La bataille était inégale.<br /> <br /> C’est une terrible solitude qui m’habite ce matin.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/3702292956.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/229059408.jpg" id="media-65131" alt="tempête2-nuage-5.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65131" /></a>Elsa se lève. Elle ne dit rien. Son visage lumineux est voilé d’une ombre. Presque imperceptible. Elle accepte ma solitude. Elle ne cherche rien d’autre qu’être là. Son mouvement, cette fluidité dans les gestes, la transparence de son regard, tout d’elle n’est que bienveillance. Elle revient avec une tasse de café qu’elle me tend. Je souris pour la remercier: ce sont mes larmes qui lui parlent. Je bois le café d’une seule gorgée, me lève, prends sa main. Nous allons plus loin: dépassé, le bois de chênes-verts. Le chemin vers le sud monte et c’est bientôt le sommet d’une colline avec des prairies de part et d’autre. En plein vent. Il faut se pencher pour ne pas tomber. Par moments c’est un bruit de tonnerre. Les nuages roulent des mécaniques, ils éclaboussent le ciel de lumières incisives et de courbes irrévérencieuses. Nous restons là, l’un contre l’autre, comme dans un autre monde. Elsa l’a senti. Elle m’y accompagne.<br /> <br /> - Tu n’as pas peur? lui dis-je enfin.<br /> <br /> - De quoi?<br /> <br /> - De ce que tu as vu de moi hier soir.<br /> <br /> - Pourquoi aurais-je peur?<br /> <br /> - Quelque chose d’irréversible est accompli. Je ne serai plus jamais le même.<br /> <br /> - ...<br /> <br /> - J’ai tué un homme délibérément. De mes mains.<br /> <br /> - Tu as sauvé une femme.<br /> <br /> - A un moment j’ai eu envie de le tuer. Ce n’était plus seulement pour sauver Romane. C’était pour le détruire.<br /> <br /> - Que veux-tu dire?<br /> <br /> - Il m’est apparu comme une bête folle et dangereuse. Alors j'ai trouvé la force morale de l’éliminer.<br /> <br /> - Tu dis envie, je ne comprends pas ce que tu as ressenti. As-tu eu du plaisir?<br /> <br /> - Pas du plaisir. Mais presque.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1386445734.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/3157120098.jpg" id="media-65132" alt="homme dans la nuit.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-65132" /></a></p> <p style="text-align: justify;">- Je t’ai vu d'abord hésiter, puis tu étais très déterminé.</p> <p style="text-align: justify;">- Oui. Je n’osais pas lui faire de mal. J’appuyais sur le cartilage de sa gorge, je le sentais plier, s’enfoncer sous mon bras. Je ne voulais pas serrer, je savais que j’allais casser irrémédiablement quelque chose. Et cela, c’est insupportable à l’esprit. Insupportable! Mais quand j’ai vu Romane faiblir, quand j’ai lu sur son visage que la vie la quittait, la vraie rage m’a pris. Je ne pouvais plus écouter ma conscience et la laisser mourir sous mes yeux.<br /> <br /> - Tu voyais son visage?<br /> <br /> - Je voyais, Elsa, je voyais presque comme en plein jour. Le chant de Loup des Nuages m’a mis dans une transe: mes sens étaient amplifiés. Je voyais son visage par-dessus l’épaule de Lone. A ce moment j’ai eu envie de le tuer. Sans cette envie je n’aurais pas trouvé la force physique. Ni le courage. Car je savais, en même temps que je délivrais Romane, je savais que je cassais une des plus essentielles valeurs et un tabou ancestral: ne pas tuer. Je changeais de monde, je passais de l’autre côté d’une barrière que peu de gens franchissent - sauf en cas de guerre mais là c’est différent. Ici c’est un meurtre de sang froid.<br /> <br /> - Paul, j’ai tout vu: tu n’es pas un assassin.<br /> <br /> - Au yeux de la loi j’ai commis un crime. Je dois en répondre.<br /> <br /> - Comment?</p> <p style="text-align: justify;">- Je veux en assumer la responsabilité.<br /> <br /> - J’ai peur de te comprendre.<br /> <br /> - Je pense que tu me comprends: je vais me rendre à la police.<br /> <br /> - Non!<br /> <br /> Elsa pousse un cri.<br /> <br /> - Non! Non! Ce n’est pas juste!<br /> <br /> - C’est juste. Cela fait partie de ce qui doit être accompli.<br /> <br /> - Alors tu veux aller en prison?<br /> <br /> - Je dois aller au bout si je veux être libre.<br /> <br /> Des larmes coulent sur le visage d’Elsa. Vite effacées par le vent. Ses yeux demeurent dans le crachin.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/2454715090.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3174197878.jpg" id="media-65133" alt="Abstract.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65133" /></a>- Elsa, je dois le faire. J’ai fui comme un lâche et je vous ai entraîné dans ma lâcheté. Romane me disait, le soir du feu, que la lâcheté est le péché originel. Je prends à mon compte cette interprétation. Tu sais, j’ai perdu mon innocence hier. Il y a de la casse en moi. Un grosse casse. Je ne veux pas en plus être lâche. Assumer c’est me retrouver et commencer à réparer.<br /> <br /> Elle ne dit rien. Sa main prend la mienne et serre fort.<br /> <br /> - Elsa, si je n’assume pas je ne pourrai pas être libre à tes côtés. Et toi pourrais-tu m’admirer?<br /> <br /> - Je me moque bien de t’admirer!<br /> <br /> - Non je ne crois pas que tu t’en moques. Garderais-tu le coeur aussi clair avec moi si je cache mon acte pour le reste de ma vie?<br /> <br /> - Je ne sais pas.<br /> <br /> - Pourrais-tu vivre avec ce secret pendant des années?<br /> <br /> Elle réfléchit. Elle répond que non. Qu’elle ne serait plus libre. Je lui dis qu’il faut me mettre en route. Il y a une gendarmerie à Banon. Elle m’accompagnera. Nous retournons au gîte. Elsa réunit Romane, Aïcha et Manu. Ils sont effondrés de ma décision. Mais ils comprennent. Je confie la clé d’Oppedette à Elsa. Elle ira chercher quelques affaires dans l’après-midi pour me les apporter là où je serai, à Banon ou à Apt. Je n’ai pas le coeur à retourner maintenant dans ma petite maison. Je veux me rendre rapidement. Nous prenons la route. Elsa conduit ma voiture. Romane est avec nous. Elle s’est renfermée. Ses yeux sont rouges. Elle renoue avec la culpabilité. Si elle était restée au café cela ne serait pas arrivé. C’est de sa faute, pense-t-elle. Manu est avec Aïcha dans l’autre voiture, celle des filles. Aïcha a pris congé pour la matinée.<br /> <br /> Nous ne parlons pas. Seuls parlent le moteur et le vent. Ils parlent de tristesse et de colère. Du difficile accomplissement de l’être. De la paix si éloignée de nos coeurs. Ils parlent de la beauté d'un ciel déchiré, de l’amour qui nous emporte sans nous dire où il va. Je pose ma tête sur l’épaule d’Elsa. Là je sens un pays où j’aimerais vivre.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/1378203432.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/478049246.jpg" id="media-65134" alt="tempête-nuage.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-65134" /></a><br /> La route semble à la fois longue et très courte. Il n’y a personne. Nous sommes seuls au monde. Le macadam file devant. Je voudrais faire demi-tour. M’enfuir à nouveau. Je voudrais échapper à ce destin que pourtant j’ai choisi. Mais je ne bouge pas. Je ne dis rien. Mon corps ne sait s’il doit se recroqueviller ou se redresser. Je reste entre deux comme un escargot entre nos doigts. Il y a un trou dans mon coeur où je vais sans rien voir. Il y a un cheval dans la prairie qui borde la route, qui nous regarde passer, tête haute. Il y a des peupliers presque à l’horizontale. Je ne reconnais pas ce monde. Les choses semblent découpées, sans lien entre elles. Ce n’est pas là où il y a quelques jours j’allais proposer la première soirée littéraire de Banon. Là où ces hommes et ces femmes de la nature allaient devenir des rêveurs de l’écriture. Que tout cela me semble loin. Nous arrivons, montons vers la place Martel où est la gendarmerie. Une place de parking devant. Elsa s'y arrête, coupe le moteur. Personne ne bouge.<br /> <br /> - Je dois aller, Elsa.<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> Sa voix est un souffle.<br /> <br /> - Paul, je veux te dire: je t’aime. Ta décision me déchire mais elle est juste. C’est important d’être juste.<br /> <br /> Elle se tait. Trois mots, «Je t’aime». Cela suffit à remplir le peu du monde où je suis encore. Ils entrent en moi par toutes mes portes et mes fenêtres.<br /> <br /> - Je t’aime Paul. Je t’attendrai.<br /> <br /> Je reste avec ses mots, ses mots et leur humanité. Ces mots qui me réparent de la quitter.<br /> <br /> - Je crois que je t’aime aussi Elsa. Tu es dans moi. Je te prends avec.<br /> <br /> - Prends-moi, garde-moi en toi. Ne m’oublie pas.<br /> <br /> - Je ne t’oublierai pas.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2092600583.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3016791771.jpg" id="media-65135" alt="gendarmerie2-1279462531.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-65135" /></a>Romane intervient, les yeux coulants.<br /> <br /> - Paul, je te demande pardon. C’est ma faute ce qui t’arrives. Pardon, pardonne-moi!<br /> <br /> - Je n’ai rien à te pardonner Romane. Ce que j’ai fait je l’ai choisi. Je pouvais ne pas aller à ta recherche. Ne pas intervenir, ne pas décider de faire mourir Lone. Ce n’est pas ta faute. J’ai fait mon choix. Je ne regrette rien. Sauf d’être éloigné de toi, Elsa.<br /> <br /> Nous nous donnons un long baiser, comme la mer embrasse la plage quand le soir vient. Puis nous descendons de voiture. La porte de la gendarmerie est ouverte. Un officier termine une écriture, se lève et demande ce qui nous amène.<br /> <br /> - Je viens me rendre. J’ai tué Lone hier soir.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/08/delphine-romane-elsa-partie-37.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 37)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-08:32973532010-09-08T11:37:00+02:002010-09-08T11:37:00+02:00 Nous avançons en silence. Passé la dernière maison j’entends encore ce...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3816742289.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/3615947335.jpg" id="media-64914" alt="nuit1--forest-night-image-31002.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64914" /></a>Nous avançons en silence. Passé la dernière maison j’entends encore ce cri. Plus proche. Je ne vois que peu les zones d’ombre mais les parties claires, comme les murs, le marquage de la route et le visage d’Elsa, sont très lumineuses. Sur la droite un chemin de terre sèche qui semble blanc. Au fond un rideau d’arbres, sombre, identifiable aux branches qui masquent des étoiles. Devant ce rideau, sur le chemin, quelque chose bouge. Je devine un visage, un torse. Des sons graves, un corps qui grogne, allongé au sol. Dessous, un autre corps. Un cri encore: je reconnais la voix de Romane. Je mets une main sur la bouche d’Elsa. Elle regarde vers les corps. Comprend qu’il faut un silence total.<br /> <br /> Je vois, je vois clair maintenant. Le chant de Loup des Nuages a provoqué une hypervision. Je vois ce que je fais, où je vais, et à qui j’ai affaire. Un corps grand, massif, sur un corps plus petit, fin.<br /> <br /> Romane et Lone!<br /> <br /> Une rage me submerge. Une violence presque pure. Romane se débat. Elle est comme nue. J’approche je ne suis plus qu’à dix mètres. Je vois les mains de Lone serrer son larynx. Ne pas crier! Il faut faire vite, profiter de la surprise. Saisir son cou et faire lâcher prise. Le bruit du vent couvre les crissements des cailloux sous mes semelles. J’approche encore - je suis à un mètre. J’évalue en quelques secondes comment le saisir. Romane cligne des yeux. Elle râle. Je vois clairement le cou de Lone. Un caillou roule sous mon pied. Il se retourne. Je me laisse tomber sur lui avant qu’il puisse réagir. Il me donne un grand coup de son bras. Je suis sonné. J’assure ma prise. Il frappe, frappe. Il ne dispose que d’une main contre moi, c’est ma chance. De l’autre il continue à étrangler Romane dont les yeux se ferment. Il reste peu de temps. Je serre plus fort et assure ma clé. Il tape encore, nous roulons, ma tête heurte une pierre tout est trouble - ne pas lâcher - pas maintenant - tenir - je serre plus fort - je me retiens - peur d’écraser sa gorge. Mais il ne lâche pas Romane et les secondes passent, je la vois mollir, je serre encore la gorge de Lone, plus fort. Il résiste et se débat sans abandonner sa prise. Sa main est comme la mâchoire d’un Pitbull. Alors je comprends. Je dois le faire. Maintenant, Très vite. Je dois faire ce qui est à faire. «Ce qui doit être accompli». La phrase de Loup des Nuages me traverse. C’est à moi de l’accomplir. Maintenant. «S’il n’est pas trop tard», disait Pierroun. Si je ne le fais pas Romane va mourir sous mes yeux. «Maintenant Paul! Fais-le, n’attend plus - elle étouffe! Paul, fais-le!» Je serre encore, le plus fort possible, une vigueur inouïe m’habite. Quelqu’un doit perdre: Romane ou Lone. Je serre encore une fois, encore plus fort, cette fois je le sens: je veux tuer. Je veux tuer Lone. Je n’ai plus d’hésitation. Plus le temps de penser. Il le faut. J’ai le choix de voir mourir Romane sans rien faire ou de tuer Lone. Cela va très vite dans ma tête. Un sentiment de puissance me saisit, je le domine, il commence à lâcher sa prise, lâcher la gorge de Romane, je serre encore et mon ventre goûte une vengeance contre la folie violente de cet homme qui à cet instant n’est plus un homme. C’est une bête malfaisante. Le détruire avant qu’il ne tue encore. Un dernier serrement de ma clé, Lone lâche. Son corps mollit. Ses bras retombent. Sa respiration devient imperceptible. S’arrête. Il glisse au sol. Ne bouge plus. Je ne sais plus ce qui se passe dans ma tête. Je le lâche enfin.<br /> <br /> - Pars, Romane, pars!<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2862923312.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2050770209.jpg" id="media-64915" alt="lutte2-nuit-rouge.2.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64915" /></a><br /> Elsa nous rejoint. Romane, tremblante, choquée, se relève. Elle tousse, peine à trouver son souffle, titube, se reprend. Je demande à Elsa d’appeler Manu.<br /> <br /> - Dis-lui de venir nous rejoindre. Vite, je t’en prie. Partons d’ici.<br /> <br /> - Que veux-tu faire?<br /> <br /> - Emmener Romane aux urgences. Elle a besoin d’aide. Et de vêtements.<br /> <br /> Elsa la soutient et me regarde dans la lueur des étoiles.<br /> <br /> - Tu saignes!<br /> <br /> Je remarque l’écoulement de sang chaud sur mon oeil et ma joue. Je m’en moque. L’état de Romane est plus préoccupant. Elle tremble, sanglote, rote, dit qu’elle a froid, mal à la gorge, puis elle vomit. Quelques minutes plus tard nous sommes en voiture. Manu nous conduit vers l’hôpital d’Apt. Nous nous arrêtons à Chaloux pour remplacer la couverture qui couvre Romane par des habits de ville. Elle insiste pour prendre une douche. Moi aussi. Elle reste sous l’eau presque une demie heure. A peine sortie, encore nue, elle suit le chemin qui descend vers la vallée, court en poussant des cris stridents, des cris d’animal. Je la vois, je vois son visage et tout son corps comme en plein jour. Elle saute, s’arrête et profère des wagons d’injures et de vulgarités nécessaires. Aïcha veut aller vers elle, je la retiens: Romane réagit, il faut la laisser. Elle crie, se roule au sol, se relève, frappe de toutes ses forces un ennemi invisible. Le vent qui souffle maintenant en rafales furieuses semble la soulever et accompagner sa lutte.<br /> <br /> Assise à côté de moi Elsa m’entoure de ses bras. Elle ne dit rien. Je prends peu à peu conscience des événements. J’ai tué un homme. Je me suis enfui. J’entraîne Elsa et les autres dans ma fuite. Ils deviennent mes complices. Je tremble. Ce que j’ai fait ce soir est hors de tout ce que j’imaginais. Je suis un littéraire, pas un boxeur. Mes mots sont mes poings.<br /> <br /> J’en parle. Ils me soutiennent. Me disent que j’ai sauvé Romane. Elsa insiste. Elle était là. Elle a très bien vu la bagarre. Elle a vu Romane perdre pied et respiration. C’était elle ou Lone. J’ai fait ce qu’il fallait faire.<br /> <br /> Je pense au corps de Lone, dans la garrigue. Ce corps qui ne bougera plus. Etendu dans les odeurs de thym et d’herbe et dans les crottes des lièvres et des renards. Demain, peut-être, on le trouvera. Il y aura une enquête. Je ne peux plus réfléchir. Je me sens monstrueux d’avoir pu tuer un homme. La grande force qui m’habitait diminue, mon corps s’affaisse. Elsa le sent et se serre comme pour dire qu’elle est avec moi.<br /> <br /> Une voiture arrive au gîte, conduite par Sarah. Loup des Nuages en descend et vient s’asseoir près de nous. Suit un long silence pendant lequel Romane, couchée au sol plus bas, semble s’offrir à la Terre - ou au ciel.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/3886507224.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/3716699316.jpg" id="media-64916" alt="loup-wolf-forest-night-howl.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64916" /></a>Dans une bourrasque Loup des Nuages dit quelques mots à Sarah.<br /> <br /> - Ce qui s’est passé est difficile, traduit-elle à mon intention. Terrible. Mais vous avez fait ce qu’il fallait, Paul. Il n’y a pas autre chose à dire.<br /> <br /> Comment sait-il ce qui s’est passé?<br /> <br /> - Comment sait-il ce qui s’est passé, Sarah?<br /> <br /> Elle traduit ma question à Loup des Nuages. Il ne répond pas.<br /> <br /> Romane revient près de nous. Elle passe des habits. Sarah nous invite à nous asseoir en rond. Loup des Nuages sort d’une sacoche en cuir une petite coupe avec un couvercle percé. Il y pose du charbon de bois qu’il allume, y laisse tomber de la résine et des feuilles séchées puis referme le couvercle. Il passe cet encens autour du cercle et sur chacun de nous.<br /> <br /> Il parle dans sa langue. Des phrases monotones découpées dans le silence, comme des tranches d’argile. Sa voix monte, dure, véhémente, se radoucit, chante, implore. Au milieu du cercle il lève les bras et regarde successivement dans les quatre directions. Il recommence à chanter, rythme le chant de ses mains, un chant très doux comme de la soie portée par le vent, nous fait lever, prend Romane au milieu du cercle et lui parle. Sarah traduit.<br /> <br /> - Respire. A fond, inspire, expire tout, chasse, inspire. Accélère. Comme une locomotive qui prend de la vitesse.<br /> <br /> Loup des Nuages pose ses mains sur le dos et la poitrine de Romane, puis sur sa tête. Il lui parle toujours.<br /> <br /> - Respire encore. Si tu sens l’ivresse de l’oxygène ralentis ta respiration. Donne au vent et à la Terre tout ce mal. Donne-lui ce mal, délivre-toi.<br /> <br /> Un spasme, et Romane quitte subitement le cercle et va vomir plus loin. Aïcha lui apporte de l’eau pour rincer sa bouche. Puis elles reviennent. Loup des Nuages lui demande de reprendre sa place et m’invite au milieu du cercle. Je suis les consignes, respire fort, profondément, assez vite. La tête me tourne, tout est de plus en plus lumineux, je vois presque comme dans le jour. Je me sens tomber. Le chamane met ses mains sur moi et me tient droit. Il hurle dans mes oreilles pour appeler quelque chose à sortir de moi. Une tension très forte monte, mon coeur bat rapidement. Dans une profonde respiration un cri sort, imprévisible, long, rempli de rage, de douleur, de terreur, de remords. Quand il cesse Loup des Nuages me lâche. Je tombe au sol. Ma poitrine est légère, libérée d’un fardeau.<br /> <br /> Sarah nous invite à chanter ensemble, un chant simple et répétitif. Une mélodie prenante, douce comme une rivière calme. Loup des nuages passe à nouveau l’encens. Sous le couvercle percé le charbon de bois brûle comme un feu.<br /> <br /> A la fin de la cérémonie nous nous allongeons sur l’herbe sèche et le sommeil vient en quelques secondes.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2275006494.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1498879078.jpg" id="media-64917" alt="nuages-orage-fascinants-photos-orage_125051.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64917" /></a><br /> Je fais des rêves incompréhensibles, violents, dans lesquels j’ai l’impression de tomber dans un trou sans fin avant d’être rattrapé par une main invisible. Dans un autre rêve je suis devant une assemblée de juges qui me demandent avec insistance quel est le sens de ma vie. Leurs voix sont très aiguës, puis graves, rapides, ralenties, on dirait un appareil au bord de la panne. Ils grimacent, menacent, rient, jouent, provoquent, courent en long et en large comme dans un spectacle de commedia dell’arte.<br /> <br /> Au réveil le jour est levé. De lourds nuages chevauchent le ciel. Les stagiaires, très en verve, se préparent pour le débriefing du jeu des animaux. Elsa boit un café à côté de moi.<br /> <br /> Je sais ce que je dois faire. Cela s’impose comme une évidence.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/05/delphine-romane-elsa-partie-36.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 36)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-05:32973482010-09-05T18:22:00+02:002010-09-05T18:22:00+02:00 Cette nouvelle tombe comme une pierre. Comme un grand silence. La neige un...
