Last posts on alessandro2024-03-28T21:25:51+01:00All Rights Reserved blogSpirithttps://starter.blogspirit.com/https://starter.blogspirit.com/fr/explore/posts/tag/alessandro/atom.xmlTaniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlGestetag:textespretextes.blogspirit.com,2017-08-10:31111762017-08-10T08:30:00+02:002017-08-10T08:30:00+02:00 « La Mère fit un geste imperceptible : Dolores arrêta alors...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/00/3840612352.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-192847" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/4044000953.jpg" alt="baricco,alessandro,la jeune epouse,roman,littérature italienne,mariage,famille,sensualité,écriture,culture,extrait" /></a>« La Mère fit un geste imperceptible : Dolores arrêta alors le peigne et recula de deux pas. Si, auparavant, elle avait été proche de l’invisibilité, à cet instant elle sembla disparaître tout à fait. La Mère poussa un petit soupir puis, avec naturel, elle releva ses cheveux et les enroula lentement sur sa nuque, et le temps que dura ce geste parut à la Jeune Epouse incroyablement dilaté. Elle eut la déraisonnable impression que la Mère s’était dévêtue pour elle et qu’elle l’avait fait durant un laps de temps mystérieux, assez long pour provoquer le désir, mais assez court pour ne pas lui rester en mémoire. C’était comme de l’avoir vue nue pour l’éternité et de ne l’avoir jamais vue.<br /></span></em></span><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Bien sûr, l’effet est encore plus dévastateur si, en exécutant l’opération, on a la bonne idée de parler de sujets futiles, ajouta la Mère. L’affinage d’un saucisson, par exemple, le décès d’un parent ou l’état des routes de campagne. Il ne faut pas donner le sentiment de faire un effort, tu comprends ?<br /></span></em></span><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Oui.<br /></span></em></span><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Bien. A toi. »</span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: times new roman,times,serif;">Alessandro Baricco,</span><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"> <a title="Jeune Epouse ou non (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/07/28/jeune-epouse-ou-non-1159460.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">La Jeune Epouse</a></span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;">Photo de couverture : <a title="Site de l'artiste" href="http://gideonrubin.com/gallery" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Gideon Rubin</a>, Sans titre, 2015 (détail).</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlJeune Epouse ou nontag:textespretextes.blogspirit.com,2017-08-07:31111752017-08-07T08:30:00+02:002017-08-07T08:30:00+02:00 D’une jeune épouse dont le mari s’écarte après les épousailles (...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">D’une jeune épouse dont le mari s’écarte après les épousailles <em>(<a title="Un étrange mariage (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/07/19/un-etrange-mariage-1159363.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Miniaturiste</a></em><a title="Un étrange mariage (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/07/19/un-etrange-mariage-1159363.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"> de Jessie Burton</a>) à <a title="Site de l'éditeur" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/La-Jeune-Epouse" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>La Jeune Epouse</em></a> d’Alessandro <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Baricco" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Baricco </a>(2015, traduit de l’italien par Vincent Raynaud), il y a bien quelques ressemblances : au <a title="Feuilleter en ligne" href="https://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F176656.js&oid=3&c=&m=&l=&r=&f=pdf" target="_blank" rel="noopener noreferrer">début du roman</a>, celle-ci aussi, dix-huit ans, entre dans sa nouvelle et riche demeure sans mari pour l’y accueillir. Il est à l’étranger. Diverses livraisons inattendues sont ressenties comme des annonces.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/1592715671.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-192845" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/2034042872.jpg" alt="baricco,alessandro,la jeune epouse,roman,littérature italienne,mariage,famille,sensualité,écriture,culture" /></a></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Pour le reste, les romans sont très différents. Les personnages de <a title="Murmures (T&P)" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2017/07/19/murmures-1159364.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Miniaturiste</em> </a>ont un nom, ceux de Baricco un rôle : <em>« Le Père, la Mère, la Fille, l’Oncle. » <span style="font-family: 'Times New Roman','serif'; font-size: 14pt;"><span style="font-size: 12pt;">– </span></span>« Temporairement à l’étranger, le Fils. Sur l’Ile. »</em> Modesto porte un prénom (symbolique), lui qui <em>« officie »</em> dans cette grande maison depuis cinquante-neuf ans (Baricco aime les nombres premiers) et évalue chaque matin la couleur du jour avant d’ouvrir les portes de ses maîtres pour la leur annoncer : <em>« Bonjour. Soleil voilé, brise légère. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Une grande tablée se rassemble au somptueux petit déjeuner (on est loin du petit déjeuner frugal des Brandt à Amsterdam, on y sert même du champagne) par lequel cette famille bourgeoise italienne fête <span style="font-size: medium;">chaque jour </span>sa renaissance. Depuis cent treize ans, «<em> tous dans notre famille sont morts nuitamment, faut-il préciser. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Alessandro Baricco aime les jeux du langage. Il passe de la troisième personne à la première, décrit et raconte, fait soudain intervenir un narrateur qui nous attire dans un autre temps : <em>« Puisque j’ai désormais commencé à raconter cette histoire (et ce malgré la troublante suite de péripéties qui m’ont affecté et qui décourageraient quiconque de se lancer dans pareille entreprise) (…) ».</em> </span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">On découvre peu à peu les us et coutumes de <em>« la Maison »</em>, les façons d’être de chacun des membres de la famille. La jeune fille, <em>« là où elle avait imaginé entrer comme épouse »</em>, se retrouve <em>« sœur, fille, invitée, présence appréciée et objet décoratif ». </em>Modesto l’initie aux règles des lieux, qui découragent la lecture : <em>« Chacun dans la Famille se fie entièrement aux choses, aux personnes et à soi-même. Nul ne voit la nécessité de recourir à des palliatifs. »</em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Un jeudi sur deux, le Père se rend à la ville, passe à la banque et chez ses fournisseurs, déjeune, s’offre <em>« une promenade élégante »</em> et conclut sa journée au bordel. La sensualité, le sexe, dans cet autre roman sans nuit de noces, s’imposent dans la vie de la jeune épouse ou non par l’intermédiaire des autres personnages, tour à tour. De façon obsessionnelle, comme le fait remarquer un jour au narrateur une visiteuse, L., effrayée de sa solitude, de l’ordre maniaque qui règne chez lui. A la lecture de son manuscrit, elle s’étonne : <em>« Pourquoi tant de sexe ? / Que veux-tu dire ? / Il y en a presque toujours, du sexe, dans mes histoires. / Oui, mais là, c’est une obsession. / Tu trouves ? »</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/01/150526985.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-192846" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/02/1085915739.jpg" alt="baricco,alessandro,la jeune epouse,roman,littérature italienne,mariage,famille,sensualité,écriture,culture" /></a></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;">Alessandro Baricco n’atteint pas dans <em>La Jeune Epouse</em>, à mon avis, l’unité de ton et la justesse du tempo qui enchantent dans <em>Novecento : pianiste</em>, <em>Soie</em> ou <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2015/12/29/mr-gwyn-copiste-1148664.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>Mr Gwyn</em></a>. On reconnaît bien sa manière, son goût de surprendre, son écriture jouissive, mais j’ai l’impression que le récit lui a échappé, que lui-même s’en éloignait puis le reprenait, sans trouver vraiment la forme qu’il voulait lui donner. <span style="font-family: 'Times New Roman','serif';"><a title="Le billet de Franco Battaglia (it)" href="http://francobattaglia.blogspot.be/2015/03/la-sposa-giovane.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><em>« Metaletteratura »</em></a>, commente un lecteur italien.</span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Times New Roman','serif';">* * *</span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif; font-size: 12pt;"><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nafissatou_Thiam" target="_blank" rel="noopener noreferrer">Nafissatou Thiam </a>nous avait épatés l’an dernier <br />en remportant <a title="T&P" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2016/08/14/nafi-en-or-1152492.html" target="_blank" rel="noopener noreferrer">l’or aux JO</a> de Rio.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/02/01/2991309124.jpg" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><img id="media-193107" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/01/3768005683.jpg" alt="baricco,alessandro,la jeune epouse,roman,littérature italienne,mariage,famille,sensualité,écriture,culture" /></a><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: 8pt;"><br />Photo <a title="Source et article" href="http://www.lalibre.be/sports/omnisports/nafi-thiam-est-sacree-championne-du-monde-de-l-heptathlon-5986ceedcd706e263f39c60a" target="_blank" rel="noopener noreferrer">La Libre.be</a></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif; font-size: 12pt;">Hier, à Londres, elle a de nouveau été la meilleure à l’heptathlon : <br /></span><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif; font-size: 12pt;"><a title="La Libre Belgique" href="http://www.lalibre.be/sports/omnisports/nafi-thiam-est-sacree-championne-du-monde-de-l-heptathlon-5986ceedcd706e263f39c60a" target="_blank" rel="noopener noreferrer">la première Belge championne du monde d’athlétisme</a>. </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: comic sans ms,sans-serif; font-size: 12pt;">Bravo, Nafi, tu es For-mi-da-ble !</span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlSituationtag:textespretextes.blogspirit.com,2016-01-05:31108422016-01-05T20:21:00+01:002016-01-05T20:21:00+01:00 « Il finit donc par comprendre qu’il était dans une...