<p style="text-align: justify;">Cette nouvelle tombe comme une pierre. Comme un grand silence. La neige un jour sans vent, qui descendrait, épaisse, dense, pendant des heures dans une nuit, une nuit interminable et recouvrirait la vallée, le jardin, le soleil même. Un long nuage gris laiteux largue ses milliards de mouches blanches devant les yeux, sur les insectes et les fleurs, sur les abeilles surprises, et sur les lavandes contractées qui se parent de chapeaux légers avant de plier sous la couche épaissie. Le froid entre en moi. Le coeur ralentit. Le sang ne reconnaît plus les veines. J’entends la voix d’Elsa, lointaine. Je crois qu’elle m’appelle.<br /> <br /> - Paul? Que se passe-t-il? Tu es tout pâle.<br /> <br /> Ma voix s’est repliée dans une grotte derrière mes amygdales. C’est trop serré rien ne sort. Mon corps frissonne, l’estomac se tord et les idées éclatent comme un feu d’artifice raté. Même les étoiles se taisent.<br /> <br /> - Paul? Dis-moi quelque chose.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/297745620.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2693785864.2.jpg" id="media-64633" alt="van_gogh_nuit_etoile_l-1e564.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64633" /></a>Je ne sens plus que sa présence. Et l’abime de son départ annoncé. Bien sûr elle allait repartir. Je m’étais installé dans l’éternité, dans cette longue nappe d’énergie sans jour et sans nuit, habité de sa seule présence, et voici la rupture du temps, le métronome qui vient à nouveau nous flanquer une gifle. Rappel de l’improbabilité des choses et du miracle de la rencontre. Et miroir de la place qu’Elsa prend dans ma vie. C’est un choc. Quand enfin ma voix retourne vers dehors c’est pour lui dire: non!<br /> <br /> - Non, non, pas déjà! C’est trop tôt. Trop vite. J’ai des millions de choses à te dire. Tu es entrée dans mon esprit comme dans ma maison, tu a posé là tes valises. J’ai ouvert une armoire pour y ranger ta vie, tes souvenirs, ouvert mon lit pour que tu te reposes, et maintenant ma maison vit avec toi dedans. Et je sais si peu de toi. J’ai besoin de temps.<br /> <br /> - Paul, je suis déchirée. Je dois partir, je ne veux pas. J’ai souvent pris le bus avec des hommes, pour de courts trajets. Je suis parfois monté en train pour aller plus loin. Une fois j’ai cru trouver un toit, une cabane en bois, qui a brûlé, et moi avec. J’ai eu mal Paul, très mal. Depuis je voyageais seule. Et tu es apparu, et c’est une maison de pierre que tu m’ouvres, et j’ai tellement envie d’y rester.<br /> <br /> - Reste!<br /> <br /> - Je dois reprendre mon travail. Toi tu as un livre à écrire. Et Romane et Aïcha comptent sur moi. Nous donnons un concert à Chalon la semaine prochaine.<br /> <br /> Mon livre! Il est encore à l’état de rêve. Elsa a pris sa place. Je n’aime pas être détourné de mon but mais c’est trop fort. Depuis longtemps mon coeur ne s’était pas éveillé, comme un matin d’été, chaud et clair, et le sourire d’Elsa, son rire, son regard, sa voix, toute cette sensibilité en mouvement qui coule d’elle comme une rivière, je suis pris, pris de vertige.<br /> <br /> - Viens, lui dis-je.<br /> <br /> Nous descendons le chemin qu’une pâle lueur venue des étoiles trace en ligne claire. Nous parlons d’elle. Son travail: secrétaire dans une société d’informatique. Elle habite la région de Mâcon. Romane et Aïcha aussi. Romane travaille dans une fabrique de chaussure qui sous-traite pour des grandes marques. Aïcha aide son père dans l’épicerie méditerranéenne qu’il a ouverte en périphérie de la ville. Elles partagent un appartement pour avoir moins de frais et travailler leur musique tous les jours. Le père d’Elsa est handicapé. Un grave accident l’a laissé paralysé. Il habite près de chez elle, elle fait ses courses. Pour le reste il se débrouille. Sa mère a été emportée par une avalanche, Elsa avait huit ans. Elle garde d’elle un souvenir lumineux. Je crois comprendre que c’est son modèle. Comment me connaît-elle? Je n’ai pas vraiment de succès avec mes livres. Je n’en vis pas et je ne suis pas une référence que l’on invite sur les plateaux de télévision. Mes ressources viennent principalement des travaux de rédaction que j’effectue pour des catalogues ou des présentations commerciales. Elle a lu un article sur moi, une interview dans un journal local. D’instinct elle a voulu me connaître. Elle s’est renseignée, a découvert où je viendrais écrire et a convaincu ses amies de prendre des vacances dans la région. Les organisateurs du concert d’Apt ont payé leur déplacement.<br /> <br /> Sous un chêne je devine une herbe tendre. Nous nous y arrêtons.<br /> <br /> - Voudrais-tu que je vienne te voir à Mâcon?<br /> <br /> - Ce n’est pas que je le veuille, c’est une obligation, dit-elle en riant. Si tu ne viens pas je serai fâché avec toi le reste de ma vie.<br /> <br /> Puis plus sérieuse:<br /> <br /> - J’en ai très envie. Te laisser, repartir, cela m’est difficile. J’ai un bonheur fou de te connaître. Recevoir autant en si peu de temps, c’est une grâce. Une musique légère et joyeuse joue en moi du matin au soir depuis quatre jours. Je désire aller plus loin, voir ce qui est possible ensemble. Si tu le désires aussi.<br /> <br /> - Des pieds à la tête!<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/604663367.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/2857927747.jpg" id="media-64634" alt="Dombes2.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64634" /></a><br /> Alors nous parlons. Pendant des heures nous faisons des projets. Je monterai dans huit jours. Elle viendra aussi me rejoindre. J’habite du côté de Nevers. Mâcon-Nevers, deux cents kilomètres, deux heures trente de route. Je suis plus libre de mon temps. Je peux rédiger mes catalogues la nuit, ou douze heures par jour. Je viendrai donc plus souvent. Je l’attendrai à la sortie de son travail. Nous aurons plus de temps ensemble, du vendredi en fin d’après-midi au lundi matin. Non, cela ne dérangera pas Aïcha et Romane. Oui, elles répètent parfois le samedi. J’irai avec elles. Si je connais la Saône: non. Elle me fera découvrir les étangs des Dombes. C’est à côté de Mâcon en direction de Lyon. Nevers: elle n’a jamais visité. Je l’emmènerai sur les bords de la Loire. A chaque saison c’est un autre monde.<br /> <br /> Nous finissons par nous endormir sous le chêne, dans une chaleur de four portée par un vent de sud.<br /> <br /> <br /> <br /> <b>Chapitre 11</b><br /> <br /> <br /> Au matin le vent a forci. La chaleur semble encore plus accablante, comme un mur brûlant qui remonte le pays. Le thermomètre sous la tonnelle indique trente-neuf degrés à huit heures. Je tourne en rond. Les heures passent, pas d’appel de Maurice. Romane s’est isolée dans le pré au-dessus du gîte. Nous ne la voyons ni au petit-déjeuner ni à midi. Je vais la rejoindre avec le repas. Je sais qu’elle me fait confiance. Si elle a besoin elle me parlera. Elle est assise à l’ombre du tilleul qui domine ce petit plateau.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/715300034.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/183992482.jpg" id="media-64635" alt="vaucluse1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64635" /></a>Elle me fait signe d’approcher.<br /> <br /> - Je m’entraîne, Paul. Je veux développer l’écoute du lynx. Je n’ai pas assez de muscles pour me défendre contre Lone, mais j’ai l’intelligence, et mes oreilles.<br /> <br /> - Et cela marche?<br /> <br /> - Pas encore. C’est difficile. Je pensais que cela reviendrait tout seul. Parfois j’ai l’impression d’entendre des gens qui parlent de l’autre côté de la vallée, vers Valsaintes. Mais ce n’est pas aussi précis que quand j’étais dans le ravin.<br /> <br /> - Tiens, je t’ai amené une assiette. Tu devrais manger un peu.<br /> <br /> - Merci Paul. J’ai faim. Tu sais, je ne boude pas. Je m’entraîne.<br /> <br /> - Je comprends, Romane. Pas de problème. J’ai beaucoup aimé le texte de René Char hier soir. Ce poète te va bien.<br /> <br /> - Ce soir j’aimerais sortir. On pourrait aller manger une glace à Banon?<br /> <br /> - Promis. Je te laisse à tes exercices.<br /> <br /> Dans l’après-midi le vent tourne au sud-ouest. La météo annonce une ligne de grain qui se forme sur le Golfe du Lion. Pour calmer l’attente je marche dans la garrigue avec Elsa, sans trop nous éloigner, au cas où je serais appelé. Nous parlons peu. Je suis déconcentré. Et ce téléphone qui ne sonne pas! Bouki remarque mon agitation. Je lui dis que j’ai peu dormi depuis le feu. Elle nous fait du café, parle de cette chaleur qu’elle n’a jamais connue. Le thermomètre est monté à quarante-trois degrés. Les feuilles des arbres, les fleurs, la rare herbe non jaunie, tout est ramolli. Les chats sont collés dans des coins d’ombre contre les murs. Gilles a installé une douche de fortune branchée sur l’eau froide. On y passe tout habillé, et l’on est sec en vingt minutes. A dix-huit heures je n’en peux plus d’attendre. Je décide d’aller à Banon. Elsa en est. Aïcha dispose d’une soirée libre: pas de cuisine ce soir, le groupe va dans le Colorado près de Rustrel pour le jeu des animaux. Ils mangeront un pique-nique sur place. Elle et Manu veulent aussi bouger et viennent avec nous. J’appelle Romane. Nous partons.<br /> <br /> A Banon je vais retrouver Maurice.<br /> <br /> - Nous n’avons pas encore de certitude. Il semble qu’on l’ait aperçu vers Saint-Christol, puis il est passé à Simiane. On pense qu’il va remonter sur Banon par les petites routes. L’alerte reste maximale. La nuit sera courte, Monsieur Paul. Il faut être prêt à tout moment.<br /> <br /> - Maurice, pourquoi ne pas avertir la police?<br /> <br /> - Ils sont trop voyants! Il s’enfuirait avant d’être pris. Non, laissons lui croire qu’il ne court aucun risque. Il ne s’attend pas à nous voir. C’est notre force: la surprise.<br /> <br /> - J’ai un drôle de pressentiment Maurice.<br /> <br /> - Je comprends, Monsieur Paul. Ce que nous devons faire n’est pas facile. Mais c’est nécessaire, croyez-moi. Allez au café, je vous tiendrai au courant. Il vaut mieux qu’on ne nous voie pas trop parler.<br /> <br /> Dehors le village est comme écrasé, aplati. La chaleur est encore montée, avec ce vent comme une large flamme continue qui augmente d’heure en heure. Et cette attente, que les gens ignorent, mais qu’ils semblent vivre eux aussi.<br /> <br /> Au café, d’habitude si animé, on parle à voix basse. Pierroun passe dans la rue les yeux presque fermés.<br /> <br /> - Ecoutez la nuit... La nuit tombe sur nous. Le Mal rôde, il est si près de nous. Ecoutez la nuit!<br /> <br /> Manu et Aïcha comprennent que quelque chose de sérieux se passe, même s’ils n’en saisissent pas le sens. Nous parlons à demi-mots. Aïcha annonce à Manu son prochain départ. Manu semble désappointé. Il baisse la tête comme devant une fatalité. Manu n’exprime pas beaucoup ce qui le touche. Son corps parle pour lui. Aïcha voit ce léger voile de tristesse dans ses yeux. Elle prend sa main, le serre dans ses bras. J’en profite pour annoncer aux amies d’Elsa qu’elle devront compter avec moi. Je leur dévoile nos projets et mes prochaines visites. Elles semblent très <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1288763787.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2792873631.jpg" id="media-64636" alt="epicerie_inside01.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64636" /></a>heureuses, pour Elsa, et aussi à l’idée de me revoir. Aïcha parle alors, de sa région, de sa chambre dans l’appartement, de la boutique de son père, de sa vie.<br /> <br /> - Quand tu viendras je te présenterai à mon père. Tu vas l’aimer, Manu. C’est un homme sévère mais très bon. Je suis son grand souci parce que je ne pratique plus la religion. Je ne crois pas à ces histoires. J’ai mes valeurs - celles de ma famille, mais j’ai grand besoin d’être libre dans ma tête. La religion est une trop grande contrainte. Je n'aime pas l'obéissance aux humains ou à un livre. On n’en a pas besoin pour être une bonne personne et faire le bien. La vérité elle est là, dans notre coeur. Pas besoin d'un livre pour la trouver. Et puis il y a trop de guerres pour la religion. Cela suffit. Tu viendras, n’est-ce pas?<br /> <br /> Manu transpire à grosses gouttes, et ce n’est pas que la chaleur. Sa lenteur à répondre inquiète Aïcha.<br /> <br /> - Tu ne veux pas? Tu ne viendras pas?<br /> <br /> - Bien sûr que je viendrai. Bien sûr.<br /> <br /> Merci Aïcha d’alléger cette soirée. La nuit descend sur Banon. Personne n’a faim. Nous sommes trop occupés à faire des projets. Soudain, surgi de nulle part, Mike - Loup des Nuages - vient s’asseoir à notre table. Il est encore plus énigmatique que Pierroun. Sarah le traduit.<br /> <br /> - La tempête est là. L’esprit de la Terre a parlé à Loup des Nuages. On ne peut éviter ce qui doit arriver. Il y aura encore de la souffrance. Mais demain la Terre saura se nettoyer. Loup des Nuages est avec vous. Il vous voit dans son coeur. Il sait que cela doit être accompli.<br /> <br /> - Quoi? Qu’est-ce qui doit être accompli?<br /> <br /> - Il ne peut le dire. Demain il sera là. Dans votre culture il n’y a plus de rituels de nettoyage de l’esprit et du coeur. Quoi que vous fassiez vous restez avec une charge. Vous vous encombrez tellement que vous fabriquez des maladies. Loup des Nuages vous aidera. Il sera avec vous demain. Il ne peut en dire plus maintenant.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/4227892884.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2327417277.jpg" id="media-64637" alt="loup3.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64637" /></a>Loup des Nuages commence alors à chanter. Un chant étrange, profond, nostalgique. Un chant qui annonce la tempête. Une complainte qui apporte du courage. On se tait, on écoute. Je ressens quelque chose d’étrange. Le chant de Loup des Nuages est comme entré dans mon corps. Une force inhabituelle pénètre dans mes muscles. J’ai aussi l’impression que mes yeux voient plus clair. Dans la nuit qui vient tout ce qui est pâle reste comme éclairé.<br /> <br /> Quand Loup des Nuages cesse de chanter nous restons en silence. Quelque chose en moi a grandi et se délie. «Ce qui doit être accompli»: cette phrase tourne comme une comptine d’enfant que l’on répète et répète. Je regarde autour de moi. Mon coeur se serre.<br /> <br /> - Où est Romane?<br /> <br /> - Elle est allée faire un tour sur la place, dit Manu.<br /> <br /> Je ne la vois pas.<br /> <br /> - Je vais la chercher!</p> <p style="text-align: justify;">- Je viens, dit Elsa.<br /> <br /> Une angoisse monte, en même temps qu’une colère et une force. Nous faisons le tour de la place. Elle a pu descendre vers le bas du village. Nous prenons la rue Meffre, laissons la station-service à gauche et continuons. Rien. Personne.<br /> <br /> - Attends, dis-je à Elsa.<br /> <br /> Nous nous arrêtons. Je repense à Pierroun. «Ecoutez la nuit», disait-il avec insistance. Je ferme les yeux et je me mets à l’écoute de tous les bruits. Des voitures dans le lointain. Des grillons. Une chouette. Comme un radar j’écarte ces sons de mon attention. Quand les bruits de fond ont disparu j’écoute, dans une concentration extrême.<br /> <br /> J’entends alors un cri étouffé, juste après le lotissement à notre droite.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>(Image 1: Van Gogh, Nuit étoilée. 2: Les Dombes, Claude Mondésir.)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/03/delphine-romane-elsa-partie-35.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 35)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-03:32973452010-09-03T17:34:00+02:002010-09-03T17:34:00+02:00 Chapitre 10 Tout le monde est sous la tonnelle. Les joueurs de djembé...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 10<br /> <br /> <br /> Tout le monde est sous la tonnelle. Les joueurs de djembé d’un côté de la grande table ronde, les auditeurs de l’autre. Au milieu, danseurs et danseuses s’époumonent dans une débauche corporelle étourdissante, vêtements mouillés de sueur, collés à la peau. Sur la table Aïcha tourne et tourne encore comme les femmes de là-bas, dans certains villages de l’Atlas. Nous rejoignons Manu et Romane assis à ses pieds. Les musiciens ne jouent pas selon les règles: ils inventent leur musique et leurs rythmes et chantent une mélopée hypnotique d’où surgissent des paysages grandioses, montagnes rouges aux murailles abruptes, plaines infinies, accouplements étincelants de chevaux sauvages, fleuves si vastes que l’autre rive est inaccessible au regard, longues routes filant dans le désert comme des chemins initiatiques, voix des nations inconnues qui ont peuplé la Terre, il y a longtemps, quand les soleils roulaient dans le ciel sans autre signification que le feu du jour et le sombre de la nuit.<br /> <br /> La musique est puissance et pulsion. Elle est une légende qui vient des entrailles de l’argile pour former des géants à la tête nue et au yeux brillants comme le métal dans la forge. Ici le monde se crée à nouveau. Une humanité naît à chaque frappe sur la peau des tambours, à chaque geste lancé par des danseurs qui glissent vers la transe. Ici la chair s’épanche, les esprits sont lavés des gravats de la vie, les gorges aspirent l’air comme une eau de source, comme le lait va de la mère au ventre du nouveau-né. La musique est un lait, une nourrice. Elle remplit jambes et bras et chasse la fatigue, fruit d’exploits inaccomplis. Car l’inaccomplissement est un épuisement, comme une naissance qui n’en finit pas, l’attente d’un terme qui ne vient pas, une délivrance refusée. Une naissance qui ne passe pas la porte de la vie. Nous devrions mourir à la mère et renaître au monde. Mais nous mourons de tout ce qui n’est pas accompli, pas fini en nous, de cet inaccompli qui barre le chemin et ferme tout passage vers autre chose. Nous avons besoin d'accomplissements comme le printemps a besoin de l'hiver. Un nouveau cycle commence quand l'ancien s'accomplit et s'achève. Nous devrions toujours bien terminer ce que nous avons commencé.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/314071712.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/3634642714.jpg" id="media-64510" alt="danse-djembé.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64510" /></a>Ici chaque intention va au bout d’elle-même. Chaque ébauche de rythme est reprise indéfiniment pour en explorer toutes les déclinaisons, tous les possibles, et l’on y revient tant que tout n’est pas visité, tant que le tour n’est pas achevé. Il n’y a aucune frustration: seulement la plénitude qui s’accomplit de seconde en seconde, sans peur d’un arrêt prématuré. Un musicien qui trouve un motif est soutenu par les autres joueurs, laissé à sa libre création jusqu’aux confins de son exploration. Il trouve sa place jusque dans ses hésitations. Et quand le dialogue s’établit avec les danseurs et les danseuses il se passe comme une densification de l’air, un arrêt du temps. Une lumière immanente enveloppe la tonnelle. Alors chacun participe, en frappant sur tout ce qui est à portée de main, en improvisant de la voix, en bougeant à sa manière. Chacun invente son propre modèle.</p> <p style="text-align: justify;">- L’important n’est pas de ressembler à ce qui se fait déjà: l’important est d’être soi, libre, plein, dit Manu qui a encore une fois capté mes pensées. Tu vois, Paul, depuis des années j'écris de manière assez classique. Ce que je vis ici, et ce soir, me bouscule. Aïcha aussi me bouscule. Quelque chose change dans ma perception de l'écriture.<br /> <br /> Je souris. Manu commence-t-il sa révolution culturelle? Je le vois taper sur la table, attraper le rythme, fermer les yeux, balancer son corps.</p> <p style="text-align: justify;">La musique ne trouve de pause qu’à l’aboutissement du thème. Cela prend presque une heure. Aïcha profite d’un changement de musicien. Elle descend de la table sous les applaudissements et monte rapidement vers la cuisine. La musique recommence, plus calme: l'on s’arrose abondamment d’eau fraîche et l’on boit du punch ou de la sangria préparés pour l’apéritif. Je prends Gilles à l’écart.<br /> <br /> - Je dois te dire quelque chose. Les filles ont un problème. Au sujet de leur hébergement. Elsa m’a dit qu’elles n’ont pas l’argent pour vous payer. Leur budget couvrait exactement la location de leur chambre d’hôte. Je sais qu’elle n’aimera pas mais je souhaite payer pour elles, avec Manu s’il veut bien.<br /> <br /> - C’est réglé, Paul. Nous avons trouvé un arrangement avec Aïcha. Elle travaille à la cuisine en échange de leur séjour.<br /> <br /> Aïcha. Elle ne vient pas avec nous, est toujours occupée: c’était pour cela. Elle se sacrifie. Comme elle est loin, cette Aïcha, loin de celle qui restait sur le seuil sans entrer ni sortir.<br /> <br /> - Elle nous a demandé de rester discrets. Nous voulions offrir le séjour vu les circonstances. Elle n’a pas accepté. Elle a même menacé de quitter le gîte si nous insistions.<br /> <br /> - Que pouvons faire pour elles?<br /> <br /> - Rien. Il n’y a rien à faire.<br /> <br /> - Que vas-tu dire à Elsa et Romane?<br /> <br /> - Qu’elles sont nos invitées. Que c’est ainsi que l’on conçoit la vie chez nous.<br /> <br /> Aïcha revient de la cuisine avec deux grands plats au fumet captivant.<br /> <br /> - A table! Place, place! C’est prêt.<br /> <br /> La musique cède au mouvement: amener les assiettes, les verres, à boire. Le repas est l’occasion de grandes discussions et de rires. Elsa me demande où j’étais. «Je parlais avec Gilles.» «De quoi?» «Au sujet de l’argent. Vous êtes ses invitées et cela ne se discute pas.» Elsa est soulagée, et touchée. Elle porte un toast en l’honneur des hôtes de la maison, repris par tous les membres du groupe.<br /> <br /> La soirée continue, un programme est improvisé. Chacun apporte ses talents. Romane semble s’être reprise. Habillée de couleurs et d’habits à franges elle parle même avec une aisance inattendue et propose de déclamer un texte de René Char:<br /> <br /> <i>- «Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible.»</i><br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/338004768.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1413435603.jpg" id="media-64511" alt="danse-pulsation.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64511" /></a><br /> Elsa s’était éclipsée. Elle revient avec une sono. Une musique irlandaise jaillit des hauts-parleurs et la voilà qui commence à danser un <i>reel</i>, d’abord assez classique, suivant les questions et réponses de la musique, puis de plus en plus rapide et original. Les claquements de mains l’accompagnent en rythme. Ses longs cheveux bouclés et souples sont des ailes. Elle virevolte, se ramasse, se délie, dresse haut la tête, se replie encore, ralentit, penche comme une fleur de liseron, gonfle sa poitrine, tape des pieds, se replie encore avant de se déployer et d’ouvrir grand ses bras, pour finir en tournoyant comme les patineuses sur la glace. Les applaudissements crépitent et les cris d’admiration fusent de partout.<br /> <br /> Elle vient s’asseoir près de moi, essoufflée, trempée, heureuse. Rayonnante. Encore plus belle.<br /> <br /> - Tu as aimé?<br /> <br /> - C’était... magnifique. Quelle belle danse. Et quelle belle musique.<br /> <br /> - Merci. Les groupes irlandais et écossais sont mes préférés.<br /> <br /> - Ton mouvement est fascinant. Je n’ai rien compris à tes pas, tu vas si vite, mais ta danse est encore dans mes yeux. Comme tu es belle!<br /> <br /> - J’ai dansé pour toi. Cela me touche que tu aime.<br /> <br /> Ses yeux deviennent humides et nous nous collons l’un à l’autre. Tant pis pour la chaleur! - sa présence est si bonne.<br /> <br /> - As-tu déjà voyagé en Irlande?<br /> <br /> - Non, jamais.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1330289886.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2202800833.jpg" id="media-64512" alt="irlande1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64512" /></a>- J’y suis allée plusieurs fois. Les paysages et la lumière sont si particuliers. Il y a une profusion d’âme dans ce pays. Moi qui adore le soleil, là-bas même la pluie est généreuse. Je louais une voiture et je partais à l’aventure.<br /> <br /> - Seule?<br /> <br /> - Seule. Je n’ai pas encore trouvé celui avec qui partager ces paysages.<br /> <br /> Le temps passe avec douceur. Nous avions besoin de ce moment de fête pour revenir à nous après ces journées difficiles. Mais cette parenthèse ne fait pas oublier ce qui se prépare. Elle relance le sujet.<br /> <br /> - A quoi penses-tu?<br /> <br /> - A demain.<br /> <br /> - Je suis mal à l’aise à cause de demain, Paul. Je suis si bien avec toi mais cette expédition me fait peur.<br /> <br /> - Je comprends. Si c’était toi, moi aussi je serais mal.<br /> <br /> - Je n’ai pas à t’imposer ma façon de penser. Agis comme tu le penses juste. Je te fais confiance. Mais quelque chose en moi tremble.<br /> <br /> - Je n’ai pas l’âme d’un tueur Elsa.<br /> <br /> - On ne sait jamais de quoi nous sommes vraiment faits.<br /> <br /> - Je me connais. Je me gouverne.<br /> <br /> - Si Lone est tué ce sera un assassinat. Avec préméditation. Vous serez condamnés, Paul. Y penses-tu?<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> - Pourquoi ne pas laisser faire la police? Je veux passer du temps avec toi, je ne veux pas te perdre.<br /> <br /> - Oui, moi aussi.<br /> <br /> Je ne sais que répondre à part ces banalités. Lui dire qu’elle compte pour moi? C’est si rapide. Nous nous connaissons depuis trois jours. Non, c’est trop tôt. Le premier qui s’avance sur le terrain des sentiments est fragilisé. Il faut encore attendre.<br /> <br /> - Paul, je dois te dire quelque chose.<br /> <br /> - Tu es soudain si sérieuse. Qu’y a-t-il?<br /> <br /> - Nous repartons dans trois jours. Nos vacances vont s’achever.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/09/01/delphine-romane-elsa-partie-34.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 34)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-09-01:32973392010-09-01T09:30:00+02:002010-09-01T09:30:00+02:00 - Messieurs, certains connaissent déjà Monsieur Paul. Sa femme ici présente...
<p style="text-align: justify;">- Messieurs, certains connaissent déjà Monsieur Paul. Sa femme ici présente est l’amie de la personne menacée par Lone. Ils sont donc très concernés. Vous pouvez parler librement devant eux au sujet de la battue que nous ferons dès demain.<br /> <br /> Certains de ces hommes ont le visage rouge, les lèvres tremblantes. La solennité de la cause les impressionne. Ils n’ont jamais chassé autre chose que des lièvres, quelques chevreuils et du sanglier. Mais chasser un homme, ça, ils ne savent pas. Ils ont peur. Peur de cette responsabilité: devenir des justiciers. Leur vie est sans grande histoire. Ils ont épousé des femmes de la région, au plus loin de Cavaillon s’ils ont rencontré une célibataire en vendant leurs fromages sur le marché. Ils ont fait des enfants comme la nuit fait le jour, naturellement, ignorants de tout ce que le monde moderne propose de psychologues et de théories. Ils parlent des fêtes saisonnières, du vent, de cette chaleur qui envahit jusqu'aux caves, du froid de l’hiver quand le vent du nord mord ce plateau en déboulant de la montagne de Lure. Il jouent à la pétanque le samedi, prennent l’apéro le dimanche midi. Certains vont au café comme d’autres à la messe: pour se rencontrer, parler, décharger les soucis, rire avec les filles. Communier, quoi. Ils ne sont ni des héros ni des bagarreurs. Certains ont le regard farouche et les joues sombres. L’immobilité totale de leurs yeux révèle une tension dure comme du métal. Ceux-là n’hésiteront pas. Ils ne feront pas de cadeau. La proie est dangereuse. La proie est une bête sauvage, une bête folle. Une menace. Cela ne peut pas continuer.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/166035105.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2548255438.jpg" id="media-64091" alt="Guerre1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64091" /></a>Je regarde l’un après l’autre les visages. La sueur perle sur des fronts, la gorge s’agite sans pouvoir avaler la salive trop abondante. L’un cligne des paupières à la vitesse d’un stroboscope. Pierroun est là. Les yeux fermés. Plongé dans ses visions. Maurice prend les initiatives.<br /> <br /> - Il faut s’organiser. Nous ne pouvons pas chercher sur tout le plateau. Nous devrions pousser jusqu’à Sault, redescendre vers Lagarde-d’Apt, bifurquer vers Forcalquier, remonter vers Saint-Etienne-les-Orgues. C’est trop grand.<br /> <br /> - Oui, beaucoup trop grand. On ne l’attrapera jamais comme ça.<br /> <br /> - Il faut donc nous organiser intelligemment, Messieurs, et délimiter le champ de nos recherches. Je propose donc que l’on mette en place un réseau d’observation. Nous devons être trois pour recevoir les coups de téléphone et mobiliser rapidement notre commando. Faites passer la consigne tous azimuts: regarder partout, observer, et dès qu'on voit un homme qui ressemble à Lone, à pieds ou sur sa moto, on nous téléphone. Nous aurons besoin de détails: s’il est immobile, s’il roule et vers où, bref tout ce qui permettra de le localiser. Nos voitures doivent être prêtes, le plein fait. Chacun connaît son équipe. C’est compris?<br /> <br /> Tous acquiescent.<br /> <br /> - Pierroun, vois-tu quelque chose?<br /> <br /> Un long silence,. Chacun attend un signe, une parole. Mais Pierroun reste immobile.<br /> <br /> - Bon, fait Maurice. Vous préparez vos fusils de chasse. Soyez prêts pour pister notre gibier même la nuit. Je veux des résultats. Demain au plus tard il doit être localisé. Des questions?<br /> <br /> Un homme grand que je ne connais pas nous fait ses recommandations:<br /> <br /> - Ne tirez pas trop vite. Blessez-le. Il ne doit pas nous échapper. Pour la police vous serez en légitime défense. Quand vous êtes assez près de lui montrez-vous, provoquez-le. S’il vous menace vous pouvez vous défendre. Messieurs cet homme n’est pas un homme. Il a tué deux fois. Il veut continuer. C’est lui ou nous.<br /> <br /> - Bon, dit Maurice. Rentrez chez vous et soyez à l’écoute de votre téléphone. Laissez les portables branchés toute la nuit, chargez-les en rentrant. Monsieur Paul vous serez des nôtres j’espère.<br /> <br /> Je réponds oui. Sans fusil. Je ne chasse pas, je ne veux pas de fusil. Mes mains suffiront.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3440435216.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2983540513.jpg" id="media-64092" alt="fusil1.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-64092" /></a><br /> - Comme vous voulez mais laissez-nous prendre les devants. Messieurs, activez notre réseaux sans dire à personne que nous serons armés. Allez, au revoir!<br /> <br /> Les salutations sont sobres. La salle se vide. Elsa lit un message sur son téléphone.<br /> <br /> - Paul, il y a une fête au gîte ce soir. Ils nous attendent.<br /> <br /> Elle semble agitée et pressée. Je ne connais pas encore cette impatience. Je prie Maurice de nous excuser, nous devons partir. La voix de Pierroun s’élève alors, par petites phrases découpées.<br /> <br /> - Il n’est pas loin, il fait nuit, il rôde. Il cherche sa proie. Il est tout près. La petite est en grand danger. Monsieur Paul, écoutez le silence. Ecoutez la nuit. C’est vous, c'est à vous. S’il n’est pas déjà trop tard. Ecoutez la nuit. Le cri des ténèbres. Oh mon Dieu, il est là, il est là!<br /> <br /> Pierroun se tait. Lâche un sanglot. Le silence. Un autre sanglot. Le silence encore.<br /> <br /> - Il fait nuit. Je ne comprends pas ce que je vois. Ecoutez la nuit. L'entendez-vous? L’entendrez-vous à temps? Saurez-vous ce qu’il faut faire? Mon coeur se serre. Pourquoi? Pourquoi?<br /> <br /> Il se tait à nouveau et s’en va lentement. Nous sortons aussi. Il ne fait pas nuit. De quelles ténèbres parle-t-il? Elsa me tire vivement vers la voiture. Je salue Maurice, je la suis. En voiture son impatience éclate, elle m’interroge.<br /> <br /> - Paul tu veux vraiment participer à cette battue?<br /> <br /> - Oui. C’est important.<br /> <br /> - Mais ils vont le tuer! L’abattre comme un chien. Es-tu un criminel?<br /> <br /> - Non Elsa. J’y vais pour éviter cela. Il faut l’attraper et le remettre à la police.<br /> <br /> - Ils le tueront et tu seras complice. Tu es seul, ils sont vingt.<br /> <br /> - Je dois le faire.<br /> <br /> - Que veux-tu dire?</p> <p style="text-align: justify;">- Je ne sais pas. Une obligation intérieure. Comme si cela m’était demandé.<br /> <br /> - S’ils le tuent que feras-tu?<br /> <br /> - Je ne dirai rien. Chacun se débrouillera avec sa conscience.<br /> <br /> - Et moi, Paul, comment pourrai-je te regarder en face si tu deviens complice de tueurs?<br /> <br /> - Pense à Lone, à ce qu’il a fait. Pense qu’il est prêt à tuer Romane. On ne sait pourquoi mais c’est la réalité. Peut-être sera-t-il mort demain. Une décharge de chevrotine dans le coeur. Ici les gens se défendent Que veux-tu leur reprocher? De tuer avant d’être tués? C’est lui ou eux. Lui ou Romane. Quel autre choix proposes-tu?<br /> <br /> - Aucun. J’ai besoin de réfléchir. Il y a des chemins que je ne veux pas prendre. Tuer fait de nous des tueurs, quelles que soient nos raisons. Je ne veux pas être une tueuse.<br /> <br /> - Le monde n’est pas si facile. Il peut être dur, dangereux.<br /> <br /> - Je sais. Mais devons-nous reprendre sa dureté à notre compte et perpétuer la menace?<br /> <br /> - Tu as un rêve, Elsa.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/4063018878.png" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/2032613875.png" id="media-64093" alt="coquelicot-4.png" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-64093" /></a>- Oui Paul. Je rêve d’un monde où les humains cessent de se faire délibérément du mal. Seulement cela, rien de plus. Je ne demande pas la lune.<br /> <br /> - J’aime ton rêve. Je le partage. Mais je ne peux imaginer que Romane soit en danger, qu’elle ne puisse plus vivre normalement.<br /> <br /> - Tu pourrais donc encore faire du mal.<br /> <br /> - C’est possible.<br /> <br /> - Même si tu le fais pour une bonne cause tu perpétues la souffrance.<br /> <br /> - Et si une armée t’attaque, n’est-il pas juste de te défendre? Et pour cela de tuer peut-être? Les animaux ne le font-ils pas pour survivre?<br /> <br /> - Je ne sais pas. Je n’ai pas de réponse à cela.<br /> <br /> - C’est grâce à ceux qui sont morts et qui ont tué que nous sommes ici, vivants, libres de nos choix, de nos paroles et pensées, de nos déplacements.<br /> <br /> - Peut-être as-tu raison. J'aime la vie, passionnément. Mais je ne sais pas si j’ai envie de survivre grâce à la mort de quelqu’un d’autre. Le prix est trop élevé.<br /> <br /> Je prends sa main. La route est déserte. La chaleur toujours aussi lourde, aussi intense et brûlante qu’à midi. Il semble même qu’elle augmente.<br /> <br /> - Je te comprends. Tu ne pourrais pas m’aimer si je suis parmi les tueurs.<br /> <br /> - T’aimer? Bien sûr que je pourrais t’aimer Paul! Mais t’estimer? Je n’en suis pas certaine.<br /> <br /> - Alors je te promets de me tenir à l’écart et de tout faire pour capturer Lone sans le tuer. Cela te va?<br /> <br /> Dans le silence qui suit je sens Elsa tourmentée, contradictoire. Elle ne dit rien mais sa main parle. Nous restons sur ce dialogue inachevé. Chaloux est là et le son des djembés voyage sur les prairies et dans la vallée.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/29/delphine-romane-elsa-partie-33.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 33)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-29:32973352010-08-29T22:48:00+02:002010-08-29T22:48:00+02:00 Je ne vois personne mais je connais les voix. C’est Madame Lebaye. Elle...