<p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><font><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/4118508229.jpg" target="_blank"><img id="media-177007" style="float: right; margin: 0.2em 0 1.4em 0.7em;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/1856965642.jpg" alt="baricco,alessandro,mr gwyn,roman,littérature italienne,écrivain,écriture,portrait,culture" /><br /></a></font></span></em></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><em><span style="font-family: times new roman,times,serif;"><font>« Il finit donc par comprendre qu’il était dans une situation que partagent beaucoup </font><font>d’êtres humains, mais pas moins douloureuse pour autant, à savoir : la seule chose qui nous fait nous sentir vivants est aussi ce qui, lentement, nous tue. Les enfants pour les parents, le succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes. Ecrire des livres, pour Jasper Gwyn. »</font></span></em></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Alessandro Baricco,</font><em><font> <a title="Mr Gwyn, copiste" href="http://textespretextes.blogspirit.com/archive/2015/12/29/mr-gwyn-copiste-1148664.html" target="_blank">Mr Gwyn</a></font></em></span></p>
Taniahttp://textespretextes.blogspirit.com/about.htmlMr Gwyn, copistetag:textespretextes.blogspirit.com,2016-01-04:31108412016-01-04T08:30:00+01:002016-01-04T08:30:00+01:00 Alessandro Baricco , dont je n’avais plus rien lu depuis Soie , offre...
<p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alessandro_Baricco" target="_blank">Alessandro Baricco</a>, dont je n’avais plus rien lu depuis <a title="Wikipedia" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Soie_(roman)" target="_blank"><em>Soie</em></a>, offre dans <em>Mr Gwyn</em> (traduit de l’italien par Lise Caillat) un fascinant portrait d’écrivain, savamment composé. Jasper Gwyn, quarante-trois ans, homme de lettres et de <a title="La dernière liste de Baricco" href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hors-serie-Litterature/Une-certaine-vision-du-monde" target="_blank">listes</a>, de mots et de chiffres, est en crise. Dans le dernier article qu’il envoie au <em>Guardian</em>, <em>« une liste de cinquante-deux choses que Jasper Gwyn se promettait de ne plus faire »</em>, il renonce pour commencer à écrire des articles et pour finir à publier des livres.</font></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://textespretextes.blogspirit.com/media/00/02/770196078.jpg" target="_blank"><img id="media-177005" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://textespretextes.blogspirit.com/media/01/02/3952965850.jpg" alt="baricco,alessandro,mr gwyn,roman,littérature italienne,écrivain,écriture,portrait,culture" /></a><br /><a href="http://www.langolodeilibri.it/mr-gwyn-alessandro-baricco/" target="_blank">http://www.langolodeilibri.it/mr-gwyn-alessandro-baricco/</a></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Aussitôt l’article paru, son agent, Tom Bruce Shepperd, lui téléphone en Andalousie, où l’écrivain anglais s’est mis à l’abri des médias, et tente de le raisonner – il a déjà entendu tant d’écrivains prendre ce genre de résolution et selon lui, <em>« c’est impossible d’arrêter ».</em> Mais Jasper Gwyn reste inflexible.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Il se repose pendant deux mois à Grenade (62 jours, 62 tasses de lait froid, 62 verres de whisky, détaille sa note d’hôtel, entre autres choses comptées durant ce séjour). A une jeune chercheuse slovène rencontrée là-bas, qui l’interroge, il justifie l’abandon de son métier (il se prétend <em>« décorateur »</em>) par <em>« une phrase incompréhensible »</em> : <em>« Un jour je me suis aperçu que plus rien ne m’importait, et que tout me blessait mortellement. »</em> </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>De retour à Londres, où il n’est désormais plus obligé <em>« d’être un personnage public »</em>, il se sent plus léger, plus libre, comme en vacances. Vivant seul, sans famille, Jasper Gwyn a de quoi vivre tranquillement un ou deux ans. Mais avec le temps, il finit par admettre que <em>« le geste de l’écriture »</em> lui manque, comme l’avait prédit Tom, et cherche donc une nouvelle activité qui lui permette d’écrire sans pour autant renier sa liste de choses à ne plus faire. «<em> Ça lui aurait bien plu d’être copiste. »</em> </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Il lui arrive de choisir des mots, de construire des phrases mentalement, des dialogues même, par exemple en attendant de récupérer son linge dans une laverie automatique. C’est là qu’un jour une jeune fille <em>« corpulente »</em>, <em>« plutôt élégante »</em>, lui tend un téléphone portable : c’est Rebecca, la nouvelle recrue de son agent littéraire. Tom veut prendre des nouvelles de l’écrivain, mais il n’arrive pas à le relancer.