<p style="text-align: justify;">Je ne vois personne mais je connais les voix. C’est Madame Lebaye. Elle n’est pas du tout contente. Elle vitupère contre l’autre qui suggérait que Romane s’en aille. «Mais c’est pour sa sécurité.» «Ta ta ta c’est du foin trop sec, ça, vos paroles, même les ânes n’en voudraient pas.» «Et pourquoi pas? Les ânes ils mangent même les chardons. Pourquoi pas du foin sec?» «Mais moi, monsieur, je ne suis pas un âne. Même pas un ânon, ah non, et je ne mangerai pas de ce foin-là!» «Madame Labeye, on va pas se fâcher. Vous voulez quand-même pas que le Lone il s’en prenne à cette dame?» «Lebaye, pas l’abeille, non mais vous écorchez mon nom maintenant?» «Toutes mes excuses Madame Labeye.» «Lebaye, pas l’abeille. Le-ba-ye!»<br /> <br /> La bagarre est entrée dans le village. La chaleur, le feu, la menace qui rôde, cela commence à faire tourner les têtes. J’ouvre la fenêtre et crie: «Laissez tomber, je ne peux pas dormir avec ce boucan!»<br /> <br /> Les voix cessent. Je ferme la fenêtre et retourne au canapé. Impossible de me rendormir, les cris m’ont irrité. Je tourne, me relève, marche en crabe dans la pièce sans un regard à l’ordinateur, prépare un café, me recouche, tourne encore, me lève à nouveau. La cafetière chante, je lui coupe le sifflet et verse une grande tasse où je jette l’un après l’autre, lentement, comme des gouttes de pluie, des morceaux de sucre cassés petits. Ploup! Ploc! Le bruit des sucres dans le café est le métronome de la tension qui monte. Quoi qu’en dise Madame Lebaye le voisin a raison: la tempête monte trop vite, cela ne peut continuer. Si Lone n’est pas arrêté il va se passer quelque chose d’incontrôlable. Lone a largué tout sens social, s’il en a eu. Je repense à ce que disait Pierroun: quelqu’un doit protéger Romane. Il m’a confié cette mission.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/1714377010.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3853991202.jpg" id="media-63753" alt="cafe.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63753" /></a>Elsa vient se coller à mon dos.<br /> <br /> - Tu prend du café sucré ou du sucre au café?<br /> <br /> - Je t’ai réveillée?<br /> <br /> - Je me suis réveillée parce que tu me manquais. Paul, je...<br /> <br /> Elle prend ma tasse et boit une pleine gorgée.<br /> <br /> - Mais c’est du sirop! Elle rit.<br /> <br /> - Ho, laisse mon café. J’ai besoin de sucre.<br /> <br /> - Il y a mieux que le sucre, dit-elle avec malice, en passant sa main sur mon ventre.<br /> <br /> - Elsa, je ne peux pas, ou je ne veux pas, pas encore.<br /> <br /> -Tu ne veux pas quoi?<br /> <br /> - Qu’allais-tu me dire? Tu as commencé une phrase et tu n’as pas fini.<br /> <br /> - Rien. Quand?<br /> <br /> - Avant de boire dans ma tasse?<br /> <br /> - Tu ne veux pas quoi? Toi, réponds-moi.<br /> <br /> Je la regarde dans les yeux. Elle éclate de rire. «Tu as l’air si sérieux» dit-elle, et elle rit encore plus fort. «Je ne comprends rien. Que voulais-tu me dire? Je ne comprends rien. Un bateau chavire dans ma tête.» Elle rit encore. «Chavirons, viens!» Elle m’entraîne vers la chambre. «Non je ne peux pas, je ne veux pas.» «Tu ne veux pas quoi?»<br /> <br /> - Dis-le moi enfin, allez, je brûle de savoir ce que tu vas me dire.<br /> <br /> - Tu le sais, non?<br /> <br /> - Je ne veux pas te deviner.<br /> <br /> - Pourquoi ne pas deviner? Si c’est juste?<br /> <br /> - Je n’aime pas cela. Ce n’est pas clair. Si je parle pour toi, tu parleras pour moi. Et après on ne sais plus qui est qui et qui pense quoi. On fait des devinettes avec les enfants, il faut comprendre ce qu’ils ne savent pas encore dire. Mais un adulte c’est différent. Paul, veux-tu faire un pacte avec moi?<br /> <br /> - Lequel?<br /> <br /> - Promettons-nous de ne jamais penser à la place de l’autre. N’imaginons pas ce qu’il pense tant qu’il ne l’a pas dit.<br /> <br /> - Ne rien penser? Est-ce possible?<br /> <br /> - Non. Mais si nous pensons que l’autre pense, nous pouvons vérifier.<br /> <br /> - Comment vérifier?<br /> <br /> - En lui demandant ce qu’il pense. Ou en disant: «J’ai l’impression que tu pense à ceci. Est-ce juste?» Tu vois?<br /> <br /> - L’idée me plaît. Ne pas prendre la place de l’autre. Penser pour l’autre c’est prendre le pouvoir sur lui.<br /> <br /> - C’est exactement cela.<br /> <br /> - Je n’imaginais pas qu’une femme me propose un tel pacte.<br /> <br /> - Pourquoi?<br /> <br /> - Je ne sais pas. Je pense que c’est plus un truc d’homme. Les filles rêvent et leur coeur suit ce rêve. Les garçons veulent savoir où ils mettent les pieds.<br /> <br /> - Les garçons rêvent aussi. J’en connais un. Il est tout près de moi.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1466882907.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/2295132505.jpg" id="media-63754" alt="Klimt_016.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-63754" /></a><br /> Je la serre contre moi. Moment de grâce après cette nuit de lutte. Elle me fait du bien.<br /> <br /> - Alors, ton pacte?<br /> <br /> - Voilà: nous prenons l’engagement de ne jamais penser à la place l’un de l’autre, et si cela nous arrive nous nous vérifions rapidement. Il n’y aura pas de malentendu entre nous. D’accord?<br /> <br /> - D’accord.<br /> <br /> Nous nous serrons comme pour valider le pacte avec nos corps. Elle aurait pu me demander n’importe quoi. J’aurais signé. Je lui parle à l’oreille. Je lui dis ces choses un peu folles que je ne peux retenir, comme pour lui donner des gages, lui montrer que je m’attache à elle. Pour lui donner une raison de rester, de ne pas s’en aller, car je souffrirais déjà. Elle me répond ces choses un peu folles, la voix hésitante d’un léger doute, doit-elle se livrer déjà ou se taire, mais elle sais que je sais, que je sais déjà, que ces choses un peu folles qu’elle me dit racontent ce que nous savons tous les deux, et je lui réponds d’autres choses un peu folles comme: moi aussi, toi aussi, alors elle me dit: moi aussi, et nous ne vérifions plus rien, nous sommes là, vibrants, comme l’un dans l’autre quand son coeur devient le mien, quand mon coeur est dans sa poitrine et qu’elle sait de l’intérieur ce que je ressens, et qu’elle est comme transparente, et qu’elle sent chaque battement de mon coeur, chaque tremblement comme si c’était elle, et c’est elle, et c’est moi, sans plus de frontière. Un pas de plus vient d’être franchi. Quelques mots comme: je suis si bien, j’aime être avec toi, moi aussi, moi aussi. C’est si peu. Ce peu nous remplit et prépare le chemin à d’autres mots, plus forts. Mais il est encore trop tôt. Et je m’arrache, et je reviens, et je m’arrache encore.<br /> <br /> - Elsa, je veux chercher Lone. Je vais prendre la voiture et rouler.<br /> <br /> - Chercher Lone? Paul c’est dangereux.<br /> <br /> - Chercher ou attendre est dangereux. Nous sommes les amis de Romane: Lone s’en prendra à n’importe qui d’entre nous. S’il apprend que Gilles et Bouki la protègent ils seront aussi en danger. Je ne peux rester dans la peau d’une proie. Je veux le trouver, je veux le chasser pour reprendre le mouvement. Il devient la proie, cela me libère.<br /> <br /> - D’accord. Je viens avec toi.<br /> <br /> - Non Elsa. C’est trop dangereux pour toi.<br /> <br /> - Je ne te laisserai pas seul. Je veux être avec toi. Cela ne se discute pas.<br /> <br /> Elsa quitte sa tenue de nuit pour s’habiller. Elle est nue quelques instants. Je découvre à quel point elle est belle. Belle à mes yeux. Ses formes, son éclat me touchent comme me touche son coeur. Tout est sensible et vivant chez elle. Elle aperçoit mon regard et mon trouble. Elle sourit et finit de s’habiller. Je passe aussi mon jean. En quittant la maison elle murmure à mon oreille:<br /> <br /> - Je me sens bien dans ton regard.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1839082302.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/964744580.jpg" id="media-63755" alt="foret-incendie_Dsw4-domaine-public_01.jpg.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63755" /></a>Nous prenons la voiture. D’abord, retour sur le lieu du feu. Il y a peut-être des traces. Lone doit avoir une cache. Sur place quelques pompiers restent en surveillance. L’eau et les traces de camions ont tout brouillé. A ma question ils répondent que non, ils n’ont pas trouvé de trace de moto, mais que c’est impossible à voir maintenant. Nous continuons, remontons vers Le Revest-les-Brousses, puis Le Largue. Nous poussons jusqu’au Rocher d’Ongles. A chaque chemin de terre nous ralentissons dans l’espoir de trouver des traces de pneus. Mais rien. Je roule au ralenti, je scrute les champs, les pierrailles. J’arrête la voiture et nous écoutons.<br /> <br /> - Si tu le trouves, que feras-tu? me demande Elsa.<br /> <br /> - Je ne sais pas. Je verrai bien.<br /> <br /> - Si tu ne fais rien c’est lui qui fera. En es-tu conscient?<br /> <br /> - Oui. Je peux l’accidenter pour l’affaiblir, après j’appelle la police.<br /> <br /> Elsa n’est pas convaincue. Mais elle me laisse faire en me demandant de ne prendre aucun risque excessif. Aucun bruit. Nous repartons, roulons encore, nous arrêtons à nouveau pour écouter, et repartons plus loin. C’est pendant une de ces haltes que je lui avoue un secret:<br /> <br /> - Elsa, pour le pacte, je dois te dire quelque chose.<br /> <br /> - Qu’y a-t-il Paul? Tu sembles sérieux.<br /> <br /> - Il y a des années, j’ai fais un pacte. J’y croyais, celle pour qui le l’ai fait avait mangé mon coeur de sa tendresse et de tout ce qu’elle était. Je n’ai pas tenu le pacte. Je l’ai blessée durablement. Malgré le temps passé ensemble elle ne s’est jamais réparée.<br /> <br /> - Et alors? Tu penses encore à elle?<br /> <br /> - C’était il y a longtemps. La question n’est plus là. La question est: puis-je tenir un pacte? Suis-je fiable? L’expérience me montre que non. Alors je ne sais pas s’il faut nous engager dans un pacte. Nous engager dans quoi que ce soit.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2315501900.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2739395877.jpg" id="media-63756" alt="paysage-provence.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-63756" /></a><br /> Elsa ne dit rien. Il n’y a que le silence, et le chant lointain d’une cigale égarée sur ce haut-plateau provençal. Et la chaleur qui ralentit les esprit. Elsa prend ma main.<br /> <br /> - Je prends le risque Paul. J’en ai envie. Tu es honnête avec moi, je ne te ferai aucun reproche. Je n’aime pas les reproches. On peut s’engager, et si l’on ne réussit pas on recommence. N’est-ce pas cela la vie?<br /> <br /> Elsa parle comme je pense. Ne pas penser à la place de l’autre, refuser les reproches, recommencer quand on échoue, cela fait partie de ma philosophie. Un enfant se lève et tombe et se relève mille fois avant de marcher. Et quand enfin il marche, quelle fierté dans son regard et dans son corps!<br /> <br /> - Je te sens, Paul. Tu es quelqu’un de bon. Cela est important. Tes défauts, je verrai plus tard. Je prends le risque.<br /> <br /> Ses paroles m’apaisent. Nous redémarrons. Après plus de deux heures passées sur les petites routes nous arrivons à Banon. Maurice est sur la place devant le café et fait signe de me garer. Il accompagne la voiture et me dit par la fenêtre:<br /> <br /> - Monsieur Paul, venez avec nous, nous avons une réunion. Nous organisons une battue. Venez aussi Madame Paul!<br /> <br /> Je gare la voiture. Elsa rayonne:<br /> <br /> - Il m’a appelée Madame Paul! Tu te rends compte?<br /> <br /> - Je me rends compte que tu es prête à te mettre des idées folles en tête. Mais rassure-toi, moi aussi.<br /> <br /> Maurice nous entraîne.<br /> <br /> - Venez, venez, il faut s’organiser. On va l’avoir, ce Lone.<br /> <br /> Il nous entraîne dans la cour d’une petite maison où une vingtaine d’hommes sont assis en rond.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/24/delphine-romane-elsa-partie-32.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 32)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-25:32973272010-08-25T00:23:21+02:002010-08-25T00:23:21+02:00 Chapitre 9 Nous sommes partis après le passage des avions d’eau. Le feu...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 9<br /> <br /> <br /> Nous sommes partis après le passage des avions d’eau. Le feu était sous contrôle, ils ont achevé le travail. Un des pompiers a dit que c’était une chance. Avec la sécheresse et la canicule un feu comme celui-là pouvait embraser le plateau. Le mistral était tombé grâce à un front remontant la vallée du Rhône. D’où le passage nuageux de fin d’après-midi. Air trop sec pour la pluie mais changement de régime des vents.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/615946238.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3987637485.jpg" id="media-63418" alt="OppeBanc.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63418" /></a>Gilles tourne à droite et prend la route de Chaloux. Je gare ma voiture à l’entrée d’Oppedette. Elsa me précède. Elle connaît le chemin. Au bout de la petite rue la terrasse du Café des Gorges est mise comme pour une fête: nappe blanche sur la table, pot de café fumant, tartines et confiture, et surtout Madame Lebaye, Santini, Jo le serveur et quelques voisins qui applaudissent dès qu’ils nous aperçoivent.<br /> <br /> - Bravo! Bravo! Vive les héros! Bravo!<br /> <br /> Jo met de la musique. Je serre les mains et Elsa embrasse. Les félicitations et les vivats durent. Quel accueil! Je ne sais que faire de telles louanges qui me semblent excessives pour le peu que nous avons fait. Je dis que c'était normal. Madame Lebaye affirme que c'était formidable. Elle tire une chaise.</p> <p style="text-align: justify;">- Et bien mon garçon, vous devez être épuisé. Allez allez, assoyez-vous. Jo, sers le café. Je vous prépare les tartines.<br /> <br /> Madame Lebaye s’agite, elle est partout, s’occupe de tout. Il manque une chose.<br /> <br /> - Madame Lebaye, merci. Merci infiniment. Mais il manque une chose: de l’eau fraîche. S’il vous plaît. Et puis on dit: asseyez-vous, pas assoyez.<br /> <br /> - Comme vous le voulez, Monsieur Paul, c’est vous le dessinateur d’histoires. Vous causez la bonne langue.<br /> <br /> Elsa est trop fatiguée pour rester. Elle remercie la petite assemblée, «au revoir, au revoir, merci, excusez-moi» et va se réfugier chez moi.<br /> <br /> - Monsieur Paul, vous direz à la dame de mettre ses habits dans un panier dehors. Je m’en occupe. Je les rendrai comme neufs cet après-midi. Avec la chaleur ils seront secs en une heure.<br /> <br /> Santini se pose près de moi.<br /> <br /> - Jo, tu m’amènes une tasse? Alors, Monsieur Paul, c’était comment ce feu?<br /> <br /> - Chaud, très chaud! J’ai l’impression de cuire encore dedans. Je crois que mes organes sont liquéfiés. Quelle chaleur! C’est de la folie.<br /> <br /> - Il paraît que les pompiers sont venus rapidement.<br /> <br /> - Ça, heureusement. Ils sont très efficaces.<br /> <br /> - Hé, ils s’entraînent. Ils nous coûtent cher. Mais quand on voit le résultat ils le méritent.<br /> <br /> Le chat de madame Lebaye hume l’odeur de brûlé de mes habits, saute sur mes genoux et sent mon visage avant de le lécher. Elle se penche vers moi et dit comme à voix basse - mais assez haute car ce n’est déjà plus un secret:<br /> <br /> - Il parait qu’on a trouvé qui a mis le feu?<br /> <br /> - On le pense, oui.<br /> <br /> - C’est celui qui a fait une folie à Sault, vrai?<br /> <br /> - Possible. Il y avait son nom sur la route.<br /> <br /> - C’est le Guy, de Vachères, qui m’a téléphoné.<br /> <br /> - Guy? Celui du bas? demande Santini.<br /> <br /> - Oui. Il y était. Il paraît que les pompiers ont trouvé le nom.<br /> <br /> - Le nom du salaud?<br /> <br /> - Oui. Vous l’avez vu Monsieur Paul, le nom?<br /> <br /> - Oui Madame Lebaye. Peint sur la route, un peu caché par les cendres.<br /> <br /> - Guy avait raison.<br /> <br /> Une voisine s’inquiète:<br /> <br /> - On n’est plus tranquille depuis ce qui s’est passé. Qu’est-ce qu’il veut?<br /> <br /> - On ne sait pas.<br /> <br /> Un homme resté silencieux prend la parole.<br /> <br /> - Il paraîtrait qu’il en a après une fille, d’après ce qu’on dit. Le bruit a couru à Sault, et après à Apt, il chercherait une femme qui est dans la région. Vous êtes au courant Monsieur Paul?<br /> <br /> - Non.<br /> <br /> - Mais si, une juive il paraît. Une chanteuse. Il y a eu des témoins à Apt, toute la ville ne parle que de lui. Ça serait pas des fois une des trois femmes qu’on a vues il y a deux ou trois jours? Vous avez une idée, Monsieur Paul?<br /> <br /> Une tension monte dans la voix de cet homme. Je préfère ne pas le regarder. La fatigue est une bonne excuse pour éviter ses yeux. Il attend une réponse. Madame Lebaye s’est arrêtée de parler. Comme j’ai la bouche occupée par le café et un bout de tartine je ne réponds pas. Il continue.<br /> <br /> - Parce que si cette femme attire le malheur sur la région, le malheur pourrait la trouver. Moi si j’étais elle, je m’en irais.<br /> <br /> Voilà donc ce qu'il veut dire. Il faudrait qu’elle parte, et dire cela c’est comme la chasser. C’est à elle qu’il fait payer les actions de Lone.<br /> <br /> - Peut-être que votre amie, celle qui est chez vous, là, elle sait quelque chose? Parce que on peut pas rester comme des lapins à attendre qu’il nous brûle ou qu’il nous tire.<br /> <br /> - Oh, ho, doucement, d’abord qu’est-ce que vous en savez?<br /> <br /> Madame Lebaye ne craint pas de le contrer. Cela m’économise une confrontation qui me mettrait mal à l’aise dans ce si petit village.<br /> <br /> - N’empêche, si elle reste, il va se passer quoi?<br /> <br /> - Moi, dit Santini, j’ai mon fusil de chasse près de la porte. Et cette nuit j’ai fermé à clé.<br /> <br /> - Mais s’il met le feu au village votre fusil ne servira à rien. Il faudrait dire à la juive que c’est mieux qu’elle s’en aille. C’est pour sa sécurité.<br /> <br /> Cette fois il va trop loin. Les propos de Romane sur la lâcheté me reviennent. Vais-je le laisser continuer juste pour préserver ma tranquillité?<br /> <br /> - Ça serait bien que vous lui disiez. On était tranquille avant qu’elle vienne. Lone il restait sur Carpentras. Nous on avait la paix.<br /> <br /> La colère monte en moi. Je crache ma gorgée de pain mâché et je le regarde tout droit. Je crois que je vais mordre.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/1105589330.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/4055591108.jpg" id="media-63419" alt="colère4-T-rex.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-63419" /></a><br /> - Qu’est-ce que vous voulez dire? Qu’elle est de trop? Qu’elle apporte le malheur? Non monsieur, elle n’apporte pas le malheur. Le malheur ce n’est pas elle. C’est un fou qui rôde, c’est ça le malheur, mais pas cette fille qui n’a rien fait pour mériter votre mépris! C’est malheureux de vous entendre. Cela vous fait quoi qu’elle soit juive? Vous parleriez autrement si elle allait à la messe ici à Oppedette? L’ennemi ce n’est pas elle. Vous m’avez coupé l’appétit monsieur!<br /> <br /> - Et voilà, vous avez fâché Monsieur Paul! Il a passé la nuit à lutter contre le feu et vous lui parlez d’une manière que, que... que j’aurais préféré ne pas entendre.<br /> <br /> - C’est vrai, dit Santini. Cette dame, si elle se trouve bien par ici, qu’elle reste. Moi je suis prêt à faire la peau à ce Lone.<br /> <br /> - Madame Lebaye, je vous prie de m’excuser, je suis fatigué, je crois que je ferais bien d’aller dormir.<br /> <br /> - Mais bien sûr Monsieur Paul. Allez-y, et reposez-vous. Encore bravo pour tout! Et mettez aussi vos habits dans le panier.<br /> <br /> Je les salue et vais vers ma rue. C’est mieux que je ne reste pas. La fatigue me ferait incontrôlable. En entrant j’entends le bruit de l’eau. Elsa est sous la douche. L’odeur du feu colle a la peau. J’enlève mes habits et les mets dans le panier avec les siens. Je passe un haut de coton léger qui descend aux cuisses et je pose le panier devant la porte. Mon téléphone sonne. C’est Manu.<br /> <br /> - Je te réveille?<br /> <br /> - Tout va bien. Elsa prend une douche et moi je viens de me faire servir le café par quelques voisins. Comment va Romane?<br /> <br /> - C’est pour elle que je t’appelle. Elle m’inquiète. Elle s’est réveillée en arrivant et maintenant elle reste à l’écart. Elle ne parle à personne, même pas à Aïcha. Elle t’a dit quelque chose dans la voiture?<br /> <br /> - Elle se sent coupable. Elle dit que c’est de sa faute. Mais je crois que cela touche autre chose de plus profond.<br /> <br /> - A quoi penses-tu?<br /> <br /> - A ce qu’elle a pu lire ou entendre sur les fours dans les camps de la mort.<br /> <br /> - Tu veux dire qu’elle aurait associé l’incendie et les fours?<br /> <br /> - Peut-être. Mais ce n’est qu’une hypothèse. J’ai eu l’impression qu’elle prenait conscience que ce n’est pas qu’une image ou une mémoire. Cela s’est réellement passé, les camps, les soldats, le gaz, les fours. Il faudrait qu’elle dorme et que quelqu’un ait l’oeil sur elle.<br /> <br /> - D’accord. Je vais m’organiser avec Aïcha. C’est aussi d’elle que je voulais te parler.<br /> <br /> Elsa est sortie de la douche et m’entraîne vers le lit. Nous nous allongeons et elle se serre quelques instants avant de sombrer tout droit dans le sommeil.<br /> <br /> - Qu’y a-t-il avec Aïcha?<br /> <br /> - Quand je suis arrivé elle avait préparé le petit déjeuner. Elle m’a accueilli d’une manière, comment dire? C’est comme si je rentrais chez moi, dans ma maison, et qu’elle y avait sa place. Comme si elle m’y attendait.<br /> <br /> - Oh Manu...<br /> <br /> - Elle a tout fait pour adoucir ma fatigue. Elle a massé mes épaules. Et ce n’est pas tout: elle s’est assise à côté de moi pendant que je prenais le jus d’orange, elle avait mis des fleurs sur la table. Tu vois, elle ne parle pas beaucoup, Aïcha, elle agit. Cela me va bien.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/1962309620.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/1002540076.jpg" id="media-63420" alt="mains.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63420" /></a>- Et alors? Elle s’est assise près de toi, et puis?<br /> <br /> - J’ai pris sa main. Pour la remercier, je crois. Et je lui ai parlé de mon livre, de ma vie, mon appartement. En réalité j’avais une envie un peu folle, je crois que c’est la fatigue. Tu me connais Paul, tu sais que je ne m’emballe pas si vite.<br /> <br /> - C’est même objet de controverse entre nous. Le romantisme nous sépare Manu, dis-je en riant. Continue, je suis impatient.<br /> <br /> - Et bien pendant tout ce temps j’avais envie de lui proposer de vivre ensemble.<br /> <br /> - Là tu me coiffes au poteau! Même moi je ne suis pas si rapide.</p> <p style="text-align: justify;">- Je ne sais pas pourquoi. D'où cela vient en moi? Aucune idée. Je suis rationnel, tu me connais, mais là c'ètait fort, comme, quoi? Comme une évidence.</p> <p style="text-align: justify;">- Tu parles comme moi Manu! Et qu’as-tu fait de ton envie?<br /> <br /> - Rien. Je tenais encore sa main. Elle n’a rien fait pour se dégager. Maintenant elle est vers Romane. Et je suis, comment dire, je me sens déconcentré. Gêné même. Cela ne me ressemble pas. J’ai l’impression d’être un petit garçon. Je ne maîtrise pas.<br /> <br /> - Manu, pas de femme en écrivant.<br /> <br /> Un silence, suivi d’un éclat de rire généreux. Depuis des années nous respectons une règle: ne pas succomber à la séduction ou à une histoire amoureuse quand nous sommes sur un projet d’écriture important. A moins d’être déjà en couple, bien sûr. Nous savons qu’il n’y a pas la place pour élaborer en même temps un livre et une relation amoureuse. Et aujourd’hui nous transgressons cette règle avec une sorte de volupté irrésistible.<br /> <br /> - C’est toi qui me dis cela? Je vais en parler à Elsa.<br /> <br /> - Elle dort. Comme elle est belle quand elle dort. Son visage est paisible. Bon Manu, si tu veux bien nous en reparlerons plus tard. Excuse-moi mais je tombe. Je te rappelle.<br /> <br /> - Ça va Paul. Je vais aussi dormir un peu. Je voulais seulement te dire cela. A plus tard.<br /> <br /> Je raccroche, me dégage doucement d’Elsa et vais prendre une douche. Puis je m’installe sur le canapé du salon où le sommeil me saisit.<br /> <br /> <br /> Des éclats de voix me réveillent. Il est midi. Encore cassé et l’esprit peu vif, je vais à la fenêtre.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>A suivre.</i></p> <p style="text-align: justify;"><i><br /></i></p> <p style="text-align: justify;"><i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/23/delphine-romane-elsa-partie-31.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 31)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-23:32973252010-08-23T17:41:42+02:002010-08-23T17:41:42+02:00 Chapitre 8 Nous sommes épuisés. Manu, dont je connais la résistance...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 8<br /> <br /> <br /> <a href="http://vracdidees.blog.tdg.ch/media/02/02/1724591961.jpg" target="_blank"><img src="http://vracdidees.blog.tdg.ch/media/02/02/1438473614.jpg" id="media-63294" alt="feu-photo_1279387610132-1-0.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63294" /></a>Nous sommes épuisés. Manu, dont je connais la résistance physique, se courbe. Elsa tient encore droite les yeux presque fermés. Gilles parle avec un pompier appuyé contre un camion. Le feu a reculé. Le jour se lève. Je ne vois pas Romane.<br /> <br /> - Elsa, sais-tu où est Romane?<br /> <br /> - Dans la voiture.<br /> <br /> - Elle dort?<br /> <br /> - Je ne sais pas.<br /> <br /> Je vais la chercher. Elle est assise sur le siège arrière, les yeux rougis et fixés sur la forêt brûlée. Son corps tremble.<br /> <br /> - Romane, ça va?<br /> <br /> Elle marmonne quelques mots à voix basse.<br /> <br /> - Que dis-tu?<br /> <br /> Elle répète. Je ne comprends toujours pas. J’approche mon oreille de sa bouche.<br /> <br /> - C’est ma faute, c’est ma faute. C’est à cause de moi.<br /> <br /> Elle ne bouge pas. Tétanisée. Son joli visage pointu est comme un sabre prêt à rentrer dans sa poitrine. Ses yeux pourraient creuser la terre et trancher les montagnes, ou la noyer.<br /> <br /> - Tu es restée là?<br /> <br /> - C’est ma faute. Je sais. Il me cherche.<br /> <br /> - Romane, réponds-moi s’il te plaît. Tu es restée dans la voiture?<br /> <br /> - Oui.<br /> <br /> Elle parle comme un automate. Comme en état de choc. Elle se rend responsable. A cause de la signature de Lone? Elle ne l’a pas vue. Comment peut-elle savoir?<br /> <br /> - Je sais, Paul. Je sais. Ce soir j’ai vu sans voir. Ce que disait mon grand-père s’est révélé: je vois sans voir. J’ai vu Lone, en rêve, pendant que vous combattiez les flammes. J’ai vu la scène où il a mis le feu. Et j’ai peur. J’ai senti sa haine. J’ai aussi senti sa souffrance mais je ne la comprends pas. Il reste sur la haine, Paul, il fera mal, très mal si personne ne l’arrête.<br /> <br /> Je suis impressionné. Romane parle avec une autorité que je ne lui connais pas. Je découvre ce soir sa grande fragilité - son corps et ses mains qui tremblent - et sa force qui vient d’une mémoire d’ailleurs. De son grand-père qui a fuit le nazisme avec sa famille en risquant mille morts? De ce peuple qui laisse en héritage aux générations une force de résurrection plus grande que l’extinction qu’il a frôlé?<br /> <a href="http://vracdidees.blog.tdg.ch/media/02/02/757591299.jpg" target="_blank"><img src="http://vracdidees.blog.tdg.ch/media/02/02/396706513.jpg" id="media-63293" alt="feuforêt-3.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-63293" /></a><br /> - J’entends comme le lynx, et je vois au-delà du visible. J’ai peur, Paul, que va-t-il m’arriver? C’est trop lourd à porter. Je ne veux pas. Je veux une autre vie. Simple. Je veux des enfants, un mari, une maison. Faire de la musique, écrire des chansons d’amour. Je ne suis pas faite pour ce monde. C’est trop lourd. Trop difficile. Mais non, j’attire le malheur. Parfois je comprends mieux le christianisme que la religion de mes parents. Les symboles sont plus clairs. Je suis comme Jésus au jardin des oliviers, il ne veut pas de la mission qui lui est confiée.<br /> <br /> - Romane, tu n’y es pour rien. Lone est un malade, il t’a prise pour cible mais tu n’es pas responsable. Tu n’est pas responsable des malheurs du monde.<br /> <br /> - Mon grand-père se demandait si nous, les juifs, étions responsables de tout ce qui va mal sur Terre. On nous l’avait assez dit. On nous avait mis à l’écart depuis si longtemps. Nous devions bien être coupable de quelque chose. Grand-père n’a jamais su réponde à cette question: de quoi sommes-nous coupables? Il parlait de bouc émissaire. Les humains ont besoin de faire porter à quelqu’un le poids de la peine. Quand ils sont malheureux ils ne savent pas chercher en eux-même leur bonheur. Elsa le fait. Les autres ont besoin d’un coupable. Jamais responsables. Au début c’était le serpent, et Eve. Adam était un lâche. Il s’est caché comme un mioche après avoir mangé la pomme. Il ne s’est pas montré, n’a pas assumé. Et quand Dieu lui a demandé pourquoi il se cachait, il a dit qu’il était nu et qu’il avait honte. Et il a ajouté que c’était à cause d’Eve s’il avait désobéi. Adam s’est montré irresponsable et lâche. C’est cela le péché originel: la lâcheté. Chaque fois que l’on tue un enfant, si nous ne réagissons pas, nous sommes lâches. La peur et la lâcheté ont pourri les humains.<br /> <br /> Je m’assieds près d’elle dans la voiture.<br /> <br /> - Romane, tu ne peux prendre la responsabilité du monde. Lone est responsable de ses actes, tu n’y es pour rien.<br /> <br /> - Lone souffre et personne ne s’en est inquiété. Jamais. Il a été entouré de lâcheté, de gens qui faisaient semblant de rien. Un jour il a tout ressorti dans la violence.<br /> <br /> - Tu n’es pas responsable.<br /> <br /> - Tant qu’une personne souffre sur terre personne ne peut être heureux.<br /> <br /> - Non Romane, tu ne peux par dire cela. Voir les choses ainsi est invivable. Ceux qui sont heureux doivent le rester, pour donner au monde un peu de légèreté et de rédemption. Imagine que Dieu existe et qu’un jour nous soyons devant lui. Il nous demande: qu’avez-vous fait du bonheur? Que pensera-t-il de nous si nous répondons: rien. Si nous lui disons: j’ai souffert parce que je me sentais coupable d’être heureux face à ceux qui souffrent. Crois-tu que Dieu nous féliciterait d’avoir cultivé la souffrance plutôt que la légèreté?<br /> <br /> - Que sais-tu de Dieu?<br /> <br /> - Si Dieu existe il est léger. Forcément. Il ne peut pas être aussi lourd que nos peines, aussi sombre que nos jugements, aussi désespérant que la souffrance. Si Dieu est comme nous il n’offre aucun intérêt! Dieu est léger, joyeux, enthousiaste, sinon il n’est que le miroir de nos errances. La sévérité de Calvin ou de Khomeiny n’ont rien à voir avec Dieu. Ces gens-là ont pris un masque de plomb pour asseoir leur pouvoir.<br /> <br /> - Alors pourquoi tant de sang et de haine? Pourquoi l’Holocauste?<br /> <br /> - Dieu n’a jamais voulu que les juifs soient exclus. Ou alors ce Dieu-là doit être impérativement et définitivement renvoyé aux archives de l’histoire humaine. Un Dieu qui appellerait à la destruction d'un peuple n'est pas Dieu: c'est un monstre.<br /> <br /> - Tu es fou, Paul, tu ne convaincras jamais personne de croire en un Dieu joyeux.<br /> <br /> - Cela m’est égal. Dieu aime nos rires. Il a mal de nos larmes et de nos lâchetés. Bref, ce Dieu-là n’existe pas. Et l’autre est un épouvantail.<br /> <br /> Romane a cessé de trembler. Ses yeux se ferment. Elle s’endort.</p> <p style="text-align: justify;"><i><br /></i></p> <p style="text-align: justify;"><i>A suivre.</i></p> <p style="text-align: justify;"><i><br /></i></p> <p style="text-align: justify;"><i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/20/delphine-romane-elsa-partie-30.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 30)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-20:32973212010-08-20T02:39:00+02:002010-08-20T02:39:00+02:00 Après Vachères nous laissons sur la gauche Aubenas-les-Alpes. Nous...
<p style="text-align: justify;">Après Vachères nous laissons sur la gauche Aubenas-les-Alpes. Nous rejoignons la D55. Un renard traverse devant la voiture, rapide et imprudent. Trop rapide. Normalement les renards s’immobilisent un instant, regardent ce qui vient, et seulement s’enfuient. Celui-ci ne cherche pas à nous <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/4262905427.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2815955285.jpg" id="media-63164" alt="Renard1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63164" /></a>échapper. Il ne s’occupe pas de nous. Je n’ai pas vu ses yeux, rien que la flamme de ses poils. Il venait contre nous, de là-bas, là où le sombre s'étend, où les phares n'éclairent plus, il courait presque à se jeter sous les roues. C’est un comportement inhabituel. J’arrête la voiture. Gilles fait de même. Je descends et vais à sa fenêtre.<br /> <br /> - Trop pressé ce renard. Y a-t-il des cas de rage par ici?<br /> <br /> - Plus depuis les années quatre-vingt. Ils sont vaccinés systématiquement.<br /> <br /> Elsa nous rejoint.<br /> <br /> - Cela sent l’automne.<br /> <br /> - L’automne? L’air est trop chaud. Trop sec.<br /> <br /> - L’odeur est d’automne.<br /> <br /> - Regardez! s’exclame Romane.<br /> <br /> Un autre renard bondit dans les phares et fuit vers l’ombre. Aussi pressé que le premier, glapissant. Un éclair.<br /> <br /> - Je ne connais pas le comportement des animaux, dit Manu. Est-ce qu’ils se poursuivent?<br /> <br /> Personne ne le sait. Pourquoi se poursuivraient-ils? La saison des amours est passée. Une rixe? Manu devine mes pensées.<br /> <br /> - Paul, les bêtes ne sont pas comme des humains avinés à la sortie d’un pub!<br /> <br /> - Alors c’est quoi? Ce n’est pas normal.<br /> <br /> - Je suis d’accord, dit Gilles. Ils sont en stress.<br /> <br /> - Ne sentez-vous pas l’automne? demande Elsa. J’insiste: je le sens et ce n’est pas la saison.<br /> <br /> Que veut-elle dire? Je cherche où est l’automne en été. Soudain je comprends: c’est une odeur de feu de bois et de feuilles, comme en septembre quand les paysans brûlent des tas dans les campagnes. Une odeur de feuilles et de bois brûlé. Odeur de brûlé signifie feu. Je réalise le danger.<br /> <br /> - Quelqu’un fait du feu! Avec cette sécheresse!<br /> <br /> C’est devant nous.<br /> <br /> - Manu, tu vois quelque chose?<br /> <br /> - Non mais la brise vient de l’est.<br /> <br /> - Regarde!<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1613208267.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/1446429425.jpg" id="media-63165" alt="feuforêt1.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-63165" /></a><br /> Les yeux perçants de Romane fixent la pénombre. Un léger rougeoiement danse dans ce qui semble être un bois. Nous reprenons les voitures et démarrons aussi vite que les renards. Nous arrivons à la forêt qui surplombe l’observatoire. La route fait des lacets.</p> <p style="text-align: justify;">Soudain, c’est le feu.</p> <p style="text-align: justify;">Il est là. L’air de rien, rampant dans les taillis au pied de chênes-verts, grimpant sur le talus comme un chevreuil apeuré, fragile et rapide. Etrangement silencieux. Le premier bouquet de flammes en cache un autre, plus loin, hautes comme des tournesols qui grandiraient à vue d’oeil, s’attachant aux arbres plus secs que les ruisseaux, craquant sourdement, puis explosant avant de crépiter dans une gerbe folle. Danse fascinante. Ici le vent s’est levé. Poussés par les flammes des tourbillons se forment qui emportent le feu plus loin, d’arbre en arbre. Il lèche les troncs, court sur les branches, plonge vers les cimes, redescend en cascade. Impossible de savoir où il va. Il grignote, mange, avale.<br /> <br /> - Là, là! dit Romane en montrant le bas du ravin.<br /> <br /> Le feu s’étend sur plusieurs centaines de mètres. L’intense chaleur mange tout le sec du bois.<br /> <br /> - De l’autre côté il y a l’observatoire. J’appelle les pompiers, dit Gilles.<br /> <br /> - Il faut reculer, crie Romane.<br /> <br /> Mais quand nous repartons en arrière elle reste figée sur place. Le feu s’approche.<br /> <br /> - Romane! Viens!<br /> <br /> Elle ne bouge pas. Manu va la chercher. Elle ne réagit plus.<br /> <br /> - Viens, il ne faut pas rester.<br /> <br /> Ses pieds restent collés. Le danger grandit, on nepeut attendre. Manu la soulève et la porte jusqu’à la voiture. Nous reculons vers l’entrée du bois. Alors les sirènes percent le ciel et bientôt les camions des pompiers s’engagent sur la départementale. Ils s’arrêtent vite. Des hommes en descendent. Les silhouettes vont dans un sens, dans l’autre, déroulent de longs serpents remplis d’eau. D’autres, équipés de longs rameaux taillés sur place, frappent le feu qui court dans les herbes basses. Le feu lui, cherche tous les passages: par la paille sèche sur la terre craquelée, par les branchages qu’il arpente comme un écureuil, par les cimes où ses bonds forment les arcs. C’est la nuit. Il n’y aura pas de bombardiers d’eau avant plusieurs heures. Il faut les aider. Je rejoins les pompiers et armé d’un épais rameau je commence à lutter comme eux contre les flammèches au sol. Elsa me rejoint avec Manu et Gilles. Tous nous prêtons notre force aux soldats du feu. Ils indiquent un périmètre herbeux proche des lances d’arrosage où nous pouvons nous battre en sécurité. Alors commence une longue nuit.<br /> <br /> Une nuit de peur, de révolte, de courage. De bataille. Mètre par mètre nous avançons. Puis reculons devant un tourbillon qui prend le dessus. Et nous recommençons. L’action nous pense. La chaleur cuit nos yeux, assèche les poumons, et les foulards de fortune pris dans nos chemises déchirées, s’ils filtrent les poussières et les cendres, ne diminuent pas le brûlant de l’air. Parfois une bruine venue d’un bord de jet de lance nous rafraîchit quelques secondes avant de rebondir en vapeur. D’autres camions arrivent par en bas, par Saint-Michel. Des hommes et des femmes des alentours se joignent à nous.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/2832475243.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1955456542.jpg" id="media-63166" alt="feu-article_feu-athene.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-63166" /></a>Ici tous savent ce que signifie le feu. Le feu, c’est leurs maisons menacées, les récoltes perdues, la sécheresse qui s’accentue. Le feu c’est le diable sorti de sa cachette pour venir rire sous leur nez et courir les campagnes sans rien pour l’arrêter. Que faisaient les humains avant, il y a cinq siècles, ou dix mille ans, quand le feu ravageait tout? Pas de camion, pas de réserve d’eau ni de tuyau. Il fallait fuir, vite, plus vite que les flammes. Beaucoup y restaient. La vie qui aujourd’hui semble plus sûre était si fragile. Mais toujours les humains ont recommencé. Ils ont semé à nouveau, élevé des bêtes qu’ils ont conduites vers des pâtures généreuses. C’étaient les grandes transhumances, traces du nomadisme, que ponctuaient des fêtes où l’on célébrait la vie avec ferveur, allégresse et toutes sortes d’excès. Il y a dix mille ans commençait la vie d’élevage et d’agriculture. Une terre brûlée affaiblissait un clan pour plusieurs années. Le pouvoir changeait de mains à cause d’une inondation ou d’un incendie. Mais à chaque fois ils ont recommencé, inlassablement, recommencé à vivre, à se reproduire, à planter et cultiver, à rire et à chanter, à s’enivrer d’amour et de vin. A chaque fois ils ont oublié les morts, les pertes, à chaque fois ils ont repris le bâton de pèlerins, pèlerins sur la Terre, cette Terre qu’ils ont peu à peu apprivoisée.</p> <p style="text-align: justify;">La même angoisse vient aujourd’hui avec ce feu, la même fragilité insondable. Minutes après minutes, heures après heures, nous luttons aux côtés des hommes des brigades de Forcalquier, d’Apt, de Manosque et de Banon. La fatigue engourdit nos épaules et parfois le découragement nous gagne quand le feu reprend en quelques secondes le bout de terre pour lequel nous nous battons depuis un bon quart d’heure. Mais nous ne lâchons pas. Je reste près d’Elsa. Parfois je l’observe: son énergie, son courage, sa détermination sont admirables. Sa robe n’est plus blanche, recouverte de cendres et de traces foncées comme un tableau impressionniste dans la lueur du feu et des projecteurs des pompiers. Un tableau en mouvement. Cette femme est magnifique. Je réalise alors ma chance de la connaître. Et cela me donne du courage, et je bats l’herbe plus fort pour en chasser le feu, et je regagne les mètres volés dans une rage radieuse et puissante.<br /> <br /> Le feu continue à manger du bois et la partie près de la route est maintenant lunaire: cendres, troncs noircis, odeur âcre. Les camions d’en bas et d’en haut se regroupent et concentrent leurs efforts. Un homme semble avoir découvert quelque chose. D’autres s’approchent de lui. Je les rejoins. Sur le bitume humide, quatre lettres, comme une signature, écrites à la peinture rouge et blanche, un spray probablement: «Lone».</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>A suivre.</i></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/16/delphine-romane-elsa-partie-29.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 29)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-16:32973122010-08-16T09:45:00+02:002010-08-16T09:45:00+02:00 Ma question laisse place au silence. Un long silence. Elsa ferme les...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2657212810.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2853872014.jpg" id="media-62905" alt="desert-sunset.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62905" /></a>Ma question laisse place au silence. Un long silence. Elsa ferme les yeux. Je n’insiste pas. Lui laisser son temps. Négocier les virages de cette petite route. Négocier le silence. Lui accorder tout ce qu’elle veut. Mais ne rien laisser sans réponse. Tourner, encore tourner. «Fais le tour, disait le Courbe». «Non, va tout droit, disait le Raide». Il n’y a pas de chemin tout droit. Pas ici. Pas maintenant. Le sujet est circonflexe. Il monte et descend. Sa respiration le dit: calme, puis tendue. Agitation. Apnée. Calme à nouveau. Le corps décrit le voyage de son esprit. Epaules en bas. Tension, épaules en haut. Relâche,épaules en bas. Sourire. Lèvre hésitante. Paroles.<br /> <br /> - Aimer le chocolat?