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><em>« Toutefois l’hiver lui sembla inutilement long. »</em> Dans la salle d’attente d’un dispensaire – comme il ne se sent pas très bien, Mr Gwyn a convaincu son médecin de lui prescrire des examens – a lieu une rencontre brève et décisive : une dame âgée le reconnaît et entame la conversation. Cette ancienne enseignante ne mâche pas ses mots, elle regrette qu’il ait arrêté d’écrire, et quand il lui parle de devenir <em>« copiste »</em>, l’encourage : <em>« Essayez de voir si vous ne pouvez pas par exemple copier les gens. – Oui. – Tels qu’ils sont. – Oui. – Vous y arriverez très bien. – Oui. »</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Au fil des mois, Jasper Gwyn se sent de plus en plus mal et n’arrête pas de repenser à cette conversation. Il cherche à revoir la vieille dame avec qui il continue à dialoguer dans sa tête. Mais elle est morte, apprend-il en se renseignant à la réception du dispensaire. Sous le choc, il se perd un peu dans les rues de Londres et pour s’abriter de la pluie, entre dans une galerie d’art. On y expose de grands tableaux <em>« tous identiques »</em>, des nus, des corps <em>« ordinaires »</em>, sans grand-chose d’autre autour. Fasciné, il s’attarde, feuillette le catalogue, y observe les photos de l’atelier du peintre. Quand la galeriste lui demande si un tableau lui plaît, il répond que les tableaux ne lui plaisent pas <em>« parce qu’ils sont muets ».</em></font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Ainsi lui vient une idée, bientôt expliquée à Tom : écrire des portraits, mais sans les publier. Recrutées par petite annonce anonyme, les personnes qui lui commanderont leur portrait, comme à un peintre, viendront poser, nues, dans son atelier, pendant un nombre limité de jours. Elles seules recevront le texte, qu’elles s’engageront à ne pas publier ni diffuser d’aucune manière. Tom, quoique déçu, accepte de l’aider à réaliser son projet.</font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font>Jasper Gwyn est un perfectionniste. Il a en tête un genre de lieu bien précis, et des idées tout aussi précises sur l’accompagnement sonore des séances de pose, sur l’éclairage, sur le mobilier… Et lorsque tout est en place, pour vérifier son dispositif, il décide de se mettre à l’œuvre avec Rebecca, qui accepte d’être son premier modèle et à qui Tom accorde un congé. Avec <a title="Ecouter Baricco lire « Mr Gwyn » (site de l’éditeur italien)" href="http://mrgwyn.feltrinelli.it/" target="_blank"><em>Mr Gwyn</em></a>, Alessandro Baricco nous entraîne dans une histoire absurde mais fabuleuse, sur la création et le mystère qu’est chaque être sous le regard de l’autre, et singulièrement du portraitiste. </font></span></p><p><span style="font-family: times new roman,times,serif; font-size: 12pt;"><font><a title="Sortis de la nuit (Marque-pages)" href="http://christianwery.blogspot.be/2015/12/sortis-de-la-nuit.html" target="_blank">Marque-pages</a> présentait récemment des nouvelles de l’écrivain italien qui a voulu donner vie à un titre – <a title="Feuilleter en ligne" href="http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F50078.js&oid=3&c=&m=&l=&r=&f=pdf" target="_blank"><em>Trois fois dès l’aube</em> </a>– cité dans<a title="Feuilleter « Mr Gwyn » en ligne" href="http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F40235.js&oid=3&c=&m=&l=&r=&f=pdf" target="_blank"><em> Mr Gwyn</em></a>, comme <em>« un discret et lointain prolongement »</em> au roman et <em>« un peu pour le pur plaisir de suivre une idée »</em> qu’il avait en tête – à la manière de Jasper Gwyn ? Ce <em>« questionnement sur l’art d’écrire »</em> (<a title="Article source (Rue 89)" href="http://rue89.nouvelobs.com/blog/le-coin-du-libraire/2014/08/19/mr-gwyn-alessandro-baricco-sinterroge-les-pouvoirs-de-lecrit-233342" target="_blank">Anthony Boyer</a>) se lit tout du long avec plaisir et curiosité.</font></span></p>