<br /> <br /> Elsa sourit. Je vais dans son sens.<br /> <br /> - Oui, le chocolat.<br /> <br /> - Ou un lever de soleil?<br /> <br /> - Oui: un lever de soleil.<br /> <br /> - Un lever de soleil sur le désert. D’abord il n’y a rien. Rien que les étoiles. Et du sable. Je ne le vois pas, je le sens sous mes pieds. Le sol est inégal, en mouvement. Il crisse à chaque pas, je marche vers la première lueur, là où les étoiles pâlissent. Je marche dans un oued asséché. Ni dune proche ni montagne au loin. C’est le sud marocain. Le sud de Zagora, la vallée du Draa. En été la nuit reste chaude. La lumière monte vite. Il fait déjà clair. C’est un très beau lever de soleil. La chaleur monte comme un vent. Je marche et transpire déjà. Un mouvement dans le sable, une morsure au talon. Je pense avoir touché un petit épineux. C’est un serpent du désert. Je suis déjà loin de la palmeraie. Trop loin pour retourner. Bouger est dangereux. Je m'assied. Je frictionne la plaie avec mon essence de lavande. Les bergers provençaux l’utilisent contre les scorpions et les vipères. J’attends. Mon pied enfle. La chaleur monte, ma chaleur monte aussi, je sens la fièvre. Assez vite je vois flou. Puis très lumineux, puis sombre, et je ferme les yeux. Une force inconnue prend possession de mon corps. Je suis mal. Très mal. Des spasmes, de la sueur, le souffle court: je me sens mourir. C’est étrange. Un grand calme. Je suis comme dans un rêve. Je pars sur une route, comme une route d’été, sans possibilité de faire demi-tour.<br /> <br /> Elsa se tait. Le moteur ronronne. L’air du soir, chargé de chaleur et de parfums sauvages, tourne dans la voiture, de fenêtre en fenêtre. Sa respiration s'apaise.<br /> <br /> - Je me suis réveillée dans une pièce sombre. Une voix de femme a glissé dans mon oreille. J’ai ouvert les yeux. Je l’ai vue, penchée sur moi, elle posait un chiffon humide et frais sur mon front, mes joues, mon cou. J’avais mal partout. J’étais couchée sur un matelas. La femme a appelé. Un homme est venu, habillé d’une blouse blanche sur son jean.<br /> <br /> - Alors, madame, on se réveille? Vous nous avez fait peur.<br /> <br /> - Où suis-je?<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/2595139537.jpeg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2939575999.jpeg" id="media-62906" alt="maison-terre-maroc-ange-gardien-L-2.jpeg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-62906" /></a><br /> - Au dispensaire de la palmeraie. Je suis le docteur Meksha.<br /> <br /> - Je suis là... depuis quand?<br /> <br /> - Deux jours. Depuis deux jours, et on ne pouvait pas dire de quel côté vous alliez tomber. Votre corps s’est battu, battu, par moment il relâchait. J’avais très peur pour vous.<br /> <br /> - Comment suis-je venue ici?<br /> <br /> - Demandez-le à Aïcha, dit-il en tendant la main vers la femme.<br /> <br /> - Aïcha?<br /> <br /> - Ne vous fatiguez pas, Madame, reposez-vous.<br /> <br /> - Non dites-moi.<br /> <br /> C’est ainsi qu’Elsa avait connu Aïcha.<br /> <br /> - Elle habitait en France. Elle était revenue pour ses vacances. Elle savait que j’étais partie dormir dans le désert. Je devais rentrer après le lever du soleil. J’avais laissé mes affaires à l’hôtel. Elle y est passé le matin, on lui a demandé si l’on m’avait vue.<br /> <br /> Aïcha s’était inquiétée. On ne laisse pas dans le désert quelqu’un qui ne donne pas de nouvelles. C’est la survie: on doit se protéger mutuellement.<br /> <br /> - J’ai eu un pressentiment. J’ai demandé à mon frère de me conduire. Il a une vieille jeep. On vous a trouvée et ramenée ici.<br /> <br /> - Alors... je vous dois la vie?<br /> <br /> - Ce que j’ai fait est normal. N’importe qui aurait agi pareil. Vous aussi à ma place. Dès que vous pourrez vous lever je vous invite dans ma famille.<br /> <br /> Le soir même Elsa s’installait dans la chambre d’Aïcha. Elle resta une semaine dans cette famille, et cela devint sa deuxième maison tant la générosité dans laquelle elle fut accueillie était grande.<br /> <br /> - Aïcha est maintenant une amie très proche. Pour ce qu’elle a fait je l’aime. Je l’aime pour toujours. Quoi qu’elle fasse elle restera mon amie. Voilà, Paul, ce que c’est d’aimer pour moi.<br /> <br /> Une autre question me brûle. Mais rien ne presse. Nous approchons de Saint-Michel.<br /> <br /> <br /> A suivre.<br /> <br /> <br /> <i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;">Tous les épisodes ici</span></a>)</i><br /> <br /> <i>Image 1: Vladimir Bellon</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/13/delphine-romane-elsa-partie-28.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 28)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-13:32973072010-08-13T17:10:35+02:002010-08-13T17:10:35+02:00 A table on discute. Romane veut tout savoir. A quoi servent les animaux,...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/3409437985.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2188369619.jpg" id="media-62735" alt="Saint-Michel-l-Observatoire-04870.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62735" /></a>A table on discute. Romane veut tout savoir. A quoi servent les animaux, qui a inventé le jeu, comment on trouve le sien. Aïcha soulage Bouki. Elle fait le service. Ma tête est ailleurs. Avec Elsa. Envie de m’en aller avec elle, de courir là, dans la vallée, rouler dans l’herbe, et la regarder pendant des heures. Pendant que les autres parlent bêtes je respire l’odeur de sa peau, éclaboussure légère sur les cascades du vent. Le ciel m’a entendu: balayé par l’air chaud le nuage part en poussière. Le bleu implacable et brûlant revient. Un ballet de papillons descend du figuier, fait une ronde sur nos têtes et continue vers l’arbre à palabre. Les chats sont étendus sous la table.<br /> <br /> Enfin le repas se termine. Je distribue le plan de route. Elsa et moi dans ma voiture, les autres dans celle de Gilles. Environ 30 kilomètres de petites routes dans les pins et la garrigue. Partout des parfums de thym et de lavande sauvage. Le mistral est tombé. Elsa semble soucieuse.<br /> <br /> - Paul, nous ne pouvons pas rester longtemps au gîte. Nous avons payé la location de notre hébergement, nous n’avons pas les moyens pour Chaloux. Je peux habiter chez toi mais Aïcha et Romane?<br /> <br /> - Qu’avez-vous convenu avec Bouki?<br /> <br /> - Elle va faire ses calculs.<br /> <br /> - Je vais en parler à Manu. Nous vous aiderons. Ses livres se vendent bien, il pourrait prendre en charge une partie des frais. De mon côté je vais demander une avance à mon éditeur.<br /> <br /> - Non Paul, nous ne voulons pas être des charges. Aïcha n’acceptera pas. Moi non plus.<br /> <br /> - C’est une situation exceptionnelle, Elsa. Peu importe votre fierté.<br /> <br /> - Lone va peut-être abandonner sa chasse. On ne sait pas ce qu’il veut mais quelle raison aurait-il de s’accrocher à Romane?<br /> <br /> - Prendrais-tu le risque d’essayer?<br /> <br /> - Non, tu as raison. Nous pouvons aussi écourter nos vacances.<br /> <br /> - Et pourquoi? Ce n’est pas juste.<br /> <br /> - Ce n’est peut-être pas juste. C’est simplement raisonnable. S’il y a une menace aussi grave, si nous ne pouvons nous mettre à l’abri, nous devrions rentrer.<br /> <br /> - Non. Pas d’accord. Il faut que l’on vous aide.<br /> <br /> - On ne se connaît pas, je ne veux rien te devoir.<br /> <br /> - Tu ne me dois rien, tu es mon invitée.<br /> <br /> - Soit, mais pas les autres.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1350157267.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/902805220.jpg" id="media-62736" alt="Observatoire1.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-62736" /></a><br /> - Elles devront bien accepter l’aide. Parlons-en demain avec elles.<br /> <br /> - Si tu veux. Elles n’accepteront pas.<br /> <br /> - Nous verrons. Je ne veux pas que tu t’en ailles.<br /> <br /> - Je ne veux pas te quitter, dit-elle dans un souffle.<br /> <br /> Nous roulons maintenant vers Vachères en direction de Saint-Michel-l'Observatoire. Dans le silence qui suit je pense à l’éventualité de son départ. Chaque heure qui passe m’attache à elle. Bon sang, vais-je me relancer dans une relation forte? J’ai connu, j’ai eu mal comme jamais. Il m’en reste une montagne d’incertitudes et de fragilité. Je crois que je ne sais pas aimer. C’est ce que je me dis depuis ce temps d’abîme. C’est quoi aimer? Vibrer, monter au ciel, désirer l’autre, se faire du bien. Avoir envie de passer du temps, de rester ensemble. Avoir des sentiments. Enfin, je crois que c’est un peu tout cela. Etre vrai, authentique. Non, pas cela. J’ai voulu tout dire, être transparent, tellement j’aimais. Résultat catastrophique. Montrer mon chemin intérieur a été la pire des choses. Les malentendus, les blessures d’abandon supposé, les jugements se sont enchaînés. Être moi-même: ce n’est pas ce qu’elle me demandait. Elle me demandait d’être là pour elle, je n’ai réussi qu’à la déstabiliser. Aujourd’hui je ne suis plus en accord avec cette transparence. Il faut donner ce qui est attendu, prévisible, et laisser le reste derrière mes yeux et derrière ma langue. Je n’en sais rien, je pense cela mais mon coeur n’est pas satisfait de cette perspective un peu trop fonctionnelle à mon goût. J’ai de trop grandes attentes, c’est impossible d’y répondre. Mais comment puis-je faire autrement?<br /> <br /> J’aimerais savoir comment Elsa aime. Je n’ose lui poser la question, c’est trop direct, trop tôt. Déjà trop plein d’attente. Je lui parle d’autre chose.<br /> <br /> - A quoi travailles-tu?<br /> <br /> - Comment à quoi?<br /> <br /> - Enfin, quel est ta profession.<br /> <br /> - Je préfère la première formule: à quoi je travaille.<br /> <br /> - Alors, dis-moi, dis-le moi, je connais encore si peu de toi.<br /> <br /> - Je travaille au bonheur.<br /> <br /> - Que veux-tu dire?<br /> <br /> - Je travaille à mon bonheur. J’ai décidé d’être heureuse et je fais ce qu’il faut pour.<br /> <br /> Je suis surpris de cette profession de foi. Je n’imagine pas le bonheur comme fruit d’une volonté.<br /> <br /> - Comment peut-on décider d’être heureux comme si cela dépendait de nous?<br /> <br /> - Mais cela dépend de nous!<br /> <br /> - L’origine du mot signifie: bon événement. Nous ne décidons pas des événements, ils viennent à nous. C’est souvent imprévisible.<br /> <br /> - C’est vrai, beaucoup des choses de la vie viennent sans qu’on les demande. Mais nous pouvons décider de notre manière d’y réagir.<br /> <br /> - Comment fais-tu?<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/47985121.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/3100678301.jpg" id="media-62737" alt="paysagePro1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62737" /></a>- Je ne sais pas. Je cherche où est le bon côté. Il y a toujours un bon côté des choses. Parfois cela prend des années pour le découvrir. J’ai accéléré le temps. Et j’ai décidé de garder un regard positif quoi qu’il arrive.<br /> <br /> - Tu ne souffres jamais?<br /> <br /> - Si. Bien sûr. Je souffre parfois.<br /> <br /> - Alors cela ne marche pas.<br /> <br /> - Qu’est-ce qui ne marche pas?<br /> <br /> - Tu n’es pas toujours heureuse. Ton système ne marche pas.<br /> <br /> - En effet je ne suis pas toujours heureuse. C’est quand je ne trouve pas le bon côté. Ou quand je suis trop blessée.<br /> <br /> - Cela t’arrive?<br /> <br /> - Pourquoi serais-je épargnée?<br /> <br /> - Tu sembles sûre de toi, presque imperméable.<br /> <br /> Elle rit, reste songeuse, et rit encore.<br /> <br /> - Tu me vois imperméable?<br /> <br /> - Un peu. Je ne sais pas. Pas trop. Mais tu sais où tu vas, je te sens avec cette force plus grande que la souffrance. Et puis il y a ton rire. Un rire qui donne du bonheur.<br /> <br /> Elle rit encore, comme pour apaiser mon coeur qui se pose trop de questions.<br /> <br /> - Elsa, c’est quoi aimer pour toi?</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>A suivre.<br /> <br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/10/delphine-romane-elsa-partie-27.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 27)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-10:32973002010-08-10T21:26:08+02:002010-08-10T21:26:08+02:00 Chapitre 7 La table est mise. Debout à côté d’un buisson de romarin...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 7<br /> <br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/1784275032.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/422165178.2.jpg" id="media-62598" alt="Sault2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62598" /></a>La table est mise. Debout à côté d’un buisson de romarin Romane regarde l’autre versant de la vallée. La fraîcheur incertaine du nuage égaré coule sur ses épaules. Sur l’autre versant il y a la vie ou la mort. On ne peut tout avoir. On n’est pas au soleil et à l’ombre en même temps. On vit ou on ne vit pas. Il y a mille manières de ne pas vivre. Elle les connaît. Attendre que la vie tombe toute seule dans son bec en est une. Vivre en princesse inutile, couverte de cadeaux que l’on paie d’un repas, de quelques regards. Ou d’une écoute que l’on dirait attentive quand elle n’est que polie. Parfois d’un lit sans lendemain. Se replier dans la peur. Vivre n’a que faire de la peur. La peur est mourir, mourir à la parole, la parole qui nous dresse devant la mer, qui hisse les voiles, et tant pis pour les tempêtes!<br /> <br /> Ombre et soleil. Tempête et immobilité. Elle voudrait tout. Aucun des hommes rencontrés n’a su lui offrir ce tout. Avec eux elle aurait dû choisir, soit la tempête, soit l’immobilité. Mais Romane ne choisit pas: choisir c’est perdre cette urgence où elle trouve une raison d’être et son inspiration. Elle s’en va toujours avant de choisir. Une fois elle est restée. Enfin, restée plus longtemps. Avec un homme qu’elle aimait plus que les autres et qui lui offrait tout, la lumière et l’ombre. Elle n’a pas supporté cette ombre que la lumière rendait trop palpable. L’ombre, voyage dans les fragilités, les blessures et le doute. Elle ne disait rien. Pourquoi ne parle-t-elle pas aux hommes? Elle fait comme son grand-père: ce qui doit être dit passe dans le regard ou dans les silences. Mais cela ne marche pas ainsi. Elle accumule les dissonances. Elle rêve trop, pense que l’amour suffit à installer une relation dans l’éternité. L’éternité est courte quand on garde ce qui blesse derrière ses lèvres ou derrière son coeur. La petite fille en Romane peine à grandir. Peur de parler, de détruire les moments magiques. De dire des bêtises. Peur de perdre l’amour. Elle s’en va avant. Avec cet homme elle a profité d’un malentendu pour disparaître. Après elle s’est donné des raisons. Elle a même réussi à le détester. Elle ne sait pas réparer. Elle préfère du neuf, où rien n’est encore corrompu par la peur et le malentendu. Ce qu’elle pense être de la corruption étant inévitable elle ne reste jamais longtemps.<br /> <br /> Elle ne sait pas si elle préfère être seule. Elle est seule. Elle n’est pas certaine de l’avoir choisi. Si elle devait choisir sa vie aujourd’hui elle poserait des questions. Des questions concrètes. Sur Lone par exemple: pourquoi traduire une souffrance personnelle en volonté meurtrière? Est-ce même une souffrance, ou une anomalie mentale? Sait-il encore distinguer le bien du mal? La philosophie n’a aucune réponse à ce genre de maladie. Pas plus qu’aux dérives de personnalités troublées. C’est sa limite: rester dans la globalisation de l’humain. La philosophie n’est pas faite pour les cas particuliers. Même pas pour elle. Pour elle il y a la psychologie. Tenter d’expliquer le comportement humain en faisant un glisser-déposer de l’individu sur une description livresque. Une pratique qu’elle déteste malgré ses études en psycho. Son travail avec des adolescents ne laisse place à aucune tentative d’explication liée à leur enfance. Leur parler de traumatisme est inefficace. L’enfance, ils n’en veulent plus. Ils ont besoin d’être entendus au présent. Et elle, qui l’entend? Elle-même ne s’entend pas toujours. Elle court en avant, écrit, compose, vit dans l’urgence d’une tempête jamais apaisée. Cette fois la tempête est réelle. Elle rode sur le plateau.<br /> <br /> La cloche sonne le repas. Bouki a confectionné un bouquet zen avec des herbes sauvages entrelacées, qu’elle pose au milieu de la table.<br /> <br /> - Attachées ensemble elles seront moins sauvages.<br /> <br /> - Ou plus, va savoir, dit Gilles en souriant. Moi je me méfierais: elles pourraient donner des idées.<br /> <br /> - Quel genre d’idées? demande Romane.<br /> <br /> - Des idées sauvages.<br /> <br /> - C’est bon pour leurs animaux.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/01/4234634904.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3091143266.jpg" id="media-62599" alt="animaux1.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-62599" /></a><br /> De la salle de cours les animaux s’élancent dans le jardin. Petits groupes aux sonorités inattendues: rugissements, glapissements, hululements, hurlements, hennissements. Aux gestuelles approximatives. Comment mimer un cheval ou un renard? Suggérer, cela suffit. Des coups de griffes, des morsures, soutenus par des regards fauves.<br /> <br /> - A table! crie Aïcha.<br /> <br /> La ménagerie s’approche du point d’eau - de la tonnelle. Elsa descend de sa chambre. Elle porte une robe légère blanche. Elle semble danser. Il y a une grâce en elle, ce quelque chose qui est plus que le corps, plus que la beauté. Elle s’assied près de moi, se colle à moi, me regarde avec les yeux brillants comme des pierres précieuses.<br /> <br /> - Je suis très heureuse, Paul. Si heureuse de te connaître et d’être près de toi. Depuis longtemps mon petit coeur n’avait pas chanté pour quelqu’un. Je veux dire pour quelqu’un en particulier.<br /> <br /> - Tu t’es changée. Comme tu es belle!<br /> <br /> - Merci! C’est pour toi. Pour nous. Je me sens belle. J’aime ton regard sur moi.<br /> <br /> - Tu m’as déjà dit cela, te souviens-tu?<br /> <br /> - Oui, dans les gorges le premier jour. Je me sens belle et libre d’être moi-même dans ton regard.<br /> <br /> - Alors je vais te dire un secret: moi aussi j’aime ton regard sur moi. Mais ne le répète à personne. Le monde est plein de voleurs de regards.<br /> <br /> - Personne ne peut me le voler.<br /> <br /> - Je connais les hommes.<br /> <br /> - Personne ne peut me voler. Certains ont essayé. Ils ont tous échoué.<br /> <br /> - Tu sais si bien ce que tu veux?<br /> <br /> - Je le sais très bien. Et ce que je ne veux pas. Personne ne peut me détourner si je ne l’ai pas clairement décidé. Et je veux passer du temps avec toi. Parler, te regarder écrire.<br /> <br /> Je fais mine d’être contrarié.<br /> <br /> - Seulement passer du temps? Je n’aime pas trop l’idée d’être un passe-temps.<br /> <br /> - Ce n’est pas ce que je veux dire. Passer du temps c’est déjà beaucoup. Je ne peux demander plus, nous nous connaissons à peine. Passer du temps cela veut dire te voir vivre, t’entendre respirer. J’aimerais te découvrir au-delà de ce que je ressens. Je veux bien habiter dans ta petite maison, si tu me le proposes toujours.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3788701945.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2375006845.jpg" id="media-62600" alt="lumiere.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62600" /></a>- Bien sûr! Dès ce soir si tu veux.<br /> <br /> - Oui, je le veux.<br /> <br /> - Alors nous prendrons tes affaires avant d’aller à l’observatoire. Le lit n’est pas très confortable. Et petit. Je dormirai dans l’autre pièce.<br /> <br /> - Trop petit pour être à deux?<br /> <br /> - Non, ce n’est pas cela.<br /> <br /> - C’est quoi?<br /> <br /> - Parfois je me lève la nuit pour écrire, j’ai besoin d’être libre de mes mouvements.<br /> <br /> - Moi j’aimerais seulement te sentir et t’entendre au réveil. Boire le café avec toi. Mais tu feras comme tu veux, cela me va. Je n’aime pas imposer mes exigences. Passer du temps avec toi est déjà génial, cela me suffit.<br /> <br /> - Pourvu que cela dure! dis-je en riant.<br /> <br /> - Quoi? Tu aimerais que cela dure?<br /> <br /> - Je blague.<br /> <br /> - Oui. Peut-être.<br /> <br /> - Ou pas.<br /> <br /> - Tu vas plus vite que moi!<br /> <br /> - Je suis très touché par toi. Plus que touché.<br /> <br /> - Oh oh, monsieur l’écrivain qui n’écrit pas, qui regarde trop les filles! Quel délicieux aveu!<br /> <br /> Elle me donne un baiser rapide et tendre avant de rire de la rougeur qui gagne mon visage.<br /> <br /> - J’aime ton rire, Elsa. J’aime te voir être.<br /> <br /> Aïcha s’impatiente.<br /> <br /> - Oh les amoureux, vous venez?</p> <p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <i>A suivre.<br /> <br /> <br /> (<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i><br /> <br /> <br /> <br /> Image 3: <a target="_blank" href="http://www.quidam.fr/studio/galerie/photographie/article/chemin-vers-la-lumiere">Benoît Labourdette</a></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/06/delphine-romane-elsa-partie-26.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 26)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-06:32972952010-08-06T08:50:00+02:002010-08-06T08:50:00+02:00 - Aïcha! Aïcha! Romane grimpe maintenant l’escalier qui va vers la...
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/2113901552.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/1815086537.jpg" id="media-62420" alt="murs-provence.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62420" /></a>- Aïcha! Aïcha!<br /> <br /> Romane grimpe maintenant l’escalier qui va vers la cuisine et l'appartement de Bouki.<br /> <br /> - Aïcha! Il faut que je te dise!<br /> <br /> Sur l’esplanade en haut de l’escalier, à l'ombre d'un parasol, Aïcha écosse les haricots avec Bouki et Gilles. Quatre chats sont couchés sur le muret. Romane, débordante de ferveur, raconte son aventure dans le ravin. Gilles l’écoute. Il n'est pas surpris.<br /> <br /> - Il se passe parfois des choses étonnantes dans ce ravin. Certaines personnes disent y avoir vu un elfe, ou une sorte de présence qui faisait penser à un elfe. C’est un lieu de méditation.<br /> <br /> Romane paraît déçue.<br /> <br /> - Ce que je viens de vivre n’est pas unique?<br /> <br /> - C’est unique. Mais tu n’es pas la seule.<br /> <br /> - Comment est-ce unique si je ne suis pas la seule.<br /> <br /> Bouki sourit.<br /> <br /> - C’est unique à toi. Ta vision t’appartient. Personne d’autre ne la vivra.<br /> <br /> - Ce n’est pas qu’une vision: c’est incroyable, j’entendais les sons de très loin, comme si mon audition était multipliée.<br /> <br /> - Ici des personnes du groupe travaillent avec des représentations d’animaux, reprend Gilles. Chaque animal possède des qualités particulières, et le vivre développe en nous ces qualités.<br /> <br /> - Ils vivent l’animal? Comment font-ils?<br /> <br /> - J’en sais ce que l’on me raconte. Il y a d’abord une identification de l’animal par ce que l’on connaît de lui. On cherche ensuite quels aspects nous intéressent pour notre recherche personnelle. Ils laissent passer un jour ou deux, puis un soir ils partent dans la nature.<br /> <br /> - Et alors?<br /> <br /> - Alors ils entrent dans la peau de l’animal, continue Bouki. Ils ne parlent plus l’humain. Les sons et les mouvements sont inspirés de leur animal.<br /> <br /> La jeune femme à la panthère arrive de la salle où le cours de l'après-midi se termine, et se mêle à la conversation.<br /> <br /> - Les prédateurs mangent, les proies sont mangées, comme dans la vie! dit-elle en riant.<br /> <br /> - Quand ils sont mangés, ils ont perdu?<br /> <br /> - Non. Il n’y a pas de perdant. Ce n’est pas le but.<br /> <br /> - Mais s’ils sont morts?<br /> <br /> - Ils revivent chaque fois autant qu’ils veulent. On apprend quelque chose d’être proie et de mourir.<br /> <br /> - Et comment se comprennent-ils? demande Romane, intriguée par ce qu’elle ne sait comment nommer: ce jeu de rôle? Cette sorte de théâtre?<br /> <br /> - Nous parlons l’animal. Nous somme l’animal.<br /> <br /> - C’est comme toi dans le ravin. Tu es devenue l’animal.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/00/609681888.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1146876524.jpg" id="media-62421" alt="colorado-rustrel_0166.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-62421" /></a><br /> Bouki comprend bien ces choses-là. Elle sait les dire.<br /> <br /> - Et vous jouez où?<br /> <br /> - Guillaume nous a parlé d’un endroit extraordinaire avec des falaises d’ocre.<br /> <br /> - Le Colorado. Une ancienne carrière.<br /> <br /> - Voilà, dit Aïcha, les haricots sont prêts. De quoi as-tu besoin?<br /> <br /> - Si tu veux bien préparer la table et sortir le pain? Vous mangez sous la tonnelle?<br /> <br /> - Oui! dit la panthère.<br /> <br /> - Il faut tout transporter.<br /> <br /> - Tu m’aides Romane?<br /> <br /> Pendant que les deux filles s’activent un nuage vient s’étendre sous le soleil. Le premier depuis des semaines. Une traîne d’orage. D’un orage qui ne pleut ni ne tonne. Un souffle se lève avec l’ombre. La chaleur ne diminue pas mais on a l’impression de mieux respirer. La voix de Paul s’élève du chemin.<br /> <br /> - Ah non! Non! Pas de nuage!<br /> <br /> Elsa rit. Depuis le bois nos mains moites ne se quittent pas. Nous arrivons au gîte.<br /> <br /> - Et bien, quoi? Une contrariété? demande Gilles appuyé sur le muret.<br /> <br /> - Non, ce n’est pas possible. Le seul jour où il ne faut pas de nuages!<br /> <br /> - Pourquoi?<br /> <br /> - A cause de la soirée ouverte à l’observatoire ce soir. Nous y allons. Alors, pas de nuage, justement pas aujourd’hui!<br /> <br /> Tout le monde rit. C’est assez cocasse une plainte contre un pauvre nuage inoffensif alors que jour après jour la canicule tasse un peu plus les gens, la plaine et les collines. Jusqu’à Lure et son sommet pelé qui semblent au loin se dessécher comme un melon brûlé. Je propose à qui le souhaite de se joindre à nous. Romane est partante. Aïcha a du travail. Bouki répète sa musique. Gilles viendra.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/2893915462.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/3607696087.jpg" id="media-62422" alt="Abeilles-sur-cadre-necta.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62422" /></a>Elsa se joint à Aïcha pour préparer la table. Je la regarde marcher. Son mouvement me remplit. Fluide, tranquille. Et cette clarté dans ses gestes: tout d’elle est limpide. Je respire à son rythme. Elle se retourne et me sourit.<br /> <br /> - Tu viens?<br /> <br /> Je les rejoins et prends la pile d’assiettes blanches que Bouki m’indique. C’est une petite ruche ici. Nous volons là, là, lalala, il y a dans ce remue-ménage quelque chose qui apaise et fait du bien.<br /> <br /> <br /> <i>A suivre.</i><br /> <br /> <br /> (Images: 1: <a target="_blank" href="http://artiste-peintre.over-blog.net/75-categorie-10674769.html">vieux murs - Paysage provençal</a>. 2: Colorado provençal - Rustrel. 3: ano)<br /> <br /> <br /> <br /> <i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici</a>)</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/08/02/delphine-romane-elsa-partie-25.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 25)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-08-02:32972852010-08-02T17:37:00+02:002010-08-02T17:37:00+02:00 Chapitre 6 Romane va vers le ravin. Ce ravin longe le chemin de...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 6<br /> <br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/533512619.JPG" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/1980297974.JPG" id="media-62231" alt="Torrent3-Cascade de Foyers.JPG" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62231" /></a>Romane va vers le ravin. Ce ravin longe le chemin de terre qui va de la nationale au gîte. Un sentier descend entre les thym et les buis. Le ravin est creusé par une petite rivière, sèche pendant l’été. En bas, quelques arbres et de l’ombre. La chaleur est moins étouffante. Romane suit le lit du torrent, enserré dans des taillis et quelques rochers, avec des trous, des vasques alambiquées, des replats tapissés de sable roux et doux. Elle retrouve sa part sauvage. Cet espace réduit lui convient. Elle pense à son grand-père qui l’emmenait promener dans la forêt. Elle connaît les noms des arbres, quand ils fleurissent, où ils vivent. Ils observaient ensemble les terriers de renards. Au printemps les petits s’enhardissaient parfois à la tombée du jour. Pour les voir ils restaient jusqu’à ne plus rien voir. Et là, certains soirs, ils entendaient le glapissement des parents et quelques bruits de feuilles sèches foulées. Avec lui elle avait appris la patience. Il savait ne rien dire. Mais quand ils rentraient elle avait l’impression d’avoir tenu une longue conversation. Les mots qu’il disait, les noms qu’il donnait aux arbres, le chemin des bêtes des bois, ou comment il décrivait les cabrioles des lièvres quand la lune rencontre le crépuscule, elle s’en imprégnait, elle serrait fort ses mains dans ses poches pour garder ses mots de crainte qu’ils ne s’envolent, ou qu’elle les oublie, ou qu’un lutin facétieux ne les lui vole, car elle savait que les lutins aiment jouer des tours et que si l’on ne tient pas bien sa langue ils peuvent vous la prendre, là, plus vite que l’éclair, quand on est couché dans l’herbe et que l’on chante une comptine. Elle avait lu cela dans un livre pour les enfants bavards.<br /> <br /> Son grand-père n’était pas bavard. Il parlait avec ses yeux. Et avec quelques paroles, toujours choisies, jamais de trop, jamais une à la place d’une autre. Quand il ne savait pas il ne parlait pas. Et quand il savait il parlait peu. Il avait écrit un livre. Une histoire extraordinaire qui expliquait la vie. Cela parlait de biologie, de philosophie, de toutes les connaissances qui faisaient peu à peu sortir l’humanité de son passé d’ignorance, de croyances, de peurs, de soumission et de sang. Elle avait reçu en cadeau son manuscrit le jour de ses quinze ans. Depuis elle l’emporte toujours avec elle. Elle le lit, le relit, comme si elle devait comprendre un message secret destiné rien qu’à elle. Elle aime les premières pages. Elle aime toutes les pages. Cela commence ainsi:</p> <p style="text-align: justify;"><br /> «Il y a des endroits sur Terre qui ont été arrosés de sang plus que de pluie. Pourtant ils ne sont pas rouges. Le sang s’oublie. Après quelques temps tout est normal, comme avant. Pourquoi ne sont-ils pas rouges? Et pourquoi le sang versé nous effraie-t-il?<br /> <br /> Parce que, depuis bien avant la science, nous savons que le sang qui coule trace le chemin vers le monde de la nuit, le monde où nous ne sommes plus. Il y a cent mille ans les premiers Sapiens ignoraient d’où vient le sang. Mais ils savaient ce qui se passe quand il s’en va. Et de cela ils ont construit une représentation de ce qui est et de ce qui n’est pas. De l’Homme vivant et de l’homme mort. Du mouvement et de l’immobilité. Du chaud et du froid. Du clair et de l’obscur. Les humains ont construit une représentation du monde. En faisant cela ils quittaient leur biologie pour entrer dans l’<i>Idée</i> (en italique dans le manuscrit). L’Homme est devenu une idée. On ne peut plus imaginer, à notre époque, un être humain sans une représentation de lui-même. Il croit, il pense, il voit, soupèse, a des opinions, se positionne d’un côté ou de l’autre, se différencie, prend des ennemis comme on prend femme ou homme: pour exister davantage.<br /> <br /> Du silence il est passé au son puis à la parole. Et pourtant, il y a cent mille ans comme aujourd’hui, il est formé de la même matière, des mêmes molécules recyclées. Pourquoi écris-je: Et pourtant? Parce qu’il croit être différent. Il pense avoir changé, n’être plus le même.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/1758129929.gif" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/1098904294.gif" id="media-62232" alt="neuron.gif" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-62232" /></a><br /> Une religion dit que nous sommes faits à l’image de Dieu. Cela veut-il dire qu’en regardant en nous-mêmes nous voyons Dieu? Dans le passé Dieu a reçu des noms: l’Eternel, l’Omniscient, le Tout-puissant. Aujourd’hui les découvertes fondamentales de la science changent l’image que nous avons du monde. La matière est un vide rempli de quelques particules qui tiennent ensemble par une sorte de charge immatérielle. Comment trouver Dieu, et quel Dieu, et pourquoi le chercher encore, dans cet univers dont nous croyons connaître de plus en plus mais auquel nous comprenons de moins en moins? Cet univers où la mort reste un point majeur puisqu'il fait poser une cette question: quelle est la finalité, et la causalité de l'univers? Univers fini, infini, dans l'espace, dans le temps? Pourquoi, si Dieu a créé cet univers, nous a-t-il laissé la complexité en héritage? Et si aujourd’hui, dans la ligne d’un Edgar Morin, la complexité devient en elle-même un sujet d’étude, une attitude, une référence préliminaire qui balaie les anciens dogmes politiques, philosophiques et religieux, si de nouvelles quêtes tentent d’ouvrir le cerveau à la complexité, quêtes peut-être plus importantes que la colonisation de la Lune, la complexité, soit la fin de l’absolu et des dogmes, nous rapprocherait-elle d’une nouvelle perception de Dieu? Une perception qui balbutie mais qui dans quelques siècles aura balayé les vieilles religions comme autant de fossiles de la conscience?<br /> <br /> L’humain est une entité complexe corps-pensée, le corps étant à la fois le lieu d’expérience et d’accomplissement de la pensée. Et qu’il prie avec d’autres ou qu’il fasse l’amour, qu’il produise une musique inspirée ou qu’il fasse la guerre, le dénominateur commun est l’extase.»</p> <p style="text-align: justify;"><br /> A partir de là le livre établit des liens entre la structure de la matière et celle de la pensée, et argumente l’idée que l’extase est le point d’alignement entre la matière et l’esprit. Ou une porte d’entrée dans la complexité vécue, car dans l’extase réside l’unité du multiple. Tout le reste du livre traite de la nature de l’extase et des moyens de la vivre ou de s’y perdre. Le plus étrange est le deuxième chapitre. Il réécrit l’histoire humaine depuis la fin, grâce à laquelle il explique le début. Il va en sens inverse de la chronologie. Toutefois Romane trouvait cette version est un peu ardue si l’on ne dispose pas d’un premier langage ou des connaissances de base pour comprendre les constructions et les sens multiples des mots qu’il utilise.<br /> <br /> Elle avait dit à son grand-père que c’était trop compliqué, que jamais personne ne le lirait. Son grand-père était très sensible à l’avis de Romane. Il savait qu’elle voyait au-delà du regard, même si elle ne le savait pas encore. Alors il a recommencé à l’écrire en simplifiant son langage. Pendant des années ils reprenait des paragraphes. A chaque fois il ôtait les mots qui n’étaient pas absolument indispensable à la vie. A la fin, à force d’épure, il ne resta qu’une centaine de pages poétiques et sybillines. Il prit alors conscience du langage non comme un aboutissement mais comme un exercice de la pensée. Tout ce qu’il avait tenté en parlant si peu, cette sorte de quête du langage absolu qui pouvait tout contenir en quelques mots, peut-être même en un seul mot, ou en un silence, était une idée erronée. Donner ce rôle au langage c’est brider la pensée, la réduire à une tête d’épingle.<br /> <br /> Quand il sentit sa mort venir il communiqua longuement ses réflexions à Romane. Il fit son autocritique. Il lui recommanda de parler, de parler beaucoup, même si elle se trompait parfois, quelle importance, c’est en parlant, en essayant, que la pensée se forme et se développe. Lui n’avait su que donner des informations ou faire de l’esthétisme. Mais il n’avait pas parlé. Pas de l’important: de lui, de l’amour, du temps, des nuages, de la course des fourmis, du travail, de la peine, enfin de tout ce qui fait la vie. Il en était triste. Peut-être amer. Il avait l’impression de s’être trompé et d’avoir donné de mauvais conseils.<br /> <br /> La tristesse de ce grand-père qu’elle adorait avait déstabilisé Romane. Elle décida de suivre ses conseils: elle se mit à s’exprimer dans une abondance irrépressible, presque avec frénésie. C’est ainsi qu’elle a commencé à écrire et à composer. Et à sentir comme une urgence en elle. La tristesse de ce grand-père avait déclenché un signal d’alarme. Une angoisse. Elle avait reçu de cet homme vivant une paix formidable, en mourant il lui léguait une souffrance inattendue. Depuis sa mort, il y a huit ans, elle vit avec cette urgence d’exprimer, cette inquiétude de vivre.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/1703712156.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/3151699750.jpg" id="media-62233" alt="lynx1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-62233" /></a>Au-dessus d’elle une cigale chante. Non, trois, quatre cigales. Comment savoir? Enfant elle les aurait trouvées et comptées en quelques secondes. L’urgence l’a débranchée de ses perceptions. Alors, tapie là, dans le fond sec de ruisseau, entourée de taillis serrés, elle se sent soudain un pelage. Jaune-brun. Et des griffes aux doigts, aux orteils. Des oreilles pointues terminées par une touffe de poils. Un chat. Enfin, un gros chat. Un lynx. Elle est devenue un lynx. Le lynx en elle repère à l’instant deux cigales, une au-dessus de sa tête, l’autre plus loin vers le sommet de l’arbre. Elle ne comprend pas comment elle est entrée dans une conscience de lynx. Elle reste lucide. «Je suis Romane, sous un arbre, en Provence, et je dispose des facultés du lynx.» Elle écoute plus loin. La route à deux kilomètres. Elle entend les voitures comme à côté d’elle. Plus loin encore, vers Simiane. Des voix, dont elle ne comprend pas les mots mais entend distinctement l’intonation. De l’autre côté il y a le rire d’Elsa, pourtant séparée d’elle par la colline.<br /> <br /> Et cela cesse. Elle n’entend plus aussi loin. Mais quelque chose est né en elle. Une joie l’envahit, elle remonte le sentier en courant et criant. Elle bondit presque comme un félin. Arrivée près du gîte, elle comprend que son urgence va la protéger. Elle doit retrouver le lynx, et savoir entendre loin, très loin. Reconnaître les dangers et les éviter. En écoutant loin elle peut anticiper sur la menace. Le lynx est un animal très difficile à attraper.<br /> <br /> Ses yeux brillent, elle est grande comme le paysage. Une pensée vient en elle: «Je suis invincible.»</p> <p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <i>A suivre.</i><br /> <br /> <br /> <i>(<a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes</a>).</i></p><p>Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/07/28/delphine-romane-elsa-partie-24.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 24)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-07-29:32972772010-07-29T06:48:27+02:002010-07-29T06:48:27+02:00 Avenue de la Résistance on marche au milieu. Les trottoirs sont envahis....
<p style="text-align: justify;"><a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/01/3072374215.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/2635816169.jpg" id="media-61676" alt="SaultVuDuCiel.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-61676" /></a>Avenue de la Résistance on marche au milieu. Les trottoirs sont envahis. Un mur se dresse bientôt, fait d’habits sombres, de châles sur la tête des femmes et de chapeaux sur celles des hommes.<br /> <br /> - Jamais vu autant de monde, dit Maurice. Même pour le concours de triplette du Ventoux. Même pas à la foire de la lavande le quinze août, ou à celle des saveurs d’automne. Pourtant...<br /> <br /> - Par ici! Par ici!</p> <p style="text-align: justify;">Un microphone fend la foule, puis une caméra et des journalistes qui les tiennent. Une équipe de France 3 vient d’apercevoir André Farraud, le maire, ceint de son écharpe tricolore. Il est accompagné d’autres magistrats des communes voisines.</p> <p style="text-align: justify;">- Monsieur le maire, s’il vous plaît, quelques questions. Que sait-on du meurtrier?<br /> <br /> Nous continuons. La voix de Loup des Nuages accompagne doucement nos pas. Il chante, non, ce n’est pas un chant, un son plutôt, des syllabes, claquements de langue, modulations de la gorge. En l’écoutant je vois danser des roseaux dans mes yeux. Je marche comme dans un marécage, derrière il y a la plaine, devant, en écartant les roseaux, c’est la montagne. Une grue est debout au milieu du marais. Elle me laisse approcher. A courte distance je m’arrête. L’oeil de la grue me fixe longuement. Le vent fait trembler quelques plumes. Des sons étranges montent de la terre, des sifflements légers, d’abord près d'elle, puis d’autres plus loin, et autour de moi. Un coup de tonnerre venu de nulle part transperce le gris du ciel et la grue s’envole. Je continue et commence à gravir la montagne. Des bouffées chaudes et froides alternent, ce n’est pas le vent, cela vient du sol. Il y a des trous dans le sol. Les sifflements deviennent comme des voix, et de ces trous sourd de l’eau. De partout sur la montagne l’eau coule en filets qui se rejoignent et se perdent dans les marais. La montagne pleure.<br /> <br /> Je sors de ma rêverie. Le chant de Loup des Nuages continue. Gattefossé et Maurice saluent ceux qui les saluent. Sa femme va rejoindre un petit groupe sous un platane. Nous sommes bientôt dans le gros de la foule. Il en vient de tous les côtés, de toutes les rues, comme un troupeau de moutons qui se prépare à une transhumance. On se serre, il faut de la place pour tous. On n’a pas tant l’habitude de manifester par ici. Dans cette commune de mille trois cents habitants, enfants compris, nous devons atteindre ce midi les deux mille personnes. L’interview du maire est finie. Il s’affaire, va voir le curé, parle aux autres maires. Il est question de l’ordre du cortège et du départ. Le curé doit faire sonner les cloches. Mais de l’église il ne verra pas le maire. Quand doit-il activer son clocher? On se met d’accord: la secrétaire de mairie l’avertira personnellement. Pour l’ordre du cortège les maires marcheront devant. C’est la République qui est visée dans ce crime. C’est elle qui ouvre e cortège. Le frère, dernière famille de la Montagne, marchera avec eux. Les autres suivront dans l’ordre qu’ils voudront. Ce n’est quand-même pas le 14-juillet.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/155365622.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/3543109931.jpg" id="media-61677" alt="grue_vol2.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-61677" /></a><br /> Une autre équipe de télévision vient vers nous. Ils semblent intéressés par quelque chose. Derrière moi l’indien frappe légèrement dans ses mains et danse discrètement. Le journaliste tend son microphone aux couleurs de TF1.<br /> <br /> - Tiens, tu prends cette image.<br /> <br /> Pendant que son caméraman filme Mike, le journaliste me demande ce qu’il fait. Je lui réponds: «Il chante. Il faut l’écouter.» «Mais c’est une danse rituelle?» «C’est possible.» «Que signifie-t-elle?» «Il faut écouter. Si vous écoutez vous saurez». «J’entendrai quoi?» Il est troublé. Je dis qu’on doit entendre dedans. «J’ai écouté. J’ai vu une grue qui volait, et une montagne qui pleurait.» Il reste sans voix. La situation n’entre pas dans ses compétences. Je vois qu’il est perturbé. Je ne sais que lui dire d’autre. Je ne cherche pas à le troubler. Je parle de là où j’étais il y a quelques instants. Cela reste en moi comme un espace sauvage, hors de l’espace de Sault. Il garde le silence et le caméraman continue à filmer pendant plusieurs minutes. Loup des Nuages a fermé les yeux et chante encore. Le caméraman monte l’objectif de son appareil et le pointe vers le ciel. Puis il s’arrête de filmer.<br /> <br /> - Tu as vu ce nuage? On dirait une bête, je ne sais pas, un bête avec des poils.<br /> <br /> - Quel nuage? demande le journaliste.<br /> <br /> Nous regardons tous vers le ciel qu’aucun nuage ne cache. Le caméraman ne comprend pas. Puis il dit: «Laisse tomber.» Si les images sont diffusées au téléjournal elles passeront aussi au zapping.<br /> <br /> Les cloches de l’église commencent alors à sonner. Lentement, un coup à la fois. Une sonnerie aux morts. Les maires s’ébranlent, accompagnés du frère de la Montagne. Lafleur, l’employé communal, a voulu être présent malgré les pansements qui cachent la moitié de son visage. Et derrière il y a la foule, les représentants de tout le plateau, d’une région qui en silence dit non à cette cruauté. Autour de nous les marcheurs nous regardent, surtout Romane. Son nom a fait le tour du pays. Les femmes lui adressent des sourires compatissants et complices. Les hommes baissent les yeux. Le cortège fait le tour de la ville à pas lent. On dirait que le troupeau cherche sa prairie. Les magasins sont fermés. Des enfants nous regardent passer, puis courent devant pour nous revoir, tout au long du parcours. Les équipes de télévision rivalisent dans la recherche des bonnes images: l’une depuis une fenêtre à l’étage, l’autre sur un arbre, elle fixent dans la mémoire de leurs caméras cette petite marée sèche qui tourne dans Sault. La chaleur n’a plus d’effet sur ce cortège. Le vent fait flotter les châles mais personne n’en ressent la brûlure. Grand Rue, rue de Saint-Marc, retour par la rue de la Lavande, arrivée devant l’église.<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/2730321158.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/00/3020337005.jpg" id="media-61678" alt="foule-olivier-suire-verley.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-61678" /></a>Le cortège s’arrête. Des petits groupes se reforment, certains rentrent chez eux. Je dis à Elsa qu’il faut aller chercher des affaires chez elles. Elles ne doivent y habiter tant que Lone est en liberté. Nous saluons nos amis et repartons avec Manu, Romane et Aïcha. Les filles logent entre Oppedette et Vachères. Nous restons silencieux jusqu’à notre arrivée. Les propriétaires de leurs chambres d’hôtes nous accueillent avec soulagement.<br /> <br /> - Trois hommes à moto sont venu demander si vous étiez là, dit la femme. Nous leur avons dit que non, que nous ne vous avions pas vues depuis hier. Que se passe-t-il?<br /> <br /> - Nous devons loger ailleurs pour quelques jours.<br /> <br /> Romane explique rapidement les faits.<br /> <br /> - Nous devons prendre quelques affaires. Je vous tiendrai au courant. Soyez prudent. Avez-vous une arme?<br /> <br /> - J’ai mon fusil de chasse, dit l’homme.<br /> <br /> - J’espère que vous n’en aurez pas besoin. Nous ne restons pas plus longtemps, et il vaut mieux que vous ne sachiez pas où nous logeons.<br /> <br /> Romane a un don pour dramatiser. Mais elle a peut-être raison. Nous repartons direction Chaloux. Il y a du monde donc une meilleure protection. Gilles est d’accord d’accueillir les filles le temps qu’il faudra. On leur trouve une chambre. Elles installent leurs affaires. Je demande à Elsa si elle veut aller marcher, elle dit oui. Nous partons vers le bois de chênes au sud du gîte. En chemin je lui propose de passer la soirée à l’Observatoire Saint-Michel de Provence. C’est tout près. Il accueille des visiteurs et des amateurs d’étoiles une fois par semaine. C’est ce soir.<br /> <br /> - Cela nous changerait les idées, et le ciel ici est particulièrement beau et clair.<br /> <br /> - Oui, c’est une bonne idée! Tu connais le ciel?<br /> <br /> - Pas vraiment mais j’aime rêver, alors les étoiles…<br /> <br /> Je n’ai pas senti sa main prendre la mienne. Elle doit y être depuis toujours. J’aime comme elle marche. On dirait qu’elle danse: elle se tourne de gauche, puis de droite, balance sa taille, saute une pierre, joue des épaules, et son visage ne cesse jamais d’exprimer son mouvement: curiosité, plaisir, gravité, intérêt, et bien d’autres choses, très vite, avec une légèreté qui semble être sa marque personnelle. Chez elle légèreté ne signifie pas manque d’intérêt. Au contraire! Sa légèreté est une grande mobilité d’esprit. Elle peut changer d’angle de vue sur un même sujet plusieurs fois dans la conversation. D’habitude les humains voient le monde depuis un seul regard ou une seule interprétation. Elsa, elle, fait le tour, multiplie les regards, ne s’arrête que lorsqu’elle a trouvé une synthèse. J’aime cela, je me sens si bien avec elle, j’ai l’impression d’avoir des ailes, je marche comme au-dessus du sol.<br /> <br /> Je l’arrête et la regarde en face. Elle me regarde aussi. Son visage passe du sourire à l’attente, de l’attente au rire, du rire à la tendresse.<br /> <br /> - Je me sens si bien avec toi.<br /> <br /> - Moi aussi, dit-elle.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/964245178.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/02/4130510538.jpg" id="media-61679" alt="supernova_small.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-61679" /></a><br /> Il y a dans ses cheveux un éclat de lumière, qui descend sur son front, fait un rond sur sa joue et glisse au coin de ses lèvres. Je m’approche lentement. Je tremble mais n’en montre rien. Mon coeur est à l’envers, à l’endroit, à gauche, à droite. Je me dis qu’il est temps de faire marche arrière, on sait comment cela commence mais pas comment cela finit, je ne suis pas à Oppedette pour cela, j’ai un livre à écrire, je ne veux pas d’histoire d’amour, elle me touche droit au coeur, elle est si accueillante, si bienveillante, mes fantômes ne sont pas loin, qui des deux souffrira en premier, mais non Paul, il n’y a pas de raison de souffrir, ôte cette idée de ta tête, et puis il y a ce vent chaud, cette lumière, et quelque chose comme un aimant, je ne peux pas reculer, ma main est en mouvement avant que je le décide, ma main va vers son visage comme une aile d’oiseau, son visage se penche sur ma main, ses lèvres dans ma paume, c’est trop tard, le pas est fait, elle le veut bien, elle le veut aussi, l’espace entre nous se lie. Enfin, après une éternité de désirs et de questions, et de silence comme dans l’oeil du cyclone, enfin je pose un baiser au coin de ses lèvres, juste là: sur l’éclat du soleil. Elle tourne un peu son visage, me regarde tout droit, intensément, et colle ses lèvres doucement sur les miennes. Puis elle ferme les yeux.</p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"><i>A suivre.</i></p> <p style="text-align: justify;"><i><br /></i></p> <p style="text-align: justify;"><i><a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/">Tous les épisodes ici.</a><br /></i></p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">(Images: 1: Sault GoogleEarth. 2: Grue blanche ano. 3. <a target="_blank" href="http://souriezcestpourlaradio.wordpress.com/2009/05/20/la-foule/">Foule Olivier Suire Verley</a>. 4: <a target="_blank" href="http://astroclub.toussaint.pagesperso-orange.fr/supernova/sn.htm">Supernova SN2005cs</a>)</p><h3 id="p1">Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/07/25/delphine-romane-elsa-partie-231.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</h3> <div class="introductory"></div>
hommelibrehttp://leshommeslibres.blogspirit.com/about.htmlDelphine, Romane & Elsa (partie 21)tag:leshommeslibres.blogspirit.com,2010-07-22:32972662010-07-22T10:36:19+02:002010-07-22T10:36:19+02:00 Chapitre 5 Nous nous levons. Les yeux d’Elsa ruissellent de rires et de...
<p style="text-align: justify;">Chapitre 5<br /> <br /> <br /> Nous nous levons. Les yeux d’Elsa ruissellent de rires et de tendresse.<br /> <br /> - Chère Elsa, que diriez-vous d’un bon café?<br /> <br /> - Oui! dit-elle en se levant. Venez Monsieur Paul, je vous invite. Que prenez-vous: sucre, crème, croissant?<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2802764981.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/02/842281322.jpg" id="media-61317" alt="gîte-chaloux2.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-61317" /></a>Les participants au stage passent et repassent avec serviette et trousse de toilette. Les premiers apportent sous la tonnelle le café avec des yogourts, le pain et des bols.<br /> <br /> - Installez-vous, cher Paul, tout est prêt pour vous! Alors: sucre? Crème?<br /> <br /> - Sucre.<br /> <br /> Les image de la soirée d’hier reviennent. J’aimerais entrer dans la légèreté d’Elsa. Mais les souvenirs de Lone et du technicien mort m’en empêchent. Et le saccage du marché, l’agression sur la Montagne, cela tient la sérénité à l’écart du coeur. Elsa le sent. Elle nous sert du café, ajoute du sucre et s’installe face au soleil. Les habitants du gîte viennent peu à peu. Manu, Aïcha et Romane nous rejoignent. Nous faisons connaissance avec les stagiaires. Manu leur a parlé de nous. Enfin, de moi, et un peu des filles. Ce matin il tente d’être gai et annonce avec fierté:<br /> <br /> - Le trio Esmeralda!<br /> <br /> La conversation s’anime. Que font-elles comme musique, un peu de tous les styles mais surtout du rebelle, depuis quand, depuis trois ans elles ont décidé de créer leur musique et de la chanter sur des scènes, où vont-elles chanter, partout: les petits festivals, la rue, des soirées privées, des maisons de la culture. Et dans l’autre sens: qu’est-ce que ce stage, un travail sur son fonctionnement personnel, qu’est-ce qu’ils font, ils étudient les quatre éléments et les animaux totems, à quoi cela sert, à mieux se connaître et être plus libres. Manu ne se contente pas de quelques idées. Il veut en avoir plus.<br /> <br /> - Les animaux totems, cela fait partie de la philosophie des amérindiens?<br /> <br /> - Pas seulement. D’autres cultures y font appel. Chez les amérindiens l’animal est donné pour la vie. Dans notre cadre il est temporaire. Il sert pour une semaine, un mois, une année. Parfois plus.<br /> <br /> - Et à quoi sert-il?<br /> <br /> - Les animaux sont des représentations de notre imaginaire. Ils véhiculent des peurs, des désirs, des manières d’être. L’animal représente des qualités ou des forces qu’il nous serait utile d’acquérir ou de vivre. Par exemple dans une situation difficile on peut se demander ce que ferait notre animal à notre place.<br /> <br /> - Et quel genre d’animaux?<br /> <br /> - Toutes sortes de genres. Cette année il y a entre autres un lion et une lionne. Des animaux feu.<br /> <br /> - Que veut dire feu?<br /> <br /> - Des animaux marqués par l’énergie du feu sont dans l’action, l’audace, la puissance physique. A nous de voir comment incarner l’animal.<br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/02/01/1766535445.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/3317260577.jpg" id="media-61318" alt="panthere_5.jpg" style="border-width: 0; float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" name="media-61318" /></a><br /> Une participante intervient:<br /> <br /> - Moi je suis une panthère. Cela me change, en général je suis de nature plutôt réservée. La panthère me fait oser, enter en confrontation et m’affirmer - ce que je n’aime habituellement pas. Par exemple normalement je ne serais pas intervenue comme je le fais. C’est grâce à la panthère.<br /> <br /> Celui qui nous a parlé des les animaux se présente: il anime le stage. Il travaille sur la liberté et le déploiement de l’être. Par des moyens parfois classiques, parfois originaux. Il dit peu. J'aimerais en savoir plus.<br /> <br /> - Par exemple ce matin, travail sur l’énergie de la terre. Nous allons aux gorges d’Oppedette. Il y a un endroit où l’on se sent dans le ventre de la terre. Nous y chanterons au rythme des djembés.<br /> <br /> - J’aime beaucoup ce que vous faites, lui dis-je. Pourrais-je me joindre une fois à vous, si cela ne dérange pas?<br /> <br /> - Venez ce matin. Vous aussi, dit-il aux filles. Puisque vous chantez. C’est de l’improvisation.<br /> <br /> Nous nous regardons. Les yeux brillent de désir. Changer d’histoire fera du bien. Vivre un moment différent, rien qu’à nous.<br /> <br /> - Ça le fait, s’écrie Romane.<br /> <br /> Elle est d’un coup gonflée d’énergie. Elle se lève et entame une danse sur une série d’onomatopées jazzy. Spontanément les stagiaires soutiennent le rythme, en tapant sur la table, dans ses mains ou sur leurs jambes. Devant notre étonnement la jeune femme panthère explique: «C’est comme cela, c’est le stage. On s’amuse beaucoup. S’amuser est une autre façon d’être sérieux».<br /> <br /> "S’amuser est une autre façon d’être sérieux". Cette phrase entre en résonance avec mes propres réflexions. Je n’ai jamais trop aimé le sérieux qui fait sérieux, celui avec le visage fermé, pouvant être menaçant, ou triste, enfin rien qui ne donne envie de vivre. L’expression faciale du sérieux ne donne pas envie de vivre. Ni le ton de la voix, ni le regard. Quand les enfants jouent, c’est très sérieux. Ils apprennent la vie, ils développent leur cerveau en jouant. Pour eux il n’y a pas de différence entre le jeu et le sérieux. Une fois adulte on sépare l’un de l’autre. On laisse l’amusement aux enfants pendant que les adultes s’approprient le sérieux. Et la lourdeur, et le pesant qui vont avec. Quand je pense au sérieux, au pire du sérieux, je vois des visages déformés, sans plus de joie, je vois le visage de Adolf Hitler. L’extrême du sérieux. Alors que pour les enfants le sérieux est à la fois grave et léger. Comme Elsa. Tout ce qu’elle dit est léger et en même temps très précis. Jamais un mot pour un autre, jamais un pas mal assuré. C’est sérieux, habité. Et si léger. Devine-t-elle mes pensées? Elle me sourit. Son sourire me pousse à partager mes pensées avec le petit groupe.<br /> <br /> Une stagiaire dit que c’est exactement ce qu’elle ressent depuis longtemps sans pouvoir mettre de mots.<br /> <br /> - Je suis toujours partagée entre le sérieux et l’amusement. Quand je m’amuse je suis coupable d’être trop légère et insouciante. Et quand je suis dans le sérieux je me sens lourde, immobilisée. Je vis cette contradiction depuis des années. Que puis-je en faire?<br /> <br /> L’animateur prend son rôle et intervient:<br /> <br /> - Que veux-tu en faire?<br /> <br /> - Je ne sais pas, quelle est la bonne solution?<br /> <br /> - Je ne sais pas plus que toi. La bonne solution est la tienne, pas la mienne. Quel est ton animal totem?<br /> <br /> - Le loup.<br /> <br /> - Que ferait le loup à ta place?<br /> <br /> - Rien de mieux. Regarde, c’est pareil: les bébés loups s’amusent, les adultes se battent et ne s’amusent plus.<br /> <br /> - Sont-ils sérieux pour autant?<br /> <br /> Elle réfléchit. Bonne question. Non, ils ne sont pas sérieux. Ils sont attentifs, présents au clan, à l’écoute du gibier pour la chasse. Mais pas sérieux comme les humains savent l’être. Sauf quand ils sont blessés. Donc quand ils souffrent.<br /> <br /> - Le sérieux serait donc le résultat d’une souffrance!<br /> <br /> <a href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/01/00/2976950257.jpg" target="_blank"><img src="http://leshommeslibres.blogspirit.com/media/00/02/2336138842.jpg" id="media-61319" alt="moto-bboy_1.jpg" style="border-width: 0; float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" name="media-61319" /></a>- Peut-être. A creuser. Bien, je propose de nous mettre en route.<br /> <br /> Nous rangeons les restes du petit-déjeuner et descendons au parking. Quatre voitures roulent maintenant vers les gorges. Il faut d’abord prendre la direction d’Apt sur trois kilomètres, puis tourner à gauche et descendre. C’est la même route qui va ensuite vers Oppedette. Près d’un virage nous croisons un motard.</p> <p style="text-align: justify;"><br /> <br /> <br /> <i>A suivre.</i><br /> <br /> <br /> <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/elsa/"><span style="text-decoration: underline;"><i>(Tous les épisodes ici)</i></span></a></p><p><br /> Episode précédent: <a target="_blank" href="http://leshommeslibres.blogspirit.com/archive/2010/07/20/delphine-romane-elsa-partie-20.html"><span style="text-decoration: underline;">voir ici</span></a>.</p>